MAFIAS - Ecoute

MAFIAS
LA FRANCE EN ÉTAT D’ALERTE
Paten, Mafiosi aus dem Ausland und Gangsterbosse in den Städten: Das organisierte
Verbrechen in Frankreich hat viele Gesichter. Ein Lagebericht von Vincent Picot. schwer
C
orse, juin 2013. Excédé par les
règlements de comptes sur
l’île, le ministre de l’Intérieur
Manuel Valls s’adresse ainsi aux médias : « il faut parler de mafia car il y a
une emprise sur l’activité économique.
Ne pas en parler, c’est ajouter au malheur de l’île. » Mafia. Le mot est lâché.
Jamais un ministre de la République
n’avait prononcé ce terme tabou, que
l’on croyait réservé à l’Italie.
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La France n’a jamais enfanté de mafias proprement dites. On parle traditionnellement de grand banditisme.
Ces organisations sont dirigées par
un chef charismatique : s’il disparaît,
c’est tout le groupe qui s’effondre.
Tout le contraire de la « pieuvre » mafieuse italienne, qui continue de fonctionner malgré l’incarcération de ses
chefs. Et pourtant, de Marseille à
Ajaccio en passant par Toulon ou
l’état (m) d’alerte
excédé,e [eksede]
le règlement de
comptes [kɔ˜t]
l’emprise (f)
ajouter à
lâcher
enfanter
proprement dit,e
le grand banditisme
s’effondrer [sefɔ˜de]
la pieuvre
l’incarcération (f)
der Alarmzustand
entnervt
der Vergeltungsakt
der Einfluss
hier: vergrößern
hier: aussprechen
hervorbringen
im eigentlichen Sinn
die organisierte
Kriminalität
hier: sich auflösen
der Machtapparat
der Freiheitsentzug
2/2014
Michel Gangne/AFP/Getty
Pascal Pochard Casabianca/AFP/Getty
SOCIÉTÉ
le magistrat [maȢista] Bezeichnung für den
Richter oder
Staatsanwalt
la menace de mort [mɔ] die Morddrohung
le notable
die angesehene
Persönlichkeit
assassiné,e
ermordet
compromis,e
verwickelt
l’affaire (f)
der Fall
les marchés (m/pl)
die betrügerischen
frauduleux
Geschäfte
en cours [ǡ˜ku]
noch laufendes
d’instruction
Verfahren
passer pour
gelten als
le parrain
der Pate
le surnom
der Spitzname
l’anguille [lǡ˜DZij] (f)
der Aal
Micromafias dans les cités
le caïd [kaid]
der (Gangster)Boss
la pègre
die Unterwelt
se faire discret,ète
hinter den Kulissen
[diskε,εt]
bleiben
corrompre
bestechen
le fonctionnaire
der Beamte
l’élu (m) local
der Kommunalpolitiker
le trafic de drogue
der Drogenhandel
le marché public
der Auftrag der
öffentlichen Hand
s’étendre
sich erstrecken
la banlieue [bǡ˜ljø]
die Vororte
défavorisé,e
sozial benachteiligt
en tête
an der Spitze
prospérer
Erfolg haben
le stupéfiant
das Rauschgift
à grande échelle
im großen Stil
la filière
hier: das Geschäft
la cage d’escalier
das Treppenhaus
sous la coupe
unter der Knute
baptisé,e [batize]
genannt
le réseau
das Netz
démanteler
zerschlagen
le chiffre d’affaires
der Umsatz
le trafiquant
der Dealer
armé,e
bewaffnet
à la faveur de
begünstigt durch
sévir
sein Unwesen treiben
Aix-en-Provence, il existe bien un
« milieu » français. Magistrats placés
sous protection policière après avoir
reçu des menaces de mort à Marseille, notables assassinés en Corse,
hommes politiques compromis dans
des affaires de marchés frauduleux
(affaire Guérini, en cours d’instruction, Approfondissements, p. 28)…
La liste n’a cessé de s’allonger depuis
les années 1920-1930, époque où
2/2014
Jacky le Mat, ancien parrain marseillais, au tribunal d’Aix-en-Provence ( janvier 2008)
Marseille passait pour le Chicago
français. Les « parrains » portaient
alors d’élégants costumes, parlaient
un argot bien particulier et, jusqu’il y
a peu, avaient chacun leur surnom :
Jacky le Mat, Raymond le Chinois,
Tony l’Anguille, Francis le Belge…
Micromafias dans les cités
Aujourd’hui, les caïds de la pègre en
France se font plus discrets. Mais
pour développer leur business, ils
n’hésitent tout de même pas à corrompre fonctionnaires, élus locaux et
entrepreneurs. Du trafic de drogue à
l’obtention illégale de marchés publics, leur empire s’étend sur des régions entières. La Corse et la Côte
d’Azur bien sûr, mais aussi Lille, la région parisienne ainsi que celle entre
Lyon et Grenoble.
À ce banditisme traditionnel, il faut
ajouter le « néobanditisme » des cités.
Depuis quelques années, de véritables petites mafias s’organisent dans
les banlieues défavorisées des grandes villes, de Paris et de la cité phocéenne en tête. Ces caïds prospèrent
surtout grâce au trafic de stupéfiants.
Les plus puissants le pratiquent à
grande échelle, contrôlant toute la filière depuis le Maroc ou les Pays-Bas
jusqu’à leurs cages d’escalier. Certains quartiers vivent ainsi sous la
coupe des dealers, comme la cité des
Boullereaux à Champigny-sur-Marne
(région parisienne), baptisée Shitland.
Avant que ce réseau ne soit démantelé, le chiffre d’affaires des trafiquants y était estimé à 30 000 euros
par jour. Les criminels des cités sont
plus jeunes que les parrains traditionnels, mais parfois mieux armés.
Depuis quelques années, les mafias
étrangères complètent ce tableau. Venant d’Afrique, d’Asie mais surtout
des pays de l’Est, ces organisations
sont arrivées à la faveur des changements géopolitiques et de l’ouverture
des frontières en Europe. Chaque
pays y va de sa spécialité et opère
dans des zones précises. Ainsi, la mafia géorgienne sévit à Bordeaux, Lyon,
Nice et dans la région parisienne.
L’albanaise contrôle un réseau de
trafic de cocaïne à Nantes, Brives et
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