Dr Bluenn Quillerou Responsables des urgences psychiatriques et de la psychiatrie de liaison Service de psychiatrie adulte du Pr Peretti Hôpital Saint Antoine, Paris INTRODUCTION Agitation: conférence de consensus qui balise la prise en charge Psychotropes: nombreuses publications, surtout anglosaxones, privilégiant les benzodiazépines en première intention et les APA AGITATION OBJECTIFS DE LA PEC 2 OBJECTIFS: maîtriser la situation le plus rapidement possible Réaliser un diagnostic étiologique EPIDEMIOLOGIE 0,8 à 1,2% de la totalité des passages au SAU ETIOLOGIES: indépendamment du sexe et de l’âge: Pathologies psychiatriques: 62% Pathologies organiques: 25% Causes toxiques: 25% Nombreuses intrications ANALYSE des étiologies par tranche d’âges: prépondérance De l’intoxication éthylique et des causes toxiques chez les 13/19 ans Des causes psychiatriques chez les 20/54 ans De causes multifactorielles chez les plus de 55 ans FORMES CLINIQUES SOUS-TYPES: Degré d’agitation Symptômes d’accompagnement: thymiques, délirants, confusionnels, neurologiques, toxiques… ELEMENTS PREDICTIFS D’UN PASSAGE A L’ACTE VIOLENT: Atcd de comportements violents Port d’armes Facteurs sociaux Sexe masculin, jeunesse Toxicomanie Refus de s’asseoir Incapacité à rester en place Sursauts et immobilisation avec ébauche de gestes de menace ou de défense Changements brutaux inexpliqués d’activité Menaces, insultes Voix modifiée (timbre, rythme) Tension musculaire ETIOLOGIES CAUSES ORGANIQUES: Douleur, traumatologie méconnue Globe vésical, fécalome Fièvre, hyperthermie Hypoxie, hypercapnie États de choc Hypoglycémie Troubles électrolytiques Épilepsie Hémorragie méningée Méningite, méningoencéphalite AVC Masses intracrâniennes … CAUSES TOXIQUES: Chez l’adolescent et l’adulte: Alcool: intoxication, sevrage Stupéfiants Médicaments: IMV, effets secondaires, paradoxaux, sevrage Chez le sujet âgé: médicaments principalement CAUSES PSYCHIATRIQUES: Accès maniaque BDA Schizophrénie Délires chroniques paranoïaques Personnalités antisociales États limites Attaque de panique, crise d’angoisse EXPLORATIONS EN URGENCE 1) - anamnèse, examen clinique (ECG), SpO2, dextro 2) – si examen clinique normal, affection psychiatrique connue: PEC par le psychiatre 2) - si absence d’atcd psychiatrique ou examen anormal ou agitation incontrôlable: explorations complémentaires guidées par la clinique et les atcd Seules les recherches toxicologiques, sanguines ou urinaires, ont fait l’objet d’études et ont montré un très faible impact sur la PEC thérapeutique des patients agités. PRISE EN CHARGE PSYCHIATRIQUE 1) Isoler le patient des autres patients, le placer dans un box voire une chambre d’isolement 2) rassurer, apaiser la patient par l’approche relationnelle 3) sédation médicamenteuse si nécessaire 4) voire contention mécanique CONTENTION (1) INDICATIONS: Prévention d’une violence imminente du patient envers lui-même ou autrui alors que les autres moyens de contrôle ne sont ni efficaces ou ni appropriées Prévention d’un risque de rupture thérapeutique alors que l’état de santé impose les soins somatiques ou psychiatriques Isolement en vue d’une diminution des stimulations reçues CONTENTION (2) CONTRE-INDICATIONS NON SOMATIQUES: Utilisation à titre de punition État clinique ne nécessitant ces mesures Utilisation uniquement pour réduire l’anxiété de l’équipe ou pour son confort Utilisation uniquement liée au manque de personnel CONTRE-INDICATIONS SOMATIQUES: affections organiques non stabilisées Insuffisance cardiaque État infectieux Trouble de la thermorégulation Trouble métabolique Atteinte orthopédique Atteinte neurologique … CONTENTION (3) Si un conflit devait naître devant l’aspect légal et médical d’une situation, s’il fallait choisir entre 2 accusations – non assistance ou séquestration – il paraîtrait que le choix soit guidé par la protection des individus. TRAITEMENT MEDICAMENTEUX DE L’AGITATION ET PSYCHOTROPES AUX URGENCES OBJECTIFS THERAPEUTIQUES Permettre un examen clinique Réduire l’agitation, l’anxiété et le défaut de contrôle des pulsions à un niveau permettant de restaurer rapidement la sécurité de l’environnement des soins en évitant une sédation trop profonde qui nuirait à l’alliance thérapeutique ultérieure Limiter la durer de la contention physique CHOIX DE LA MOLECULE La molécule doit répondre aux critères suivants: Titrable Demi-vie d’élimination courte Offrant des voies d’administration différentes Effets secondaires réduits Anticonvulsivante antagonisable CHOIX ENTRE DEUX CLASSES PHARMACEUTIQUES 1) LES BZD: D’utilisation facile et peu risquée MAIS: efficacité et profil pharmacocinétique variables d’une molécule à une autre 2) LES NLP: D’efficacité démontrée MAIS: risques cardiovasculaires et neurologiques LES BENZODIAZEPINES (1) INTERETS: elles sont à la fois: Sédatives, anxiolytiques, anticonvulsivantes, myorelantes ANTAGONISABLES TITRABLES pour certaines molécules sous certaines formules INCONVENIENTS: Variabilité de la résorption par voie IM de la plupart des molécules Risque d’effet paradoxal CONTRE-INDICATIONS: myasthénie, insuffisance respiratoire sévère COMPLICATIONS Dépression respiratoire Inhalation bronchique Hypotension orthostatique LES BENZODIAZEPINES (2) LORAZEPAM = TEMESTA Demi-vie= 15h00 Cp à 1 et 2,5 mg Pas de forme injectable en France Molécule très utilisée outre atlantique L’activité sédative du lorazepam injectable est comparable à celle de l’haloperidol chez les patients psychotiques sous neuroleptiques au long cours. LES BENZODIAZEPINES (3) MIDAZOLAM = HYPNOVEL Rapidité d’action:15 min en IN, qq min en IV Demi-vie d’élimination: 2 à 3h00 En urgence, utilisée sous forme intranasale à la posologie de 5 à 10 mg (max 25 mg/j) ou intraveineuse (1mg/2min jusqu’à sédation) LES ANTIPSYCHOTIQUES (1) INTERETS: Ils sont utilisés principalement pour leur propriété sédative Reproductibilité de leur effet sédatif d’un patient à l’autre COMPLICATIONS: Hypotension artérielle Risque d’allongement du QT Risque de mort subite Dyskinésies aigües Abaissement du seuil épileptogène Syndrome malin: 0,07 à 2,2% des cas – mortalité de 10 à 30% LES ANTIPSYCHOTIQUES(2) LOXAPINE = LOXAPAC Délai d’action de 15 min Demi-vie de 8h00 Pas d’allongement du QT, mais cas décrits de mort subite Pas de contre-indication chez l’épileptique Posologie souvent utilisée: 1 à 2 amp en association à 1amp de rivotril en IM LES ANTIPSYCHOTIQUES (3) OLANZAPINE - ZYPREXA Délai d’action: entre 15 et 45 min Durée d’action: 24 heures Forme po ou IM Pas d’allongement du QT Bonne tolérance neurologique Dose thérapeutique recommandée: 10 mg ASSOCIATION BZD/NLP Ttt le plus efficace en termes de niveau de sédation, parfois un peu trop efficace Les patients traités par l’association BZD/NLP présentent moins d’effets secondaires que lorsqu’ils reçoivent un NLP seul. CAT 1) en première intention: BZD po 2) si échec ou refus et en milieu médicalisé: midazolam IN 3) NLP en association aux BZD en IM CAS PARTICULIERS: Toxico: pas de BZD, préférer les NLP Intoxication aux BZD: NLP Sujet âgé: BZD ou antipsychotiques à petites doses Confus: préférer les NLP PEC MEDICAMENTEUSE CONCLUSION Les BZD paraissent avoir le meilleur rapport bénéfice- risque, de surcroît leur utilisation par voir IN est tout particulièrement séduisante. Exemple 1: hypomanie corticoinduite Patiente de 66 ans adressée aux urgences pour insomnie et troubles du comportement évoluant depuis 1 semaine MDV: vit en Guadeloupe, mariée, un fils à Paris ATCD: Psy: une hospitalisation en psychiatrie 40 ans auparavant pour un trouble inconnu, pas de suivi, ttt par 3 gttes d’haldol/j depuis 40 ans Med: pathologie rhumatismale (inconnue) pour laquelle elle reçoit une corticothérapie orale depuis 3 mois Exemple 1: hypomanie corticoinduite Clinique: agitation psychomotrice modérée permettant un évaluation diagnostique avant tout ttt Diagnostic: hypomanie corticoinduite Ttt instauré aux urgences avant transfert: 1mg de temesta proposé dès l’entretien 1mg de temesta reproposé 30 min plus tard: car le ttt était insuffisant Puis 2mg de temesta devant la sédation insuffisante La patiente s’est endormie 30 min plus tard, tout en restant réveillable et interrogeable Exemple 2: agitation psychotique (1) Patient amené par les pompiers pour trouble du comportement dans un magasin MDV: célibataire, un enfant, un enfant DCD, ATCD: schizophrénie paranoïde a priori, nombreuses hospitalisations en psychiatrie depuis l’adolescence, ttt par zyprexa HDM: a perdu son fils accidentellement une semaine auparavant, enterrement la veille Clinique: excitation psychomotrice+++, logorrhéique, absence d’agressivité, syndrome délirant envahissant et agi. Exemple 2: agitation psychotique (2) Diagnostic: décompensation psychotique suite au DC de son fils Ttt proposé aux urgences: TEMESTA 2,5mg x 2 Évolution après ttt: A dormi toute l’après-midi Patient réveillable et interrogeable Anxiolyse+++ Absence de nécessité de contention
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