Relation : hôte/agents infectieux L’infection est le résultat de l’agression de l’organisme par un micro-organisme ; ses manifestations cliniques et biologiques proviennent du déséquilibre entre la virulence de l’agent pathogène et les capacités de résistance de l’hôte. Les micro-organismes font partie de l’environnement. Ils sont définis selon leur relation avec l’hôte. 1. Généralités – Définitions Saprophytisme : forme de nutrition permettant à un organisme d’utiliser des matières organiques en décomposition Bactéries saprophytes : une bactérie est saprophyte lorsqu’elle vit et se nourrit dans l’environnement (sol, eaux, surfaces). Commensalisme : type d’association conduisant deux espèces différentes d’organismes à vivre ensemble,sans que l’une nuise à l’autre, et où parfois l’une des espèces se procure de la nourriture, une protection ou d’autres avantages. Bactéries commensales : une bactérie est commensale lorsqu’elle vit au contact du revêtement cutanéo-muqueux d’un hôte sans entraîner de désordres. Les bactéries commensales proviennent soit de l’environnement (certaines bactéries saprophytes), soit d’autres hôtes (bactéries incapables de survivre en dehors de l’hôte). Notions de pouvoir pathogène et de virulence : Bactéries pathogènes : bactéries capables de provoquer une maladie chez un sujet dont les mécanismes de défense sont normaux (ex : tuberculose, typhoïde,choléra). Pouvoir pathogène ou pathogénicité d’une bactérie : ensemble des mécanismes conditionnant le type de maladie dépendant d’une bactérie (Notion qualitative). Virulence : capacité de la bactérie à déclencher une maladie infectieuse. Elle est définie par la dose infectante (Notion quantitative). Pour un même pouvoir pathogène, il peut y avoir des souches plus ou moins virulentes (ex : Shigella dysenteriae est beaucoup plus virulente que Shigella flexneri, donnant une maladie (dysenterie bacillaire) plus sévère pour des doses infectantes très faibles). Les bactéries pathogènes peuvent (pneumocoque, méningocoque,Staphylococcus aureus, Haemophilus) ou non (Mycobacterium tuberculosis, Salmonella typhi, Shigella, Vibrio cholerae) appartenir à la flore humaine commensale. Pour les bactéries « pathogènes » qui en réalité appartiennent à la flore commensale de l’homme, il existe en fait une susceptibilité individuelle liée à différents facteurs tels que l'âge ou le patrimoine génétique. Bactéries opportunistes : certaines bactéries peuvent devenir pathogènes lorsque les défenses de l’hôte sont affaiblies (ex : immunodépression), mais ne donnent pas habituellement de maladie chez le sujet sain. Ces bactéries sont souvent des bactéries commensales (ex : entérocoque, Escherichia coli, Staphylococcus epidermidis), parfois des bactéries saprophytes de l’environnement (ex : Pseudomonas aeruginosa). Classification des interactions hôte-bactéries: * Transit : absence d’implantation de la bactérie sur l’hôte pour des raisons d’exigence nutritionnelle ou physiologiques (ex : température de croissance). * Colonisation : implantation de la bactérie sur le revêtement cutanéo-muqueux sans provoquer de dommage pour l’hôte. Type d’interaction des bactéries des flores commensales. Remarque : Portage (porteurs sains) : colonisation par bactéries pathogènes retrouvées plus ou moins transitoirement au niveau des flores commensales. * Maladie infectieuse : conflit hôte-bactérie aboutissant à des lésions chez l’hôte infecté (Maladie). L’expression clinique de la maladie est le résultat complexe des multiples interactions entre la bactérie et les défenses de l’hôte. Transmission d’un individu à l’autre (Infection). 2- Différents modes de transmission : La source de l’infection est liée au statut de bactérie pathogène ou opportuniste et à l’écologie de la bactérie : notion de réservoir de bactéries (homme,animaux, environnement). Notion de maladie strictement humaine (ex : infection à méningocoque ou pneumocoque, coqueluche), d’anthropozoonose (maladie animale et plus rarement humaine) (ex : brucellose, peste). 2- Différents modes de transmission : Transmission directe : contamination par contact avec le réservoir (contact direct avec individu ou animal infecté) Transmission indirecte : contamination par l’intermédiaire d’objet infecté, aliment contaminé, eau,… Notion de survie possible de la bactérie dans l’environnement pendant un certain délai. Transmission horizontale (contamination interhumaine) ≠ verticale (in utero). Différentes voies de contamination : Pour chaque voie possible de contamination ou porte d’entrée de l’agent pathogène, l’organisme possède des défenses qui limitent l’implantation de l’agent pathogène et peuvent éventuellement éviter l’infection : * Voie digestive : ingestion d’eau ou aliments souillés (ex : choléra, typhoïde), mode de transmission majeur des virus répliquant dans le tube digestif (rotavirus, virus de l’hépatite A) Différentes voies de contamination : * Voie respiratoire : inhalation d’aérosols contaminés (ex : légionellose, coqueluche), rôle primordiale dans l’épidémiologie virale surtout en hiver, virus éliminé par les gouttelettes de Flügge, émission lors de la toux, éternuements (grippe, rhume, VRS) * Voie cutanée : inoculation par contact (plaie souillée) (ex : tétanos, surinfections de plaie) * Voie transcutanée : inoculation iatrogène (injection, cathéter) ou par piqûre d’insecte vecteur de bactéries (ex : peste, maladie de Lyme), virus (HIV, hépatite C) Différentes voies de contamination : * Voie sexuelle : maladies sexuellement transmissibles (ex : syphilis, urétrite gonococcique ou à Chlamydia trachomatis). Excrétion et élimination du virus dans le sperme et les sécrétions vaginales (CMV, HIV, Hépatite B). Le récepteur est contaminé au niveau des muqueuses génitales, anales ou buccales. Contact direct muqueuse/muqueuse ou muqueuse/peau au cours des rapports sexuels (HSV, Papillomavirus). Transmission verticale : Ce type de transmission s’effectue de l’un des parents aux descendants: - par voie transplacentaire : exemple Hépatite B au cours de la virémie chez la mère - au moment de l’accouchement : rôle néfaste du travail prolongé et de la rupture de la poche des eau. Exemple : transmission par contact direct entre le nouveau-né et la muqueuse génitale (Herpès, Streptocoque B) - peu de temps après l’accouchement, transmission post-natale, se fait par contact direct entre la mère et son enfant et par le lait maternel 3- MOYENS DE DEFENSE Moyens anatomiques La peau est une barrière imperméable pour la plupart des micro-organismes. L’écoulement des liquides biologiques, urine, bile, secrétions bronchiques entraînent un drainage permanent et l’élimination des micro-organismes. Les modifications anatomiques comme les dilatations des bronches ou une gène à l’écoulement d’un liquide biologique sont autant de facteurs concourant à la colonisation bactérienne pouvant aboutir à une infection. Au niveau muqueux, de nombreuses substances chimiques (lysozyme de la salive, pH acide de l’estomac) limitent l’installation de micro-organismes pathogènes. Réaction inflammatoire L’afflux de cellules sanguines, la vasodilatation et l’apport de facteurs humoraux au sein d’un foyer infectieux tissulaire définissent la réaction inflammatoire. Elle tend à circonscrire le foyer infectieux et apporte, en son sein, les éléments cellulaires et humorales de défense Eléments du système immunitaire Cellules : polynucléaires, la lignée monocytaire, les cellules NK, les lymphocytes T et B. Facteurs humoraux : le complément, les immunoglobulines, les cytokines Réponse immunitaire Immunité non spécifique : la phagocytose, elle a pour conséquence l’ingestion et la destruction intracellulaire des micro-organismes, les phagocytes sont de deux types : les polynucléaires et les monocytes macrophages. Immunité anti-bactérienne : elle repose sur une réaction inflammatoire locale et systémique quand les bactéries ont franchi le revêtement cutanéomuqueux et la réponse immunitaire spécifique. Immunité antivirale : trois mécanismes interviennent dans la résistance à l’infection virale (les anticorps, l’interféron et l’immunité cellulaire) dont les rôles et importance sont différentes selon le type de virus Moyens de défense contre les parasites : complexe et l’évolution chronique est la règle, immunité non stérilisante mais résistance progressive limitant la prolifération de l’agent pathogène malgré les ré infestations. Moyens de défense contre les champignons : moyens de défense de surface, la phagocytose et l’immunité cellulaire. 4- Notion de sensibilité Malades aux âges extrêmes de la vie. Les malades Immuno déprimés (patient sous chimiothérapie, corticothérapie). Les malades porteurs de tares ex: diabète, obésité, insuffisance rénale.... Les malades opérés. Les malades greffés Les « brûlés », Les patients infectés Les risques infectieux liés aux soins LES ACTES INVASIFS L ’intervention chirurgicale La pose de sonde urinaire La pose de cathéter La pose de drain L ’intubation, la trachéotomie LES TRAITEMENTS Corticothérapie Chimiothérapie Radiothérapie Antibiothérapie 5- Résistance des bactéries aux antibiotiques - apparue rapidement après leur introduction dans le traitement des maladies infectieuses. - facteur majeur compliquant le traitement des infections bactériennes et la dissémination des souches multi-résistantes. - caractérisée par son caractère naturel ou acquis, son mécanisme et son support génétique. DEFINITIONS Résistance naturelle : Insensibilité aux antibiotiques, existant naturellement chez tous les membres d'un genre ou d'une espèce bactérienne (fait partie du patrimoine génétique normal du germe). Résistance acquise : Acquisition de nouveaux gènes capables de rendre la bactérie insensible à un antibiotique ou à un groupe d'antibiotiques. Obtenu soit par mutation au niveau du chromosome qui est un phénomène rare soit par transfert d'ADN de plasmides conjugatifs ou de transposons(mécanisme le plus fréquent). MECANISMES DE LA RESISTANCE 3 Mécanismes principaux sont responsables de la résistance aux antibiotiques. • Modification de la cible des antibiotiques, • Synthèse d'enzymes inactivant les antibiotiques, • Diminution de la perméabilité bactérienne aux antibiotiques et efflux actif Une espèce bactérienne peut être résistante à plusieurs antibiotiques selon des mécanismes différents. Exemple : le staphylococcus aureus Méti R est résistant par modification de la cible (PLP) et peut être résistant aux aminosides par production d'enzyme. * Modification de la cible Résistance naturelle: Ce type de résistance peut aller jusqu’à l’absence de cible. Il s’agit d’une résistance naturelle, (mycoplasmes, dépourvus de peptidoglycane, aux béta-lactamines), Mauvaise affinité naturelle des céphaloporines pour les PLP d’entérocoques. Résistance acquise : La résistance acquise du Stahylococcus aureus à la méticilline (Méti R) touche l'ensemble des ß lactamines. Synthèse d'enzymes Résistance naturelle Les Klebsielles présentent une résistance naturelle aux aminopénicillines (Ampicilline - Amoxicilline) et aux carboxypénicillines (Ticarcilline): pénicillinase constitutive. L ' Enterobacter, Proteus Indole (+), Serratia et Citrobacter freundii présentent une résistance aux aminopénicillines, aux céphalosporines de 1ère génération mais sont sensibles aux carboxypenicillines : céphalosporinase chromosomique inductible. Résistance acquise • Chez les entérobactéries, le phénotype de résistance est dû à la production de pénicillinase plasmidique. Diminution de la perméabilité bactérienne et efflux actif Résistance naturelle Les streptocoques et les entérocoques présentent une résistance naturelle aux aminosides. Les bactéries à Gram négatif sont résistantes à la Vancomycine et la Teicoplanine (taille importante empêchant de pénétrer dans la bactérie par les porines). Résistance acquise • 10% des Pseudomonas aeruginosa présentent une résistance isolée à l'Imipénème CONCLUSION Traitement antibiotique probabiliste prescrit par le praticien doit tenir compte à la fois de la fréquence des germes isolés dans les principales infections communautaires et de l'incidence de la résistance aux antibiotiques. Connaissance des mécanismes de résistance aux antibiotiques : compréhension d’éventuel échec thérapeutique Nécessité d’une collaboration étroite avec le microbiologiste pour aboutir à une antibiothérapie efficace. Exemple: résistance acquise aux pénicillines (amoxicilline ou AMX) et ticarcilline ou TIC) chez E. coli (à droite souche sauvage)
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