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Champions du Made in France
Par Pascal Gateaud et Timothée L’angevin - Publié le 08 juillet 2014,| L'Usine Nouvelle n° 3385-3386
Le classement exclusif des 100 premiers
sites industriels français établi par L’Usine
Nouvelle fait ressortir la montée
en puissance de l’aéronautique, la stabilité
de l’automobile et la poursuite des
restructurations dans l’agroalimentaire.
Les grands employeurs de l’industrie tricolore n’ont pas tous engagé des plans de
restructuration avec fermeture d’usine à la clé ! Loin s’en faut. Alors que le chômage n’en finit pas
de progresser mois après mois, c’est l’un des principaux enseignements du classement annuel
établi par L’Usine Nouvelle. Les cent premiers sites industriels de France emploient 295
000 salariés, près de 10 000 de plus que l’année passée. L’aéronautique poursuit son ascension,
avec environ 13 000 recrutements, dont 5 000 rien que pour les 20 sites présents dans notre
top 100, et se positionne, une nouvelle fois, comme le secteur le plus dynamique.
Les sites d’assemblage toulousains d’Airbus, qui totalisent 13 700 salariés, se maintiennent à la
première place du podium pour la deuxième année consécutive. On retrouve en cinquième
position le leader industriel provençal Airbus Helicopters, l’une des trois divisions du groupe
Airbus. L’ex-Eurocoptère compte 9 111 salariés à Marignane (Bouches-du-Rhône), près de
600 de plus que l’année précédente. Les grands donneurs d’ordres du secteur aéronautique, les
Snecma, Dassault, Turbomeca et autres Thales, continuent, eux aussi, d’embaucher. Ils
contribuent au fait que l’Île-de-France et Midi-Pyrénées se disputent le titre de première région
aéronautique française.
Victime d’une nouvelle année noire, la construction automobile a vu, elle, sa production
dégringoler de 11,6 % entre 2012 et 2013. Ce secteur n’en reste pas moins le premier employeur
industriel de France et compte 32 usines dans notre top 100, avec un peu plus de 114
000 salariés, un total équivalent à celui de 2013. L’auvergnat Michelin reprend sa place de
second, son site de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), très légèrement regonflé, emploie 11
909 personnes, soit 134 de plus en un an. Longtemps médaillée d’or, puis d’argent, l’usine PSA
Peugeot Citroën de Sochaux (Doubs) récolte cette année le bronze et n’emploie plus que 10
805 salariés.
BILAN CONTRASTE DANS L’ELECTRONIQUE ET L’ELECTRIQUE
PSA a réduit la voilure sur ses sites de Sausheim (Haut-Rhin), Chartres-de-Bretagne (Ille-etVilaine) et Trémery (Moselle), tout en préparant la fermeture définitive de son usine d’Aulnaysous-Bois (Seine-Saint-Denis). Seul le centre technique de PSA à Vélizy-Villacoublay (Yvelines)
et son site de Poissy ont embauché. Même topo du côté de Renault : à part le Technocentre de
Guyancourt (Yvelines), les cinq usines du groupe présentes dans notre classement ont taillé
dans leur effectif. Renault Trucks, avec ses trois sites et ses 9 300 salariés, maintient son rang.
Poids lourd de la région Rhône-Alpes, le site de Saint-Priest (Rhône) grappille une place et se
hisse en huitième position.
Dans les secteurs des équipements électronique et électrique, le bilan est mitigé. Sur les
treize sites figurant dans notre top 100, seuls six ont vu leur effectif grossir. À Grenoble (Isère),
deux colosses pèsent lourd dans l’économie locale : STMicroelectronics a contribué à faire de la
métropole iséroise l’un des clusters mondiaux de la microélectronique et Schneider Electric y
possède son centre mondial dans la distribution électrique. Ils emploient plus de 11
000 personnes. Avec cinq sites dans notre classement et plus de 13 000 salariés, sur un total de
21 000, Thales se positionne comme un autre acteur majeur de la branche électronique.
Chahuté par la fermeture de ses hauts-fourneaux de Florange (Moselle), ArcelorMittal prouve
qu’il a encore du souffle. Le groupe a embauché dans ses usines de Fos-sur-Mer (Bouches-duRhône) et de Grande-Synthe (Pas-de-Calais) et emploie près de 8 000 salariés sur les trois sites
inscrits dans notre top 100, un total proche de celui de 2013. L’agroalimentaire du Grand Ouest
n’en a pas fini, lui, avec les surcapacités. Les entreprises de la filière viande poursuivent leur
restructuration. Les quatre qui se trouvent dans notre classement ont perdu près de 1
500 salariés entre 2012 et 2013. Elles n’emploient plus que 9 000 personnes.
Demain, qui sait, quelques-unes des PME et ETI championnes de l’exportation sélectionnées par
L’Usine Nouvelle figureront peut-être en bonne place dans ce classement. Dans chacune des
régions, nos correspondants ont déniché des exemples de ces entreprises qui ont su aller trouver
hors de l’Hexagone les relais de croissance leur permettant de conforter leur base française. La
plupart d’entre elles réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires à l’international. Leurs
dirigeants soulignent, tous, le bien-fondé d’une stratégie qui s’appuie, d’abord et avant tout, sur la
qualité de produits conçus et fabriqués en France.
Dans quelques années, les exportateurs vers les États-Unis pourraient profiter d’économies
d’échelle, grâce à l’adoption d’un standard commun. C’est le véritable enjeu de la négociation sur
le traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis, assure Pascal Lamy. "C’est important
d’avoir un seul standard, surtout s’il est précurseur d’un futur standard mondial", explique l’ancien
directeur général de l’Organisation mondiale du commerce. D’ici là, l’Union européenne aurait
tout intérêt à se doter d’une "stratégie de long terme pour créer les conditions d’une croissance
supérieure à 1,5 %", juge l’ancien Commissaire européen pour le commerce.
Les champions en région Centre
TLD, le tracteur des avions s'envole
L’augmentation du trafic aérien dans les pays
émergents offre de belles opportunités de
croissance à l’équipementier d’aéroports.
Le leader mondial des tracteurs d’avions est présent dans plus
de 127 pays.
Inutile d’appeler Antoine Maguin à 9 heures du matin. Sur la montre du directeur général de TLD
Group, leader mondial des tracteurs d’avions, il n’est que 3 heures, l’heure du premier fuseau
horaire américain, celui de New-York. « Comme nous avons une organisation internationale,
nous nous sommes réparti les rôles », indique Valentin Schmitt,le directeur général de TLD
Europe et Moyen-Orient. Lui est à l’heure française, et ne dérègle sa tocante qu’une fois par
mois, quand il part dans le golfe Persique. En revanche, le PDG Jean-Marie Fulconis, qui vit la
plupart du temps à l’heure chinoise, approche de la fin de journée.
Cette ETI de 1 400 salariés est contrôlée par Ardian (ex-Axa Private Equity) et le management.
Si ses dirigeants sont en décalage permanent, c’est parce qu’ils s’appuient sur deux usines en
Amérique du Nord, deux en Chine et deux en France, bientôt trois avec la nouvelle usine de
tracteurs d’avions automatiques Taxibot à Sorigny, près de Tours (Indre-et-Loire), qui sera
opérationnelle cet été. Mais aussi parce que leur terrain de jeu, le transport aérien, est un bel
exemple de mondialisation. « Un client transporteur au Chili n’a que faire des horaires de l’usine
chinoise ou française, ou de notre présence dans 150 pays. Il veut connaître tout de suite la
disponibilité de sa machine », explique Valentin Schmitt, qui résume ainsi l’organisation de TLD :
industriel global, compétences locales.
Depuis qu’il a engagé son internationalisation vers 2007-2008, TLD a ouvert 33 bureaux
commerciaux et de services dans des zones aéroportuaires. Les derniers en date ont été créés à
Moscou, à Doha, à Santiago et à Johannesburg. « Il n’y a pas un seul aéroport sans un produit
TLD », avance Valentin Schmitt, dont l’entreprise sert 513 clients dans 127 pays. La démarche
est couronnée de succès, puisque le chiffre d’affaires progresse chaque année : de 206 millions
d’euros en 2009, il est passé à 325 millions en 2013, dont 96% à l’export. Tous produits
confondus (escaliers, tracteurs de bagages, démarreurs de réacteurs…), TLD avoisine les 20%
de parts de marché. Et affiche même 40% pour les tracteurs d’avions.
UNE ORGANISATION PERTINENTE
Grâce à son déploiement, l’industriel français, installé à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire) et à
Saint-Lin (Deux-Sèvres), s’est faufilé dans un marché autrefois dominé par de grands acteurs
anglais, américains et allemands. La croissance du trafic aérien dans les pays émergents a créé
des opportunités pour TLD. « Les parts de marché se prennent localement, rappelle Valentin
Schmitt. Notre organisation nous permet de répondre plus vite et même d’anticiper les besoins.
Aujourd’hui, nous travaillons sur l’ouverture d’antennes pour servir les aéroports d’Amérique du
Sud et d’Afrique, au Mali, en Ouganda ou au Mozambique. »
Les autres champions en région Centre
CBE (Saint-Avertin, Indre-et-Loire), moules pour voussoirs. 22 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013, dont
90% à l’export. 100 salariés.
Sacred (Saint-Lubin-des-Joncherets, Eure-et-Loir), pièces en caoutchouc. 47,3 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2013, dont 50% à l’export. 500 salariés.
Maquet (Orléans, Loiret), spécialiste de l’éclairage de blocs opératoires. 118 millions d’euros de chiffre d’affaires
en 2013, dont 95% à l’export. 320 salariés.
Monin (Bourges, Cher), sirops. 150 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013, dont 75% à l’export. 380
salariés