Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire D. BONNEAU Certaines situations fonctionnelles ou circonstances traumatiques peuvent perturber l’harmonie de l’articulé dentaire : aussitôt les différents récepteurs des modontaux, tendinomusculaires et capsulaires de l’ATM se trouvent mis en jeu. © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. Le risque majeur d’un trouble de l’articulé dentaire est la création d’une instabilité qui provoquera à plus ou moins long terme une laxité des moyens de stabilisation capsulo-ligamentaires de l’ATM, et plus particulièrement les éléments de fixation du disque, notamment la zone bi laminaire rétro-discale. La conséquence immédiate est la contraction musculaire qui va limiter les mouvements pathogènes. Si celle-ci perdure, un cercle vicieux va se créer imposant l’intervention d’une main extérieure qui, seule, ne réglera pas le problème car l’ATM est adaptative sur le système hyperstatique qu’est l’engrènement dento-dentaire. Ainsi la restauration d’une normocclusion est indispensable à la stabilité dans le temps du traitement manuel. Rappel sur la régulation de la contraction musculaire [5] “Le muscle crie la douleur de l’articulation qui souffre”. Il est doté d’un capteur de longueur et plus précisément de raideur, le fuseau neuro-musculaire dont l’étirement est le stimulus privilégié. À son extrémité se positionne un capteur de force, l’organe neuro-tendineux de Golgi, qui analyse les efforts transmis au levier squelettique sur lequel il se fixe. Le muscle est un activateur unidirectionnel qui ne possède pas de marche arrière. Cette situation nécessite, pour assurer la réversibilité de l’action, de lui adjoindre un muscle antagoniste. Mais ce dernier ne se contente pas de réaliser cette rétroaction, mais il contrôle aussi la bonne marche du mouvement programmé se réservant à tout moment la possibilité de freiner ce dernier. La régulation de ce système dépend donc de la boucle Gamma et son fonctionnement fondamental, le réflexe myotatique, est quotidiennement utilisé par tout médecin dans la recherche des réflexes ostéo-tendineux. 1 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles Le muscle possède quatre états : • Deux, dits intrinsèques, sous la dépendance du contrôle précédent : - l’état contracté - l’état relâché, • Deux états, dits extrinsèques, sous la dépendance d’une force appliquée externe, l’état étiré et l’état raccourci. Ce sont ces deux derniers états qui sont privilégiés en thérapeutiques manuelles, car ils permettent, de manière élective, une réinitialisation des capteurs musculaires. En effet, lors de l’étirement, la stimulation du fuseau neuromusculaire est optimale, alors que, durant le raccourcissement maximal, il est mis totalement au repos. Le fonctionnement de l’innervation réciproque permet de comprendre que la mise en raccourcissement d’un muscle a un effet potentialisé par la mise en étirement maximal de l’antagoniste. Le facteur temps intervient en potentialisant l’effet dans la technique de Jones, cette position étant maintenue 90 secondes. LES TECHNIQUES BASÉES SUR L’ÉTIREMENT MUSCULAIRE TENDINO-CORPORÉAL [2, 3, 4, 6] L’étirement post-isométrique Appelée aussi myotensif, cette méthode dérive du contracter-relâcher employé en rééducation. Le but est d’étirer et décontracter le muscle spasmé. Cela s’applique en priorité à une pathologie musculaire douloureuse associée à une restriction de mobilité en rapport avec la contracture musculaire. En pratique, après avoir identifié le muscle ou le plus souvent un groupe de muscles agonistes, tel le masséter et le temporal, on demande au patient d’effectuer une contraction isométrique (sans déplacement des –( 2 leviers articulaires), dont l’intensité de la force est faible. Une résistance manuelle est appliquée sur le segment mobile, la mandibule. Le vecteur de cette résistance est directement appliqué dans le sens inverse du mouvement provoqué par le muscle à étirer durant les 6 à 8 secondes du maintien de la contraction. Au terme de cette contraction, après un temps mort d’une à deux secondes, nécessaire au relâchement de l’ensemble des fibres musculaires, un étirement “post-isométrique” est effectué par le praticien jusqu’à la perception d’une résistance appelée barrière motrice, et cet étirement est maintenu une douzaine de secondes. Une nouvelle contraction est demandée, suivie d’un étirement, puis renouvelée jusqu’au gain d’amplitude désirée. Les variantes sont nombreuses et se différencient par le nombre de cycles et leur durée. On peut utiliser la respiration en demandant au patient d’inspirer lentement durant la contraction isométrique et de souffler durant la période d’étirement. Pression glissée Cette technique est peu utilisée en regard du segment céphalique car elle génère une rubéfaction cutanée, souvent vécue comme disgracieuse au niveau du visage. Nous en rappelons le principe. Sollicitant muscles et peau, cette technique s’applique non seulement aux contractures secondaires à un dysfonctionnement articulaire, mais aussi s’étend aux myalgies que l’on rencontre dans les syndromes cellulo-tenomyalgiques. Elles sont dues à des dysfonctionnements douloureux intervertébraux mineurs. Par ailleurs, on rencontre fréquemment des zones de contracture musculaire, Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire sans limitation articulaire, d’évolution favorable après utilisation de cette méthode. Il s’applique préférentiellement à une douleur sans limitation articulaire. Dans un premier temps, on recherche par la palpation en profondeur en suivant le sens des fibres des muscles la présence d’une zone contracturée douloureuse, perçue comme une induration solidaire du corps musculaire. On prendra soin d’éliminer par échographie, en cas de doute, une autre étiologie, tel un hématome récent. Dans un deuxième temps, le muscle est mis en position d’étirement maximal, et le praticien exerce des pressions glissées profondes, dans le sens des fibres, en insistant sur la zone de contracture, jusqu’à l’obtention de l’atténuation palpable de la tension. Pour la technique basée sur le raccourcissement, l’indication préférentielle est la douleur ponctuelle résiduelle en regard d’un muscle sans limitation articulaire, telle qu’en fin de traitement manuel articulaire et/ou myotensif. L’amélioration subjective par le patient est parfois vécue comme une “douleur qui fait du bien” ! Compression ischémique © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. Cette manœuvre consiste en l’application d’une pression soutenue sur le point le plus douloureux du muscle en cause (de 6 à 13 kgfs), après avoir étiré le muscle préalablement détendu, durant le temps nécessaire à l’atténuation de la douleur du point-détente, environ une minute. Elle est rarement utilisée au niveau céphalique. Comparable d’efficacité avec la précédente, elle est plus mal vécue par le patient… POSITIONNEMENT EN RACCOURCISSEMENT [3] Description de la technique Cette technique se résume à la mise en raccourcissement maximal du muscle, de manière passive, afin de créer un confort optimal (Jones : Strain and Counterstrain). Cette technique exige beaucoup de rigueur, notamment lors du relâchement à la fin de la mise en raccourcissement maximal. Le retour à la position de repos doit être passif et lent. Nombreuses sont les discussions sur le substratum anatomique du point douloureux que l’on cherche à faire disparaître avec ce procédé. Après de longues années de pratiques, il nous est apparu évident que ce point sensible, appelé “tender point” par L.H.J. Jones, disparaissait par la mise en raccourcissement d’une structure anatomique définie, tel un muscle précis ou un ligament périarticulaire. Ainsi plutôt que de définir chaque “tender point” en fonction d’une lésion ostéopathique, notamment en regard de l’appareil manducateur, fidèle au concept de vérité biologique unique, nous avons pris le parti de ne parler qu’en terme de muscle ou de ligament. Ce principe est sous-tendu par l’impérieuse nécessité de connaître l’anatomie pour bien pratiquer les thérapies manuelles. Le choix du muscle à traiter repose sur l’examen clinique et la mise en évidence de points sensibles, du repérage des cordons myalgiques, en respectant soigneusement lors de la réalisation de la technique, la direction des fibres musculaires. Après repérage du point douloureux appelé par le créateur de la méthode “tender point”, ou point sensible, on maintient la pression 3 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles digitale et on recherche la position idéale qui apportera une sédation de la douleur (au moins des deux tiers de son intensité). nique d’étirement post-isométrique, puis la technique de mise en raccourcissement. Cette position est maintenue 90 secondes et le retour doit être totalement passif et réalisé avec lenteur et douceur. Les abaisseurs de la mandibule On réalise un contrôle immédiat de la sensibilité du point. Elle doit avoir diminué d’au moins les deux tiers de son intensité, ce qui permet de juger l’efficacité de la manœuvre. Cette technique peut être employée dans le cadre de séquelles douloureuses siégeant sur un ligament ou un épaississement capsulaire post-traumatique. L’application de chaleur humide après la réalisation de la technique est un complément utile pour certains, mais il s’avère avec l’usage que ce geste n’apporte pas le soulagement de manière constante, car il aggrave parfois. Ceci n’est pas surprenant lorsque l’on relit les traductions des traités de médecine chinoise où les anciens traduisent les affections rhumatismales par des agressions par le vent, le froid et l’humidité… Une variante consiste en la réalisation du raccourcissement maximum sur trois cycles respiratoires. Durant chacun d’eux, le patient inspire lentement, puis expire de même et effectue une apnée expiratoire. Il semblerait que cette variante, moins chronophage soit moins stable dans le temps. APPLICATIONS AUX MUSCLES DE L’ARTICULATION TEMPOROMANDIBULAIRE Dans ce sous-chapitre, pour chaque muscle, nous en rappelons l’anatomie descriptive, puis nous décrivons successivement la tech- –( 4 La clef de voûte est l’os hyoïde, fixé et solidarisé par les muscles sous-hyoïdiens à la ceinture scapulaire et au complexe sterno-costal. Cette fixation au squelette axial et appendiculaire apporte la stabilité nécessaire à la mobilisation mandibulaire. Mais sur le plan postural et positionnel, elle crée une dépendance de la cinétique mandibulaire à la cage thoracique, notamment en cas de cyphose ou de troubles restrictifs respiratoires et avec le complexe scapulaire dont l’enroulement altère l’harmonie du déplacement hyoïdien. La fixation sterno-costale est assurée par : • L’interdépendance des muscles sternothyroïdien et thyro-hyoïdien. • Le sterno-cleïdo-hyoïdien. La solidarisation scapulaire est représentée par : • Le muscle omo-hyoïdien. À la partie haute de l’os hyoïde s’insèrent les véritables abaisseurs de la mandibule que sont les muscles sus-hyoïdiens : • Digastrique, constitué de deux ventres (fig. 1) - Postérieur, innervé par le VII, élévateur de l’os hyoïde et rétropulseur de la mandibule. - Antérieur, innervé par le V3, abaisse la mandibule ou élève l’os hyoïde selon son point de fixité. • Génio-hyoïdien, innervé par une branche du XII. • Mylo-hyoïdien, innervé par le V3. Ces deux derniers muscles abaissent la mandibule, ou élèvent l’os hyoïde, selon leur fixation. • Stylo-hyoïdien, innervé par le VII, élève l’os hyoïde et rétro-pulse la mandibule. Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire bulaire que l’on limite à 1 à 2 cm afin de demeurer dans le secteur de rotation condylodiscale. Leur étirement s’effectue grâce à une manœuvre globale en hyper-extension cervicale et fermeture buccale (fig. 2). Mise en raccourcissement (fig. 3) Fig. 1 : Muscle digastrique Étirement post-isométrique (EPI) Le patient est en décubitus, la résistance est appliquée sous le menton. On demande une ouverture buccale par un abaissement mandi- Le digastrique est un des abaisseurs de la mandibule qui est le siège, fréquemment, de point sensible dont le siège peut être sousmandibulaire mais aussi sous-occipital profond du fait de son insertion temporale en regard de l’incisure digastrique et la face interne du processus mastoïde. Le patient est en décubitus, le rachis cervical en flexion, et, par une prise polydigitale mentonnière, on imprime à la mandibule un léger abaissement et une rétropulsion. © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. Fig. 2 : EPI : Abaisseurs de la mandibule : position de départ à gauche et d’arrivée à droite Fig. 3 : Raccourcissement : Digastrique : rétro-pulsion de la mandibule, flexion du rachis cervical provoquant une ascension de l’os hyoïde et une détente du digastrique. 5 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles Les élévateurs de la mandibule Le masséter et le ptérigoïdien médial réalisent une sangle mandibulaire puissante. La structure tri-fasciculaire et sa triple innervation permettent au temporal d’assurer un serrage mandibulo-maxillaire sélectif, incisif, canin ou molaire, en fonction du programme masticatoire souhaité. Le masséter (fig. 4) ! Insertion : Processus zygomatique au bord inféro-latéral. ! Terminaison : Bord postérieur de l’angle de la mâchoire. Il est composé de deux faisceaux : • Antérieur : Dont l’origine est située sur l’apophyse pyramidale du palatin et sur la tubérosité du maxillaire. • Postérieur : Fixé dans la fosse ptérygoïde et sur le processus pyramidal du palatin. Les deux faisceaux sont obliques en bas, en arrière et en dehors et se terminent sur la face médiale de l’angle de la mandibule et sur son bord inférieur. Il est innervé par le tronc postéro-médial du V3, qui se divise en nerf du ptérygoïdien médial, du péristaphylin latéral et du muscle du marteau. Il comporte trois faisceaux : • Superficiel, oblique en bas et en arrière et en direction de l’angle de la mâchoire. Il réalise, avec le ptérygoïdien médial, une puissante sangle musculaire. • Moyen, vertical de l’arcade zygomatique à la branche montante. • Profond, de l’arcade zygomatique à la face latérale de l’apophyse coronoïde. Ces fibres sont parfois rattachées au temporal. ! Innervation : Nerf masseterin, branche du nerf temporo masseterin. Le ptérygoïdien médial ! Insertion : Aile interne du processus ptérygoïde. ! Terminaison : Face médiale de l’angle de la mandibule. Fig. 4 : Muscle Masséter –( 6 Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire Temporal (fig. 5) ! Insertion : Fosse temporale. ! Terminaison : Processus coronoïde de la mandibule. © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. On lui décrit trois types de fibres : • Antérieure, verticale, se dirigeant vers le bord antérieur de la branche montante de la mandibule. • Moyenne, oblique en avant et en bas pour s’insérer sur le sommet de la coronoïde. • Postérieure, horizontale vers l’échancrure sigmoïde en abandonnant des fibres au bord antérieur du ménisque. Fig. 5 : Le temporal. Certains ont individualisé le petit muscle soustemporal, ainsi que le muscle zygomaticocoronoïdien. Étirement post-isomètrique (EPI) ! Innervation : Elle est triple, provenant du V3. • Nerf temporo buccal pour le chef antérieur. • Nerf temporal profond moyen pour le chef moyen. • Nerf temporo-masséterin pour le chef postérieur. Le patient est en décubitus, la résistance est appliquée en regard des incisives supérieures et inférieures. On demande une fermeture buccale douce, en produisant une résistance bidigitale. Leur étirement s’effectue grâce à une manœuvre d’ouverture (fig. 6). Fig. 6 : EPI : élévateurs de la mandibule : Position de départ à gauche et d’arrivée à droite des positions de départ. 7 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles De manière empirique, il est constaté une meilleure décontraction musculaire lorsque l’on demande, avant de réaliser l’EPI des élévateurs de la mandibule, une ouverture buccale contrariée maintenue durant une trentaine de secondes. Ce temps préalable semble mettre en jeu le phénomène neurologique de l’inhibition réciproque (fig. 7). Fig. 8 : Raccourcissement : Faisceau postérieur du temporal. Fig. 7 : Une contraction isométrique des abaisseurs (30 sec) est le temps préalable au myotensif des élévateurs. Mise en raccourcissement Le patient est en décubitus, le rachis cervical en flexion modérée, et, par une prise pluridigitale mentonnière, on imprime à la mandibule une impaction sous maxillaire en recherchant l’intercuspidation maximale. Dans le cas de la présence d’un point sensible unilatéral en regard du faisceau postérieur du temporal, on réalise une diduction homolatérale, en majorant la rétropulsion pour raccourcir le faisceau postérieur. Le désengrènement dento-dentaire est indispensable à la réalisation de cette technique (fig. 8). Ptérygoïdien latéral Il est le muscle latéralisateur et propulseur. Il a été longtemps considéré comme le “muscle de l’ADAM” (fig. 9). –( 8 Fig. 9 : Muscle térigoïdien latéral : insertions et actions. Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire ! Insertion Étirement post-isométrique (EPI) Il est formé de deux chefs distincts : • Supérieur, sphenoïdo-ptérigoïdien se fixe sur la grande aile du sphénoïde et l’aile latérale de l’apophyse ptérygoïde. • Inférieur, sur l’aile latérale de l’apophyse ptérygoïde et de l’apophyse pyramidale du palatin. Le patient est en décubitus, la résistance est appliquée sur la branche controlatérale de la mandibule. Après avoir demandé une désengrènement dento-dentaire, le patient réalise une poussée en diduction en direction opposée du ptérigoïdien sollicité (fig. 10). ! Terminaison de ses deux chefs est double : • Supérieure - sur la lame tendineuse pré-discale et par son intermédiaire sur le tubercule condylien et la face postérieure du col du condyle. - sur le tiers supérieur de la fossette située à la partie antéro-médiale du col du condyle. • Inférieure - sur les deux tiers inférieurs de la fossette du col du condyle. La direction globale des fibres est oblique en dehors et en arrière. Mise en raccourcissement © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. ! Innervation : nerf temporo-buccal, branche du Trijumeau. Ce paragraphe est sujet à controverse. Travell et Simons proposent une palpation du point gâchette de ce muscle par voie endo et exobuccale. Or sa position haute dans la fosse pterygo-mandibulaire le rend impalpable lors de l’abord buccal. Il est fréquent de terminer une séance par le traitement en position de confort maximum d’un point résiduel pré-tragien que l’on rattache classiquement à la projection algique du ptérygoïdien latéral (fig. 11). Fig. 10 : Myotensif du ptérygoïdien latéral gauche (position de départ en haut et position d’arrivée en bas. Remarque : Le ptérygoïdien latéral gauche entraîne une déduction droite, c’est-à-dire un déplacement vers la droite de la mandibule). 9 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles Ces techniques portent autant sur la jonction cervico-occipitale que sur la jonction cervico-thoracique et les muscles fixateurs de la scapula. Tout dérangement inter-vertébral cervical ou rachidien nécessite sa correction, s’il est en corrélation avec la clinique. Fig. 11 : Raccourcissement de la zone bilaminaire rétrodiscale. Mais parfois, la mise en position de raccourcissement maximal de ce muscle (c’est-à-dire en diduction controlatérale) ne fait pas disparaître le point, et au contraire peut l’exacerber. Or la situation qui apporte le soulagement est en diduction homolatérale ce qui est, à première vue, un contresens. En fait, cette manœuvre raccourcit la zone bilaminaire rétro-discale siège de nocicepteurs mécaniques sensibles à l’étirement et qui seront mis en repos dans cette situation. Le désengrènement dento-dentaire est indispensable. APPLICATION AUX MUSCLES DU RACHIS CERVICAL SUPÉRIEUR [1] Comme nous l’avons abordé dans le chapitre consacré aux principes du traitement manuel des dysfonctionnements de l’appareil manducateur, l’ouverture buccale s’associe à une extension occipito-atloïdienne, et la fermeture à une flexion. Il est donc aisément compréhensible que toute hypo-extensibilité des muscles sous occipitaux, dans un contexte post-traumatique ou postural, peut retentir sur l’amplitude de l’ouverture buccale. –( 10 Petit droit postérieur de la tête (rectus capitis posterior minor) (fig. 12 et 13) ! Insertion : moitié médiale de la ligne nucale inférieure de l’occipital. ! Terminaison : tubercule postérieur de l’atlas. ! Innervation : branche dorsale du premier nerf cervical. ! Action : extenseur de la tête Grand droit postérieur de la tête (rectus capitis posterior major) (fig 12 et 13) ! Insertion : moitié latérale de la ligne nucale inférieure de l’occipital. ! Terminaison : processus épineux de l’axis. ! Innervation : branche dorsale du premier nerf cervical. ! Action : extenseur et rotateur homolatéral de la tête. Oblique supérieur de la tête (obliquus capitis superior) (fig. 12 et 13) ! Insertion : partie latérale des lignes nucales supérieure et inférieure. ! Terminaison : processus transverse de l’atlas. ! Innervation : branche dorsale du premier nerf cervical. ! Action : extenseur et latéro-fléchisseur homolatéral de la tête. Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire Oblique inférieur de la tête (obliquus capitis inferior) (fig. 12 et 13) ! Insertion : processus transverse de l’atlas. ! Terminaison : processus épineux de l’axis. ! Innervation : branche dorsale du premier nerf cervical. ! Action : rotateur homolatéral de l’atlas et de la tête (couplage CO-C1). Les muscles du “triangle de Tillaux” occupent une place primordiale en médecine manuelle, car ce sont eux qui assurent le réglage ultime (d’une extrême finesse) de tous les déséquilibres de la jonction crânio-cervicale, qu’ils soient ascendants ou descendants. Ce cardan sous-occipital mérite dans son étude musculaire, une place privilégiée. Etirement post-isométrique Droits postérieurs Fig. 12, 13 : Muscles suboccipitaux en vue latérale droite. © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. Le praticien exerce une résistance en regard de la tubérosité occipitale externe, le patient développe une force en potentialisant l’action thérapeutique grâce au système oculo-céphalogyre, dans ce cas en regardant la racine de ses cheveux (fig. 14). Fig. 14 : Muscles droits postérieurs suboccipitaux : Position de départ à gauche et d’arrivée à droite. 11 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles Dans cette technique, il existe un recrutement de l’oblique supérieur de la tête qui exerce une forte composante d’extension, plus que de latéroflexion qui est très limitée dans l’articulation occipito-atloitoïdienne. Oblique inférieur Le praticien exerce une résistance en regard de la jonction temporo-malaire, le patient développe une force en potentialisant l’action thérapeutique grâce au système oculo-céphalogyre, dans ce cas en regardant vers la droite, du même côté que la poussée (fig. 15). Mise en raccourcissement Le repérage des points sensibles sub-occipitaux nécessite la palpation initiale des saillies osseuses de référence, soit les mastoïdes et le processus transverse de l’axis (fig. 16). On distingue trois points de chaque côté : • Médian : au-dessus du processus épineux de l’axis, en rapport avec les droits postérieurs. • Latéral : en arrière et en dessus du processus mastoïdien, en rapport avec l’oblique inférieur. • Intermédiaire : entre les deux derniers, en rapport avec l’oblique inférieur (fig. 17). Fig. 15 : Position de départ (g) et d’arrivée (d) pour l’oblique inférieur de la tête. NPO de sensibiliser la technique par l’oculocéphalogyrie (regard vers la droite couplé à la rotation droite). Fig. 16 : Repérage de l’axis et de la mastoïde. –( 12 Fig. 17 : Repérage des trois points. Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire Technique de positionnement en raccourcissement du grand droit – Décubitus, prise mentonnière, appui thoracique du vertex, impaction et extension focalisée sur le rachis cervical supérieur (fig. 18). Technique de positionnement en raccourcissement de l’oblique supérieur – Décubitus, © Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit. Fig. 18 : Raccourcissement du grand droit. extension du rachis cervical supérieur, discrète latéroflexion homolatérale. Impaction (fig. 19) Technique de positionnement en raccourcissement OIT – Décubitus, rotation pure homo-latérale de la tête de plus de 30° (fig. 20). Fig. 19 : Raccourcissement de l’oblique supérieur. Fig. 20 : A gauche repérage du point sensible et à droite position en rotation. 13 )– Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles RÉFÉRENCES [1] BONNEAU D Place des techniques neuro-musculaires en Médecine Manuelle et leur application au rachis cervical. In : Rachis cervical et Thérapies manuelles. Montpellier: Sauramps Médical, 2005 : 47-62. [2] FRÈRES M Méthode rythmique d’harmonisation myotensives. Charleroi : OMC, 1985. [3] GREENMAN PE Principes de médecine manuelle. Paris : Pradel, 1998. –( 14 [4] LEDERMANE E Fundamentals of manual therapy. New York: Churchill Livingstone, 1997. [5] RICHARD D, ORSAL D Neurophysiologie, Physiologie sensorielle et systèmes sensoriels. Paris : Nathan Université, 1994. [6] TRAVELL JG, SIMONS DG Douleurs et troubles fonctionnels myofasciaux. Bruxelles : Editeur HAUG, 1993, 1.
© Copyright 2024 ExpyDoc