Techniques neuro-musculaires et articulation temporo

Techniques neuro-musculaires
et articulation temporo-mandibulaire
D. BONNEAU
Certaines situations fonctionnelles ou circonstances traumatiques peuvent perturber
l’harmonie de l’articulé dentaire : aussitôt les
différents récepteurs des modontaux, tendinomusculaires et capsulaires de l’ATM se trouvent mis en jeu.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Le risque majeur d’un trouble de l’articulé dentaire est la création d’une instabilité qui provoquera à plus ou moins long terme une laxité
des moyens de stabilisation capsulo-ligamentaires de l’ATM, et plus particulièrement les
éléments de fixation du disque, notamment la
zone bi laminaire rétro-discale.
La conséquence immédiate est la contraction
musculaire qui va limiter les mouvements
pathogènes. Si celle-ci perdure, un cercle
vicieux va se créer imposant l’intervention
d’une main extérieure qui, seule, ne réglera
pas le problème car l’ATM est adaptative sur le
système hyperstatique qu’est l’engrènement
dento-dentaire.
Ainsi la restauration d’une normocclusion est
indispensable à la stabilité dans le temps du
traitement manuel.
Rappel sur la régulation de la
contraction musculaire [5]
“Le muscle crie la douleur de l’articulation qui
souffre”. Il est doté d’un capteur de longueur
et plus précisément de raideur, le fuseau
neuro-musculaire dont l’étirement est le stimulus privilégié.
À son extrémité se positionne un capteur de
force, l’organe neuro-tendineux de Golgi, qui
analyse les efforts transmis au levier squelettique sur lequel il se fixe.
Le muscle est un activateur unidirectionnel qui
ne possède pas de marche arrière. Cette
situation nécessite, pour assurer la réversibilité de l’action, de lui adjoindre un muscle antagoniste. Mais ce dernier ne se contente pas
de réaliser cette rétroaction, mais il contrôle
aussi la bonne marche du mouvement programmé se réservant à tout moment la possibilité de freiner ce dernier.
La régulation de ce système dépend donc de
la boucle Gamma et son fonctionnement fondamental, le réflexe myotatique, est quotidiennement utilisé par tout médecin dans la
recherche des réflexes ostéo-tendineux.
1 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
Le muscle possède quatre états :
• Deux, dits intrinsèques, sous la dépendance du contrôle précédent :
- l’état contracté
- l’état relâché,
• Deux états, dits extrinsèques, sous la
dépendance d’une force appliquée externe,
l’état étiré et l’état raccourci.
Ce sont ces deux derniers états qui sont privilégiés en thérapeutiques manuelles, car ils
permettent, de manière élective, une réinitialisation des capteurs musculaires. En effet, lors
de l’étirement, la stimulation du fuseau neuromusculaire est optimale, alors que, durant le
raccourcissement maximal, il est mis totalement au repos. Le fonctionnement de
l’innervation réciproque permet de comprendre que la mise en raccourcissement d’un
muscle a un effet potentialisé par la mise en
étirement maximal de l’antagoniste. Le facteur
temps intervient en potentialisant l’effet dans
la technique de Jones, cette position étant
maintenue 90 secondes.
LES TECHNIQUES BASÉES SUR
L’ÉTIREMENT MUSCULAIRE
TENDINO-CORPORÉAL [2, 3, 4, 6]
L’étirement post-isométrique
Appelée aussi myotensif, cette méthode dérive du contracter-relâcher employé en rééducation. Le but est d’étirer et décontracter le
muscle spasmé. Cela s’applique en priorité à
une pathologie musculaire douloureuse associée à une restriction de mobilité en rapport
avec la contracture musculaire.
En pratique, après avoir identifié le muscle ou
le plus souvent un groupe de muscles agonistes, tel le masséter et le temporal, on
demande au patient d’effectuer une contraction isométrique (sans déplacement des
–( 2
leviers articulaires), dont l’intensité de la force
est faible. Une résistance manuelle est appliquée sur le segment mobile, la mandibule. Le
vecteur de cette résistance est directement
appliqué dans le sens inverse du mouvement
provoqué par le muscle à étirer durant les 6 à
8 secondes du maintien de la contraction.
Au terme de cette contraction, après un temps
mort d’une à deux secondes, nécessaire au
relâchement de l’ensemble des fibres musculaires, un étirement “post-isométrique” est effectué par le praticien jusqu’à la perception d’une
résistance appelée barrière motrice, et cet étirement est maintenu une douzaine de secondes.
Une nouvelle contraction est demandée, suivie d’un étirement, puis renouvelée jusqu’au
gain d’amplitude désirée.
Les variantes sont nombreuses et se différencient par le nombre de cycles et leur durée.
On peut utiliser la respiration en demandant
au patient d’inspirer lentement durant la
contraction isométrique et de souffler durant
la période d’étirement.
Pression glissée
Cette technique est peu utilisée en regard du
segment céphalique car elle génère une rubéfaction cutanée, souvent vécue comme disgracieuse au niveau du visage. Nous en rappelons le principe.
Sollicitant muscles et peau, cette technique
s’applique non seulement aux contractures
secondaires à un dysfonctionnement articulaire, mais aussi s’étend aux myalgies que l’on
rencontre dans les syndromes cellulo-tenomyalgiques. Elles sont dues à des dysfonctionnements douloureux intervertébraux
mineurs. Par ailleurs, on rencontre fréquemment des zones de contracture musculaire,
Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire
sans limitation articulaire, d’évolution favorable après utilisation de cette méthode.
Il s’applique préférentiellement à une douleur
sans limitation articulaire.
Dans un premier temps, on recherche par la
palpation en profondeur en suivant le sens des
fibres des muscles la présence d’une zone
contracturée douloureuse, perçue comme une
induration solidaire du corps musculaire. On
prendra soin d’éliminer par échographie, en cas
de doute, une autre étiologie, tel un hématome
récent. Dans un deuxième temps, le muscle est
mis en position d’étirement maximal, et le praticien exerce des pressions glissées profondes,
dans le sens des fibres, en insistant sur la zone
de contracture, jusqu’à l’obtention de
l’atténuation palpable de la tension.
Pour la technique basée sur le raccourcissement, l’indication préférentielle est la douleur
ponctuelle résiduelle en regard d’un muscle
sans limitation articulaire, telle qu’en fin de
traitement manuel articulaire et/ou myotensif.
L’amélioration subjective par le patient est
parfois vécue comme une “douleur qui fait
du bien” !
Compression ischémique
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Cette manœuvre consiste en l’application
d’une pression soutenue sur le point le plus
douloureux du muscle en cause (de 6 à
13 kgfs), après avoir étiré le muscle préalablement détendu, durant le temps nécessaire
à l’atténuation de la douleur du point-détente,
environ une minute. Elle est rarement utilisée
au niveau céphalique. Comparable d’efficacité avec la précédente, elle est plus mal
vécue par le patient…
POSITIONNEMENT EN
RACCOURCISSEMENT [3]
Description de la technique
Cette technique se résume à la mise en raccourcissement maximal du muscle, de manière passive, afin de créer un confort optimal
(Jones : Strain and Counterstrain).
Cette technique exige beaucoup de rigueur,
notamment lors du relâchement à la fin de la
mise en raccourcissement maximal. Le retour
à la position de repos doit être passif et lent.
Nombreuses sont les discussions sur le substratum anatomique du point douloureux
que l’on cherche à faire disparaître avec ce
procédé.
Après de longues années de pratiques, il
nous est apparu évident que ce point sensible, appelé “tender point” par L.H.J. Jones,
disparaissait par la mise en raccourcissement
d’une structure anatomique définie, tel un
muscle précis ou un ligament périarticulaire.
Ainsi plutôt que de définir chaque “tender
point” en fonction d’une lésion ostéopathique,
notamment en regard de l’appareil manducateur, fidèle au concept de vérité biologique
unique, nous avons pris le parti de ne parler
qu’en terme de muscle ou de ligament.
Ce principe est sous-tendu par l’impérieuse
nécessité de connaître l’anatomie pour bien
pratiquer les thérapies manuelles.
Le choix du muscle à traiter repose sur
l’examen clinique et la mise en évidence de
points sensibles, du repérage des cordons
myalgiques, en respectant soigneusement
lors de la réalisation de la technique, la direction des fibres musculaires.
Après repérage du point douloureux appelé
par le créateur de la méthode “tender point”,
ou point sensible, on maintient la pression
3 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
digitale et on recherche la position idéale qui
apportera une sédation de la douleur (au
moins des deux tiers de son intensité).
nique d’étirement post-isométrique, puis la
technique de mise en raccourcissement.
Cette position est maintenue 90 secondes et
le retour doit être totalement passif et réalisé
avec lenteur et douceur.
Les abaisseurs de la mandibule
On réalise un contrôle immédiat de la sensibilité du point. Elle doit avoir diminué d’au moins
les deux tiers de son intensité, ce qui permet
de juger l’efficacité de la manœuvre.
Cette technique peut être employée dans le
cadre de séquelles douloureuses siégeant sur
un ligament ou un épaississement capsulaire
post-traumatique.
L’application de chaleur humide après la réalisation de la technique est un complément
utile pour certains, mais il s’avère avec
l’usage que ce geste n’apporte pas le soulagement de manière constante, car il aggrave
parfois. Ceci n’est pas surprenant lorsque l’on
relit les traductions des traités de médecine
chinoise où les anciens traduisent les affections rhumatismales par des agressions par le
vent, le froid et l’humidité…
Une variante consiste en la réalisation du raccourcissement maximum sur trois cycles respiratoires. Durant chacun d’eux, le patient inspire lentement, puis expire de même et effectue une apnée expiratoire. Il semblerait que
cette variante, moins chronophage soit moins
stable dans le temps.
APPLICATIONS AUX MUSCLES
DE L’ARTICULATION TEMPOROMANDIBULAIRE
Dans ce sous-chapitre, pour chaque muscle,
nous en rappelons l’anatomie descriptive,
puis nous décrivons successivement la tech-
–( 4
La clef de voûte est l’os hyoïde, fixé et solidarisé par les muscles sous-hyoïdiens à la ceinture scapulaire et au complexe sterno-costal.
Cette fixation au squelette axial et appendiculaire apporte la stabilité nécessaire à la mobilisation mandibulaire. Mais sur le plan postural et positionnel, elle crée une dépendance
de la cinétique mandibulaire à la cage thoracique, notamment en cas de cyphose ou de
troubles restrictifs respiratoires et avec le
complexe scapulaire dont l’enroulement altère
l’harmonie du déplacement hyoïdien.
La fixation sterno-costale est assurée par :
• L’interdépendance des muscles sternothyroïdien et thyro-hyoïdien.
• Le sterno-cleïdo-hyoïdien.
La solidarisation scapulaire est représentée
par :
• Le muscle omo-hyoïdien.
À la partie haute de l’os hyoïde s’insèrent les
véritables abaisseurs de la mandibule que
sont les muscles sus-hyoïdiens :
• Digastrique, constitué de deux ventres (fig. 1)
- Postérieur, innervé par le VII, élévateur de
l’os hyoïde et rétropulseur de la mandibule.
- Antérieur, innervé par le V3, abaisse la
mandibule ou élève l’os hyoïde selon son
point de fixité.
• Génio-hyoïdien, innervé par une branche
du XII.
• Mylo-hyoïdien, innervé par le V3.
Ces deux derniers muscles abaissent la mandibule, ou élèvent l’os hyoïde, selon leur fixation.
• Stylo-hyoïdien, innervé par le VII, élève l’os
hyoïde et rétro-pulse la mandibule.
Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire
bulaire que l’on limite à 1 à 2 cm afin de
demeurer dans le secteur de rotation condylodiscale. Leur étirement s’effectue grâce à une
manœuvre globale en hyper-extension cervicale et fermeture buccale (fig. 2).
Mise en raccourcissement (fig. 3)
Fig. 1 : Muscle digastrique
Étirement post-isométrique (EPI)
Le patient est en décubitus, la résistance est
appliquée sous le menton. On demande une
ouverture buccale par un abaissement mandi-
Le digastrique est un des abaisseurs de la
mandibule qui est le siège, fréquemment, de
point sensible dont le siège peut être sousmandibulaire mais aussi sous-occipital profond du fait de son insertion temporale en
regard de l’incisure digastrique et la face interne du processus mastoïde.
Le patient est en décubitus, le rachis cervical
en flexion, et, par une prise polydigitale mentonnière, on imprime à la mandibule un léger
abaissement et une rétropulsion.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Fig. 2 : EPI : Abaisseurs de la mandibule : position de départ à gauche et d’arrivée à droite
Fig. 3 : Raccourcissement : Digastrique : rétro-pulsion de la mandibule, flexion du rachis cervical provoquant
une ascension de l’os hyoïde et une détente du digastrique.
5 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
Les élévateurs de la mandibule
Le masséter et le ptérigoïdien médial réalisent
une sangle mandibulaire puissante. La structure tri-fasciculaire et sa triple innervation permettent au temporal d’assurer un serrage
mandibulo-maxillaire sélectif, incisif, canin ou
molaire, en fonction du programme masticatoire souhaité.
Le masséter (fig. 4)
! Insertion : Processus zygomatique au
bord inféro-latéral.
! Terminaison : Bord postérieur de l’angle
de la mâchoire.
Il est composé de deux faisceaux :
• Antérieur : Dont l’origine est située sur
l’apophyse pyramidale du palatin et sur la
tubérosité du maxillaire.
• Postérieur : Fixé dans la fosse ptérygoïde et
sur le processus pyramidal du palatin.
Les deux faisceaux sont obliques en bas, en
arrière et en dehors et se terminent sur la face
médiale de l’angle de la mandibule et sur son
bord inférieur.
Il est innervé par le tronc postéro-médial du
V3, qui se divise en nerf du ptérygoïdien
médial, du péristaphylin latéral et du muscle
du marteau.
Il comporte trois faisceaux :
• Superficiel, oblique en bas et en arrière et
en direction de l’angle de la mâchoire. Il réalise, avec le ptérygoïdien médial, une puissante sangle musculaire.
• Moyen, vertical de l’arcade zygomatique à
la branche montante.
• Profond, de l’arcade zygomatique à la face
latérale de l’apophyse coronoïde. Ces fibres
sont parfois rattachées au temporal.
! Innervation : Nerf masseterin, branche du
nerf temporo masseterin.
Le ptérygoïdien médial
! Insertion : Aile interne du processus ptérygoïde.
! Terminaison : Face médiale de l’angle de
la mandibule.
Fig. 4 : Muscle Masséter
–( 6
Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire
Temporal (fig. 5)
! Insertion : Fosse temporale.
! Terminaison : Processus coronoïde de la
mandibule.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
On lui décrit trois types de fibres :
• Antérieure, verticale, se dirigeant vers le
bord antérieur de la branche montante de la
mandibule.
• Moyenne, oblique en avant et en bas pour
s’insérer sur le sommet de la coronoïde.
• Postérieure, horizontale vers l’échancrure
sigmoïde en abandonnant des fibres au
bord antérieur du ménisque.
Fig. 5 : Le temporal.
Certains ont individualisé le petit muscle soustemporal, ainsi que le muscle zygomaticocoronoïdien.
Étirement post-isomètrique (EPI)
! Innervation : Elle est triple, provenant du V3.
• Nerf temporo buccal pour le chef antérieur.
• Nerf temporal profond moyen pour le chef
moyen.
• Nerf temporo-masséterin pour le chef postérieur.
Le patient est en décubitus, la résistance est
appliquée en regard des incisives supérieures
et inférieures. On demande une fermeture
buccale douce, en produisant une résistance
bidigitale. Leur étirement s’effectue grâce à
une manœuvre d’ouverture (fig. 6).
Fig. 6 : EPI : élévateurs de la mandibule : Position de
départ à gauche et d’arrivée à droite des positions de
départ.
7 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
De manière empirique, il est constaté une
meilleure décontraction musculaire lorsque
l’on demande, avant de réaliser l’EPI des élévateurs de la mandibule, une ouverture buccale contrariée maintenue durant une trentaine de secondes. Ce temps préalable semble
mettre en jeu le phénomène neurologique de
l’inhibition réciproque (fig. 7).
Fig. 8 : Raccourcissement :
Faisceau postérieur du temporal.
Fig. 7 : Une contraction isométrique des abaisseurs
(30 sec) est le temps préalable au myotensif des
élévateurs.
Mise en raccourcissement
Le patient est en décubitus, le rachis cervical
en flexion modérée, et, par une prise pluridigitale mentonnière, on imprime à la mandibule
une impaction sous maxillaire en recherchant
l’intercuspidation maximale.
Dans le cas de la présence d’un point sensible unilatéral en regard du faisceau postérieur du temporal, on réalise une diduction
homolatérale, en majorant la rétropulsion pour
raccourcir le faisceau postérieur. Le désengrènement dento-dentaire est indispensable à
la réalisation de cette technique (fig. 8).
Ptérygoïdien latéral
Il est le muscle latéralisateur et propulseur. Il
a été longtemps considéré comme le “muscle
de l’ADAM” (fig. 9).
–( 8
Fig. 9 : Muscle térigoïdien latéral :
insertions et actions.
Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire
! Insertion
Étirement post-isométrique (EPI)
Il est formé de deux chefs distincts :
• Supérieur, sphenoïdo-ptérigoïdien se fixe
sur la grande aile du sphénoïde et l’aile latérale de l’apophyse ptérygoïde.
• Inférieur, sur l’aile latérale de l’apophyse
ptérygoïde et de l’apophyse pyramidale du
palatin.
Le patient est en décubitus, la résistance est
appliquée sur la branche controlatérale de la
mandibule. Après avoir demandé une désengrènement dento-dentaire, le patient réalise
une poussée en diduction en direction opposée du ptérigoïdien sollicité (fig. 10).
! Terminaison de ses deux chefs est
double :
• Supérieure
- sur la lame tendineuse pré-discale et par
son intermédiaire sur le tubercule condylien
et la face postérieure du col du condyle.
- sur le tiers supérieur de la fossette située à
la partie antéro-médiale du col du condyle.
• Inférieure
- sur les deux tiers inférieurs de la fossette
du col du condyle.
La direction globale des fibres est oblique
en dehors et en arrière.
Mise en raccourcissement
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
! Innervation : nerf temporo-buccal, branche
du Trijumeau.
Ce paragraphe est sujet à controverse.
Travell et Simons proposent une palpation du
point gâchette de ce muscle par voie endo et
exobuccale. Or sa position haute dans la
fosse pterygo-mandibulaire le rend impalpable lors de l’abord buccal.
Il est fréquent de terminer une séance par le
traitement en position de confort maximum
d’un point résiduel pré-tragien que l’on rattache classiquement à la projection algique du
ptérygoïdien latéral (fig. 11).
Fig. 10 : Myotensif du ptérygoïdien latéral gauche (position de départ en haut et position d’arrivée en bas.
Remarque : Le ptérygoïdien latéral gauche entraîne une déduction droite, c’est-à-dire un déplacement vers la
droite de la mandibule).
9 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
Ces techniques portent autant sur la jonction cervico-occipitale que sur la jonction
cervico-thoracique et les muscles fixateurs
de la scapula.
Tout dérangement inter-vertébral cervical ou
rachidien nécessite sa correction, s’il est en
corrélation avec la clinique.
Fig. 11 : Raccourcissement
de la zone bilaminaire rétrodiscale.
Mais parfois, la mise en position de raccourcissement maximal de ce muscle (c’est-à-dire
en diduction controlatérale) ne fait pas disparaître le point, et au contraire peut l’exacerber.
Or la situation qui apporte le soulagement est
en diduction homolatérale ce qui est, à première vue, un contresens. En fait, cette
manœuvre raccourcit la zone bilaminaire
rétro-discale siège de nocicepteurs mécaniques sensibles à l’étirement et qui seront
mis en repos dans cette situation.
Le désengrènement dento-dentaire est indispensable.
APPLICATION AUX MUSCLES DU
RACHIS CERVICAL SUPÉRIEUR [1]
Comme nous l’avons abordé dans le chapitre
consacré aux principes du traitement manuel
des dysfonctionnements de l’appareil manducateur, l’ouverture buccale s’associe à une
extension occipito-atloïdienne, et la fermeture
à une flexion.
Il est donc aisément compréhensible que
toute hypo-extensibilité des muscles sous
occipitaux, dans un contexte post-traumatique
ou postural, peut retentir sur l’amplitude de
l’ouverture buccale.
–( 10
Petit droit postérieur de la tête (rectus
capitis posterior minor) (fig. 12 et 13)
! Insertion : moitié médiale de la ligne nucale inférieure de l’occipital.
! Terminaison : tubercule postérieur de
l’atlas.
! Innervation : branche dorsale du premier
nerf cervical.
! Action : extenseur de la tête
Grand droit postérieur de la tête (rectus
capitis posterior major) (fig 12 et 13)
! Insertion : moitié latérale de la ligne nucale inférieure de l’occipital.
! Terminaison : processus épineux de l’axis.
! Innervation : branche dorsale du premier
nerf cervical.
! Action : extenseur et rotateur homolatéral
de la tête.
Oblique supérieur de la tête (obliquus
capitis superior) (fig. 12 et 13)
! Insertion : partie latérale des lignes
nucales supérieure et inférieure.
! Terminaison : processus transverse de
l’atlas.
! Innervation : branche dorsale du premier
nerf cervical.
! Action : extenseur et latéro-fléchisseur
homolatéral de la tête.
Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire
Oblique inférieur de la tête (obliquus
capitis inferior) (fig. 12 et 13)
! Insertion : processus transverse de l’atlas.
! Terminaison : processus épineux de l’axis.
! Innervation : branche dorsale du premier
nerf cervical.
! Action : rotateur homolatéral de l’atlas et
de la tête (couplage CO-C1).
Les muscles du “triangle de Tillaux” occupent
une place primordiale en médecine manuelle,
car ce sont eux qui assurent le réglage ultime
(d’une extrême finesse) de tous les déséquilibres de la jonction crânio-cervicale, qu’ils
soient ascendants ou descendants. Ce cardan sous-occipital mérite dans son étude
musculaire, une place privilégiée.
Etirement post-isométrique
Droits postérieurs
Fig. 12, 13 : Muscles suboccipitaux
en vue latérale droite.
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Le praticien exerce une résistance en regard
de la tubérosité occipitale externe, le patient
développe une force en potentialisant l’action
thérapeutique grâce au système oculo-céphalogyre, dans ce cas en regardant la racine de
ses cheveux (fig. 14).
Fig. 14 : Muscles droits postérieurs suboccipitaux : Position de départ à gauche et d’arrivée à droite.
11 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
Dans cette technique, il existe un recrutement
de l’oblique supérieur de la tête qui exerce
une forte composante d’extension, plus que
de latéroflexion qui est très limitée dans
l’articulation occipito-atloitoïdienne.
Oblique inférieur
Le praticien exerce une résistance en regard
de la jonction temporo-malaire, le patient
développe une force en potentialisant l’action
thérapeutique grâce au système oculo-céphalogyre, dans ce cas en regardant vers la droite, du même côté que la poussée (fig. 15).
Mise en raccourcissement
Le repérage des points sensibles sub-occipitaux nécessite la palpation initiale des saillies
osseuses de référence, soit les mastoïdes et
le processus transverse de l’axis (fig. 16). On
distingue trois points de chaque côté :
• Médian : au-dessus du processus épineux de l’axis, en rapport avec les droits
postérieurs.
• Latéral : en arrière et en dessus du processus mastoïdien, en rapport avec l’oblique
inférieur.
• Intermédiaire : entre les deux derniers, en
rapport avec l’oblique inférieur (fig. 17).
Fig. 15 : Position de départ (g) et d’arrivée (d) pour l’oblique inférieur de la tête. NPO de sensibiliser la technique
par l’oculocéphalogyrie (regard vers la droite couplé à la rotation droite).
Fig. 16 : Repérage de l’axis et de la mastoïde.
–( 12
Fig. 17 : Repérage des trois points.
Techniques neuro-musculaires et articulation temporo-mandibulaire
Technique de positionnement en raccourcissement du grand droit – Décubitus, prise
mentonnière, appui thoracique du vertex,
impaction et extension focalisée sur le rachis
cervical supérieur (fig. 18).
Technique de positionnement en raccourcissement de l’oblique supérieur – Décubitus,
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Fig. 18 : Raccourcissement du grand droit.
extension du rachis cervical supérieur, discrète
latéroflexion homolatérale. Impaction (fig. 19)
Technique de positionnement en raccourcissement OIT – Décubitus, rotation
pure homo-latérale de la tête de plus de 30°
(fig. 20).
Fig. 19 : Raccourcissement de l’oblique supérieur.
Fig. 20 : A gauche repérage du point sensible et à droite position en rotation.
13 )–
Sphère odonto-gnathique et thérapies manuelles
RÉFÉRENCES
[1] BONNEAU D Place des techniques neuro-musculaires en Médecine Manuelle et leur application au rachis
cervical. In : Rachis cervical et Thérapies manuelles.
Montpellier: Sauramps Médical, 2005 : 47-62.
[2] FRÈRES M Méthode rythmique d’harmonisation myotensives. Charleroi : OMC, 1985.
[3] GREENMAN PE Principes de médecine manuelle.
Paris : Pradel, 1998.
–( 14
[4] LEDERMANE E Fundamentals of manual therapy.
New York: Churchill Livingstone, 1997.
[5] RICHARD D, ORSAL D Neurophysiologie, Physiologie
sensorielle et systèmes sensoriels. Paris : Nathan
Université, 1994.
[6] TRAVELL JG, SIMONS DG Douleurs et troubles fonctionnels myofasciaux. Bruxelles : Editeur HAUG, 1993, 1.