La Lettre de la Miniature - Lemoine

La Lettre de la Miniature
N° 26. Novembre 2014. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés.
AGENDA
ISSN 2114-8341
Peter Ernest Rockstuhl (1764- 1824)
Jeune élève officier d’une école
militaire russe, début du XIXe siècle
(détail)
(Lemoine-Bouchard Fine Arts)
Du 6 au 16 novembre 2014
Salon d’antiquités brocante de la Bastille,
à Paris.
La Galerie LemoineBouchard Fine Arts
exposera une sélection de
belles miniatures, de
tableaux et de dessins au
stand 74 bis chapiteau des
antiquaires.
Dans cette édition, deux peintres en
miniature nouvellement identifiés :
Barlet et Corty.
Ont participé à ce numéro :
Mme C. Billet ; M. C. Braive ; M. D.
Gorchkov ; M. E.M. Lanzas.
La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur
quelques artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de
Lemoine-Bouchard Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la
Recherche et des musées. N’hésitez pas à nous communiquer informations
ou recherches en cours. Bonne lecture!
Exposition de miniatures en
Espagne
du 4 au 14 novembre 2014
à Almeria, Andalousie
« Arte de lo ultimo y
personal, Retratos en
miniatura ».
Sous le patronage de la
Diputación Provincial de
Almería, exposition d’une
soixantaine de miniatures
d’une collection privée,
celle de M. Francisco Vega
Barranco, comportant des
œuvres des écoles
espagnoles, anglaises et
françaises. Une belle
initiative, qui servira nous
l’espérons d’exemple en
France et ailleurs ! Elle est
accompagnée d’une
conférence qui a été donnée
par Eloy Martínez Lanzas le
7 novembre sur Antonio
Tomasich, le grand
miniaturiste espagnol né à
Almeria en 1815.
Sommaire
p. 2 – Anecdotes
- Son portrait en miniature, dernier souhait de Charlotte Corday.
- Lettres sur la miniature par André Léon Larue dit Mansion, 1823.
- Du nouveau sur I John Claude Imbert (actif en 1793-1805).
p. 3-6 – A propos de deux tableaux de Louis David avec des tabatières à
miniature
p. 7-12 – Peintres en miniature, du nouveau sur :
p. 7-10 « Barlet » : un Grenoblois sous pseudonyme
p. 11-12 « Conty », en fait l’Alsacien Charles-Joseph Corty (1757-1836).
p. 13 –15 Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts :
p. 13-14 - Galerie : Femme en uniforme de marine par Corty ; sanguine sur
vélin attribuée à Bernard Picard ; très rare Garde d’honneur de la Garde
impériale en surtout, vers 1813.
p. 15 - Expertise :
Une belle miniature attribuée à François Elie Vincent, vente étude Coutau-Begarie,
28 novembre 2014, hôtel Drouot, salles 5 et 6
Ventes en préparation
Anecdotes :
Son portrait en miniature : dernier souhait de Charlotte Corday
« Lettre du 15 juillet 1793, 2e de la République
Aux citoyens composant le comité de sûreté générale
Puisque j’ai encore quelques instants à vivre, pourrais-je espérer, citoyens, que vous me permettiez de me
faire peindre. Je voudrais laisser cette marque de mon souvenir à mes amis ; d’ailleurs comme on chérit
l’image des bons citoyens, la curiosité fait quelque fois rechercher celle des grands criminels, ce qui sert à
perpétuer l’horreur de leurs crimes. Si vous daignez faire attention à ma demande, je vous prie de
m’envoyer demain matin un peintre en miniature ; je vous renouvelle celle de me laisser dormir seule (1).
Croyez, je vous prie à toute ma reconnaissance. Marie (sic) Corday ». (2)
David fit lors de son jugement un portrait d’elle qui fut gravé. Mme Rolland exécuta un portrait d’après un
autre conservé dans la famille du modèle.
(1) (1) Elle s’était plaint plusieurs fois de ce qu’on laissait un gendarme dans sa chambre pour la garder.
(2) De son vrai nom Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont
Bibl. : citée dans Louise Colet, Charlotte Corday et madame Roland. Tableaux dramatiques, Paris,
Typographie Lacrampe , 1842.
Lettres sur la miniature par André Léon Larue dit Mansion, 1823.
Mansion a publié d’intéressantes considérations sur la miniature sous forme de lettres à une correspondante
imaginaire, formule qui rend son texte très vivant. En voici un extrait :
« Je vous dirai que bien des gens qui ne jugent du mérite et de la difficulté d’un tableau que par la
dimension, prononcent hautement que la miniature est le genre dans lequel il est le plus aisé de réussir. Je
suis loin de partager cette opinion ; et je soutiens au contraire qu'un peintre en miniature a plus de
difficultés à surmonter, pour arriver à la perfection de son art, qu'un peintre à l'huile qui se borne au
portrait. Il faut également de connaissances (sic) du dessin et du coloris dans les deux genres ; mais dans la
miniature les couleurs étant plus difficiles à manier, on n’arrive qu’avec plus de peine à certains effets
qu’on peut obtenir du premier coup en peignant à l’huile. Cela vous prouve, mademoiselle, combien il est
essentiel de bien savoir ce que l’on fait , et de ne pas employer inconsidérément la couleur dans
l’espérance d’être favorisé par le hasard : la fortune, qui se rit de tous les humains, se moqueroit encore
bien plus d’un peintre en miniature qui se reposeroit sur elle du succès de son ouvrage. …
Du nouveau sur :
IMBERT John Claude (actif en 1793-1805).
Nous avions répertorié (Les peintres en miniature, 2008), pour l’année 1793 ce peintre en miniature qui
partit de Nantes pour les Etats-Unis à bord de la brigantine Diana. Arrivé à Charleston, il fit passer deux
annonces en 1793 dont une dans la State Gazette of South Carolina du 8 mai 1793 où il indiquait
« souhaiter être employé dans sa profession qui est la peinture en miniature, en parfaite ressemblance, et à
des prix très raisonnables… » ; on pouvait le trouver chez MM. Tunnos et Cox’s. On retrouve quelques
années plus tard « Imbert, peintre en miniature boulevard Montmartre, n° 30, à Paris » en 1805. Cet artiste
vécut donc plusieurs années de son travail. Nous ne connaissons pas à ce jour de miniature signée de lui.
Tout renseignement complémentaire serait le bienvenu.
Bibl. : Almanach du commerce, 1805. Groce-Wallace. Rutledge. Blättel.
2
A propos de deux tableaux de Louis David avec tabatières à miniature, les portraits de
Blauw en 1795 et de Sieyès en 1817
Le peintre Jacques-Louis David eut bon nombre d’élèves qui devinrent peintres en miniature 1, toutefois il
ne semble pas avoir pratiqué cet art lui-même. Les miniatures sont-elles pour autant complètement
absentes de son œuvre ? pas totalement car il existe au moins deux tableaux de David où elles font sur des
tabatières, une très discrète apparition 2. La première figure sur le portrait de Jacobus Blauw daté de 1795
(National Gallery, Londres ; ci-dessous à gauche), l’autre sur celui d’Emmanuel Sieyès daté de 1817 (Fogg
Museum d'Harvard ; ci-dessous à droite).
Juxtaposons les deux œuvres. Les deux hommes sont assis et regardent le spectateur droit dans les yeux, le
premier, aux cheveux poudrés, de trois-quarts à gauche à une table de travail, interrompant le courrier qu’il
(photos Wikipedia)
…/… rédige, le second calé dans un fauteuil d’un léger trois-quarts à gauche, tous deux sur fond brossé et
neutre. Chacun pose avec sa tabatière et le même mouchoir rose à carreaux blancs, intéressant rappel à
vingt-deux ans de distance.
Si les deux tableaux ne génèrent pas la même atmosphère, avec le cadrage plus serré et la palette plus sobre
du second, dans les deux cas le regard est attiré successivement par le visage, éclairé par la gauche, puis
sur les deux mains et sur la tabatière.
D’un côté un homme jeune, le regard décidé. Jacob Blauw (1756-1829), dont le nom et le titre sont inscrits
sur la feuille en cours de rédaction « J. BLAUW, ministre Plénipotentiaire aux Etats Généraux des
provinces unies », était alors âgé de 39 ans et représentait en France la République batave qu’il avait
contribué à établir. De l’autre, l’abbé Emmanuel Sieyès (1748-1836), en exil à Bruxelles en 1817, âgé de
près de 69 ans mais passablement rajeuni sous sa perruque à cheveux courts.
Jacob Blauw et Caspard Meyer (1749 - après 1799) (dont David fit en 1795/1796 le portrait assis à une
table sur un fauteuil dérivé, dit-on, d’un modèle de Jacob pour le Brutus de David ; musée du Louvre)
avaient été envoyés à Paris pour négocier la reconnaissance par la France de leur nouvelle république, née
du soulèvement contre Guillaume V en 1794. La France était alors en guerre contre l’Angleterre et les
…/…
3
A propos de deux tableaux de Louis David (suite)
…/… Provinces Unies depuis le 1er février 1793 et les troupes françaises, conduites par le général
Pichegru, avaient envahi les Pays-Bas en décembre 1794-janvier 1795. Les négociations furent tendues
avec la commission française composée de Merlin de Douai, Jean-François Reubell et…d’Emmanuel
Sieyès que nous retrouvons ici sous le pinceau de David. Le comité de Salut public ayant refusé de
reconnaître la république batave tant que ne serait pas signé un traité de paix, Reubell et Sieyès furent
envoyés à La Haye fin avril 1795 pour négocier directement avec les Etats généraux bataves.
Le traité de La Haye, signé le 16 mai, conclut alliance avec la France, avec cession de la Flandre
zélandaise, Maastricht et Venlo, entretien d'une armée française de 25000 hommes et versement à la
France d’une somme énorme (100 millions de florins). Lourd tribut pour la jeune république batave.
Blauw, s’il tient une plume de sa main droite, a la main gauche posée sur une boîte ronde à miniature dont
elle couvre et cache le couvercle. Il s’agit certainement d’une tabatière d’intérieur contenant du tabac à
priser - le mouchoir placé tout près sert quand l’on prise, et ses teintes répondent dans un ton plus éteint au
rouge du dossier de la chaise. La partie visible de la tabatière la montre probablement en composition noire
à base de poudre d’écaille et richement montée en or. La main gauche ainsi placée attire en quelque sorte
l’attention sur la boîte mais de la miniature, rien n’apparaît si ce n’est son fond gris. Seul Blauw et le
peintre David, savaient ce que cette miniature représentait et la pose choisie la préserve aux regards
indiscrets. Ici la tabatière figure parmi les éléments posés sur le bureau, au second plan après la
correspondance en cours.
Blauw avait été enchanté du tableau qu’il conserva toute sa vie et écrivit à David : « Mes vœux sont enfin
satisfaits, mon cher David, vous m'avez fait revivre sur la toile: vous m'avez en quelque sorte immortalisé
par votre sublime pinceau et vous me rendez chère à jamais une mission qui, sans cette fleur que vous y
avez jetée par votre complaisante amitié, ne m'aurait rappelé que les épines dont elle a été jusqu'ici
parsemée. Ne croyez pas, cher ami, que le désir seul d'avoir mon portrait m'ait déterminé à vous engager à
le faire. Non, je vous ai considéré plus que moi-même; j'ai voulu posséder un de vos chefs-d'oeuvre et j'ai
voulu plus encore avoir dans ce portrait un monument éternel de notre étroite liaison avec le premier
peintre de l'Europe. Vos talents, votre réputation, votre civisme, vos malheurs [David avait été brièvement
incarcéré après le 9 thermidor, ndlr], les grands services que vous avez rendus à la Révolution française par
les fêtes civiques que votre génie a dirigées, que de titres à mon admiration! Que de motifs pour désirer
vous connaître! Mon portrait m'a servi de prétexte et je le prise bien plus par l'amitié qui vous l'a fait
entreprendre, que par les talents que vous y avez déployés » 3.
Blauw retourna vivre à Paris en 1813 où il mourut en 1829. Sieyès, lui aussi quitta son pays, et choisit
l’exil vers Bruxelles sous la Restauration des Bourbons.
4
A propos de deux tableaux de Louis David (suite)
Dans le tableau de Sieyès par David, une connivence, presque une intimité, est sensible entre le modèle et
le peintre. Les deux hommes se connaissaient au moins depuis 1789 ; David avait exécuté un dessin de
Sieyès en 1791 (dépôt du Louvre au château de Versailles), et les voici tout deux en exil en Belgique.
Dans le tableau réalisé peu de temps après son installation à Bruxelles en janvier 1817, Sieyès tient sa
tabatière de la main gauche, le pouce et l’index de la main droite joints comme s’ils tenaient du tabac,
peut-être s’apprêtant à priser ou s’interrompant dans cette action pour s’entretenir en confiance avec le
peintre et par-delà avec le spectateur.
Sa tabatière est d’extérieur plus modeste que celle de Blauw, elle est plus moderne aussi et assez
caractéristique des tabatières du début du XIX siècle en composition de poudre d’écaille noire, à la bâte
incurvée, sans monture or visible ; les tabatières de ce type étaient souvent garnies d’or à l’intérieur et
furent parfois ornées sur le couvercle de miniatures plus anciennes. Celle-ci est ornée d’une miniature en
grisaille sur fond noir telle qu’en peignaient Piat-Joseph Sauvage (Tournai, 1744 - Tournai, 1818) et
Jacques Joseph De Gault (1738 - après 1812 ?).
Si le pouce de la main gauche cache une partie du motif orienté vers Sieyès, l’observation du tableau
suggère d’y voir la forme d’une figure assise de trois-quarts à gauche, en grisaille. Peut-être le musée se
livrera-t-il un jour à une analyse de cette partie avec des photos de gros-plan.
Permettons-nous à ce stade d’oser une hypothèse : ne
pourrait- il s’agir d’une figure allégorique à sujet
politique ? on pense évidemment à un sujet évoquant
l’Empire, tant regretté par Sieyès et par David.
Les allégories en grisaille furent notamment traitées
en miniature par JJ De Gault, comme cette Allégorie
de l’Amour sur un étui souvenir dans la vente du
baron Schröder (Christie’s Londres, 5 juin 1910, n°
104 repr. ci-dessous ).
De Gault aborda aussi, mais plus rarement, des thèmes politiques ; on connaît par exemple de lui une
Allégorie de la République, à plusieurs personnages, miniature circulaire, diam. env. 7 cm, sur une boite
en écaille sertie et doublée d’or, poinçon de 1795, signée en bas « JJDeGault ft l’an 3ème » ; la France, nue,
est conduite par la main par Minerve, surplombée d’un ange de la paix tenant un rameau d’olivier, au pied
de la République assise sur un trône à accoudoir de lion couché, tandis que deux figures s’éloignent à
gauche en gémissant et en perdant leur couronne ; miniature en grisaille avec ombres bleutées sur fond
noir (commerce parisien, en 2000).
Les allégories de l’Empire pouvaient prendre la forme, entre autres, d’un Napoléon en empereur romain
ou figuré sous les traits de Mars ; elles furent nombreuses dans les arts décoratifs (voir un exemple en
terre cuite Napoléon, vêtu à l’antique, inspirant l’Italie et la faisant renaître à de plus grandes destinées
par Camillo Piacetti, vendu chez Christie’s, Paris, 23 juin 2014, n° 180 repr.).
5
A propos de deux tableaux de Louis David (suite et fin)
Il paraît légitime de s’interroger sur le sujet de cette miniature car dans l’hypothèse d’un contenu politique, la
présence de la tabatière, qui est placée presque au centre du tableau, n’est plus anodine du tout. La simplicité
apparente du tableau - pour le portrait d’un homme de la stature de Siéyès -, n’a pas échappé à certains
commentateurs. Donna Hunter4 soulignait par exemple que David a utilisé « beaucoup d’artifices » dans ce
« tableau d’apparence informelle », mais elle note simplement la lumière brillant sur le métal de la tabatière
« ordinary detail » qui fait écho au noble métal des majuscules en haut du tableau (indiquant que le modèle fut
peint dans sa 69e année) ; « par des détails subtils, ajoute-t-elle, David fait en sorte que l’on comprenne qu’on est
en face d’une personne notable ». Or il nous semble que la tabatière joue ici un rôle déterminant. Sieyès, posant
pour la postérité devant David, le choix négocié entre le modèle et l’artiste de la présence de la tabatière fait
certainement sens, allant bien au-delà du plaisir de priser. N’aurait-elle pas permis aux deux hommes d’ajouter
un sens moins « bourgeois » au tableau, en toute complicité, et de réaffirmer de façon discrète les opinions
indéfectibles du modèle ? Seules les personnes connaissant la tabatière étaient à même de comprendre l’allusion,
et le tableau pouvait trôner en toute sécurité dans le salon du récent exilé sans que personne y trouve à redire.
C’est le même procédé que dans la miniature du tableau de Blauw, mais beaucoup plus appuyé ici puisque la
tabatière est seule dans les mains du modèle et que le peintre laisse à voir un petit bout du sujet qu’elle
représente.
Quant au mouchoir à carreaux, appartenait-il à Sieyès, ou bien à David puisqu’il figure déjà en 1795 dans le
tableau de Blauw ? Est-il là par coïncidence ou bien a-t-il été placé en lointain écho du premier tableau ? Blauw
et Sieyès avaient chacun débattu face à face et fermement chacun pour son camp, en politiques engagés ;
consciemment ou non, David a relié ces deux hommes de conviction dans sa peinture.
David fit apparemment deux copies du tableau de Sieyès dont l’une pour son propre compte ; elle se trouvait
accrochée dans son atelier en 1823. Le portrait appartenant à Sieyès passa à ses neveux avec lesquels il vivait à
Bruxelles : il appartenait à sa nièce Mme Combes en 1856 ; qu’est devenue la tabatière ? mystère. C’était en tout
cas un objet cher à l’abbé Sieyès pour qu’il en fasse, en accord avec David, le seul « accessoire » du portrait.
Nathalie Lemoine-Bouchard
Notes
(1) Voir notamment la « liste des élèves de Louis David depuis 1780 jusqu’en 1816 » publiée en 1855 par E.-J. Delécluze ;
et N. Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature…, 2008.
(2) Une tabatière en or apparaît dès 1784 dans le portrait de
Charles Pierre Pecou par David (Louvre) mais elle est tenue
de profil dans la main gauche par le modèle assis à un bureau,
sur lequel il pose le bras : de sorte que l’on ne voit que la bâte de la
boîte et rien d’autre (ci-contre détail).
(3) lettre publiée par Jean Dumonthier, « Histoire d’un tableau de David », La Revue de Moret et de sa Région, cité par
Septentrion. Jaargang 19. Stichting Ons Erfdeel, Rekkem 1990, p. 65; en ligne à l’adresse:
http://www.dbnl.org/tekst/_sep001199001_01/_sep001199001_01_0059.php
(4) Donna Hunter, in Stephan Wolohojian, Anna Tahinci, A private Passion, 19th Century Paintings and Drawings from
the Grenville L. Winthrop Collection, Harvard University, Metropolitan Museum of Art (New York, N.Y.) - 2003 - n°21
p. 89-90.
6
Du nouveau sur :
BARLET, un Grenoblois sous pseudonyme :
François CHAFARD, dit BARLET
(Chambéry, 22 décembre 1772 – Grenoble, 11 février 1831).
De Barlet, miniaturiste représenté par deux portraits dans des collections publiques, l’un au Musée historique
Lorrain, l’autre au Musée des arts décoratifs de Bordeaux, on ne connaissait que peu de choses, hormis
quelques portraits passés au fil des ans sur le marché de l’art. C’est à un spécialiste du vieux Grenoble, René
Fonvielle que l’on doit une courte mention du peintre Barlet, qui nous permet de reconstituer une partie de
son parcours (1).
De son vrai nom, cet artiste s’appelait François Chafard et était originaire de Chambéry. Son père était
fermier et l’on ne sait ce qui poussa le jeune garçon à embrasser la carrière artistique. Il vint s’établir à
Grenoble à une date antérieure à 1804. En effet, « Barlet peintre en miniature » devient le 30 août 1804 (30e
du 6e mois 5804) Vénérable maître de la loge « Les Cœurs-constans » à Grenoble, si l’on en croît le
Calendrier maçonnique indicatif des assemblées du GODF (2). Les archives maçonniques, si elles attestent
la présence de l’artiste, ne concordent pas sur son grade aux Cœurs Constants qui en 1805 comptait 139
membres. Il était semble-t-il orateur de la loge en 1805 et Vénérable maître en 1812 selon les tables
maçonniques conservées à Grenoble (3) ; était-il déjà Vénérable maître en 1804 –on peut l’être trois fois et
pour trois ans – et aurait-il alors été à l’origine de la loge grenobloise dont les activités semblent démarrer à
peut près à cette époque ?. Il fut aussi député au Grand Orient de France (2). En 1804, Barlet demeurait 5
place Grenette, place qui existe toujours à Grenoble. (2)
Il se maria dix ans plus tard dans cette ville.
Le pseudonyme de Barlet n’était pas seulement son nom
d’artiste car son père le portait déjà comme l’atteste l’acte
de mariage inédit de l’artiste, retrouvé dans les archives
de Grenoble :
« François Chafard dit Barlet, peintre né à Chambéry
département du Mont Blanc, le 22 décembre 1772,
domicilié à Grenoble rue Ste Claire, fils majeur de feu
François Chafard dit Barlet, fermier habitant à Chambéry
et de déffunte (sic) Christine Fol, mariés » épouse le 12
janvier 1814 à Grenoble Hipollyte Marie Martinon née à
St Jean de Bournay département de l’Isère, le 1er
décembre 1778, domiciliée à Grenoble même rue, fille
majeure de feu Joseph Martinon, capitaine des douanes et
de vivante Dame Jeanne Guérin mariés, L’époux futur
nous a remis l’extrait de son acte de naissance, ceux de
décès de ses père et mère et nous a déclaré n’avoir ni
aïeuls ni aïeules vivants. L’épouse future agit du consen-tement de sa mère ici présente. »
Fig. 1 Barlet, Le baron évêque
Antoine Lejeas, signé en bas à
gauche, H. 11 cm ; localisation
actuelle inconnue.
Fig. 2 ci-dessous, détail.
Photos NLB
On aura noté que Barlet dans les premiers documents
maçonniques cités est dit « peintre en miniature » et
« peintre » lors de son mariage. Ce fut en miniature un
peintre habile quoique inégal. Dans son dictionnaire, Léo
Schidlof le jugeait très sévèrement alors que certains de
ses portraits sont remarquablement exécutés. Son modèle
le plus notable fut le frère de la duchesse de Bassano, le
baron Antoine Lejeas, nommé évêque de Liège de 1809 à
1814, dont le rôle fut primordial lors du Concordat.
L’artiste l’a représenté assis dans sa bibliothèque (Fig. 1
et 2), signé Barlet, début XIXe, ovale, H. 11 cm, L.8,3
cm (Drouot, Me Libert et Castor, 11 octobre 1999, n° 119
non repr.).
7
Peintre en miniature :
BARLET (suite)
Il est aussi l’auteur d’un portrait soigné de Marc-François Odru (1782-1829), qui est signé en bas à droite
« Burlet » (sic) (fig. 3 ) ; en dépit de cette deuxième lettre, la graphie de la signature concorde avec celle
de la miniature du Baron évêque Lejeas, au B caractéristique (fig. 4). Il s’agit d’une miniature non
localisée aujourd’hui mais qui appartenait à Mme Michoud, et dont le Musée Stendhal à Grenoble possède
une reproduction photographique reçue en don, qui nous a été aimablement transmise (fig. 3). Adolescent,
Odru avait été à l’Ecole centrale de l’Isère le condisciple d’Henri Beyle (Stendhal) et meurtri par l’un de ses
bons mots, il l’avait provoqué en duel au pistolet. Stendhal raconte cette mésaventure dans ses mémoires.
Cette miniature peut être datée, d’après la mode vestimentaire, vers 1806-1815. Notons qu’il existe un lien
de parenté, très tenu il est vrai, entre Mme Michoud à qui appartenait la miniature, et Mme Michoud de la
Tour citée en 1827 dans un fait divers au village de Brangues qui inspira à Stendhal son célèbre roman
« Le rouge et le noir » paru en 1830.
Fig. 3. BARLET, MarcFrançois Odru , photo d’une
miniature (Cote MST98
musée Stendhal)
Fig.4 signature de la
miniature du Baron évêque
Lejeas, photo NLB.
On pourrait remarquer que les plis du costume manquent de souplesse, et que la main n’est pas très réussie
dans cette miniature et tandis que dans celle du musée des arts décoratifs de Bordeaux, daté de 1804 (fig.
5), ou celle du musée historique lorrain, datée de 1808 (fig. 8) la main est plus réussie. Cependant, Barlet
décrit Odru tel qu’il est, une espèce de colosse (4). Le détail du visage montre davantage de maîtrise que
dans le vêtement dans la majorité de ses portraits.
La production de miniatures actuellement connue de Barlet (une dizaine d’œuvres) s’étend des environs de
1800 aux environs de 1815. La première formellement datée par l’artiste, en 1804, est celle d’un homme
tenant une partition roulée (Musée de arts décoratifs de Bordeaux). Plusieurs montrent des hommes assez
âgés et des modèles assis.
…/…
8
Peintre en miniature :
BARLET (suite)
- Homme en buste de ¾ à gauche, cheveux
bruns frisés et poudrés, crâne dégarni, yeux
en amande, en costume gris, gilet noir et
cravate
blanche
aucote
menton,
sur fond
©Cliché
Muséemontant
Stendhal,
MSt 98.
de frottis
gris-bleu, S.m.g. Barlet, vers 1800,
Repr. interdite
diam. 7 cm (commerce de l’art, octobre 2006).
- Un Officier du génie en buste de ¾ à gauche,
cheveux gris, une verrue sur le nez, cravate
noire, uniforme noir gansé de rouge, sur fond
marron, S.D.b.g. Barlet / 1800, diam. 6,5 cm
(vu dans le commerce parisien, septembre
2002).
- Vieil homme au manteau bordé de fourrure
teintée en bleu, tenant une partition roulée,
sur fond brun, S.D.d. Barlet / 1804, diam. 7,7
cm (MAD Bordeaux, inv. 58.1.1868 ; fig. 5).
En haut signature de la miniature de l’évêque
Lejeas ; en bas, signature du portrait d’Odru
Fig.5
- Homme assis dans sa bibliothèque, et
Femme en noir, deux miniatures chacune S.D.
Barlet 1807 (vte Fievez, Bruxelles, 9 mars
1934, n° 38 et n° 24).
- Jeune Homme en costume bleu, S.g. Barlet,
vers 1807-1810, ovale, H. 7,5 cm, L. 6 cm
(Me Dufrèche, 6 juin 2006 ; fig. 6)
- Le baron évêque Antoine Lejeas, assis dans sa
bibliothèque, un livre à la main, signé Barlet,
début XIXe, ovale, H. 11 cm, L.8,3 cm
(localisation inconnue ; fig. 1,2,4)
Fig. 6
- Homme en buste, de ¾ à droite, en redingote
verte, cravate et gilet blancs, S.d. Barlet, ovale,
H. 7,8 cm, L. 6,2 cm (Drouot, Me Arcole, 24 juin
1992, n° 125, repr.).
- Homme à cheveux gris, assis de ¾ à gauche sur
une chaise d’acajou, en redingote noire, gilet
blanc et chemise à col montant sur les
maxillaires, fond en frottis brun-vert, S. Barlet,
vers 1806-1815, rect. H. 10,2 cm, L. 8,7 cm
(vente à Cherbourg, Me Boscher, 23 nov. 2003, n°
29 repr. ; fig.7).
Fig. 7
- Dame en noir de ¾ à droite, la main gauche
visible tenant une mantille de dentelle posée sur
sa chevelure, S.D.b.d. Barlet / 1808, ovale, H. 9
cm, L. 7,2 cm (Musée historique Lorrain, inv.
M.20.31 ; Pupil, la Miniature, 1993, p. 34, repr. ;
fig. 8).
Fig. 8
9
Peintre en miniature :
Barlet mourut veuf et on ignore s’il eut des enfants, en tout cas ils ne sont pas mentionnés dans l’acte de
décès inédit en date du 11 février 1831 : « Le X même jour (raturé) à deux heures du soir par devant nous
adjoint susdit, acte de décès de Sr François Chaffard dit Barlet, peintre en tableaux, veuf de …[ laissé en
blanc], décédé aujourd’hui à sept heures du matin dans son domicile rue Ste Claire n° 9, âgé d’environ 59
ans, natif de Chambéry, après nous être assuré du dit décès et le présent acte étant rédigé nous en avons fait
lecture aux déclarants ci-après : le Sr Charles Giroud, meunier âgé de quarante sept ans, et François
Guillot, cordonnier, âgé de trente-six ans, domiciliés à Grenoble, qui ont signé avec nous. X onze février
mille huit trente un, approuvant le renvoi et la rature de deux mots »
On ignore aussi à quoi ressemblait Barlet. Signalons
cependant qu’il existe un physionotrace gravé
représentant « Barlet », fait à Paris, rue Croix des petits
Champs à la fin du XVIII siècle par Quenedey (fig 9,
coll. privée) et qui porte la référence P17 dans la liste
de ses œuvres. S’agirait-il de notre artiste ? le
patronyme Barlet est malheureusement trop répandu
pour qu’en l’absence d’un prénom ou d’indication
précise on puisse prétendre qu’il s’agit là du même
homme.
Nathalie Lemoine-Bouchard,
avec la collaboration de Catherine Billet, médiatrice du musée Stendhal
Notes
(1) René Fonvieille, Le Vieux Grenoble, ses artistes, ses trésors d’art, vol. 3. 1970, p. 111, le dit par erreur mort en
1832.
(2) Calendrier maçonnique indicatif des assemblées du GODF, 1817, p. 142-143 (Google).
(2) R.-L. Lachat, Dardelet, Histoire de la franc-maçonnerie en Dauphiné, 1978
(3) Comme nous l’indique aimablement Mme Billet, médiatrice du musée Stendhal, d’après les tableaux de loge et
autres documents conservés à la bibliothèque municipale de Grenoble sous les cotes : T. 5386 (1813),
U.5681(1809), V.8844(1812), V.22977 (1805), Barlet y figure comme : Orateur de la loge en 1805, de même en
1809 profession indiquée alors : « Peintre en miniature » ; ensuite il devient Vénérable maître de la loge en 1812
jusqu’en 1813, profession indiquée alors : « peintre ».
(4) Concernant Marc-François Odru, Mme Billet nous indique que dans son roman autobiographique « Vie de Henry
Brulard », dont le manuscrit se trouve conservé à la Bibliothèque municipale de Grenoble, Stendhal donne un
portrait de cet homme, une espèce de colosse. « C’était un paysan très fort et encore plus grossier qui avait une
pied de plus qu’aucun de nous et que nous appelions Goliath :il en avait la grâce, mais nous donnait de fières
taloches quand sa grosse intelligence s’apercevait enfin que nous nous moquions de lui. Son père, riche paysan de
Lumbin ou d’un autre village dans la vallée… » Cf l’édition du texte de Stendhal par V. del Litto paru chez Glénat,
en 1983, au chapitre n° 23 , p. 207.
Archives : départementales de l’Isère / Grenoble Document 9NUM/5E186/24/91Grenoble. mariages. (1814) ;
9NUM/6E185/7-8 Grenoble. tables décennales...(1823-1832). 9NUM/5E186/24/143 Décès.
Registre des décès Grenoble 1831, acte n° 102.
Bibl. : Schidlof, 1964, p. 62. Blättel..
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Peintre en miniature, du nouveau sur :
CONTY à lire CORTY, l’Alsacien Charles-Joseph Corty (1757-1836).
Les rares miniatures répertoriées sous le nom de Conty dans les années 1780-1794 sont en réalité d’un artiste
du nom de Corty dont la signature est parfois mal lue. C’est donc par erreur qu’il a été répertorié deux fois
dans Les peintres en miniature de 2008, à CONTY (actif en 1798) et à CORTY (actif en 1794). Or ce Corty,
répertorié par Blättel comme « C. Corty » n’est autre, à notre avis, que l’Alsacien Charles-Joseph Corty
(1757-1836).
Il était né à Ribeauvillé d’une mère alsacienne et d’un père d’origine milanaise du nom de Charles Innocent
« Corti ». Son patronyme s’orthographiait Corti mais l’artiste signa avec un « y » final.
Corty est jusqu’ici répertorié comme peintre en grand, ou peintre décorateur (L’Encyclopédie alsacienne),
auteur notamment de tableaux religieux. Cependant les éléments connus de sa formation parisienne incite à y
inclure une activité de peintre en miniature. En effet, vers 1774, Charles-Joseph Corty remplaça à Paris
l’alsacien Jean-Baptiste Weyler (Strasbourg, 1747 - Paris, 1791) dans l’atelier des miniaturistes Jean-Michel
et Jean-Pierre Diebolt et ce jusqu'en 1784. A cette date, il fut à son tour remplacé par le miniaturiste
Georges-Antoine Keman (Schlettstadt, Alsace, 1765 – Schlettstadt, 1830) [sur ces deux artistes, voir
Lemoine-Bouchard, 2008. Corty se lia aussi à Paris avec l’alsacien Martin Drolling. Il connut peut-être le
miniaturiste Jean-Urbain Guérin arrivé vers 1785 à Paris et que fréquentait Keman.
La proximité de Corty avec Weyler, auquel il succède chez les Diebolt, a certainement eu une résonance
dans son œuvre. Weyler, de dix ans l’aîné de Corty, fut en effet un très fameux miniaturiste et émailleur,
entré à l’académie en 1785. Keman qui succéda à Corty fut lui aussi peintre en miniature. On ne sait rien en
revanche de cet atelier des miniaturistes Diebolt qui accueillit ainsi tour à tour trois artistes Alsaciens.
Selon nos dernières recherches, l’activité de Corty comme miniaturiste s’étend sur une vingtaine d’années et
se situe plutôt dans la première partie de sa carrière vers 1780-1798. A ce jour cependant, les miniatures
signées Corty sont très rares (moins d’une dizaines connues) et la signature peut parfois se lire Conty (le r est
très proche d’un n).
(Fig. 1)
Fig.2
Peintre en miniature, artiste habile, Corty travaillait avec une grande économie de moyens : une grande
partie du visage est laissée en réserve, pour jouer avec la couleur naturelle de l’ivoire.
Quelques miniatures répertoriées :
- Homme en buste de ¾ à droite en costume rouge, S.d (en partie caché par le cadre Corty, lu conty vers
1780, ovale, sur un étui-souvenir d’amitié en matière composite moulée, à décor de rayures et de fleurs,
poinçon en forme de losange (vu en 2008 commerce de l’art ; fig. 1 et fig. 3 page suivante).
- Femme en uniforme de Marine, tenant une ombrelle, dans un paysage, un navire au loin, signée sur le
rocher Corty, diam. 6,5 cm (Lemoine-Bouchard Fine Arts, voir repr. fig. 2 et fig. 4 page suivante).
- Une miniature, la signature lue « Conty » (Christie’s Londres, le 15 avril 1997, n° 95 ).
- Femme à mi-corps de ¾ à droite, accoudée à un entablement, en chemise blanche, un sein nu, manteau
bleu, tenant une colombe, S. Conty, ronde, sur une boîte (Beaune, 27 novembre 2011, n° 194 repr. ; fig. 5).
- Jeune Femme en robe et guimpe blanche, accoudée tenant une miniature, S.D.d. en blanc, en gros, Corty/
pinxt/ 1792, ronde (commerce de l’art, 2009).
- Un abbé de ¾ à droite, en perruque, sur fond de frottis, S.D.g. Corti pt / 1794, diam. 5 cm (coll. privée).
- Jeune Femme vue à mi-corps de ¾ à droite, robe blanche, un foulard dans ses cheveux longs et blonds sur
fond de frottis, S.D.b.d. [T?] Conty/ 1798, ovale, H. 8 m, L. 5,5 cm (musée Condé, OA 1609).
- Jeune Homme tenant une lettre dans un paysage, vers 1798-1800, ronde (anc. coll. comte de Paris ; fig. 6 ).
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(suite)
Fig. 3 Homme vers
1780, sur étui souvenir
Fig. 4 Jeune femme en uniforme de
Marine, sur fond de rochers en bord de
mer (Lemoine-Bouchard Fine Arts)
Fig. 5 Jeune Femme à la
colombe
Fig. 6
Avec ces quelques exemples, l’on constate que l’artiste aimait varier les poses de ses modèles, vus plus
fréquemment à mi-corps qu’en simple buste, une main souvent visible avec quelque accessoire, parfois sur
fond de paysage. Caractéristique de l’artiste, les sourcils fournis, haut placés et parfois très arqués, l’arête
du nez très marqué, la bouche horizontale avec les coins marqués mais sans réelle esquisse de sourire.
Après son séjour parisien, Corty parcourut la Suisse et l'Italie, avant de revenir en Alsace où il exerça les
fonctions de professeur de dessin à Sélestat. On pense qu’il est le peintre Corty de Sélestat qui reçut en 1824
la commande d’un tableau du Baptême de Clovis, livré en 1825 à Wettolsheim en Alsace pour le prix de 700
Frs ; l’un des personnages serait son autoportrait (Base Palissy). Ce fut un peintre de talent et plusieurs
églises de sa région natale possèdent de ses tableaux religieux.
Selon son acte de décès inédit à Ribeauvillé rédigé le 6 janvier 1836, « hier vers quatre heures du soir,
Charles Corti (sic), âgé de quatre-vingts ans, peintre, célibataire, né et domicilié à Ribeauvillé, fils de défunt
Charles Innocent Corti, et de Marie Elisabeth Dufolet (Bufoles ?), conjoints, est décédé dans sa maison sise
en cette ville ainsi que nous nous en [sommes] assuré », (signé par un vigneron et un maçon témoins). La
maison qu’il avait acquise à Ribeauvillé existe toujours, au n° 47 Grand'Rue : une « propriété composée de
deux corps de bâtiment accolés, de dates différentes. Le bâtiment sur rue porte la date 1782 et les initiales I.
M. B. (de Jean Michel Bernhardt) au rez-de-chaussée. Les étages en pan de bois semblent remonter au 17e
siècle et la date indiquerait une restauration du 18e siècle. Le bâtiment postérieur donne sur le ruisseau dit
"Stadtbach" et est daté 1597 au rez-de-chaussée. La maison a été restaurée (site des Monuments historiques
de Ribeauvillé).
N.L-B.
Bibl. L’Encyclopédie de l’Alsace, vol. IV, 1983, p. 2094. Archives municipales de Ribeauvillé.
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LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS
GALERIE. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.
Charles Joseph CORTY
(Ribeauvillé, 1757-1836)
Cet artiste travaillait avec une grande
économie de moyens en miniature, laissant
habituellement de l’ivoire en réserve pour le
traitement des chairs. Il est représenté au
musée Condé, à Chantilly, par un portrait de
femme daté de 1798.
Voir notice sur cet artiste plus haut p. 11-12.
- Jeune Femme en uniforme de la Marine,
tenant une ombrelle rose dans un paysage
de rochers en bord de mer
miniature sur ivoire, diam. 6,5 cm
signée sur le rocher : Corty
médaillon en métal doré.
Attribué à Bernard PICARD
(Paris, 1673 – Amsterdam, 1733).
Jeune femme à la flèche sur fond de
paysage
Sanguine sur vélin, première moitié du
XVIIIe siècle.
Rond simulé dans feuille rectangulaire
Cadre en bois sculpté, XIXe siècle.
Ecole Française, époque Empire
Garde d’Honneur de la Garde impériale, en
surtout vers 1813, tenant son sabre.
Miniature sur ivoire
Diam. 7,5 cm
Très rare représentation de cet uniforme qui
n’a duré que de 1813 à 1814, identifié pour
nous par Dr Dimitri Gorchov que nous
remercions beaucoup pour ses recherches. 4
régiments furent levés dans les bonnes
familles, à charge pour les jeunes gens de
fournir leur équipement. Celui-ci porte la
Légion d’honneur et a été peint après la
bataille de Hanau et avant la campagne de
1814. Il porte un sabre briquet modèle an XI
sous le bras.
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Gabrielle DEBILLEMONT-CHARDON
(Dijon, 1860- Paris, 1957).
Femme à la harpe, 1899
Miniature rectangulaire sur ivoire
Signée et datée en haut : G. Debillemont-Chardon 99
H. 18 cm L. 12 cm
Cadre en bois sculpté signé « Dupré, Faubourg St
Honoré 141 », H. 18 cm, L. 12 cm
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LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS
EXPERTISE.
Vente étude Coutau-Begarie, 28 novembre 2014, hôtel Drouot, salles 5 et 6
Miniatures signée Vincent et attribuée à François Elie Vincent (voir ci-dessous), par Barrois, par Claude Bornet, signée
Ferdinand et attribuée au peintre sur porcelaine Eugène Ferdinand, par Mme Cyane Lecoq de Boisbaudran, Amélie
Daubigny née d’Autel, par Papillon, attribuée à Hénard, etc.
François-Elie VINCENT (Genève, 1708 - Paris, 1790), attribué à d’après Jean-Marc Nattier
Jeune femme à l’ombrelle, un panier de fleurs au bras, en robe bleue à tablier de dentelle, dans un parc, peutêtre l’infante Isabelle de Bourbon-Parme (Madrid, 1741- Vienne, 1763), petite fille de Louis XV.
Miniature ovale sur carton, XVIIIe siècle, 8,1 x 6,3 cm
Au revers, manuscrit sur le carton du montage : Vincent fecit
Cadre ovale en bonze doré, à décor d’un rang perlé, avec bélière, 9,2 x 11,1 cm
La facture de cette belle miniature évoque immédiatement celle de Jean-Daniel Welper (voir un portrait à micorps, très proche, dans la coll. Tansey en Allemagne ; Pappe, Schmieglitz-Otten, Miniaturen des Rokoko aus
der Sammlung Tansey, Hirmer, 2008, repr. en couverture). La signature « Vincent fecit », découverte au revers
du montage, nous incite cependant à l’attribuer à François-Elie Vincent. Installé à Paris dans les années 1740,
père du peintre académicien François-André Vincent, il fut fournisseur des Menus Plaisirs dès 1749 en
portraits de Louis XV, du Dauphin, de Madame Sophie, etc. payés au tarif de 240 livres ; selon L’Almanach
historique de 1777, il peignit en miniature toute la famille royale mais aucune oeuvre signée de lui n'avait été
découverte jusqu'ici.
Ce portrait s’inspire des tableaux de Jean-Marc Nattier (Paris, 1685-1766) sans reprendre une œuvre
intégralement.
Est. : 2000 – 3000 €.
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Ventes prochaines : Nous consulter pour y inclure des oeuvres
Ader Nordman, Drouot, 17 décembre 2014, salle 5
Miniatures Léon Brzezinski, Campana, par L. Charme, etc.
Artcurial, Douot, février 2015, en préparation
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