SAY ON PAY SEPTEMBRE 2014 Où en sont les entreprises et à quoi peut-on s’attendre pour 2015 ? La très grande majorité des entreprises cotées françaises a récemment passé le « baptême du feu » en matière de vote de la rémunération de leurs mandataires sociaux lors de leur assemblée générale annuelle. C’est dans ce contexte qu’il peut être intéressant de faire un focus sur la situation en Europe et aux Etats-Unis, puis de dresser un bilan sur la première édition du Say On Pay en France. La procédure du Say On Pay s’est développée en Europe au cours des dix dernières années de manière très disparate à la fois en termes : Un autre élément proposé par cette même directive devra être suivi avec attention. Il s’agit de l’obligation pour les sociétés de calculer, communiquer et expliquer le ratio existant entre la rémunération du/des dirigeant(s) et la moyenne de celle de l’ensemble des salariés. Le projet de directive contient peu d’informations sur l’application du ratio rémunération des dirigeants et autres salariés, cette notion fera certainement l’objet de précisions dans le cadre de la directive qui sera votée. • de formalisation (loi ou code de gouvernance) Pour information, ce ratio a déjà fait l’objet de plusieurs débats en Europe et Outre-Atlantique : • de nature du vote (consultatif ou contraignant) • • de périmètre du vote (éléments de rémunération ex post ou politique de rémunération ex ante). Italie : la communication de ce ratio est obligatoire mais seulement pour les sociétés contrôlées par l’Etat, • Allemagne : les sociétés cotées doivent le déterminer afin que le Board puisse le prendre en considération dans l’analyse de la rémunération du CEO, • Etats-Unis : un projet de la SEC vise à obliger les entreprises cotées américaines à communiquer un ratio rémunération CEO / médiane de la rémunération de tous les salariés (« including full-time, part-time, temporary, seasonal and non-U.S. employees »). Cette mesure devrait être imposée à partir de 2016, Face à cette forte hétérogénéité, la Commission européenne a publié le 9 avril dernier des propositions visant à harmoniser le Say On Pay au sein des sociétés ayant leur siège social et étant cotées dans l’Union Européenne (soit potentiellement environ 10 000 entreprises). Plus précisément, ces propositions semblent se caler sur le nouveau processus britannique et prévoient : • un vote contraignant au moins tous les 3 ans sur la politique de rémunération, • Suisse : envisagé avec un maximum de 1:12 mais abandonné dans le cadre du referendum, • un vote consultatif annuel sur l’application de cette politique de rémunération. • Royaume-Uni : envisagé puis abandonné. En pratique, ce fameux ratio peut varier considérablement selon la taille de l’entreprise et surtout son activité. A titre d’illustration, ce ratio est en moyenne de 120 au sein des principales sociétés britanniques composant le FTSE100. Il peut toutefois atteindre des niveaux nettement plus importants comme pour Barclays (181), Coca Cola (427), Walt Disney (653) ou encore Tesco (900). Concernant le Say On Pay en France, les premières analyses font apparaître des niveaux élevés d’approbation des rémunérations lors des récentes assemblées générales. A titre d’illustration, nous avons calculé pour les sociétés du CAC40 un taux d’approbation médian proche des 95%, avec un écart très significatif entre le premier (99,49%) et le dernier (63,72%). Les principaux paramètres ayant influencé le vote sur le Say On Pay ont été identifiés : •• la transparence sur les explications données pour mieux comprendre les niveaux de rémunération, et notamment sur les critères et objectifs de performance, •• le niveau de rémunération par rapport à un marché de référence, •• le lien entre gain et performance (notamment en ce qui concerne le bonus annuel), •• la présence de critères de performance incitant à la création de valeur pour l’actionnaire.des coûts associés. de vote attendu va bien au-delà de la majorité simple. Deux exemples : un vote inférieur à 70% pour une société américaine est considéré comme un score médiocre qui devrait inciter l’entreprise à réagir. En Australie, le Board doit démissionner si le vote est inférieur à 75% deux années de suite. Il est donc fort probable que les seuils de satisfaction (> 90%) ou d’alerte (<70%) appliqués dans les pays anglo-saxons soient également adoptés à très court terme en France. Enfin, on s’intéressera à la façon dont les résultats seront appréciés ou non de manière relative afin de prendre en compte également le résultat retraité hors actionnaire(s) de référence. A titre d’illustration, nous avons calculé que la médiane du CAC40 ainsi retraitée chute de 94,44% à 72,57%. Pour conclure, nous estimons que les efforts de communication effectués par la grande majorité des entreprises dans le cadre de la procédure du Say On Pay ont été couronnés de succès. Comme il a été observé dans d’autres pays, plus matures dans ce domaine, il est clair que ce processus de Say On Pay n’aura pas pour effet de freiner l’évolution de la rémunération des dirigeants. En revanche, il a incité de manière positive les entreprises à plus mettre en avant les éléments explicatifs/pédagogiques de la rémunération de leur(s) dirigeant(s) et ce, au-delà des informations plutôt quantitatives communiquées jusqu’à présent. Attention toutefois à ne pas surestimer les bons résultats obtenus cette année en les considérant comme trop pérennes. A suivre… Quel sera le contexte en 2015 pour la deuxième année du Say On Pay ? Tout d’abord, même si nous devrions avoir plus de précisions quant à l’harmonisation du Say On Pay telle que proposée par la Commission Européenne, il est peu probable que ce cadre règlementaire soit applicable avant les assemblées générales de 2016. Il est cependant possible que certaines sociétés s’inspirent de certaines dispositions pour montrer leur approche proactive sur ce sujet. D’autre part, il semble que certains intervenants extérieurs, coté agences de conseil en vote (agences de proxy) ou investisseurs institutionnels, se montrent plus rigoureux et plus exigeants une fois passée l’année 2014 de « rodage ». Il sera également intéressant de voir quels seuils de vote vont être institués par les agences de proxy, les investisseurs et les médias. En effet, le risque d’un vote négatif supérieur à 50% des votants est particulièrement limité. Par exemple, cette situation ne s’est produite que 6 fois depuis le lancement du Say On Pay au RoyaumeUni en 2000 (dernièrement lors de l’assemblée générale de Burberry). C’est pourquoi, dans la pratique, le niveau CONTACT Bruno Fourage [email protected] Mercer Consulting (France) - Tour Ariane - La Défense 9 92088 Paris La Défense Cedex Copyright 2014 Mercer. Tous droits réservés
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