Infovac-Maroc Bulletin N°6

Infovac-Maroc
Bulletin N°6
Playdoyer pour la vaccination
Depuis la mise en place du Programme National d’Immunisation (PNI), les enfants de toutes les régions du Maroc ont
accès gratuitement à la vaccination. Celle-ci a d’abord ciblé des maladies infectieuses comme la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, la rougeole puis a été élargie aux infections à hémophilus, à l’hépatite B
et depuis près de 3 ans, aux infection à pneumocoques et au rotavirus. Il faut savoir que chaque année, 600 000 nouveaux enfants sont concernés par la vaccination au Maroc. Au sein des centres de santé, les vaccins sont délivrés gratuitement à tout nourrisson, dès l’âge de 15 jours et jusqu’à l’âge de 5 ans. A l’heure où le nombre de vaccins recommandés augmente - depuis 2011, les vaccins antirotavirus et antipneumococcique à 13 valences ont été introduits dans
le programme vaccinal- et vu leur coût de plus en plus élevé, il devient évident que l’Etat ne pourra à lui seul assumer à
long terme cette prise en charge. Il faut souligner qu’il consacre près de 500 millions de dhs / an pour l’achat des vaccins, ce qui correspond au 1/3 du budget réservé à l’achat des médicaments par le ministère de la santé.
La vaccination dans les centres de santé est avant tout destinée aux enfants issus de familles à faible niveau économique. Or
on note qu’ils sont administrés à tout enfant, quel que soit le niveau de vie de ses parents et même à des enfants dont les
parents bénéficient d’une couverture médicale. Aussi, des mesures devraient être apportées. A l’heure où le partenariat
public/privé est prôné par tous les hauts responsables de l’Etat, il parait important d’inciter à des changements de comportement. Pour que toutes les familles assurées acceptent de vacciner leur enfant en milieu libéral, non seulement le coût
des vaccins doit être revu à la baisse mais leur taux de remboursement doit être redéfini.
Selon les données disponibles, 400 000 enfants bénéficient de la vaccination gratuite au sein des centres de santé et les
200 000 autres, dont les parents ont une couverture médicale (de type AMO ou une assurance privée), devraient être pris
en charge dans le secteur privé. Or seulement 30 000 enfants environ y sont vaccinés. Celà permettrait au Ministère de la
Santé de réaliser une épargne de près de 15 milliards de centimes.
Actuellement, la CNOPS et la CNSS ne remboursent les vaccins qui figurent dans le programme national de vaccination qu’à
70%, les assurances privées remboursent entre 85 et 100%, la CMIM à 85% et la banque du Maroc rembourse les vaccins à
100%. Un appel est lancé aux décideurs et aux responsables mais aussi à l’industrie pharmaceutique qui produit les vaccins, aux grossisteries, aux caisses de remboursement,... Cette situation doit changer pour le bien de tous : les prix des
vaccins doivent être revus à la baisse et les vaccins doivent être totalement remboursés. Ce n’est qu’à ce “prix” que nous
pourront espérer lutter efficacement contre de redoutables maladies.
On ne peut omettre de rappeler que cette année a été instituée la généralisation du régime d’assistance médicale
(RAMED) qui bénéficiera à environ 8,5 millions de personnes dont le pouvoir économique est faible, en leur donnant
accès à toutes les structures de santé publique à travers tout le Maroc. Aussi la vaccination doit être à la portée de toutes
les familles en leur laissant la possibilité de choisir le lieu de soins qui leur convient...
Stratégie vaccinale contre l’hépatite A :
quoi de neuf ?
L’hépatite A sévit à travers le monde et notamment dans les pays où les conditions sanitaires et l’hygiène sont insuffisants. Selon
le taux d’infection, on distingue des zones géographiques à taux élevé, intermédiaire ou faible.
L’hépatite A est une infection virale qui se transmet par voie féco-orale à l’occasion de l’ingestion d’un aliment ou d’une boisson contaminés par les fèces d’une personne infecté par le virus de l’hépatite A ( VHA). Cependant, différents experts sont
unanimes sur le fait que la transmission de ce virus entérique se fait plus par voie interhumaine que par la chaîne alimentaire. Il
faut savoir que la plupart du temps, l’hépatite A survient au cours de la petite enfance, la transmission est précoce. Chez l’enfant, les particularités suivantes sont à connaitre : seuls près de 10% des enfants âgés de moins de 5 ans développent un ictère, et les formes fulminantes s’observent dans environ 0,5 à 0,05% des formes ictériques. Aussi, si dans la majorité des cas,
l’infection évolue favorablement, elle peut exposer à des complications graves, voire mortelles (formes fulminantes) en l’absence de greffe. Le bénéfice de la vaccination a été rapporté dans différentes publications. En effet, elle permet de prévenir
la survenue d’une l’hépatite A et réduit ainsi la morbidité et la mortalité qui lui sont liées. Aussi, il est recommandé de vacciner tôt les enfants, à partir de l’âge de 1 ou 2 ans. Depuis quelques années, des vaccins contre l’hépatite A sont disponibles.
Au Maroc, 2 vaccins inactivés ont été mis sur le marché et ils sont préconisés à partir de l’âge d’un an, à raison de 2 injections
séparées de 6 mois. La protection vaccinale est remarquable puisque la séroconversion est optimale (>20 UI dans la quasi
totalité des cas après une 1ère dose de vaccin (soit une concentration d’anticorps protectrice contre le virus dans le mois suivant l’administration d’une dose unique). De plus, les experts sont formels sur le fait que “même après exposition au virus,
une dose de vaccin administrée dans les deux semaines suivant le contact a des effets protecteurs”. La durée de protection après
2 doses de vaccin est estimée à plus de 20 ans (avec une séroconversion supérieure à 90%).
Des millions de personnes ont été vaccinées sans qu’il n’y ait jamais eu de manifestations indésirables graves rapportées. Ce
vaccin peut être administré dans le cadre des programmes de vaccination infantile et avec les vaccins couramment administrés lors de voyages.
Questions pratiques
Un nourrisson de 5 mois a présenté à 15 jours de vie une pneumopathie à pneumocoque (bactériémie positive).
Doit-il être vacciné par le vaccin antipneumococcique ?
OUI!!!. Il faut vacciner ce nourrisson car même s’il a développé une réponse immunitaire (ce qui n’est pas toujours le cas à
son âge), elle n’a été faite que contre le sérotype responsable : se rappeler que chez l’adulte à risque un antécédent de pneumococcie est une indication formelle au vaccin Pneumo 23.
Un nourrisson de 10 mois a présenté dans la semaine qui a suivi la 1ère administration du vaccin anti-rougeole,
oreillons, rubéole, une parotidite. Doit-il recevoir la seconde dose habituellement préconisée ?
OUI!!! Bien que cet enfant a probablement présenté une parotidite post-vaccinale décrite chez près de 1% des enfants ayant reçu la
1ère dose de ce vaccin et habituellement 14 jours après. La seconde dose est très bien tolérée et il faut immuniser cet enfant contre les
2 autres valences (rougeole, rubéole).
Eradication de la polio dans le monde :
le Maroc en première place
Voilà maintenant près de quatorze années qu’a débuté à travers le monde “l'initiative pour l'éradication de la poliomyélite” mise en place par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Depuis, une réduction remarquable du
nombre des cas a été enregistrée dans différents pays comme en témoignent les chiffres : diminution du nombre
de cas de 99 %; 55 cas ont été signalés dans le monde en 2012. Dans trois pays, la poliomyélite continue de sévir sur
un mode endémique : au Nigeria, au Pakistan et en Afghanistan.
Au Maroc, depuis la mise en place du Programme National d’Immunisation qui a permis la vaccination élargie à tous
les enfants contre des maladies redoutables, la poliomyélite a pu être éradiquée et une certification d’éradication de la
poliomyélite lui a été délivrée par l’OMS en 2001. Afin de parfaire la lutte contre la polio dans certains pays considérés toujours à risque, l’OMS et l'Unicef ont récemment lancé un plan d'urgence pour mobiliser davantage les partenaires concernés et réunir les fonds indispensables. “Un budget de 945 millions de dollars est nécessaire pour mener
à bien cette action”, ont estimé les différents experts.
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