UPMC – Master 2 de Math´ ematiques Fondamentales Introduction ` a l’analyse semiclassique (S. Nonnenmacher & D.V. Vu) TD 1: Principe d’incertitude de Heisenberg Rappel. Int´egrale de Gauss: en dimension 1, soit α un nombre r´eel strictement positif. On rappelle la formule r Z +∞ π 2 e−αx dx = . α −∞ Notation. S(Rn ) est l’espace de Schwartz d´efini par S(Rn ) = {f ∈ C ∞ (Rn ) : ∀α, β, on a sup |xα ∂ β f (x)| < ∞}. x∈Rn F, Fh sont la transformation de Fourier et la transformation de Fourier semiclassique, respectivement d´efinies par Z Z dx dx −ihx,ξi − ~i hx,ξi e ϕ(x) Fϕ(ξ) := e , F ϕ(ξ) := ϕ(x) . ~ (2π)n/2 (2π~)n/2 Rn Rn Attention: on utilisera la mˆeme notation h, i pour le produit scalaire eucliden n 2 n sur R R , et pour le produit scalaire hermitien dans L (R ), d´efini par hϕ, ψi = ϕ(x)ψ(x)dx ¯ (noter que ce produit est anti-lin´eaire par rapport `a la premi`ere variable, et lin´eraire par rapport a` la seconde). Exercice 1. En dimension n, soit A une matrice r´eelle sym´etrique d´efinie positive. Montrer qu’on a r Z πn , e−hx,Axi dx = det A Rn o` u h•, •i est le produit scalaire dans Rn . Exercice 2. Calculer la dimension n > 1. 2 R R e−α(x−β) , o` u α, β ∈ C avec Re α > 0. Discuter le cas de Probl` eme 1. (Principe d’incertitude de Heisenberg) On consid`ere d’abord le cas de la dimension 1. Soit ψ ∈ S(R) une fonction d’onde d´ecrivant l’´etat d’une particule quantique. On la suppose normalis´ee: kψkL2 = 1. On rappelle que cette fonction d’onde permet de d´efinir la densit´e de probabilit´e de position |ψ(x)|2 (resp. d’impulsion |F~ ψ(ξ)|2 ), qui conf`erent `a x (resp. ξ) le statut de variables al´eatoires. 1 On note Ex et Var(x), (resp. Eξ et Varξ) la valeur moyenne et la variance de la variable al´eatoire x (resp. de la variable al´eatoire ξ) pour les lois de probabilit´es correspondant `a la particule dans l’´etat ψ: Z Z 2 Ex = hψ, Op~ (x)ψi = x |ψ(x)| dx, Eξ = hψ, Op~ (ξ)ψi = ξ 2 |F~ ψ(ξ)|2 dξ, R R et de mˆeme pour les moyennes de x2 et ξ 2 (moments d’ordre 2). i) D´emontrer l’in´egalit´e : (1) E(x2 ) E(ξ 2 ) ≥ ~ 2 . 2 Astuce: consid´erer l’´etat φλ = (Op~ (x) + iλOp~ (ξ))ψ, et utiliser le fait que kφλ kL2 ≥ 0 pour tout λ ∈ R. Montrer qu’on peut se ramener au cas o` u Ex = Eξ = 0, autrement dit obtenir une in´egalit´e portant sur les variances Var(x) p que la et Var(ξ). On rappelle 2 variance est d´efinie par Var(•) = E (• − E•) , et l’´ecart-type ∆• = Var(•). Retrouver alors l’in´egalit´e suivante, connue sous le nom d’ “in´egalit´e de Heisenberg”: ∆x ∆ξ ≥ ~/2 Remarque: en m´ecanique quantique, ∆x repr´esente l’incertitude initiale lors de la mesure de la position de la particule dans l’´etat ψ. De mˆeme, ∆ξ repr´esente l’incertitude initiale lors de la mesure de l’impulsion. L’in´egalit´e ci-dessus indique qu’on ne peut pr´edire `a l’avance `a la fois la position et l’impulsion de la particule avec des pr´ecisions arbitraires. Math´ematiquement, cela provient du fait qu’une fonction ψ(x) et sa transform´ee de Fourier ne peuvent ˆetre simultan´ement arbitrairement localis´ees: une fonction ψ tr`es localis´ee implique que sa transform´ee de Fourier est peu localis´ee. ii) Supposons que l’´etat ψ est “centr´e” dans l’espace des phases: Ex = Eξ = 0. Montrer que l’´egalit´e est atteinte dans (1) si et seulement si ψ est un ´etat gaussien, et s’´ecrit pour un certain α > 0: ψ(x) = α 14 − αx2 e 2~ . π~ Dans le cas α = 1, on appelle cet ´etat l’´etat coh´erent standard centr´e au point (x = 0, ξ = 0). Expliquer pourquoi on peut affirmer que ψ se concentre fortement au point (0, 0) de l’espace des phases, dans la limite semiclassique ~ 1. iii) Identifier les ´etats minimisant l’in´egalit´e de Heisenberg, pour des valeurs moyennes Ex = x0 , Eξ = ξ0 arbitraires. On notera ψ(x0 ,ξ0 ) les ´etats coh´erents correspondants. L’´etat coh´erent ψ(x0 ,ξ0 ) repr´esente la meilleure approximation d’une particule ponctuelle classique de vitesse x0 et d’impulsion ξ0 , qu’on puisse obtenir en m´ecanique quantique. V´erifier que pour des points d’espace des phases distincts (x0 , ξ0 ) 6= (x1 , ξ1 ), les 2 ´etats coh´erents ψ(x0 ,ξ0 ) et ψ(x1 ,ξ1 ) sont quasi-orthogonaux dans le limite semiclassique. v)* G´en´eraliser ces r´esultats aux dimensions n ≥ 1. ´ Probl` eme 2. (Evolution des ´etats coh´erents pour le mouvement libre sur R) On consid`ere l’´equation de Schr¨odinger satisfaite par une particule libre sur R (de masse m = 1): (2) i~ ~2 ∂ 2 ψ ∂ψ (t) = − (t), ∂t 2 ∂x2 ψ(0) ∈ H 2 (R), kψ(0)kL2 = 1 . Montrer que si ψ(t) est une solution, alors sa norme L2 (probabilit´e totale) est conserv´ee: kψ(t)kL2 = kψ(0)kL2 . On va montrer que cette ´equation admet une solution pour toute fonction initiale ψ ∈ H 2 (R), et on va ´etudier cette solution pour la donn´ee initiale ψ(0) = ψ(x0 ,ξ0 ) . i) Comme le laplacien est une op´erateur diff´erentiel `a coefficients constants, il est naturel de r´esoudre (2) en passant en transform´ee de Fourier. Ecrire l’´equation satisfaite par F~ ψ(t). R´esoudre cette ´equation en calculant explicitement F~ ψ(t), puis ψ(t). Traiter le cas o` u ψ(0) = ψ(0,0) (d’abord avec α = 1 puis α quelconque). La solution ψ(t) est encore gaussienne, elle est appel´ee un l’´etat coh´erent d´eform´e. ii) On prend maintenant ψ(0) = ψ(x0 ,ξ0 ) . Calculer explicitement ψ(t). Calculer les valeurs moyennes et les ´ecart-types de x et ξ pour ψ(t). En d´eduire que la particule quantique d´ecrite par ψ(t) suit approximativement le mouvement de la particule libre classique de donn´eees initiales (x0 , ξ0 ) (`a condition que le temps ne soit pas trop grand). Comparer ψ(t) et ψ(x0 +tξ0 ,ξ0 ) . Remarque: On dit que l’´equation de Schr¨odinger est dispersive, en ce sens qu’elle augmente l’incertitude en position de l’´etat quantique (elle “disperse” la fonction d’onde, par opposition `a l’´equation des ondes (∂t2 − ∆)ψ = 0). 3
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