Hépatite C : Enfin la guérison pour tous ? Docteur Lucie LEPILEUR 4ème Colloque de l’Hôpital Privé de l’Estuaire – Jeudi 9 Octobre 2014 Quelques données épidémiologiques Virus de l’hépatite C Virus enveloppé à ARN simple brin de la famille des Flaviviridae Six génotypes Tropisme hépatique avec développement d’une fibrose Prévalence de l’infection par le VHC en France (2004) 360 000 patients séropositifs 65% atteints d’hépatite chronique, soit 230 000 patients 60% effectivement diagnostiqués soit environ 140 000 patients Deuxième cause de cirrhose et de CHC en France Deuxième indication de transplantation hépatique en France Stades de la maladie selon une modélisation récente Fibrose F0-F1 : 43% Fibrose F2-F4 : 49% Complications : 8% Cirrhose décompensée ou CHC Risques évolutifs de l’hépatite virale C Cirrhose Environ 10 à 20% des malades Facteurs de progression reconnus Carcinome hépatocellulaire Alcool, syndrome métabolique (obésité, diabète), co-infection par le VIH ou le VHB, âge au moment de la contamination, sexe masculin, consommation de cannabis Uniquement en cas de fibrose ou de cirrhose 2 à 5% par an après 10 ans d’évolution Manifestations extra-hépatiques ou systémiques Cryoglobulinémies, lymphomes B Peu fréquentes, parfois sévères Evoluant indépendamment du degré d’atteinte hépatique Objectifs du traitement Inhibition de la réplication virale et éradication virale Obtention d’une réponse virologique soutenue (RVS) Eradication virale = Guérison Absence d’intégration du virus dans la cellule (contrairement au VHB) Régression de la fibrose et réversibilité de la cirrhose Indétectabilité de l’ARN du VHC à 12 semaines (RVS12) ou mieux à 24 semaines (RVS24) après la fin du traitement Risque de réactivation passé ce délai inférieur à 1% à 5 ans En cas de fibrose < F3 En cas de cirrhose (F4), attention au risque persistant de CHC Diminution de l’incidence des complications, du carcinome hépatocellulaire et de la mortalité Qui traiter ? Cirrhose ou fibrose hépatique aux stades F3-F4, en attente ou non d’une transplantation hépatique ou en post-greffe Sévérité de la maladie hépatique Risque de CHC Nécessité d’une réplication virale nulle sous traitement immunosuppresseur en cas de TH Situations particulières Co-infection VIH-VHC Apparition plus rapide de lésions de fibrose Cryoglobulinémies mixtes (II et III) systémiques symptomatiques Lymphomes B associés au VHC Fibrose au stade F2 Possibilité de régression de la fibrose à ce stade Importance de documenter au mieux le stade de fibrose Pas de justification de traitement des stades F0-F1 de fibrose Traitements de l’hépatite chronique virale C IFN 1990 IFN + RBV 1998 PEG-IFN + RBV 2001 Boceprevir Telaprevir (Gén1) 2011 Traitements par IFN, RBV et antiprotéases : - Disparition de la virémie dans environ 50% des cas seulement - Traitement prolongé de 6 à 12 mois - Mauvaise tolérance - Mauvais résultats en cas de cirrhose et de non réponse à une bithérapie Simeprevir Sofosbuvir 2014 Daclatasvir Faldaprevir 2015 Antiviraux d’action directe de nouvelle génération Cibles potentielles des antiviraux d’action directe « …buvir » « …previr » « …asvir » Asselah T et al. Liver international 2009 Molécules en développement … Bourlière M et al. Ther Adv Infect 2013 Médicaments disponibles en 2014 (et probablement en 2015) Inhibiteurs de protéase : Simeprevir (ATU) (ABT-450/Ritonavir) Inhibiteurs de NS5A : Daclatasvir (ATU) (Ledipasvir, Ombitasvir) Inhibiteurs de NS5B : Sofosbuvir (AMM en janvier 2014) Prescription selon les indications de l’ATU (Dasabuvir) Intérêts des antiviraux d’action directe de nouvelle génération Efficacité proche de 100% Schémas thérapeutiques associant plusieurs molécules Avec ou sans IFN, avec ou sans Ribavirine Activité pan-génotypique Simplification d’administration 1 à 2 prises quotidiennes Voie orale Meilleur profil de tolérance Traitement plus court 12 semaines dans la majorité des cas Parfois jusqu’à 24 semaines Schémas thérapeutiques recommandés (Mai 2014) RVS 81% RVS 100% RVS 91% RVS 100% RVS 92% RVS 89% RVS 100% RVS 100% Eradication de l’infection virale C : un objectif réaliste ? Plusieurs facteurs en dépendent : Capacité du système à dépister les sujets atteints d’une hépatite chronique Capacité du système à orienter les patients diagnostiqués vers une prise en charge adaptée Accès au traitement de tous les patients atteints d’une hépatite chronique Efficacité du traitement en pratique courante Efficience de la stratégie thérapeutique Capacité à limiter le risque de réinfection chez les patients ayant été traités, au moyen d’une stratégie de réduction des risques efficace Conclusion Hépatite C : Enfin « presque » la guérison pour tous Efficacité thérapeutique proche de 100% Bonne tolérance Problématiques non résolues Identification et prise en charge de tous les patients atteints Renforcement des mesures de dépistage et de prévention Soutenabilité financière par la solidarité nationale ? Réduction du coût des traitements +++ Sofosbuvir : environ 56 000 € pour 3 mois Simeprevir : environ 35 000 € pour 3 mois Attente des recommandations de l’AFEF prévues en mai 2015
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