Février 1924

Février
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4 Année
1924
№ 38
- M O U L L E T E Tl A N « D É P Ê C H E »
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RÉDHCTIOH
:
Rédacteur en chef : Pierre M o c a ë r
Daniel B e r n a r d — Léon L e B e r r e — Olivier Berthou — J. Bouille —
O C a r a d e c — Y v o n Croq — Pol Diverrès — G. Dottin — M . Duhamel —
Ë . Krnault — Marquis de l'Estourbeillon — Loeiz A r Floc'h — Fanch
Gourvil — J u l e s Gros --• Loeiz H e r r i e u — Fanch Jaffrennou — Alfred
Lajîxt — Y v e s L e Alcai — Ervran M a r e c — Emile Masson — André
Alcîlaç — Meven M o r d i e r n — Y . Morvran Goblet — Louis Nicolas —
fyouig P i c a r d — Docteur Picquenard — H . Quilgars — R. Roy —
F r a n ç o i s Vallée*
r
L a Revue est rédigée en breton et en français.
Les manuscrits ne sont pas rendus, sauf convention contraire.
L'orthographe bretonne est celle d e VEmgleo ar Skrivagnerien pour
le breton g é n é t a l e t celle d e la grammaire Guillevic e t L e Goff
(tendance Dihunamb) p o u r l e dialecte vannerais.
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T o u s les droits de reproduction, traduction et adaption s o n t
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11 s e r a rendu compte de t o u t livre, quelle qu'en soit la langue,
intéressant la Bretagne ou les p a y s celtiques et d o n t un exemplaire
aura été a d r e s s é à M. Pierre Mocaër, 40, boulevard Gambetta, Brest.
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SOMMAIRE :
Bretz Difczef.
Hoël BROËREC'H.
Maronad c JÇpulmik Arvor » .
TALDIR.
La 'Langue Nationale au Pays de Galles (suite)
T y w î JONES.
Souscription pour le monument Calîoch.
1{ousk, va c baton.
F. A L L A Y .
L'Art Celtique (suite)
J. BOUILLE.
Ttu dernier mot à Meven Mordiern
J. LOTH.
La"ReineAnne (suite)
L E GUYADER .
Bilzig (kendalc'h)
Fanch A L L A Y .
Une cellule de l'organisme Breton (suite)
Ch. L E GOFFIC.
Les Ecrivains "Bretons du Pays dm Vannes (M. Noury),
(*uite)
P. G .
La Bretagne vue par un Gallois (suite)
D DIVERRÈS.
Chronique. — Bibliographie.
T
m
Prenit, lennit ha stndlit :
La langue bretonne en 40 leçons, par F. Vallée, 6* édition,,
imprimerie Saint-Guillaume,
Saint-Brieuc, et chez tous les
libraires de Bretagne.
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Vocabulaire français-breton
de L e Gonidec, édition revue par
F. Vallée, librairie Prudhomme, Saint-Brieuc.
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sur l'Histoire et la Civilisation celtique), par Meven Mordiern et
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R. L e Roux, Saint-Hélory, P o r d i c (Côtes-du-Nord).
Prix franco : 2.15
(Edition bilingue (breton-gallois, m ê m e p r i x ; édition sans
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dépassera pas 10 francs pour les souscripteurs.
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des Intérêts Bretons
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Rennes
E
4
FÉVRIER 1924
ANNÉE
SOMMAIRE
BREIZ DILEZET.
. HOËR, B r o ë u h c ' H ;
MARONAD
« KOULMJK
AttVOR »•
T.\I,IMI:.
LA LAS GUE NATIONALE
Al l'A Y S
DE GALLES
(SUITE).. TVV.I J o n e s .
SOUSCRIPTION
OALLOC'II.
KOUSK, VA C'HALON..
F. AI. L a y .
L'ART
CELTIQUE
C7N DERNIER
DIERN
(SUITE. .1. IJOCILLÉ.
MOT A ME VEN M ORI. LOTII.
BR
//.V
REINE
ANNE
(SUITE).
F. L e G l ' Y A D E I ï .
IHLZIG
(kcudalc'h). F a n c h a e L a y .
UNE CELLULE
DE
L'ORGANISME
III!ETON ( s u i t o ) . . . .
Ch. L e G o f f i c .
LES ECRIVAINS
BRETONS DU PAYS
EE VANNES (M. NOJFY) (SUITE). P. G.
LA BRETAGNE
VUE PAR UN
GALLOIS
(suite)....
D Diverrès.'
CHRONIQUE.
BII.LIOGRAPIIIE.
R
LEZ
ET
Que sont devenus l e s fils, ô Brciz ! ô m a P a i r i e . Le décevant
avenir ne te réserve-l-il q u e la détresse et l ' a b a n d o n ?
Jadis tes fiers g a r s du Léon te c o n s t i t u a i e n t sans cesse une
réserve de serviteurs fidèles et le soir, à la v e i l l é e , transmettaient
d'âge en âge les m i r a c l e s de l e s saints el les prouesses de
tes héros.
Tes fils robustes d e Cornouaille,
interprètes d e ta richesse,
dans leurs brillants costumes nationaux, aux jours des pardons,
formaient c o m m e u n e g a r d e d ' h o n n e u r a u t o u r de tes saintes
chapelles.
Tes grands enfants du Brovrec-h, gardiens inébranlables de
tes traditions, savaient lutter sans trêves contre tes ennemis
et les perfides suggestions du dehors.
Reine sans pareille, toute ornée d e s incomparables richesses
de ton glorieux passé, tu brillais d'un éclat merveilleux au milieu
des Nations.
Mais voici que, venue de l'Orient, une brise empoisonnée'a
passé sur ton sol et l'esprit du mal s'est j u r é de te frapper
dans tes plus chères affections.
E n v a i n s'efforcent tes sanglots de rallier tes fils autour de
ta bannière d'hermines. En vain s'efforce ton cœur de mère
de les retenir autour de toi.
P a r t o u t les chaumières se vident. En maints endroits de
ton sol sacré ta langue harmonieuse, tes souvenirs glorieux
comme les nobles usages, sont oubliés quand ils ne sont pas
honnis.
Bientôt, abandonnés, tes champs et tes grèves sont devenus
presque déserts et ne résonnent plus, comme) autrefois, des
chansons des pûtres ou des laboureurs.
L e mirage des Cités et les perfides doctrines du dehors t'ont
ravi tes enfants. Désormais, seule et délaissée, drapée dans ton
immense douleur, seuls quelques bardes soutiennent ton courage et ta F o i .
Mais, pieux chevaliers, ceux-là demeurent à jamais les
gardiens de ton I D É A L , et quels que soient les assauts que tu aies
à subir, ils seront lia à jamais pour montrer au Monde que tu es
Immortelle et ne saurais périr.
L E P A S S É , C'EST L A V I E
Pauvre Breton, mon frère, que serais-tu si n'avait existé
pour toi que le champ minuscule de tes actuelles incroyances ?
N'est-ce pas. tes saints qui, il y a quelque m i n e ans, ont
défriché ton sol et transformé en riches domaines les forêts
sauvages de l ' A r m o r ?
N'as-tu pas eu des ancêtres ? N'est-ce pas tes vieux saints
qui les évangélisèrent et les dotèrent d'un Idéal et d'une F o i ?
L a Bretagne n'est-elle pas ta Patrie ? N'est-ce pas à tes
Rois vaillants, à tes ducs magnanimes que tu dois de l'avoir
créée, de l'avoir rendue forte et glorieuse ?
L a Mamm Goz, qui t'apprit au berceau tes premières prières,
ne fut-edle pas l'un des anneaux d'une chaîne séculaire ?
Que deviendraient tes fils si tes enseignements ne devenaient
pas leur règle de vie et ne continuaient tes traditions ?
L e Passé, c'est la Vie. N u l ne saurait v i v r e sans traditions
et sans Idéal; sans songer aux ancêtres qui l'ont précédé et
aux heures qu'il a déjà vécues lui-même.
M O N CŒUR SAIGNE
M o n cœur saigne au coin de m o n foyer désert. P a u v r e grillon
qui chante, pourras-tu consoler m a douleur ?
P l u s ne sont les veillées qui, chaque soirée d'hiver, apportaient
à nos âmes une sève nouvelle et un regain de v i e .
P l u s ne sont non plus leis traditions- saintes q u i en les
alimentant, nourrissaient et fortifiaient nos cœurs.
L ' E t r a n g e r a passé. Son souffle malfaisant a empoisonné
l ' A r v o r . Dolente et meurtrie, Breiz gît désormais sans forces
et sans espérances.
-
827
-
I
S'il n'a point versé le sang, plus cruel que cent batailles,
il a broyé nos caractères, poignardé nos énergies et nous a
chargés de chaînes.
Il nous a chargés de chaînes, car il a fait des Bretons de
si trisles esclaves, qu'ils n'ont même plus la dignité ni la force
de mourir eux-mêmes.
Au coin de l'âtre presque éteint, la Mamm Goz pleure, pleure,
pleure. Ses sept fils ont quitté l ' A r m o r ; le D é m o n des Cités
les a emmenés au dehors et leur a fait prendre pour un regain
de vie ce qui n'est qu'une trahison envers Breiz, envers la Patrie.
Hoël
BROÉREC'H.
MftRONÄD<<KÖUlJHIK ftRVGR»
-
(Philomena Cadoret « Koulmik A r v o r » , ganet en Bönen
(C.-du-N.) en 1893; pried Vély, deuz Rostrenn en 1914; intanvez
a vrezel; maro d'an oad a 30 vloaz, en 1923.)
Eur miz goude, cur c'Mocli klemmus
En tour a zone truezus
Kanvou cur vlcuennik iaouank
Rok ar c'houlz seclhet w a r he brank,
Maro pani. nec'Ji ha gant glac'har,
Koulnitk dilczet gant he far !
« Koulmik Arvor » .
[Moucz Meneou Kerne pajon 137. moullet
en 1912).
Pa erruec'h en bourk Bonen
Deuz tu Keraez, eun tiik gwen
En bord an lient, w a r an dorn kleiz
A zeblante eun tammik neiz.
Eno, eur wech, brema zo pell
Pa, oan o redeik Breiz-Izel
Evid sikour dihun A r v o r
Me aretaz dirag an nor.
Eur plac'h iaouank, g w i r Vreizadez,
Gwisket en giz Kernevadez
T a l eur mekanik-da-wriat
Oa azeet, o labourât.
D'am digemer, hi a zavaz,
Gant doujans m e hi saludaz
Hag e lavariz : « — Dimezel,
C'houi a ra eston Breiz-Izel !
Breiz-Izel hag an holl Varzed
Ouz ho kleved zo souezet.
Ar joa zo braz en hon ene
O lenn « Mouez Meneou Kerne » .
Ar bobl a glev trouz ho T e l e n
O kana ilour hag o kelen
A gred a zo ganel en Breiz
Eur stereden gaer vel an Deiz. »
Mez Philomena Cadoret
An gemenerez enoret,
Ken koaní gant he daoulagad eon,
He zal ledan, he e'horíik gwéon,
A respontaz heb souezi :
— « Aotrou, trugarez, emezhi;
Ho komzou ra d'in kalz enor !
N'on med eur goulmik en A r v o r . . .
Me a vouskan e-kreiz ar c'hoat
En iez ma bro : ze zo em g w a d ;
Ar werz a zao war ma ieuzou
Ken natural hag ar c'homzou.
N'am euz del lid a-bed war-ze,
-Vid karout ma Breiz ha m a F e !
Evel eul lapous me a gan
'N eur bikat ma nadoz er gloan. »
Dre ma komze ar plac'h vuel
Me voute don ebarz ma sell
Skeud lie bizacli ilour ha digor.
Na weliz mui Koulmik A r v o r .
' '
v
Eur m i bennag rok ar Brezel
Kelou ieaz dre Vreiz-Izel
Euz eureud an varzez vreton :
Ar goulm 'doa kavet eur gudon.
Eur potr iaouank hanvet V e l y
Hi goulennaz da zemezi,
H a g e kuüachont bourk Bonen
E v i d dond da chom da Rostrenn.
Mez ar Goulmik neuze 'vudaz.
P e r a g he zelen a davaz ?
Perag na glevaz den aboue
A r Varzez choazet gant D o u e T
Pesort seblant leun a spouron
A denvaleaz he c'halon
H a g a harzaz red an A w e n
Da vera diouz hec'h Eienen ? ¿
:
•
— 329 —
Korn-boud ar Brezel к riz. hudur,
A zo straket er gwabren pur...
Bagadou a z o divroet
Neubeudou a zo distroet.
A r g w a l l blaneden a skoaz
W a r Goulmik an A r v o r , si-svaz !
He fried a zo bet lazet :
Biken mui na vo frealzet.
Paour kez intanvez re abred !
H e c'halonik dous zo torret,
Bemdez he daoulagad a ouel
Gant ar geuz d'he fried fidel.
' En he gwele, he-unanik,
E tizec'h bemnoz ar Goulmik :
N e m e d eur skeuden na n'eo ken,
Skeuden ar Geuz hag an Anken.
Na
Da
An
Eur
'deuz ket zoken ar gourach
zistribilla deuz an tach
Delen gaër he doa sonet
beurevez d'ar Vretoned.
Evel eur vleuen w i r i d i k
Touchet en h e c'hreiz kizidik
K o u l m i k A r v o r , a ze da ze,
W a r zu ar vered a gerze.
Ankouaet lie zonj gant an holl,
H e iec'hed a zo aet da goll,
D r o u g l i w he zal, koz rok an oad,
Eo sunet d'ei lie bannac'h gwad.
P e m p blâ goude fin ar brezel
Eur c'helaouen a Vreiz-Izel
A embanne en teir linen
E oa m a r o Barzez Bönen.
H e c'horfìk a oa inleret
E n eur c'hornik euz ar vered
Heb obidou, kan nag enor :
Euz an dud, na berr an Envoi* ! . . .
Oc'h heul arched dister ar verc'h
A oa bet he A w e n ken gwerc'h
N a oa gwelet na skrivanier,
Kannad, na Barz, na Prezeger.
O P l a c ' h ken fur, g w r e g i k vuel,
Marvet gant keuz d'az Gwäz iidel,
Pebez skuer braz a ro d'ar bed
D a vuez hümbl ha kaër meurbed
Bretoned vad, dalc'het envor
Philomena, « K o u l m i k A r v o r »
A ganaz he Breiz, eur heure,
Hag a varvaz dre garante.
L a Langue Nationale
au Pays de Galles
(Suite)
Ce que la Cambric gagnerait
en sauvant sa langue.
Il est facile de so rendre compte de ce qu'on aurait fait
dans notre pays si nos enfants, au cours des cinquante-trois dernières cannées, avaient ipu profiler d'un système d'enseignement
respectant la langue et les traditions de leur propre nation.
Au lieu de cela, nous avons eu un enseignement qui, dans
beaucoup d'e domaines, a détruit la vieille civilisation du
peuple, civilisation que les étrangers qui la connaissaient, ont
déclarée être sans rivale au monde.
v
La littéral are de nos jours du Pays de Galles est. splendide,
et luxuriante sous la rosée du (printemps, mais c'est en déipit
de l'enseignement officiel qu'elle est née, et c'est malgré cet
enseignement qu'il existe des lecteurs capables d'e la comprendre.
Pensons à ces choses. Je crains bien que 'beaucoup d'entre
ceux qui sont ici ne savent même pas le nom des livres gallois
inappréciables qui ont été publiés au cours de Pan passé.
Relations entre la langue et la foi.
Qu'est-ce que la foi ?
C'est la communion consciente avec l'invisible. « Moi et le
Père sommes un. » « Celui qui m'a vu a vu le Père. » La foi
est la tentative de l'âme ipour connaître l'invisible. Elle contient
un effort essentiel pour grandir à la mesure du Christ et elle
tend v e r s la lumière.
Les vieilles légendes galloises des âges primitifs montrent
la 'préparation de l'esprit à sa venue, et beaucoup de récits
magnifiques ont été transformés (par la gloire de l'idéal chrétien.
L'un des fruits de la foi est la force et la dignité du
caractère ; ses enfants s'ennoblissent comme ceux qui voient
l'invisible. Il y a, malheureusement, trop de choses dans la foi
du P a y s de Galles qui nourrissent la faiblesse et la servilité,
et cette faiblesse se reflète dans l'état de notre langue, de notre
civilisation, d e notre morale et de notre spiritualité'.
La foi nous demandant de développer ce que nous avons
de mieux, la négligence d'e notre langue et de notre civilisation
nationales est un crime contre le principe essentiel de la
r e l i g i o n de Jésus de Nazareth. Aucune nécessité insurmontable
— 831 —
ne nous force à pendre notre langue. La cause en est l'orgueil
et la servilité, qui vont toujours de ipair. Ce devrait être un cas
de 'conscience, pour chaque église, de veiller à ce que tous les
enfants de son troupeau comprennent la langue dans laquelle
on leur prêche l'évangile le dimanche. Quelle lumière terrible
est jetée sur la situation spirituelle de 'beaucoup d'églises,
aujourd'hui, par le fait que beaucoup d'en l'a ni s et de jeunes
gens ont grandi dans ces églises en ignorant la langue de
la chaire) !
Quelle peut bien être la foi des parents de ces enfants,
quelle peut bien être la foi des pasteurs do ces âmes ?
Gomme membre de ce peuple de Galles qui essaya de faireson devoir envers la langue et les traditions de son pays, j e
vous supplie de nous aider à empêcher ce mauvais travail que
l'on accomplit en Galles aujourd'hui.
Est-ce que nous 'pouvons, nous les représentants de la foi
du pays, rester insensibles quand nous voyons saigner à mort
une langue iqjui veut vivre ? Est-ce que nous pouvons ne pas
tenir compte de ce que signifie la mort de la langue pour la
vie de notre nation et aussi celle du monde ? Est-ce que nous
pouvons supporter que l'on détruise de gaieté de cœur cette
»
partie de la vigne du Dieu vivant ?
Si les désirs de certains avaient été réalisés, la langue serait
morte depuis longtemps ; mais elle vit là où on la respecte,
comme une vierge aux joues fraîches, et elle se montre, une
fois de plus, digne d'une place honorable au foyer des langues
dui monde.
C'est notre langue, honorons-la, car elle compte sur nous.
Est-ce que nous aurons le cœur de lui faire passer la porte
de notre logis pour donner sa place a une langue étrangère ?
(A suivre.)
TYWI
JONES.
Souscription pour la Croix Celtique
du Monument Calloc'h
Total des listes précédentes
Evit kroaz keltiek Bleimor, G. Le Mercier d ' E n » . .
Un neveu de barde
Total
737 fr.
10
0
85
747 fr. 85
KOÜSK, Vä C H A L Ó N
Holl clrouz er bed a zo tavct,
An abardae, gant e ezenn,
E oueliou noz 'n neus displeget,
Hag
en-dro da bep morc'hedenn,
Rouejou ai* hun an neus segnet.
Kousk, va c'halon, kousk divorc'hed.
A nebeudou, w a r ar méziou,
E lijenn bouk an neus ledet;
En kavell e c'hoantegeziou,
Gant kanaouenn an nozvejou,
An ankeniou 'n neus luskellet.
Kousk, va c'halon, dizankeniet.
War
ar mor eo 'n neus-hi steuet
Henvel eus gouel an huvreou
E lavarles 'vije livet,
Gant liou glazder an Teusigou,
War
ar c'hoummou kun morgousket.
Kousk, va c'halon, kousk dinec'het.
En oabr, e vrumerin 'n neus skignet,
War
bro kaneri an avel,
E n e llegiou 'n neus-heii rollet :
Serret gantan e ziouaskell,
An avel a zo moredet.
Kousk, va c'halon, kousjv direket.
Ha du-ze, peli, peli, en dounder
An nenvou sklèr ha d^vevenn,
War
henchou dudius ar skerder,
Ar stered kousket er sioulder
A zemzigor o sklerijenn.
Serret e lagad gant an N o z . . .
Kousk, va c'halon, kousk va mennoz.
F.
AL LAY.
De l'"Art Celtique " et de l'utilité
de son étude pour la création
d'un " Art Breton Moderne "
(Suite)
PERIODE PAÏENNE
Les vestiges de l'âge du fer ( 1 ) qui nous permettent d'étudier
l'art ornemental des Celtes pendant cette période, se composent
des : poteries (vases de la Marne, de l ' A r m o r i q u e et des Iles Britanniques, épées, boucliers, torques, bracelets, cuillers, miroirs,
etc., etc.
Mentionnons spécialement les remarquables produits de l'industrie des Bretons insulaires, particulièrement intéressants pour
nous, tels que les épées au fourreau richement décoré d'ornements
linéaires, spiraliformes ou de palmettcs stylisées. L e s plus beaux
boucliers celtiques connus sont les boucliers bretons en bronze.
L'un d'eux, garni de corail, est orné aux extrémités et à la partie
centrale d'ornements au repoussé. Cette partie centrale est entourée d'un sanglier stylisé, emblème des tribus celtiques ( 2 ) . U n
autre bouclier est richement décoré d'ornements linéaires et de
swaslikas sur émail rouge.
Les Celtes furent, en effet, des émailleurs remarquables et iis
eurent un goût particulier pour l'ornementation ajourée, c o m m e
ie témoignent certaines plaques de harnais en bronze ajouré,
portant des applications d'-émaux rouges, jaunes et bleus. L a supériorité des émailleurs bretons est d'autant plus remarquable
qu'à cette époque on ne connaissait sur le continent que l'émail
rouge
Citons encore c o m m e spécimen de l'art des Bretons les élégants miroirs au revers décoré dans le style propre aux Iles Britanniques. L'ornementation de ces miroirs se compose de deux ou
trois grands cercles dans lesquels s'inscrivent de petits cercles de
diamètres inégaux, reliés entre eux par des ornements curvilignes
dont le champ est souvent paré de hachures figurant un natté.
Laissons cette description d'objets, pour analyser les caractères
principaux du style ornemental celtique pendant l'âge du F e r .
T o u s les signes précédemment énumérés, représentations
figurées du soleil et de la lune, continuent à être employés. A v a n t
de dégénérer en simples motifs d'ornementation, c'est à leur
(1) J. Dédiel<me, Manuel,
sième partie (Paris, 1914).
lome I I , deuxième partie
(Paris, 1913), troi-
(2) L e coq n'a jamais été l'emblème des Celtes gaulois ou
e'est une légende qui ne s'ost accréditée qu'au x t x « siècle.
bretons,
— 834 —
valeur symbolique qu'ils doivent leur popularité. Vers, le
V siècle avant noire ère, l'art celtique marque un progrès considérable sur
l'ancien style géométrique. S'enrichissant de motifs de feuillages stylisés, il s'élève progressivement à la hauteur d'un art national, avec des variantes suivant
les régions. Ces variantes sont particulièrement remarquables
dans les Iles Britanniques. L'art celtique de cette époque est
caractérisé par un style ornemental nettement défini, issu de
certains motifs de la décoration grecque archaïque — la pal
mette principalement — mais stylisés d'une façon originale et
bien spécialement celtique.
e
L a palmette celtique est souvent un lleuron à trois pétales,
ressemblant à une (leur de lys. Ses feuilles stylisées, combinées
avec le tracé en S, constituent les principaux éléments de l'ornementation celtique curviligne. Ce tracé en S ou spirale double
récurrente devient, à partir de l'âge du Fer, le motif de prédilection de l'art celtique. Ses feuilles de palmeties présentent,
le plus souvent dans l'art celtique, la forme de « larmes » ou
de « vessies de poisson » qui dessinent des courbes gracieuses
et composent un thème décoratif d'une incontestable élégance.
Ce décor est très caractéristique. Il se différencie des autres
ornementations, étrusques, Vénètes (de l'Adriatique) ou ibériques
de. la môme époque, et constitue pour l'archéologie celtique un
excellent critérium, à la fois ethnique et chronologique. Parfois
les S, les feuilles de palmettes ou larmes figurent isolément, se
juxtaposent, sans être reliés les uns aux autres, ou bien s'associent à des motifs géométriques, cercles, rectangles, triangles, etc.
Le signe en S se trouve aussi soit isolé, soit disposé en triades
ou en bandes continues. Enfin le triskèle, qui donne ^naissance
à des bandeaux continus, dont il constitue l'élément générateur.
L a croix gammée ou swastika ne fait pas défaut, quoiqu'elle
se rencontre plus rarement que les motifs précédents.
Parfois certains motifs sont d'une rigidité sévère qui contraste avec les courbes souples du décor celtique habituel.
En terminant celte analyse du décor celtique de l'âge du Fer,
il faut remarquer l'influence du nombre trois dans l'ornementation : triskèles, triades de triskèles. palmettes à trois feuilles,
divisions et subdivisions tripartites... La prédilection pour le
nombre trois, que manifestent les artistes de cette époque, tient
évidemment d'idées superstitieuses qui se perpétueront jusque
dans l'art celtique chrétien.
On ne peut passer sous silence le goût des Celtes pour les
tonalités éclatantes.
Plutarque rapporte que le roi des Gaesati, tué par Marcellus,
avait une armure ornée d'or, d'argent, de broderies et de vives
couleurs.
D'après Diodore de Sicile, les Gaulois portaient
sur
leurs
-
¿35 —
épaules un manteau d'éloife à dessins quadrillés (1) de toutes
nuances.
Dans l'ancienne littérature irlandaise, il est partout question
des couleurs des vêtements. Ailill et Medb, roi et reine de
Connaught, au premier siècle de notre ère, montrant leurs trésors, comme il est relaté dans l'épisode du « Tain bo Cualnge »
selon le « Lebor Laigncch » ( 2 ) , l'ont voir tout d'abord leoir
magasin de vêlements,' lesquels son! : pourpre, bleu, noir, vert,
jaune, moucheté, gris, blanc et noir roux, pie, et à raies bigarrées.
L'intérieur des habitations celtiques était garni de tapis de
laine, également bariolée, et d'étoffes quadrillées que l'on suspendait aux murs.
L'emploi des tonalités vives, si affectionnées des Celtes
païens, continuera pendant la période chrétienne, et nous retrouverons ces harmonies de couleurs, tant dans le costume que
dans la décoration des évangéliaires.
PÉRIODE CHRÉTIENNE
L'Empire celtique continental qui, après sa formidable expansion, se trouve déjà en décadence, à la fin de l'âge du Fer, va
être ruiné, un peu avant l'ère chrétienne, par les conquêtes de
César. L'art celtique continental disparaîtra en même temps, pour
ne renaître que cinq siècles plus tard, lors des invasions barbares.
« Il semble donc que l'art celtique, nous dit Salomon Reïnach ( 3 ) ,
étouffé en Gaule par la conquête romaine, ait subsisté en se transformant, comme toute chose qui dure, dans le nord et l'est de l'Europe, pour reparaître ensuite au milieu des populations où il avait
pris naissance et qui l'avaient complètement oublié. » Tandis qu'il
disparaît pour plusieurs siècles sur le continent, l'art celtique
chrétien (4) va se constituer en Grande-Bretagne et en Irlande
par le perfectionnement et le développement de l'art celtique
païen.
Les moines celtes insulaires le porteront à son apogée, principalement les enlumineurs irlandais, dont certains viendront
sur le continent et y feront école. L'ornementation des manuscrits sera soumise à leur influence dont l'art roman tout entier
sera imprégné et qui pénétrera en Allemagne et même en Scan
dinavie, où elle se maintiendra jusque dans les monuments du
Haut ?doyen Age ( 5 ) .
Etudions maintenant, d'abord les principaux vestiges de l'art
celtique chrétien et, ensuite, les diiïérents modes d'ornementation.
(1) A u dire de Pline (Hist. na!., V I I I , 73, 101), les Gaulois auraient inventé les étoffes quadrillées.
<2) Livre de Leinslcr, 54, a, 3G.
(3). Salomon Reinaeh. Guide illustré du musée de Saint-Germain (SaintGermain, 1922), loc. cit. p. 106.
(4) Dom Louis Gougaud, Les Chrétientés celtiques, chap. X . (Paris, 1911).
(5) S. Muller, Dijreornamcntiken
i Norden, dans les Arboger, 1880,
p. 185.
— 830 —
L'architecture, au commencement de la période chrétienne,
est encore primitive. Les plus anciens récits épiques irlandais
mentionnent des portes, montants, linteaux en bois sculpté, des
piliers de bois et des cloisons intérieures d'if rouge, garnis d'ornements de métal, bronze, argeni et or. Dans les premières belles
constructions de pierre, l'esthétique n'apparaît de m ê m e qu'à
l'entour des baies.
Un type de monument de pierre très abondant dans les pays
celtiques insulaires et inconnu sur le continent, c'est la croix
de cimetière ou de chemin portant une auréole autour du point
de jonction des bras. Sous l'influence du christianisme, les lec'hs
des premiers Celles s'ornent de croix gravées en creux entourées
d'un cercle, dans lequel on croit voir généralement une fusion
du symbole ci/rculaire du soleil et de la croix chrétienne. .
C'est de la pierre érigée verticalement et portant une croix
gravée à sa surface que s'est dégagée peu à peu la croix indépendante.
La pierre s'arrondit d'abord au sommet, de façon à suivre
la courbe du disque renfermant la croix, bientôt jusqu'à confondre son contour avec le sien. Puis la surface se rétrécit
également, de manière à former au-dessous de la tête arrondi?
ce qui deviendra le fût de la croix développée. En m ê m e temps,
le sommet et les bras de la croix, par une tendance inverse,
sortent peu à peu du cercle qui les renfermait, tandis que le
fût s'allonge par en bas. Enfin, maintenant, la pierre réduite à
la périphérie de la croix s'ajoure entre les bras, et l'auréole est
désormais dépassée de toutes parts. L'évolution est alors arrivée
à son terme. Voici dessinée la croix indépendante, percée de
quatre trous autour du point de jonction de ses bras, aux spécimens nombreux et variés.
En Galles, ces monuments affectent la forme d'une croix de
Malte auréolée. Placées sur une stèle élancée, ces croix sont
garnies sur toutes leurs faces d'ornements géométriques et
d'entrelacs, rarement de figures humaines ou d'animaux. Les
croix de l'île de Man nous offrent des runes, des animaux, des
dragons. Celles d'Ecosse se rapprochent beaucoup de celles
d'Irlande.
Les hautes croix d'Irlande, érigées aux x% x i , x n siècles,
sont les plus belles et les plus artistiques de toutes. Elles sont
établies sur un socle; leur fût généralement carré, leurs bras,
leur sommet terminé en forme de toit, sont divisés en compartiments où sont sculptés toutes sortes d'ornements géométriques
et d'entrelacs ou de scènes bibliques variées.
e
(A
suivre.)
c
J. BOUILLE.
A
P R O P O S DE L A N G U E L I T T É R A I R E
Un dernier mot à Meven Mordiera
J'ai déjà eu occasion de dire, dans cette revue, à M. René L e
Roux que Meven Mordiern lui faisait tort. Je constate avec regret qu'il continue. Cette lois (formations bretonnes, 1923, n° 36),
les rôles sont nettement intervertis : Meven Mordiern devient le
maître, et moi, l'élève ! L'élève L o t h reçoit la férule de la main
de l'impitoyable pédagogue Meven Mordiern.
Il n'est pas jusqu'au Pays de Galles dont M . M . ne prétende
me faire mieux connaître l'état linguistique. Il y a, en effet, dans
la langue courante un grand nombre de mots anglais avec des
terminaisons galloises. Mais j ' a i pu constater, en causant avec
des gens du peuple, que la plupart connaissaient les mots indigènes correspondants. L a raison en est des plus simples : les Gallois, dès leur plus tendre enfance, apprennent à lire et à coinmenter la Bible, traduite au xvi° siècle, dont le vocabulaire est,
dans l'ensemble, fort pur. Si on A eut faire du purisme,
qu'on le fasse d'abord dans des livres comme le catéchisme qu'on
apprend syllabe par syllabe. J'ai fait plusieurs séjours dans le
P a y s de Galles, j ' e n connais la langue littéraire et la langue populaire. M . M . n'y a, j e crois, jamais mis les pieds et n'a aucune
compétence connue en langue et littérature galloises. Je regrette
d'être obligé de le lui rappeler.
r
Il paraît aussi que j e confonds le vocabulaire usuel et le v o cabulaire scientifique, ce qui revient à dire que j ' a i des idées bien
bornées en matière de linguistique. L e contraire me paraît cependant ressortir de ce que j ' a i dit à propos de télégraphie sans
fil. J'ai pu croire à ce sujet que Vallée voulait tout traduire et
je craignais tout justement qu'il ne continuât à s'attaquer aux
mots scientifiques que cite M . M . L e vocabulaire scientifique est
en grande partie international et M . M . ne me l'apprend pas.
Je ne sais pas-non plus comment se créent les langues littéraires et M . M . m'oppose, à ce sujet, l'autorité de mon collègue
Meillet. « Créer une langue littéraire consiste presque toujours
simplement à créer un vocabulaire et l'expérience montre que la
chose réussit aisément. Au cours du xix siècle, il a été constitué
ainsi plusieurs langues littéraires. Des nations ont repris conscience de leur autonomie et se sont donné des langues littéraires
en transformant leur vocabulaire. » M . M . aurait dû arrêter là sa
citation, car ce qui suit est simplement la condamnation de son
système et justifie pleinement ce que j ' a i dit à ce sujet. Il faut
reconnaître à M . M . une qualité entre autres : c'est la candeur.
Je continue la citation ; « L a création de la langue littéraire
e
/
— 838 —
grecque moderne a consisté avant tout dans la substitution au
vocabulaire courant, en partie d'origine étrangère romane et
turque, d'un vocabulaire proprement grec pris ¿1 la langue ancienne, tout livresque. L e s Arméniens se sont dei môme donné
une langue littéraire, ou même deux langues littéraires, l'une à
Constantinople, l'autre à Titlis, en substituant au vocabulaire vulgaire, en notable partie pris au turc, un vocabulaire nouveau em-
prunté à l'arménien classique. »
Meillet cite ensuite l'exemple des Tchèques qui, eux, ont naturellement puisé aussi dans leurs anciens textes et sont même
allés plus loin : « Ils se sont donné au x i x siècle un vocabulaire
savant et littéraire purement tchèque où ne figure presque auc
cun terme d'emprunt, et où même les mots universels en Europe
ont été remplacés par des termes tchèques nouvellement fabriqués : le mot théâtre qui se trouve partout en Europe — on dit
en russe et en polonais teatr — a été remplacé par divadlo (dérivé de divati), regarder, qui est une traduction du mot grec
theatron et se rattache ainsi au vocabulaire européen. » Je vais
beaucoup surprendre M. M . : Meillet cite justement divadlo (et
d'autres) comme des exemples qui ne sont pas à imiter. Si M . M .
désire de Meillet une nouvelle consultation à ce sujet, j e suis tout
prêt à la lui demander : comme nous sommes en fort bons termes,
il ne me la refusera pas et j e me ferai un plaisir de la lui com-
muniquer
intégralement.
Je ne suis nullement hostile aux néologismes. J'ai notamment
indiqué un m o y e n sûr et facile d'enrichir la langue : c'est de
remettre en vigueur préfixes et suffixes, c'est-à-dire les éléments
de composition et de dérivation. J'ai conseillé aussi de remettre
en usage, dans la mesure du possible, les mots de vieux-breton
et de moyen-breton passés d'usage, ou leur donnant une forme
moderne. L e s mots propres à un dialecte ou sous-dialecte sont
aussi à considérer. Quant à la création de mots nouveaux, quand
c'est indispensable et qu'on peut le faire conformément au génie
de la langue, j e ne songe pas le moins du monde à l'interdire : il
y faut de la mesure et de la prudence.
Cette discussion n'a que trop duré. L e ton que se permet de
prendre à mon égard M. M . ne m'encourage pas à la continuer.
Je n'interviendrai plus, à moins toutefois qu'il ne m ' y force.
J. L O T H .
LA REINE ANNE
(Suite)
VII
Où sont distancés
les douze fils du baron de
Tréguier
Cependant la Reine Anne, avec le Gouverneur
Et ses gens, descendit jusqu'à la cour d'honneur.
Cent valets se tenaient debout, portant des torches,
Eclairant les couloirs, les escaliers, les porches.
L e s portes du castel s'ouvrirent. Et, sitôt,
T r e n t e beaux cavaliers entrèrent au château,
Conduits par un vieillard, très vieux, de taille haute.
L e vieillard salua le Gouverneur, son hôte :
— « Nous sommes les premiers, dit-il, honneur à nous ! »
Puis, sans doute trop vieux pour plier les genoux,
Il s'inclina très bas devant sa souveraine.
11 lui dit simplement : — « Très gracieuse Reine,
« J'arrive le premier, quoique étant le plus vieux.
K D'autres viendront, après, qui vous offriront mieux.
« Voici ma compagnie : elle est désormais vôtre. »
L a Reine parcourut les rangs, l'un après l'autre.
— « Vous êtes donc, dit-elle, un bien puissant seigneur,
« P o u r m'offrir une armée à vous seul ? » — « Non, d'honneur !
« Je suis pauvre, et très pauvre, hélas ! dit le vieil h o m m e .
« Mais, foi de T r é g o n m a b ( 1 ) — c'est ainsi qu'on me n o m m e —
«
«
«
«
«
«
<
«
«
«
Cette armée est à moi : car c'est moi qui la fis.
Je suis riche en enfants : voilà mes trente fils i
Prenez-les : ils feront pour la fille, j'espère,
Ce que j ' a i fait jadis pour votre illustre père.
C'est de tout cœur qu'ils sont tout à vous : prenez-les,
Ils aiment la Reine Anne, et haïssent l'Anglais.
L a haine de l'Anglais est chez nous si profonde,
Qu'on le hait même avant que de venir au monde,
Si bien que quand il naît un fils dans ma maison,
L e gâs crie en naissant * « T o r r e benn d'ar Zaozon ( 2 ) ! »
(1) Trégont-mab, trente fils, en langue bretonne. La légende de Trégonmab,
très peu connue d'ailleurs, place leur manoir auprès d'Ergue-Armel, non loin
de (Juiniper. Celle légende n'a aucun rapport avec la suile de ce poème, dont
l'auteur revendique la paternité tout entière.
(2) Torr e benn d'ar Zaozon ! Casse la tè!e aux Anglais ! — T o r r c benn !
était le cri de guerre des anciens Celles.
— 840 —
fi
«
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«
«
«
«
«
«
v
Moi, j e suis vieux, trop vieux; la force "m'abandonne.
Je n'ai plus qu'eux : ils sont trente. Je vous les donne. »
« J'accepte de grand cœur, et trente fois merci !
Dit la Reine. Quel beau pays que celui-ci !
Quelle nature d'or ! quelle terre féconde !
A h ! mon Duché vraiment est le plus beau du monde !
À nous deux, nous allons l'embellir, monseigneur :
J'ai là, derrière moi, trente filles d'honneur
Qui feront à vos fils trente belles familles.
Acceptez-les pour brus : ce sont un peu mes filles.
Mignonnes, approchez... Messire, les voici. »
— « J'accepte de grand cœur, et trente fois merci !
« Dit le vieux sire. A quand la noce ?... »
— « En temps de guerre,
'( Reprit la Reine, il sied qu'on ne s'attarde guère.
« Eh bien donc, s'il vous plaît, ce sera dans trois jours. >
— « Soit ! dit le Gouverneur. Qu'on boive à leurs amours ! »
L o r s on cria : « Noël aux trente Damoiselles ! »
Noël ! Et le Noël'd'amour, ouvrant ses ailes,
S'en alla par la ville et vite en fit le tour,
Et l'on but, en chantant le doux Noël d'amour.
(A suivre).
K^B^S
F. L E G U Y A D E R .
vfr>&6ssr*z^3.'ïk^z#sz^X^x?/
fciâfei?
Y ^ - V ^ '
BILZIG
(KENDALC H)
III
Tiegez
Izabel
Izabel a oa plac'h a benn hag a galon. Red eo d'ei beva, arabad eo d'ei en em leuskel da vont gant ar glac'har. Nann ! nann •
Red eo d'ei delc'her penn, enebi, stourm, gounit he bara hag hini
lie bugale.
A n daou vihanan jer gèr, hi gant Bilzig ha Madelen ac'h aio
d'an ôd, da vigorneta, da goukousa (1), da veskla, ha, pa v o mareou bras, da ormela ha da deureuka ( 2 ) . A r c'hregen dastumet,
hi ac'h aio d'o gwerza, w a r ar mêz, da W i m a e k , da Lanmcur, da
Blouigno ha da W e r r a n d . Eur bouteg w a r h e f e n n , Izabel ac'h ê,
dre ar c'houmananchou, ar vcreriou hag ar bourkou, ha, peurvuia
( 1 ) Kovkous,
(2) Tcureug,
col., coques (sg. -enri) ; koukoma,
col., oursins
-enn) : teureuga,
chercher rt^s coques.
cticrclicr îles oursins.
— 841 —
gwerzet he boutegad, e leue ganti en distro pastellouigou kig,
eun larara lard-teu, eur vozadennig vleud, eur gôlenn-bome, eun
irvinenn, hag, en he godell, eur gwennegig hennak.
E-pad ma vije oc'h ober he zro, Bilzig a dolé cvez d'ar re all.
— -N'o c'huita ket, n'o zilez kct ! a gemenne Izabel d'ar pôtr.
Ho he sugell da Gatcllig... gwisk c zilhad da Yannig... ha tôl evez
mad d'ê... Diwall anê !...
Nee'hamant d'ar vamín, evel just, ha.n'oa ket hep abeg. A - r ô k
kuitaat an ti, Izabel a roe d'ar vugale peb a skudellad vad a zoul>enn al lard, trawalc'h evit mont betek krciste, da Gatellig e roe
da zena.
Aet ar v a m m en he lient...
Pa zihune ar bôtrezig, Bilzig a roe d'ei he sugell, ha, pa
ouele, e Iuskelle anei, hag, evit he lakaat da devcl, goustadik e
kane d'ei, evel d'ar vugaligou, ar ganaouennig :
Tao ! tao ! bihanig,
Ha me a gano d'it,
Na da e'hortoz da vammig
Da rei bronnig d'itDa vammig 'zo danserez,
Da dadig 'zo meoier,
fía te ha me, bihanig,
A ranko chom er gèr.
m
Pa vije brao an amzer, kousket Katellig en he c'havell, tomm
íin lieol, Bilzig hag an daou all ac'h ê da c'hoari w a r an ôd, en
Irez, gant ar vugale all. Ha da redek, da c'hourenn, da vera o
c'hcrf hag o dilhad ( 1 ) . Eur wech an amzer, Bilzig a deue da w e let hag-en a oa dihun ar bôtrez. H a g adarre d'an trèz. Naon d'ê
lia skuiz, neuze an trikon toutek (2) a deue d'ar gèr, hag, a-wechou, o mam m a vije er gèr o c'hortoz. Drôug a oa enni pa gave
he hini diwea o voac'hal hag o c'harmi, sklaset lie zreid en lie
gwele. Met gourdrouz ha goure'hemenn a dreuz buan penn eur
pôtr na nao na dek via, hag, anlronoz vintin, ne dije ket Izabel
pignet ar c'hra, gant lie boutegad meskl, ma vije Bilzig hag an
daou all oc'h heul kanfartcd ar bourk. Madelcn ha Y a n n i g a
chache anean cante.
— Deus, Bilzig, deus... Katellig ne zihuno ket !...
Ha Bilzig en em leuske da vont, a-enep urz ha goure'hemenn
e vanini. Hounian n'oa ket• nec'het da welet» he bugale o redek
dre ar bourk, rak, pa 'c'h è abret eus ar heure da werza he boutegad, peurliesa n'he dije ket amzer da gempenn anè.
v
Pa chôme er gèr, e roe d'è he ôtre da vont da c'hoari gant ar
re all, e-pad ma vije oc'h ober he ziegez. Neuze c vije skubet an
(1 Mera o fhorf
has n dilhad, expression couronle pour dire que les
"nfanls se ballaienl el déeliiraiciil leurs li;il>ils.
(2) Trikon toutek. Trikon, trio. Cf. an trikon a zo ganeoc'.h? Vous avez les
trois mis?... expression des joueurs de cartes). — Toutek, crainlif, honteux,
confus, connue l'enfant qui, ayant commis une faute, vien! quand on l'appelle,
nues toutek. confus.
-
—
8 4 2
—
ti, gwalc'het an dilhad, puret ari anne, dreset ar brageier, al
léreier, an hivizou, ar rochedou, neuze e vije gwalc'het o dioujod,
o daouarn, kribet o bleo d'ar vugale; hag evel-se an ti hag ar
vugale a vije kempennet pa chome aravamm er gér.
Pa vije divalo an amzer, c'hoant n'o doa ket ar vugale da vont
da redek. Bilzig, aketus da zelc'her dever enne, a gane d'é, a
c'hoarie gante; ptecherou ( 1 ) a ré da Gatellig evit he delc'her
sioul ha seder. Tapout a ré troad klei ar bótrez hag e c'harlinke
d'ei seul he zroad :
— Heman eo ar pradig e-lec'h m'an nevoa peuret ar c'hadig !
¡Entre e viz-meud hag e viz-yod e save biz-meud troad K a tellig, ha deus an eil d'egile :
Heman
Heman
Heman
Heman
hen gwelas,
hen redas,
hen tapas,
hen debas !
Ha, pa errue gant ar biz-bihan :
Heman eo ar bizig bihan bihan bihan
An nevoa bet tamm digant e vamm,
Tamm digant e vamm !...
kamm
Hag e c'harlinke d'ei seul he zroad, ha Katellig a c'hoarze, a
c'hoarze ken a reude, hag ar re all evelti.
— Gra d'eomp breman eur c'hoari all ! á lavare Madelen.
Alies e teue bugale an amezeien da c'hoari gante, ha pep-hini
a roe e ali.
— Bia bia bia la !
— Nann ! nann !... ar galafeterenn !
— Al logodennig ! a lavare unan all.
— Alo ! eme Bilzig : Bia bia bia la... Lakit aman w a r an dól
pep-hini e viz-yod en e zav.
Grét gante eur c'helc'h ha ledan, Bilzig a droe e viz en kreiz,
en eur lavaret :
Bia bia bia la
Piou a gelo da gika ?
« C'est la brunik »
A
Bempoulik
A deus torret he áskeltig.
Rastell,
dirastell,
Tenn da viz er-méz ar ganell
Pe m'en troc'ho gant va
c'hontell.
Gwaz d'an hini a vije tajpet d'ean e viz ! Pinijenn d'ean ha
petore pinijenn ?... Mont da bokat dek gwech d'an drezenn-bod
pe d'ar billig, da denna gwin eus an treust, da iluta moc'h inunud. Pinijenn ar bótrezed ne vije ket ken kalet.
(1) Pecherou,
c&resses.
Skuiza a rè buan ar vugale gant eur c'hoari, ha da iman ali.
A r galafeterenn !...
Madelen a ziskroge ar skliserin .eus an tach, eur bótrez a
azee w a r an oaled; ar pótr, a vije dindan, a lakae e benn war
barlenn ar bòtrez, stignet mal e vragou w a r e bsnsou. Hag an
tòliou sklisenn da sklokal d'ean war e reor. Dao d'ean hep
droug na poan !
* Breven, breven, mah da vreven,
Gant piou eman ar galafeterenn ?
Hag ar sklisenn a rede eus an eil dorn d'egile. Ha c'hoarzadeg, va Doue ! pa na zi.vine ket gant piou e vije ar sklisenn.
Goude e teue tro c'hoari al logodennig. Boz w a r voz uhei
uhellcc'h c'hoaz ar vugale à zavc o daouarn.
— Pelec'h aet al logodennig eus an toull-man ?
— En toull ali.
Hag evel-se beteg an nini diwean.
— Pelec'h aet al logodennig eus an
toull-man?
— En toull ar bern plouz.
— Pelec'h aet ar bern plouz ?
— Devét gant an
tan.
— Pelec'h aet an tan ?
— Lac'het gant an
dour.
— Pelec'h aet an dour ?
— Evet gant an ejenned.
— Pelec'h aet an ejenned ?
.
— Da glask peb a vaz skò da ganna gwreg ar gó ! g w r e ^
ar gó !
Ha pep-hini da skei w a r daouarn an eil egile. Ha skrijadeg,
c'hoarzadeg !
H;ag evel-se a dremene an amzer pa v i j e divaio, keit ha ma
vije Izabel o werza he boutegad kregen.
P a vije brao ? Ac'han ! pa vije brao ?... Salver Jezuz binniget ! A l laboused aet da nij, ankouaet gourc'hemennou ar v a m n .
ankouaet he urzou ; an heol, an trèz, ar mor, ar bagou, ar
c'hoariou ha m e oar pegement a draou ali a entize, a heskine
o c'hoant. F a l l a renlj, arabad eo lavaret nann. Siouaz ! Otrou
Doue, hon zikourrt, miret na c'h afemp hon-unan da goll w a r lerc'h ar mennozrou goullo, ar pedennou didal am eump bet
dibunet dirak ho furnez !
1
Wiar ledander ar bed, en donder an nenvou, na kavet h o c l i
eus-hu eur galloùd nerzus a-walc'h evit trec'hi w a r ar c'hoant ?
K r e n v e o ar garante, a lavarer, ken krenv hag ar m a r o ! H a
pegen muioc'h hon holl zechou ali !... K l e v i t anè, m a d pe fall,
en-dro d'ho kalon, o kan-a, o richana, o k l e m m , o c'hourdrouz,
o c'hourc'hemenn pe o pedi. Enebi a rit-hu oute ? T r e c ' h e t hoc'h
— 844 —
eus-hu w a r darn anê ?... Selaouit, ha ria glevit-hu ket cur vouezig flour o kana he c'hanaouennig ? Dmerza a ra h o kalon hag
ho spered, ha setu c'hou; goneet, goustadik, goustadik e c'hed,
d'e heul, war an hent i è ( 1 ) , m e t ken lufr, hen ramplus ar
blijadurezou ! Distrei w a r h o kiz a fell d' ec'h ? Rampla a ra
ho troad, n'oc'h ket evit ânebi, c'houi, koulskoude, den a skiant,
marteze den fur. H a g e fell d'ec'h penôs eur bugel evel Bilzig,
eur pôtrig dibreder, a vefe evit harza eus e c'hoantegeziou, eus
e siou, eus e deehou p e eus e heugennou ( 2 ) . K r i a véfe al
lezenn evit eur bugel, leusk ( 3 ) ha dall evKtoc'h-hu, tud a bouez
hag a oad ?...
*
:
Eun devez 'ta, Bilzig ac'h es gant ar re ail da c'hoari, ha.
pa erruas ar v a m m , goullo an ti : droug enni, evel just* skuiz
e oa ha,g o paouez klevet tamall he bugale da vea bet, gant
kanfarted ail ar bourk, o laerez piz ha fao en park ar Mestrezek.
Ha bec'h w a r Bilzig !
— Penôs, mic'hiek, foreant ( 4 ) ' z o ac'hanout, o laerez oui
bët, ne peus-te ket a vez ?... E-lec'h tôler evez d'ar -re vihan,
oc'h ês gante da redek, da dourvarc'hat (5) ; gante ec'h ês ec
bagou bihan me oar, beui a ri anê !,..
ï ï a g en gwirione, re alïes, pa ne v?je ket o m a m m er gêr,
e weled anê o ruzata w a r ar gerreg, o c'haloupat w a r an ôd,
gleb-dour-teil, pe o ruza o ,boutou, leun a frigas hag a fank
war an henchou.
Evel kent gaou a oa bet lavaret d'ar v a m m : pizenn na favenn
n'o devoa tafeet en de-se; met kaer an nevoa bet Bilzig hag an
daou ail stourm ouz o m a m m e oant bet tamallet hep abeg,
Izabel a dapas k r o g en eun ta mm kordenn voan.
— N ' a m skoit ket, m a m m Izabe>l, m e ho ped, n'am skoit kel,
en hlan' Doue, nan in ken d'an trêz, m e ' c h o m o er gêr.
N e anzavas ket penôs, pa zileze an ti, peurliesa e vije evit
ober plijadur d'e c'hoar ha d'e vreur. H e n ne c'hoarie ket, ral
e vije, KatelHg atao gantan w a r e choug. Izabel en e m douete
a gement-se : eun tôlig pe daou he deus roet d'ar pôtr, truez
d'ei outan.
— Paour kêz bugel rêuzeudik !
Ha, ga,nt korn he davanjer, e sec'has e zaerou :
— Paour kêz bugel !
Eur pokig d'ean. H a g ar pôtr :
— O m a m m Izabel !
H a g c oueie gwalc'h e galon.
(1) Hent tè,.route joyeuse, facile, gaie.
/
(2) Heugenn, idée subite, caprice.
(3) Leusk, indifférent. Cf. laosk.
(4) Foreant ou forean, vagabond, voyou.
(5) Tourvarc'hat, vagabonder comme les enfants, courir d'un endroit à un
autre, sauter.
Ne raio ken, nann, ne raio ken, a-grenn, er gér e chorno, nan
aio ken er bagou, nan aio ken da c'haloupat. Gant e- vreur hag
e c'hoarezed, en tréz e c*hoario, pa vo brao, hag er gér pa yo
divalo. Touet an neus, krainchet an neus en e zorn dehou, ha
savet anean dirag ar groaz. Pótr a galón hag a zoare, met,
siouaz ! nemet eur bugelig nan eo ! H a petra a fell d'ec'h ?
E u r pótr dek vía nan eo ket evelketnt eun d3n grét. Kalon vad
an nevoa, ka&ntezus e-kenver e vamm, e vreur hag e c'hoarezed; karet a re ané a-greiz e galón : ¡siouaz ! ankouaüs e oa*
ha, pa vije brao an amzefr, tomm an heol, pa wele ar vugalc
all o C'hoari en tréz pe er vourk, kelennou, urziou, gourc'hemennou Izabel a-nebeudou a zile dre e c'houn.
— Deus < da c'hoari ! a lavare d'ean ar ganfarted all.
— Demp d'an tréz, Bilzig ! a c'hourgomze Madelen ha Yannig.
— Brao a vo du-hont, w a r an tréz, c'hoari gant ar re all !
a c'houeze d'ean, en e skouarn, huanadenn ar c'hoantegez.
H a Bilzig, nebeud ha nebeud goneet, Katellig w a r e choug,
án daou all oc'h e heul, ha d'an tréz, ha da c*hoari. Rebecíi
a ra d'ean e gonsians. O h ! ne vo ket pell : bremaík, dioustu
e vo distro. Breniaik, dioustu, pegoulz ? Ankounac'haet an
amzer dremenet. Ankounac'haet, oh ! na pebez gir ! O ankounac'h, evurus an hini a zarempredez, evurus an ene w a r pehini
ec'h eus displeget cía vrumenn madeíezus.
Ankounac'h, bugelig Doue, pleg da ziouaskell, deus w a r va
barlenn, harp da benn w a r va c'halon, deus ha me a gano d'it.
Luskellet gant va c'hanaouenn, kanaouenn va buhe tremenet,
serr da zaoulagad, kousk, bugelig, kousk da berin w a r va c'halon.
Chom aze, e'vit miret na deufe ar c'houn, eus goueled va
evor, ar c'houn goaper ha chifus da ziskouel d'in gant e viz,
war an hent am eus heuliet, ar vleuennou pere n'am eus ket
het kuntuilhet, ar frouez mad ha dourek pere am eus bet disprizet. Kousk w a r va barlenn, ankounac'h, bugelig Doue, evit
na deuio ken ar c'houn... H a koulskoude, koulskoude, dihun,
ankounac'h, dihun, dihun !... Sav w a r da ziouaskell, kea ! kea !
lez, lez ar c'houn, ya, lez ar c'houn da sklerijenna va mennoz
N a da guz-heol e vuhe, piou na gar, a-rók mont da gousket,
lezel ar c'houn da vleina e spered a-us e zevejou evurus ? Ha.
war dachenn le-dan ar vuhe, piou na gar, eur wech c'hoaz, dibaba
e-touez ar vleuniou dic'houez ar vleuennigou a c'houez mad,
pere o deus sklerijennet e hent ha sederaet e galón ?...
(Da genderc'hel.)
Fanch A L L A Y .
ERRATA
Le texte de BÜzic publlé daos notre dernier numero eontient un certain
nombre de fautes. Nous rétablissons -ci-apres le vrai texte :
Page 807, i%ne 3, lire: tórrod; — 1. 7 : a vefe; — 1. 8 : a r gaezed; —
1. 9 : h a w a r he cTireiz; — 1. ia : kleier; — L 14 : e u » eun t u ; — 1. 16 :
fasadenn wenn dindan deliou...; — J . 86: a r Zaozon; —- 1. 34: peurliesa; —
1. 36: a drez, tréz betek...
Page 808, ligne 3, l i r e : e di a zo kouect en...; 1. 4: azeet en ho koaze; —
1. 10: Bilzig; — 1. 1 1 : an amiegez; — 1. 16: dimeï; — 1. 18: tiig; — 1. 29:
an amiegez.
Page 809, ligné 9, lire: .an inleramant; — 1. 23: en doujans an Aôirou
Doue; — 1. 30 : dindan dourn; — 1. 34 : ar varv-skaon; — 1. 36 : groazig
k o u e v r ; — 1. 37: hag an disliou war lie z a l ; — 1. 42: bugelig.
P a g e 810, ligne 27, lire:, ar c"herent ; — 1. 33: ar pùtr dindan lie.
P a g e 811, ligne 6, lire : o-daouik; — 1. 9 : falveoul a rês d'ean^dimeï d'e d r o ;
— 1. 2 2 : a lakae anean; — 1. 126^ a deuas da vea...; — 1. 34: en e gichen ; —
U 32: henvel-beo; — 1. 3)5: da a oai.cla galon.
Page 812, ligne .2>3, lire; ha Katellig cun noz-vez a deuas er bed.
U n e c e l l u l e de l ' o r g a n i s m e B r e t o n
PLOUGASTEL
(Suite)
VI.
(
—
LES
FÊTES
Elles sont fort nombreuses à Plougastel, comme partout,
mais les seules intéressantes ici sont les fêtes domestiques et
les fêtes religieuses.
1° Les fêtes domestiques. — Sans doute, la fête du leur-nevez
(ou d e l'aire neuve) n'existe plus : l'invention des batteuses à
vapeur lui a porté un coup mortel. Mais d'autres fêtes domesou* fête
tiques sont restées très vivaces. Telles la radennadek
de la coupe de la fougère, en septembre (cette fougère est quérie
très loin, sur les dunes de Crozon, du Loc, de P e n - a r - V i r ) et
la bizinadec ou fête de la coupe du goémon, en février et en
mars; telles encore la « fête du cochon » gwadiguenno, prétexte
à ripailles, et la fête du meurs-al-lard, très différente de notre
mardi-gras français : on ne se déguise pas, on ne se masque
pas; mais le grand-pèrè, l'ancêtre, réunit à table, ce jour-là, sa
lignée au complet. C'est le festin de famille par excellence. Aussi
les enfants partis au service ou établis hors de la commune
demandent-ils un congé afin d'y assister. A ces fêtes régulières
i l faudrait joindre les fêtes occasionnelles, telles qu'anniversaires
(célébrées, non en commémoration de la naissance, mais le j o u r
m ê m e de la fête patronale du saint dont o n porte le n o m ) ;
baptêmes (où, en sus du repas qu'elle offre au parrain et à l a
marraine, la nouvelle accouchée fait porter un bol de lait doux
à tous les enfants du v o i s i n a g e ) ; relevailles (où elle traite ses
parentes et amies à la réserve des jeunes filles non admises
auprès d'elle; cette visite à l'accouchée s'appelle kas ar kouign,
mais l e kouign o u gâteau y est remplacé par une pièce d'argent,
un cadeau quelconque), etc.
,
2° Les fêtes religieuses. — Très fidèlement, très strictement
observées, l'institution des fêtes civiles ne leur a nullement
préjudicié. Le 14 juillet lui-même passe inaperçu à Plougastel :
seuls les fonctionnaires illuminent et pavoisent. Il y a d'abord
les « pardons » , au nombre d'une douzaine et quelques-uns très
pittoresques, comme ceux de Sainte-Christine, de Saint-Gwénolé,
de Saint-Jean (connu aussi sous le nom de pardon des oiseaux (1)
et où tous les oiseleurs de la région se donnent rendez-vous
avec leurs pensionnaires ailés). Leur description nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à dire quelques mots du Pardon
de Plougastel-bourg, qui se tient le 29 juin, fête de S'-Pierre.
Comme tous les pardons, il est annoncé la veille par des feux
de joie; mais il est surtout remarquable par sa procession. Trois
mille personnes y assistent. Toutes les croix et toutes les bannières de la paroisse ont été mobilisées pour la circonstance;
elles sont fort lourdes les unes, et les autres, ce qui explique
qu'il y ait, pour chaque croix et chaque bannière, trois porteurs
qui se relaient pendant la durée du parcours. Honneur envié
de porter une croix ou une bannière, mais honneur qui se paie !
A l'issue de la procession, les porteurs des croix d'or et de
vermeil ne peuvent moins faire, par exemple, que de déposer
chacun sur l'autel un louis de vingt francs enveloppé dans un
morceau de papier sur lequel est écrit leur nom. Pour les croix
d'argent, on en est quitte à meilleur compte : 10 francs, 15 francs;
pour les bannières, on s'en tire avec 5 francs.
Une procession bien remarquable encore est celle des Rogations. Elle dure trois jours; Le j>remier jour, la procession se
borne à faire le tour du bourg; le deuxième, elle se rend à la
Fontaine-Blanche; le troisième, elle pousse jusqu'à Saint-Claude.
Mais il ne suffit pas que les champs soient bénits : pour participer aux grâces de cette bénédiction, il faut que chaque famille
soit représentée à la procession par l'un au moins de ses membres.
Sur Noël et les étrennes, je n'ai recueilli que des renseignements sans grand intérêt. Comme partout en Bretagne, la bûche
de Noël (an euteu) passe pour jouir de vertus particulières et
l'on croit que ses charbons refroidis préservent les maisons de
la foudre; comme partout aussi, des théories de pauvres et d'enfants vont de seuil en seuil souhaiter la bonne année. L a messe
de Noël porte cependant ici un nom spécial : elle s'appelle oferenn
ar pelgent, c'est-à-dire, d'après Troude et par contraction, « la
messe d'avant l'aube Q. Bien que la paroisse soit aussi longue
que large et qu'il faille, suivant un proverbe, huit jours à un
piéton pour en faire le tour, la population valide de la péninsule
tient à honneur d'y assister, même les lointains habitants de
l'Armor. n est vrai que les habitants des « sections » les plus
éloignées font le réveillon au bourg : cabarets et restaurants
(1) Il ne mérite plus ce nom et, depuis que la loi sur la.protection des
oiseaux utiles à l'agriculture a été votée, on ne prend /plus au traquet les
linots, les bruands et les chardonnerets pour les vendre au pardon de SaintJean- Les Plougastélois estiment, d'ailleurs, que la réputation de ces oiseaux
est usurpée et demandent l'abrogation de la loi.
N
_ - 84$ —
'
ont « la permission de la nuit » , et il s'y consomme pour la
circonstance une quantité incroyable de fouaces frites.
Peu dé chose à dire également de la Chandeleur, où, en
mémoire de la présentation de Jésus au temple et de la purification de la Vierge, les fidèles défilent dans l'église une chandelle
ou un rat-de-cave à la m a i n : du lundi de la Quasimodo (/un ar
kaspoudou),
qui se célèbre comme partout en Bretagne par un
massacre général des pots ébrechés et des vaisselles hors d'usage;
de la fête des Rameaux (sul bleuniou),
où il faut noter, cependant, la consommation extraordinaire d e buis et de lauriers
bénits que font les assistants : c'est qu'aucune parcelle de terre,
aucun recoin du logis ne doit être oublié; on plante une branchette consacrée dans chaque champ; on en accroche une à la
corniche de chaque lit et. non seulement les crèches et les
étables, mais les ruches elles-mêmes participent à la distribution.
En outre, à l'issue de la grand'messe. toute la population se
rend au cimetière naroissial et fleurit d'un rameau bénit les
tombes de ses défunts.
Mais voici dès fêtes d'un caractère plus spécial : la SaintJean et la fête des Trépassés. Cependant et pour bien faire entendre ce qui va suivre, il est nécessaire d'entrer dans quelques
explications.
Administrativement, la commune de Plougastel est soumise
au régime de toutes les communes françaises; mais sa vraie vie,
sa vie profonde, est encore toute spirituelle et les divisions
administratives, ne pouvant prévaloir contre les anciennes divisions religieuses, y ont dû se calquer sur elles. L'étonnement
est v i f chez un étranger d'entendre dire en parlant d'un Plougastélois : « C'est un tel. de la breuriez de telle section. » Passe
pour la section, mais la breuriez ? Voici r comme toutes les
paroisses de quelque étendue, Plougastel fut divisée de bonne
heure, pour les besoins du culte, en un certain nombre de cho. •
pellenies. Il y en avait six céans — et il n'y eut longtemps non
plus, à Plougastel, que six sections administratives correspondant à ces six chapellenies : la section de Plougastel-bourg (ou
de Saint-Pierre-Plougastel) ; la section de Saint-Jean; la section
de Saint-Claude (ou Douarbihan) ; la section de Sainte-Christine
(ou d ' E l l i e n ) ; la section de Saint-Gwénoïé (ou de R o z é g a t ) ; la
section de Saint-Trémeur (ou d e L a n v r i r a n ) . C'est en ces dernières années seulement qu'a été ouverte la septième section,
dite de l ' A r m o r i q u e et sans chapelle propre. Du reste, il n y a
plus aujourd'hui de chapelains qu'à Saint-Claude, à Saint-Jean
et à Saint-Languy (trêve de la section de Saint-Jean); encore
sont-ce de simples prêtres habitués. Mais Plougastel-bourg possède pour lui seul un curé et quatre vicaires. Que d e sousnpréfectures ne sont pas si bien.partagées ! Subdivision de la chapellenie
ou section, la breuriez. elle, correspond entièrement à notre
ancien m o t frairie. L'association d'un certain nombre de ménages
f o r m e une breuriez. comme l'association d'un certain n o m b r e de
breuriez formait autrefois une chapellenie. Mais, alors que la
chapellenie, muée en section, est devenue une division adminis-
I
— 849wtrative, là breuriez ou frairie est restée toute spirituelle, a gardé
son autonomie propre, ses cérémonies, son fonds social provenant
de contributions volontaires. Nous la verrons à l'œuvre dans tous
les actes de la vie religieuse, mais spécialement à l'occasion de
!a Saint-Jean et de la fête des Trépassés.
L a coutume dés feux de la Saint-Jean se retrouve dans toutes
nos provinces. Elle est vieille c o m m e la race, s'il est vrai qu'au
solstice d'été, le 24 juin, les Celtes célébraient déjà par de grands
feux la fête du renouveau, de la jeunesse ressuscitée du monde.
Le sens de la cérémonie s'est perdu, mais la cérémonie elle-même
<~s"est conservée. L e s rites en sont particulièrement précis à Plougastel : chaque tertre y a son feu, son tantad, autour duquel,
les prières dites, on processionne en rond, à la file indienne,
les hommes d'abord, nu-tête, puis les femmes et les enfants.
Ce tantad est l'œuvre collective de la frairie; mais son ordonnateur est toujours un h o m m e de cette frairie prénommé Jean.
C'est lui qui allume le feu ( c o m m e c'est un P i e r r e qui est chargé
du m ê m e office pour les tantads de la S a i n t - P i e r r e ) ; c'est lui
encore qui recueille la cendre et la met aux enchères le lendemain pour le compte de la fabrique. E t cette cendre trouve
toujours acquéreur, car elle est « sainte » et, comme telle, constitue un amendement de premier ordre. D e m ê m e les tisons de
la Saint-Jean, que se disputent les assistants et qui sont conservés
dans les maisons c o m m e amulettes, passent pour écarter les
dangers d'incendie. O n croît encore, à Plougastel, que pour guérir
ou. préserver les nouveau-nés du « mal de la peur » , il suffit
de les balancer trois fois au-dessus de trois taniads; la flamme
de ces mêmes tantads communique, à une certaine herbe qu'on y
fait chauffer et qui porte le n o m d'herbe de Saint-Jean, une efficacité souveraine contre les ophtalmies; «nfin, quand le feu
commence à s'assoupir, jeunes gens et jeunes filles le traversent
d'un bond en récitant un ave et pensent ainsi s'épargner dans
la vie future autant d'années de purgatoire qu'ils ont fait de
bonds et récité d'ave par dessus autant de tantads.
(A suivre).
Ch. L E GOFFIC.
LES E C R I V A I N S B R E T O N S D U P A Y S D E V A N N E S
M. NOURY
L ' Œ U V R E L I T T É R A I R E D E M. N O U R Y
\
ŒUVRES EN PROSE
'
/. — Les sermons (manuscrits)
Il nous reste de M . Noury quatre gros cahiers de sermons
sur les quatre parties du catéchisme : le Credo, la prière, les
commandements, les sacrements. Cette méthode, qui consiste
à exposer dans un ordre logique toutes les vérités de la religion,
était assurément excellente; mais il semble que M . Noury a suivi
de trop près quelque sermonnaire français. Tout indique une
traduction : les mots, les tours de phrases, les idiotismes, les
références ( 1 ) .
Les quatre cahiers sont accompagnés d'un cinquième contenant des homélies sur les évangiles du dimanche. Mais c'est à
tort, je crois, qu'on attribue ce dernier recueil à M . Noury. On
n'y trouve ni la même écriture, ni les mêmes particularités de
langue, ni la même profusion de mots français, ni le même
souci des citations.
1
Mgr Joubioux regrette que les sermons de M . Noury n'aient
pas été imprimés (après correction) à l'usage du jeune clergé.
E n fait, ces sermons n'ont pas été ignorés complètement du
jeune clergé. Ils ont été copiés dans plus d'un presbytère et,
sous forme de copies, ont parcouru le diocèse. Tous nos orateurs
en renom ont continué ainsi après leur.mort à édifier les fidèles :
M . Corvest, M . Pourchasse, M . Noury, M . Séveno. Il ne parait
pas cependant que cette éloquence posthume ait eu le même
succès ni joui de la même réputation; sans doute qu'un sermon
est comme l'aumône : la façon de donner vaut mieux que ce
qu'on donne.
Histoire er Hoh Testament laqueit én Brehonec dré ur Persor
a Escopti Guénet.
Histoire en Testament Neué, laqueit én Brehonec dré ur
Person a Escopti Guénet.
K
(Deux volumes manuscrits à tranches dorées, filet rouge,
titres à l'encre rouge, vignettes et culs-de-lampe coloriés.)
(i) Un exemple entre mille : « D'en dut lentet dré en désespoir hag en,
discouragement é hell hoah profitein ur lot cair un exemple admirable rapportet ér livre excellent a Imitation Jésus-Christ. (Les catéchismes français ne
manquaient pas : un des meilleurs était le Catéchisme de Bourges, par M. de
la Ghétardie.
851
L'idée de traduire l'Ecriture Sainte en breton était une idée
hardie. Depuis la Réforme et le Concile de T r e n t e , le clergé
breton boudait les traductions de la Bible. O n a dit que la
duchesse Anne de Bretagne avait fait traduire le Nouveau Testament en bas-breton; mais l'édition n'a pas laissé de traces e t
l'affirmation de l'abbé de Longuerue reste sans preuves ( 1 ) . L e s
dialectes de Léon et de Cornouailles devaient attendre encore
longtemps le Testament Nevez de L e Gonidec (1827) et la Vie de
Jésus-Christ de l'abbé Henry (1858). Cependant, dès 1761, M . M a rigo donnait, sous le titre de Abrège eus an Aviel, une traduction
des évangiles du dimanche. A Vannes, la maison Galles publie
en 1792 Histoérieu
tennet ag cr Scritur Santel, et vers 1804,
Iiistoérieu
ag en eu Testament. Pendant que M . Marion travaillait à ce dernier ouvrage dans son île d'Hoedic, sous la protection
intermittente des frégates anglaises, M . Noury, chez les Espagnols, entreprenait un travail de longue haleine, embrassant
tout l'Ancien Testament, la V i e de J.-C, les Actes des A p ô t r e s
et l'Apocalypse. L e tout est divisé en chapitres de médiocre
étendue, chacun d'eux précédé d'un quatrain qui en indique l e
sujet et suivi d u n e conclusion en prose qui contient des
réflexions pratiques ou des explications historiques.
Pourquoi ces deux volumes n'ont-ils pas été publiés en m ê m e
temps que les deux ouvrages dont nous parlerons tout à l'heure ?
T o u t d'abord, parce que la traduction fut vivement critiquée
par M . Torby, l'un des membres de la commission chargée de
l'examen des livres; le rapport de M . T o r b y existe encore
aujourd'hui.
Il est bien sûr que la traduction de l'Ecriture Sainte est plus
délicate que toute autre. Cependant, on peut trouver les critiques
de M . T o r b y exagérées : les ratures ne sont pas aussi nombreuses
qu'il te dit, et quelques inadvertances possibles ne suffisent pas
pour déprécier un ouvrage. D'autres considérations ont pu peser
dans la balance : l'ensemble de deux manuscrits représente une
longueur de texte considérable, et Ton a eu à envisager de gros
frais d'impression. A u moment où le travail de M . N o u r y était
abandonné par la commission, M . J. Giquello publiait à L o r i e n t
unts Vie de Jésus-Christ extraite des Evangiles, dans une langue
presque bas-vannetaise et d'une correction inférieure.
Nous avons prononcé tout à l'heure le m o t de traduction.
Nous croyons en effet qu'ici encore M . N o u r y n'a fait que traduire. P o u r l'Apocalypse, en particulier, il a dû suivre l'ouvrage
de M . de la Chétàrdie intitulé : Explication
de VApocalgpsè par
l'histoire ecclésiastique. L'histoire de l'Eglise est divisée en sept
âges, auxquels on rapporte dans l'ordre numérique les figures
des sept sceaux, des sept trompettes et des sept plaies. Cette
exégèse est un peu vieillie et à peu près abandonnée. Ajoutons
(1) Voir, un article tle M . Bellaniy dans la Revue
avril 1895.
Morbihannaisc
-
mars§
I
-
852
-
que des formes comme me u (qu'il est : mal eo), uèlis ( j e vis)
font penser à un ouvrage de ce genre en dialecte de Léon.
l
Pratiqueu ha Méditationeu dévot, guet Leçonieu er Spered
Santel hag Acteu eit er ré glan.
Le Pratiqueu, édité seulement en 1825, est un recueil de
petits opuscules de piété, dont le premier a fourni le titre général
du livre. Avec le texte imprimé de 1825, nous avons de cet
ouvrage deux manuscrits, qui présentent quelques différences
intéressantes. L'un d'eux, le plus grand, est tout entier de la
main de M . Noury. L'autre ne présente l'écriture de M . Noury
que dans les titres des chapitres et. dans la table des matières.
Il contient un traité de moins : Acteu ha Pedenneu eit assistein
er ré glan. Il nous semble que le second manuscrit est une copie
du premier, exécutée sous les yeux de M . Noury lui-même par
un compagnon d'exil ( 1 ) . C'est le grand manuscrit qui a été
livré à l'impression.
Un
mot sur chacune des parties du livre.
La
première partie, intitulée Pratiqueu dévot eit peb dé ag
er suhun, est la traduction d'un chapitre de la Journée du Chrétien qui a pour titre : Pratiques de dévotion pour tous les jours
de la semaine ( 2 ) .
(A suivre.)
p . G...
La Bretagne vue par un Gallois en 1829
UNE EXCURSION A TRAVERS LA BRETAGNE
(Suite)
L'affinité reconnue qui existe entre les langues du Pays de
Galles et de Bretagne, a souvent conduit à découvrir d'autres
ressemblances supposées. A u sujet de plusieurs d'entre elles,
j'ai déjà exprimé ma conviction qu'elles sont absolument fantaisistes, ou que si elles existent réellement, elles -sont le résultat
d'un accident plutôt que d'affinités nationales. Tel est, sans doute,
dans une grande mesure, le cas des anciennes coutumes et
superstitions, dans lesquelles une parfaite similarité peut être
découverte, mais est entièrement altribuable à une identité dans
(1)
L'examen des volumes démontre qu'ils ont été reliés en Espagne.
(2)' Une autre traduction <du même chapitre se trouve dans les Pedenneu au
moins depuis 1807,
— 853
-
des cérémonies religieuses, autrefois communes à tous les pays
catholiques. Quelques usages superstitieux ont peut-être leur
origine dans le Druidisma, mais comme les deux pays ont été
pendant si longtemps, avec le reste de l'Europe, sous la domination de l'Eglise de R o m e , c o m m e , d'un autre côté, nous savons
que les Gallois conservent encore plusieurs usages dérivés de
cette c o m m u n i o n tout en étant ignorants du fait, nous devons
être assez prudents pour ne pas attribuer de semblables caractéristiques à un état plus primitif et plus original des deux,
nations.
P a r m i les différentes cérémonies d'un
peuple, celles du
mariage sont parmi les plus importantes dans leur m o d e de
célébration et dans l'effet qui en résulte sur les rapports de
société; j e reproduirai donc ici une description des, cérémonies
du mariage dans cette partie de Bretagne appelée Bas-Léon,
qui m e fut donnée par M . L e Gonidec, et qui fut lue par lui,
il y a quelques années, devant l'Académie celtique, maintenant
Société r o y a l e des antiquaires de F r a n c e ; mais i l n'a pas pu
m e faire savoir si c e travail a été i m p r i m é au non.
Ici, le Rév. Thomas Priée donne une traduction anglaise du travail. de
Le Gonidec, eU une note de l'éditeur en bas de page ajoute : « Le Ms. original
en français, écrit dé la main de M. Le Gonidec, est demeuré parmi les papiers
de M. Pricie. Il est intitulé : Notice lue à l'Académie celtique, aujourdTiui
Société royale des antiquaires de ï r a n c e , en 1807, ipar M . Le Gonidec. »
Il m'a été impossible jusqu'à ipirésent de retrouver cet original parmi ceux
dtes imianusoriits die M. Priée qui sont à la Bibliothèque nationale d'Aberystwyth,
et M. Ifano Jones m'apprend qu'il n'est pas non plus à ila BiMiothèque de
Gardîff. Depuis la publication des « Lfttorary Remains », un grand nombre
des papiers dui Révérend Pricie ont été dispersés et plusieurs sont probablement .perdus. Pounra-t-on jlamais retrouver l'original de Le Gonidec ?
Quoi qu'il en soit, ce toavaiil fut publié en 1808, dans le volume II des
Mémoires de l'Académie celtique, .pp.
sous le tiljre : Notice sur les
cérémonies des mariages dans la partie de la Bretagne connue sous le nom
de Bas-Léon. Life à l'Académie celltdqûte dans lia séance du 9 août 1806 par
M. L e GonàdécL
Le lecteur remarquera immédiatement le désaccord qui existe entre la
date- 1807 qui se trouve donnée dans l a note de l'éditeur des œuvires de
Thomas Priée comme écrite de la main de Le Gonidec sur l'original, et celte
de 1806 donnée dans les Mémoires de l'Académie
celtique.
On comprendra sans peine que des moyens
avec certitude pendant Laquelle de ces deux
Le Gonidec lut son travail sur les cérémonies
Je laisse donc à quelqu'un d'autre le soin de
me manquent ici pour décider
années eut lieu la séance où
du mariage dans le Bas-Léon.
résoudre de petft problème.
Gomme l'original anglais se trouve heureusement publié, je juge inutile de
le reproduire ici, mais je désire, signaler cependant que la traduction du
Rév. Priée n'est pas toujours très fidèle et très complète. H en prévient
d u reste ses lecteurs dans un passage où, après la description des cérémonies
qui précèdent le montent du coucher des nouveaux mariés, il ajoute :
« On peut supposer qu'avec un bruit semblable à celui qui se produit
à ce moment, il ne serait pas facile die s'endormir si quelques-uns des gens
d e la maison se sentaient, enclins au sommeil. Cependant, si pareille chose
arrivait, il paraît qu'il est dû devoir des garçon» et des filles d'honneur
d'offrir leur protection à deux qui en auraient besoin. Pour cela, ils doivent
se tenir dans la parfie de l a maison où leurs services ont le plus de chance
d'être requis, chacun d'eux tenant une chandelle allumée sans chandelier.
Leur autjorité persiste aussi longtemps que brûle cette chandelle, et souvent
leur ténacité losit telle qu'ils couront. le dàftgqr de se rôtir les doigts. Mais
les arrangements d'une maison bretonne sont sur plusieurs poinls si différents
de ceux que l'on trouve chez nos paysans, que j e me vois .dans la nécessité
d'omettre une partie de ta présente description, d'auÇant que pomr étire
intelligible, d'I me faudlrait nécessairement entrer dans de telles explications,
que l'espace déjà occupé par cet arUiele le rend •impossible. Qu'il me suffise
de dire que les persécutions auxquelles nos gj^mlmères anglaises étaient
obligées d e se. soumettre cl 'dont la présente génération a heureusement été
débarrassée, se voient encore dans toute leur force chez les Bas-lïre'ons.
Quoique le « (lancement des bas » ne soit pas menl'ionné parmi filles, il se.
trouve remplacé par d'autres ctoutumes qui ne «ont pap moins vexaloires.
Après celte digression, 1 auteur reprend sa traduction à la cérémonie
de la soujpe au tait et la continue jusqu'à la fin du travail de Le Gonidee.
(Note
du
traducteur.)
Ceux qui sont au courant des coutumes nationales galloises
seront, à la lecture de ce qui précède, disposés à considérer cette
description comme celle d'un réel mariage gallois, tel qu'il avait
lieu il y a seulement quelques années dans toute la principauté,
avec seulement quelques légères différences d'adaptation nécessitées par le caractère du pays dans lequel se passe la scène.
I l faut avouer que dans les grandes lignes, les deux façons de
faire présentent une ressemblance frappante, mais en y regardant de plus, près, nous verrons qu'il y a très peu de points
sur lesque/ls se rencontre une exacte similitude. Cependant, dans
l'a partie la plus caractéristique de la cérémonie, la réception
du nouveau marié et de ses amis le matin du mariage, la fermetjure de la porte à leur arrivée, l'altercation rimée qui a lieu
à ce m o m e n t et la nombreuse cavalcade réunie à cette occasion,
toutes ces coutumes sont littéralement identiques à celles des
Gallois. Ont-elles jamais existé dans d'autres pays ? Je ne sais,
mais'jsi l'arrivée à la maison est semblable à ce point, d'autres
détails présentent une différence remarquable. P a r exemple, en
Galles, au lieu de voir la mariée amenée dehors volontairement,
le parti assiégeant doit s e ' f r a y e r un chemin dans la maison
du mieux qu'il peut^ et ceci est généralement effectué à l'aide
d'un stratagème. M ê m e une fo s cette entrée opérée, ils ont la
mortification de s'apercevoir que l'objet de leurs recherches a été
très soigneusement caché. Unei fois qu'ils s'en sont assuré, c o m mence une perquisition en règle dans toute l'habitation. E t la
cachette d e la nouvelle miariée est si bien choisie, que j e l'ai
v u e plus d'une fois défier toutes les recherches et la matinée
entière se passer dans cette ridicule occupation, avant que la
j e u n e fille ne puisse être découverte, d e sorte que, ne pouvant
arriver à l'église excepté longtemps après l'heure canonique,
o n était obligé de remettre la cérémonie au lendemain. Sans
aucun doute, le « marriage act » , qui exige que la célébration«foi m a r i a g e se fasse avant midi, doit avoir tristement écourté
les ^amusements matrimoniaux de nos compatriotes.
;
(
K
T
(Adaptation du D Diuerrès.)
CHRONIQUE
L A FÉDÉRATION BRETONNE DE TOURAINE
Notre excellent ami et compatriote le docteur Perquis nous annonce une
excellente nouvelle :
« Depuis quelques jours, nous écrit-il, il exisljc une Fédération Bretonne
de Touraine dont l'activité promet d'être féconde e t de longue durée. Le
programme en est) nettement nationaliste; l'aiocueil qui lui a été fait a
été sans réserve. J e crois devoir vous en donner un très court résumé, les
statuts n'étant pas encore définitivement arrêtés.
« Buts matériels ; vestiaire, aide aux femmes enceintes, familles nombreuses, etc. En résumé : dans l'esprit de sa création, la F. B. devant réunir
la totalité des Bretons très nombreux "habitant la Touraine, pourra disposer
de revenus importants. Dans ces conditions, tout membre (participant pourra
demander un secours pécuniaire ou un prêt d'honneur pour quelque motif
que ce soit.
« Buts moraux : réveil iet culture ichez les sociétaires du sentiment national
breton ipar l'appui donné au rappel et au maintien des traditions, coutumes
et usages de pays breton, entre autres :
« P a r la création d'un Pardon annuel avec messe et service solennel
pour les 250.000 Bretons morts pour la France' dans la dernière guerre.
Les personnalités de la région y seront invitées;
« P a r la création d'un Foyer; par des récompenses aux enfants apprenant
la langue bretonne dans les familles bretonnantes, apprenant l'Histoire de
la Bretagne; par des récompenses données aux personnes portant le costume
national d'une manière habituelle; institution de bureaux et renseignements.
« L e bureau est ainsi formé : vicelprésidents, MM. Guitton et Courtois;
secrétaires général et adjoint, docteur Le Magpurere et M. Le Reste; trésoriers, MM. Jarnaux et Baden.
« L'on m'a fait le grand honneur de me confier la présidence et j'espère
ne pas démériter. »
Nous félicitons bien sincèrement nos compatriotes de Touraine de se
serrer ainsi les coudes; l'union fait la fonce et "assure le respect. Sous la
direction éclairée et patriotique du docteur Perquis. la nouvelle société est
appelée à bien mériter de la patrie bretonne.
B. B.
L'ENSEIGNEMENT DES L A N G U E S RÉGIONALES
Mg)r Gieure, évêque de Bayonne, a récemment adressé a u x supérieurs
des séminaires et collèges libres de son diocfèse une lettre par laquelle il
institue un cours obligatoire d'histoire locale et un autre de langue gasconne
pour la région de Bayonne, béarnaise pour le Béarn et basque pour la Soûle
et le Labour. Dès que les manuels élémentaires auront été rédigés par les
professeurs auxquels ces cours ont été confiés, les mêmes enseignements
seront introduits dans les écoles primaires libres. Il est inutile de souligner
la portée de ces décisions pour l^avenir des langues régionales.
- D'autre part, cinq professeurs du lytcée de Bayonne vont donner dans
cet établissement des cours de langues basque, béarnaise et gasconne, de
littérature basque et d'histoire locale. M. G. Lacombe donne à la SOrbonne
un cours; libre de langue basque.
v
P O U R U N E RÉGION C O M T O I S E
Un très curieux mouvement se dessine en Franche-Comté en faveur d'une
région comtoise. Déjà, lors de la constitution des régions économiques.
Besançon avait, on s'en souvient, protesté contre son rattachement à Dijon.
L e projet Maunoiiry d e régions électorales indiquant le môme • rattachement,
la protestation a pris une plus grande intensité. A Salins (Jura), le 18 novembre, sur convocation du Syndicat d'initiative, avait lieu une première
manifestation organisée « pour protester contre le projet éventuel de rattachement de lai Franche-Comté à la Bourgogne » . Toutes les villes comtoises
y étaient représentées p a r d'importantes délégations, e t le Parlement, par
MM. Brocard, Ch. Dumont et Bouvet.
Le 16 décembre, sur l'initiative de M. Krug, maire, c'est au théâtre de
Besançon que se déroula la seconde. M M . Ordinaire et Victor Bërard, sénateurs, Caron, Maire, SaMlard, die Menthon ejj Gay, députés, de nombreux
conseillers généraux, d'arrondissement et maires, le président de la Chambre
de commerce, etc., y ont pris part. L e groupe interparlementaire comtois
Doubs, Haufie-Saûne, Jura c l territoire de Bel fort, avait arrêté les fermer,
d'une déclaration qui fut. lue p a r M . Ordinaire. « Lïntérût et le sentiment
y était-il dit, s'unissent pour nous conseiller de vivre et de travailler ensemble. »
BIBLIOGRAPHIE:
LE JOURNAL DE D1NARD. — Journal hebdomadaire d'information; absolument indépendant, organe -des intérêts généraux de la ville de Dinard.
Administration : 41 et 36, rue du Casino, Dinard (IHe-et-Vilaine).
G'esit avec plaisir que nous recommandons notre nouveau confrère à
ceux d e nos amis qui s'intéressent, à la région dinardaise. L e Journal de
Dinard nous semble ôtpe un modùile de ce genre de publications et c'est
avec plaisir que nous y avons noté de bons articles d'esprit très breton.
LES CAHIERS DU TERROIR, Revue bretonne, littéraire et artistique (Re'dacteur
en c h e f : M . J. de Roincé), 1, impasse Rallier du Baty, Rennes. Abonnement;
10 francs par an.
Nous avons reçu le premier numéro de cette nouvelle publication bretonne,
ainsi qu'une lettre très aimable de M . de Roincé, qui nous déclare, entre autres
choses» que son but est « de favoriser l'union entre ces frères ennemis que
sont.trop d e Bretons » .
Dans ces conditions, nous ne pouvons qu'applaudir au but que se propose
la nouvelle Revue et formons pour son succès les vœux les plus cordiaux.
L e s Cahiers du Terroir ne publient que de l'inédit et leur programme est
de défendre la littérature bretonne, ainsi que de permettre aux jeunes d'aborder
le grand .public.
Chaque numéro contiendra une étude ou une longue nouvelle, des articles
variés, des poésies, des échos, une revue des livres, des revues et journaux,
du théâtre, des arts, etc.
LE FURETEUR
BRETON.
(10 francs p a r a n ) .
— Administrâteur : 99, boulevard Brune,
Paris
Sommaire d u n ° 72 qui vient-de paraître (2 fr. 5 0 ) : E. P . : Les observations d e Regnaidt Dprléans, écrivain breton; T . : U n autre Vi.Hièrs d e
l'Isle-Adam; G. Martin : L e premier, contingent noir de l'armée française,
Les « hussards américains » d e Saint-Domingue à Nantes e n 1793; J. d e
d i s : L a ville franche e t l e port de (Morbihan (1626-1628) ; L a Brdèrte. —
Réponses e t questions diverses. Gesta et legenda. Illustration : Fédrum, i a
ché de l'Ile.
L e aérant
: J. O u ï r a s , 17, rue de Brest, Landeneav.