Glenmor flyer Brest 2013

PRÉSENCE
DE GLENMOR
Lorsque Glenmor montait sur scène, la silhouette chevelue et légèrement voutée du barde de
tous les combats paraissait immense. Dès que, décontracté, sarcastique et pourfendeur des idées
reçues, il se penchait sur sa guitare, un frisson parcourait les travées de la salle. Tandis que Fanch,
l’inimitable contrebassiste donnait le ton, l’intense regard bleu du maître achevait de subjuguer
l’assistance. Alors, une voix rauque, puissante, violente ou tendre, selon les thèmes évoqués,
montait des entrailles du barde. Jamais la fragilité pulmonaire dont il souffrait en secret, ne transparaissait dans l’impétuosité de ses élans poétiques. « Quand je suis aphone, disait-il, je récite
mes textes à voix basse et ils passent aussi bien, parce que je suis autre chose qu’un brameur ».
Comme chez d’autres, ses paroles racontaient la joie de vivre, l’amitié, l’amour, la tristesse, la
souffrance et la mort, mais les mots au sortir de ses lèvres prenaient soudain une force émotionnelle capable de retourner le public le plus réticent. Plus puissante encore et plus évocatrice surtout pour nous Bretons, montait de la gorge du barde, l’invocation prophétique et vengeresse au
souvenir de la terre ancestrale et des grands mythes transmis par la mémoire des Celtes. Qui
s’étonnera donc de la complainte en duo O Keltia, cri d’amour de l’âme transcendance de
Glenmor, magnifiée par la diction de Katell, soit devenue son ultime témoignage.
Il fut l’ami de Léo Ferré. Ils firent ensemble plusieurs récitals en Bretagne et ailleurs. Jacques Brel
appréciait son talent et le tenait en haute estime. Pour autant, l’homme du Poher n’accepta jamais de se fondre dans les sphères formatées du show-biz. Au palais de la Mutualité le 17 avril
1967, alors que la foule en délire acclamait le barde, un voisin, plumitif du cru, me glissa à
l’oreille : ce type est une force de la nature mais ses vérités ne sont pas les nôtres, il nous fait
peur.
Celui qui fut notre Milig à nous, puisait son inspiration dans le silence de la vieille tour de Glomel
et plus tard au manoir du Poul en Mélionnec où il écrivit aussi plusieurs manuscrits. Il lui arrivait
également de tracer à l’envolée des
notes de musique sur le papier d’un
coin de bistrot. Chez lui, il tenait table
ouverte aux grandes occasions. Nombreux furent ceux qui eurent la chance
de se retrouver dans ces lieux inspirés
par la seule présence de celui qui fut et
demeure la barde de toutes les Bretagnes.
André LE PAPE
Président de Dihunerien
Compagnon de route
THÉÂTRE
CHANTÉ
Spectacle en français avec quelques textes et chants en breton
Glenmor Disuj est une œuvre poétique et théâtrale née de la volonté et du talent d’une poignée
d’artistes bretons désireux de redonner vie et actualité à un personnage hors norme, dont les apports culturels et politiques en faveur de la Bretagne sont encore loin d’avoir été appréciés à leur
pleine valeur. Certes, il est vrai que ses disques et ses livres n’ont jamais cessé d’être repris par
l’association Glenmor an Distro et qu’ils ont toujours bénéficié de la diffusion de Coop Breizh.
Mais comme il arrive souvent aux esprits novateurs et contestataires, plusieurs années de recul,
même d’oubli, et ici sans doute aussi de deuil, ont été nécessaires pour que l’impressionnante
silhouette du barde ressurgisse vraiment de l’ombre dans toute sa force émotionnelle et poétique. On doit ce service éminent à des interprètes enthousiastes, très respectueux de son génie
créateur, et qui sont parvenus à pénétrer jusque physiquement dans les méandres complexes de
sa personnalité, telle qu’elle put être accessible de son vivant.
Sur scène, quatorze interprètes, acteurs, chanteurs et musiciens, endossent chacun dans sa partie, les facettes multiples de l’inspiration féconde du barde et s’activent sur un fond de projection
d’images d’époque. Le cadre dépouillé du spectacle et les développements sensibles ou cocasses
qu’il comporte, veillent jalousement à ne jamais s’écarter d’une stricte fidélité à la musique et
aux paroles de l’auteur.
Quinze séquences présentées sous l’aspect de tableaux vivants se succèdent et s’emboîtent les
unes dans les autres. Elles racontent le quotidien de la vie d’un artiste dont l’état d’esprit et les
préoccupations étaient fort éloignés de celles de la plupart des gens de son temps.
Aujourd’hui, grâce spécialement aux représentations de Glenmor Disuj, ce sont surtout sa manière incomparable de chanter l’amour de la vie et de célébrer son attachement infini à la Bretagne - sans doute les trésors les plus précieux et les plus apaisés - que l’ancien barde aux accents
épiques lègue aux jeunes générations de son pays et d’ailleurs.
André Le Pape
Le texte du spectacle « GlenMor Disuj - L’insoumis » avec chants et photos, est édité par Emgleo
Breiz
Evit rentañ enor da GlenMor eo bet savet an abadenn Disuj. Hag evit lakaat ar Barzh hag ar
Stourmer da vezañ anavezetoc’h gant an dud, ar re yaouank dreist-holl. Estreget kanaouennoù
galleg ha brezhoneg, en deus bet skrivet barzhonegoù, prederiadennoù ha romantoù.
DISTRIBUTION...
Patrick Audouin : piano
Anne Auffret : harpe
Martial Herry : clavier
Fañch Bernard : contrebasse
Xavier Lecomte : violon
Pierre Thebault : cornemuse
Michel Prigent : percussions
Andrea Ar Gouilh : chant
Yvon Etienne : chant
Jean-Pierre Quere : chant
Nikol ar Vourc’h : actrice
Bob Simon : acteur
Yann-Edern Jourdan : acteur
Goulc’han Kervella : acteur
Sonorisation : Eric Péron
Création lumière : Stéphane Leucart
Vidéo : Egareg Kervella
Costumes : Nolwenn Castel et Armor-
Arrangements et direction musicale : Patrick Audouin
Le texte de Disuj-L’insoumis a été écrit par Goulc’han Kervella à partir de
l’œuvre de Glenmor et de celle de son ami Xavier Grall ; et aussi d’interviews
de personnes ayant bien connu le barde, Katell, son épouse, et le musicien
Fanch Bernard, en particulier.
Poent eo stagañ Bretoned
Gant stourm meur ar Vro
Poent eo skubañ an oaled
Kempenn an ero
Un deiz e vo sklaer an amzer !
(Kan-bale Breizh)
Photos : Yvon Boëlle - JC Philippot - Alain Le Nost
E-pelec’h emaoc’h-c’hwi
E-pelec’h e red ho koantiz
E-pelec’h ho kavin-me
Ma’z eo echu ho yaouankiz ?
(Viviana)