Antonin Negers (1), Caroline Thomas (1), Pierre Alexis

Maintien à domicile difficile des patients âgés:
le recours aux urgences peut-il être évité?
Antonin Negers (1), Caroline Thomas (1), Pierre Alexis Raynal (2), Jérôme
Bay (1), Youri Yordanov (2), Muriel Chaillet (2), Dominique Pateron (2)
1.  Gériatrie Aigue, CHU Saint-Antoine, APHP, Paris, France
2. Service des Urgences, CHU Saint-Antoine, APHP, Paris, France
Introduction: Le maintien à domicile de la personne âgée est devenu un enjeu de
santé publique.
L’objectif de cette étude est d’analyser les caractéristiques des patients adressés aux
urgences (SU) pour perte d’autonomie (PA) afin d’évaluer la possibilité d’éviter de
recourir au SU pour ce motif.
Matériel et méthode: étude rétrospective (Mars-Aout 2012) sur les patients > 75 ans
ayant consulté à la demande de leur Médecin Traitant (MT) aux SU pour PA.
La PA est ici définie par un score ADL ≤4 (1). Les données recueillies portaient sur
les caractéristiques des patients, de leur PA et de leur prise en charge.
Des questionnaire auprès de leur MT recueillaient leur point de vue sur les difficultés
de prise en charge de la PA à domicile.
Discussion: 99 (37%) des 268 patients adressés comme tel par leur MT
répondaient aux critères de PA, et 76 d'entre eux (77%) ont été hospitalisés.
La PA survenait dans un délai > 15j précédant l'arrivée aux urgences (45%).
Les signes cliniques prédominants à l’arrivée au SU étaient l'asthénie et/ou l'anorexie
(41%) ainsi que des troubles de la marche (22%).
Les pathologies chroniques sous jacente étaient des troubles cognitifs (33%), une
dénutrition (17%) et un syndrome anxiodépressif (13%).
Les événements aigus étaient une infection aiguë (28%), une défaillance aiguë d’une
pathologie chronique (24%), une chute (12%).
Les principales difficultés sociales de ces patients étaient un isolement social (75%)
et des difficultés financières (22%).
Après analyse des moyens mis en œuvre lors de l’hospitalisation pour la prise en
charge de cette PA, 36 % des patient ont été considérés comme pouvant être pris en
charge exclusivement à domicile et 64% comme nécessitant de fait une
hospitalisation.
Les obstacles rencontrés par les MT à domicile étaient principalement le refus d’aide
(32%) ainsi que les délais d’hospitalisation programmée (30%) et de mise en place
d’aides à domicile (28%).
Conclusion: Seulement un tiers des patients adressés pour PA en présentent les
critères. De plus, son délai de survenue est souvent supérieur à 2 semaines.
Une meilleure anticipation et une meilleure coordination ville-hôpital sont nécessaires
pour diminuer le recours aux SU pour ces patients.
(1) Lawton M., Brody E.M. Assessment of older people: self maintaining and instrumental
Activities of Daily Living. Gerontologist 1969