article France Agricole du 21/11/14

MACHINISME
æ
Produire de l'hydrogène
u uett
D
à partirdu lisier
il est très volatil (2 atomes). < Si on
veut l'utiliser, on doit le mettre dans
une bouteille ou changer sa forme
(liquide ou solide). Ses principales
applications sont les piles à combus-
tible, la production de gaz naturel
selon le procédé de la méthanation
et son injection dans une centrale
à gaz pour faire de l'électricité. >
Air Liquide produit
1,5
million de
tonnes d'hydrogène par an.
<
Pour
l'instant, on "craque" la molécule
;l
de méthane (CH4), mais cela rejette
du CO, dans l'atmosphère >, indique
ii
Pierre Crespi. Le groupe industriel
cherche donc de nouvelles sources
d'hydrogène propre, d'où l'idée de
l'hydrogène vert.
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il
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TROIS ATOMES D'HYDROGÈNE
i
Le lisier, et notamment le lisier de
porc, est riche en ammoniac, dont
la formule chimique (NH3) contient
trois atomes d'hydrogène. Iæ fumier,
beaucoup moins riche, en a sept
I
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fois moins. < L'objectif est de voir
si on peut extraire de l'hydrogène
industrielAir Liquide a lancé des travaux
de recherche sur [a production d'hydrogène à partir de lisier.
Le groupe
e transport, le bâtiment,
l'industrie... L'hydrogène
intéresse de nombreux marchés. < D'ici 10 à 20 ans.
nous espérons que de nombreuses
voitures rouleront avec des piles
à combustible. Les gros constructeurs annoncent la production en
série pour 2015 >, explique Pierre
Crespi, directeur innovation chez
Air Liquide, Ieader mondial des gaz
t
industriel, qui intervenait Ie 29 sep
tembre à l'Assemblée générale de
l'Apepha (1).
L'hydrogène est très intéressant
<
carburant, quatre fois plus performant que le pétrole, capable de faire
décoller une fusée >, précise Mickaël
Feuildet, expert au bureau d'étude
Belenn ingénierie. Son problème:
000 t d'ammoniac pour faire
rouler 30 000 voitures par an
I
a En 2020, une petite voiture
avec pite à combustible coûtera 40 o/o plus cher qu'une
grosse voiture dieset. Mais
compte tenu du contexte environnementat, si
nous pouvons proposer une offre avec de t'hydrogène totalement vert, c'est-à-dire 0 gramme de
C0r, nous risquons d'intéresser des consomma-
teurs. Nous estimons oue
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000 t d'ammoniac
oermettraient de faire rouler 30 000 voitures par
an. Le gisement est très important dans les lisiers,
notamment en Bretagne. En traitant 5 mittions de
tonnes de lisier, on pourrait extraire 17 000 t d'ammoniac, soit 3 000 t d'hydrogène. Notre votonté
est de réduire t'épandage d'azote au profit d'une
mo[écute qui contient de t'énergie. C'est d'autant
plus intéressant si ceta peut contribuer à la réduction de ['excédent d'azote en Bretagne.rr
LA FRANCE
à
Il est très abondant dans
l'univers mais, surtout, c'est un super
deux titres.
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É
Il serait liquéfié
sur place. Ensuite, il pourrait être
transporté vers un site industriel
pour être "craquê". On récupèredes lisiers d'élevage.
AGRrcorcros
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42 - 2t NOVEI/BRE 2014
rait 1'hydrogèn e el I' azote repartirait
dans l'atmosphère, son circuit naturel pour être capté par les plantes,
poursuit le directeur. Ainsi, on se
retrouverait avec de 1'hydrogène
totalement décarboné. > Ce système
pourrait également être combiné
avec un méthaniseur. La chaleur
produite, qui est souvent surabondante, serait utilisée pour chauffer
le digestat et extraire I'ammoniac
pur. Reste à trouver un modèle
économique qui puisse intéresser
des agriculteurs, en comparant le
coût du traitement comprenant un
prix de rachat de l'ammoniac Par
Ie gazier par rapport au coût de
l'épandage. Autre point: i1 faudra
également garder un pouvoir d'engrais à ce digestat. < Les agriculteurs
produisent déjà de l'électricité, du
méthane, demain ils trouveront
peut-être d'autres valorisations >,
se
réjouit Pascal Chaussec, président
de l'Apepha.
lsabelle Leias
(1) Agriculleurs producteurs d'électricité photG
voltar'-que associés
(rm.apepha.fr).