BULLETIN DE LIAISON NUMERO 71 Novembre 2014 Editorial : « Bilan… d’avenir » L’automne est bien installé, et l’hiver pointe déjà son nez. L’heure est au bilan ! Et dire qu’il est maigre est un doux euphémisme. Des récoltes divisées par cinq dans le Forez, et des chiffres très similaires dans de nombreuses autres régions françaises. De mémoire d’apiculteur, on n’avait jamais constaté un tel résultat. En fouillant les archives, on trouve quand même trace d’une année semblable au début des années 80. Une année 2014 catastrophique localement qui fait suite à deux années très médiocres. De quoi décourager les plus téméraires ! et pourtant… Pourtant nous constatons dans notre syndicat, mais aussi plus largement autour de nous, que l’apiculture fait naitre des vocations de plus en plus abondantes. En témoigne le nombre des stagiaires qui ne cesse d’augmenter (et de rester pour grossir les rangs !). Alors qu’une poignée d’apprentis apiculteurs se retrouvaient à la MJC de Feurs trente ans en arrière, les «promotions » étaient bien modestes, bien que de qualité, et pour des sessions bisannuelles. Début des années 2000, toujours tous les deux ans, on compte déjà une vingtaine de stagiaires par session. Les trois dernières éditions rassemblaient environ quarante stagiaires chacune ! et surtout une fréquence désormais annuelle ! Il a fallu 20 ans pour former 178 nouveaux apiculteurs jusqu’en 2010. Il ne faudrait que 5 ans avec ce nouveau rythme ! Qui sont ces nouvelles apicultrices et nouveaux apiculteurs ? Quelles sont leurs motivations pour se glisser dans une vareuse et se décider à ouvrir une ruche ? Cet apiculteur moderne, ou tout au moins nouveau, est-il à la recherche de sensations fortes, en bravant les dangers du monde des insectes ? L’apiculture serait-elle une destination associative exotique à la mode ? A l’heure où les questions environnementales semblent préoccuper de plus en plus de monde, l’apiculture est1 elle une valeur refuge ? Pour faire œuvre utile comme on dit… et apporter sa pierre au mur de la biodiversité, vocable très en vogue ? Le monde des abeilles attire-t-il par son aspect poétique, d’aucuns diraient même magique ? Ou encore pour cet aspect de Nature contenue, mais jamais vraiment à la main de l’Homme ? Mais l’exotisme, l’œuvre utile ou la magie s’épuiseraient vite à traverser des années où le miel manque et les colonies souffrent. Un autre ingrédient est peutêtre le catalyseur de cette réaction : la convivialité. La convivialité qui commence déjà par les partages d’expériences autour des ruches, par exemple lors des séances au rucher-école, ou lors de veillées hivernales. La convivialité qui se poursuit dans les prêts de matériels par le syndicat, ou dans toutes les actions communes qu’improvisent les apiculteurs sur leurs secteurs. Convivialité qui se partage aussi en même temps qu’un verre d’hydromel, dans l’esprit voulu par l’Abeille du Forez. Pratiquer l’apiculture en amateur nous soustrait à la contrainte économique, et nous permet de trouver ce que l’on cherche au travers de notre passion, quelles que soit nos motivations. Continuons de développer cette convivialité, avec notre réseau social non virtuel (notre Facebee…) afin que la colonie des apiculteurs passe l’hiver des années difficiles. Bonne lecture de votre bulletin. Le printemps n’est pas loin… Bertrand CHARLES Le monde de l'apiculture locale est en deuil. Jean ANDRE, fondateur du '' Centre d'Apiculture '' de Saint Etienne est décédé le 4 octobre dernier. Il a par son activité fortement contribué à l'expansion de la pratique de l'apiculture bien au-delà de notre région. Sa personnalité ainsi que la chaleur de son accueil ne laissaient personne insensible. Les apiculteurs de l'Abeille du Forez dont il était adhérent partagent la peine de sa famille et de ses proches. 2 SOMMAIRE DU N°74 Editorial 1- Bilan de la saison apicole 2- Veillée apicole, passée et à venir 3- Prix des miels : « l’envolée » 4- Echos du congrès de Colmar 5- Syndicat et activités apicoles 6- Humidité des miels 7- Assemblée générale 8- Du côté de la recherche 9- Mes aventures et… mésaventures apicoles 10- Petites annonces 1 – Bilan de la saison apicole ''Une année noire, saison catastrophique ou désastreuse, apiculture en danger …'' tels sont les titres qui introduisent les articles qui commentent la saison 2014. Et ceci est général. En consultant nos archives il faut remonter jusqu'en 1979 pour trouver des commentaires semblables à 2014. Cela avait pourtant bien commencé. Pour une fois que la sortie d'hivernage était encourageante : peu de mortalité, peu d'orphelinage, des colonies qui démarraient bien. « Cette année on devrait faire quelque chose !» Le beau temps en mars et avril nous confirmait dans cet espoir. C'était sans compter sur le vent du nord qui souffla trois semaines en mai puis soudainement sur quatre ou cinq jours de fort vent du sud. La miellée d'acacia fut donc très médiocre. En juin la première quinzaine fut favorable à la miellée de montagne. On a doublé, parfois triplé les hausses, puis le vent du nord est revenu. Les hausses sont restées vides car les abeilles ont consommé leurs réserves en juillet et en août, globalement humides, couverts et frais. Mais l'année n'était pas terminée. Bon nombre de colonies ont dû être nourries dès le mois d'août pour ne pas les voir mourir de faim. D'ailleurs cette année on a battu les record de nourrissement. 3 Douze à quinze kilos ont été nécessaires pour mettre les colonies en hivernage. Heureusement l'été indien en septembre et octobre a permis de relancer la ponte et de distribuer le sirop dans de bonnes conditions. Quant à la récolte 2014, on peut l'évaluer entre le quart et le cinquième d'une année normale. malgré ces trois années démotivantes. D'ailleurs, signe encourageant, sans doute motivées par l'action des médias qui communiquent sur les problèmes de l'apiculture, nombreuses sont les personnes désireuses de se former à la pratique de l'apiculture et l'Abeille du Forez s'efforcera de les aider à y parvenir. Marc Fougerouse Pas d'acacia, pas de sapin, pas de callune, peu de toutes fleurs. Ce constat et général et la pénurie a inévitablement entraîné une hausse conséquente des cours : la rareté faisant la cherté. Les apiculteurs les plus avisés ont misé sur la saison 2015 en utilisant les bataillons de butineuses désœuvrées pour accroître leur cheptel. D'ailleurs l'élevage et la fécondation des reines ont mieux réussi en été qu'au printemps. Ceux d'entre nous qui vivent de l'apiculture après deux petites années et une saison dernière quasi négative, vont devoir ''serrer très fort les dents''. Certains annoncent n'être pas sûr de pouvoir le faire. Par contre ceux l'apiculture à l'abri économiques doivent pas succomber au qui pratiquent des impératifs s'efforcer de ne découragement 2- Les apiculteurs du Forez veillent... Une ruche en hiver... le calme, presque la désolation. On distingue parfois à peine un signe de vie. Le candide pourrait croire que la caisse en bois n'est plus habitée. Mais l'apiculteur, lui, sait, ou espère, que les planches rendent invisible une colonie qui s'active, même au cœur des plus grands froids. L'apiculteur en hiver... le calme, presque l'hibernation. On distinguerait parfois de l'inquiétude. On pourrait croire qu'il s'ennuie, et que l'apiculture n'occupe plus son temps ni ses pensées. Celui qui a participé à la veillée apicole du 12 février dernier sait qu'il n'en est rien, et que les méninges de l'apiculteur s'activent même au cœur des plus grands froids. 4 Et quelle activité. Au cours d'une soirée rondement menée par Fabrice Douay, transformé pour l'occasion en Maître de cérémonie, les questions, les remarques, les observations se sont bousculées, comme des abeilles chargées de pollen à l'entrée d'une ruchette devenue trop exiguë. Une dizaine de thèmes ont été abordés : le traitement de la varroase et l'approvisionnement des lanières, le nourrissement de stimulation et son protocole, l'utilisation de l'acide formique - ses dangers et ses résultats, la présence de fourmis dans l’isolant, la mésaventure d'un grand-père apiculteur avec son petit-fils lors d'une visite au rucher, la conduite des nucléi et notamment en hiver, comment protéger ses cadres bâtis de la teigne, l'importance de peser ses ruches et comment le faire, etc., etc., etc. personnelles ou de débats de fond. Je retiendrai de façon complètement partiale un témoignage et une réflexion de Jim Siclon sur le rôle des apiculteurs dans la transmission des messages de sensibilisation au respect de l'environnement, et le souci d'exemplarité que nous devons tous avoir. Rien qu'avec ça, on aurait pu faire la soirée ! Mais il fallait une fin, malheureusement, et certains sujets ont dû être éludés. Car si l'apiculteur en hiver fait preuve d'une forte activité cérébrale et d'une bonne dose de curiosité, il a aussi une forte propension à la gourmandise. On a assisté alors à une transhumance des 70 personnes présentes vers le copieux buffet préparé par les participants et les organisateurs. Et la veillée s'est prolongée jusque tard, de questions en petits fours, d'hydromel en discussions… Il faudrait un bulletin entier pour relater ce qui s'est dit, d'expériences Bertrand CHARLES VEILLEE APICOLE 2014 A noter dans vos agendas ! La veillée apicole aura lieu le mercredi 11 FEVRIER 2015 à 20h Au Centre Social de Montbrison 5 3- Prix constatés des miels : l’envolée ! De 18 300 tonnes en 2010, la production française de miel est passée à 12 000 tonnes l’an dernier. Elle est estimée entre 9 000 et 10 000 tonnes cette année, soit environ le quart de la consommation nationale. (Source : « Syndicat Français des Miels » Congrès de Colmar, octobre 2014). La production nationale est en net recul depuis plusieurs années : mortalités des abeilles, dégradation de l’environnement, baisse des rendements, etc. Les causes ne manquent pas et quand des conditions climatiques défavorables se surajoutent, c’est vite la Nature du miel Toutes fleurs Plaine Toutes fleurs Montagne Acacia Châtaignier Forêt Bruyère Sapin Crêmeux Grandes surfaces de 10,99 à 13,05 € /kg de 5,99 à 8,30 € (1/2 kg) Non trouvé en pots kg de 7,50 à 7,85 € (1/2kg) Un seul à 17,80 € /kg de 7,50 à 8,10 € (1/2 kg ) Non trouvé en kg De 7,49 à 8,30 € catastrophe comme cette saison. Pour satisfaire la demande, la porte va être grande ouverte aux importations de miels étrangers. Qu’en sera-t-il alors de la qualité et de la conformité de ceux-ci, surtout si des prix « attractifs » veulent être offerts ? Telle est la question que les acteurs de la filière apicole et principalement les importateurs, doivent se poser et, à coup sûr, telle sera la question que se posera tout acheteur dans la moyenne ou grande surface où il fait habituellement ses courses. Par contre-coup les miels locaux n’en ont que plus de valeur. Si vous commercialisez un peu de votre production, et le Syndicat vous y invite, ayez conscience de cela. Marché 9 à 10,50 € 11,50 à 12 € 12,50 à 14 € 12,50 à 15 € / Non trouvé en kg 8,49 € (1/2 kg) 16,90 € / kg 9,49 € (1/2 kg) / Non trouvé sur le marché 15 à 16 € / kg idem miel liquide 9,00 € Expo-Apicole 9,50 € 5,20 € (1/2 kg) 11 € 6 € (1/2 kg) 12,50 € 6,90 € (1/2 kg) 12,50 € 6,90 € (1/2 kg) 13,50 € / kg 7,40 € (1/2 kg) 15,50 € / kg 8,50 € (1/2 kg) 15,50 €/kg 8,50 (1/2 kg) fleurs 5,70 € (1/2 kg) montagne 6,50 € (1/2 kg) 6 Apportez tous vos soins à la production, à l’élaboration et à la présentation de vos miels et… ne les bradez pas. Après une hausse sensible des prix en 2012 et 2013 suite à des récoltes bien moyennes, pour ne pas dire médiocre en 2013, année «sauvée » par la miellée de sapin, nous assistons cette année à une véritable envolée des prix, selon l’adage bien connu : « ce qui est rare est cher ». Comme chaque année avec le bulletin de novembre, vous trouverez un tableau des prix constatés des miels. Nous pensons apporter ainsi une aide à tous ceux qui souhaitent commercialiser une partie de leur production et qui n’ont pas de repères objectifs pour décider d’un prix, tout particulièrement les nombreux nouveaux adhérents. Les informations recueillies sont réunies dans un tableau avec une fourchette de prix des plus bas aux plus élevés pour les supermarchés et le marché de Montbrison et les prix constatés à l’exposition apicole début octobre. Ces prix ont été relevés en septembre (marché), début octobre (expo-vente) et fin octobre (moyennes et grandes surfaces). Les prix « grandes surfaces » indiqués dans notre tableau sont ceux des miels dits « du terroir » ou «locaux », c’est à dire ceux qui correspondent le mieux aux miels que nous produisons. De tels miels en grandes surfaces ne sont pas faciles à repérer, noyés au milieu de miels dont les appellations sont fantaisistes. A lire les étiquettes de près on s’aperçoit que de nombreux miels sont des « mélanges de miels originaires et non originaires de la C.E. », écrit en tout petit. (Alors qu’en gros caractères bien visibles apparaît « miel conditionné dans ….suivi d’une région bien française ; exemple sans doute non pertinent car trouvé une seule fois, mais quand même). En fonction des assemblages de différentes origines, cela permet d’offrir des miels aux étiquettes très poétiques : miel « doux », miel « corsé », miel « corsé et intense », miel « bon et vivifiant, comme l’air pur des montagnes » (non, non je n’invente rien ! et à 6,65 € la livre reconnaissez que ce n’est pas cher) et encore cette année le « brut de ruche » découvert l’an passé. Jean-Louis PERDRIX 7 4- Echos du congrès de Colmar Le 20ème congrès de l’apiculture française, organisé par le S.N.A., avec la participation de la Fédération des Apiculteurs du HautRhin, s’est déroulé les 10, 11 et 12 octobre dernier au Parc des Expositions à Colmar. Chaque congrès (qui a lieu tous les deux ans, organisé à tour de rôle par le SNA et l’UNAF) présente un double intérêt : l’exposition et les conférences. L’exposition est véritablement la vitrine de l’apiculture ; c’est en quelque sorte le catalogue à ciel ouvert des différents acteurs de la filière apicole. Pour le congressiste c’est l’occasion de voir du matériel, gros ou petit, de la transhumance au marquage de reines, matériel dont il a la connaissance mais pas l’usage, d’en discuter l’intérêt ou la pertinence avec des utilisateurs, d’échanger des expériences, des savoirs et des savoir-faire. C’est aussi l’occasion de découvrir les dernières nouveautés apicoles, certaines relevant d’ailleurs plus du gadget que de l’innovation à proprement parler. Pour avoir fréquenté assez régulièrement de telles expositions lors des congrès nationaux, j’ai trouvé que celle de Colmar était remarquable, aussi bien par la surface occupée que par le nombre et la diversité des exposants et la richesse des produits exposés. J’ai en particulier noté une offre importante dans le domaine de la santé de l’abeille, que ce soit dans la lutte contre la varroase (nouveaux produits MAQS, Hopguard), dans le domaine de la prophylaxie ou simplement du «bien-être» de la colonie (produits de nourrissement enrichis en compléments alimentaires, candi enrichi en pollen et propolis, huiles essentielles, cocktails de «produits naturels» à ajouter au sirop stimulant ou à l’eau des abreuvoirs…). Les offres pour la santé de l’abeille, ou son bien-être, semblent suivre la même dérive que celle qu’on peut constater en pharmacie ou parapharmacie pour l’homme ! Quant aux conférences, elles furent elles aussi remarquables : qualité des intervenants (scientifiques ou praticiens apicoles de renom) et sujets variés mais tous aussi dignes 8 d’intérêt les uns que les autres, que ce soit pour leur actualité (frelon asiatique, petit coléoptère de la ruche, traitement contre la varroase, OGM) ou leur intérêt scientifique (effets des pesticides à très faibles doses, phénomènes de synergie entre les différentes molécules des pesticides, travaux de recherche sur le VSH – varroa sensitive honeybee : aptitude de l’abeille à détecter les varroas dans les cellules operculées et à les éliminer.) Il est bien sûr hors de question de présenter un compterendu de ces interventions dans le cadre de ce modeste bulletin. Cependant pour terminer je vais le faire très brièvement pour une partie de l’une d’entre elles. D’abord parce que c’est sous forme de recommandations simples , et simples à mettre en œuvre, et qu’elles émanent de Jos GUTH, l’éleveur de reines Buckfast luxembourgeois avec son associé Paul Jungels, tous deux très connus au niveau européen et vraisemblablement au niveau mondial aussi. De plus elles sont encore un peu « de saison ». Cette partie de son exposé était intitulé : soutien de la thermorégulation dans la colonie. Voici ses préconisations pour « un hivernage garanti » (dixit Jos Guth). Avoir une population correcte (pas forcément très forte et à plus forte raison trop forte.) Avoir des provisions abondantes. (Elles doivent permettre la «jointure» avec le démarrage printanier sans besoin de nourrir.) Créer dans la ruche un micro-climat sec. Pour cela utiliser un couvrecadres percé d’un trou (comme un trou nourrisseur) et fermé par un grillage, avec un entourage par liteaux de 5 cm. de haut. Le liteau avant, dans sa partie haute, est ouvert d’une fente de 2 mm. sur toute sa longueur. L’intérieur du couvre-cadres est occupé par un coussin en fibres de chanvre dans une enveloppe pare-vapeur. Ces deux derniers éléments se trouvent dans les magasins de matériaux de construction. Le tout est coiffé du toit tôlé avec un isolant styrodur de 25mm. à l’intérieur. Conséquence : bannir le nourrisseur couvre-cadres vide, laissé en place tout l’hiver. 9 Supprimer le plancher grillagé ou alors l’obturer. Il convient de limiter au maximum les courants d’air. Resserrer les colonies au maximum. Faire usage de partitions étanches ; pas nécessairement recouvertes d’aluminium utilisé comme matériau d’isolation dans le bâtiment. Si on le fait, c’est bien ; mais cela ne semble pas apporter une amélioration notable. Toutes ces recommandations contribuent à économiser les provisions et prolonger la vie des abeilles. Il va sans le dire que la colonie hivernée est en bon état sanitaire, a été traitée efficacement contre la varroase et a à sa tête une jeune reine (2 ans maximum). Beau programme, non ? Jean-Louis PERDRIX 5- Syndicat et activités apicoles Le rucher-école : Toutes les colonies ont passé l’hiver 2013-2014 sans encombres. Les quelques stagiaires qui avaient laissé à Savigneux leurs essaims faits tardivement en juillet 2013 ont pu en prendre possession en avril après qu’ils se soient bien développés. Le rucher comptait alors une quarantaine de colonies et la saison s’annonçait des plus prometteuses. La suite on la connaît, car l’appellation « rucher-école » ne protège pas des aléas climatiques, hélas ! Une récolte de printemps très faible avec un miel en partie déjà cristallisé lors de l’extraction, une production d’essaims avec passablement de déboires (reines mal fécondées, colonies qui végètent, nécessité d’un nourrissement régulier…), ce qui fait que 6 essaims seulement purent être fournis. Quelques-uns plus tardifs passeront l’hivernage au rucher-école comme ce fut le cas la saison dernière. Puis fin mai et début juin ce fut la désolation : sécheresse, absence de récolte, ruches commençant à s’affaiblir ; la décision fut prise de transhumer la majeure partie du rucher en montagne. Le 6 juin, 28 ruches se retrouvèrent ainsi sur un emplacement au Col des Pradeaux. Ce fut aussi l’occasion d’initier les stagiaires volontaires à la 10 transhumance et de découvrir par la pratique les différentes méthodes. Après deux premières semaines encourageantes où la première hausse se remplit et permit la pose de la seconde, ce fut juillet et août et leurs cortèges de pluies, brouillards, températures automnales et un retour début septembre pour la séance de mise en hivernage qui eut lieu le 6. Au total 39 colonies furent visitées, traitées (inserts Apivar) et ….copieusement nourries. Quant à la récolte elle se monte à 72 kg, soit environ 3 kg par ruche. Pour mémoire, la production avait été de 340 kg l’an passé, avec un nombre de ruches en production à peu près identique et sans transhumer. Il est à noter que début juillet le Syndicat avait été sollicité par le Lycée Agricole de Précieux pour fournir des ruches en vue de polliniser une parcelle de tournesol semence. Neuf colonies, majoritairement des essaims, furent transhumées et mises à disposition. Une seule colonie reçu une hausse et fit une petite récolte. Les essaims qui durent être nourris pendant le mois de juillet s’étoffèrent en août et avaient de belles populations lors de la mise en hivernage. Mais le rucher-école c’est aussi, et sans doute avant tout, le support des cours d’apiculture dispensés tout au long de l’année, d’octobre à juin au Centre Social de Montbrison. Huit séances ont eu lieu de mars à septembre et toutes furent très fréquentées. Les photos mises en ligne (www.abeilleduforez.com/fil rouge) en témoignent. Rappelons que chaque séance au rucher-école fait l’objet d’un reportage très pédagogique mis en ligne sur le site dans la rubrique « Fil rouge » et que celui-ci peut vous servir de guide pour intervenir dans votre propre rucher en vous apportant des repères et des conseils très utiles. 11 La formation La première séance qui fut une prise de contact a eu lieu le mercredi 15 octobre au Centre Social de Montbrison. Il y avait déjà plus de 30 présents. La promotion 20142015 est donc partie sur des bases de record comme on dit dans le domaine sportif. En effet chaque année elle s’étoffe en cours de route et gagne une dizaine de participants. C’est donc sans doute une quarantaine de stagiaires qui auront suivi le cursus quand prendra fin la session avec la dernière séance au rucher-école en septembre 2015 et qui pourront se prévaloir du titre d’apiculteur. Mais ce sera aussi, et surtout, une dissémination non négligeable de ruches et d’abeilles sur la région, pour le plus grand bénéfice de la biodiversité. Jean-Louis PERDRIX 12 L’Abeille du compétences Forez gagne en Les 18 et 19 octobre derniers, le syndicat de l’Abeille du Forez a organisé un stage d’analyse sensorielle des miels dans les locaux du lycée agricole de Précieux. Avec l’expertise de Didier Mouchet, conseiller technique auprès du SNA, 17 stagiaires et 2 organisateurs ont acquis les outils et méthodes permettant de caractériser un miel et de décrire ses qualités organoleptiques (caractères visuels, olfactifs, gustatifs et tactiles). Didier Mouchet, fort d’une longue expérience professionnelle dans l’industrie agroalimentaire, et notamment dans l’analyse sensorielle de divers produits et dans le contrôle qualité, a animé deux journées riches en apports théoriques, mais également en expérimentations pratiques. Le groupe quant à lui était constitué d’apiculteurs expérimentés et novices, conduisant de quelques ruches pour certains à plusieurs dizaines pour d’autres. A noter la présence de trois stagiaires issus de la dernière « promotion » des cours de formation mis en place par l’Abeille du Forez, ainsi que d’un apiculteur du département de l’Ain. L’objectif de former des jurés pour les prochains concours des miels du syndicat a été atteint. L’équipe en place se trouve donc renforcée pour les prochaines années. Le groupe a travaillé et appris de façon très studieuse, mais également dans l’esprit de convivialité propre à notre syndicat ! Merci à Didier Mouchet pour son approche rigoureuse et son enseignement efficace et vivant. Merci au lycée agricole de Précieux pour le prêt de locaux. Enfin, merci à Yves Pardon pour l’organisation, et à Jean-Louis Perdrix pour la préparation. Bertrand CHARLES 13 6- L’humidité du miel : techniques à maîtriser des Il y a un pas de la récolte du nectar par les butineuses à la mise en pot par l'apiculteur. Si depuis des millénaires les abeilles maîtrisent bien la récolte puis la transformation du nectar des fleurs en miel conservé dans les alvéoles de cire jusqu'à la saison prochaine, les apiculteurs quant à eux, n'ayant pas l'instinct de leurs ouvrières, se doivent de connaître les particularités de ce produit et de maîtriser tout au long du processus les techniques qui permettent d'obtenir un miel de qualité. Le plus souvent les abeilles butinent les nectars les plus concentrés contenant entre 35% et 65% de sucres. Elles ne récoltent ceux moins concentrés car peu rentables qu'en cas de pénurie mais jamais à des taux inférieurs à 15%. Dès qu'il est rapporté à la ruche elles n'ont de cesse de le transformer et de le concentrer afin d'obtenir rapidement un produit pouvant se conserver sans problème. A ce stade elles l'operculent afin de le protéger au mieux de l'humidité de l'air. C'est ce critère que les apiculteurs prennent en compte pour procéder à la récolte pensant qu'ils ne peuvent faire mieux que les abeilles. Dans la plupart des cas, lorsque la récolte est operculée à 80% le miel extrait présente un taux d'humidité avoisinant les 18%. Néanmoins la technique n'est pas infaillible : Dans la ruche, le miel étant très hygroscopique (avide d'eau) sa teneur en eau varie. Elle peut être influencée par l'humidité de l'air ambiant (période humide et fraîche, gros apport de nectar frais, évaporation d'eau lors de la thermorégulation par fortes chaleurs, provisions abandonnées par la grappe…). De ce fait il arrive que les miels récoltés à ces occasions présentent un taux d'humidité supérieur à 18% même sous l'opercule. L'emplacement du rucher joue bien sûr un rôle important dans ce phénomène: il faut éviter l'ombre humide, les sols humides, les fonds de vallées brumeuses mais aussi les trop fortes chaleurs en été. Si le moment le plus judicieux de la récolte peut habituellement être choisi par l'apiculteur non transhumant, ce n'est pas toujours le cas lorsque le rucher se déplace au rythme des floraisons pour produire des miels de cru par exemple. 14 Quoiqu'il en soit, la récolte faite étant ce qu'elle est, le plus grand soin doit lui être apporté désormais afin que le miel mûr conserve ses qualités et que celui qui est encore trop humide perde rapidement l'excès d'eau avant l'extraction. L'utilisation du réfractomètre permet de mesurer aisément le taux d'humidité d'un échantillon représentatif de la récolte. Il en existe un (bientôt plusieurs) à votre disposition chez le responsable du matériel de prêt (Claude Rigaud). Le miel est très hygroscopique : c'est à dire qu'il absorbe naturellement l'eau contenue dans l'air jusqu'à ce qu'un équilibre s'établisse en relation avec l'humidité relative (qui tient compte de la température et de la pression atmosphérique). Humidité relative de l’air en % 50 55 60 65 70 75 Teneur en eau d’équilibre du miel en % 15.9 16.8 18.3 20.9 24.2 28.8 Ainsi selon ce tableau un miel exposé suffisamment longtemps à une humidité relative de plus 60% ne pourra pas présenter un taux d'humidité inférieur à 18% quoi que fassent les abeilles ou l'apiculteur. Et de même si l'on doit stocker des cadres de miel non extraits il est préférable que ce soit dans un environnement dont l'humidité relative est inférieure à 55 %. La législation détermine que le taux d'humidité des miels doit être inférieure à 20% (sauf le miel de callune : 23%). Mais il faut savoir qu'au-dessus de 18,5 % d'humidité le miel trop liquide devient désagréable à la consommation et surtout que les fermentations peuvent s'y développer. De même en dessous de 16% d'humidité il devient trop épais pour la dégustation. Il est donc nécessaire de produire des miels dont la teneur en eau est comprise entre 16,5% et 18,5% 17,5% étant un bon compromis. Ainsi leur stabilité est assurée et le plaisir en bouche est satisfaisant. Si les soins apportés à la récolte, au tri des cadres, au stockage de ceux-ci ne sont pas suffisants (comme c'est souvent le cas avec les miels de printemps ou lors des années 15 humides) il importe de procéder à la déshumidification avant l'extraction. Un déshumidificateur d'air est un appareil électrique qui permet de sécher l'air en condensant la vapeur d'eau qu'il contient sur une surface réfrigérée (comme lorsqu'on laisse le freeser ouvert ou que l'on souffle son haleine sur une vitre). Cette eau est récupérée sous forme liquide dans un récipient. Il existe un appareil de ce type parmi le matériel de prêt du syndicat. d'humidité chaque jour surtout si le miel est peu operculé. Lors de l'extraction le miel projeté en fines gouttelettes présente une grande surface exposée à l'air ambiant. De ce fait et compte tenu de ce qu'on a vu précédemment il est nécessaire d'opérer dans un local sec. De même qu'il est préférable de pas laisser traîner trop longtemps les opercules qui s'égouttent et de protéger le miel qui mature. Une fois extrait, filtré et maturé dans de bonnes conditions d'humidité, le miel stocké hermétiquement n'est plus exposé à aucunes variations de l'humidité de l'air, il peut ainsi attendre d'être défigé, ensemencé ou mis en pot pour les consommateurs. Mais ceci est un autre sujet. Marc Fougerouse Ainsi dans une enceinte hermétique (petite pièce bien étanche, sous une tente plastique) les hausses bien ventilées peuvent ainsi perdre 0,5 % 16 L’ordre du jour sera le suivant : rapport moral rapport financier Election du conseil d’administration : avec le renouvellement du tiers sortant. Vote du montant de la cotisation 2016 Désignation des commissaires aux comptes Exposé: « Maladie de Lyme : risques et prévention des piqûres de tiques» par le Dr Jehl, retraité de la MSA. Tirage de la tombola. Hydromel d’honneur. Après l’assemblée générale, nous nous retrouverons au restaurant « Les Rosiers » à Montbrison. Le prix du repas est de 25 €. Pour ceux qui souhaitent venir déjeuner, veuillez-vous inscrire en retournant le bulletin ci-joint au trésorier Alain FAYARD avant le 26 novembre prochain. Comme chaque année, la Coopérative procédera à l’échange de la cire et prendra les commandes pour la saison à venir. Il est rappelé que la cire apportée pour être échangée doit être fondue et propre. Rapportez vos inserts ou autres lanières usagées pour le traitement contre la varroase. Votre syndicat se chargera de faire procéder à leur destruction, dans le respect de l’environnement. Nous vous attendons nombreux à l’assemblée ainsi qu’au repas… Tout adhérent membre du syndicat depuis 2 ans, à jour de ses cotisations, peut poser sa candidature avant l’ouverture de chaque scrutin, soit verbalement, soit par demande écrite adressée au président. Les membres sortants sont rééligibles (article 5 des statuts). Cotisations et assurances L’assemblée générale de décembre 2013 a voté le montant des cotisations pour 2015, à savoir : De 1 à 5 ruches : 14,50 € De 6 à 15 ruches : 17,50 € Au-delà de 15 ruches : 20,50 € 7- Assemblée générale Elle aura lieu le dimanche 7 décembre à partir de 8H30, à la Salle des fêtes de Savigneux Président : Marc FOUGEROUSE 74, rue de Verdun 42110 FEURS Le syndicat vous propose comme chaque année d’assurer vos ruches. 17 Notre assureur propose 3 options : Option I (obligatoire) : responsabilité civile et assistance juridique à 0,11 €/ruche. Option II : option I + vol, détériorations, incendie et garanties annexes à 1,00 €/ruche. Option III : option I et II + maladies, non compris varroas à 1,55 €/ruche. Toutes les ruches doivent être assurées et selon la même option. Les emplacements où sont (seront), situés les ruchers doivent être désignés. Cependant, en accord, avec notre assureur, les emplacements des ruchers ne seront pas communiqués sauf en cas de sinistre. En cas de sinistre, l’assuré doit prendre contact avec le trésorier Alain FAYARD (Tél. : 04 77 58 21 32) pour déclarer à notre assureur. La déclaration doit avoir lieu dans les 5 jours. En cas de vol ou détérioration, l’assuré doit déposer une plainte auprès de la gendarmerie et faire la déclaration dans les 24 h. 8-Du côté de la recherche….. Wonderbeee II : encore plus surprenant ! Si vous êtes un lecteur attentif de notre Bulletin de Liaison – et je n’en doute pas un instant – vous avez très certainement en mémoire la communication du Professeur Howard CRACKPOT du département d’entomologie de l’Université du Nebraska (U.S.A.) paru dans « The American Bee Journal » et relaté dans notre N° 73 de juillet dernier selon laquelle il aurait par croisements successifs créé et stabilisé une nouvelle lignée d’abeilles -- baptisée « wonderbee » -- qu’il prétend être l’abeille la plus belle du monde ( n’a-telle pas des yeux de velours ?!) et ce grâce à un gène d’une abeille d’un écotype espagnol – l’abeille de Cadix – introduit dans le patrimoine génétique de la « Starline », la race la plus communément répandue outreatlantique. Poursuivant ses travaux de recherches sur cette nouvelle abeille, il a découvert un autre trait remarquable, pour ne pas dire stupéfiant, qui a donné matière à une nouvelle publication. Si les yeux de velours relève du phénotype, le nouveau 18 relève véritablement du génotype et concerne le chant des reines. De tous les sons émis par l’abeille, le plus connu est sans conteste le chant des reines, aisément audible en période d’essaimage. Mais alors qu’une reine quelconque qui vient de naître fait entendre le classique « tûûûût –tut-tut-tut » en pressant son thorax contre les cellules qui se trouvent sous elle, auquel répond le « kwak – kwak – kwak » de celles qui sont enfermées dans leur cellule royale, les reines « Wonderbee » produisent de véritables lignes mélodiques. Lignes mélodiques à tel point remarquables que le Professeur Crackpot a entrepris de les traduire en notes de musique (ses travaux sont en cours) et qu’on rapporte l’avoir entendu s’exclamer un soir de mai dernier, alors qu’à quatre pattes derrière une ruche il avait l’oreille collée contre la paroi : « That DOES kill me ! This honeybee has really got operetta in its blood ! “ (Alors ça, ça me scie ! Cette abeille a vraiment l’opérette dans le sang ! ) Jean-Louis PERDRIX En attendant que les résultats du professeur Crackpot soient consultables sur internet, je vous invite, pour ceux qui désirent entendre le chant des reines (le classique bien sûr !) à voir sur You Tube le petit film intitulé :» et à tendre l’oreille. Pour cela consultez le lien suivant : www.youtube.com/watch?v=x_YYhW R_i8s 9- Mes aventures et… mésaventures apicoles Avec cette rubrique, nous aimerions reprendre un peu le flambeau du regretté René BERCHOUD, apiculteur à Néronde et membre du GAF, qui tint une rubrique semblable (« L’apiculture vue par …. ») avec la verve qui lui était naturelle ; il y a de cela vingt ans déjà ! Pour ceux qui désireraient découvrir cette rubrique, ou la redécouvrir, « Virgin queen piping and quacking response je vous invite à consulter les archives (sur le site abeilleduforez.com bien sûr) : bulletins n° 12, 13, 21 et 37. Moments de plaisirs garantis. Et merci à Pascal GEORGES qui a répondu favorablement à notre sollicitation pour vous narrer sa mésaventure de juillet dernier. Si, à vous aussi, il est arrivé quelque chose de peu banal, mésaventure ou simple anecdote, prenez la plume et faites en profiter tout un chacun par le biais de cette rubrique ; si vous ne vous sentez pas une vocation d’écrivain, nous tâcherons d’y suppléer. Quoi qu’il en soit, contactez-nous. Pour le comité de rédaction, Jean-Louis PERDRIX 19 « Quand les abeilles rétablissent les communications… Nous voici enfin à l’heure de la récolte. Ho ! elle n’est pas grosse cette année mais elle est tant attendue… On appuie sur le bouton et hop, voici que l’extracteur se met en marche, délivrant petit à petit le précieux nectar. Au fait, est-ce qu’il sort bien ce miel ? Il faut vérifier. Vite une lampe de poche… Hum ! Plus de pile. Mon téléphone portable a bien une fonction lampe de poche, non ? Oui, mais ça n’éclaire pas beaucoup. J’approche un peu plus, encore un peu pour mieux voir et… zip, le téléphone est projeté sur les parois de l’extracteur avant de tomber au fond… dans le miel. Arrêt de la machine, « extraction » du téléphone (en 4 morceaux), nettoyage, remontage. Du miel continue de suinter pendant plusieurs heures de différentes pièces du téléphone. Les cotons tiges n’y suffisent pas. Qui plus est, le téléphone s’allume mais le micro ne fonctionne plus. Que faire ? « Et si on le faisait nettoyer par les abeilles ? Direction, un nourrisseur vide. Le téléphone est installé un matin, totalement démonté pour que le maximum de recoins de l’appareil soit accessible. En fin de journée, il est récupéré… Totalement nettoyé : plus de trace de miel, plus rien qui colle. Et le micro fonctionne… même mieux qu’avant ! Merci les abeilles !! » Pascal GEORGES 10- PETITES ANNONCES Cherche… petites annonces désespérément Faire offre : de vive voix à Jean-Louis PERDRIX au 04 77 58 15 27 ou par courriel [email protected] ou encore abeilleduforez.free.fr [email protected] Vends cire d'opercule en pains d'environ 2 ou 3 kg. Alain FAYARD 04 77 58 21 32 20
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