Plans Séquences n°2

Jeudi 19 mars 2015
n°2
SONO SION
S
ono Sion (ou Sono Shion en
anglais) est un artiste toucheà-tout, né le 18 décembre 1961 à
Tokyokawa au Japon. Cet homme
est à la fois poète, réalisateur, scénariste, compositeur mais aussi
acteur.
Sono Sion a débuté sa carrière
en intégrant l’université de Hosei,
grâce à ses poèmes, où il a réalisé plusieurs courts-métrages en
8mm tels que I am Sono Sion ! en
1985. Il sort son premier long-métrage, Bicycle Sighs en 1990.
Il est qualifié d’artiste avant-gardiste par de nombreux artistes
de sa génération grâce à son
franc-parler et aux thèmes qu’il a
décidé d’aborder dans ses films.
Les sujets traités par Sono Sion
dans ses films sont des thèmes
CRITIQUE :
THE LAND OF HOPE
S
eulement un an après la catastrophe de Fukushima, Sono
Sion nous offre un long-métrage
traitant d’un des plus grands tabous japonais : le nucléaire.
Dans la préfecture fictive de Nagashima (une contraction de Nagasaki, Hiroshima et Fukushima),
S ono S ion
assez répandu au Japon mais très
peu en Europe Occidentale. Ses
productions traitent régulièrement de la femme dans la société japonaise en tant qu’objet, de
l’éclatement de la société et de
ses institutions (religion, famille…)
dans Love Exposure… Sono Sion
utilise également la sexualité et la
perversion pour démanteler l’ensemble des tabous de la société. Il
use aussi des sentiments et de la
poésie dans ses œuvres.
Sono Sion crée pour raconter une
histoire. Il s’est toujours inspiré de
les habitants ont une vie paisible
jusqu’à ce qu’un tremblement de
terre n’endommage la centrale
nucléaire de la ville. « Nous ne
sommes pas en guerre ! » clame
l’un des personnages, mais face
à ce mal incurable, la situation est
toute comme. Une banderole est
installée dans un rayon de 20km
de la centrale, une évacuation
immédiate et forcée est mise en
place à l’intérieur de cette zone.
1
la poésie pour réaliser ses films.
Le réalisateur a été récompensé
de nombreuses fois pour ses films
et dans plusieurs festivals tels que
le festival FanTasia ou encore le
Festival du film asiatique de Deauville.
Après les grands succès du réalisateur que sont Suicide Club, Noriko’s Dinner Table, The Land of
Hope ou encore Love Exposure,
Sono Sion n’a pas arrêté le cinéma
et a encore réalisé 5 films en 2015.
•
Chloé Corfmat
Cette démarcation absurde, délimitant une radioactivité nocive
d’un faux sens de sécurité à coups
de piquets en bois et de bandes
en plastique, passe entre les maisons des deux familles protagonistes de ce drame. The Land of
Hope nous conte alors l’histoire
de trois duos aux vies entremêlées
au lendemain de la catastrophe.
A travers ce film engagé, Sono
Sion nous invite à suivre la vie intime des Japonais touchés par
le désastre. Entre résignation,
ignorance et paranoïa, The Land
of Hope dresse un tableau tragiquement humain de la population
d’un pays où le sort s’acharne.
Malgré tout la vie continue pour
les habitants de Nagashima et
c’est bel et bien sur un message
d’espoir doucement ironique que
nous laisse Sono Sion à la fin de
cette œuvre. Car la vie est toujours
là et l’horloge continue de tourner,
la population japonaise se relève
doucement de ces maux encore
aujourd’hui, avec pour seule arme
contre cette guerre chimique l’espoir d’un meilleur lendemain.
nent.
gardant toutes ces scènes se dérouler sans réellement ressentir
toute l’émotion qui aurait pu en
ressortir. Si j’avais des reproches à
faire à cette œuvre, j’aurais remis
en cause le rythme lent de la narration, les petites longueurs qui
cassent l’enchaînement de certaines séquences et le climat de
huis-clos presque trop déprimant
à mon goût.
•
Alice Lopion
CRITIQUE :
AFTER LIFE
A
fter Life de Kore-Eda est un
film se déroulant dans un
lieu de passage entre vie et mort.
Cet espace accueille toutes les
semaines des gens récemment
décédés afin de mettre en scène
et filmer leur meilleur souvenir sur
Terre. A la suite du visionnage de
leur souvenir, ces personnes partiront vers l’Au-delà.
Cette œuvre de Kore-Eda est
d’une beauté surprenante, simple
et envoûtante, les thèmes m’ont
réellement mis face à face avec
moi-même et cela amène des interrogations que je n’aurais pas
pensées avoir. Il aborde le thème
de la mort avec un décalage certain et une simplicité déconcertante.
On sent une réelle volonté du réalisateur de traiter le film avec un
aspect documentaire ; les plans
fixes, les scènes ressemblants à
des interviews, le grain particulier apporté à l’image et l’absence
d’effets. L’ambiance du film sonne
naturelle, véritable, comme si tous
ces plans simples mais beaux
cherchaient à nous plonger entièrement dans le récit de ces vies
qui pourraient être les nôtres. Je
n’ai pas été très réceptif à ce choix
de réalisation mais cela dépend
de chaque sensibilité, je l’ai néanmoins trouvé intéressant et perti-
Kore-Eda aborde des thèmes qui
m’ont profondément touchés,
j’ai eu l’impression réelle d’être
concerné par des questions que
les protagonistes se posaient :
Qu’est ce que le bonheur ? Comment sait-on si l’on a réussi sa vie ?
Que retenir de sa vie ? Toutes ces
questions méritent d’être soulevées et Kore-Eda le fait avec brio.
En plus de cela, Kore-Eda soulève
des interrogations essentielles sur
l’Art. A quoi sert l’Art ? A travers
cela, il délivre un véritable message d’amour au cinéma et à la
mise en scène.
Cependant, malgré les thèmes qui
m’ont marqués et la réalisation où
l’ont note la présence d’un véritable parti pris justifié, ce film reste
trop détaché, presque omniscient.
Je n’ai pas eu l’impression d’être
vraiment investi dans les relations
entre les personnages ni par leur
présence à l’écran. Les thèmes
m’ont beaucoup plus chamboulés que l’intrigue elle même.
J’étais moi-même omniscient, re-
2
Ce film est une ode à la vie, la
vie présente et passée. C’est un
hymne au cinéma et à l’importance de l’art pour l’homme. Il a
le mérite d’être une œuvre avec
une identité et une réflexion philosophique amenées avec pertinence. Mon seul regret demeure
le manque de rythme, l’impression de se morfondre sur cette
série de témoignage brodée avec
une vague intrigue concernant le
personnel de cette étrange affaire.
J’ai aimé autant que je me suis
senti déprimé, maintenant, c’est à
vous de juger.
•
Thierry Boussard
ÉTONNANT JAPON
N
ous revoilà donc pour continuer notre découverte des
singularités du Japon. Et, croyez
le ou non, nous ne sommes pas
près d’avoir terminé !
Parlons aujourd’hui d’une des
icônes traditionnelles les plus populaires au Japon, le Maneki-Neko, littéralement «le chat qui invite». Le nom ne vous dit sans
doute rien et pourtant c’est fort
probable que vous en ayez déjà
vu un. Il s’agit d’une statuette de
chat blanc porte-bonheur portant un colier rouge et une petite
clochette, celui-ci agite la patte
comme pour dire au revoir. En réalité ce geste signifie «Viens par
ici» en japonais, ces statuettes
sont souvent devant les magasins
et incitent les clients à entrer. Il est
dit que ce petit chat vous apportera fortune et prospérité si vous
l’honorez.
L’honorer ? Mais comment ? Eh
bien tout simplement en allant
prier dans son propre temple à
LE JEU DE GO
L
e jeu de go est un jeu traditionnel japonais, originaire
de Chine, et le jeu de société le
plus ancré et pratiqué au Japon.
Connu pour être plus complexe
que le jeu d’échec européen, il lui
vaut le faux titre d’échec asiatique
puisque le vrai est connu du nom
de «Shogi» que nous verrons plus
tard. Il s’agit d’un jeu de plateau,
de réflexion et de stratégie. Le
but du jeu est simple : posséder
Tokyo ! Eh oui il existe un temple,
le temple Gotokuji, dans lequel on
trouve une quantité innombrable
de ces petits chats porte-bonheur.
Petits et pas que, puisqu’il y en a
en réalité de toutes les tailles. Il est
possible d’en acheter sur place
(les prix allant jusqu’à 5 000¥, soit
environ 40€ pour les plus gros)
afin de le déposer avec tous les
autres. A l’origine ce temple aurait été créé grâce à un chat qui
aurait sauvé la vie d’un noble.
Aujourd’hui, on continue d’honorer cette figure pour la remercier
d’exaucer les voeux qu’on lui formule.
La religion et la spiritualité sont
deux éléments importants de la
culture du Japon, on y compte
énormément de temples et de
sanctuaires. En plus de leur Dieux,
notamment Bouddha et des Kami
(Dieux shinto), les japonais vénèrent de multiples divinités à
travers de nombreux rites et traditions. Pour les curieux il existe
bien d’autres temples étonnants
qui sauraient vous surprendre encore plus...
le plus de territoires sur le plateau
où les deux joueurs (les blancs et
les noirs) posent à tour de rôle une
pierre sur le plateau. La partie s’arrête lorsqu’un des joueurs ne peut
plus jouer ou abandonne. Le jeu
est composé de très peu de règles
puisqu’elles peuvent se résumer à
une seule :
est enlevée du plateau.»
«Une pierre posée doit posséder
au moins une voie libre. Lorsqu’une pierre est privée de ces libertés, elle devient prisonnière et
• Louanne Roger
Le jeu de go arrive au 6ème siècle
au Japon, et devient un des critères pour obtenir le grade de général. En effet, le jeu de go permet
d’entraïner son esprit de stratège
et lors d’une partie de Go, on peut
deviner la stratégie et la personnalité du joueur adverse en fonction de sa manière de jouer et de
réagir, comme le raconte l’écrivain
Kawabata dans Le joueur de Go.
• Célestin Belleville
3
QU’EN AVEZ-VOUS PENSÉ ?
SOIRÉE D’OUVERTURE
A
près avoir tenté d’interviewer
le Président du festival en le
confondant avec un festivalier,
nous avons enfin entamé nos premières interviews en cette soirée
d’avant-première à Laval pour
connaître vos avis sur ce rendez-vous attendu chaque année
par les Mayennais et ailleurs !
Nous avons pu constater que ce
n’était généralement pas votre
première fois au festival, preuve
de son efficacité chaque année
à nous offrir une nouvelle culture
ouverte sur le monde. Et cette année ne déroge pas à la règle Le
thème du Japon intrigue et éveille
la curiosité.
ANALYSE FILMIQUE:
SEVENTH CODE
D
ernier film de Kurosawa, ce
long métrage de seulement
60 minutes semble très court d’autant plus pour un film japonais.
On y découvre une utilisation majeure du steadycam en première
partie, pour nous plonger dans
la scène que vit Atsuko Maeda,
à la poursuite de Ryohei Suzuki.
Le steadycam est un système stabilisateur de prise de vue afin de
permettre de nombreux plans
rapprochés. On notera également
le dernier plan du film qui est véritablement remarquable, un plan
grue qui a toute son efficacité décollant du sol pour une fin magnifique.
P hotographie de I nès D ahou
Vos attentes du festival ? Découvrir enfin cette culture si mystérieuse et méconnue en occident.
Concernant le film projeté pendant la soirée, Seventh Code de
Kiyoshi Kurosawa, les avis sont
partagés. Certains sont restés perplexes devant cette histoire si singulière, d’autres sont assez déçus,
Deuxième chose analysée dans
ce film, les gros plans sur le visage
des acteurs sont très marqués
même au cours des nombreuses
discussions. Ces plans, aussi
appelés plans psychologiques,
servent à nous transmettre une
émotion, celle que vit le personnage. Tout ces gros plans sur Atsuko Maeda nous montrent sa
détresse, sa détermination tout au
long de la trame narrative.
En ce qui concerne la colorimétrie, les couleurs sont classiques,
aucune touche particulière n’est
remarquable, mis à par la veste
rouge du personnage principal,
qui crée un fort contraste avec
l’environnement et l’ambiance
présente tout au long du film.
• Gaëtan Blino, Kévin Furet et Camille Melle
4
mais son final aura été pour tous
un moment surprenant et mémorable. Un film à l’image de la suite
du festival, on l’espère ! En mot de
la fin, un conseil d’un fidèle festivalier : «Méfiez-vous des jeunes
filles à l’air innocent.».
• Chloé Corfmat et Alice Lopion
L’ÉQUIPE
MAQUETTE
Clémentine Bertrand
Erwan Fournier
RÉDACTEURS
Célestin Belleville
Gaëtan Blino
Thierry Boussard
Chloé Corfmat
Kévin Furet
Quentin Guerry
Alice Lopion
Camille Melle
Samuel Papin
Louanne Roger
Marc Souply
Maxime Souvestre
Constant Voisin