Un troisième exemplum, par l'abbé Lhomond, DE VIRIS ILLUSTRIBUS URBIS ROMAE A ROMULO AD AUGUSTUM (Paris 1779) - TITUS MANLIUS TORQUATUS 360 ante J. C. En 390 avant Jésus-Christ, Rome connaît une crise qu'elle n'avait jamais connue : son territoire est menacé par Brennus et ses Gaulois Senons, qui déferlent sur L'Italie, pillent et font des razzias ; ils assiègent Rome... « [Les Gaulois] ne purent toutefois prendre d’assaut la citadelle de Rome, le rocher du Capitole, et les Romains négocièrent la rançon de leur cité. On raconte que, lorsque les Romains payèrent en lingots d’or le rachat de Rome, les Gaulois employèrent de faux poids pour augmenter la somme qu’ils devaient recevoir. Les Romains se plaignant, le Brennus, c’est-à-dire le général des Gaulois, mit encore en plus son épée dans la balance, en s’écriant : Vae victis ! (Malheur aux vaincus !) L’orgueil de la victoire avait troublé l’âme des Gaulois, et ils ne pensaient pas que d’autres pourraient aussi plus tard leur dire : Malheur aux vaincus ! Le Brennus qui remporta cette grande victoire était de la tribu des Sénons, et les Sénons étaient une colonie du pays de Sens en Champagne. » (P. 15. de H. Martin, Histoire de France, 1886 ) Dans les années qui suivent, les Romains doivent faire face à d'autres incursions gauloises, ainsi qu'aux Etrusques et à un peuple latin : les Herniques. Voici le contexte de la scène décrite dans le texte ci-dessous, et qui se déroule vers -360 : les Gaulois ne sont pas très loin de Rome, l'armée romaine qui se rappelle encore le Vae victis ! De Brennus leur barre la route. L'Abbé Lhomond nous raconte la scène suivante dans son abrégé d'histoire romaine datant de 1779 (ce livre résume et simplifie les travaux précédents des historiens romains de l'antiquité, dont TiteLive). Pour que la traduction suive mieux le déroulement du texte latin, le professeur a grossi ou diminué la police de caractères. (A) /Armant deinde iuvenem aequales : scutum capit, Hispano cingitur gladio ad propiorem pugnam habili. Expectabat eum Gallus stolide laetus et linguam ab irrisu exerens. Ubi constitere inter duas acies, Gallus ensem cum ingenti sonitu in arma Manlii deiecit. (B)/ Manlius vero insinuavit sese inter corpus et arma Galli, atque uno et altero ictu ventrem transfodit : iacenti torquem detraxit, quem cruore respersum collo circumdedit suo/.(C) / Defixerat pavor cum admiratione Gallos ; Romani alacres obviam militi suo progrediuntur, et gratulantes laudantesque ad imperatorem perducunt. Manlius inde Torquati nomen accepit./ armo, as, are : armer, munir deinde, adv. : ensuite iuuenis, is, m. : jeune homme aequalis, is, m : camarade scutum, i, n. : bouclier capio, is, ere, cepi, captum : prendre Hispanus, a, um : espagnol, de l'Hispanie cingo, is, ere, cinxi, cinctum : ceindre, entourer gladius, i, m. : glaive ad, prép. + Acc. : vers, à, près de propior, oris : plus proche, de près, rapproché pugna, ae, f. : la bataille, le combat habilis, is, e : bien adapté, bien approprié expecto, as, are : attendre is, ea, id : ce, cette ; celui-ci, celle-ci Gallus, i, m. : Gaulois stolide : grossièrement , bêtement laetus, a, um : joyeux, agréable, riant, favorable, plaisant,riche, abondant et, conj. : et. adv. aussi lingua, ae, f. : langue ab irrisu : par moquerie exero, is, ere, erui, ertum : tirer dehors, sortir, montrer, produire ubi, adv. interr. ou rel. : où, où ?; conj. quand consisto, is, ere, stiti : se placer, s'établir inter, prép. + Acc. : parmi, entre duo, ae, o : deux acies, ei, f. : la ligne de bataille; l'armée ensis, is, m. : l'épée, le glaive cum, inv. :1. Préposition + ab. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que ingens, entis : immense, énorme sonitus, us, m. : bruit in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre arma, orum, n. : les armes Manlius, i, m. : Manlius (nom d'homme) Puis ses compagnons arment le jeune homme : il prend son bouclier, se ceint d'un glaive espagnol approprié au combat de près. L'attendait un Gaulois à la joie grossière, et qui lui tirait la langue pour se moquer. Quand ils furent entre les deux armées, le gaulois jeta son épée dans un bruit énorme sur les armes de Manlius. Mais Manlius se glissa entre le corps et les armes du Gaulois, et en un, puis deux coups, il perça son ventre : il prit son collier au cadavre, et le mit, plein de sang, à son cou. La peur avait paralysé les Gaulois ainsi que l'admiration. Les Romains joyeux vont à la rencontre de leur soldat, et le félicitant et le louant , vers leur général ils le portent. C'est de ce moment que Manlius reçut le nom de « Torquatus ». deicio, is, ere, ieci, iectum : jeter à bas, précipiter; abattre, abaisser, chasser uero, inv. : mais sese, pron. : = se insinuo as are avi : glisser corpus, oris, n. : corps atque, conj. : et, et aussi unus, a, um / alter, era, erum : un premier/un deuxième ictus, us, m. : le coup, le choc uenter, tris, m. : le ventre transfodio is ire : transpercer iacenti : « au gisant » => « au cadavre » torquis, is, m. : le collier, le torque detraho, is, ere, traxi, tractum : tirer, enlever quem : reprend « torquis » (traduire par un pronom personnel) cruor, oris, m. : sang respergo, is, ere, spersi, spersum : éclabousser collum, i, n. : cou suus a um : son sa circumdo, as, are, dedi, datum + ablatif : mettre autour defigo, is, ere, defixi, defixum : planter, clouer, paralyser pauor, oris, m. : peur admiratio, onis, f. : admiration Romanus, i, m. : le Romain alacer, cris, cre : alerte, vif, joyeux, allègre progredior, eris, i, gressus sum + datif: s'avancer obuiam, adv. : sur le chemin, en route miles, itis, m. : soldat gratulantes et laudantes : le félicitant et le louant imperator, oris, m. : général perduco, is, ere, duxi, ductum : amener, conduire ad, prép. + Acc. : vers, à, près de imperator, oris, m. : général perduco, is, ere, duxi, ductum : amener, conduire inde, adv. : de là, donc, c'est à partir de là que... Torquatus, im : Torquatus (cognomen) nomen, inis, n. : le nom, le titre, le surnom accipio, is, ere, cepi, ceptum : recevoir 1) Sauras-tu, dans le lexique ci-contre , repérer un verbe illustrant chacune des conjugaisons latines étudiées ? (S'il en est une qui n'est pas illustrée, quelle estelle ?) Sauras-tu également souligner les verbes au parfait ? 2) a) En t'aidant de la traduction proposée, propose une traduction personnelle et expressive de la partie du texte latin que le professeur t'a confiée. b) Sois capable d'analyser chacun des mots soulignés dans ta partie : analyser signifie préciser le cas, la fonction, le genre, le nombre. 3) Quelles sont tes impressions de lecture ? 4) Par quels moyens le Romain est-il mis en valeur ? Comment le Gaulois est-il déprécié ? 5) D'après cet exemplum, quelles sont les qualités humaines les plus importantes pour un Romain ? Quelle représentation ce texte donne-t-il des Gaulois ? Révisions : La 1ère, 2ème et 3ème déclinaison Compétences Professeur élève utiliser une traduction pour produire une traduction personnelle oui/non oui/non réinvestir ses connaissances morphologiques (identifier les formes nominales et verbales) et syntaxiques (reconnaître les groupes de mots) oui/non oui/non utiliser des outils élémentaires d'analyse littéraire pour commenter un texte (à partir de la fin de la classe de 5ème) oui/non oui/non comprendre le sens global d'un texte latin lu en classe, le résumer en français oui/non oui/non
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