Mardi 11 mars 2014 Sommes-nous bien informés ? Bruno Courtois, Benjamin Dormann, Alain Weill Animé par Christian de Boisredon Christian de Boisredon est le fondateur de Sparknews, start up sociale qui source les projets innovants et positifs et les partage à travers ses opérations éditoriales internationales (l’Impact Journalism Day fédère par exemple 40 journaux leaders). Benjamin Dormann consultant financier notamment dans la presse. Auteur de « Ils ont acheté la presse ». Plusieurs facteurs empêchent la presse d’être vraiment indépendante : - Les subventions : Il n’y a pas de chiffres précis sur les subventions données à la presse. En Europe la moyenne est de 2%, en France ce serait plus de 20%. La TVA de la presse en ligne est passée de 20% à 2,1%. Ce cadeau fiscal fait par l’Etat nuit à son indépendance. - Les liens entre les hommes politiques et la presse faussent la donne. - Beaucoup de journaux sont en état de faillite, le gouvernement doit-il continuer à les soutenir ? Les journaux n’anticipent pas suffisamment. La presse doit accepter les mesures de performance. Nous sommes passés de l’ère de la communication à l’ère de la scénarisation. Son enquête sur la presse l’a amené à dire que nous n’étions pas bien informés. Mais aujourd’hui il y a beaucoup de sources d’information sur internet, donc si nous estimons être mal informés, à nous d’aller chercher l’information. Alain Weill président directeur général de Next Radio TV, groupe pluri-média indépendant centré sur l'information autour de 4 thématiques, l'information générale, le sport, l'économie et le high-tech, déclinées sur 4 supports : la radio, la télévision, les supports digitaux et mobiles. Ce groupe est né il y a 14 ans avec la reprise de RMC qui perdait de l’argent depuis 20 ans. Grâce au changement de format (format mixte info le matin et sport l’après-midi) elle est en plein développement. Aujourd’hui c’est la 3ème radio privée à Paris. C’est une aventure entrepreneuriale. En 2002 rachat de BFM business (radio économique) et en 2005 création de BFM TV sur la TNT (350 personnes dont 250 journalistes). TF1 n’a pas cru à la TNT, LCI est donc restée payante. I Télé qui appartient à Canal + n’était pas très innovante, il y avait donc une place à prendre. Aujourd’hui c’est la première chaîne d’info en France avec 10 millions de téléspectateurs par jour. La priorité est donnée au direct. Les privatisations de TF1 (1986) et RMC (1998) sont assez récentes et montrent une volonté d’indépendance. Les problèmes rencontrés sont des problèmes de formation des journalistes. Il n’y a pas beaucoup d’écoles et celles qui existent sont assez conservatrices, Next Radio va créer sa propre école de journalistes en proposant une formation en 1 an pour des jeunes qui ont déjà un bagage intellectuel. On y apprendra entre autre le contrôle de l’information. Nous ne sommes pas assez rigoureux, mais il y a un désir de progresser. Une chartre a été signée par les journalistes obligeant à plus de rigueur. Aux États-Unis, CNN contrôle toutes les dépêches en provenance d’agences. En Angleterre les informations doivent venir de deux sources différentes avant d’être diffusées. En France les dépêches AFP sont parole d’évangile et non sont donc pas vérifiées. Des informations peuvent sortir sur une rumeur. Les médias sont le reflet de l’ambiance du moment : - La presse est vouée à disparaître bien qu’elle soit indépendante, elle est assez violente. - La radio est assez libre, il y a des voix indépendantes. On peut être indépendants et bien informés. - A la télévision l’information du 20 heures est assez institutionnelle. - Le digital est une couche supplémentaire dans l’information avec des limites (manque de contrôle). Le journalisme d’investigation est plutôt le rôle de la presse écrite, les médias sont dans l’instantanéité. Il y a quelques émissions de grands reportages. Une émission de grand reportage mobilise 30 personnes. Nous sommes de mieux en mieux informés aujourd’hui, l’information est plus indépendante et plus libre mais, quelque soit le gouvernement, les politiques ont du mal à l’accepter. Bruno Courtois directeur général de Radio Notre Dame. Le temps de l’actualité n’est pas le même pour tout le monde. Les auditeurs et les lecteurs veulent que ça aille très vite mais nous n’avons pas le droit à l’erreur. Si les médias n’ont pas cette rapidité ils sont jugés incompétents. On reproche à l’Eglise de ne pas réagir assez vite mais ils prennent le temps de vérifier. Le journaliste doit être capable de faire du tri. Le journalisme d’investigation coute très cher et beaucoup de médias n’en n’ont pas les moyens. Il y avait 25 agences de presse, aujourd’hui il n’y a plus que l’AFP. L’information doit être la plus complète possible mais à travers le tri de l’information et des choix. Les jeunes journalistes ont l’impression que s’ils ne traitent pas tous les faits divers ils n’auront pas bien fait leur travail. Il faut être capable de faire du tri malgré la demande de la part de l’auditeur. Les rédactions demandent aux journalistes d’être polyvalents, les chaînes ont donc recours à des consultants extérieurs spécialistes pour des sujets plus pointus. Le temps des subventions est terminé, on ne gère pas un média en attendant des subventions. Radio Notre Dame cultive sa différence en ne faisant pas la même chose que les autres, le flash Radio Notre Dame est différent du flash France Info. En cultivant la différence on justifie son existence.
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