7 - Albayane

Lundi 9 mars 2015
SOCIÉTÉ
7
Oued Eddahab-Lagouira
Adhésion et contribution de la femme sahraouie
dans les chantiers de développement
La Journée internationale de la femme est une occasion pour évaluer les acquis réalisés par la femme dans la région d’Oued Eddahab-Lagouira et ses avancées
en ce qui concerne le renforcement de sa présence dans la société et son adhésion et contribution efficaces dans les chantiers de développement local.
Dans ce sens, la directrice de l’Académie
régionale de l’éducation et de la formation,
Mme Jaida Libek a estimé qu’au-delà de
cette célébration annuelle, la femme
sahraouie contribue au quotidien à la dynamique sociale, à travers son rôle éducatif et
pédagogique au sein de son propre ménage
et son adhésion aux actions sociales et au
développement local.
Dans une déclaration à la MAP, elle a
affirmé que la femme s’est imposée dans
plusieurs domaines, grâce à son dynamisme et sa contribution efficace dans différentes activités, plaidant pour la sensibilisation de la femme à ses droits et la préparation des conditions sociales adéquates
pour son épanouissement.
De son côté, Mme Soghra Kentaoui, journaliste à la radio régionale de Dakhla et
acteur associatif, a souligné que la femme
marocaine a réalisé lors des dernières
décennies un ensemble d’acquis, notamment le code de la famille, qui a consolidé
le rôle de la femme dans la vie familiale et
préservé sa dignité, en plus des réformes du
code pénal et du code du travail, entre
autres.
Elle a, toutefois, indiqué que ces réalisations restent en-deçà des aspirations axées,
notamment, sur l’égalité des genres aux
niveaux de la représentation politique au
sein du gouvernement ou des instances
élues.
Pour sa part, Mme Zahra Saad, cadre à
l’Institut national de recherche halieutique,
a mis l’accent sur l’importance de l’enseignement pour la promotion de la situation
des filles sahraouies, relevant certaines
entraves qui conduisent à l’interruption du
cursus des filles à Dakhla, notamment le
facteur de la distance qui les empêche de
suivre leurs études supérieures dans
d’autres villes.
Elle a, en outre, mis en exergue les efforts
consentis pour permettre à la femme de
concrétiser ses ambitions et d’occuper des
postes supérieurs, grâce à sa compétence.
Mme Maimouna Sayed, membre d’un parti
politique, a mis, de son côté, en relief le
parcours des femmes, toutes catégories et
tendances confondues, qui ont lutté pour
promouvoir leur situation dans différents
domaines, soulignant que la Constitution a
consacré les principes d’égalité, de parité et
d’équité sociale, octroyant une place de
choix aux droits de l’Homme.
Elle a également indiqué que la femme
marocaine a franchi plusieurs étapes en
matière de droits politiques, intégré tous les
domaines et réalisé des acquis qui ont préservé sa dignité et renforcé son rôle en tant
qu’acteur agissant dans une société qui
avance dans la sérénité dans un processus
démocratique.
Badiaa Zekhnini
Rabat
Hommage à une cinquante de femmes Une belle carrière de journaliste au sein
journalistes de la diaspora marocaine
de la radio régionale d’Oujda
Anis Birou, ministre chargé des Marocains résidant
à l’étranger et des Affaires de la Migration
Un vibrant hommage a été rendu, samedi soir à Rabat, à
51 femmes journalistes marocaines travaillant dans différents supports dans les quatre coins du monde, en
présence d’une pléiade d’artistes, de députés et membres
du gouvernement. Intervenant lors de cette cérémonie
organisée à l’occasion de la célébration de la journée
internationale de la femme sous le thème «Les journalistes
marocaines du Monde à l’honneur», le ministre chargé des
Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la
Migration, Anis Birou, s’est dit fier du parcours des journalistes marocaines travaillant dans 18 pays qui ont fait
preuve de courage dans un métier des plus compétitifs.
Cette célébration, qui est une occasion pour exprimer le
respect et la reconnaissance à toutes les femmes
marocaines, fait suite à l’hommage qui a été rendu l’année
dernière aux femmes marocaines chercheuses et scientifiques du monde entier, a noté M. Birou.
Cet hommage est rendu à toutes les femmes marocaines
installées à l’étranger et en particulier à celles travaillant
dans le journalisme dans les cinq continents notamment en
reconnaissance à leur professionnalisme et excellence, a-til dit. L’objectif étant également de réunir ces compétentes
et capacités en vue de participer à la création d’un réseau
de journalistes marocaines du monde. Lors de cette cérémonie d’hommage, des trophées ont été remis à plusieurs
journalistes femmes marocaines notamment de Russie,
France, d’Argentine, des Etats-Unis, d’Italie et de Bahreïn
en reconnaissance à leur professionnalisme dans leurs
pays d’accueil. Lors de cette soirée, un débat a été lancé
pour initier la réflexion autour de la création du réseau des
femmes journalistes d’ici et d’ailleurs. Les participantes à
ce débat ont été unanimes à souligner la nécessité de convenir une rencontre pour préparer le lancement officiel de
ce réseau dans l’optique de créer un partage de connaissance et d’expérience entre les différentes journalistes.
Organisée à l’initiative du ministère chargé des Marocains
résidant à l’étranger et des affaires de la Migration, cette
cérémonie a été également agrémentée par un spectacle de
l’humoriste Hanane Fadili. Cette cérémonie s’est déroulée
en présence notamment du ministre des Affaires étrangères
et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, la ministre de
l’Artisanat, de l’Economie sociale et solidaire, Mme
Fatema Marouane et de la directrice générale de l’Office
National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM),
Mme Amina Benkhadra, ainsi que plusieurs autres personnalités du monde de l’art, de la culture, de la politique et
de la société civile.
Badia Zekhnini, une journaliste talentueuse à la radio régionale d’Oujda,
est un exemple éloquent de la femme
de l’Oriental qui a pu se faire une
place sur la scène médiatique régionale et influencer l’opinion publique
de la région. Du haut de ses 20 ans
d’expérience professionnelle dans la
radio régionale d’Oujda, et après avoir
obtenu une licence en langue anglaise
et un master en Culture populaire et
patrimoine, Badia Zekhnini, a pu se
frayer un chemin dans le milieu médiatique qu’elle considérait jadis comme
un monde mystérieux et hermétique.
Depuis son jeune Age, Badia Zekhnini
s’est fixée pour objectif de devenir
journaliste et de faire entendre sa voix
aux gens. Ce rêve a été entretenu
durant ses multiples visites qu’elle
effectuait à la radio régionale et aussi
en écoutant les émissions de journalistes de gros calibre, tels que les défunts
Yahya El Gourari et Kassem Jidani.
Dans un entretien accordé à la MAP,
Mme Zekhnini fait savoir que son
intégration à la radio d’Oujda dans le
cadre du service civil était le fruit d’un
heureux hasard et que c’était le début
de la réalisation de son rêve.
Les deux années de service civil passées au sein de la radio ont constitué
une expérience inoubliable et riche
durant laquelle elle a appris à maîtriser
le métier avec l’encadrement et
l’accompagnement de ses collègues
journalistes et techniciens, ce qui lui a
permis de s’affirmer dans le domaine
du journalisme radiophonique.
Depuis le début de son parcours pro-
fessionnel en mai 1996, Mme Zekhnini
n’a cessé d’animer des émissions à
succès, notamment celle de «Tahqiqat»
(enquêtes) qu’elle affectionne particulièrement puisqu’elle lui permet d’être
proche des préoccupations des citoyens les plus défavorisés et qui souffrent en silence.
Par ailleurs, Mme Zekhnini a animé
une variété d’émissions «On Air»
portant sur différents domaines, même
si elle préfère le service de
l’information, de la rédaction et des
reportages, des tâches qui nécessitent à
la fois de travailler dans le studio et de
se déplacer sur le terrain.
Sa formation littéraire et son intérêt
pour la lecture et les arts a été pour elle
un atout qui lui a permis de proposer,
depuis le début de son parcours, des
émissions culturelles, notamment
«l’Université» et «Joussour» (ponts).
En dépit des difficultés inhérentes à la
nature de son travail qui requiert ponctualité et rapidité, ou celles liées à
l’étendue de la région de l’Oriental
(une préfecture et 6 provinces), cette
journaliste brillante ne s’en plaint pas
puisqu’elle porte ce métier dans son
coeur, et «peut tout sacrifier pour lui».
La radio régionale d’Oujda est «un
espace d’une valeur inestimable qui
m’a donné l’opportunité de m’adresser
à des centaines, voire des milliers de
concitoyens», relève Badia Zekhnini,
signalant qu’elle continuera ses efforts
et son implication en vue d’exprimer
sa reconnaissance et sa gratitude à cet
établissement.
Elhoussain Laaouan (MAP)
Zahra la badante
De Sti Fadma à Stimigliano, parcours d’une
Marocaine qui sème le bonheur autour d’elle
Zahra la badante où l’histoire d’une
femme marocaine qui par son militantisme, son courage et sa générosité
sème le bonheur autour d’elle : une
vraie success story de Sti Fadma à
Stimigliano,
Zahra. F, surnommée par ses amies
intimes ‘’Al harcha’’, vu qu’elle excelle
dans la confection de la fameuse galette
marocaine à la semoule qu’elle leur
offre de temps à autre, est arrivée en
Italie à la fin des années 1990 laissant
derrière elle, dans les montagnes aux
environs de Sti Fadma, dans la province d’Al Haouz, ses ‘beaux souvenirs
d’enfance’’, mais également ‘un cauchemar qui hante encore mon esprit’’.
Seul regret qui, apparemment, l’agitait
c’est de n’avoir pas pu réaliser son rêve
d’envoyer ses parents au pèlerinage à la
Mecque. Le père est décédé il y a
quelques années et la mère, malade,
n’est désormais plus en mesure de s’y
rendre. Son récit, entrecoupé d’éclats
de rire, n’a rien d’ordinaire aux yeux de
ses semblables qui la chérissent tant
pour ses qualités de femme ‘courageuse, dure à la tâche, responsable,
attentive, et curieuse’’.
Donnée en mariage à l’âge de 15 ans à
un homme plus âgé qu’elle, Zahra
affirme qu’elle avait mené ‘pendant
plus de cinq ans une vie d’enfer’’ avec
son ex-mari qui avait l’âge de son
grand-père, avouant que l’unique idée
qui l’habitait, à l’époque, était de tenter
le suicide. ‘Je n’avais pas eu le courage
pour le faire de crainte de Dieu et grâce
au soutien psychique de ma mère qui
m’avait fait éviter de commettre un
acte aussi impardonnable’’, a-t-elle dit.
Arrive ensuite le divorce parce que, dit-
on, ‘je ne pouvais pas avoir des
enfants’’, alors que j’ai appris, des
années plus tard, que ‘mon ex-mari
(que Dieu ait son âme en sa sainte
miséricorde) était en réalité stérile’’.
Cette histoire ‘’a bouleversé mon existence et m’a profondément affecté,
parce que j’ai décliné pendant des
années plusieurs offres pour mariage,
croyant que j’étais stérile. Aller voir un
spécialiste n’avait jamais effleuré mon
esprit’’.
Son premier voyage ‘à l’étranger’’
(éclats de rire) était à Beni Mellal où
elle avait eu ‘une mauvaise aventure’’
avant de se rendre à Casablanca où elle
travaillait, pendant des mois, comme
bonne, avant de rencontrer un entrepreneur italien qui lui avait offert un
emploi en tant que ‘badante’’ (auxiliaire de vie) dans une localité au centre
de l’Italie qui a ‘beaucoup de ressemblance avec ma région Sti Fadma et de
surcroît elle a un nom qui sonne bien
dans mes oreilles et que j’appréciait tellement : Stimigliano’’.
En Italie, le terme badante ( auxiliaire
de vie, emploi privilégié généralement
parce qu’il garantit logement et nourriture dans la plupart des cas ) renvoie
automatiquement à ces femmes issues
de la migration et qui ‘effectuent un
certain travail d’assistance : prendre
soin de personnes âgées seules et non
autonomes ou de personnes porteuses
d’un handicap’’.
La badante, est devenue ‘très nécessaire’’ dans une société en vieillissement et occupe depuis plusieurs décennies une place centrale dans la littérature de la migration et dans les recherches sociologiques en matière des flux
migratoires en Italie où les grands
changements sociaux intervenus à partir des années 1980 (vieillissement de
la population, augmentation des personnes âgées seules, insertion des
femmes sur le marché du travail, soins
à long terme) justifient pleinement sa
présence.
A cause des conditions temporelles
totalisantes (24 heures sur 24), l’activité
d’auxiliaire de vie est ‘très ségrégative’’ et ne facilite pas les échanges
culturels ou l’accès aux services, à
moins d’une entente avec son employeur comme c’est le cas pour Zahra.
Peu de mois après son arrivée en Italie,
affirment ses employeurs, Zahra avait
fait preuve d’’’une volonté inouïe pour
s’adapter à son nouvel environnement
et toute la famille ainsi que l’association
des femmes italiennes dont elle est , à
présent, l’une des membres les plus
actives reconnaissent qu’elle est une
femme capable d’être émue et
d’émouvoir et possède des qualités
humaines devenues, malheureusement
en ces temps, de plus en plus rares :
altruisme, abnégation au travail et solidarité ‘’
‘Une femme grandit en écoutant les
autres. Zahra, tout en écoutant les
autres a révélé un talent d’apprentissage
incroyable. Quand elle était venue, elle
ne connaissait pas un seul mot de
l’Italien. Elle avait suivi des cours de
soir et obtenait d’excellentes notes.
C’est à vous de juger à présent ses
capacités intellectuelles’’, fait observer
la présidente de l’Association dont la
Marocaine est désormais 2è vice-présidente, laquelle association, qui compte
en sein notamment de hauts cadres dont
des femmes médecins, ingénieurs, universitaires et avocates, s’active dans le
domaine de la promotion des droits des
femmes et la protection de l’enfance.
‘L’erreur qu’on a l’habitude de commettre en ce 8 mars c’est qu’on braque
souvent les projecteurs sur les femmes
qui ont réussi dans leur carrière professionnelle après avoir porté à terme
leurs études grâce, dans la plupart des
cas, au soutien de leurs familles, alors
que l’hommage doit être rendu à ces
dames qui, sans haut diplôme ni ambition d’être sous les projecteurs, militent
dans l’ombre chaque jour avec grande
dignité pour aider le prochain et rendre
ce monde meilleur’’ , a-t-elle poursuivi.
On le sait bien, a-t-elle insisté, le succès n’est qu’un état d’esprit et qu’’’il
suffit de commencer par penser à vous
en tant que gagnant, comme c’est bien
le cas de Zahra. Elle a affronté avec
courage ses difficultés, appris beaucoup de choses dans la vie et devenue
un modèle à suivre pour nous toutes de
par son altruisme et sa joie de vivre’’.
Emue par les éloges et les témoignages
à son égard, aussi bien de la part de ses
voisines italiennes, que des membres
de son association, et encore davantage
de plusieurs de ses concitoyennes
qu’elle avait aidé à trouver un emploi,
Zahra, qui partage son temps entre la
maison où elle s’occupe d’une vieille
femme qui, dit-on, l’aime comme sa
propre fille, et le siège de son association, a cessé ses éclats de rire donnant
libre cours à des larmes répétant à
maintes reprises ‘ma mère me manque,
mon pays me manque’’.
Mohammed Badaoui (MAP)