Journal La Gruyère, 05.08.2014

Les plantes
de nos régions
PAR ANGÉLIQUE RIME
7
Fribourg
La Gruyère / Mardi 5 août 2014 / www.lagruyere.ch
Une formation
en économie sociale
Le pain de coucou forme des tapis. Il pousse généralement là où grandit
la mousse. CHLOÉ LAMBERT
Des feuilles au
vert lumineux
NATURE. Cet été, grâce à la Charmeysanne
Anne-Marie Maillard, La Gruyère vous propose
de découvrir chaque semaine une plante de la
région, ses propriétés et une recette. Aujourd’hui,
le pain de coucou, oxalis acetosella, de la famille
des oxalidacées.
Description
Le pain de coucou est une plante vivace, qui mesure jusqu’à dix
centimètres. Les oiseaux se nourrissent de ses graines, riches en
hydrates de carbone et en gras, avant d’entreprendre leur migration. D’où son nom. Cette plante forme des tapis et se compose
de trois folioles en forme de cœur. D’un vert lumineux, les feuilles
ternissent lorsque la plante vieillit. «Attention à ne pas confondre
cette plante avec le trèfle», avertit Anne-Marie Maillard. De
petites fleurs blanches veinées de lilas coiffent le pain de coucou
au début du printemps. «Elles ressemblent à un petit chapeau
d’elfe, commente la Charmeysanne. Elles sont aussi comestibles.»
La plante, à la saveur acide, est idéale pour donner du goût dans
un mélange de salades, une sauce ou un potage.
Le pain de coucou pousse dans la forêt, souvent là où grandit
la mousse.
Propriétés
Le pain de coucou contient davantage de vitamine C que le citron.
Mais également beaucoup de minéraux – fer, calcium, magnésium. Cette plante est diurétique. Mâcher ses feuilles atténue les
inflammations des gencives. En tisane, elle soigne les troubles
digestifs et fait baisser la fièvre. Le pain de coucou contient
beaucoup d’acide oxalique, qui ne convient pas aux personnes
qui souffrent de calculs.
La recette
Œufs à la coque aux feuilles d’oxalis (recette de Marc Veyrat)
Ingrédients
4 œufs; 100 g de feuilles de pain de coucou; 10 cl de bouillon de
légumes; 5 cl de lait; deux tranches de pain; sel, poivre; fleur de
sel; vinaigre
Préparation
Faire chauffer le bouillon de légumes dans une casserole, ajouter
50 g de feuilles d’oxalis. Faire réduire pendant trois minutes, puis
mixer. Saler et poivrer, ajouter le lait et faire réduire à nouveau
pour obtenir quatre cuillères à café de jus réduit. Passer au chinois. Pendant ce temps, faire chauffer une casserole d’eau avec
deux gouttes de vinaigre. A frémissements, y plonger les œufs et
les faire cuire pendant trois minutes. Les égoutter. Décalotter le
sommet des œufs et retirer l’excédent de blanc. Ajouter dans
chaque œuf une cuillerée de jus d’oxalis puis, juste avant de servir,
quelques grains de fleur de sel. Accompagner de bâtonnets de
pain grillé. Utiliser le reste des feuilles pour la décoration.
ANNE-MARIE
MAILLARD
cueille des plantes pour
l’auberge des Mossettes,
à Cerniat, le restaurant
La Table, à Charmey, le
restaurant de la Tour, à
Châtel-sur-Montsalvens
et le restaurant du Cerf,
à Cossonay. Elle donne
également des cours.
n
HEG. Peu ou mal
connue, l’économie
sociale et solidaire
bénéficie d’une nouvelle
offre des Hautes Ecoles
de gestion de Fribourg
et de Genève.
DOMINIQUE MEYLAN
Une autre économie existe: les
entreprises sociales et solidaires (ESS) ont une philosophie qui n’est pas axée sur le
profit. Ce domaine, méconnu
ou alors brouillé par les clichés,
est en plein développement.
Comme leur nom l’indique, les
ESS ont un but prioritairement
social. Les Hautes Ecoles de
gestion de Fribourg et de Genève lancent cet automne la
première formation de Suisse
destinée aux dirigeants et cadres de ces organisations et entreprises.
Le projet fait partie de la stratégie de développement durable du canton de Fribourg. A ce
titre, il est soutenu financièrement. Pour Laurent Houmard,
professeur à la Haute Ecole de
gestion de Fribourg et coresponsable de la formation, ce cours
répond à un réel besoin.
Ne serait-ce que pour faire
connaître le domaine. «En
Suisse, l’ESS n’est pas valorisée,
rapporte Laurent Houmard. Ce
n’est pas un mal de faire prendre
conscience qu’il y a une économie qui fonctionne avec d’autres objectifs.» La méconnaissance est telle que certaines
entreprises ne réalisent pas
qu’elles sont englobées dans
cette définition.
Dimension novatrice
Pourtant, l’économie sociale
et solidaire a une dimension novatrice intéressante. Habitat durable, agriculture contractuelle
de proximité ou encore fonds
de pension durables offrent des
pistes pour l’ensemble de la société. Ces entreprises jouent un
rôle important dans la transition
vers une économie soutenable,
rappelle la HEG dans un communiqué.
Dans le canton de Fribourg,
les plus visibles sont la crêperie
Sucré Salé, le centre d’intégra-
Les supermarchés de l’occasion (ici, le Coup d’Pouce de Bulle) sont un des exemples les plus connus d’entreprises sociales et solidaires. ARCH - C.LAMBERT
tion socioprofessionnel (CIS)
ou encore la fondation EmploiSolidarité avec ses supermarchés de l’occasion Coup
d’Pouce. Les entreprises qui
permettent l’insertion sur le
marché du travail de personnes
fragilisées sont mieux connues,
mais le domaine est vaste,
comme l’a montré un projet de
recherche de la HEG mené de
2011 à 2013.
Formation économique
Le cliché de l’économie sociale et solidaire, qui se limiterait à des entreprises subventionnées, est loin de la réalité.
«C’est le critère de la prise de
risque qui différencie ces sociétés», explique Laurent Houmard.
La sensibilité sociale et environnementale peut se retrouver
dans l’engagement du personnel ou alors la qualité du produit
ou du service. Des profits sont
Ce n’est pas un mal de
“
faire prendre conscience
qu’il y a une économie qui
fonctionne avec d’autres
objectifs. LAURENT HOUMARD
”
réalisés, mais ils ne sont pas utilisés à des fins d’enrichissement.
A Genève, l’économie sociale
et solidaire représente 10% des
emplois, selon une étude récente (voir ci-dessous). Dans les
autres cantons romands, le domaine est inégalement développé. «C’est encore très embryonnaire à Fribourg, mais
c’est en train d’évoluer», relate
Laurent Houmard. Une tentative de créer une association regroupant les ESS du canton a
échoué.
L’exemple genevois
A Genève, les entreprises sociales et solidaires offrent plus de 23000 places de travail, ce qui représente 10% des emplois salariés du canton. C’est
dire la place grandissante de ce secteur dans l’arc
lémanique. Une étude statistique, menée par la
Chambre genevoise de l’économie sociale et solidaire (APRÈS-GE) auprès des organisations qu’elle
représente, offre une radiographie du milieu et
permet de mieux le comprendre.
Selon cette enquête, seuls 17% des membres
d’APRES-GE offrent des prestations dans le domaine de la santé ou des services sociaux, là où
on les attend le plus. Un quart des organisations
sont actives dans la production de services et
commerces non alimentaires. Près d’un cinquième
propose des activités citoyennes.
Presque tous les secteurs économiques sont
concernés. L’habitat, l’artisanat, l’industrie, l’agriculture, les services aux personnes, l’éducation,
le commerce équitable, la finance (solidaire) ou
encore les activités culturelles et sportives sont
quelques exemples des activités des entreprises
genevoises sociales et solidaires. Il n’y a que les
branches incompatibles avec les principes fondamentaux du domaine comme le luxe, l’armement
ou l’industrie du tabac, qui sont totalement laissées de côté.
Très peu d’écarts de salaire
Une association classique est constituée d’une
équipe de cinq salariés, aidés de deux à trois stagiaires et 25 bénévoles. Le salaire mensuel moyen
s’élève à 6345 francs. Les écarts de traitement entre les employés varient entre 1,3 et 2,3 (différence
entre le plus bas et le plus haut salaire), loin des
fossés vertigineux de l’économie privée.
Toujours d’après cette enquête, 35% des organisations genevoises sondées ne bénéficient
d’aucun soutien public ou privé. Pour les 65%
restants, la part moyenne d’autofinancement
par rapport au budget annuel global s’élève à
40%. DM
Les étudiants de la HEG fribourgeoise bénéficient déjà
d’un enseignement sur cette
économie dans leur programme
de bachelor. La nouvelle formation, qui comprend vingt jours
de cours pendant douze mois,
s’adresse toutefois à un autre
public: des personnes déjà actives dans l’économie sociale et
solidaire.
Une des grandes nouveautés
proposées par la HEG est de ne
pas axer l’enseignement exclusivement sur l’aspect social, mais
d’y intégrer des outils de gestion. Ressources humaines, management, communication ou
marketing seront abordés dans
cette formation, avec toujours le
souci d’intégrer les spécificités
de l’ESS. Par exemple, on n’y
gère pas le personnel de la
même manière que dans une
multinationale.
L’idée est également de susciter une émulation. «La formation se veut interactive, explique Laurent Houmard. Nous
espérons des échanges sur les
bonnes pratiques des uns et
des autres.» Les ateliers seront
nombreux et les participants
seront invités à tester immédiatement les outils enseignés
dans leur pratique professionnelle.
Il reste des places pour ce
cours, qui sera donné à Lausanne et à Fribourg. Si la formation remporte un grand succès,
elle pourrait être reconduite ces
prochaines années. ■