22 FEVRIER 2014 - articles du jour

SAMEDI 22 FEVRIER 2014
= Pétrole : « Le déclin [de 6.3%] ne mène pas toujours à la chute », dit l’AIE
p.1
= Pourquoi l’effondrement du Système monétaire, bancaire et financier actuel est inéluctable
mais le moment où il se produira et les mouvements des marchés financiers qu’il provoquera sont
impossibles à prévoir p.4
= Le scandale des prix du pétrole p.15
= La crise monétaire : un monstre bien plus redoutable que la déflation p.25
= Economie : l'abus de statistiques est dangereux pour la paix p.27
= Le cauchemar des banques : la panique ou bank run p.29
= Crise : c'est officiel, l’Argentine trichait avec ses statistiques économiques... Comme la Grèce p.31
= L'illusionniste Abe et le rebond magique du Japon... p.32
= Le Mexique va se faire un nom p.35
= Chroniques émergentes : séparer le bon grain de l'ivraie p.38
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Pétrole : « Le déclin [de 6.3%] ne mène pas
toujours à la chute », dit l’AIE
13 novembre 2013, par Matthieu Auzanneau
La demande de pétrole devrait continuer à croître, et passer de 87 à 101
millions de barils par jour (Mb/j) d'ici à 2035, selon le rapport annuel de
l'Agence internationale de l'énergie publié hier. Répondre à cette demande
promet de constituer un défi dont l'énormité se confirme à nouveau, et se
précise un peu plus.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) admet que "le déclin de la
production des champs existants sera un moteur majeur des investissements
dans la production". Pour la première fois, elle consacre un chapitre entier au
problème du déclin de la production existante. Sous-titre de ce chapitre : "Le
déclin ne mène pas toujours à la chute".
A partir de l'analyse de 1600 champs ayant dépassé le pic de production,
l'AIE estime leur rythme moyen de déclin à 6.3 % par an. Cela signifie que
si l'industrie arrêtait aujourd'hui d'investir dans la recherche et la mise en
production de nouvelles ressources, les extractions pétrolières mondiales
chuteraient presque de moitié d'ici à 2020 (voir graphique ci-dessous) !
Production pétrolière qui serait observée en l'absence de tout nouvel
investissement. AIE, WEO 2013.
Ce déclin naturel de la production représente un problème d'une ampleur sans
précédent : jamais jusqu'ici l'industrie pétrolière n'a fait face à un tel rythme
de chute de la production dans un si grand nombre de champs.
Ne serait-ce que pour maintenir la production au niveau atteint en 2012,
l'industrie pétrolière devra d'ici à 2020 développer environ 34 Mb/j de
capacités supplémentaires, estime l'AIE. Cela représente l'équivalent de trois
Arabie Saoudite. Le rythme de déclin annoncé par l'AIE est désormais
presque le même que celui mis en avant en 2011 par l'ex-PDG de la Shell,
Peter Voser.
En somme, "la route est droite, mais la pente raide". L'effet de la "Reine
rouge" ?
L'AIE confirme incidemment le déclin amorcé par la production de pétrole
conventionnel, reconnu pour la première fois dans son rapport 2010. Cette
production de pétrole liquide classique, qui fournit les 4/5èmes de l'offre
actuelle de carburants liquides, reculera à 65 Mb/j en 2035 contre environ 70
Mb/j aujourd'hui, juge l'AIE. L'Agence internationale, chargée de conseiller
les pays riches (et importateurs de brut) membres de l'OCDE, confirme
également son diagnostic émit l'an dernier d'un déclin en cours (Mexique,
Angola, Grande-Bretagne, Norvège) ou imminent (Russie, Iran, Koweït) de
quelques-uns des poids lourds de la production mondiale.
Le développement des pétroles non-conventionnels – sables bitumineux,
pétrole de schiste, etc. – ainsi que des liquides de gaz naturel (LGN)
permettra de combler le fossé grandissant entre la demande pétrolière
mondiale et la production de pétrole brut conventionnel, assure l'AIE.
Les pétroles non-conventionnels et les LGN sont plus difficiles et plus
coûteux à produire.
L'AIE souligne en particulier que les puits de pétrole de schiste (ou de rochemère, à plus proprement parler) connaissent des déclins bien plus précoces et
prononcés que ceux de pétrole conventionnel. L'agence envisage pour la
première fois un pic de la production du pétrole de schiste des Etats-Unis,
dont elle fixe la date en 2025. Un pronostic sensiblement plus optimiste que
ceux désormais avancés par l'administration Obama (pic en 2020) et par le
secrétariat général de l'Opep (pic dès 2017).
L'AIE insiste sur le maintien dans l'avenir de coûts de production très élevés.
Les dépenses du secteur pétrolier et gazier devraient atteindre un nouveau
record en 2013, et dépasser 700 milliards de dollars.
Envolée des coût d'investissements dans la production pétrolière et gazière
depuis 2000. AIE WEO 2013.
La clé de l'avenir de la production mondiale de pétrole semble être là.
Un analyste de Douglas-Westwood Associates, l'un des cabinets de conseil
les plus prestigieux au sein de l'industrie pétrolière, explique :
"La plupart des grands producteurs ont maintenant besoin d'un baril
de Brent à 120 ou 130 dollars pour maintenir leurs niveaux actuels
de dividendes en même temps que leurs programmes
d'investissements."
Le groupe français Total a ainsi annoncé en septembre une forte diminution
de ses dépenses futures d'investissement de capital, en dépit d'extractions de
brut en déclin depuis 2004.
La demande de pétrole aux Etats-Unis à tendance à se contracter dès que le
cours du baril de Brent est au-dessus de 103 dollars ; elle fait de même en
Chine dès que le cours du Brent dépasse 120 dollars, indique le cabinet
Douglas-Westwood Associates à l'agence spécialisée Platts.
L'industrie pétrolière court donc le risque de se retrouver prise en sandwich
entre des coûts de production toujours plus élevés et une demande qui ne
pourra suivre.
Production pétrolière mondiale et croissance économique mondiale ont
évolué jusqu'ici de façon quasi-parallèle, tout comme les cours du brut et
ceux des denrées alimentaires.
Pourquoi l’effondrement du Système monétaire,
bancaire et financier actuel est inéluctable mais le
moment où il se produira et les mouvements des
marchés financiers qu’il provoquera sont
impossibles à prévoir
Pierre Leconte , Forum monétaire de Genève, 21 février
La plupart des lecteurs de cet article penseront probablement que son intitulé
et son contenu plutôt catastrophistes relèvent du délire puisque,
apparemment, nous vivons dans “le meilleur des mondes possibles”. Et
pourtant, ils se trompent. Étant donné que nous sommes engagés à l’échelle
mondiale dans un processus vraisemblablement irréversible de caricature du
libéralisme authentique, en réalité vidé de son sens par la collusion entre le
centralisme monétaire imposé par quelques banques centrales (qui ne
fonctionne pas) et la domination économique exercée par quelques grandes
banques privées et entreprises transnationales agissant à leur guise (qui
fonctionne trop bien), conduisant au chaos qu’Hayek a décrit dans “La route
de la servitude” , beaucoup plus vite que les plus critiques des économistes
contestataires (un Marc Faber ou un Nouriel Roubini par exemple) le
prévoient…
Le libre-échange de plus en plus instable et inéquitable généralisé, c’est-àdire la mondialisation ultra chaotique des économies, parce que résultant de
l’ouverture des frontières à tous les flux de marchandises et de populations
dans une grande instabilité des taux de change et des coûts de production
(alors que si l’on été resté dans l’étalon-or c’eût été supportable), au moment
même
1/de la perte de contrôle des Systèmes monétaire, bancaire et des marchés
financiers par les États-Nations, au profit de structures supranationales
(souvent criminelles comme les mafias ou les mécanismes de corruption
politique) obéissant aux intérêts particuliers non coopératifs des principaux
groupes de pression politico-économiques et financiers antagonistes qui les
dominent,
2/mais aussi de la financiarisation croissante des rapports économiques et
sociaux, cassant les équilibres sociologiques, culturels et politiques anciens
sans que les politiciens dépassés par le rythme des événements soient
capables d’en promouvoir de nouveaux aussi stables ou tout au moins aussi
prévisibles,
ont provoqué une crise mondiale SYSTÉMIQUE (et non pas conjoncturelle)
sans précédent qui loin de se terminer s’étend irrémédiablement en
s’aggravant à toutes les régions du monde.
Etats et banques centrales ont d’abord crée pour calmer ladite crise tout
l’argent possible qui n’existait pas (plans dits de “relance” à partir
d’emprunts, Quantitative Easing et LTRO) puis, comme cela ne suffisait pas,
ils ont laissé les groupes de pression politico-économiques et financiers
précités manipuler l’ensemble des marchés (taux d’intérêts, monnaies,
actions, matières premières, métaux précieux, etc.) dans l’espoir qu’ils les
stabilisent et/ou de leur permettre d’accumuler des profits qu’ils injecteraient
ensuite dans l’économie réelle. Comme cela ne s’est pas produit, puisque
l’injection supposée n’a pas eu lieu, et donc que cela ne suffit toujours pas,
puisque l’économie réelle continue de se détériorer (en particulier le chômage
de masse), la prochaine étape, qui a déjà commencé avec la répression
financière, consistera à faire main basse sur les actifs plus qu’écornés que
détiennent encore les agents économiques, privés principalement (bail-in).
Dans de telles conditions, on peut comprendre le ridicule qu’il y a à prétendre
pouvoir prévoir quand l’effondrement inéluctable du Système actuel se
produira et quels mouvements de marchés en résulteront. Mais il faut
toutefois périodiquement s’y essayer, sans évidemment prétendre que l’on
aura nécessairement raison, puisque l’éventail des possibles dans le monde
compliqué et ouvert actuel est très large.
LA SUPPOSÉE REPRISE ÉCONOMIQUE US N’EST BASÉE QUE SUR
LE QUANTITATIVE EASING (L’ ACCROISSEMENT DU BILAN DE LA
FED). QU’IL SE RÉDUISE ET ELLE S’ÉCROULERA…
LIRE ABSOLUMENT LE LIEN CI-DESSOUS REFLÉTANT
(GRAPHIQUES A L’APPUI) LA SITUATION IDENTIQUE A CELLE
DES USA DE LA ZONE EURO:
http://www.creditwritedowns.com/2014/02/us-commercial-banks-changing-asset-mix.html
——————————————
Nous pensons donc, en toute modestie, que la déflation occidentale résultant
de l’effondrement SYSTÉMIQUE de l’économie keynésienne globalisée, est
l’issue la plus probable du chaos actuel. Et non pas l’inflation ou l’hyper
inflation, ainsi que nous l’avions cru il y a quelques années, puisque, à tort,
nous avions pensé que l’avalanche de liquidités créées ex nihilo et que les
taux d’intérêt zéro voire négatifs permettraient une sortie inflationniste
“classique” de la crise alors que, en fait, il n’y a plus aucune transmission des
politiques monétaires en direction de l’économie réelle. Ce qui les rend
inutiles et contre productives. Raison pour laquelle la Federal Reserve met un
terme progressif à son QE (en tentant de faire croire qu’elle sait ce qu’elle
fait, alors qu’elle n’en sait rien du tout) et que la Banque du Japon poursuit
encore le sien sous la pression du gouvernement nippon, sans du tout qu’il
parvienne à faire chuter plus le yen. Il n’y a plus de pilote dans l’avion… La
probabilité est donc forte pour qu’il finisse par tomber… Sous la forme
d’abord d’un krach des actions. C’est le pari de George Soros et de quelques
autres investisseurs richissimes.
http://blogs.marketwatch.com/thetell/2014/02/17/soros-doubles-a-bearish-bet-on-the-sp-500-to-the-tune-of-1-3-billion/
http://www.businessinsider.com/soros-13-billion-worth-of-spy-puts-2014-2
A noter que la cessation du QE par la Fed vise parait-il à diminuer son bilan
hypertrophié et à rééquilibrer le marché US des actions (qu’il s’agit de faire
baisser progressivement alors que EN FINANCE RIEN N’EST JAMAIS
PROGRESSIF) au profit du marché des obligations US (qu’il s’agit de faire
remonter) puisque lorsque les premières baissent les liquidités s’investissent
dans les secondes. Tout en stabilisant le dollar US et en faisant baisser les
métaux précieux, Jakobsen le chef économiste de Saxo Bank ayant déclaré le
20 févier 2014: “Tant que le Fed Tapering se poursuivra, l’or baissera…”
La plupart des économies sont dans des situations inextricables:
http://www.zerohedge.com/contributed/2014-02-16/xis-tinkering-risks-china-hard-landing
http://www.bloomberg.com/news/2014-02-17/deflation-threat-unsettles-g-20-roiled-by-emerging-market-losses.html
http://www.businessinsider.com/the-uncomfortable-truth-in-chinas-property-market-2013-11
http://www.zerohedge.com/news/2014-02-19/chinese-dominoes-are-about-fall-complete-list-upcoming-trust-defaults
http://www.zerohedge.com/news/2014-02-19/china-manufacturing-pmi-misses-tumbles-7-month-low
http://www.zerohedge.com/news/2014-02-19/japanese-trade-deficit-explodes-record-no-j-curve-miracle-sight
http://www.reuters.com/article/2014/02/20/markets-hongkong-stocks-close-idUSH9N0K202R20140220
http://www.theguardian.com/business/2014/feb/19/imf-european-central-bank-interest-rates-deflation-eurozone
http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/jeremy-warner/10636290/Eurozone-crisis-is-just-getting-started.html
_
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140220trib000816381/cette-statistique-allemande-siinquietante-pour-la-zone-euro.html
http://www.atlantico.fr/decryptage/signaux-silencieux-qui-ne-trompent-pas-europe-fait-face-catastrophe-deflation955928.html
-
Déflation signifiant, en effet, qu’à un moment ou à un autre, dans un contexte
de ralentissement économique et de trappe à liquidités qui n’irriguent plus
l’économie réelle, les cours des actions surévaluées devraient chuter (raison
pour laquelle nous leur préférons les obligations d’autant que les taux
d’intérêts à moyen et long termes baissent un peu partout) et que les prix des
métaux précieux et des matières premières -sauf certains produits
alimentaires en état de pénurie- (encore historiquement chers) devraient aussi
chuter (ce qui est déjà en cours mais n’est pas -à notre avis- encore allé à son
terme, même si des reprises ponctuelles se produisent, dans lesquelles il
importe de ne pas se faire piéger tout en tentant de gagner quelque chose au
passage). Pas facile…
Ainsi, la reprise de l’or et de l’argent-métal depuis janvier 2014 semble être
déjà terminée et nous avons matérialisé en début de semaine vers 1.330 et
21,90 les profits sur les positions longues que nous avions prises sur ces deux
métaux lors de la cassure de l’or à la hausse aux alentours de 1.280 USD
l’once. Les graphiques signalent la probabilité, dans leur prochain
mouvement de baisse, de la cassure de leurs plus bas récents de 2013. La
plupart des investisseurs (”fétichistes” à propos des métaux précieux) croient
qu’ils vont exploser à la hausse. Ils ont probablement tort, parce que les Etats
et banques centrales occidentaux feront tout pour s’y opposer en manipulant
leurs marchés et que les pays émergents doivent utiliser leurs liquidités à
stabiliser leurs économies et leurs monnaies plutôt qu’à thésauriser du métal,
la Chine mise à part qui peut certes acheter tout l’or du monde.
Important:
http://www.bloomberg.com/news/2014-02-18/top-two-gold-forecasters-remain-bearish-after-2014-rally.html
————————–
Selon l’excellent analyste Robert McHugh “Gold could top around 1,345ish.
From that top Gold could decline toward the 1,050 to 1,100ish area” c’est-àdire qu’il a déjà vraisemblablement atteint plus ou moins son top pour assez
longtemps à 1.332 cette semaine (idem pour l’argent-métal):
http://www.gold-eagle.com/article/what-deal-gold
Le même analyste pronostique aussi le krach des actions US:
http://www.gold-eagle.com/article/stocks-plunge-decline-different
—————————http://blog.kimblechartingsolutions.com/2014/02/gold-creating-bullish-cup-handle-pattern/
http://www.bloomberg.com/news/2014-02-18/gold-drops-from-three-month-high-as-fed-seen-sticking-with-taper.html
-
Ce qui ne l’avancera pas à grand chose si les pouvoirs publics et les grandes
banques américains et européens continuent de casser son prix et ont décidé
de l’exclure durablement du SMI. Les dirigeants chinois, qui sont encore
idéologiquement communistes, nourrissant à propos de l’or le même
syndrome que Lénine qui déclarait lors de la prise de pouvoir par les Soviets
en 1917 en Russie qu’il utiliserait le métal jaune ” à fabriquer des
vespasiennes en or à la disposition du peuple dans les plus grandes villes”…
sauf que les patrons du PC chinois, apparemment moins “intéressés” au bien
être du peuple, le mettent en réserve -dans quelques dépôts ou comptes
secrets- pour leurs vieux jours ou plutôt ceux de leurs descendants… En cas
où le peuple décidait de les renvoyer, on n’est jamais assez prudent… D’où
probablement l’explication des 500 tonnes manquantes dans les actifs de la
Banque de Chine dont nous parlions dans notre dernier commentaire. Quant
aux USA, si jamais l’hégémonie mondiale du dollar US était menacée, ils
pourrait toujours annoncer “urbi et orbi” que l’or n’est qu’une matière
première inutile et qu’ils décident donc de vendre tous leurs stocks d’or (les
plus importants au monde) ou bien qu’ils reviennent à la convertibilité du
dollar US à 35 USD l’once comme lors des accord de Bretton Woods. Et les
Chinois ruinés, dont l’or qu’ils possèdent resterait pendant des années au prix
de 35 USD l’once, pourraient alors mettre en place le projet de Lénine…
Les Chinois sont déjà tombés, tout seuls, dans le “Dollar Trap”, ils sont en
train de tomber dans le “Gold Trap”…
http://www.bloomberg.com/news/2014-02-17/china-digs-itself-deeper-into-dollar-trap.html^
http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-la-chine-a-trompe-le-monde-entier-mais-son-jeu-ne-durera-pas-.aspx?
article=5215193220H11690&redirect=false&contributor=Mish.
-
Les Japonais ne sont plus en mesure de décider de la valeur de leur yen qui
ne dépend que des étrangers…
http://www.bloomberg.com/news/2014-02-19/yen-weakness-in-foreigners-hands-leaves-abe-exposed-currencies.html
——
L’or et l’argent-métal, ayant atteint leurs résistances, semblent devoir à
nouveau repartir à la baisse (pour aller bien en dessous de leurs plus bas de
2013).
Il semblerait, finalement, que la faiblesse récente et actuelle du dollar US
contre les monnaies européennes et le yen ne doivent pas aller beaucoup plus
loin (1,39 sur l’euro/dollar US paraissant un sommet difficilement
franchissable), surtout que la guerre civile en Ukraine -au centre de l’Europeest de nature, si elle devenait hors de contrôle et s’étendait à certains de ses
voisins, à faire plonger l’euro, également affecté par le référendum suisse. Au
lieu de jeter de l’huile sur le feu ukrainien, les dirigeants européens (de la
Commission mais aussi Français récents et actuels en particulier), faisant en
cela le jeu des Américains qui veulent étendre leur OTAN à toute l’Europe
pour contrer la Russie, feraient mieux de négocier avec Moscou un
partenariat global incluant l’Europe de l’Est qu’il s’agit de stabiliser.
Attention: le risque de guerre en Europe pas seulement à l’Est, civile d’abord
puis entre les États-Nations, s’accroit dangereusement…
Le général de Gaulle, qui plaidait pour “une Europe des Nations de
l’Atlantique à l’Oural” (la seule issue réaliste à la place de l’Europe
supranationale construite autour du Super-État unique “impérial” que l’on
veut actuellement créer) parce qu’il croyait à la théorie d’Halford MacKinder
sur “le pivot géographique de l’histoire” dont l’Ukraine et le Caucase sont
des régions clefs, n’aurait jamais laissé cette triste affaire dont peut sortir une
guerre mondiale s’envenimer. A noter que le prochain domino à tomber
ensuite dans la région c’est la Turquie, que son dictateur Erdogan mène à la
guerre civile.
http://fr.finance.yahoo.com/actualites/groupe-r%C3%A9flexion-am%C3%A9ricain-premier-plan-153100645.html
http://www.atlantico.fr/decryptage/ukraine-est-elle-au-bord-guerre-civile-generalisee-que-ni-europe-ni-russie-neseraient-capables-contenir-987456.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_Heartland
http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-referendum-suisse-immigration-restera-peut-etre-comme-coup-envoi-vastemouvement-reaction-integration-toujours-plus-pou-987521.html
http://www.moneynews.com/Economy/Jakobsen-Europe-Soviet-totalitarianism/2013/12/20/id/542993
Les rachats de leurs propres actions par les sociétés elles-mêmes dont les
liquidités sont encore abondantes et les opérations de High Frequency
Trading ont fait remonter le DJIA qui forme une tête-épaules très baissière,
d’autant plus qu’elle prend place à la fin d’une longue période de hausse,
dont l’objectif se situe vers 14.000. Une incursion en dessous de ce support et
ce serait le krach avec retour vers 10.865 (la moyenne mobile monthly à 200
jours). Évidemment, tout ce que les USA comptent de manipulateurs, et
quelques “idiots utiles” européens, feront tout pour tenter de l’éviter en
achetant les actions US au maximum alors que A LEUR NIVEAU ACTUEL,
LA PROBABILITÉ DE HAUSSE SUPPLÉMENTAIRE DES ACTIONS US
EST DÉRISOIRE ET LEUR RISQUE DE CHUTE NE FAIT QUE
S’ACCROITRE.
http://blog.kimblechartingsolutions.com/2014/02/head-shoulders-top-in-the-dow-right-shoulder-in-place-today/
http://www.zerohedge.com/news/2014-01-11/did-goldman-just-kill-music-sp500-nowovervalued-almost-any-measure
http://www.marketwatch.com/story/crash-of-2014-like-1929-youll-never-hear-it-coming-201402-19?link=MW_story_popular
-
http://www.zerohedge.com/contributed/2014-02-18/can-markets-crash
http://www.zerohedge.com/news/2014-02-20/here-how-high-frequency-trading-hurts-everyone
-
Études de fond, à lire:
http://www.theaureport.com/pub/na/harry-dent-how-to-prosper-in-the-coming-downturn
http://www.theaureport.com/pub/htdocs/expert.html?id=7911
http://harrydent.com/
http://www.zerohedge.com/news/2014-02-15/felix-zulauf-warns-another-deflationary-episodemother-all-bubbles-pops
Actions US à la baisse et obligations US à la hausse, il n’y a pas à changer
quoi que ce soit, même si cela prend du temps avant de se matérialiser
vraiment:
Les Clefs pour Comprendre du Vendredi 21 Février 2014:
Le scandale des prix du pétrole
Par The Wolf le 21/02/2014 • Par
Bruno Bertez
Une conspiration qui réunit les gouvernements, les pays producteurs et les
sociétés productrices empêche le jeu des lois du marché en matière pétrolière.
Marc Faber «Le marché des matières premières est pipé.
– Le secteur des semences est dominé par Syngenta et Monsanto,
celui des matières premières industrielles par Xstrata, Glencore et
quelques autres acteurs. Il y a un risque de contrôle sur les prix que
procurent des marchés oligopolistiques.
– Ces marchés peuvent être manipulés. J’ai été invité à un repas qui
réunissait les directeurs de Rio Tinto, BHP Billiton et Glencore,
ainsi que les grandes fortunes russes. Ils se connaissent tous très
bien et il n’existe aucun problème pour eux de faire augmenter le
prix de 20% de telle ou telle matière première. Mais c’est la même
chose avec McDonald’s et Burger King aux Etats-Unis, voire du
côté des banques sur le niveau des commissions.
Je ne suis donc plus convaincu que nous soyons dans un marché
libre. Il est clair que les investisseurs ne peuvent avoir accès aux
mêmes renseignements en même temps que les patrons des
multinationales. Ils sont désavantagés par rapport aux seconds qui
contrôlent des marchés devenus pipés. Cela explique pourquoi les
investisseurs privés sont de moins en moins actifs sur les marchés
actions."
Nous avons développé il y a peu l’idée que l’économie n’avait de marché
que le nom. Les prix essentiels, les prix clefs, les prix directeurs sont truqués,
manipulés, pour refléter, non pas les préférences des producteurs et des
consommateurs, mais la volonté des Maîtres.
Le problème n’est pas seulement celui de leur volonté, mais celui de leur
ignorance crasse et de leurs erreurs. Ils ne cessent de fausser les marchés, de
les empêcher de fonctionner et, ensuite, ils en tirent argument, argument donc
de leurs bêtises, pour oser critiquer les marchés et dire qu’il faut s’en écarter.
Bref, plus ils font d’erreurs, plus il faut leur confier de pouvoirs et
abandonner les nôtres!
Nous avons vu ce qu’il en était en matière monétaire avec l’argent trop bon
marché qui provoque des demandes de crédit excessives et donc
surendettement et insolvabilité, nous n’y reviendrons pas pour le moment.
Nous voulons attirer l’attention sur un phénomène dont personne ne parle
alors qu’il est au centre des délires des écolos et des socialistes. Nos zozos
ont réussi à se tromper tellement dans l’analyse des équilibres énergétiques,
qu’ils ont monté des usines à gaz, c’est le cas de le dire, sur la production de
biocarburants, de panneaux solaires et autres éoliennes, moulins modernes de
Don Quichotte qui se trompent de tous les combats, sur le dos des Sancho
Panca populaires. Toutes ces énergies sont des gouffres de subventions, de
déficits, des gaspillages sans fond, des facteurs de renchérissement du coût
de la main d’œuvre, des handicaps qui baissent le pouvoir d’achat, bref ce
sont des crimes économiques et sociaux puisqu’ils contribuent à mettre des
gens au chômage.
Un rapport publié par l’Institut international de développement
durable, sis à Genève, met en cause la politique d’énergie verte de
l’UE
L’Union européenne (UE) devrait revoir sa politique de subventions
aux biocarburants et à l’éthanol. Elles ne servent pas à protéger
l’environnement et encore moins à créer les milliers d’emplois
promis. Voici en substance le contenu d’un rapport par l’Institut
international de développement durable (IIDD), sis à Genève. Il
affirme que Bruxelles devrait plutôt économiser l’argent des
contribuables – entre 9,3 et 10,7 milliards d’euros en 2011 –, dans la
mesure où les gains pour le climat ne sont que marginaux. L’institut
recommande d’abandonner l’objectif, qui est d’atteindre 20% de
renouvelable dans toute la consommation énergétique
communautaire en 2020.
Selon ce rapport, les subventions à la filière biocarburants et éthanol
(aide directe, exemption des droits de douane) représentent 60% du
chiffre d’affaires de ce secteur, entre 13 et 16 milliards d’euros en
2011. Dans tous les cas, elles sont largement supérieures aux 6,5
milliards que le secteur privé a investis depuis 2004.
100 fois le prix du carbone
L’IIDD donne quelques chiffres. La consommation d’éthanol réduit
l’émission de gaz à effet de serre. Mais, pour prévenir l’émission de
chaque tonne de gaz, il faut dépenser entre 432 et 493 euros. C’est
près de 100 fois plus que le prix du carbone (permis de polluer) au
tarif actuel.
Les biocarburants (9,4 millions de tonnes en 2011) et l’éthanol (3,7
millions de tonnes) contribuent à peine à la sécurité énergétique de
l’UE. Selon les projections, ils ne représenteront que 4 à 5%
d’essence pour automobiles en 2020, soit l’équivalent de la
production de deux ou trois grandes raffineries d’énergie fossile.
Les agriculteurs des matières premières (maïs, céréales, sucre)
bénéficient des prix élevés. Mais la filière profite surtout aux
fournisseurs étrangers, qui comptent pour plus de 50% des besoins
des raffineries européennes.
L’IIDD fait remarquer que le nombre d’emplois directs créés par
cette filière en Europe ne dépasse pas 3600. Ce chiffre s’élèverait à
122 000 si l’on tient compte de tous les emplois indirects. L’institut
estime que l’UE créerait davantage de places de travail si elle
consacrait les milliards de subventions à d’autres domaines et
surtout en abaissant ses objectifs en matière d’énergie renouvelable.
Source Le Temps Avril 2013
Depuis 2005, la demande d’importation de pétrole des Etats-Unis baisse. La
baisse s’est accélérée depuis 2010. En sens inverse, la production a fortement
accéléré depuis 2007/2008. On importait 9,5 millions de barils par jour, on
produisait 5,5 millions de barils, on est maintenant à l’autosuffisance, voire
au glut, à la surabondance. Globalement, mondialement, la demande de
pétrole est inférieure à l’offre actuelle et on se demande bien ce que l’on peut
faire des excédents, les stockages ont des limites, même en Chine!
Par ailleurs en 2014, il va falloir absorber les productions de l’Irak, de l’Iran
et de la Lybie.
Ceci va accroître le glut, global, l’excédent qui est croissant depuis 3 ans.
La baisse des prix du pétrole serait une aubaine pour les pays endettés
comme la France. Elle permettrait de dégager du pouvoir d’achat réels pour
les salariés, de supprimer tous les gaspillages structurels dans les pseudos
énergies alternatives, elle permettrait de mettre à la porte des gouvernements
tous ces inutiles qui coûtent si chers au nom du malthusianisme énergétique.
Gains de pouvoir d’achat, demande interne supplémentaire, croissance
accrue, meilleure capacité à honorer les dettes, baisse du déficit extérieur,
tout s’enchainerait dans un cercle spontané, sain, vertueux. La hausse des
prix du pétrole a été l’une des causes de la crise, leur baisse peut contribuer à
en atténuer le poids.
Hélas, même si l’écart entre le Brent et le WTI devrait logiquement
s’inverser, même si les deux contrats devraient s’effondrer, ne rêvez pas,
« ils » s’opposent à la baisse. Ils préfèrent vous tondre et vos exploiter sans
débat en maintenant, en acceptant, un prix de l’énergie qui n’a plus aucun
rapport avec la loi du marché, avec les équations fondamentales. Pour eux, la
loi du marché, c’est bien à la hausse, quand il faut justifier votre
appauvrissement, mais c’est dissymétrique, cela ne joue pas à la baisse! Le
pétrole devrait chuter en raison de l’excédent d’offre sur la demande, le prix
des énergies en France et ailleurs en Europe devrait chuter en raison de la
fermeté de l’euro et des devises qui y sont raccrochées, mais non, vous ne
subissez la loi du marché que dans un sens! Celui de l’escroquerie. La
compétitivité, c’est vous, le problème, ce n’est pas le prix scandaleux de
l’énergie, les gaspillages. L’input essentiel des économies, l’énergie, n’a
aucune importance, tout le monde le sait!
Si la loi du marché se mettait enfin à fonctionner au plan mondial et que cela
était transmis en France, et ailleurs en Europe, les prix du pétrole devraient
chuter de 25 à 30%. Il n’y a pas de raison que tous les prix des commodities
comme le minerai de fer, le cuivre etc. chutent et que, soumis aux mêmes
pressions, le prix du pétrole ne baisse pas. Nous espérons que la spéculation
va s’y mettre et faire son travail de découverte du prix normal du pétrole en
infligeant aux gouvernements une claque retentissante.
L’Acte Unique européen prévoit de surveiller et contrôler le jeu de la
concurrence. Ce qui est logique dans un espace mondial unifié dont le seul
avantage pour les citoyens est de pouvoir profiter de la baisse des prix issue
de cette concurrence. Mais si les gouvernements, les cartels, les kleptos, les
banques, s’opposent aux baisses de prix, alors le marché unique, le marché
global, sont des attrape-nigauds, des baise-couillons. Nous revenons à notre
image des gladiateurs dans l’arène: le marché, c’est bon pour faire s’étriper à
mort les dominés (libres), pendant que les dominants (oligopolisés), se
congratulent et se gobergent sur les gradins.
La crise monétaire : un monstre bien plus
redoutable que la déflation
Par Simone Wapler, Économie Matin, mardi 18 février 2014
•
La dette souveraine est un gros risque pour l'économie mondiale, notamment
celle des Etats-Unis qui s'établit à 16433 milliards de dollars, soit 103% du
PIB. cc/flickr/401(k) 2013
Les pays émergents vont bientôt se fâcher et la Chine va leur en donner
les moyens.
Les banques centrales, Fed américaine en tête, ont baissé les taux courts et
submergé le monde de « liquidités ». Le but était de masquer l’insolvabilité
du système financier et de donner suffisamment d’argent frais aux banques
commerciales afin qu’elles puissent se refaire une peau.
Ces liquidités sont allées là où cela rapporte : les pays émergents dans
lesquels l’économie conservait une bonne croissance résiduelle. Mais dès que
la Fed a fait savoir (au printemps 2013) qu’elle allait diminuer son débit de
création monétaire, les liquidités sont reparties, mettant en difficulté les
économies des pays asséchés.
Baisse des monnaies des pays émergents face au dollar
La fausse monnaie ne fait pas le bonheur économique ni celui des
peuples…
Pour comprendre ce qui se passe, il faut réaliser que ce qu’on appelle
« monnaie » ou « capitaux » ou « réserve de change » n’est en fait que de la
dette. Des pays chroniquement exportateurs recyclent leurs devises
étrangères dans la dette des pays chroniquement en déficit vers lesquels ils
exportent.
Certains pays émergents sont pénalisés par l’effondrement de leur monnaie
qui renchérit leurs importations, d’autres sont pénalisés par la création
monétaire de la Fed qui dévalorise leur « réserves de change » donc leur
pouvoir d’achat.
La Chine a des dollars plein les pattes (pour 4 000 Mds $ environ de bons
du Trésor, plus d’un quart de la dette américaine). Moins de dollars imprimés
c’est toujours trop de dollars imprimés mais elle ne peut lâcher le dollar du
jour au lendemain et doit s’en débarrasser petit à petit, sans éveiller trop de
suspicion qui conduirait à un effondrement brutal. Comme par ailleurs, les
Américains importent moins de « made in China », les Chinois ont moins
d’intérêt à acheter de la dette américaine.
La Chine lâche le dollar en nouant des partenariats commerciaux en
direct avec d’autres pays émergents, en achetant du cuivre et de l’or.
Récemment Les Echos soulignait que l’appétit pour le cuivre de la Chine
s’intensifiait alors que la croissance y ralentissait. Officiellement c’est pour le
réseau électrique chinois et c’est probablement vrai, mais partiellement.
Surtout, le cuivre finance des transactions en Chine et avec ses partenaires
étrangers.
Autre exemple récent, le Mexique, un pays producteur de pétrole, a un besoin
en infrastructure évalué à 300 Mds $ par an (dont 100 Mds $ pour les
télécoms et les transports). Un fonds Chinois s’empresse d’apporter 2,5 Mds
$. La Chine s’achète ainsi une petite rente (les utilities c’est de la rente)
au Mexique plutôt que les bons du Trésor pourris de Janet Yellen.
Voilà comment, petite touche par petite touche, la « dédollarisation » est en
marche. Ces accords vont se multiplier et conduire au rejet du billet vert. Ne
vous méprenez pas, c’est la fin d’un modèle, celui dans lequel les pays
émergents souscrivent les yeux fermés aux dettes de leurs autrefois riches
clients. La guerre monétaire ne fait que commencer et elle est plus à craindre
que l’ogre de la déflation dont parle Christine Lagarde. Avec la crise
monétaire qui arrive, l’illusion des bienfaits des politiques de la planche à
billet va se dissiper.
Economie : l'abus de statistiques est dangereux
pour la paix
Par Simone Wapler Économie Matin, mardi 11 février 2014
Chaque année, 1 500 milliards de dollars sont consacrés en moyenne aux
dépenses militaires dans le monde.
Il ne vous a certainement pas échappé, cher lecteur, que nous étions dans
la... panade. Malgré des taux bas et une création monétaire sans
précédent historique, l'activité économique rentable ne repart pas. Que
voulez-vous, le crédit ne fait pas la richesse et la fausse monnaie non
plus. C'est une triste réalité mais elle n'est pas populaire, comme toutes
les tristes réalités.
Que font les autorités (politiques, administratives) lorsqu'elles sont
confrontées à une réalité impopulaire et que ça commence à se voir ?
-- "Quand ça devient grave, vous devez mentir."Jean-Claude Juncker,
président de l'Eurogroupe
Le mensonge peut prendre des formes plus ou moins raffinée. Une des
formes les plus subtiles et modernes du mensonge démocratique est dans les
statistiques. "Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même
falsifiées", a déclaré Sir Winston Leonard Spencer Churchill, dont un des
titres de gloire posthume fut d'être l'ancêtre de Lady Di.
Le PIB, un chiffre à regarder de plus près
Les autorités sont donc en train de nous concocter un mensonge sophistiqué
en tripatouillant le PIB. Le PIB, ou Produit intérieur brut, est une statistique
qui est considérée comme représentative de l'activité économique d'un pays.
Lorsque le PIB monte on nous dit qu'il y a de la croissance et donc c'est bien.
Lorsqu'il baisse, il y a une "croissance négative" et ça... ce n'est pas bon.
Donc il est bon que le PIB grossisse.
Le PIB est en réalité une mesure de prospérité très contestable. Il est
l'addition de la consommation, de l'investissement et du solde du commerce
extérieur ; il est admis que le PIB d'un pays se mesure comme une somme de
dépenses :
- Dépenses des ménages en biens et services
- Investissements privés et publics en biens de production
- Dépenses publiques en biens et services
Assimiler une augmentation de ces dépenses à une quelconque création de
richesse est évidemment critiquable. Tout dépend d'où vient l'argent
correspondant à ces dépenses. Ce n'est pas parce que vous avez un gros train
de vie que vous êtes riche. Vous avez peut-être braqué quelqu'un ou bien vous
vivez à crédit. Confondre PIB et activité économique rentable revient à
confondre train de vie et richesse. Par ailleurs, l'économiste Alfred Sauvy
ironisait : "épousez votre femme de ménage et vous ferez baisser le PIB".
Mais le PIB est un chiffre regardé par les analystes, économistes,
commentateurs et agences de notation. Même si la prospérité n'est pas
achetable par de la fausse monnaie, on peut toujours faire croire que le PIB
grossit et enfumer tous ces gens-là.
Trois mensonges en un
Le calcul du PIB a donc été remanié. Le premier à dégainer fut le Bureau des
statistiques américain... mais rassurez-vous, bientôt suivi de tout le monde et
de notre INSEE national.
"Le principal changement porte sur le classement en investissement des
dépenses de R&D. Traiter en investissement -- et non plus en consommations
intermédiaires -- les dépenses de R&D permet par exemple de mieux rendre
compte du poids de plus en plus important des actifs tirés de la propriété
intellectuelle dans l'économie d'aujourd'hui", indique l'INSEE.
Rien de bien méchant là dedans, au contraire, pourrait-on penser à première
vue. Sauf que vous apprenez incidemment que les dépenses de matériel
militaire deviennent aussi des dépenses d'investissement. En fait nous
avons trois mensonges en un :
1- Le PIB gonfle puisque des dépenses intermédiaires autrefois invisibles
vont maintenant compter.
2- Des dépenses publiques d'armement deviennent des "investissements".
3- Du coup, le "déficit public" qui se mesure par rapport au PIB va baisser...
puisque le PIB augmente.
Le plus troublant n'est même pas cela, cependant...
Classifier des dépenses militaires en investissements me semble bizarre. Qui
dit investissement, dit retour sur investissement. Il faut donc admettre que
des chars, des missiles, des sous-marins, des porte-avions, des avions de
chasse ou des bombardiers vont nous rapporter quelque chose, vont nous
enrichir. Les Etats qui acceptent cette comptabilité ne sont plus dans une
logique de défense mais d'attaque.
"Les dépenses mondiales d'armement repartent à la hausse", indiquait Le
Figaro du mardi 4 février. L'ultime plan de relance des keynésiens, ce serait
donc la guerre ? Voilà où nous amènerait ce capitalisme corrompu et ses
inepties.
Le cauchemar des banques : la panique ou bank run
Par Simone Wapler Économie Matin, dimanche 31 mars 2013
En Grèce, les dépôts bancaires ont fondu de 56 %. Ils ont culminé à 250
Mds€ en 2009 pour atteindre 160 Mds€ en 2012. DR
Que se passe-t-il lorsqu'un pays commence à être en difficulté ? Les
dépôts s'en vont.
Ceux des étrangers d'abord, puis ceux des ressortissants. C'est ce qui s'est
passé en Irlande, en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Italie. Que font les
autorités pour contenir l'hémorragie ? Elles limitent les retraits.
Les dépôts se retirent des banques, mais vous ne verrez pas de files d'attente
de déposants se présentant aux guichets ou aux distributeurs de banques
automatiques pour retirer des espèces. Tout au moins pas dans un premier
temps. Il s'agit plutôt de virements vers un autre établissement bancaire, à
l'étranger, car les déposants craignent la faillite de leur banque.
Le cas de la Deutsche Bank au Portugal est édifiant. C'était initialement une
banque de droit portugais sous contrôle de la Banque centrale portugaise.
Quand les choses ont commencé à aller mal pour le Portugal, la Deutsche
Bank a changé de statut pour n'être plus qu'une simple représentation
commerciale de la banque allemande de façon à dire aux Portugais
déposants : "Nous sommes seulement une vitrine... si la zone euro explose,
vous aurez des Deutsche Mark." Cela sert même d'argument commercial.
Les premiers retraits sont réalisés par les initiés, les banquiers eux-mêmes.
Les grandes banques françaises ont retiré sans pitié leurs dépôts de chez leurs
consoeurs latines en difficulté. De la même façon, les banques allemandes
avaient rapatrié leur argent des banques irlandaises au début de la crise. Les
banques britanniques ont également joué un rôle très important en asséchant
littéralement les pays périphériques et en transférant leurs avoirs en euros en
Allemagne.
En Grèce, les dépôts bancaires ont fondu de 56 %. Ils ont culminé à 250
Mds€ en 2009 pour atteindre 160 Mds€ en 2012. Au Portugal, en Irlande et
en Espagne, le déclin est sensible en 2011. Pour ce dernier pays, les dépôts
sont passés de 1 800 Mds€ à 1 600 Mds€. Depuis, la situation se détériore
moins vite, mais la confiance n'est plus là.
Le bank run, la fuite des dépôts, est donc d'abord sournois, il provient des
initiés et aucune queue dans la rue ne vous alertera. Mais lorsque les banques
victimes d'un bank run tirent les sonnettes d'alarme de leurs autorités, la
réaction est rapide : limitation des retraits.
Simple déposant, vous serez pris dans la tourmente. En Italie, de telles
limitations des retraits bancaires sont déjà en vigueur et des mesures de
surveillance renforcée de la frontière avec la Suisse viennent d'être
discrètement ordonnées, qui mettent la Guardia di Finanzia en première ligne.
Les paiements en espèces sont plafonnés à 1000 € et les commerçants sont
dans l'obligation de révéler l'identité de leurs clients au-delà de 3 600 €
d'achat. La fausse déclaration fiscale est désormais un crime !
Ce texte est un extrait du dernier ouvrage de Simone Wapler: "Main basse sur
votre argent - et ce que vous devez faire pour vous en sortir", publié aux Editions
Ixelles.
Crise : c'est officiel, l’Argentine trichait avec ses
statistiques économiques... Comme la Grèce
Par Redac Ecomat Économie Matin mercredi 19 février 2014
L'inflation réelle de l'Argentine serait de l'ordre de 28%, presque deux fois
plus que le chiffre officiel du gouvernement.
Pour revenir sur les marchés internationaux et, peut-être, redresser la
tête de la crise qui la frappe, l’Argentin a décidé de jouer franc jeu. Une
décision prise sous la pression du FMI et qui devrait enfin tenir compte
de tous les paramètres nécessaires dans le calcul de sa croissance et de
son inflation.
Car pour l’instant, les données étaient seulement récoltées à Buenos Aires, ce
qui les faussait.
Un nouvel indice des prix à la consommation
La première étape du gouvernement argentin a été de créer un nouvel indice
pour le calcul de l’inflation. Cette nouvelle formule devrait rendre compte
d’une inflation gigantesque, bien au-delà de celle officiellement annoncée de
11%.
L’opposition avait de maintes fois critiqué l’ancien indice. S’il affichait une
inflation de 11%, les instituts privés et indépendants estimaient l’inflation des
prix à 28%, soit plus de deux fois le chiffre officiel.
Avec ce nouvel indice, l’Indice national et urbain des prix à la consommation
(IPCNu), dévoilé par le ministre de l’Economie Axel Kicillof et qui prend en
compte les campagnes et les villes, en janvier l’inflation aurait été de 3,7%
sur un mois. Une inflation au plus haut depuis la crise de 2007 qui a entraîné
la faillite du pays.
Les prévisions de croissance diminuées et un aveu de mensonge
Christina Kirchner, actuellement présidente du pays, tente de rester au
pouvoir et éviter une crise jusqu’aux prochaines élections présidentielles qui
se profilent en 2015. Raison pour laquelle elle a décidé d’arrêter la
falsification des résultats entamée par Nestor Kirchner, ancien président. Une
falsification visant surtout à réduire le coût des obligations indexées sur
l’inflation.
Mais cela entraînera une révision non seulement de l’inflation mais
également de sa croissance qui devrait être bien loin des 4,9% estimés
officiellement par le gouvernement pour 2013 alors que le déficit du pays
atteint les 5% du PIB.
L'illusionniste Abe et le rebond magique du
Japon...
19/02/2014 | Anthony Benhamou LE CERCLE LES ECHOS
L'illusionniste Abe et le rebond magique du Japon. Le titre d'une fable ?
Presque. En 2013 en effet, de nombreux observateurs affirmaient que
l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe constituait une garantie du retour de
la croissance japonaise. Or, si le PIB nippon a bel et bien progressé de 1,6
% en 2013, il pourrait en fait s'agir d'une croissance en trompe-l'œil.
L'illusionniste Abe et le rebond magique du Japon. Le titre d'une fable ?
Presque. En 2013 en effet, de nombreux observateurs affirmaient que
l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe constituait une garantie du retour de la
croissance japonaise. Or, si le PIB nippon a bel et bien progressé de 1,6 % en
2013, il pourrait en fait s'agir d'une croissance en trompe-l'œil.
Shinzo Abe l'illusionniste
Je crois deviner ce que vous vous dites ; "le Japon, ça se trouve à des dizaines
de milliers de kilomètres de l'Europe" ; "le PIB de la zone euro recule de 0,4
% en 2013, c'est le réel sujet". Oui, mais l'économie européenne tend à se
"nipponiser". Alors pour vous apprivoiser, je m'essaie à l'exercice de la fable.
Une petite fable toute simple qui résume à la fois les espérances d'un peuple
et l'expérience inédite d'une nouvelle politique économique.
L'illusionniste Abe,
Tout la haut de son palais,
Souhaite relancer la consommation et combattre la récession,
Armé de son arc à trois flèches, il désire tuer le dragon de la déflation,
Abe de tous serait alors salué,
Un réel exploit pour le PIB japonais,
Abe l'illusionniste, Abe le fantastique,
L'économie optimiste et les marchés opportunistes,
En retrouvant le pouvoir en décembre 2012, Shinzo Abe avait en effet pour
son pays un objectif clair ; remettre le Japon sur le bon rail économique après
une quinzaine d'années de croissance molle. Très vite alors, le nouvel homme
fort de l'archipel présenta un plan combinant politique budgétaire de relance,
mise en place de réformes structurelles et politique monétaire ultraaccommodante.
Pour mener à bien ses ambitions, Shinzo Abe participa en mars 2013 à la
nomination de Haruhiko Kuroda au poste de gouverneur de la Banque du
Japon (BoJ). Cette dernière devint alors son bras armé. Ensemble, ils fixèrent
une cible de doublement de la masse monétaire à travers notamment le rachat
massif d'actifs risqués aux banques et le rachat d'obligations publiques.
L'objectif consistait alors à sortir progressivement du bourbier de la déflation
et d'orchestrer une dépréciation du Yen. Un véritable choc psychologique
pour relancer la consommation en interne et booster la compétitivité des
firmes nationales à l'export.
Dans ce contexte, la publication le 17 février dernier des chiffres de la
croissance japonaise pour l'exercice 2013 constituait un nouveau test de
crédibilité pour Shinzo Abe, après celui réussi le mois dernier sur les chiffres
de l'inflation (les prix hors produits périssables augmentaient en effet de 0,4
%, une première en cinq ans). Et la bonne nouvelle c'est que l'archipel nippon
a enchaîné un quatrième trimestre consécutif de croissance, soit une série
inédite depuis trois ans. Mieux, le PIB annuel du pays a progressé de 1,6 %
par rapport à 2012, là aussi un plus haut en trois ans.
Des signaux inquiétants
Pourtant, une fois ces bonnes statistiques digérées, il demeure comme un
sentiment amer. Souvenez-vous, il y a un an déjà nous étions dubitatifs quant
à la reprise miracle du Japon. Nous nous demandions même s'il ne s'agissait
pas en fait d'un mirage. Et après un début d'année en fanfare, nos craintes se
sont, hélas, progressivement matérialisées.
Le miracle japonais du premier semestre, c'est une croissance en rythme
annualisé de 4 %. Le retour à la réalité du deuxième semestre, c'est une
croissance en rythme annualisé de 1 %. Trimestre après trimestre, l'économie
japonaise n'a en fait cessé de ralentir pour finalement présenter un taux de
croissance de 0,3 % au dernier trimestre, quand le consensus tablait sur une
hausse de 0,7 %.
Malgré la dépréciation organisée du Yen, le commerce extérieur japonais a en
effet manqué de dynamisme tout au long de l'année. Ce point est fondamental
puisque l'objectif de rétablissement de la balance commerciale nippone
justifie en grande partie l'action politique du premier ministre. Or, le déficit
extérieur record de 11 475 milliards de yens (environ 82 milliards d'euros),
révélé il y a maintenant trois semaines, constitue un premier revers pour
Shinzo Abe.
La sévère contre-performance de la balance commerciale japonaise peut
cependant s'expliquer par les implications théoriques de la "Courbe en J".
Toute politique de dépréciation de la monnaie engendre toujours dans un
premier temps un effet prix supérieur à l'effet volume. Autrement dit, en
dépréciant sa devise nationale, un pays doit supporter la hausse du coût des
biens et services importés (les commandes étant passées antérieurement)
avant de pouvoir bénéficier d'un effet positif via le volume de ses
exportations. Dans le cas du Japon, les importations de gaz permettant de
faire tourner les centrales thermiques depuis que les réacteurs nucléaires de
Fukushima sont à l'arrêt ont clairement participé à détériorer le solde
commercial du pays.
À en croire les mécanismes de la "Courbe en J", les gains de compétitivité
des firmes nippones liés à la dépréciation du Yen devraient toutefois
engendrer un rétablissement de la balance commerciale dans les années à
venir. Pour autant, une fois encore nous demeurons pessimistes quant à la
réalisation d'un tel scénario. Premièrement en effet, pour que l'effet volume
l'emporte sur l'effet prix, il est nécessaire qu'un pays dévalue unilatéralement
sa monnaie. Or, que ce soit en Chine, aux États-Unis ou bien au RoyaumeUni, les banques centrales ont une fâcheuse tendance au dirty floating.
Deuxième argument, l'obtention de l'organisation des Jeux olympiques de
2020 pourrait participer à relancer l'investissement dans les infrastructures
dopant par la même occasion les importations.
La consommation des ménages menacée ?
Mais il y a encore plus inquiétant. Ce qui est actuellement en train de se jouer
sur la demande intérieure du pays, et en particulier la consommation des
ménages, revêt une importance capitale. La consommation des ménages
constitue structurellement plus de 50 % de l'économie nippone. Et s'il est vrai
que celle-ci s'est bien tenue tout au long de l'année il convient en fait de
mettre en évidence deux phases.
Dans un premier temps en effet, l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe a
provoqué un véritable enthousiasme au sein de l'archipel. La confiance des
entreprises et le moral des ménages se sont graduellement améliorés alors
que le pays sortait de trois trimestres consécutifs de croissance négative. Un
cercle vertueux s'est peu à peu dessiné, bien aidé il est vrai par une bonne
dose d'incitations déversée dans l'économie. Car en effet, très vite les
ménages se sont vu signifier que la taxe sur la consommation augmenterait en
2014, passant de 5 % à 8 %. Un tel effet d'annonce a participé à rendre leur
consommation robuste, en particulier dans un contexte d'inflation quasi nul.
Mais il convient de garder à l'esprit que parmi les objectifs de Shinzo Abe, il
y a le retour de l'inflation. Et sur ce terrain, les mesures de l'homme
providentiel ont porté leurs fruits, participant ainsi à grignoter du pouvoir
d'achat aux ménages lors du second semestre. La consommation s'est donc
essoufflée. Le PIB japonais également. Le miracle a tourné au mirage.
Si le moral des ménages est sur une tendance baissière (-0,8 point en janvier
par rapport à décembre), la consommation devrait toutefois continuer de
croître au premier trimestre 2014, à un rythme modéré cependant. Le cercle
des incitations fonctionne en effet toujours et ce jusqu'en début avril, date
officielle de la hausse de la TVA. Et ensuite ? C'est là que le bât blesse. Car
l'étau dans lequel se trouvent actuellement les ménages japonais pourrait se
resserrer. Une hausse de la taxe sur la consommation, conjuguée à une
inflation ciblée, est en effet de nature à comprimer leur pouvoir d'achat.
Les traditionnelles négociations salariales du printemps (le "shunto") qui se
sont ouvertes le 5 février dernier apparaissent donc décisives. Une issue
positive permettrait en effet à l'économie japonaise d'éviter le scénario noir.
Les syndicats demandent donc une hausse significative des rémunérations
après des années de stagnation, voire même de baisse. Même Shinzo Abe fait
pression sur les patrons pour qu'ils acceptent des hausses de salaire pour
soutenir la consommation.
Alors que le doute s'installe sur la reprise économique japonaise, la BoJ a
décidé hier de prolonger ses programmes de rachats d'actifs alors même qu'ils
devaient expirer prochainement. Cette décision a été saluée par les marchés.
Mais ce n'est pas suffisant. Car pour que les injections de liquidités soient
efficaces, il faut que les anticipations des Japonais soient adéquates. Or à ce
stade, seul un accord à la mi-mars sur les négociations salariales est
susceptible de modifier leur comportement… pour ensuite donner à la
politique monétaire tout son sens.
Le Mexique va se faire un nom
Cécile Chevré, rédactrice de Défis et Profits 17 février
Dans une précédente Quotidienne, nous nous sommes intéressés aux pays
émergents, essayant de faire une distinction entre les plus fragiles et ceux
disposant encore d'une véritable capacité de croissance. Je m'étais concentrée
sur l'Amérique latine. Aujourd'hui, je vous propose un point complet sur un
des pays émergents à mon sens les plus attractifs : le Mexique.
Loin de moi l'idée de vous brosser un tableau idyllique de la situation sociale
de ce pays ; un de mes frères y a vécu pendant plus d'un an et m'a décrit une
société qui vit souvent au quotidien avec la violence. Mais ces problèmes,
bien réels, ne doivent pas non plus faire oublier les efforts entrepris par le
nouveau président Enrique Peña Nieto (élu en décembre 2012). Des efforts
aussi bien politiques, sociaux qu'économiques.
Le couple Etats-Unis/Mexique
Le principal atout du Mexique, nous ne le répéterons jamais assez, ce sont ses
liens privilégiés avec les Etats-Unis. Alors oui, la croissance américaine
(3,2% au dernier trimestre 2013) n'est pas autonome et est toujours fragile
mais elle reste bien supérieure à celle qu'offre l'Europe, la Zone euro ou la
France...
78% des exportations mexicaines finissent en territoire américain. Cela vous
donne une idée des liens étroits entre les deux pays. Cette relation privilégiée
avec le voisin du nord est donc quasiment exclusive, rendant le Mexique
vulnérable aux difficultés économiques des Etats-Unis mais imperméable à
celles de la Chine. En effet, seuls 4% de ses exportations sont destinées à
l'empire du Milieu.
Le recul des matières premières qui a frappé de plein fouet des pays comme
l'Argentine ou le Brésil a relativement épargné le Mexique. La moitié de ses
exportations sont en effet composées de produits manufacturés -- ce qui fait
de lui l'oiseau rare de l'Amérique latine.
L'affaiblissement (modéré) du peso mexicain a jusqu'ici favorisé cette
économie très tournée vers l'exportation.
Le Mexique finit même par faire (un peu) peur à la Chine. Alors que les
salaires augmentent d'environ 20% par an dans certains secteurs en Chine, le
Mexique apparaît aujourd'hui comme une nouvelle terre de délocalisation et
de production.
Nombre de grands groupes internationaux ont décidé d'y installer leurs
usines. C'est le cas par exemple de Pirelli, Danone, Nivea, Colgate mais aussi
Eurocopter, Volkswagen, General Motors, Ford, Chrysler-Fiat, Nissan,
Honda, Toyota, etc.
Le pays est ainsi devenu le quatrièmre producteur mondial de voitures. Pour
tous ces groupes, le choix du Mexique est stratégique pour à la fois
approvisionner le marché américain et latino-américain...
Le poids des réformes
Mais les atouts du Mexique ne s'arrêtent pas là. Le président Enrique Peña
Nieto s'est lancé dans une série de réformes destinées à améliorer les
infrastructures, la fiscalité, les services sociaux (régime de santé universel et
assurance chômage ou encore l'éducation). De fait, si ces mesures sont
adoptées, elles pourraient encourager encore la consommation et le marché
intérieur.
Des réformes indispensables alors que 40% de la population vit en dessous
du seuil de pauvreté.
Mais ce sont surtout les réformes économiques qui ont fait la une de la presse
internationale. Des secteurs comme les télécommunications, la production
d'énergie et l'exploitation des hydrocarbures sont maintenant ouverts aux
investissements étrangers. La libéralisation est en marche.
Ainsi, l'exploration et l'exploitation des importantes réserves pétrolières et
gazières mexicaines ont connu en décembre dernier une réforme historique.
Celle-ci met fin au monopole de la société nationale, Pemex, et encourage les
sociétés étrangères à venir dans le pays. Une décision due à des raisons
économiques et pragmatiques puisque la production du pays était en chute
libre depuis quelques années, faute d'investissement et d'épuisement des
ressources traditionnelles.
Or le sous-sol mexicain -- tout particulièrement offshore -- recélerait
d'importantes réserves en hydrocarbures. Selon l'Agence américaine de
l'énergie, celles-ci représenteraient le sixième des réserves mondiales de gaz
de schiste et le septième de pétrole de schiste.
Parmi les autres réformes votées, une réforme bancaire et financière qui
devrait ouvrir l'accès au crédit aux petites et moyennes entreprises
Misons sur le potentiel mexicain
Le potentiel de croissance n'est donc pas à négliger. Actuellement classé au
14e rang des économies mondiales, le Mexique devrait s'emparer de la
cinquième place d'ici 2050 selon Goldman Sachs. Ce qui certes nous laisse le
temps de voir venir.
Cependant, les réformes entreprises vont, de l'avis de tous, dans le bon sens
et soutiendront la croissance mexicaine dans les années à venir. En 2014, le
PIB devrait, selon la Banque mondiale, atteindre 3,4% contre 1,4% l'année
dernière et même 3,8% en 2015 et 4,2% en 2016.
Chroniques émergentes : séparer le bon grain de
l'ivraie
Cécile Chevré, rédactrice en chef de Défis et Profits Mercredi 12 février 2014
L'actuelle crise des devises que traversent les pays émergents aura peut-être
une conséquence positive : celle justement de ne plus parler des "pays
émergents" de manière globale, sans faire de différence entre chaque situation
particulière. Cela restera sûrement un vœu pieux mais pourtant, pour
l'investisseur désireux de profiter de la croissance hors de nos frontières, la
compréhension de ces différences et statuts particuliers est indispensable.
Au-delà de cette réflexion générale sur les émergents, je voudrais aujourd'hui
revenir sur un continent qui a fait beaucoup parler de lui ces derniers jours -et pas forcément en bien : l'Amérique latine.
Les deux géants latino-américains vacillent
L'Argentine est une des premières victimes de la crise actuelle. Le 23
janvier dernier, le peso s'effondrait de 13% en une seule journée.
Les observateurs de courte vue ont pointé du doigt la réduction de la
politique accommodante de la Fed mais les causes du marasme argentin sont
bien plus profondes que cela. Après sa faillite en 2001, le pays a restructuré
près de 90% de sa dette et a été coupé des marchés. Pour se financer, il ne
peut donc plus s'endetter mais ne peut compter que sur ses excédents
commerciaux et les très importantes taxes imposées aux exportations ainsi
que sur sa banque centrale (l'impression monétaire donc).
Le pays étant un grand exportateur de matières premières (céréales, soja,
biodiesel, viande mais aussi or, argent ou cuivre), cet impossible recours aux
marchés obligataires n'a pendant plusieurs années pas pénalisé le pays.
L'explosion de la demande en commodities, en particulier par la Chine, a
assuré à l'Argentine une croissance tournant autour de 8% depuis 2003
(exception faite de 2009).
Le problème, c'est que le pays n'a pas profité de cette période de croissance
pour diversifier son économie et tenter de réduire sa dépendance aux
exportations.
Or depuis plus d'un an, la demande en matières premières faiblit alors que la
Chine est confrontée à un ralentissement et une mutation de sa propre
économie. Les prix des commodities s'en sont fortement ressentis et
l'Argentine a été confrontée à un problème de poids. En 2012, la croissance
s'effondre à 1,9%. Et si elle devrait dépasser les 5% en 2013 (seules des
estimations ont pour l’instant été publiées), la chute des revenus liés à
l'exportation ainsi que le maintien d'importantes taxes imposées aux
exportateurs accentuent le mécontentement à la fois économique et social.
En outre, l'inflation est devenue un véritable fléau pour l'Argentine.
Officiellement de 10%, l'inflation dépasserait dans les faits les 25%.
Face à la pression sur sa devise, le pays a dû se résoudre à laisser filer sa
monnaie alors que ses réserves de change baissent rapidement.
L'inquiétude est telle qu'une rumeur persistante a fait état d'un appel à l'aide
au géant voisin, le Brésil. Mais le pays, grand rival économique de
l'Argentine, doit lui-même faire face à d'importants problèmes économiques
et à la contestation sociale. Inflation (au-dessus des 6%), croissance en berne,
creusement du déficit courant et des dépenses sociales... tout ceci laisse
entrevoir un affaiblissement des fondamentaux macroéconomiques. Et tout
comme l'Argentine, le Brésil a subi les conséquences de la baisse de la
demande en matières premières.
Brésil et Argentine sont aujourd'hui confrontés aux limites de leur modèle de
croissance si bien que la prudence reste de mise si vous aviez l'intention
d'investir dans ces pays.
L'Alliance Pacifique face à la crise des émergents
Passons maintenant à l'Alliance Pacifique. Les pays qui la forment
(Mexique, Chili, Colombie et le Pérou) font figure depuis 2 ans de sérieux
challengers aux géants que sont le Brésil et l'Argentine. Et il est vrai que
leurs atouts sont nombreux.
Premier d'entre eux, la mise en place d'une véritable zone commerciale et
économique avec, par exemple, la suppression de la plupart des droits de
douanes. Ensuite l'Alliance Pacifique est très tournée vers l'Asie-Pacifique
qui demeure, malgré tout, une des régions les plus dynamiques du globe.
Enfin, les populations et le PIB cumulés des 4 pays de l'Alliance Pacifique
sont équivalents à ceux du Brésil.
L'Alliance Pacifique a donc suscité beaucoup d'espoirs, d'autant plus que le
Mercosur, le marché commun qui regroupe l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay,
le Venezuela, est en panne par manque de volonté politique et devant la
montée du protectionnisme.
Mais la crise des émergents a frappé sans distinction et les pays de l'Alliance
Pacifique n'ont pu échapper à la tourmente. La Bourse mexicaine a perdu 7%
il y a 15 jours alors que les investisseurs étrangers prenaient leurs jambes à
leur cou.
Parmi les pays les plus fragiles aujourd'hui : le Chili. Le pays est très
dépendant de ses exportations, en particulier de cuivre. Là encore, l'effet
chinois joue à plein. Mais contrairement à ce qui s'est passé en Argentine, le
gouvernement chilien a su profiter de la hausse de ces dernières années pour
constituer une importante réserve de changes.
Le Pérou est lui aussi victime de la baisse de la demande asiatique. Sa
croissance fléchit et le pays n'a pas d'aussi importantes réserves que le Chili.
Mais son principal atout est l'important investissement effectué depuis
quelques années dans ses infrastructures. Là encore, passée la crise actuelle,
le Pérou pourrait rapidement reprendre du poil de la bête.
Reste la Colombie et le Mexique, deux pays qui tirent leur force de leurs
liens avec les Etats-Unis. Si la croissance américaine est bien de retour,
comme semblent l'indiquer les derniers chiffres du PIB (+3,2% de croissance
au quatrième trimestre 2013, au-dessus des attentes), ces deux pays seront les
premiers à en profiter.
Je vous proposerai donc un point complet consacré au Mexique dans une
prochaine Quotidienne.