N° 40 - Littoral Normand

Confiance pour l’avenir de l’élevage en Normandie
Cette année fut chargée avec la mise en
place d'une carte de services unifiée sur
l'ensemble de Littoral Normand, d'un
système de facturation unique, de
l'harmonisation de nos pratiques de
management et enfin de la finalisation de
notre fusion.
Aujourd'hui fort de plus de 5 200 adhérents,
308 000 vaches contrôlées, 30 000 vaches
allaitantes, Littoral Normand est
un organisme qui a des projets nouveaux
pour ses adhérents et offrira de nouveaux
services, notamment dans le domaine de
la prévention santé, le parage et également
en spécialisant le conseil sur des aspects
techniques particuliers, "les grands
troupeaux" et les éleveurs équipés de robots.
De même, en partenariat avec une jeune
entreprise BIOPIC, nous continuons notre
projet de développement d'une technologie
de puces novatrices sur la prédiction
des vêlages, des chaleurs et de la santé des
animaux.
Cependant dans une conjoncture agricole
de plus en plus volatile, avec des perspectives
de production laitière supplémentaire, nous
devons rester flexibles et mobiles pour que
la Normandie reste une terre d'élevage
d'excellence sur l’ensemble de son territoire.
Nous croyons au développement d'une
"Milk Valley" dans l'Ouest de la France dans
lequel les éleveurs de Littoral Normand,
représentant 10 % de la production laitière
française, auront un rôle majeur notamment
par la qualité et la renommée de leur
production.
spécialiste des marchés des matières
premières agricoles, nous a montré que
l’élevage laitier subit une « véritable
révolution culturelle », passant d’un marché
encadré à un marché libre et ouvert.
Ce passage de « la stabilité à l’instabilité »
signifie que « demain sera différent » avec
la fin des quotas en 2015. Cet expert nous a
déclaré qu’une des pistes pour pallier à cette
instabilité est la mise en place de contrats
entre les acteurs de la filière impliquant
transparence et confiance entre eux.
Littoral Normand continuera d’accompagner
les éleveurs dans cette période de
mutations.
Nous avions choisi le thème de notre
Assemblée Générale sur ce challenge :
« Normandie Terre d'Elevage, Hier,
Aujourd'hui… et Demain ? ». A la table
ronde qui réunissait économistes, coopération
et secteur bancaire, Philippe CHALMIN,
Thierry HULMER
Président
de Littoral Normand
SOMMAIRE
• Nouvel accord
ADIEU MICHEL
Michel LEPOURRY nous a quittés le 18 Juin dernier.
Président de Manche Conseil Elevage de 1981 à 1999,
Président de l'EDE de la Manche de 1976 à 2001,
Président de l'ARSOE de 1976 à 1998,
il fut un ardent défenseur de l'élevage.
Photo E. Charon
GERMES CELLULES 2014
• UNE MARGE SUR COÛT
ALIMENTAIRE DE 290 €/1 000 L :
résultat similaire à celui de 2011-2012
en raison d’un prix du lait élevé
en 2013-2014
• RÉSULTATS DE REPRODUCTION :
des performances intimement liées
au niveau laitier
• Profitez de l’été pour nettoyer
et désinfecter les bâtiments
• La chicorée se pâture aussi !
Homme de conviction, éternel bavard, Michel a toujours
défendu les projets collectifs.
Michel LEPOURRY
Président d'Honneur
de Manche
Conseil Elevage
Je retiendrai 2 faits majeurs qui perdurent : la création
de la base de sélection en 1981 en Basse-Normandie et l'aide
du Conseil Général de la Manche aux jeunes agriculteurs.
Sa passion était la politique, l'aménagement
et le développement de sa commune SAINTENY
dont il fut Maire pendant 20 ans.
Merci Michel pour ton humanisme, ton altruisme.
Hervé TESNIERE
Directeur Général Adjoint
Juillet 2014 n° 40
QUALITE
DU LAIT
NOUVEL ACCORD GERMES CELLULES 2014
Article 3/3
Pour clore les explications du nouveau dispositif mis en place sur la gestion des plans
cellules, voici les conditions de reprise suite
à un arrêt indéterminé. Les éleveurs doivent
être proactifs avec un envoi de courrier
dans lequel ils précisent :
• Avoir contrôlé la machine à traire si
le précédent contrôle datait de plus d’un
an ;
• Justifier que les visites CBPE sont bien
validées dans les délais ou justifier d’une
visite initiale en vue de l’engagement dans
la CBPE ;
• Analyse d’un échantillon prélevé dans
le tank < 400 000 cellules/ml et 100 000
germes/ml. Dans tous les cas l’agent agréé
vérifiera que le volume de lait présent dans
le tank est en cohérence avec l’effectif du
troupeau ;
• Dans le cas d’une situation de Hors
Normes cellules, le producteur doit s’engager à réaliser des analyses mensuelles
individuelles « vache/ vache ».
Certaines situations particulières peuvent
donner lieu à une dérogation à la suspension de collecte, dont voici la liste :
• Accident, maladie temporaire, décès
d’un producteur ou d’un membre de sa
famille ou d’un salarié de l’exploitation ;
• Sinistre sur l’exploitation ayant entraîné
des dommages sur les conditions de logement des animaux et/ou de stockage des
aliments (incendie, inondation, tempête
neige…) ;
• Evolutions importantes des conditions
de production (nouveau bâtiment, changement d’associé, réparation importante ou
changement de la machine à traire, renouvellement d’une partie du troupeau) ;
• Engagement écrit à une cessation de
la production laitière dans les 9 mois
(sous réserve à minima, du respect des
normes du critère germes) ;
• Effets de l’environnement de l’exploitation non déterminés par les pratiques
du producteur (sous réserve de transmission d’éléments justificatifs).
N’hésitez pas à en parler à votre conseiller
qui vous aidera à analyser votre situation.
Stéphanie BAUDAIS
Référent Chef Produit Qualité du lait
TECHNICO-ECONOMIQUE
UNE MARGE SUR COÛT ALIMENTAIRE DE 290 €/1 000 LITRES :
Résultat similaire à celui de 2011-2012 en raison d’un prix du lait
élevé en 2013-2014
Une augmentation de la marge
au fil des années
Evolution de la marge sur coût alimentaire
(Source Littoral Normand)
La marge sur coût alimentaire est de
290 €/1 000 L produits pour la campagne
laitière 2013-2014. Elle évolue positivement par rapport à la campagne précédente et ne fait que retrouver le niveau de
2011-2012. Certes le prix du lait payé a
été élevé sur la dernière campagne mais,
en parallèle, le coût alimentaire s’est maintenu à un niveau important.
Le lait produit par exploitation a augmenté de 43 000 litres en moyenne soit
+10%.
Les concentrés et minéraux :
70% du coût alimentaire
L’alimentation moyenne d’un troupeau
Littoral Normand est constituée pour
une part d’ensilage de maïs à 4,8 T
MS/vache/an, de 1,4 T MS de pâturage
et de 0,800 T d’autres fourrages (conserve
d’herbe, légumineuses, méteil…). Le
concentré et les minéraux représentent
1,6 T MB/vache/an.
Le coût alimentaire avec une moyenne à
94 €/1 000 L est composé par les concentrés et minéraux à 66 €/1 000 L et par
les fourrages à 28 €/1 000 L.
Des marges de progrès
demeurent sur le coût
alimentaire
L’écart de marge sur coût alimentaire est
encore important entre le groupe de tête
(25% meilleurs) et le groupe de queue.
Il est de 45 €/1 000 L soit 21 000 €
pour un volume moyen de 470 000 litres.
Entre ces 2 groupes, le prix du lait est le
même et cet écart s’explique à la faveur
du groupe de tête par un ensemble de
points :
- Plus de pâturage utilisé (1/3 de plus en
quantité par vache).
- Moins de maïs utilisé avec des rendements supérieurs (+ 2 T de MS/Ha) et
un prix par hectare moindre (- 60 €/Ha).
- Moins de concentrés utilisés (- 650
kg/VL/an) et un prix d’achat moins élevé
(-24 €/Tonne).
Pourtant le niveau de production par
vache est proche (8 000 L produits/ VL
/an pour le groupe de tête contre 8 200
pour l’autre groupe) et un chargement
par hectare plus élevé (1,78 UGB/Ha
contre 1,58).
La marge sur coût alimentaire reste un
des critères de suivi important pour votre
exploitation laitière. Il doit figurer dans
votre tableau de bord mensuel car des
marges de progrès sont encore possibles.
Fabien BREGEAULT
Référent Chef Produit
Technico-Economique
REPRODUCTION
RÉSULTATS DE REPRODUCTION :
des performances intimement liées au niveau laitier
Graphique 1 : Résultats de reproduction des troupeaux
(Source Littoral Normand)
selon les races Campagne 2013-2014
Graphique 2 : Résultats de reproduction des troupeaux de race Normande
selon le niveau de production - Campagne 2013-2014
(Source Littoral Normand)
Le nombre d’éleveurs au sein de Littoral
Normand permet aujourd’hui d’extraire
vos données de reproduction et d’en proposer des bilans synthétiques d’une grande
fiabilité pouvant servir de références. Les
résultats, issus de 2 432 élevages (toutes
races confondues) pratiquant l’IA exclusivement, sont calculés sur la campagne
laitière 2013-2014.
En comparant les résultats de reproduction entre systèmes (alimentation ou
robot), nous constatons qu’il n’existe pas
d’influence significative sur les critères
habituels (taux de réussite, IVV…). En
revanche, des différences entre races
subsistent. En effet un écart de 8 % sur
le taux de réussite en 1ère I.A existe
entre Normandes et Prim’Holsteins,
toujours au profit de la race Normande
(Graphique 1).
Le niveau de production semble avoir un
impact très marqué et linéaire sur les
performances de reproduction, le taux
de réussite en 1ère I.A pour les élevages
à moins de 6 000 kg variant de plus
de 50 % à environ 40 % pour les élevages
à plus de 8 000 kg.
En isolant l’effet du niveau de production
par race, en race Normande le taux de
réussite moyen passe sous la barre des
50 % au-delà de 6 000 kg de lait
/vache/an. Le nombre de vaches à 3 IA
ou plus se dégrade de façon continue,
passant de moins de 5 % pour les moins
productifs à 27% pour les plus productifs
(Graphique 2).
Les mêmes tendances s’observent en race
Prim’Holstein avec cependant des résultats reproduction visiblement peu maîtrisés dans les élevages à faible niveau de
production (Graphique 3). A même niveau
de production laitière, les résultats de
reproduction en Prim’Holstein sont inférieurs de 3 à 4% de taux de réussite en
1ère IA.
Le déficit énergétique en début de lacta-
Graphique 3 : Résultats de reproduction des troupeaux de race Prim’Holstein
(Source Littoral Normand)
selon le niveau de production - Campagne 2013-2014
tion reste la principale cause de dégradation des résultats reproduction quand le
niveau de production augmente. Ce constat
illustre que plus on est performant, plus
la maîtrise des fondamentaux est incontournable. Le tarissement reste la période
clé pour commencer une lactation dans
de bonnes conditions et éviter ainsi ce déficit énergétique qui perturbe l’expression
des chaleurs.
La sélection génétique est également un
levier intéressant qui va aider à l’amélioration des résultats sur le long terme.
Rappelons que 1 point d’index fertilité en
plus, c’est 7 % de taux de réussite à la
1ère IA gagné. Il existe aujourd’hui des
outils de détection des chaleurs qui ne
remplaceront pas l’œil de l’éleveur mais
qui sont une aide précieuse quand les
charges de travail s’alourdissent.
Pascal BISSON
Conseiller Relais Alimentation
PREVENTION
SANTE
Profitez de l’été pour nettoyer et désinfecter les bâtiments
Le nettoyage complet et la désinfection
des bâtiments (laitières, génisses et veaux)
sont recommandés au moins 1 fois/an. Du
fait du chargement généralement faible
en animaux, l’été constitue la période la
plus intéressante : à la rentrée à l’étable
votre troupeau redémarrera dans un logement sain.
L’assainissement du bâtiment doit être
réalisé en plusieurs étapes :
- Sortie des animaux : les vaches et les
génisses sont généralement mises à
l’herbe. Si des veaux sont présents leur
trouver un logement alternatif (igloos
extérieurs, stabulation d’appoint…).
- Curage du bâtiment et évacuation de
tous les matériels inutiles (les désinfectants sont inactivés par la présence de
matière organique).
- Détrempage : mouiller l’ensemble des
surfaces à l’aide d’un simple jet d’eau afin
de ramollir les matières desséchées afin
de faciliter leur décapage.
- Décapage : réalisé avec un jet d’eau
haute pression (30-40 bar). Il peut être
intéressant de finir de décaper mécaniquement les surfaces.
- Désinfection : pulvérisation à basse pression en fines gouttes à raison d’1L/5m²
d’une solution désinfectante prévue pour
des locaux d’élevage (bactéricide, virucide,
fongicide, ookysticide).
- Vide sanitaire : dans l’idéal le bâtiment
devrait être laissé vide d’animaux pendant
4 semaines d’affilée.
La désinfection concerne toutes les aires
de couchage, les murs jusqu’à une hauteur
de 3m et tout le tubulaire (cornadis, barrières…). Elle peut être avantageusement
complétée par la mise en place de dispositifs de lutte contre les nuisibles, rats et
insectes.
Benoit DELALLEAU
Vétérinaire Conseil
FOURRAGES
La chicorée se pâture aussi !
La chicorée est une espèce connue pour
sa résistance à la sécheresse et au froid.
Plante sur pivot avec une racine de
1 mètre, pérenne de 5-7ans, les premiers
essais montrent qu’elle est lactogène et
bien ingestible (+1 kg de MS pour 1 kg
de lait à l’INRA de Rennes).
Sa production est généralement maximale
quand celle des graminées décroît. Elle
tolère une acidité importante (elle supporte un pH minimal du solde 4,3). Elle
s’implante principalement au sein de prairies multi-espèces, en semis ou sur-semis
à l’automne ou au printemps, aussi bien
en mélanges composés type mélange suisse
que RGA/TB. Le semis peut être réalisé
avec une herse étrille équipée d’un semoir
voire à la volée. Le semis en ligne est
AGENDA
• Concours d’arrondissement
20 août : Cherbourg
26 août : Avranches
(St-Hilaire du Harcouët)
27 août : Valognes
31 août : Coutances
(Quettreville sur Sienne)
06 sept : Saint-Lô (Percy)
Vendredi 22 août 2014
• VENTE de l'élevage DEME
à Le Tourneur (14)
4ème cheptel français pour le TP
100 femelles à vendre, ISU vaches : 121
Renseignements : Normandie Génisses
Jean-Louis LEMOINE (06 80 93 26 56)
Dimanche 31 août
• Festival de la Terre
à Quettreville sur Sienne (50)
Dimanche 31 août
• Fête de l’Agriculture
à Notre-Dame de Livaye (14)
déconseillé car la graine est très petite.
La dose de semis généralement utilisée
est de 2 kg/ha. Selon les stades et la saison, la MAT varie de 15 à 25 %.
Plus orientée vers le pâturage que la fauche,
elle se désagrège facilement, il convient
donc d’éviter le piétinement par les VL en
offrant la quantité nécessaire pour 1 jour
de pâturage puis d’avancer le fil. Elle a un
cycle de 21 jours pour un stade de pâturage
idéal à 6 feuilles. En été, la prairie a un
cycle supérieur à 30 jours. Pour optimiser
le pâturage en été, il convient de se baser
en priorité sur le développement de la chicorée pour décider d’y mettre les vaches !
Le risque d’attendre trop longtemps est
que la chicorée monte en tige et soit moins
bien pâturée.
Pascal ROUGIER
Conseiller Relais Fourrages
TÉMOIGNAGE
Les vaches du GAEC GUILBERT
transforment la chicorée en litres de lait
!
Le Gaec Guilbert (Karl et Arnaud), élevage laitier
biologique à Tracy-Bocage (14), produit 700 000 litres
de lait, en ayant une ration mélangée avec séchoir et
99% d’autonomie alimentaire.
Karl, comment vous est venue l’idée d’installer
de la chicorée ?
C’est une suggestion qui est venue dans le cadre
du programme Reine Mathilde et on en a vu
beaucoup en Angleterre lors d’un voyage
d’étude. Aujourd’hui, 5 fermes du Calvados ont
semé de la chicorée et ont fait des suivis de
valeurs alimentaires essentiellement.
Quelle est la place de la chicorée dans votre
parcours VL ?
Aujourd’hui, on a semé une parcelle de 6 ha
dans le parcours des VL (22 ha). Notre première
tentative fut un sursemis, qui n’a pas marché,
comme les sursemis en général ! Par contre, le
semis réalisé il y a 2 ans nous offre une magnifique parcelle.
Comment l’exploitez-vous ?
Cette prairie est exclusivement destinée à la
pâture des VL. On fauche les refus 1 fois par an.
En termes de rythme d’exploitation on tourne
comme avant, toutes les 4 semaines. Ça fait vite
des tiges que les vaches laissent après avoir
consommé les feuilles.
Quelle fut la réaction des vaches ?
Elles commencent par manger les graminées
avant d’attaquer la chicorée et elles font 1 litre
de plus quand elles sont dans cette parcelle ! J’ai
remarqué aussi que les bouses étaient moins
fermes quand elles sont dans la chicorée. Bien
que les 2 derniers étés n’aient pas été très secs,
la chicorée continue de pousser alors que le
mélange suisse de la prairie présente une croissance ralentie. A terme, j’envisage de mettre de
la chicorée sur l’ensemble des parcelles pâturées
par les VL.
Olivier LERAY
Référent Chef Produit Fourrages
Infos Elevage - N° 40 - Juillet 2014 - Mensuel
Directeur de la publication : Hervé TESNIERE
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Responsable de la rédaction : Catherine de SOUZA 14204 HEROUVILLE ST CLAIR CEDEX
Photos : Littoral Normand Conseil Elevage
Mel. : [email protected]
Nombre d’exemplaires : 5 500
Création et impression :
Nii - Colombelles
02 31 70 88 10
35887 - 06/2014
Imprimé sur papier recyclé