CONCERT DE L’ASCENSION BACH Dix ans de cantates De l’esthétique à la mystique Ensemble Vocal et Instrumental de la Maîtrise Bernard Héritier, direction Effectif Soprani Hyacinthe Héritier Marguerite Héritier Mireille Hofmann Jacquod Anouschka Lara Anne-Sophie Marques Ténors Didier Combe Pierre-Alain Héritier Michel Mulhauser Christian Roten Alti Camille Besse Sylviane Bourban Floriane Héritier Marion Jacquemet Caroline Moix Christine Zay Basses Johan Beltramini Pierre Héritier Stéphane Karlen Frédéric Moix Orchestre Florence Allet, violon I Jean-Charles Pitteloud, violon II Vincent Pitteloud, alto Abigaïl Chomarat, alto Fabienne Roten, violoncelle Sara Cailloux, contrebasse François Guex, contrebasse Patrick Marguerat, hautbois Eric Douchy, hautbois Jean-Baptiste Héritier, hautbois Sylvain Tolck, trompette Thierry Stalder, trompette Sabrina Délèze, trompette Vincent Micheloud, trompette Jean-Philippe Iracane, basson Jörg Lingenberg, flûte Arthur Barras, timbales Sœur Marie du Sacré Cœur, orgue Jean-David Waeber, grandes orgues Remerciements Ce troisième et dernier concert anniversaire clôt la dixième saison musicale de la Fondation Musique sacrée et Maîtrise de la Cathédrale. Il a été rendu possible grâce au généreux soutien de la Bourgeoisie de Sion et de la succession Monique Pannatier-Dubuis. Qu’ils trouvent ici, de même que les personnes et institutions qui nous soutiennent depuis une décennie, l’expression de notre profonde gratitude. 2 Bach – dix ans de cantates De l’esthétique à la mystique. Notre intention est d’évoquer - dramatiquement - c'està-dire comme en racontant une histoire, la grande affaire de toutes les cantates de Bach, que ni les musiciens, ni les musicologues n'aiment habituellement évoquer parce que ce n'est plus à la mode, c'est suspicieux, ça sent l’obscurantisme, l'endoctrinement et l’idéologie castratrice : une foi incroyablement profonde en un Dieu-Trinité et Incarné, un Dieu tellement Amour qu’il se vide de sa divinité pour revêtir notre condition humaine afin de l’accompagner, par-delà ses faiblesses, ses souffrances et sa mort, vers un bonheur annoncé et promis sans fin. Et cette foi se dit avec la plus petite des notes de musique comme avec l’architecture sonore la plus grandiose. Bach avait d’ailleurs l’habitude de signer ses œuvres SDG pour Soli Deo gloria, soit à Dieu seul la gloire. Celui qui apprécie la musique de Bach mais ne peut ou ne veut pas comprendre que cette musique est au service de textes religieux engagés, passe à côté d'une œuvre qui restera certes toujours d’une puissance musicale hors norme, mais dont l’excellence technique se veut avant tout au service d’un mysticisme d’une intensité émotionnelle constante. Choix a donc été fait, pour ce concert anniversaire, de suivre l’organisation de l'année liturgique à l’aide d’extraits célèbres chantés et joués à la cathédrale ces dix dernières années : ce choix permet de faire un tour thématique des principaux éléments de la foi chrétienne en entendant ou en contemplant (car le figuralisme musical de Bach cherche toujours à susciter des images qui nous transportent vers l’au-delà d’une Transcendance) comment Bach les illustre avec son génie de musicien et de croyant. Ce programme est également organisé autour d’une cantate pivot, la BWV 4 Christ lag in Todes Banden pour obéir à une triple symbolique : • la BWV 4 a été la toute première cantate chantée par l’Ensemble vocal et instrumental de la Maîtrise lors de la Veillée pascale 2003 ; • elle est probablement le chef d’œuvre de Bach car elle permet d’entendre comment l’incroyable maîtrise technique du compositeur est au service de la simplicité et du dépouillement de l’expression, dans la clarté et l’élévation du propos ; • la BWV 4 a pour sujet l'objet central de la foi chrétienne : la résurrection. 3 TEMPS DE L’AVENT Viens bientôt, Sauveur du monde ! Nun komm der Heiden Heiland BWV 61 Grégorien – Choral d’orgue BWV 599 - Chœur d’entrée Cette cantate pour le premier dimanche de l’Avent exprime à la fois l’attente et le désir d’un roi sauveur et sa venue elle-même. Sur une ouverture à la française au rythme majestueusement royal, la mélodie du célèbre choral est exposée aux quatre voix, du soprano à la basse, pour illustrer la venue – la descente – du Christ sur terre. Après l’exposition du choral, instruments et voix s’unissent dans un fugato polyphonique avant de conclure dans le rythme majestueux du début. La mélodie du choral a été adaptée par Luther lui-même en 1524 à partir de l’hymne pour l’Avent de saint Ambroise de Milan (4ème s.), « Veni, redemptor gentium », dont la mélodie grégorienne date du 13ème siècle. Cette mélodie nous plonge donc aux racines mêmes de la louange chrétienne. Viens maintenant, Sauveur du monde, Enfant reconnu issu de la Vierge, Tel que le monde entier s’étonne. Que Dieu lui envoie pareille naissance. TEMPS DE NOËL Un enfant nous est né ! Christen, ätzet diesen Tag BWV 63 Chœur d’entrée Extrait d’une cantate pour le premier jour de Noël, ce chœur oppose trois groupes d’instruments à la manière d’un concerto grosso : cuivres et timbales, bois et cordes auxquels viennent se mêler les voix du chœur. Dans un rythme à trois temps, cette page est un grand triptyque : deux parties polyphoniques encadrent une partie centrale écrite sous la forme de trois séquences chorales moins éclatantes. Après la jubilation à l’occasion de la naissance du Fils de Dieu, cette partie centrale évoque donc plutôt l’adoration des bergers. 4 L’omniprésence du chiffre trois évoque à la fois la danse et la joie ainsi qu’une foi profonde à l’épiphanie de l’amour trinitaire. Chrétiens, gravez ce jour dans le métal et dans le marbre ! Venez vite avec moi vers la crèche Et déclarez d’un ton joyeux votre reconnaissance et votre soumission ! Car le rayon qui perce jusqu’à nous sera pour vous un rayon de Grâce. Herrscher des Himmels BWV 248-3 Air (alto) Schliesse mein Herze - Sylviane Bourban Extrait de la 3ème cantate de l’Oratorio de Noël, cet air est une magnifique réflexion sur le thème du texte évangélique « Et la vierge retenait toutes ces choses dans son cœur ». C’est une mère qui berce son nouveau-né accompagnée par les profondes inflexions du violon solo : elle chante à la fois l’intériorité du don de l’enfant dans son corps de femme, l’exultation contemplative du don de la grâce, mais aussi le pressentiment douloureux de la Passion. Renferme, mon cœur, ce doux miracle solidement dans ta foi. Laisse ce miracle de l’œuvre de Dieu être toujours le soutien de la faiblesse de ta foi. Herz und Mund und Tat und Leben BWV 147 Choral Jesu bleibet meine Freude Cette cantate a été écrite pour la fête de la Visitation de Marie à Elisabeth. Le rythme du choral est ternaire : celui de la danse, de la joie sereine, du tranquille abandon ; la paix qui passe tout sentiment. La mélodie du choral est également utilisée par Bach dans la Passion selon saint Matthieu : Bin ich gleich von dir gewichen. Elle a été très largement popularisée avec la traduction Jésus, que ma joie demeure. Jésus, consolation et suc de mon cœur, Demeure ma joie ! Jésus protège de toute souffrance, Il est la force de ma vie, La joie et le soleil de mes yeux, Le trésor et les délices de mon âme ; Aussi aurai-je toujours Jésus Présent dans mon cœur et dans ma pensée. 5 TEMPS ORDINAIRE Vivre dans un monde hostile portés par l’amour et la grâce Ich hatte viel Bekümmernis BWV 21 Sinfonia et chœur d’entrée Cette cantate Per ogni tempo (pour tous les temps) s’ouvre par un dialogue entre le violon et le hautbois qui exprime l’inquiétude de l’âme à la recherche de son Sauveur, avec force retards harmoniques et tensions mélodiques. Ces moyens expressifs imprègnent cette sinfonia d’une douloureuse tristesse de « vivre au monde ». Le chœur qui suit la sinfonia instrumentale commence par trois affirmations sur le mot « Ich » suivies d’une fugue austère en contrepoint libre. Au milieu du développement de la fugue, le mot « aber » introduit un vivace. On retrouve dans ce chœur les mêmes dissonances expressives que dans la sinfonia, mais ici dépassées par la foi qui réconforte et apaise. J’avais bien des soucis en mon cœur mais tes consolations ont réconforté mon âme. Sehet, welch eine Liebe BWV 64 Air (soprano) Was die Welt – Anouschka Lara L’air pour soprano de cette cantate traite – en musique ! - d’un thème provocateur pour l’intelligence : la question de l’Incarnation, c’est-à-dire la question de la cohabitation, en Jésus-Christ, de l’être céleste et de l’être terrestre. Le rythme choisi (une gavotte) et le motif mélodique tournant du continuo évoquent l’être terrestre de Jésus ; le mouvement mélodique ascendant des violons, la symbolique de la voix de la soprano comme épouse mystique du Sauveur figurent l’être céleste du Christ. Quant à la tonalité affligée de si mineur, elle rappelle le caractère fugace et éphémère du monde appelé au salut par la naissance de l’homme-Dieu. Ce que la Terre renferme, en fumée s’en ira. Mais ce que donne Jésus, et ce qu’aime mon âme, demeurera pour l’éternité. TEMPS DU CARÊME : Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur ! Près de toi se trouve le pardon. Aus der Tiefen, ruf ich, Herr Sinfonia et chœur d’entrée 6 BWV 131 La cantate BWV 131 est écrite sur le texte du psaume 129, le fameux « De Profundis ». La sinfonia de l’ouverture instrumentale adopte le ton funèbre évoqué par le texte : il s’agit d’un lamento désolé, qui a un caractère pénitentiel, traversé de phrases douloureuses évoquant les profondeurs du désespoir et soulignées par des intervalles diminués et de nombreuses dissonances. Le chœur élève ensuite ses lamentations dans une imitation de la prière entrecoupée de sanglots. Des profondeurs je crie vers Toi, Seigneur. Seigneur, écoute mon appel, que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière. Arioso et choral (basse) – Stéphane Karlen L’arioso pour basse est directement relié aux deux mouvements précédents. Le chant de la basse est commenté à la fois par celui du hautbois, tantôt plaintif, tantôt apaisant, et par le choral en cantus firmus du soprano dans un magnifique symbolisme contemplatif : la voix de basse évoque le Christ ou la foi apaisée et celle de soprano, l’âme ou l’humanité-Eglise comme épouse du Christ encore aux prises avec la douleur de vivre dans la faiblesse. Dans un dialogue amoureux, le Christ apaise les inquiétudes de l’être humain. Basse : Si tu retiens les Seigneur, qui subsistera ? fautes, Seigneur, Soprano : Aie pitié de moi, qu’écrase un tel fardeau : retire-le de mon cœur puisque tu l’as expié sur la croix par ton agonie. Afin que je ne périsse pas d’extrême douleur dans mes péchés et que je ne désespère pas non plus éternellement. Basse : Mais auprès de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne. Soprano : Afin que je ne meure pas dans les grands tourments de mes péchés, ni ne désespère éternellement. PAUSE TEMPS DE RESURRECTION Christ est ressuscité ! Il est apparu à ses disciples ! Christ lag in Todes Banden BWV 4 Grégorien – Choral d’orgue BWV 625 - Sinfonia 7 Cette cantate du jour de Pâques est toute entière construite sur un choral leitmotiv de Martin Luther. Bach utilise les sept strophes de ce choral pour construire les sept mouvements de sa cantate avec la mélodie du choral comme cantus firmus et fil conducteur. La mélodie du choral est librement adaptée de la célèbre séquence du jour de Pâques Victimae paschali laudes. La sinfonia ouvre la cantate en faisant entièrement référence au choral. Par l’équilibre de son architecture, la science de son écriture - faite de huit variations sur un thème musical qui nous plonge au plus lointain passé de la louange chrétienne -, et la profondeur contemplative de son inspiration, cette cantate est probablement un des chefs d’œuvre les plus accomplis de ce grand croyant qu’était Jean-Sébastien Bach. Verset 1 : chœur Le verset 1 est le plus développé de l’œuvre : le cantus firmus (mélodie du choral) est chanté en valeurs longues au soprano avec imitation de la tête du motif aux autres voix. L’alléluia final s’ouvre sur une conclusion alla breve. Il s’agit là d’une véritable fantaisie chorale dont l’esthétisme est très proche des enluminures gothiques. Christ gisait dans les liens de la mort, sacrifié pour nos péchés : il est ressuscité et nous apporte la vie. Nous devons nous réjouir, louer Dieu et lui être reconnaissant et chanter : alléluia ! Verset 2 : duo soprano et alto – Hyacinthe Héritier et Camille Besse Le continuo travaille sans cesse les deux premières notes du choral sur les mots « Den Tod » leur donnant ainsi une présence obsessionnelle. La mélodie est exposée légèrement ornée au soprano alors que l’alto ne cesse de créer des retards renforçant l’expression de la douleur. Nul ne peut contraindre la mort parmi le genre humain, la faute en revient seulement à nos péchés car il n’est personne qui soit innocent. C’est pourquoi la mort fut si prompte à s’emparer de nous et à nous retenir captif dans son empire. Alléluia ! Verset 3 : air de ténor – Michel Mulhauser 8 Voici un trio pour ténor, violons et continuo. Le choral est transformé en notes rapides aux violons comme une explosion véhémente de joie, brusquement interrompue sur le mot « Tod » pour évoquer de façon saisissante le spectre de la mort. Jésus-Christ, fils de Dieu, est venu prendre notre place : il a chassé le péché, retirant ainsi à la mort tous ses droits et sa puissance. Il ne reste plus rien de la mort : elle a perdu son dard. Alléluia ! Verset 4 : chœur Au centre de la cantate, le verset 4 est pour chœur seul avec continuo. Ténor, soprano puis basse entrent en un contrepoint de pré-imitations fondées sur la mélodie du cantique. L’alto énonce ensuite la mélodie en cantus firmus illustrant ainsi la mort et la tristesse. Ce fut une étrange guerre qui opposa la mort à la vie. La vie a remporté la victoire, elle a anéanti la mort. L’Ecriture avait annoncé comment une mort en supprimait une autre : la mort est devenue une dérision. Alléluia ! Verset 5 : air de basse – Frédéric Moix La basse énonce à son tour le choral mais avec transformation rythmique, passant du binaire au ternaire. Les quatre instruments à corde commentent chacun à leur tour le chant de la basse. Quelques figuralismes apparaissent : un motif en croix sur le mot « Kreuze », un saut descendant d’une douzième sur le mot « Tod », le mot « Würger » longuement prolongé. Voici le juste agneau pascal exigé par le Seigneur. Elevé sur le bois de la Croix, il a été rôti avec le plus fervent amour. Son sang marque notre porte, la foi tient la mort en échec, le bourreau ne peut plus rien contre nous. Alléluia ! Verset 6 : choral soprano et ténor – A.-S. Marques et P.-A. Héritier La rythmique ternaire (triolets) des deux voix soulignent ici les mots liés à la jubilation : « Wonne, Sonne, Herzen, Alleluia ». Voilà pourquoi nous célébrons la grande fête dans l’allégresse du cœur et les délices que le Seigneur nous dispense. Il est lui-même le soleil qui illumine notre cœur de sa grâce : la nuit du péché s’est évanouie. Alléluia ! Verset 7 : choral 9 La cantate s’achève par un chœur homophone, célébrant avec simplicité la foi de l’assemblée des croyants. Nous mangeons pour notre bien-être le vrai pain de Pâques : le vieux levain ne doit pas être associé à la parole de grâce. Christ sera notre nourriture et lui seul rassasiera notre âme. Le croyant ne veut pas d’autre vie. Alléluia ! Halt im Gedächtnis Jesum Christ BWV 67 Air (basse) Friede sei mit euch – Pierre Héritier À nouveau une page extraordinaire dans l’œuvre de Bach, où l’équilibre de l’architecture, la qualité de l’écriture et la force des symbolismes sont au service d’une expression saisissante de justesse et d’émotion. Le chant haché des cordes et des voix aiguës du chœur (comme dans les Passions, les voix aiguës soulignent la fausseté et la trahison) évoquent le tumulte du combat avec les forces du Mal et la rage diabolique de l’Ennemi. La voix de basse qui s’élève avec sérénité représente la voix du Christ qui apparaît à ses disciples pour les inviter à la paix. Elle est accompagnée de la flûte et de deux hautbois d’amour, sur des valeurs rythmiques pointées qui accompagnent traditionnellement l’apparition d’un roi. Les interventions du Christ se font pendant seize mesures à trois temps (16 x 3 = 48), alors que les hommes au combat chantent pendant douze mesures à quatre temps (12 x 4 = 48). Trois étant le chiffre de Dieu, quatre celui de la terre : la numérologie elle-même symbolise bien que la confrontation entre le Bien et le Mal aboutit à la victoire cosmique du Christ, roi de l’univers. − La paix soit avec vous ! − Le bonheur nous accompagne ! Jésus nous aide à combattre et à apaiser la fureur des ennemis : « Enfer, Satan, reculez » ! − La paix soit avec vous ! − Jésus nous mène vers la paix et lorsque nous sommes las, il revigore en nous et l’esprit et le corps. − La paix soit avec vous ! − O Seigneur ! Aide-nous à parvenir, à travers la mort, dans ton Royaume glorieux ! − La paix soit avec vous ! Choral Du Friedefürst Après ce déferlement d’images sonores, la foi profonde de l’assemblée croyante se dit par un choral homophone dont la simplicité est empreinte d’une grande émotion. 10 Toi qui es le Prince de la Paix, Seigneur Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, tu es un puissant libérateur, dans la vie comme dans la mort. Voilà pourquoi nous autres nous élevons nos cris vers ton Père en ton Nom. TEMPS DE L’EGLISE Veiller, dans la joie et la foi Wachet auf, ruft uns die Stimme BWV 140 Choral, ténor – Michel Mulhauser Cette cantate est écrite pour le 27ème dimanche après la Trinité. Elle est construite sur le thème du choral luthérien « Wachet auf, ruft uns die Stimme » de Philipp Nicolai, choral dit du « veilleur » dont le texte se fonde sur la parabole des dix vierges. Au centre de la cantate, la mélodie du choral est confiée au ténor pendant que violons et alto à l’unisson jouent une ritournelle magnifiquement expressive, issue de la mélodie du choral. Le repas auquel sont conviés les convives, « Abendmahl » est une évidente allusion à la Cène et donc au repas eucharistique. Sion entend chanter les veilleurs, son cœur en tressaille d’allégresse. Elle s’éveille et précipitamment se lève. Magnifique, son ami descend des cieux, fort par la grâce, puissant par la vérité. La lumière de Sion devient resplendissante, son étoile se lève. Viens à présent, précieuse couronne. Seigneur Jésus, fils de Dieu, Hosanna ! Nous te suivons tous à la salle des réjouissances et partageons avec toi le festin. Jauchzet Gott in allen Landen BWV 51 Air (soprano) Jauchzet – Anouschka Lara L’air de soprano est conçu comme un concerto pour trompette et soprano. De grandes vocalises jubilatoires, escaladant d’un bond des octaves entières, dévalant et surgissant en guirlandes tourbillonnantes, passent de la voix à la trompette et au violon. Tous les motifs typiques de Bach s’y retrouvent comme une vaste explosion de joie et de foi. Exaltez Dieu en tous pays. Que tout ce que le ciel et la terre comptent de créatures vivantes exalte sa gloire. Et voici que nous aussi nous allons rendre hommage à notre Dieu de nous 11 avoir toujours assistés dans les souffrances et l’adversité. Ein feste Burg ist unser Gott BWV 80 Chœur d’entrée Cette cantate est basée sur le choral éponyme « Ein feste Burg ist unser Gott » de Martin Luther, équivalent protestant du « Te Deum », chant d’action de grâce catholique par excellence. Le fameux chœur d’introduction de la cantate BWV 80 est considéré à juste titre comme l’un des points culminants de l’art de la composition chorale de JeanSébastien Bach. Le chœur adopte la forme d’un motet en cinq sections. Chacune de ces parties est en fugue et s’achève par l’exposition de la mélodie du choral au trio de hautbois (et, éventuellement, de trompettes) en canon avec orgue obligé, dont Bach a pris soin de préciser la registration (« Posaune 16’ », cornet de 16 pieds, joué ici au grand orgue de la cathédrale), afin d’être sûr qu’il sonne suffisamment. L’ensemble produit un effet saisissant : le chœur élabore un mur sonore sur le thème du cantique « Ein feste Burg » par imbrication serrée des voix de la fugue, puis les instruments concertants couronnent cette architecture de leurs hautes envolées sur le même motif, finalement repris par l’orgue en valeurs longues (blanches et rondes) et graves. Comment ne pas y voir le manteau, les créneaux et les fondations des murs de la cité de Dieu? C’est un rempart que notre Dieu, il est pour nous arme et défense. Il nous tire de toute épreuve qui s’est abattue sur nous. Satan, le vieil ennemi, s’en prend maintenant sérieusement à nous : il n’a pas son pareil sur la terre. En première mondiale, n’a plus été interprétée depuis la mort de son compositeur : La Caduta de gl’Angeli (la Chute des Anges), oratorio-opéra de F. Rossi (17e), Restauré d’après le manuscrit. Novantiqua avec A Corte musical (www.acorte.net) et ses instruments anciens le 19 octobre aux Jésuites, à 17h 12 www.novantiqua-sion.ch
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