Le compostage des fumiers de ferme

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Le compostage à la ferme
Les conditions d’efficacité
économique et environnementale
Valorisation de l’expérience des paysans du réseau de B.L.E
Plus de 15 ans de recherche, application, validation
La technique du « compostage »: de quoi parle t-on?
Le compostage n’est pas un objectif mais une technique, un moyen, un outil
On ne composte pas pour composter, « parce que c’est à la mode »
On utilise la technique du compostage pour ses avantages
Quels sont les avantages indéniables de la technique du compostage?
Au-delà « de toute littérature », le compostage permet
par un effet mécanique, de retournement, de broyage :
1) D’émietter le produit:
produit ainsi le produit fractionné est plus rapidement
et facilement incorporable et utilisable par le sol et donc par les
cultures
Ex: on évite « les paquets » de fumier qui mettent du temps à se décomposer.
2) De permettre par une montée en T° la plus homogène possible dans
le tas, autour de 60 à 70°C durant plusieurs jours,
un assainissement du milieu par combustion, fermentation.
Ex: la T°élevée engendre la disparition des graines d’adventices et pathogène
Le produit obtenu par le compostage, appelé compost,
est ainsi plus facile à épandre et plus assaini que le fumier
RETOURNEUR D’ANDAINS CUMA AGRI COMPOST 64
Prix total adhésion 72€/an + forfait 5€/tas de fumier à composter
+ 4,20€/minute de compostage le 1er passage, 2,60/minute le 2ème passage)
RETOURNEMENT à L’EPANDEUR à FUMIER de FERME
30 min de travail/andain de 8m soit 40M3/heure
Sonde de mesure de T° du tas = mesure de l’ intensité de fermentation
Rechercher une montée en T° entre 60° et 70°C, homogène sur tout
le volume du tas et durant plusieurs jours
L’aire de compostage doit être étanche pour éviter les pertes.
Une aire bétonnée est conseillée.
Il est préférable de pouvoir récupérer les jus via une fosse de récupération
La finalité du compost: que cherche t-on à obtenir?
Si on se situe au niveau d’une ferme agricole dans une
recherche de système le plus autonome possible, il s’agit que
le compost:
5) Participe au maintien de la fertilité des sols par le renforcement de
l’activité biologique intense et permettre de répondre
aux besoins des cultures : prairies, céréales, légumes, vignes, etc…
= Permette d’avoir une fertilisation organique efficace!
9) Permette une optimisation des sources de fertilisants de la ferme
= Valoriser la valeur fertilisante des fumiers!
Ainsi au niveau d’une ferme:
O) Retenir que le compost, c’est le produit du compostage du fumier, voir
du co-compostage du fumier avec une autre source de MO (ex:plumes)
Un compost n’est jamais meilleur que les ingrédients que l’on y met
B) Donc si on souhaite fertiliser convenablement avec du compost,
il faut en amont veiller à maintenir la valeur fertilisante des fumiers.
Opération N°1: Le stockage des fumiers
Les valeurs en azote, phosphore, potasse des différents effluents de ferme
sont bien connues. En théorie…
Car en pratique ce qui l’est moins c’est l’importance des lessivages et
autres pertes au tas lors du stockage.
Il est donc primordial de ne pas perdre ces valeurs fertilisantes lors du
stockage.
Il faut savoir conserver les éléments nutritifs et l’énergie du fumier.
=Au stockage ne rien perdre ou le moins possible.
=Toute perte au stockage est une perte économique et
une source de pollution.
pollution
Mesure des niveaux de lessivage au tas en Pays Basque:
Rappel pluviométrie entre 1000 et 1500 mm de pluie/an surtout printemps
=Lessivage jusqu’à :
60% de l’azote (par volatilisation et lessivage),
30% du phosphore en suspension
70% de la potasse (par lessivage)
Opération N°1: Le stockage des fumiers
Exemple des conséquences d’un lessivage du tas de fumier
Avant lessivage:
13T/ha de fumier ovin
amènent
Après lessivage
13T/ha de fumier ovin
amènent
Azote
87u
-60%
35u
Phosphore
52u
- 35%
33u
Potasse
156u
-70%
47u
Le fumier avant lessivage suffit pour fertiliser, même des cultures gourmandes
Le fumier après lessivage a une valeur fertilisante beaucoup moins intéressante
Le compostage ne permet pas de récupérer les éléments lessivés d’un fumier
Le compost issu d’un fumier lessivé ne sera pas un produit fertilisant
Le compost issu d’un fumier non lessivé sera un produit fertilisant
Observer l’herbe qui pousse
autour d’un tas de fumier
stocké en bout de champ
et non couvert
= jus lessivés
= éléments fertilisants lessivés
=pertes
Opération N°1: Le stockage des fumiers
Les quelques possibilités de protection des fumiers au stockage:
1) Bâtiment à cet effet: fumière couverte
2) Les bâches qui laissent passer l’air mais pas l’eau: Top Tex ou Bidim
3) Tasser et compacter les fumiers pour ne pas qu’ils fermentent trop vite
Sinon, avec la fermentation aérobie, libération (perte) d’énergie et de chaleur
4) Sortir les fumiers, les composter en suivant, avec épandage dans les 10
jours à un mois maxi. Sinon le tas refroidit, l’activité biologique du tas baisse, le
risque de lessivage est important surtout si tas non couvert.
Le choix dépend de l’organisation possible sur la ferme
Bien comprendre que:
Tous les jus qui sont perdus ce sont des engrais riches en potasse, azote et
carbone très facilement disponibles pour le sol et la plante qui sont perdus.
La bâche diminue la perte des jus
Opération N°1: Le stockage des fumiers
Bien comprendre aussi que si un tas fumier non protégé du lessivage
perd de sa valeur fertilisante par lessivage, il en est de même pour un tas
de compost non protégé qui serait stocké pendant plusieurs mois .
Il n’y a rien de plus aisément lessivable que la partie labile d’un compost.
Lessivage des jus qui fait pousser
l’herbe autour du tas de compost
BÂCHE TOP TEX
Prix: 6mX50m = 300M2
= 570€ soit 1,9€/M2
Durée de vie: minimum 5 ans
Poids du rouleau: 50Kg maxi
Remarque importante
-Sur les fumiers ovin pailleux
mieux vaut utiliser une BACHE
PLASTIQUE
-Sur les fumiers bovins peu pailleux
mieux vaut utiliser la BACHE TOP
TEX
-Cette dernière assèche trop les
fumiers pailleux
Opération N°2: Les itinéraires de compostage
Si on a protégé les fumiers au moment du stockage, on a un produit
composé:
-de paille, fougère: sources d’énergie, de sucres, de fertilisants
-d’excréments : source de fertilisants rapidement utilisable
On va composter ce fumier pour avoir les 2 avantages permis par la technique
de compostage: un fumier ou compost émietté et assaini
On va donc chercher à optimiser le résultat de la combinaison de tous ces
avantages :
-du fumier: source d’énergie et de nutriment pour le sol et les plantes,
-du compost: produit émietté et assaini
Le tas de fumier:
Il n’y a pas de taille idéale mais une taille de commodité et de
faisabilité autrement dit qui dépend de l’organisation possible du
chantier de compostage.
Il y a par contre une obligation administrative à respecter
lors du stockage:
-50 m de distance d’un cours d’eau,
-avec une zone de stockage non inondable et sans
forte pente
-et à 100m d’un tiers.
Le retournement ou compostage:
-Le retournement permet un émiettement et une fermentation.
-Pour que le compostage et la montée en T° soit le plus homogène possible, retourner
1 à 3 fois en suivant.
-La T° monte très vite jusqu’à 70°C.
-Plus on réalise les retournements en phase chaude, plus on élimine le maximum
d’indésirables (graines) et pathogènes (microbes).
-Si 1 seul retournement, il reste des zones chaudes et des zones froides et dans ce cas
là, la fermentation ne se réalise pas bien.
-Pour qu’il y ait montée en T° convenable, le tas doit donc être bien aéré mais aussi
assez humide (problème des fumiers très pailleux)
-Attention toutefois, le trop d’humidité ne permet pas de chauffe correcte.
=La gestion de l’humidité du tas est un critère délicat à gérer
-Epandre le produit lorsqu’il est encore chaud pour bénéficier de l’effet énergie
(chaleur) et azote: épandage 10 jours à 1 mois maxi après retournement. Si on ne peut
épandre immédiatement, bâcher le tas.
Synthèse des erreurs à éviter:
A) Laisser un tas de fumier se lessiver
B) Faire des retournements trop espacés avec chute de T°
C) Laisser le tas après compostage sans protection
Opération N°3: L’épandage
La qualité d’épandage, de pulvérisation est primordiale
Un fumier assaini ou jeune compost ayant gardé sa valeur fertilisante peut être
epandu à petite dose.
Une incorporation superficielle (herse) est toujours bénéfique pour une meilleure
intégration au sol.
La dose d’apport dépend:
A) Des besoins de la culture et ce quelque soit le mode de conduite
-Il est primordial de connaître les besoins des plantes
-Ex: en maraîchage, une tomate à des besoins 3 fois plus importants qu’une
salade.
-Ex: en céréale, un mélange en pur aura plus de besoins qu’un mélange
(méteil) avec légumineuses
-Ex: une prairie avec pâture + fauche(s) a davantage de besoin qu’une
prairie utilisée que pour la pâture.
-Il est primordial de connaître le(s) moment(s) des besoin(s)
-En fertilisation organique, il faut intégrer un temps de minéralisation de la
matière organique
B) La dose d’apport dépend aussi de la capacité du sol à retenir les éléments:
Au-delà d’un taux d’argile ou limon, il est impératif d’identifier la qualité des
particules minérales dominantes qui donne au sol un coefficient de
fixation qui détermine ainsi une dose d’apport/ha optimale.
Ex: en analyse classique, la mesure de l’argile prend en compte
toutes les particules minérales en dessous de 2 microns.
C’est une mesure granumométrique.
Mais toutes les argiles ne sont pas des argiles à feuillets capables
de construire des complexes « argilo-humique ».
Certaines argiles se comportent comme des limons et n’ont pas la
capacité à fixer les apports.
Tout apport au-delà de la capacité du sol à fixer les éléments est voué
au lessivage et peut être source de pollution, même en organique.
B) La dose d’apport dépend aussi des équilibres organiques dans le sol:
-Au-delà d’un taux de matières organiques (MO), il est impératif d’identifier
l’état des lieux et la dynamique de fonctionnement des différentes
fractions de matières organiques dans le sol, qui va déterminer, ce que
l’on
cherche à faire avec un apport de compost et quel type de compost on doit amener.
-La mesure seule d’un taux de MO n’indique pas le type de compost à
amener
Les doses préconisées sur les sols agricoles en Pays Basque
Suite au travaux de recherche participative menés depuis 15 ans, sur les fermes
avec la participation et les contributions des paysans, en partenariat avec
le laboratoire du BRDA Hérody , on a pu identifier quelques spécificités des sols:
-Une dominante de sols limoneux et limoneux faiblement argileux
-Ainsi on a des coefficients de fixation (CF) faibles à très faibles
Sur une échelle labo (BRDA Hérody) de 0 à 7, le CF se situe autour de 1 à 2
donc préférer des petites doses régulières de compost
-Des structures de sol fragiles à cause de la tendance au tassement du:
*A la nature de la particule minérale dominante: des « billes » de limon
*A la pluviométrie importante source de tassement
*A l’utilisation intensive des parcelles (surpâturage, maraîchage, etc…)
Donc, l’apport de compost sera optimisé au profit de la plante
si parallèlement on veille à maintenir une bonne porosité du sol.
Un compost parfait sur un sol tassé, hydromorphe perd de son efficacité
-Des sols avec des taux de matières organiques très stables issus de
l’héritage fougère, de jonc, de forêt
Cette MO stable doit être activée grâce:
*A une bonne porosité du sol (oxygène)
*A un type de compost nerveux, jeune, source de fertilisant
Conclusion: favoriser le compost jeune ou fumier assaini
Ce produit est issu de:
-du fumier protégé des pluies
-puis composté 1 à 3 fois avec une montée en T° homogène sur tout le
tas
-et épandu 10 jours à 1 mois maxi après le compostage
Ce produit est source d’énergie et d’azote rapide
Ce produit va permettre, à la condition que la porosité du sol soit correcte:
-de favoriser l’activité microbienne du sol
-d’optimiser ainsi les réserves organiques stables du sol et
d’entraîner leur minéralisation contrôlée au profit des cultures
=Nourrir le sol pour nourrir la plante
Ce produit peut être épandu entre 5T et 25T/ha selon les besoins des cultures
et les rendements visés.
Attention, une trop grande dose de compost jeune peut être source :
-de lessivage car non retenue par le sol
-de sur-fertilisation car ayant gardé un maximum de sa valeur fertilisante
Ce produit peut être amené au printemps au plus près des besoins des cultures
ou en automne (accès plus facile, davantage de temps).
Les autres fumiers ou compost
-Le fumier frais: non assaini, non pulvérisé, démarre moins vite qu’un jeune
compost ou fumier assaini mais plus vite qu’un vieux fumier
ou qu’un vieux compost
-Le vieux fumier: non assaini, peu ou pas fertilisant surtout si non couvert
-Le vieux compost: a perdu sa valeur fertilisante
Les vieux fumiers et vieux composts sont à utiliser plutôt à l’automne
(en prairie, vigne, cultures peu gourmandes) car au printemps
ils pourraient créer dans le sol de la concurrence en azote pour leur
minéralisation et entraîner des retards dans la libération de l’azote
au moment où les cultures en ont le plus besoin.
-Les composts de déchets verts: composé surtout de sources de cellulose et de
lignine.
Bien que broyé, ils sont surtout pour le sol, source de MO stable.
Leur minéralisation nécessite une source d’azote.
En grande quantité et surtout amené régulièrement, ils engendrent une
augmentation de MO stable dans le sol qui favorise la présence de nématodes,
taupins, scutigerelles et de champignons pathogènes, dont l’incidence peut être
négative pour l’état sanitaire des cultures.
Compost de déchets verts composés de matériels végétales coriaces
(bois, etc…) surtout source de cellulose qui donnent au sol une source
de matières organiques très stables nécessitant une source d’azote
pour sa minéralisation.
Ce type de produit est peu adapté au sol agricole et à la nutrition des cultures,
car provoquant des retards de minéralisation de l’azote et étant favorables aux
nématodes du sol, taupins et autres champignons pathogènes, qui peuvent
causer des dégâts irréversibles sur les cultures (maladies des racines,
maladies du collet….).
Efficacité directe des engrais
de ferme
Fertiliser avec des engrais de ferme
Le jeune compost ou fumier assaini efficace économiquement
en combinaison avec un ensemble de pratiques agronomiques
Exportations d’azote sur
1 Ha
Importations d’azote sur 1 Ha
10T de M.S/an
= 180 Kg de N
Fumier 13T/Ha si couvert = 80 u/ha
(Fumier 13T/Ha non couvert = 56 u )
30% de légumineuses
= 70 u/ha
(Pas ou peu de légumineuses = 35 u)
Pâture bien gérée
= 40 u/ha
(Mode de pâture négligé = 30 u)
180 Kg d’azote
Bonnes pratiques agronomiques
Fumier couvert + reliquats légumineuses + pâture
= 190 unités d’azote/ha
Mauvaises pratiques agronomiques
= 121 unités d’azote/ha
Valorisation de l’expérience des paysans du réseau de B.L.E
Plus de 15 ans de recherche, application, validation
Témoignage de paysans

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