N° 82 - février 2015 Le magazine à destination des entreprises et des collectivités territoriales L’opinion des Français et l’effet de serre / P. 02 04 / Rénovation La Maison du bâtiment montre l’exemple 05 / Tourisme responsable Des hôtels alsaciens certifiés 05 / Déchets La méthanisation prend un nouveau Cap 06 / Longueur d’avance Tout savoir sur Initiative PME 2015 14 / Tableau de bord Repensons les pratiques agricoles / P. 07 > 02 ADEME & VOUS / c L’ESSENTIEL / c LE CONTEXTE / , a Chaque année depuis 2000, l’ADEME publie les résultats de son enquête nationale sur les représentations sociales de l’effet de serre. c LES ENJEUX / , Cette enquête dresse un état des lieux de la connaissance qu’ont les Français du phénomène d’effet de serre, de ses causes ainsi que des mesures destinées à le réduire. Elle permet d’appréhender les points de blocage. , a L’enquête de 2014 révèle que le réchauffement climatique est redevenu la première préoccupation des Français en matière environnementale. L’opinion des Français et l’effet de serre Décryptage Quel est le principal enseignement de l’enquête de 2014 ? Solange Martin : Compte tenu de la conjoncture économique, l’environnement n’est pas considéré comme une des questions les plus importantes pour la France aujourd’hui. L’emploi reste le premier enjeu du pays pour 35 % des personnes interrogées, suivi par les déficits publics et les impôts. On ne constate pas, pour autant, de désintérêt pour les questions environnementales. En particulier, le réchauffement climatique est redevenu le problème le plus préoccupant pour les Français (24 %), avant la pollution de l’air (20 %) et de l’eau (16 %). Par ailleurs, 41 % des Français trouvent qu’on ne parle pas assez du réchauffement climatique contre 15 % pour qui on en parle trop. La compréhension du réchauffement climatique a-t-elle évolué ? S.M. : On observe une sensibilisation croissante du public depuis quatorze ans ainsi que la fin de la période de scepticisme ouverte en 2010. Désormais, 72 % des personnes interrogées reconnaissent que les activités humaines sont la cause principale du réchauffement de la planète. Ils étaient 65 % en 2010. En croisant plusieurs réponses sur l’origine anthropique, les conséquences climatiques, le degré de certitude et la fiabilité des scientifiques, seuls 12 % des Français demeurent « climato-sceptiques ». Il faut également noter que les Français fonctionnent encore beaucoup par amalgames sur le changement climatique. Ainsi, les activités industrielles, les transports, la destruction des forêts sont considérés comme les trois causes principales depuis plus de dix ans, mais les bombes aérosol arrivent toujours en quatrième position. En revanche, l’enquête 2014 confirme aussi la progression de deux autres causes majeures dans l’opinion : « le chauffage des bâtiments » (75 % en 2014 contre 39 % en 2000) et « l’agriculture et l’élevage » (66 % contre 33 %). Comment intervenez-vous ? S.M. : Nous disposons de trois instruments complémentaires : le programme des thèses, le soutien à des projets de recherche au travers du budget RDI et le programme des Investissements d’Avenir. La réalisation de feuilles de route stratégiques sur les différentes thématiques contribue à l’orientation des AMI Investissements d’Avenir, des appels à projets de recherche (APR) et du programme Thèses. Les APR de l’ADEME visent prioritairement des projets collaboratifs, impliquant au moins un acteur socio-économique, pour faciliter la diffusion sur le marché. Le programme Thèses a, lui, pour objectif de financer une recherche plus prospective « La préoccupation environnementale relève d’une prise de conscience individuelle et collective : elle est aujourd’hui l’affaire de tous les Français. » pour explorer de nouvelles thématiques ou approfondir certains sujets. Comment l’enquête évalue-t-elle le niveau d’adhésion aux mesures d’atténuation ou d’adaptation ? S.M. : Tout d’abord, 84 % des répondants pensent que leur territoire devra s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Toutefois les Français restent mobilisés pour la lutte contre le réchauffement climatique et 57 % (+3 %) estiment qu’elle doit passer par une modification des modes de vie. C’est dire que cette préoccupation environnementale relève d’une prise de conscience individuelle et collective et qu’elle est aujourd’hui l’affaire de tous. On observe d’ailleurs des taux toujours élevés de personnes favorables à des mesures contraignantes de lutte contre le changement climatique, telles que la taxation des véhicules les plus émetteurs ou l’obligation de rénovation des logements. Si on regarde plus précisément ceux qui ont été touchés par des événements climatiques extrêmes en 2013, on note qu’ils sont moins sceptiques sur la réalité du réchauffement climatique et qu’ils sont plus favorables à un certain nombre de mesures pour en atténuer l’ampleur./ + www.ademe.fr/mediatheque @ [email protected] © Emmanuel Fradin Solange Martin / sociologue au service Économie et Prospective de l’ADEME Ça vous concerne N°82 - FÉVRIER 2015 03 c www.ademe.fr/theses www.thesenet.ademe.fr @ [email protected] L’ADEME ORGANISE 14 ET 15 AVRIL PARIS COLLOQUE - TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : QUELLE PLACE POUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES DANS LE MIX ÉLECTRIQUE FRANÇAIS ? Pendant deux jours, tables rondes et ateliers participatifs se succèderont avec une volonté affichée d’apporter des solutions et un mode d’emploi pour réussir l’implantation des EnR électriques au sein des territoires. L’ADEME profitera de ce rassemblement pour présenter son étude Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050. Faire sa thèse avec l’ADEME, c’est possible ! + < L’appel à candidatures 2015 du Programme Thèses de l’Agence est lancé ! Depuis 1992, plus de 1 500 étudiants en ont bénéficié, pour ensuite s’insérer professionnellement, en tant que chercheur dans les établissements publics, dans les entreprises, dans les métiers de service, ou pour créer leur propre entreprise. Les projets de thèse doivent associer un candidat, un laboratoire d’accueil et un partenaire cofinanceur public ou privé. Ils doivent également être en lien avec les cinq programmes principaux de l’ADEME : Villes et territoires durables ; Production durable et énergies renouvelables ; Agriculture, forêt, sols et biomasse ; Qualité de l’air, impacts sur la santé et l’environnement ; Énergie, environnement et société. Chaque année, une soixantaine de projets sont ainsi retenus sur 200 à 220 candidatures en moyenne. Date limite de dépôt des candidatures : 31 mars 2015 à 16 h. / 28 AU 30 AVRIL CHAMPS-SUR-MARNE (77) COLLOQUE DU PROGRAMME GESSOL - FONCTIONS ENVIRONNEMENTALES ET GESTION DU PATRIMOINE SOL Ce rendez-vous mobilisera les dernières connaissances biotechniques ainsi que les avancées en matière de sciences humaines et sociales propres à contribuer à une gestion durable des sols. L’ADEME ORGANISE Triman, le nouveau logo du recyclage 20 ET 21 MAI - NANTES (44) CONVENTION INTERNATIONALE DES ÉNERGIES MARINES RENOUVELABLES Dans la perspective des premières fermes industrielles, annoncées à partir de 2017 en France, d’abord sur l’éolien puis sur l’hydrolien, cette quatrième édition de Thetis EMR, convention internationale annuelle des énergies marines renouvelables, montrera comment les territoires se préparent concrètement pour développer ces sources d’énergie. Ce pictogramme fait progressivement son apparition sur les produits et les emballages. Cette signalétique est entrée en vigueur au 1er janvier 2015, conformément au décret du 23 décembre 2014. Le Triman informe le consommateur que le produit ou l’emballage ne doit pas être jeté dans la poubelle des ordures ménagères mais doit être trié ou rapporté dans un point de collecte pour être recyclé. Pour accompagner les industriels concernés et leurs partenaires ou prestataires à déployer cette signalétique, l’ADEME édite un guide détaillé sur l’utilisation du nouveau logo Triman. / + Pour télécharger le guide, rendez-vous sur www.ademe.fr 7,5 millions Repères 600 millions d’euros c’est le budget du Programme des Investissements d’Avenir consacré aux Véhicules du futur. Source : ADEME d’habitants de métropole et d’Outre-mer vont être engagés dans des démarches éco-responsables via les territoires retenus dans le cadre de l’appel à projets Zéro déchet, zéro gaspillage. Source : ADEME Toutes les manifestations sur www.ademe.fr/ manifestations , Avec le Fil d’actu, suivez l’info par mail. Inscription sur www.ademe.fr 3 ADEME & VOUS / projets qui démarrent OÙ ? À Tours, en Indre-et-Loire. QUI ? a Fédération française L du bâtiment d’Indre-et-Loire, la Région Centre et l’ADEME. POURQUOI ? Optimiser sensiblement les performances thermiques de bureaux construits dans les années 1970. Diviser par 4 les consommations de chauffage du bâtiment. 1 © ADEME > Rénovation La Maison du bâtiment montre l’exemple La Fédération française du bâtiment d’Indre-et-Loire (FFB37) a choisi de rénover les 4 000 m2 qui accueillent ses bureaux ainsi que ceux de trois autres entreprises à Tours afin d’améliorer sensiblement leur bilan énergétique. « Pour cela, elle a retenu plusieurs solutions techniques connues et efficaces comme l’isolation par l’extérieur en plus du doublage intérieur existant, le renforcement de l’isolation de la toiture ou le remplacement des ouvertures en simple vitrage par du double vitrage, précise Thierry Barras, ingénieur en charge des questions Bâtiment et Énergie à l’ADEME Centre. La FFB37 a également recours à deux techniques plus innovantes : une pompe à chaleur sur forage – qui valorisera les calories d’une nappe phréatique située à proximité du bâtiment – et des panneaux photovoltaïques installés sur la toiture terrasse pour produire une électricité destinée à la revente. » Lauréat 2011 de l’appel à projets « Efficacité énergétique dans les bâtiments » lancé par l’ADEME et la Région Centre, ce projet a reçu une enveloppe de 100 000 euros. La pompe à chaleur bénéficie également d’un financement (de l’ordre de 44 000 euros) accordé dans le cadre du Fonds Chaleur. Enfin, l’Agence a pris en charge l’étude réalisée par un bureau indépendant en vue de vérifier la pertinence des solutions choisies ou d’en proposer de meilleures. / @ [email protected] + www.centre.ademe.fr OÙ ? En Alsace. QUI ? L’AFNOR, la Région Alsace et l’ADEME. POURQUOI ? Aider les hôtels, la plupart indépendants, d’Alsace à obtenir l’Écolabel Européen. 285 services d’hébergement touristique détiennent l’Écolabel Européen (novembre 2014). 3 Tourisme Des hôtels alsaciens certifiés Après plusieurs établissements appartenant à des chaînes internationales, trois hôtels* d’Alsace viennent de décrocher l’Écolabel Européen. « Ce label est un moyen de valoriser et bien sûr de certifier la démarche d’éco-conception menée par ces hôteliers, explique Florence Huc, chargée de mission Entreprises à l’ADEME Alsace. Il atteste que les nombreux paramètres visant à réduire les consommations d’énergie ou d’eau, la production de déchets ou encore à favoriser le recours à des sources d’énergies renouvelables sont tous respectés. Ce label garantit l’éco-conception non d’un produit, mais d’un service. » Onze hôtels de la région, la plupart indépendants, se sont lancés dans son obtention. Tous ont reçu le soutien technique et financier de l’ADEME et de ses partenaires, l’AFNOR et la Région Alsace, pour comprendre les enjeux de cette démarche, mais aussi pour bénéficier de l’expertise d’un bureau d’étude. « Celui-ci a recensé les mesures à mettre en place dans chaque établissement pour l’aider à devenir pleinement écoresponsable ». Ces travaux ont été fructueux puisque trois établissements ont déjà obtenu le label tandis que les autres sont en bonne voie dans cette démarche. Des résultats positifs qui donnent envie à l’ADEME d’impliquer rapidement plus d’établissements alsaciens à ce projet. / * Les Bagenelles, Au Cygne et La Vallée Noble @ [email protected] Le saviezvous ? + www.ecolabels.fr En Bretagne. QUI ? Naskeo Environnement, Cap Vert Énergie, une quinzaine d’agriculteurs de la région, la société Eilan et l’ADEME. POURQUOI ? Produire du gaz, de l’électricité et de la chaleur en valorisant des déchets tout en assurant le retour au sol de la matière organique. 33000 t CERTIFICATION Un label pour le tourisme responsable L’Écolabel Européen « services d’hébergement touristique » est le seul label écologique officiel certifié par un organisme indépendant et reconnu à l’échelle européenne. Il est attribué, en France, par AFNOR Certification et permet de valoriser les démarches écoresponsables des sites écolabellisés auprès de leurs clients. Les établissements s’engagent à respecter l’environnement en utilisant les énergies renouvelables, en économisant l’eau, en réduisant leurs déchets et en formant leur personnel à un comportement écoresponsable. L’ADEME peut accompagner les professionnels pour les aider à obtenir l’Écolabel européen, via une assistance méthodologique et/ou financière. + www.ecolabels.fr Déchets La méthanisation prend un nouveau Cap OÙ ? de déchets seront valorisées chaque année par l’unité de méthanisation. < ©Naskeo Environnement & S. Danieli – Agence Alain Delmas 2 © La Vallée Noble 05 Terre d’élevage s’il en est, la Bretagne importe de grandes quantités de nourritures animales ; l’azote qu’elles contiennent retourne ensuite dans le sol par le biais des effluents. « Nous nous trouvons dans une situation d’excédents d’azote que le projet de méthanisation Biogaz de Bannalec contribuera à tempérer », explique Sébastien Huet, ingénieur Biomasse Agriculture à l’ADEME Bretagne. Initié par Naskeo Environnement, ce projet rassemble une communauté d’acteurs complémentaires qui fourniront les déjections animales nécessaires à la formation du biogaz puis utiliseront le gaz, la chaleur et le digestat issu de la méthanisation. Le financement de ce projet est tout aussi exemplaire : outre Naskeo Environnement, Eilan (une société d’investissements du Conseil régional) et Cap Vert Énergie, producteur indépendant d’énergie renouvelable, sont impliqués dans ce projet. D’un coût total estimé à 10 millions d’euros, cette unité a été retenue par l’ADEME dans le cadre de son appel à projets sur la méthanisation. Elle reçoit de l’Agence une aide de 1,5 million d’euros et vient compléter une offre déjà bien fournie en Bretagne. « La Région compte en effet une quarantaine d’unités de valorisation de biogaz en fonctionnement et autant en construction », rappelle Sébastien Huet. / @ [email protected] + www.ademe.fr/bretagne 06 Longueur d’avance ADEME & VOUS / © Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR > c Tout savoir sur Initiative PME 2015 Cet appel à projets vise à soutenir une offre française compétitive de transports plus économes en énergie et plus sobres en carbone. APR – APPELS À PROJETS / AMI Investissements d’Avenir - Transports ferroviaires édition 2014 Cet AMI couvre les systèmes et matériels de transports ferroviaires à l’usage des personnes et des marchandises. Pour accompagner les PME des secteurs des transports routiers, ferroviaires, maritimes et fluviaux dans leur démarche d’innovation, l’État a demandé à l’ADEME de lancer Initiative PME 2015. Explications. CLÔTURE : 1 AVRIL 2015 Investissements d’Avenir Systèmes électriques intelligents Les projets attendus s’inscriront dans les enjeux associés au développement des réseaux électriques intelligents. 01 FAIRE SIMPLE CLÔTURE : À l’instar des Investissements d’Avenir, de nombreuses initiatives existent pour encourager les PME françaises à innover. « Nous nous sommes toutefois rendus compte que la lourdeur et la complexité des dossiers, le seuil de dépenses élevé ou encore la difficulté à faire partie d’un consortium freinaient l’accès des PME à ces appels à projets, explique Sophie Garrigou, responsable du programme Véhicules du Futur à la direction des Investissements d’Avenir (DIA) de l’ADEME. Nous avons donc créé un programme plus léger, et spécifiquement réservé : Initiative PME 2015. » 11 SEPTEMBRE 2015 Investissements d’Avenir Énergies renouvelables L’objectif de cet AMI est d’accompagner le développement de projets dans le domaine des énergies renouvelables : photovoltaïque, solaire thermique, éolien et froid renouvelable ainsi que de projets d’hybridation des différentes sources renouvelables. 02 DYNAMISER L’INNOVATION ET LA COMPÉTITIVITÉ FRANÇAISE Initiative PME 2015 s’adresse aux PME relevant des secteurs des transports routiers, ferroviaires, maritimes et fluviaux. Elle entend accompagner celles dont les projets d’innovation permettront de réduire l’empreinte carbone tout en dynamisant la compétitivité française. Portée par l’ADEME, Initiative PME 2015 est ouverte depuis le 13 janvier. Elle sera close le 20 mars 2015 pour les projets relevant du secteur du transport routier et le 24 avril 2015 pour ceux issus des secteurs des transports ferroviaires, maritime et fluvial. CLÔTURE INTERMÉDIAIRE : 3 MARS 2015 CLÔTURE : 2 OCTOBRE 2015 , Retrouvez tous les appels à projets sur www.ademe.fr/appels-propositions 03 PROUVER PAR L’EXEMPLE Un jury – composé de l’ADEME, en tant qu’opérateur, des ministères de tutelle, du CGI, d’un membre du pôle de compétitivité concerné et d’un représentant de filière – décidera de la subvention qui pourra être octroyée aux projets retenus. « La décision de financement sera délivrée rapidement (de l’ordre de six semaines après le dépôt du dossier), précise Sophie Garrigou. Elle permettra à la PME de démarrer la première phase de son projet et ainsi d’avoir des éléments concrets à montrer aux grands donneurs d’ordre. » Les PME pourront ensuite solliciter d’autres soutiens relevant des Investissements d’Avenir ou des appels à projets régulièrement lancés par l’ADEME. / @ [email protected] + www.ademe.fr/ appels-propositions @ Avec le Fil d’actu, suivez l’info par courriel. Inscription sur www.ademe.fr/ ademe-et-vous-abonnement C’est le moment d’agir N°82 - FÉVRIER 2015 12 à 15 % 55 % du territoire français est dédié à l’agriculture. Source : ADEME des charges variables des exploitations agricoles françaises sont consacrées aux dépenses d’énergie directe et indirecte (intrants). Source : ADEME 07 > + de 50 % des objectifs additionnels d’énergies renouvelables en 2020 reposent sur la biomasse. Source : ADEME Repensons les pratiques agricoles © Yuji Sakai/Getty Images 08 • CONTEXTE L’agriculture est un secteur confronté à de multiples enjeux en interaction, mais qui peut, lui aussi, contribuer à la transition écologique. 10 • ACTIONS Sophie Debarge et Thomas Eglin, tous deux ingénieurs à l’ADEME, présentent les différentes initiatives qui accompagnent les acteurs du secteur dans cette voie. 12 • TERRAIN Exemples avec la démarche ClimAgri® en Nord-Pas-de-Calais et avec l’initiative AgriCO2 de Terrena dans le Grand Ouest. 08 C’est le moment d’agir ADEME & VOUS / © INRA > 01 Concilier performance économique et environnement L’agriculture, tout comme les autres secteurs de l’économie française, doit repenser ses pratiques pour contribuer à la transition écologique et énergétique. L’enjeu est primordial pour l’ensemble des acteurs des filières agricoles et alimentaires. 01 L’agriculture est vecteur de gaz à effet de serre, mais elle peut compenser une partie de ses émissions en stockant du carbone dans les sols et la biomasse. griculteurs, coopératives agricoles, industries agro alimentaires... tous ces acteurs ont conscience des enjeux actuels de développement durable, qui doivent associer performance économique, productivité et respect de l’environnement. « Ces défis sont d’autant plus importants que le monde agricole vit une mutation importante avec, en France, une baisse de 26 % du nombre d’exploitations agricoles entre 2000 et 2010 », explique Thomas Eglin, ingénieur au service Agriculture et Forêt de l’ADEME. Au-delà, il faut constater une forte tendance au regroupement des exploitations, une hausse du prix des intrants et une compétition économique croissante entre les pays sur de nombreux produits agricoles comme les viandes de volaille et de porc. Essentiel pour nourrir la planète – peuplée de plus de 9 milliards d’habitants à l’horizon 2050 selon les prévisions de l’ONU –, le secteur agricole est aussi l’un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre (GES) en France (20 % des émissions). Ce secteur A est donc confronté à de multiples enjeux en interaction : réduction des émissions de GES, de la pollution de l’air et des consommations d’énergie, préservation de la qualité des sols, de l’eau et de la biodiversité, adaptation au changement climatique tout en maintenant la compétitivité des filières. ÉCONOMIE D’INTRANTS ET DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES « Certains de ces enjeux ne sont pas nouveaux, rappelle Sophie Debarge, ingénieure à l’ADEME Pays de la Loire. Des thématiques comme l’impact des activités agricoles sur la qualité de l’eau, due entre autres au nitrate, au phosphore et aux produits phytosanitaires, sont débattues depuis plus de vingt ans. » Il faut toutefois considérer aussi que les activités agricoles – occupant 55 % de la superficie de la France – ont de nombreux aspects positifs comme l’indique Thomas 09 N°82 - FÉVRIER 2015 25 % 32 millions des émissions de N20 (protoxyde d’azote) pourraient être réduites par une utilisation raisonnée des fertilisants azotés. de tonnes équivalent CO2 par Source : ADEME an pourraient, selon l’Inra et l’ADEME, être évitées à l’horizon 2030, sur la base de 10 mesures techniques préconisées par les deux organismes. Source : ADEME 02 Une autre réflexion sur les systèmes de production est possible consistant à envisager des performances économiques sur des cycles plus longs. Eglin : « L’agriculture est vecteur de gaz à effet de serre, mais elle peut compenser une partie de ses émissions en stockant du carbone dans les sols et la biomasse. Par ailleurs, elle dispose d’un fort potentiel pour contribuer à l’essor des énergies renouvelables (EnR), qu’il s’agisse de la méthanisation ou de la production de biomasse-énergie notamment par le développement de l’agroforesterie et des haies. » Des perspectives qui rejoignent l’objectif du projet de loi sur la transition énergétique d’atteindre -40 % d’émissions de GES à l’horizon 2030. Ces objectifs environnementaux croisent aussi des impératifs économiques et sociaux. « Un sol appauvri est synonyme de perte de rentabilité. En parallèle, la diminution des intrants* permet de réaliser des économies sans fatalement réduire les rendements et de minimiser les impacts sur les milieux naturels. » De nombreuses solutions existent pour conjuguer harmonieusement la pérennité économique du système agricole français et les problématiques , ©Olivier Sébart/ADEME 02 ZOOM SUR / Appel à manifestations d’intérêt Industrie et agriculture éco-efficientes Dans le cadre des Investissements d’Avenir, l’ADEME vient de lancer un appel à projets Industrie et agriculture éco-efficientes. Les quatre secteurs visés prioritairement sont l’agriculture et filière bois, l’industrie agroalimentaire, la chimie et le papier-carton, les industries des métaux, des matériaux industriels et de la construction. Pour l’agriculture, les innovations attendues portent notamment sur le machinisme, les intrants, l’agriculture de précision, les bâtiments et serres, la mobilisation de la biomasse agricole et forestière, la transformation du bois… , + www.ademe.fr/actualites/appels-a-projets @ [email protected] Contexte Repères > 97,5 % des émissions nationales d’ammoniac – contribuant à l’eutrophisation des milieux naturels et à la formation de particules fines dans l’atmosphère – sont issues du secteur agricole. Source : ADEME environnementales. « Un dosage adapté des apports d’azote aux cultures et aux animaux permet de réduire le budget consacré à la fertilisation et à l’alimentation animale », explique Thomas Eglin. Autre piste : une meilleure valorisation des effluents d’élevage permettrait, d’après l’Inra, de réduire le recours à l’azote de synthèse de 15 à 20 kg par hectare, en moyenne. Le développement des légumineuses dans les rotations et les prairies est aussi une solution à retenir car elle permet de fixer naturellement l’azote de l’atmosphère (N2). DES PROJETS INNOVANTS Ces initiatives ne doivent pas être perçues comme contraignantes pour les exploitants, mais au contraire les amener à une autre réflexion sur leurs systèmes de production. Elle consisterait à ne plus considérer des valeurs de rendement d’une année sur l’autre mais à envisager des performances économiques sur des cycles plus longs, de cinq ans par exemple. En fondant sa fertilisation sur des objectifs de rendements moyens plutôt que maximaux, un agriculteur peut limiter sa production en année faste, mais réduire ses charges les mauvaises années climatiques ou en cas de chute des prix et contribuer à réduire la pression parasitaire. Ce raisonnement peut être payant dans un contexte où le climat est plus variable et les prix plus volatils. Méthaniser les effluents d’élevage ou dédier une part de la surface agricole à la production de bois (agroforesterie et haies) sont aussi des options permettant de diversifier les productions de l’exploitation tout en étant favorable à l’environnement. Cela est particulièrement vrai si elles s’intègrent dans le fonctionnement du reste de l’exploitation. Par exemple, la méthanisation peut favoriser l’utilisation de l’azote organique pour les cultures et la présence d’arbres peut limiter les stress thermiques pour les cultures ou les animaux à la pâture. Ces solutions, mises en avant par l’ADEME dans le cadre de ses fiches pratiques, trouvent un écho favorable auprès d’un nombre croissant d’agriculteurs. « Même si le paramètre économique prévaut, la prise de conscience des exploitants et des coopératives est bien réelle et soutenue par des projets », détaille Thomas Eglin. Le groupe coopératif In Vivo a ainsi élaboré un projet de « Crédit Carbone » basé sur la plantation par ses sociétaires de légumineuses avec, à la clé, une redistribution des bénéfices aux agriculteurs. La coopérative Terrena a adopté un projet similaire, AgriCO2 (lire page 12). Des projets innovants qui doivent également s’accompagner d’une démarche allant vers l’économie circulaire... / * C’est l’ensemble des produits nécessaires à l’exploitation agricole (engrais, produits phytosanitaires, carburant…). @ [email protected] [email protected] > 10 C’est le moment d’agir ADEME & VOUS / Thomas Eglin / ingénieur au service Agriculture et Forêt Sophie Debarge / ingénieure à l’ADEME Pays de la Loire “Mobiliser et démontrer les efforts des acteurs agricoles” Thomas Eglin et Sophie Debarge détaillent les initiatives de l’ADEME en faveur de la transition écologique de l’agriculture. L’Agence est fortement mobilisée en faveur de la recherche appliquée dans le domaine agricole. Concrètement, comment cela se traduit-il ? Thomas Eglin : Nous mettons en place des programmes de recherche appliquée favorisant les collaborations entre les différents acteurs : Institut national de la recherche agronomique (Inra), Institut de recherche pour le développement (IRD), Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), et bien évidemment les instituts techniques agricoles, les chambres d’agriculture, les coopératives... Notre action s’est notamment traduite par le programme de recherche sur l’atténuation du changement climatique par l’agriculture et la forêt (Reacctif), le programme Cortea sur la connaissance et la réduction des émissions polluantes dans l’atmosphère... Il faut également citer Doste, dédié à la gestion des matières organiques et de l’énergie (méthanisation), et le programme BIPE sur la transformation de la biomasse. Quel est le rôle de l’ADEME en termes de conseil ? Sophie Debarge : Le conseil intervient dans la suite logique de la phase de recherche : nous devons tirer de ces projets des connaissances qui sont valorisées auprès de nos directions régionales, impliquées dans le financement de projets et auprès de nos partenaires agricoles. Les études permettent également d’éclairer le ministère en charge de l’Écologie sur différents sujets, comme l’ammoniac ou la contribution de l’agriculture à la lutte contre le changement climatique et donc la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes ainsi des passeurs entre les différents acteurs mobilisés et prenons également position pour orienter les stratégies nationales. Un autre axe consiste à faire évoluer les outils d’évaluation environnementale, en particulier les inventaires nationaux d’émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre réalisés par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), qui permettent de suivre l’impact des politiques publiques et de mettre en évidence les efforts réalisés par le secteur agricole. Convaincre et mobiliser sont également deux axes forts de votre action... T. E. : Les scénarios 2030 réalisés par l’ADEME montrent clairement que des évolutions sont non seulement possibles, et, plus avant, Aller plus loin PUBLICATIONS / a Stratégie&études - Quelle transition écologique pour l’agriculture ? a Quelle contribution de l’agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre a Atténuer les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole en France a Analyse du potentiel de 10 actions de réduction des émissions d’ammoniac des élevages français aux horizons 2020 et 2030 a Carbone organique des sols : l’énergie de l’agro-écologie, une solution pour le climat a Les émissions agricoles de particules dans l’air : état des lieux et leviers d’action SITES / aw ww.ademe.fr/expertises OUTILS / a ClimAgri® - outil et démarche de diagnostic énergie-gaz à effet de serre pour l’agriculture et la forêt, à l’échelle des territoires, diffusé par l’ADEME. a Dia’terre® - outil de diagnostic énergie-gaz à effet de serre à l’échelle de l’exploitation agricole. a AGRIBALYSE® - programme centré sur la construction de données ICV/ ACV agricoles, développé par l’ADEME en collaboration avec de nombreux partenaires du monde agricole. MANIFESTATIONS / a Colloque Gessol - 28 au 30 avril 2015, Champs-sur-Marne a Salon Bois-énergie - 19 au 22 mars 2015, Nantes a Journée technique ADEME sols et carbone - 17 novembre 2015, Paris réalisables à condition de disposer d’outils pour aller sur la voie de la transition. C’est ce que nous faisons en proposant des dispositifs de diagnostics aux différentes échelles d’action : Dia’terre® au niveau de l’exploitation, ClimAgri® sur les territoires et AGRIBALYSE® au sein des filières. Le tout est associé à des formations spécifiques, à des fiches et des brochures pédagogiques, aux retours d’expérience, notamment de ClimAgri®. Quels sont les enseignements des différentes initiatives engagées ? S. D. : Nous avons, avec l’Inra, identifié des leviers potentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) grâce à des actions nécessitant un faible investissement. Les agriculteurs prennent > Actions VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES / Les sols agricoles, un puits de carbone ? À l’échelle mondiale, les sols stockent, sous forme de matières organiques, deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère. En métropole, une évolution de 1 % des stocks (3 à 4 milliards de tonnes de C) représenterait l’équivalent d’un an d’émissions agricoles de GES. Depuis plusieurs décennies, la tendance serait une réduction des teneurs en matières organiques dans les sols agricoles en lien notamment avec le retournement des prairies et les pratiques culturales. Certaines pratiques favorables au stockage de carbone sont à encourager : couverture des sols en hiver, implantation de haies, restitution des résidus de cultures… Près du tiers du potentiel d’atténuation identifié par l’Inra à l’horizon 2030 est ainsi associé à ce type de pratiques. Néanmoins, comme la reconstitution des stocks de carbone demande plusieurs dizaines d’années, la priorité est d’abord de préserver les stocks existants, en particulier dans les prairies permanentes, les bocages et les zones humides. conscience de l’intérêt de la démarche. Une véritable dynamique s’est mise en place et nous constatons une plus grande réactivité des « têtes de réseau » (instituts techniques, chambres d’agriculture sur les thématiques environnementales). La chambre d’agriculture des Pays de la Loire est ainsi mobilisée sur le sujet, pleinement consciente qu’il est aujourd’hui impossible de dissocier performance économique et environnementale. Ceci est d’autant plus vrai que les phénomènes de changement climatique impactent fortement le monde agricole. Là encore, la prise de conscience est réelle et s’illustre par exemple par le projet Oracle mené par la chambre d’agriculture de la région Poitou-Charentes pour mesurer les conséquences de ces bouleversements et définir de nouvelles pratiques culturales. Est-il indispensable de remettre en cause le système de production ? Quelles sont les prochaines actions à venir ? T. E. : Il s’agit dans un premier temps de poursuivre l’amélioration des inventaires et de mieux prendre en compte les spécificités des territoires et des systèmes de production. Du point de vue économique, l’objectif est de mieux caractériser les synergies entre économie et environnement. Une étude socioéconomique est en cours. Les résultats seront développés avec nos partenaires et permettront d’intégrer ces aspects dans nos futurs appels à projets. Enfin, nous allons poursuivre nos initiatives pour aider le monde agricole à toujours mieux prendre en compte l’environnement dans ses orientations. / @ [email protected] [email protected] , Les études que nous conduisons sur les GES recouvrent une large palette de pratiques et de systèmes. L’objectif est d’abord d’identifier les leviers existants et de les évaluer. Certains peuvent être mis en œuvre sans modification majeure des systèmes de production ni perte de rendement. C’est le cas des investissements dans les économies d’énergie au niveau des serres et des bâtiments d’élevage, l’ajustement des apports protéiques aux besoins des animaux ou l’optimisation des apports d’engrais minéraux aux cultures. Ces actions permettent des économies d’intrants, présentent un potentiel d’atténuation significatif et bénéficient déjà d’une dynamique importante au sein du monde agricole. Pour aller plus loin, des leviers comme le développement des cultures de légumineuses ou l’agroforesterie nécessitent l’acquisition de compétences et supposent l’existence de débouchés. Aujourd’hui, les orientations agricoles via le projet agro-écologique pour la France ou le verdissement de la Politique agricole commune (PAC) visent à favoriser leur diffusion. © Emmanuel Fradin , « Nous avons identifié, avec l’Inra, des leviers potentiels de réduction des émissions de GES grâce à des actions nécessitant de faibles investissements. » Sophie Debarge « Nous proposons des dispositifs de diagnostics aux différentes échelles d’action (exploitations, territoires, filières), associés à des formations, des fiches et des brochures pédagogiques. » Thomas Eglin > 12 C’est le moment d’agir ADEME & VOUS / Vers d’autres pratiques culturales avec ClimAgri® en Nord-Pas-de-Calais Réputé pour son important tissu industriel, le Nord-Pas-de-Calais est aussi une vaste région agricole : les deux tiers de l’espace sont couverts par des cultures et des prairies. Le territoire se distingue également par ses grandes cultures, comme la betterave sucrière, les pommes de terre, le lin textile... Conscients du rôle central de l’agriculture dans le changement climatique, le Conseil régional et la chambre d’agriculture Nord-Pas-de-Calais, soutenus par l’ADEME, ont décidé de s’engager dans une démarche ClimAgri®. Après un diagnostic énergie et gaz à effet de serre, deux scénarios ont été © ADEME Afin d’anticiper les évolutions liées au changement climatique, le Nord-Pas-deCalais a déployé la démarche ClimAgri® de diagnostic des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la forêt à l’échelle de la région. Signature de la première Charte ClimAgri® dans le pays du Ternois. testés : l’atteinte des objectifs du Schéma régional Climat Air Énergie et la division par deux des émissions de GES à l’horizon 2050. Des leviers d’amélioration ont été simulés, notamment sur une meilleure gestion des fertilisants, des énergies directes (fioul, électricité) et le développement de l’agriculture biologique. Selon ces hypothèses, la consommation globale d’énergie devrait baisser de 10 à 13 % d’ici à 2020. Ambitieux, ces axes d’actions ont le mérite d’être adaptés à tous les agriculteurs afin que chacun puisse contribuer à l’atteinte des objectifs sans être économiquement déstabilisé. Le but étant d’inciter un nombre croissant de producteurs à modifier leurs pratiques avec des initiatives rentables. / @ + [email protected] [email protected] [email protected] www.ademe.fr/climagri www.agriculture-npdc.fr Une démarche originale pour favoriser la réduction des émissions de gaz à effet de serre AgriCO2, mise au point par la coopérative Terrena, vise à impliquer les agriculteurs dans la réduction des émissions de GES par la mise en place de nouvelles pratiques AEI. Explications de Stéphane Sorin, chef de projet R&D Agriculture Écologiquement Intensive®. En quoi consiste l’initiative AgriCO2 engagée par Terrena ? Stéphane Sorin : AgriCO2 est une action menée par la coopérative Terrena afin de valoriser de meilleures pratiques agricoles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de nos engagements en faveur d’une nouvelle agriculture, induisant une réduction des intrants. L’enjeu consiste également à assurer à nos partenaires producteurs la pérennité économique de leur exploitation. Comment identifier et valoriser ces meilleures pratiques ? S. S. : Notre démarche s’appuie sur les travaux réalisés par l’Institut national de la recherche agronomique concernant les émissions de CO2 issues des différentes activités agricoles cultures et élevages, notamment bovin, ainsi que sur les consommations d’énergie. Les outils développés nous permettent, pour chaque exploitation participante, ’évaluer leur contribution à la réduction des émissions de gaz à effet d de serre (GES). À la clé, nous leur offrons la possibilité de convertir les tonnes équivalent CO2 économisées en points qui donnent droit à des remises valables sur 2 000 produits de notre catalogue professionnel. Quel est le bilan de ces actions ? S. S. : Après une première année d’évaluation, soutenue par l’ADEME, nous avons constaté, sur l’année 2013 et auprès de 800 agriculteurs, une réduction de 8 000 tonnes équivalent carbone. Nous nous plaçons désormais dans la durée, en confortant la reconnaissance de l’Agriculture Écologiquement Intensive® avec des plans d’actions sur cinq à dix ans. / @ [email protected] + www.terrena.fr 13 N°82 - FÉVRIER 2015 > Terrain Agro-écologie et économie circulaire De nombreuses solutions existent pour allier rentabilité économique du système agricole français et problématiques environnementales. 01 OPTIMISER L’ALIMENTATION DES ANIMAUX ET MAÎTRISER LEURS DÉJECTIONS La substitution des glucides par des lipides insaturés dans la ration des bovins nourris en bâtiment diminue la fermentation entérique émettrice de CH4 et améliore la valeur nutritionnelle des produits (lait, viande). Un autre poste important est la gestion des déjections animales : les pertes gazeuses (NH3, N2O, CH4) peuvent être réduites en évacuant rapidement les déjections vers des structures de stockage couvertes ou vers un méthaniseur qui valorisera le méthane produit en énergie. CH4 Le méthane (CH4) émis lors de la fermentation entérique (décomposition de la matière organique dans le milieu intestinal et digestif) et via les déjections animales représente, quant à lui, 40 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur. N2O NH3 CO2 énergie renouvelable CH4 CH4 N2O NH3 CO2 chauffage, alimentation animale fourrages effluents d’élevage C02 INTRANTS N2 C carburant engrais minéral MATIÈRE ORGANIQUE C CH4 : Méthane N2O : Protoxyde d’azote NH3 : Ammoniac CO2 : Dioxyde de carbone C : Carbone N : Diazote N03 : Nitrates N2O Le protoxyde d’azote (N2O), émis par les sols agricoles fertilisés et les déjections animales, représente 50 % des émissions de GES du secteur. 02 MIEUX DOSER LES APPORTS D’AZOTE Différents leviers permettent de réduire les quantités d’azote minéral apporté aux cultures et les émissions de N2O, d’ammoniac (NH3) et de nitrate (NO3) associées : mieux valoriser l’azote contenu dans les déjections animales, cultiver des légumineuses qui fixent l’azote atmosphérique, piloter finement sa fertilisation en fonction d’objectifs de rendement réalistes... Pour produire alimentation et biomasse, l’agriculture s’appuie naturellement sur la photosynthèse et les cycles biogéochimiques du carbone, de l’azote, de l’eau et du phosphore. Si le développement des intrants (engrais azotés, produits phytosanitaires, alimentation animale, antibiotiques) ont permis d’augmenter considérablement la productivité des systèmes, ils ont réduit la valorisation des ressources naturelles, la mise en œuvre des principes agronomiques et le recours à la logique d’économie circulaire pour se rapprocher d’une économie basée sur l’utilisation d’énergies fossiles et sur la chimie. Dans certaines situations, le déséquilibre des cycles biogéochimiques sur et entre 03 ÉCONOMISER LES INTRANTS L’optimisation de l’usage des intrants (fertilisants, énergie, alimentation animale) permet de limiter la vulnérabilité des exploitations à l’évolution des prix tout en réduisant les pertes vers l’environnement. territoires contribue à amplifier les pertes vers l’environnement. Comme l’illustre l’infographie ci-dessus, la diffusion de pratiques et systèmes de production innovants valorisant davantage les processus naturels et les ressources organiques pour limiter le recours aux intrants de synthèse est aujourd’hui une orientation identifiée par de nombreux acteurs pour améliorer à la fois les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles. De plus, la production d’énergies et de matériaux renouvelables facilitera la réduction du recours aux énergies fossiles par les autres secteurs. C’est en ce sens qu’économie circulaire et agro-écologie se rejoignent. © G. Castagnon NO-3 > 14 Cit’ergie 13 collectivités récompensées. À l’occasion des seizièmes Assises de l’énergie, l’ADEME a remis, le 29 janvier dernier, les labels Cit’ergie ou Cap Cit’ergie à 13 nouvelles collectivités. Ce qui porte à plus de 80 le nombre de collectivités engagées dans Cit’ergie, soit plus de 9 millions d’habitants concernés. Il s’agit de l’appellation française du label european energy award (eea), mis en œuvre dans plusieurs pays européens et 16 déjà accordé à plus de 1 100 collectivités européennes. En France, le label36 est porté et diffusé par l’ADEME via ses directions régionales. Selon Bruno Lechevin, président de l’Agence, « ce label est un véritable moteur pour les territoires pour leur croissance verte ». Retrouvez les témoignages vidéo des collectivités lauréates sur www.dailymotion.com/ADEME Vous pouvez aussi visiter le site des labels Cit’ergie sur www.citergie.ademe.fr. Source : communiqué de presse ADEME du 29/01/15 Agriculture 4,7 % des exploitations agricoles françaises étaient engagées dans une démarche d’agriculture biologique fin 2012. Source : L'environnement en France - édition 2014, MEDDE Vulnérabilité énergétique Tableau de bord 200 000 euros octroyés aux projets R&D des PME pour soutenir les technologies de mobilité innovantes. Géré par l’ADEME dans le cadre du programme des Investissements d’Avenir, l’appel à projets Initiative PME 2015 va cofinancer des projets d’innovation portés par des PME, ciblés sur les technologies et systèmes de mobilité innovants et apportant des bénéfices environnementaux (moindre consommation d’énergies fossiles, réduction de nuisances…). Initiative PME vise à soutenir une offre française compétitive de transports plus économes en énergie et plus sobres en carbone. Les projets sélectionnés recevront une subvention fixe de 200 000 euros pour un coût total du projet au moins égal à 400 000 euros. Les dossiers de candidature peuvent être déposés jusqu’au 20 mars 2015 pour le secteur routier et jusqu’au 24 avril 2015 pour les secteurs ferroviaire, maritime et fluvial et pour les projets intermodaux. Rendez-vous sur www.ademe.fr/appels-propositions. Source : communiqué de presse ADEME du 30/01/2015 Carlabelling 6 728 modèles de voitures sont désormais recensés dans la base de données du site Carlabelling, comparateur en ligne de l’ADEME qui affiche les polluants émis par les véhicules neufs – hybrides (non rechargeables), essence et Diesel – actuellement proposés sur le marché automobile français. La base de données comporte notamment 19 modèles de véhicules électriques (éligibles au bonus plafonné à 6 300 euros) et 146 modèles de véhicules hybrides (dont 14 éligibles au bonus plafonné à 4 000 euros et 64 à 2 000 euros). Pour plus d’information, rendez-vous sur le site www.carlabelling.ademe.fr / Source : communiqué de presse de l’ADEME du 23/01/2015 Source : Le point sur la vulnérabilité énergétique, Commissariat général au développement durable Service de l’observation et des statistiques. © Thierry Castillo/Spécifique 700 000 ménages français sont vulnérables à la fois pour le logement et pour le carburant. Pour 2,6 % des ménages français, la consommation d’énergie contrainte est très élevée tant pour le logement que pour les déplacements. Les moins de 30 ans sont les plus exposés à cette situation : c’est le cas de 7,8 % d’entre eux, contre 1,2 % pour les 60 ans ou plus. ADEME & VOUS / 15 N°82 - FÉVRIER 2015 Nuisances sonores Mobilité 2,3 milliards d’euros © Kettler de dépenses de lutte contre le bruit. Pour près de 10 % de Français, les pollutions sonores (voisinage, activités, transport...) sont très préoccupantes. En France, près de 40 % des habitants des agglomérations de plus de 250 000 habitants sont exposés à un niveau sonore de jour supérieur à 60 dB en raison du trafic routier. Depuis 2000, les dépenses de lutte contre le bruit n’ont cessé d’augmenter pour s’établir à près de 2,3 milliards d’euros en 2012, dont 1,8 milliard d’euros consacrés à la construction de dispositifs de protection. / Source : L'environnement en France - édition 2014, MEDDE ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE LUTTE CONTRE LE BRUIT En millions d'euros courants 66 Industries 79 Industries 798 Bâtiment 1564 Bâtiment 768 Transports 2012 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 © Florence Chevallier / MEDDE 2001 Dépenses liées aux transports Dépenses industrielles 594 Transports Dépenses accoutisques en bâtiments VOUS-MÊME, VOUS ARRIVE-T-IL DE REMARQUER DES EMBALLAGES QUI NE SONT PAS ADAPTÉS AUX PRODUITS, PAR EXEMPLE DES EMBALLAGES QUI SONT TROP LOURDS, TROP VOLUMINEUX OU TROP LUXUEUX ? En % 57 % 17 % 3% 23 % Total "Régulièrement" + "De temps en temps" 80 % Régulièrement De temps en temps Total "Rarement” + "Jamais" 20 % Rarement Jamais < +50 % c’est la hausse du nombre de salariés adeptes de la « petite reine » pour leurs déplacements domicile-travail, dans les entreprises qui ont participé à l’expérimentation « Indemnité kilométrique vélo ». Cette initiative s’est déroulée du 1er juin au 1er novembre 2014 et a porté sur plus de 8 000 salariés répartis dans 18 entreprises volontaires. Pendant six mois, les employeurs ont versé 25 centimes d’euros par kilomètre parcouru aux salariés venant travailler à vélo. Le nombre total d'employés utilisant plus ou moins régulièrement ce mode de transport pour se rendre au travail est ainsi passé de 200 à 419. On constate une forte perméabilité entre les utilisateurs des transports collectifs (TC) et ceux du vélo : l’essentiel des nouveaux cyclistes provient des TC (de l’ordre de 54 %). Cette expérimentation, qui fait partie des 25 mesures du Plan d’action mobilités actives, a été financée par l’ADEME. / Source : Évaluation de la mise en œuvre expérimentale de l'indemnité kilométrique pour les vélos – Synthèse, ADEME. Consommation 80 % des Français estiment qu’il y a “trop d’emballages” Si le prix reste le premier critère de sélection d’un produit, l’emballage influence aussi le consommateur. Une très large majorité des Français (80 %) déclarent remarquer au moins de temps en temps des emballages non adaptés aux produits qu’ils contiennent. La perception dominante concernant les emballages est qu’il devrait y en avoir beaucoup moins (pour 65 % des personnes interrogées) et que l’on pourrait s’en passer (pour 44 % des sondés). Cependant les consommateurs sont également sensibles à l’utilité de l’emballage, 44 % d’entre eux pensent que cela permet de repérer le produit et d’avoir toute l’information utile et 33 % que c’est absolument nécessaire pour protéger le produit. Les Français sont par ailleurs nombreux à souligner une dynamique positive dans toutes les dimensions de l’emballage, notamment en ce qui concerne l’intégration de matière recyclée dans le contenu des emballages et leur caractère recyclable. Source : Étude de perception de l’emballage et d’image du recyclé – Synthèse des principaux enseignements, Éco-Emballages / ADEME. > 16 le kiosque ADEME & VOUS / Publications c FORMATIONS / Ambassadeurs prévention Déchets Stratégie Recherche, Développement, Innovation de l’ADEME pour la période 2014-2020 Acquérir une culture commune partagée de la prévention, aborder la prévention dans vos actions locales de sensibilisation à la gestion des déchets, mettre en place des indicateurs de moyens et de résultats. DU 23 AU 25 MARS 2015, SAINT-ÉTIENNE (42), GRATUIT Eau chaude solaire collective : l’expertise nécessaire du bureau d’étude + www.ademe.fr/publications Ce module de formation permet de comprendre les spécificités des installations solaires thermiques collectives et de découvrir les enseignements tirés de la campagne d’audits réalisés par l’ADEME en 2011/2012. L’ADEME est au cœur de la mise en œuvre des stratégies nationales de recherche (SNR et SNRE) en participant à la programmation des recherches et en apportant un soutien financier aux projets de recherche, aux démonstrateurs et aux expérimentations préindustrielles (recherche et Investissements d’Avenir). Il existe une version anglaise. / Réf. 8353 (version française) et 8354 (version anglaise) - téléchargeables gratuitement Rapport annuel de l’Observatoire des fluides frigorigènes fluorés Données 2013 DU 2 AU 10 AVRIL 2015, PORT BRILLET (53), 1 425 EUROS NET CEP module 2 : méthodologie et outils Ce module vise à former les conseillers en énergie partagés à une méthode commune de travail, du relevé des bilans et l’utilisation des outils mis à leur disposition dans le cadre de leur activité, jusqu’à la communication des résultats auprès des différents acteurs. Ce rapport est établi à partir des données recueillies par l’Observatoire des fluides frigorigènes fluorés, pour l’année 2013. / Téléchargeable gratuitement + www.ademe.fr/publications Qualifications et certifications RGE, en rénovation DU 19 AU 21 MAI 2015, CHÂTELLERAULT (86), GRATUIT Le recours à un professionnel RGE est obligatoire pour bénéficier d’aides financières pour la rénovation énergétique de votre logement. Retrouvez dans cette fiche par équipements, par matériaux et par catégories de travaux, les indications nécessaires pour sélectionner les professionnels RGE. / Réf. 8401 - Téléchargeable gratuitement www.ademe.fr/publications + Retrouvez en ligne toutes les publications payantes ADEME sur la Librairie Eyrolles : www.eyrolles.com À LIRE SUR LE SITE ADEME & VOUS Rendez-vous sur le portail ADEME & VOUS ! Accessible à partir du site www.ademe.fr, ou à l’adresse www.ademe-et-vous.ademe.fr, il vous présente la version en ligne du magazine ADEME & VOUS, le Fil d’actu, la Lettre internationale, les lettres Recherche et Stratégie & études. ADEME & VOUS RECHERCHE N° 9 Ce numéro fait le point sur les avancées en matière de produits biosourcés et de chimie du végétal, qui peuvent avoir un réel impact en matière de dépendance au pétrole et d’amélioration du bilan environnemental de l’industrie, tout en étant créateurs d’emplois. STRATÉGIE & ÉTUDES N° 40 Orienter les capitaux vers une économie « bas carbone », un appui des pouvoirs publics nécessaire : tel est le thème de ce numéro, après le lancement, le 23 juin, de la conférence bancaire et financière pour la transition énergétique. @ Abonnez-vous au Fil d’actu, www.ademe.fr/ ademe-et-vousabonnement , Renseignements par mail : [email protected] Retrouvez toute l’offre de formation de l’ADEME sur www.ademe.fr/formations ADEME & VOUS / 20, avenue de Grésillé BP 90406 49004 Angers Cedex 01 Tél. 02 41 20 41 20 Directrice de la publication : Valérie Martin / Rédactrice en chef : Catherine Séguin-Jacques / Couverture : © Yuji Sakai/Getty image Vignette dossier : © Fotolia Conception et réalisation : www.specifique.com Réf. 8192 – Février 2015/ ISSN 1957-1992 (imprimé) - ISSN 1955-2742 (en ligne) Imprimé par Imprimerie Vincent sur papier Reprint 40 % pâte FSC / 60 % pâte recyclée, avec des encres végétales. / Abonnement : www.ademe.fr/ademe-et-vous-abonnement
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