LES BALLES EN PLASTIQUE

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DÉCRYPTAGE
LES BALLES EN PLASTIQUE
Révolution technologique dans le monde du ping. Le celluloïd sera désormais remplacé
par le plastique dans la composition des balles. Un changement aux conséquences encore
floues, mais certainement réelles sur le jeu et les joueurs. Les explications de Claude Bergeret,
conseillère technique nationale, en charge du dossier à la FFTT.
LES MODÈLES EN CELLULOÏD NE SONT
EN AUCUN CAS INTERDITS
DANS LES ÉPREUVES
NATIONALES
Pourquoi changer ?
L’arrivée des balles en plastique, décidée par l’ITTF après une longue période de débats, d’études et d’essais,
est motivée par des questions économiques. Produit inflammable, le celluloïd ne garantissait plus les conditions
de sécurité aujourd’hui exigées dans les compétitions. Son stockage et son transport devenaient trop coûteux. La
Fédération internationale souhaitait trouver une alternative qui permette aux organisateurs, aux fédérations et aux
clubs de réaliser des économies. Après réflexion, elle a opté pour le plastique, nettement plus sûr. Pour mémoire,
des balles en plastique ont déjà été utilisées, en France notamment, dans les années 70. Il était alors possible de
jouer indifféremment avec l’un ou l’autre des deux matériaux.
Et la France ?
LES CARACTÉRISTIQUES DE LA BALLE PLASTIQUE
DEVRAIENT FAVORISER LE JEU EN CONTRÔLE/VITESSE/FRAPPE
Quelles différences ?
À première vue, aucune. À l’usage, les balles en plastique se
révèlent plus dures que les modèles en celluloïd. Leur bruit
étonne un peu, au début, il donne l’impression de jouer avec
une balle en celluloïd fendue. L’ITTF a agréé à ce jour quatre
fabricants, tous asiatiques : trois chinois (DHS, Double Fish et
Xushaofa) et un japonais (Nittaku). La Fédération internationale
a également accepté deux modèles différents de balles en plastique : le premier est entièrement lisse, car fabriqué d’un seul bloc,
le second présente une rainure centrale, résultat du collage de deux
demi-sphères. Après les premiers essais, les joueurs ont manifesté une
préférence pour le modèle avec jointure.
© FFTT / Franck Chapolard
Quels effets sur le jeu ?
Il est encore prématuré de tirer des conclusions sur l’impact que ces nouvelles balles auront sur le jeu, et par
extension, sur la hiérarchie. Elles ont déjà été testées, essayées et éprouvées. La commission des athlètes de l’ITTF,
présidée par le Biélorusse Vladimir Samsonov, a accompagné les étapes principales du processus de décision et
de validation. Mais il faudra attendre les premiers tournois pour se faire une idée plus précise. Seule certitude : le
plastique ne réagit pas de la même façon que le celluloïd. De l’avis des joueurs les ayant utilisées, les nouvelles
balles présentent un rebond plus haut. Elles devraient également réduire les rotations de la balle. Ces caractéristiques devraient logiquement favoriser les joueurs en contrôle/vitesse/frappe. Avec le plastique, le service serait
parfois plus aisé à remettre. Enfin, il est possible que ce changement de matériel donne un certain avantage aux
défenseurs.
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Quel calendrier ?
L’ITTF a fixé le 1er juillet 2014 comme date où le plastique remplacera le celluloïd dans les compétitions internationales mondiales. À
compter de ce jour, les grandes étapes du calendrier seront disputées
avec le nouveau matériel : championnats du monde (junior et senior),
Jeux olympiques (y compris les qualifications), Coupes du Monde,
World Tours (finales incluses), Global Junior Circuit, Global Cadet
Challenge, championnats et coupes continentaux (dont les championnats d’Europe), Jeux olympiques de la Jeunesse. La Fédération
internationale a toutefois pointé quelques exceptions : quatre tournois du Global Junior Circuit 2014 (Corée du Sud, Hong Kong,
Guatemala et Salvador), ainsi que les Jeux olympiques de la Jeunesse
de Nankin, en Chine, en août 2014. Pour cette dernière compétition, où deux pongistes français ont été sélectionnés (Can Akkuzu
et Audrey Zarif), l’ITTF a souhaité respecter une certaine continuité
en optant pour le tournoi final pour les balles déjà utilisées dans les
épreuves de qualification.
La question des balles en plastique et de leur utilisation dans les compétitions nationales a été
discutée et débattue à plusieurs reprises dans
les instances de la FFTT. Elle était notamment en
bonne place à l’ordre du jour du Comité directeur des mois d’avril et de juin 2014. Prudente,
la Fédération française a finalement choisi de privilégier la sagesse. Il a ainsi été décidé «de ne
pas imposer les balles en plastique pour la saison 2014-2015.» Au-delà de l’aspect purement
technique, l’arrivée de ce nouveau matériau pose
en effet la question de sa production et de son
approvisionnement. Interrogé à l’occasion des
championnats du monde à Tokyo, un fabricant
agréé par l’ITTF a expliqué que la production
massive des balles en plastique devait débuter à
la fin du mois de mai. Les premiers stocks seraient
disponibles en juin, l’Europe pouvant être livrée
trois à quatre semaines plus tard. Pas d’inquiétude, donc, pour les compétitions internationales
prévues au cours de l’été. Mais il faudra encore
attendre au moins plusieurs mois, voire plus,
avant que les ligues et les clubs puissent disposer
de ces nouvelles balles. Précision importante : les
modèles en celluloïd ne sont en aucun cas interdits dans les épreuves nationales. La fédération
d’un pays peut donc décider de les conserver sur
son territoire. L’Allemagne, par exemple, a choisi
d’imposer le plastique pour le haut niveau, mais
en laissant la liberté de choix aux dirigeants dans
les échelons inférieurs.
Alain Mercier
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