9,3 x 53 mm r

9,3 x 53 mm r
La carabine Baïkal "Medved" ("ours" en russe) recevait tout de même les lunettes P-SO des armes de
précision d’avant le SVD de Dragunov, sur le même genre de montage latéral. A Itzvehsk, on sait faire des
économies et se simplifier la vie. Davaï ! La cartouche choisie fut la 9,3 x 53 mm R à balle de 16,50 g,
qu’on charge toujours en ce début de vingt-et-unième siècle, du moins en Finlande avec des amorçages
Boxer et en Russie avec des capsules corrosives "à la Berdan".
Pour le chasseur, la carabine Medved est toujours fabriquée, mais n’est plus importée
chez nous. Celles qui subsistent en France sont orphelines de leur munition, même si Sako la produit
toujours aussi bien que quelques encartoucheurs russes. Hélas, pas d’importations… Laide, pas très
bien finie, pas extraordinairement facile à tirer vite et juste sans pratique assidue par monsieur-toutle-monde, cette cartouche reste dans l’ombre. On a le droit de la laisser dormir, et c’est tout de même
dommage : avec son magasin fixe, elle échappe aux restrictions qui ont frappé nos carabines semiautomatiques à magasins autrefois détachables depuis l’oukase de 1995, sous l’un des plus hypocritement et discrètement hoplophobes des gouvernements français du dernier quart du vingtième siècle.
En admettant qu’il trouve des cartouches tirables (les productions civiles russes ont des amorces Berdan
habituellement corrosives, vieillissent extrêmement mal et leurs collets se fendillent souvent bien
avant qu’on n’ait eu le temps de sortir les cartouches de leur boîte), le chasseur devra tenir compte du
fait que l’unique balle offerte est fort légère et fort peu performante. Certes, elle tue le plus souvent.
Mais quelquefois, elle se fragmente, perd sa chemise, ne ressort pas de l’animal…
Pour le rechargeur, la pénurie d’étuis de 9,3 x 53 mm R fait partie des aléas de
l’art de la fabrication de ses propres cartouches. Lorsque les importateurs de Sako restent inflexibles
et comme les étuis russes sont chaussés d’amorces Berdan, on peut trouver d’autres voies si on a des
contacts en Finlande ou en Russie, ou encore par exemple se rabattre sur le réusinage sauvage de
la .45-70 Government de 1873 ou de la .300 Win. Mag. de 1966. La chose n’a rien d’une sinécure et
réclame quelques outillages coûteux et une large dose de constance copieusement assaisonnée d’huile
de coude, mais on y parvient si on s’applique à la tâche. De là à dire que le jeu n’est envisageable que
in extremis et n’en vaut pas la chandelle, il n’y a qu’un pas et je n’hésiterai pas à le franchir. Lorsqu’on
peut se procurer, dans d’autres pays, les excellents et peu coûteux étuis en laiton de 7,62 x 54 mm
R à amorçage Boxer que produisent beaucoup de cartoucheries, une simple passe d’un expandeur
conique ordinaire dans un collet (quelquefois préalablement recuit et traité au graphite) suffit à disposer
de douilles tout à fait convenables. La feuillure s’établit sur le bourrelet, au moins pour le premier tir ;
la carabine Medved est d’un fonctionnement parfaitement fiable lorsque la cartouche employée génère
suffisamment de pression à l’évent de prise de gaz.
Le même rechargeur n’aura plus qu’à se procurer des balles modernes et mieux construites de diamètre
9,3 mm et à garnir ses étuis en suivant nos recettes sans perdre de vue la méthode de l’escalier et
en respectant la longueur maximale de la cartouche qui garantit le bon fonctionnement de sa carabine
Medved. Tubal 3000, Tubal 5000, SP 7 et Sp 11 donnent de bons résultats. Il est prudent d’employer
exclusivement des amorces Large Rifle CCI 34 à coupelle dure dans la carabine Medved. La cartouche
étant très loin d’être ridicule, choisir une balle mieux faite que l’original en améliore la performance
terminale et surtout la pénétration.