TOPOLOGIE - SÉRIE 10 Dans cette série, on peut utiliser le fait que un sous-espace X de (R, Tst ) est connexe si et seulement si X est un interval (on va le voir plus tard). Exercice 1. Comment est-ce que la connexité se rapporte aux constructions entre espaces topologiques? Démontrer ou réfuter les enoncés suivants. (a) Si (X, T ) est connexe, et f : (X, T ) → (X 0 , T 0 ) est continue, alors f (X) est connexe. (b) Si (X 0 , T 0 ) est connexe, et f : (X, T ) → (X 0 , T 0 ) est continue, alors f −1 (X 0 ) est connexe. (c) Si (X, T ) est connexe et A ⊆ X, alors A est connexe. (d) Si (X, T ) est un espace topologique et A ⊆ X est connexe, alors A est connexe. (e) Si (X, T ) est connexe, et T 0 est une topologie plus fine que T , alors (X, T 0 ) est connexe. (f) Si (X, T ) est connexe, et T 0 est une topologie moins fine que T , alors (X, T 0 ) est connexe. (g) Si (X, T ) et (X 0 , T 0 ) sont connexes, alors X × X 0 est connexe. (h) Soit (X, T ) un espace topologique, et A, B ⊆ X deux sous-ensembles tels que X = A ∪ B et A ∩ B 6= ∅. Si A et B sont connexes, alors X est connexe. (i) Soit (X, T ) un espace topologique, et A, B ⊆ X deux sous-ensembles tels que X = A ∪ B. Si A et B sont connexes, alors X est connexe. (j) Soit (X, T ) un espace topologique, et A, B ⊆ X deux sous-ensembles. Si A et B sont connexes, alors A ∩ B est connexe. Solution. (a) OUI; En fait, si on peut écrire f (X) = A ∪ B avec A et B ouverts disjoints de f (X), alors X = f −1 (f (X)) = f −1 (A ∪ B) = f −1 (A) ∪ f −1 (B), où f −1 (A) et f −1 (B) sont ouverts dans l’espace connexe X et disjoints (comme A et B le sont). Donc un d’entre eux est vide, disons f −1 (A) = ∅. Comme A ⊆ f (X), on peut écrire A = f (f −1 (A)) = f (∅) = ∅. (b) NON; En fait, il suffit de considérer l’application constante f : {0, 1} → {2}, par rapport aux topologies discrètes. Elle est bien continue, {2} est connexe mais sa préimage {0, 1} ne l’est pas. (c) NON; En fait, R est connexe par rapport à la topologie standard, mais le sous-espace R \ {0} ne l’est pas. (d) OUI; En fait, supposons que A = U ∪V avec U et V ouverts de A disjoints. En particulier, U = A ∩ (X \ V ) et V = A ∩ (X \ U ) sont fermés dans X. Ensuite, on peut décomposer A comme A = A ∩ A = A ∩ (U ∪ V ) = (A ∩ U ) ∪ (A ∩ V ), où A ∩ U et A ∩ V sont ouverts et disjoints. Donc un d’entre eux est vide parce que A est connexe, disons A ∩ U . Alors A = A ∩ V , c’est-à-dire A ⊆ V . Mais on a vu que V est fermé, et donc A ⊆ V , c’est-à-dire A = V . Finalement, U ⊆ A \ V = V \ V = ∅. (e) NON; En fait, R est connexe par rapport à la topologie standard, mais il ne l’est pas par rapport à la topologie discrète. Date: 27 novembre 2014 (f) OUI; En fait, si on suppose que X = U ∪ V , où U et V sont ouverts par rapport à T 0 et disjoints, alors ils le sont aussi par rapport à T . Alors par connexité, soit U est vide soit V est vide. (g) OUI; En fait, en supposant que X ait un élément x0 , l’on peut écrire X × X0 = [ (X × {x0 } ∪ {x} × X 0 ). x∈X On remarque que: • l’ensemble X × {x0 } est homéomorphe à X (par la projection (x, x0 ) 7→ x), et par conséquent il est connexe. • pour n’importe quel x ∈ X, l’ensemble {x} × X 0 est homéomorphe à X 0 (par la projection (x, x0 ) 7→ x0 ), et par conséquent il est connexe. • l’ensemble X × {x0 } ∪ {x} × X 0 est la réunion de deux espaces connexes qui s’intersectent, parce que (x, x0 ) ∈ X × {x0 } ∩ {x} × X 0 , et donc par (h) il est connexe. • l’ensemble X × X 0 = x∈X (X × {x0 } ∪ {x} × X 0 ) est une réunion d’espaces connexes qui s’intersectent, parce que pour n’importe quel x00 dans X, on a que S (x00 , x0 ) ∈ \ (X × {x0 } ∪ {x} × X 0 ). x∈X Le même raisonnement utilisé pour montrer (h) marche aussi pour le cas infini, et S donc on peut conclure que X × X 0 = x∈X (X × {x0 } ∪ {x} × X 0 ) est connexe. (h) OUI; En fait, suppose que X = U ∪ V avec U et V ouverts disjoints. Alors A = A ∩ X = A ∩ (A ∪ V ) = (A ∩ U ) ∪ (A ∩ V ), où A ∪ V et A ∪ V sont ouverts de A et disjoints. Donc un d’entre eux est vide, disons A ∩ U . Donc A = A ∩ V et A ⊆ V . En particulier, ∅ 6= A ∩ B ⊆ V ∩ B. Maintenant, on peut faire la même chose avec B et obtenir que B = (B ∩ V ) ∪ (B ∩ U ), où B ∩ V et B ∩ V sont ouverts disjoints du connexe B et on sait déjà que B ∩ V n’est pas vide. Ce implique que B ∪ U est vide, et finalement U = U ∩ X = U ∩ (A ∪ B) = (A ∩ U ) ∪ (B ∪ U ) = ∅ ∪ ∅ = ∅. (i) NON; En fait, les sous-espaces (−∞, 0) et (0, +∞) de R par rapport à la topologie standard sont connexes, mais leur réunion R \ {0} ne l’est pas. (j) NON; En fait, il suffit de considérer S 1 \ {(1, 0)} et S 1 \ {(−1, 0)} comme sous-espaces du cercle S 1 . Ils sont connexes parce qu’on a vu qu’ils sont homéomorphes à R (en utilisant la projection stereographique). Mais leur intersection ne l’est pas, parce qu’elle peut être écrite comme une réunion de deux ouverts disjoints pas vides: S 1 \ {(1, 0)} ∩ S 1 \ {(−1, 0)} = S 1 ∩ {(x, y) ∈ R2 | y > 0} ∪ S 1 ∩ {(x, y) ∈ R2 | y < 0}. Exercice 2 (Théorème de la valeur intermédiaire). Soit (X, T ) un espace topologique connexe. Toute application continue f : (X, T ) → (R, Tst ) a la propriété de la valeur intermédiaire, i.e., si x, x0 ∈ X et y ∈ R avec f (x) 6 y 6 f (x0 ) il existe x00 ∈ X tel que f (x00 ) = y. Par l’absurde, si f (x) 6= y pour tout x ∈ X. Alors pour tout x ∈ X, soit f (x) > y, soit y > f (x). Autrement dit, f (X) =] − ∞, y[∩f (X)∪]y, ∞[∩f (X). On pose ] − ∞, y[∩f (X) = U et ]y, ∞[∩f (X) = V . Par ailleurs, ] − ∞, y[∩]y, ∞[= ∅ ⇒ U ∩ V = ∅. Enfin, U 6= ∅, car f (x) < y et donc f (x) ∈ U , de même V 6= ∅, car f (x0 ) > y et donc f (x0 ) ∈ V. Ainsi (U, V ) est une séparation de f (X). Or par l’exercice 1, comme (X, T ) est connexe et f continue, on a que (f (X), Tst ) est connexe, contradiction. Exercice 3. Soit (Y, d) un espace métrique et X un ensemble. (a) Montrer qu’une famille d’applications (fn : X → Y )n∈N converge uniformément vers une Q application f : X → Y si et seulement si elle converge vers f dans ¯ est x∈X Y, Tρ¯ où ρ la métrique uniforme. (b) Si (X, T ) est maintenant un espace topologique, montrer, que si une famille d’applications continues (fn : X → Y )n∈N converge uniformément vers une application f : X → Y , alors la limite f est bien continue. Preuve. (a) [=⇒]; Supposons qu’on a une famille d’applications (fn : X → Y )n∈N qui converge Q uniformément vers une application f : X → Y . Soit B(f, ε) une boule dans x∈X Y, Tρ¯ , et N ∈ N tel que dY (fn , f ) < 2ε lorsque n > N . Alors pour tou n > N on a que ρ(fn , f ) = sup dY (fn (x), f (x)) ≤ x∈X ε ≤ ε, 2 ce qui veut dire que la suite est définitevement dans la boule, et donc elle converge vers f dans la topologie induite par la métrique. [⇐=]; Supposons qu’on a une famille d’applications (fn : X → Y )n∈N qui converge vers f Q dans x∈X Y, Tρ¯ . Soit ε > 0; comme la suite converge vers f , il existe un N ∈ N tel que fn ∈ B(f, ε) lorsque n > N . En particulier, pour n > N et x ∈ X on a dY (fn (x), f (x)) ≤ sup dY (fn (x), f (x)) = ρ(fn , f ) < ε. x∈X Donc la suite converge uniformement vers f . (b) Soit V ∈ Td . Il faut montrer que f −1 (V ) ∈ T . Soit x0 ∈ f −1 (V ). On veut trouver U ∈ T tel que x0 ∈ U ⊆ f −1 (V ). Or, x0 ∈ f −1 (V ) implique f (x0 ) ∈ V et donc il existe ε > 0 tel que Bd (x0 , ε) ⊆ V (puisque V est ouvert). Comme (fn )n∈N converge uniformément vers f ⇒ il existe N ∈ N tel que d(f (x), fn (x)) < ε/3 pour tout n > N et pour tout x ∈ X. fN est continue donc il existe U ∈ T tel que x0 ∈ U et tel que fN (U ) ⊆ Bd (fN (x0 ), ε/3). On constate alors que f (U ) ⊆ Bd (f (x0 , ε)), car pour tout x ∈ U , d(f (x0 ), f (x)) 6 d(f (x0 ), fN (x0 )) + d(fN (x0 ), fN (x)) + d(fN (x), f (x)) 6 ε, par le choix de N . Ainsi, x0 ∈ U ⊆ f −1 (Bd (f (x), ε)) ⊆ f −1 (V ) ⇒ f continue. Exercice 4. Pour une famille dénombrable (Xi , Ti )i∈I d’espaces topologiques métrisables, on a Q vu au cours que leur produit ( i∈I Xi , ∗i∈I Ti ) est de nouveau métrisable. Trouver un exemple de famille indénombrable, dont le produit n’est plus métrisable. Preuve. En général le produit d’une famille d’espaces métriques n’est pas métrisable. Soit Xr := {0, 1} muni de la topologie discrète pour tout r ∈ R. Alors chaque Xr est métrisable, Q tandis que le produit X := r∈R Xr ne l’est pas. En effet dans X on ne peut pas caractériser l’adhérence par suites. Soient O := (0)r∈R , et A := {(xr )r∈R ∈ X | xr = 0 pour un nombre fini de r}. Alors on a que: • l’élément O est dans l’adhérence de A. En effet, un ouvert de base qui contient O est Q de la forme U = i∈R Ui , où J est un sous-ensemble fini de R, Ui = {0, 1} si i 6∈ J, et Uj = {0} si j ∈ J. Si on définit xi := 1 quand i 6∈ J et xj := 0 quand j ∈ J, alors Q l’élément x := (xi )i∈R ∈ i∈R X appartient à A ∩ U . On a bien montré que chaque ouvert de base qui contient O intersecte A, et donc O ∈ A. • il n’existe aucune suite dans A qui converge vers 0. Considérons une suite (xk )k∈N dans S A. Pour tout k ∈ N soit Ik := {r ∈ R | xkr = 0} ⊆ R, ce qui est fini. Alors I := k∈N Ik est dénombrable (car réunion dénombrable d’ensembles finis), et donc il existe z ∈ R \ I. Cela signifie que pour tout k ∈ N on a xkz = 1. Soit U := {(xr )r∈R ∈ X | xz = 0}. Alors Q U est ouvert, parce que on peut l’écrire comme U = i∈R Ui , où Ui = {0, 1} si i 6= z et Uz = {0}, et il contient O. Mais xk n’est jamais dans U , parce que xkz = 1, et donc la suite (xk )k∈N ne peut pas être définitivement contenue dans l’ouvert U . Ca veut dire que (xk )k∈N ne converge pas vers O.
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