SON TEST VA SAUVER DES VIES

SOCIÉTÉ
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MARDI 11 FÉVRIER 2014 LE MATIN
SON TEST VA
SAUVER DES VIES
CANCER COLORECTAL Un chercheur fribourgeois met au point un système de détection
simple et efficace pour dépister un des cancers les plus ravageurs. Innovant!
ne simple prise de sang suffira! Alors que le cancer colorectal tue, chaque année, plus
de 1600 personnes en Suisse, le
Pr Curzio Rüegg, responsable de la
Chaire de pathologie de l’Université
de Fribourg, a développé un test
permettant de détecter précocement cette maladie avec quelques
gouttes d’hémoglobine. C’est
d’autant plus intéressant que les
chances de guérison sont excellentes
(90%) lorsque ce cancer est découvert suffisamment tôt. A l’inverse, il
est ravageur, pris tardivement.
De fait, le cancer colorectal
frappe 4000 hommes et femmes
par an, en Suisse, dont un sur deux
en succombera. Alors certes, il
existe déjà d’autres tests pour dépister la maladie, en l’occurrence
par coloscopie et par détection de
sang dans les selles. Mais leur utilisation est peu agréable pour le
patient – ce qui explique des réticences – et les résultats moins fiables que ceux obtenus par une
prise de sang. «De plus, les mesures au niveau des matières fécales
peuvent évoluer en fonction de ce
U
que mange le patient, explique le
Pr Rüegg. Ce qui n’est pas le cas de
notre test, qui est basé sur une
réaction de l’organisme face au
cancer.»
Baptisé Colox, ce nouveau test
sanguin, mis au point par le médecin avec la collaboration de chercheurs du CHUV et de la start-up
Diagnoplex, pourrait donc favoriser le dépistage de ce cancer, le
troisième plus meurtrier en Suisse
et en Europe. Il sera disponible dès
le mois de mars.
Eviter des cancers
De fait, le dépistage permet non
seulement de découvrir précocement des cancers du côlon et du
rectum. Mais aussi d’en éviter,
puisque 95% d’entre eux sont pré- priorités en matière de santé pucédés par des polypes, qui mettent blique, il n’en est pas de même
entre 5 et 10 ans avant de devenir dans d’autres pays comme la
malins. On peut alors
France, où il est proles retirer au moyen
posé gratuitement tous
d’une coloscopie.
les deux ans, aux habiCôté fiabilité, on estants âgés de 50 à
time que le Colox ré- C’est le nombre de
74 ans. L’Angleterre et
vèle 80% des cancers personnes frappées par
les Pays-Bas vont en
le cancer colorectal
déjà déclarés ainsi chaque année en Suisse. faire de même. «De tels
qu’un polype sur deux.
programmes permet«Nous allons continuer à amélio- tent de réduire d’un tiers le taux de
rer ce test, assure le Pr Rüegg. mortalité», assure le médecin.
Toutefois, comme il est recom- Mais aussi bien les frais consécumandé de faire un dépistage tous tifs aux soins, puisque le traiteles deux ans, à partir de 50 ans, et ment d’un cancer métastatique
que le cancer se développe en (avec une survie moyenne du pamoyenne sur 10 ans, on estime tient de 1 ou 2 ans) se chiffre autour
qu’il y a peu de risque de passer à de 100 000 fr. par an. Et il percôté d’une lésion deux ou trois fois mettra surtout d’épargner d’imconsécutives.»
portantes souffrances.
Si en Suisse le dépistage de
● PASCALE BIERI
ce fléau ne fait pas partie des
[email protected]
4000
taux de guérison
g Le
d’un cancer précoce
du côlon et du rectum
est de 90%»
Jean­Guy Python
Pr Curzio Rüegg, spécialiste en pathologie
Le Pr Rüegg a mis au
point une méthode
permettant de dépister
le cancer colorectal par
simple prise de sang.