JUIN 2014 AvanCées dans les dystrophies musculaires congénitales Ce document présente l'état actuel des connaissances scientifiques sur les dystrophies musculaires congénitales (DMC), mis à jour à l'occasion des Journées des Familles 2014 de l'AFM-Téléthon. Il est téléchargeable sur le site internet de l'AFM-Téléthon : WEB www.afm-telethon.fr . Pour en savoir plus sur les dystrophies musculaires congénitales, vous pouvez consulter les Zooms sur... les dystrophies musculaires congénitales et les Repères Savoir et Comprendre qui traitent de sujets scientifiques, médicaux, psychologiques et sociaux. Destinés aux personnes atteintes de maladies neuromusculaires et à leurs familles, ils sont disponibles sur le site internet de l'AFM-Téléthon et auprès du Service > DMC > DMC avec déficit primaire en mérosine > DMC de type Ullrich > DMC avec déficit en sélénoprotéine N > alpha-dystroglycanopathies > DMC de type Fukuyama > syndrome MEB (muscle-eye-brain) > syndrome de Walker-Warburg régional de l'AFM-Téléthon de votre région. Ces documents ne peuvent en aucun cas se substituer à l'avis d'un médecin, même s'ils peuvent vous faciliter le dialogue avec l'équipe soignante. Savoir & Comprendre Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Sommaire Rédaction Myoinfo, Département d'information sur les maladies neuromusculaires de l'AFM-Téléthon, Évry Validation Dr. Valérie Allamand, Centre de Recherche en Myologie, UMRS 974, Institut de Myologie, Hôpital PitiéSalpêtrière, Paris. Faits marquants .....................................................................................3 Que sont les dystrophies musculaires congénitales ? ....................... 3 Différente formes de dystrophies musculaires congénitales... ......................3 ...classées en trois groupes ..........................................................................................4 A quoi les dystrophies musculaires congénitales sont-elles dues ? . 5 La DMC1A est due à des anomalies dans le gène LAMA2 codant la lamine α2 ............................................................................................................................5 La DMC de type Ullrich est due à un déficit ou à des anomalies du collagène VI .......................................................................................................................5 Une nouvelle DMC due à un déficit primaire en collagène XII .....................7 La DMC avec anomalies du gène de l'intégrine alpha7...................................7 Les alpha-dystroglycanopathies sont dues à un mauvais fonctionnement de l'alpha-dystroglycane ..............................................................................................7 Identification de trois nouveaux gènes impliqués dans les alphadystroglycanopathies ....................................................................................................... 8 Rupture du lien entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule musculaire .....8 Le syndrome de la colonne raide est dû à un déficit en séléprotéine N ...9 Où en est la recherche dans les dystrophies musculaires congénitales ? ........................................................................................9 Des congrès et des collaborations internationales ............................................9 Des bases de données ............................................................................................... 10 Des études de l’histoire naturelle .......................................................................... 11 Développer des modèles animaux des DMC .................................................... 11 Des outils diagnostiques performants ................................................................. 12 Explorer de nouvelles pistes thérapeutiques .................................................... 12 Rétablir le lien rompu ................................................................................................... 12 Dans les DMC liées au collagène VI...................................................................... 13 Le saut d’exon .................................................................................................................. 13 Restaurer l’autophagie ................................................................................................. 14 La thérapie cellulaire ..................................................................................................... 14 Dans les alpha-dystroglycanopathies .................................................................. 14 La thérapie génique ....................................................................................................... 14 Dans la DMC1A ............................................................................................................. 15 Restaurer la laminine α2 .............................................................................................. 15 Inhiber le protéasome................................................................................................... 15 La thérapie cellulaire ..................................................................................................... 15 Diminuer la fibrose ......................................................................................................... 15 Essai de l'omigapil en prévision chez l'homme .................................................. 15 * 2 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 * * Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre Faits marquants > Le 3e atelier international sur les défauts de glycosylation dans les dystroglycanopathies a eu lieu les 18 au 19 avril 2013 aux États-Unis. > Les 11e Journées annuelles de la Société de Myologie étaient consacrées aux dystrophies musculaires congénitales (27-29 novembre 2013, à Montpellier). > Le Comité international de spécialistes des DMC a élaboré des recommandations pour le diagnostic de ces maladies. > La fonction du diaphragme et les paramètres respiratoires ont été évalués dans deux études de l’histoire naturelle de la DMC d’Ullrich. > Identification de nouveaux gènes impliqués dans les DMC : le gène COL12A1 (collagénopathie) et les gènes GMPPB, DPM1, SGK196 et POMK (alpha-dystroglycanopathies). > Un nouveau modèle de souris a été développé pour étudier la dystrophie musculaire congénitale liée au collagène VI. > Diversification des pistes thérapeutiques étudiées sur des cellules en culture ou chez la souris : losartan, saut d'exons, thérapie génique, thérapie cellulaire… > Un essai de l’omigapil chez des personnes atteintes de dystrophie musculaire congénitale liée au collagène VI ou à l'absence de laminine α2 est en préparation aux États-Unis et au Royaume-Uni. Que sont les dystrophies musculaires congénitales ? Les dystrophies musculaires congénitales (DMC) sont des maladies rares d’origine génétique. Le terme regroupe plusieurs maladies différentes caractérisées par une atteinte musculaire ("dystrophie") entrainant une faiblesse musculaire - hypotonie et difficultés motrices - se manifestant dès la naissance ou dans les premiers mois de vie ("congénitale"). Le muscle squelettique est le siège d’un processus dystrophique observable au microscope. Cette atteinte musculaire peut se compliquer de rétractions musculotendineuses et de difficultés respiratoires. Les dystrophies musculaires congénitales sont généralement peu évolutives, voire stables. Leur gravité est variable d'une forme à l'autre. Le traitement est, pour l’instant, symptomatique. Différente formes de dystrophies musculaires congénitales... Il existe plusieurs formes de dystrophies musculaires congénitales qui diffèrent, parfois beaucoup, les unes des autres. Connaitre le diagnostic clinique et moléculaire de l’affection en cause améliore la surveillance et la Une maladie est dite rare quand elle touche moins d'une personne sur 2 000. Les maladies rares font l'objet d'une politique de santé publique commune dans les domaines de la recherche, de l'information et de la prise en charge. L'examen au microscope d'un échantillon de muscle dystrophique montre une dégénérescence des cellules musculaires s'accompagnant de la présence de cellules jeunes en régénération tendant à contrebalancer la perte cellulaire due à la dégénérescence. 3 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre prise en charge des complications de l'atteinte musculaire et permet de donner des informations précises sur les risques de transmission de la maladie. Par ailleurs, pour participer à un essai clinique ciblé sur sa maladie, il est indispensable d'en connaître le diagnostic précis. La classification des DMC n’est pas figée dans le temps et évolue avec les découvertes de nouveaux gènes impliqués dans ces maladies. Jusqu’à la découverte du déficit en mérosine (aussi appelée laminine α2) en 1994, on se basait essentiellement sur des critères cliniques pour distinguer deux grands groupes de dystrophies musculaires congénitales (DMC) : d’un côté, les formes dites occidentales, classiques, sans anomalies malformatives de l’œil ou du cerveau, et de l’autre, tout le reste (c'est-àdire les actuelles alpha-dystroglycanopathies). Avec la découverte de l’implication de la mérosine, deux grands groupes sont apparus : les DMC avec déficit en mérosine (ou DMC mérosine négatives) et les DMC avec mérosine normale (DMC mérosine positives). La découverte des gènes impliqués dans différentes formes de DMC, et des protéines qu’ils codent, a fait sensiblement évoluer la classification, qui repose désormais sur l’identité de ces protéines, leur localisation dans la cellule et leurs fonctions. ...classées en trois groupes On distingue désormais 3 grands groupes de DMC : - celui où des protéines liées à la matrice extracellulaire sont en cause : • DMC avec déficit primaire en mérosine (ou en laminine α2), les DMC1A. • DMC de type Ullrich (DMCU) lié au déficit en collagène VI. • Forme avec des anomalies du gène de l’intégrine alpha 7, une protéine transmembranaire, en contact avec des protéines de la matrice extracellulaire. - celui où des protéines sont impliquées dans le bon fonctionnement de l'alpha-dystroglycane : • Syndrome de Walker-Warburg • Syndrome Muscle-œil-cerveau ou MEB • DMC de Fukuyama ou FCMD • Dystrophie musculaire précoce avec microcéphalie et retard mental • Forme avec des anomalies du gène DPM3 avec réduction de la Nglycosylation et de la O-mannosylation de l’alpha-dystroglycane - autres formes : • Syndrome de la colonne raide (Rigid spine syndrome) liée à des anomalies du gène SEPN1. • Forme sévère liée à des anomalies sporadiques du gène des lamine A/C (LMNA). • Forme avec anomalies mitochondriales liée à des anomalies du gène CHKB. • Forme avec lissencéphalie et neuropathie périphérique. • Forme avec retard mental et cataracte congénitale. • Forme avec myocardiopathie primitive. • Forme liée à BAG3, que l'on retrouve dans le groupe récemment identifié des myopathies myofibrillaires. 4 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre A quoi les dystrophies musculaires congénitales sontelles dues ? Toutes les dystrophies musculaires congénitales sont des maladies d’origine génétique. Elles sont liées à des anomalies de l'ADN (mutations) qui sont généralement héritées des deux parents (maladies autosomiques récessives) ou parfois d’un seul (maladies autosomiques dominantes) Les anomalies génétiques à l'origine des DMC, conduisent généralement au déficit d'une protéine donnée, cette protéine ayant une fonction importante pour la cellule musculaire. La DMC1A est due à des anomalies dans le gène LAM A2 codant la lamine α2 La DMC avec déficit primaire en laminine α2 (DMC1A) est liée à une anomalie de l'ADN au niveau du gène LAMA2 (situé sur le chromosome 6) qui code la laminine α2 (aussi appelée mérosine). Ces anomalies génétiques conduisent à l’absence de production de laminine α2. La laminine α2 appartient à un réseau de protéines situées à l’interface entre la membrane de la fibre musculaire et le tissu de soutien du muscle (tissu conjonctif). Ce réseau, appelé lame basale, entoure chaque fibre musculaire. En plus d'un rôle de protection et de filtre vis-à-vis de l’extérieur de la cellule, la lame basale joue un rôle important dans la réparation (régénération) du muscle après une lésion. Lorsque des fibres musculaires sont endommagées, de nouvelles cellules vont les remplacer, en utilisant la trame formée par la lame basale pour guider leur migration. Dans la DMC avec déficit primaire en laminine α2, la lame basale est fragilisée et ne peut plus jouer son rôle de soutien pour le tissu musculaire. Les maladies (d'origine) génétiques sont des maladies dues à des anomalies de l'ADN, c'est-à-dire de l'information qui détermine le fonctionnement biologique de notre organisme. Cette information est présente dans nos cellules sous forme de chromosomes, nous l'héritons de nos parents et nos enfants héritent de la nôtre. C'est pourquoi les maladies génétiques sont souvent familiales, c'est-àdire qu'il peut y avoir plusieurs membres d'une même famille atteints par la maladie génétique. Une maladie héréditaire est transmise sur le mode récessif lorsque la personne malade a ses deux copies du gène - celle reçue de son père et celle reçue de sa mère - porteuses d’une anomalie génétique. La maladie ne se manifeste que lorsque les deux copies du gène sont altérées. La DMC de type Ullrich est due à un déficit ou à des anomalies du collagène VI Une maladie héréditaire est transmise sur le mode dominant lorsque la personne malade a une copie porteuse de l'anomalie génique et une copie normale du gène. La maladie se manifeste même si l'autre copie du gène n'est pas altérée. La DMC de type Ullrich est liée à des anomalies de l'ADN dans l'un des trois gènes COL6A1, 2 ou 3, qui codent les sous-unités du collagène VI. Le gène COL6A1 (localisé sur le chromosome 21) code la sous-unité alpha1, le gène COL6A2 (localisé sur le chromosome 21), la sous-unité alpha2 et le gène COL6A3 (localisé sur le chromosome 2), la sous-unité alpha3. La DMC de type Ullrich peut avoir une transmission autosomique récessive ou autosomique dominante, voire de novo (apparition d’une nouvelle anomalie génétique non héritée des parents). La lame basale (ou membrane basale) est une forme particulière de matrice extracellulaire spécifique à quelques tissus. Elle est constituée de protéines qui s'enchevêtrent les unes aux autres pour former un réseau élastique qui entoure une ou plusieurs cellules. 5 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Savoir & Comprendre Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales myofibrille cellule (ou fibre) musculaire faisceau musculaire © AFM - M. Gilles muscle La zone de contact entre la fibre musculaire et le tissu conjonctif qui l'entoure est très importante pour la cohésion entre les fibres musculaires qui constituent le muscle. Dans les DMC, ce lien est altéré et le muscle est fragilisé. La mérosine, le collagène VI, l'intégrine alpha7 et l'alpha-dystroglycane participent, chacune à leur niveau, au maintien d'une liaison entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule. Ce système d'amarrage entre les deux milieux permet à la cellule musculaire de s'adapter aux contraintes mécaniques, en particulier aux déformations qu'elle subit lors d'une contraction du muscle. 6 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre Le collagène est une protéine en forme de filament, constitué de trois sous-unités : trois chaînes dites "alpha" qui s'enroulent les unes autour des autres pour former une (triple) hélice. Le collagène VI est un des constituants principal du tissu conjonctif musculaire qui entoure les fibres musculaires (matrice extracellulaire) et dont le rôle est de les soutenir et de les protéger. Les anomalies génétiques dans l'un des gènes COL6A1, 2 ou 3 entraînent l'absence de collagène VI ou la fabrication d'un collagène VI anormal, ce qui fragilise le tissu conjonctif musculaire, lequel ne peut plus jouer son rôle de soutien pour le muscle. La matrice extracellulaire est un réseau complexe de protéines dans lequel baignent les cellules. Elle assure la cohésion des cellules au sein d’un tissu et joue un rôle essentiel dans la constitution, le maintien, l'adhérence, le mouvement et la régulation des cellules. La matrice extracellulaire du muscle est spécialisée pour répondre aux contraintes mécaniques inhérentes à l'activité contractile des fibres musculaires. Une nouvelle DMC due à un déficit primaire en collagène XII En 2014, un nouveau gène en cause dans une dystrophie musculaire congénitale a été identifié ; il s’agit du gène COL12A1 (localisé sur le chromosome 6) qui code le collagène XII. Les personnes qui présentent des anomalies dans le gène COL12A1 ont des symptômes qui ressemblent fortement à ceux des personnes présentant des anomalies dans le gène du collagène VI. La perte de collagène XII dans des souris entraine une faiblesse musculaire et un changement dans l’élasticité des muscles, soulignant l’importance de la matrice extracellulaire dans le développement de maladie musculaire. Le collagène XII est composé de 3 sous-unités alpha1. Comme le collagène VI, le collagène XII participe à la constitution du tissu conjonctif musculaire qui entoure les fibres musculaires afin de les protéger. La DMC avec anomalies du gène de l'intégrine alpha7 L'intégrine alpha 7 est une protéine qui traverse de part en part la membrane de la fibre musculaire. Elle forme un complexe avec l’intégrine beta 1. A l'intérieur de la cellule, cette dernière est liée à des protéines du cytosquelette comme l'actine. A l'extérieur de la cellule, le complexe intégrine alpha 7/beta 1 se lie à des molécules de la matrice extracellulaire comme la laminine et le collagène. Le déficit en intégrine alpha 7 fragilise le lien entre la membrane de la fibre musculaire et le tissu de soutien qui l'entoure. Les alpha-dystroglycanopathies sont fonctionnement de l'alpha-dystroglycane dues à un Le cytosquelette est un réseau de protéines filamenteuses qui forme l’armature de la cellule et lui donne sa forme. Il se réorganise en permanence pour permettre à la cellule de se déplacer et de se diviser. mauvais Pour fonctionner correctement, l'alpha-dystroglycane a besoin de molécules de sucres à sa surface. La présence de ces sucres est nécessaire à l’interaction entre l'alpha-dystroglycane avec des protéines de la matrice extracellulaire, comme les laminines. Dans la très grande majorité des cas, les anomalies génétiques en cause dans les alpha-dystroglycanopathies ne portent pas sur le gène de l'alphadystroglycane (DAG1) lui-même mais sur des gènes codant des protéines impliquées dans la fixation des sucres à la surface de l'alpha-dystroglycane (glycolysation). L'absence d'ajout de sucres à la surface de l'alphadystroglycane qui en résulte fait qu’elle ne peut plus se lier aux protéines de la matrice extracellulaire. Le lien entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule est alors rompu, fragilisant ainsi la cellule musculaire. 7 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre En plus de la fixation des sucres (glycosylation) sur l’alpha-dystroglycane, l’ajout d’un phosphate (phosphorylation) à l’alpha-dystroglycane est également nécessaire à sa liaison aux laminines de la matrice extracellulaire. Cette phosphorylation effectuée par la protéine LARGE, est absente chez des personnes atteintes de DMC de Fukuyama. Une forme d’alpha-dystroglycanopathie est liée à une anomalie du gène codant l’alpha-dystroglycane, lui-même. L’anomalie génétique interfère avec le site de fixation des molécules de sucres à la surface de l’alphadystroglycane, empêchant l’interaction de la protéine avec la matrice extracellulaire. Dix-huit gènes impliqués dans les alpha-dystroglycanopathies Les gènes codant une protéine qui transfère une molécule de sucre sur l’alpha-dystroglycane : - le gène de la fukutine (chromosome 9), - le gène FKRP (chromosome 19), - le gène LARGE (chromosome 22), - le gène POMGnT1 (chromosome 1), - le gène POMT1 (chromosome 9), - le gène POMT2 chromosome 14), - le gène ISPD (chromosome 7), - le gène TMEM5 (chromosome 12) ; - le gène GTDC2 (chromosome 3) ; - le gène B3GNT1 (chromosome 11) ; - le gène B3GALNT2 (chromosome 1) ; - le gène GMPPB (chromosome 3) ; - le gène SGK196 (chromosome 8). Les gènes impliqués dans la fabrication d’un précurseur du sucre : - le gène DOLK (chromosome 9), - le gène DPM3 (chromosome 1), - le gène DMP2 (chromosome 9) ; - le gène DMP1 (chromosome 4). Le gène codant l'alpha-dystroglycane : - le gène DAG1 (chromosome 3). Identification de trois nouveaux gènes impliqués dans les alphadystroglycanopathies En 2013 et en 2014, trois nouveaux gènes impliqués dans les alphadystroglycanopathies ont été identifiés : les gènes GMPPB, DPM1, SGK196 (ou POMK). Ces trois gènes codent tous des protéines qui participent à la glycosylation de l’alpha-dystroglycane. L’absence d’une de ces protéines provoque un défaut de glycosylation de l’α-dystroglycane. Rupture du lien entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule musculaire La laminine α2, le collagène VI, l'intégrine alpha7 et l'alpha-dystroglycane participent, chacune à leur niveau, au maintien d'une liaison entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule. Ce système d'amarrage entre les deux milieux permet à la cellule musculaire de s'adapter aux contraintes mécaniques, en particulier aux déformations qu'elle subit lors de la contraction du muscle. Dans les DMC, le déficit en l'une ou l'autre de ces protéines entraîne un dysfonctionnement de ce système d'amarrage. Le lien entre l'extérieur et l'intérieur de la cellule musculaire est alors rompu, entraînant, au fil du temps, une altération de la membrane cellulaire par les contractions répétées et, à terme, une fragilisation de la cellule musculaire dans son ensemble. 8 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre Le syndrome de la colonne raide est dû à un déficit en séléprotéine N La DMC avec déficit en sélénoprotéine N est liée à des anomalies génétiques qui se produisent dans le gène SEPN1, localisé sur le chromosome 1 et codant la sélénoprotéine de type N. La sélénoprotéine N appartient à la famille des sélénoprotéines. Ces protéines ont toutes la particularité de contenir du sélénium. Au total, 27 sélénoprotéines ont été identifiées, qui interviennent dans de nombreuses voies du métabolisme cellulaire. Aujourd'hui, on sait que le sélénium est un élément nutritif essentiel qui joue un rôle dans la défense immunitaire de l'organisme, la fertilité et le vieillissement. La fonction précise de la sélénoprotéine N dans la cellule n’est pas connue mais des études ont montré qu'elle est localisée dans le réticulum endoplasmique, suggérant son implication dans un (ou plusieurs) processus qui s'y déroulent (synthèse protéique, synthèse des lipides, contraction musculaire...). D’autre part, la sélénoprotéine N joue un rôle majeur dans la régénération des muscles et la fonction des cellules qui participent à la croissance et la réparation des muscles, les cellules satellites. Où en est la recherche dans les dystrophies musculaires congénitales ? Le métabolisme est l'ensemble des transformations biochimiques qui se déroulent au sein des cellules des organismes vivants et qui assurent leurs fonctionnements. Le réticulum endoplasmique est le compartiment de la cellule où se déroule la fabrication des protéines et des lipides. Dans la cellule musculaire, il joue en plus un rôle essentiel lors de la contraction musculaire en libérant et en recaptant le calcium qu'il contient. Le réticulum endoplasmique de la cellule musculaire est aussi appelé réticulum sarcoplasmique. Avec les progrès de la génétique et des techniques de diagnostic moléculaire, on connaît désormais beaucoup mieux les bases génétiques de cet ensemble très hétérogène que sont les dystrophies musculaires congénitales. Les connaissances acquises sur ces protéines ont permis de mieux comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires à l'origine de la maladie. Depuis quelques années, on découvre petit à petit que de plus en plus de dystrophies musculaires congénitales ont en commun des gènes défectueux avec d’autres types de myopathie. C’est le cas notamment de certaines dystrophies musculaires congénitales et des dystrophies musculaires des ceintures, y compris pour le gène ISPD récemment identifié. Des congrès et des collaborations internationales Le 3e atelier international sur les défauts de glycosylation dans les alphadystroglycanopathies a réuni 22 cliniciens et chercheurs venus des ÉtatsUnis, du Japon et du Royaume-Uni, du 18 au 19 avril 2013 à Charlotte (États-Unis). Le compte rendu de cet atelier a été publié en janvier 2014. L’objectif de cet atelier était de discuter des avancées récentes dans les alpha-dystroglycanopathies et de favoriser de potentielles collaborations. Les sujets abordés ont porté sur les mécanismes impliqués dans la glycosylation de l’alpha-dystroglycane, les nouveaux gènes identifiés dans les alpha-dystroglycanopathies, les nouveaux modèles animaux, la 9 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Savoir & Comprendre Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Les Cahiers de myologie sont une revue biannuelle destinée aux professionnels de santé médicaux, paramédicaux et aux scientifiques impliqués dans le domaine des maladies neuromusculaires et de la myologie. Ils sont publiés par l'AFM-Téléthon en partenariat avec la Société Française de Myologie. Ils sont consultables sur les sites Internet de l’AFMTéléthon, la SFM et l’Institut de Myologie. thérapie génique ou pharmacologique, le diagnostic génétique et la prise en charge clinique des alpha-dystroglycanopathies. Les 11e Journées annuelles de la Société Française de Myologie ont été consacrées aux dystrophies musculaires congénitales, à la fibrose musculaire et au dystroglycane. Elles ont réuni, du 27 au 29 novembre 2013 à Montpellier, une centaine de médecins et de chercheurs européens impliqués dans ces domaines. Ces journées ont été l’occasion de faire le point sur les aspects cliniques, physiopathologiques et génétiques des DMC. Ce sujet a fait l’objet d’une mise au point dans la revue des Cahiers de myologie. Treat-NMD est un réseau européen d'excellence dans le domaine dans maladies neuromusculaires, dont le but est de créer l'infrastructure qui garantit que les recherches les plus prometteuses atteignent les patients le plus rapidement possible. Depuis sa création en janvier 2007, Treat-NMD s'est concentré sur le développement d'outils (registres de patients...) dont l'industrie, les cliniciens et les scientifiques ont besoin pour amener de nouvelles approches thérapeutiques à la clinique, et sur l'établissement des meilleures pratiques de soins des personnes atteintes de maladie neuromusculaire dans le monde. WEB www.treat-nmd.eu/ Les études de corrélations génotype/phénotype recherchent l'existence de liens entre les caractéristiques génétiques, le génotype, et les caractéristiques s'exprimant de façon apparente, le phénotype (taille, couleur et forme des yeux, couleur des cheveux, manifestation d'une maladie...). On peut ainsi identifier une relation plus ou moins étroite entre la présence d'une anomalie génétique de tel ou tel type et celle de telles ou telles manifestations d'une maladie génétique. 10 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Un comité international de spécialistes des dystrophies musculaires congénitales, l’International Standard of Care Committee for Congenital Muscular Dystrophy, a été constitué pour élaborer des recommandations diagnostiques et de soins dans ces maladies rares. Ce comité a élaboré des recommandations pour le diagnostic des dystrophies musculaires congénitales en s'appuyant sur une revue de la littérature et des avis d'experts. Ces recommandations, publiées en janvier 2014, permettront notamment d’aider les cliniciens à reconnaitre les différentes formes de DMC et d’orienter les analyses génétiques vers tel ou tel gène selon la présentation de la maladie. Un guide sur les recommandations pour la prise en charge dans les DMC réalisé grâce au soutien de Treat-NMD, de l’AFM-Téléthon et de l’association américaine Cure CMD est disponible (en français) sur le site internet de l’association Cure CMD. WEB www.curecmd.org/cmd-care Des bases de données Le développement de registres de patients permet d’effectuer un recensement exhaustif des personnes atteintes d'une maladie et de préciser l’histoire naturelle de celle-ci. La détermination de l’histoire naturelle d'une maladie est un pré-requis important avant la mise en place d'essais cliniques. Ces bases de données de patients permettent aussi de mieux connaître l’évolution à long terme des DMC et d'établir des relations entre l’anomalie génétique (génotype) et les manifestations cliniques de la maladie (phénotype). Une base de données internationale des dystrophies musculaires congénitales dont la création par l’association Cure CMD en 2009 a été soutenue par l’AFM-Téléthon, recense les personnes dans le monde atteintes de dystrophie musculaire congénitale. Cette base de données internationale des maladies musculaires congénitales, CMDIR (pour Congenital Muscular Dystrophy International Registry), a pour but de faciliter l’identification des personnes atteintes de DMC pour des essais cliniques, d’améliorer le diagnostic et la prise en charge et de collecter des données globales sur la DMC. Elle dispose d’une aide en ligne, avec des conseillers génétiques, pour répondre aux questions. Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre La base de données internationale des dystrophies musculaires congénitales (CMDIR) en pratique • Le CMDIR a pour but de collecter les informations sur les patients atteints d’une dystrophie musculaire congénitale. - Plus de 700 patients sont actuellement recensés dans la base. - Les patients doivent remplir un questionnaire sur le site internet : WEB www.cmdir.org - Les patients sont recontactés chaque année pour actualiser leurs données. - Des informations sont envoyées aux patients susceptibles d’être inclus dans des essais cliniques. - Un conseiller en génétique (anglophone) en ligne peut aider à répondre aux questions des patients. Des études de l’histoire naturelle Une étude internationale de l’histoire naturelle a été réalisée en s’appuyant sur les données cliniques et paracliniques de 145 personnes atteintes de DMC liée au collagène VI. L’accent a été mis sur l’analyse des paramètres respiratoires. Dans les formes les plus sévères (comme la dystrophie musculaire d’Ullrich), une ventilation non invasive était nécessaire à partir de l’âge de onze ans et demi. Dans les autres formes, l’évolution était plus contrastée, avec une capacité vitale souvent très longtemps conservée. Ce que les médecins appellent l'histoire naturelle d'une maladie est la description des différentes manifestations d'une maladie et de leur évolution au cours du temps en l'absence de tout traitement (médicaments, kinésithérapie, chirurgie…). Récemment, un groupe de myologues français s’est intéressé à la fonction diaphragmatique chez 7 personnes atteintes de dystrophie musculaire d’Ullrich et âgées de 6 à 28 ans. Ils ont confirmé l’atteinte préférentielle du diaphragme et des muscles expiratoires dans cette maladie. Cette atteinte respiratoire qui est propre à la dystrophie musculaire d’Ullrich pourrait aider à orienter les cliniciens dans le diagnostic de cette maladie. Développer des modèles animaux des DMC Pour étudier les mécanismes moléculaires en jeu dans les dystrophies musculaires congénitales et tester de nouvelles pistes thérapeutiques, les chercheurs développent des modèles animaux qui reproduisent les anomalies génétiques et au moins certains signes cliniques de la maladie. Actuellement, pour les alpha-dystroglycanopathies, il existe des souris modèles du syndrome muscle-œil-cerveau (avec anomalie génétique dans le gène POMGnT1), des souris modèles de DMC1D (avec anomalie génétique dans le gène LARGE) et des souris modèles de la maladie de Fukuyama (anomalie génétique dans le gène de la fukutine). Pour les autres dystrophies musculaires congénitales, il existe des souris modèles de DMC1A avec déficit primaire en laminine α2. Des modèles de poisson zèbre et de souris ont été développés pour la DMC d'Ullrich. Un modèle de souris et un modèle de poisson zèbre ont été également créés pour la DMC avec déficit en sélénoprotéine N. Un modèle de poisson zèbre pour la DMC avec déficit en FKRP a été mis au point. Un modèle animal est un animal qui reproduit les caractéristiques de la maladie (à la fois sur le plan génétique et sur le plan clinique) permettant l'étude des mécanismes de la maladie ou l'essai de traitements potentiels. Récemment, des chercheurs américains ont développé une souris modèle de DMC liée au collagène VI, en induisant une délétion dans un exon du gène Col6a3. Les souris présentent des anomalies tissulaires et 11 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Savoir & Comprendre Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales musculaires très proches de celles observées dans le déficit en collagène VI. Il s’agit du second modèle de DMC liée au collagène VI. Des outils diagnostiques performants De nouvelles techniques d'analyse génétique ont été mises au point pour rechercher de nouveaux gènes ou identifier de nouvelles anomalies génétiques. Plus rapides et plus précises, ces techniques de séquençage nouvelle génération permettent de lire "mot à mot"- les chercheurs disent "séquencer" - le génome entier et de caractériser l’ARN messager, les petits ARN, les régions de facteurs de transcription, la structure de la chromatine, la méthylation de l'ADN… Chaque gène est structuré en une alternance de séquences codantes : les exons, et de séquences non codantes : les introns. On appelle "codant" les portions du gène qui sont utilisées par la machinerie cellulaire comme guide de montage pour la fabrication de la protéine et donc seuls les exons sont traduits en protéine. Très récemment, la technique dite de "séquençage de l’exome entier" c’est-à-dire de séquençage de tous les exons de gènes codant des protéines, a permis de mettre en évidence un nouveau gène, le gène COL12A1 responsable d’une DMC avec déficit primaire en collagène XII. Les gènes GMPPB, DPM1, SGK196 impliqués dans les alphadystroglycanopathies ont également été identifiés grâce à ces techniques de séquençage nouvelle génération. Explorer de nouvelles pistes thérapeutiques Des pistes thérapeutiques ont émergé ces dernières années grâce à la meilleure compréhension des mécanismes pathologiques. Rétablir le lien rompu Le déficit en l'une ou l'autre des protéines entraînant un dysfonctionnement du système d'amarrage entre la matrice extracellulaire et l'intérieur de la cellule musculaire, certaines approches thérapeutiques développées consistent à rétablir le lien rompu entre l'extérieur et l'intérieur de la cellule musculaire. Différentes méthodes sont utilisées : - faire exprimer de nouveau la protéine manquante : technique expérimentée pour le collagène VI dans des cultures de cellules issues de personnes atteintes de DMC d'Ullrich ; - remplacer la protéine manquante par une autre protéine ayant des capacités au moins partiellement similaires : remplacement de la laminine α2 par l'agrine ou par l’intégrine α7 dans une souris modèle avec des anomalies de la laminine α2, substitution des laminines-211 et -221 par la laminine-111 dans une souris modèle de DMC1A ; - rétablir le bon fonctionnement de la protéine manquante : la surexpression du gène LARGE induit une augmentation très importante de la glycosylation de l'alpha-dystroglycane dans des cellules en culture provenant de personnes atteintes de dystrophie musculaire de type Fukuyama, du syndrome de Walker-Walburg ou du syndrome muscle-œilcerveau (MEB) ; cette surexpression du gène LARGE entraine également la restauration de la glycosylation de l’alpha-dystroglycane dans les muscles squelettiques et cardiaques de souris atteintes d'alpha-dystroglycanopathies ; un traitement par le curcumin ou par baisse de température corrige la localisation anormale de la fukutine anormale dans des cellules en culture. 12 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre Dans les DMC liées au collagène VI Le saut d’exon Le saut d'exon consiste à faire en sorte que l'ARN messager, qui servira de guide de fabrication à la protéine, ne comporte plus certaines parties codantes (exons) anormales. Pour ce faire, les chercheurs trompent le système d'épissage en masquant des sites précis sur l'ARN pré-messager, au moyen de molécules mimant des séquences complémentaires d’ARN, les oligonucléotides antisens. Au cours de la synthèse des protéines, l'épissage est une étape de maturation des ARN messagers. Pendant l'épissage, les fragments non codants des gènes (introns, en bleu) des pré-ARN messagers sont supprimés et les fragments codants des gènes (exons, en jaune orangé) sont collés les uns à côté des autres pour former l'ARN messager mature. C'est celui-ci qui sera traduit en protéine. En 2012, une équipe a montré l’efficacité dans des fibroblastes en culture d’oligonucléotide antisens ciblant l’exon anormal du gène codant le collagène pour détruire ce gène anormal. L’exon muté du gène du collagène a bien été sauté, ce qui inhibe l’expression de collagène anormal et permet de restaurer la sécrétion de collagène normal. Une autre approche récemment étudiée a consisté à sauter l’exon anormal à l’aide de petits ARN interférents qui vont inhiber l’expression de collagène VI anormal dans des fibroblastes en culture. La quantité et la qualité du collagène VI dans la matrice extracellulaire en est améliorée. L'épissage est une étape de la fabrication des protéines. Dans la première étape, la transcription, le message du gène est "transcrit" en ARN messager (un peu comme une photocopie de la région d'ADN qui porte le gène). Dans la seconde étape, l'épissage, l'ARN messager est "épissé" : certaines parties sont coupées et les morceaux restants sont réunis en un seul brin d'ARN messager mature qui ne contient que les informations nécessaires pour guider la synthèse de la protéine. Un oligonucléotide antisens est un fragment d'ARN, généralement synthétisé en laboratoire qui se lie spécifiquement à un ARN messager naturel (la séquence de l’oligonucléotide antisens est complémentaire de celle de l'ARN messager). Il peut ainsi modifier à un endroit précis l’ARN messager (saut ou incorporation d’exon(s) en intervenant à l'étape de sa maturation (l’épissage). 13 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Savoir & Comprendre L'autophagie est un processus permettant à une cellule de dégrader une partie de son contenu. Au cours d'un essai clinique de phase II, un médicament, dont il a été montré au préalable qu'il était bien toléré (au cours d'un essai de phase I) est administré à un groupe de malades dans le but de déterminer l'efficacité thérapeutique, les doses optimales et la sécurité du traitement (Quel est le mode d’administration et la dose maximale tolérée ?). La phase II peut être divisée en deux étapes : la phase IIa étudie le dosage et la phase IIb l'efficacité du traitement. >> Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM, Juillet 2010. L'European Neuromuscular Centre (ENMC) est une organisation internationale visant à soutenir la recherche dans le domaine des maladies neuromusculaires. Il organise régulièrement des rencontres internationales rassemblant scientifiques et cliniciens sur une thématique donnée. WEB www.enmc.org/ Les cellules souches possèdent à la fois la capacité de se multiplier à l’identique pour produire de nouvelles cellules souches (autorenouvellement) et celle de donner naissance, dans des conditions déterminées, à des cellules différenciées (cellules sanguines, cellules du foie, cellules musculaires...). Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Restaurer l’autophagie Dans les dystrophies musculaires liées au collagène VI, le phénomène d’autophagie est inefficace dans le muscle squelettique. La réactivaction de l’autophagie pourrait être déclenchée grâce à des régimes pauvres en nutriment ou en facteur de croissance. En Italie, une étude pilote de phase II a évalué les effets d’un régime pauvre en protéine chez 8 personnes atteintes de dystrophie musculaire d’Ullrich ou de myopathie de Bethlem. Cette étude avait pour but d’évaluer si un tel régime alimentaire pouvait corriger les anomalies de l’autophagie chez les participants. Cette étude sur 12 mois a fait suite à une étude d’histoire naturelle sur 3 mois (sans régime). La phase clinique de l’étude est terminée et les données sont en cours d’analyse. Des résultats préliminaires présentés à un congrès de l’ENMC consacré à l’autophagie (8 décembre 2014 à Naarden, Pays-Bas) n’ont montré aucun effet secondaire de ce régime alimentaire. Essai terminé en Italie • Étude pilote de phase II d’un régime pauvre en protéine chez 8 personnes atteintes de dystrophie musculaire d’Ullrich ou de myopathie de Bethlem - Essai terminé. Données en cours d’analyse La thérapie cellulaire La thérapie cellulaire a pour but de remplacer des cellules déficientes ou anormales par des cellules souches. Elle consiste à prélever des cellules soit chez le patient à traiter (autogreffe), soit chez un donneur (allogreffe). Ces cellules sont ensuite purifiées, modifiées (ou non), puis multipliées en laboratoire. Elles sont alors injectées dans l'organe (ou en systémique) à traiter de la personne malade. Différents types de cellules sont actuellement utilisés. En 2014, une étude apporte la preuve de concept de la faisabilité d'une greffe de cellules souches de tissu graisseux pour produire du collagène VI dans des souris avec un déficit en collagène. Les cellules ainsi greffées dans le muscle y ont produit et sécrété du collagène VI. Dans les alpha-dystroglycanopathies La thérapie génique La thérapie génique, consiste à remplacer un gène défectueux en apportant, à l’aide d’un vecteur, le gène normal. Les chercheurs ont développé différents types de vecteurs et de techniques permettant le transfert du gène thérapeutique jusqu'au noyau des cellules malades : les vecteurs viraux (virus dont les éléments pathogènes sont remplacés par le gène thérapeutique comme les AAV), les vecteurs synthétiques (plasmide, vecteurs lipidiques,…) et des techniques "physiques" (électroporation,...). En 2013, une stratégie de thérapie génique a été appliquée pour surexprimer le gène LARGE dans plusieurs modèles de souris atteintes d'alpha-dystroglycanopathie. Cette approche s'est avérée efficace dans des souris modèles ayant une anomalie dans le gène LARGE, mais aussi 14 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Savoir & Comprendre dans des souris modèles ayant une anomalie dans le gène POMGnT1 ou dans le gène FKRP. Dans la DMC1A Restaurer la laminine α2 Pour restaurer une dystrophine plus courte mais fonctionnelle, plusieurs types d'oligonucléotides antisens ont été testés avec succès chez la souris modèle de la myopathie de Duchenne. C’est le cas notamment des oligomères morpholino phosphorodiamidate (PMO). Appliquée à des souris modèles de la DMC1A, l’injection de ces mêmes PMO a entrainé la restauration de laminine α2 et a augmenté l’espérance de vie des souris traitées. Inhiber le protéasome Des travaux ont montré que le muscle atteint de DMC1A présente une activité du protéasome augmentée. Un effet thérapeutique du bortezomib, un inhibiteur du protéasome utilisé dans le traitement de certains lymphomes et myélomes, a été obtenu récemment dans des modèles de souris atteints de DMC1A : les caractéristiques histologiques, le poids, la locomotion et la durée de vie des souris ont été améliorés. La thérapie cellulaire En 2012, pour la première fois la transplantation de cellules stromales mésenchymateuses issues de cordon ombilical a été étudiée dans une souris modèle de DMC1A en association à un traitement par IGF-1, un facteur de croissance connu pour améliorer la régénération musculaire. La fibrose et l’inflammation musculaires ont été réduites et la force musculaire des souris a été significativement améliorée. Le protéasome est un complexe enzymatique responsable de la dégradation des protéines mal repliées, dénaturées ou obsolètes pour la cellule. Les protéines à dégrader sont marquées par une protéine appelée ubiquitine. Il faut une chaîne d'au moins quatre ubiquitines pour que le protéasome reconnaisse la protéine à dégrader. Diminuer la fibrose Le losartan est un inhibiteur des récepteurs à l'angiotensine II utilisé dans le traitement de l’hypertension artérielle chez l’homme. Des travaux rapportent les effets positifs du losartan ou d’un dérivé du losartan (le L-158809) dans des souris modèles de DMC1A. La force musculaire et la fibrose des souris ont été significativement améliorées par rapport à celles des souris sous placebo. Essai de l'omigapil en prévision chez l'homme Des recherches pré-cliniques réalisées par la société Santhera Therapeuticals ont montré que l’omigapil entrainait une diminution de la sévérité des symptômes et une augmentation de la survie de modèles animaux de la DMC1A. Les études pré-cliniques réglementaires de l’omigapil dans la DMC en France ont été financées par l’AFM-Téléthon. L’effet positif de l’omigapil a été confirmé récemment dans des souris modèles de dystrophie musculaire congénitale de type 1A en diminuant la fibrose et en améliorant leur fonction respiratoire. Les résultats de ce travail viennent compléter les données précliniques nécessaires à la mise en place d’un essai de l’omigapil chez l’homme. Un premier essai clinique de l’omigapil dans les DMC liées à une anomalie dans le gène codant le collagène VI (DMC de type Ullrich, myopathie de 15 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Savoir & Comprendre Avancées dans les dystrophies musculaires congénitales Au cours d'un essai clinique de phase I un médicament dont l'intérêt thérapeutique a été montré sur des modèles animaux et/ou cellulaires (essais précliniques) est administré pour la première fois à un petit groupe de volontaires sains, plus rarement à des malades, afin d'évaluer leur tolérance à la substance en fonction de la dose (Comment le futur traitement est-il absorbé et éliminé ? Comment se fait sa répartition dans les organes ? Est-il toxique et à quelles doses ? Existe-t-il des effets secondaires ?). Bethlem ou formes intermédiaires) ou à un déficit primaire en laminine α2 (DMC1A) est en préparation par la société Santhera Therapeuticals, en collaboration avec EndoStem, un consortium européen de cliniciens, chercheurs et industries pharmaceutiques. >> Essais cliniques et maladies neuromusculaires, Repères Savoir & Comprendre, AFM, Juillet 2010. La pharmacocinétique étudie le devenir d'un médicament dans l'organisme. Comment (quantité, vitesse...) est-il absorbé ? Comment diffuse-t-il dans l'organisme (quantité, vitesse...) ? Comment est-il transformé, puis éliminé (par le foie, par le rein...) ? 16 ǀ AFMTéléthon ǀ Juin 2014 Il s’agit d’une étude pharmacocinétique, dont le but principal est d’étudier le devenir du produit dans l’organisme et les effets secondaires à court terme afin de déterminer la dose optimale d’omigapil. Cette étude permettra aussi de tester la faisabilité d'un essai clinique évaluant l'efficacité de l'omigapil chez ce type de patients et d'en élaborer le protocole. L’essai sera réalisé aux États-Unis sur un petit nombre d’enfants, âgés de 5 à 16 ans. Essai en préparation aux États-Unis • Essai de phase I en ouvert de l’omigapil sur 3 mois chez des personnes atteintes de DMC liée au collagène VI ou à l'absence de laminine α2 - Étudier le devenir du produit dans l'organisme (étude pharmacocinétique) et les éventuels effets secondaires à court terme afin de déterminer la dose optimale d'omigapil (tolérance) >> Tout au long de l'année, suivez l'actualité de la recherche dans les maladies neuromusculaires sur WEB www.afm-telethon.fr > Voir toutes les actus > Maladies
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