Hebdomadaire – N°2014/03 – 24 janvier 2014 L'actualité des pays émergents Éditorial – La tentation de l’insurrection Depuis les printemps arabes, l’insurrection est devenue une pratique politique. Parfois en réaction à l’incapacité des États à résoudre les tensions des sociétés et d’autres fois, face à la mise en danger de la démocratie. La difficulté du politique à exprimer les tensions d’une société est évidente en Turquie ou dans les pays arabes (la Tunisie) agités par la cohabitation entre laïcité et religion. Dans d’autres cas (Afrique du Sud, Inde, Brésil), l’État est impuissant à résoudre la question des inégalités, de la corruption, des infrastructures insuffisantes…. Pourtant élu, il y perd sa légitimité. Le processus électoral également, que les oligarchies proches du pouvoir ont souvent capté à leur avantage. Cela atteint un paroxysme en Thaïlande, où l’opposition refuse de participer aux élections, ou au Cambodge où les députés boycottent le parlement. La Tunisie rappelle aussi que les élections ne sont rien, sans une constitution préalable, capable d’exprimer et de stabiliser un contrat social. S’est aussi développée une « pathologie de la démocratie », comme la nomme Pierre Rosanvallon, à savoir le bonapartisme. C’est le cas en Russie ou en Turquie (et hier au Venezuela), qui sont devenus des régimes non seulement autoritaires, mais unanimistes, dans lesquels le chef de l’État dispose d’une popularité qui lui permet de se présenter comme l’incarnation d’un peuple. L’élection reste importante, mais elle s’apparente à un plébiscite. La presse et les partis politiques sont muselés parce qu’ils détruisent l’unanimisme de la société, les institutions sont affaiblies (elles résistent parfois avec succès, comme la Cour constitutionnelle colombienne à la tentative de seconde réélection d'Uribe), et les successions sont difficiles. Les agences de notation y semblent peu sensibles, mais en tant que prêteurs à long terme, nous n'aimons pas. Face à cet affaiblissement des pouvoirs s’est développée une culture de l’insurrection (elle aussi source d'inconfort pour le prêteur !). Elle rappelle le XIXe siècle français, autre époque, en Europe, de croissance mais aussi de questionnement sur le partage des gains de cette croissance. Auguste Blanqui nommait alors l’insurrection « un acte fondamental de souveraineté ». Aujourd’hui, les mouvements populaires s’appuient sur l’essor des classes moyennes et sur Internet. Les tentes sur les places d’Istanbul, de Kiev ou de Bangkok ont remplacé l’iconographie des barricades. Mais partout, c’est bien la démocratie qui est testée. Les faits marquants de la semaine Albanie : Les déséquilibres externes pèsent sur la croissance du PIB. Turquie : Une mauvaise gestion de la politique monétaire. Maroc : Réforme courageuse des subventions énergétiques. Chine : Ralentissement en perspective. Argentine : Vers des négociations avec le Club de Paris ? Études Économiques Groupe http://etudes-economiques.credit-agricole.com Edition du 24 janvier 2014 Europe centrale et orientale, Asie centrale Albanie – Les déséquilibres externes pèsent sur la croissance. L’Albanie accumule, depuis de très nombreuses années, des déficits élevés de la balance des paiements. Ceux-ci s’élèvent à 8,9% du PIB par an en moyenne sur la décennie 2000-2010 et à 10,7% par an entre 2011 et 2013. Ce déséquilibre macro-économique important induit un biais négatif sur la croissance du PIB, car les importations sont orientées principalement vers des biens de consommation (par ailleurs financés en devises fortes) et non pas pour améliorer le potentiel industriel et exportateur du pays. La croissance n’a donc cessé de se détériorer depuis une dizaine d’années, puisqu’elle est passée de 6% l’an entre 2004 à 2008 à 3% entre 2009 et 2011, puis à 1,6% en 2012. En 2013, elle devrait encore chuter légèrement à 1,4%, un chiffre médiocre pour un pays en phase de transition économique et dont le PIB par habitant s’élève à 8 400 € (en parité de pouvoir d’achat). Les analystes espèrent toutefois un léger rebond à 2,2% en 2014. a/a, % Albanie : PIB, industrie et constructiona/a, % 20% 8% 15% 7% 10% 6% 5% 5% 0% 4% -5% 3% -10% 2% -15% 1% -20% T2 08 T2 09 T2 10 T2 11 T2 12 Production indus. Construction 0% T2 13 PIB (éch. dr.) Source : Institut des statistiques d'Albanie, Crédit AgricoleSA Commentaire – Si l’Albanie reste une exception en Europe centrale (c’est le seul pays avec la Pologne a n’avoir connu aucune année de récession depuis la crise), un rebond à 2,2% en 2014 reste modeste. De plus, il ne se réalisera que si le regain d’activité en Europe du Sud se matérialise effectivement. Il faudra aussi que les réformes structurelles (lutte contre l’économie grise, déseuroïsation de l’économie, paiement par l’État de ses arriérés de paiement) soient mises en place et que l’assainissement du secteur bancaire, perclus de créances douteuses, s’accélère. Des défis nombreux qui nécessiteront un véritable volontarisme politique et s’étalera sur de nombreuses années. Chypre – La dette publique à 109% du PIB. La dette publique chypriote a progressé en un an de 15 à 18,4 Mds €. Elle s’établit désormais à 109% du PIB au troisième trimestre 2013 (84% au troisième trimestre 2012). Frappée par une crise bancaire et financière systémique sans précédent qui a vu la faillite de la deuxième banque du pays, la saisie d’une très grande partie des dépôts bancaires et la mise en place d’un contrôle des capitaux, Chypre devrait connaître une contraction de son PIB d’environ 6% en 2013, après une précédente récession de 2,4% en 2012. Un chiffre meilleur que les premières estimations évaluées à 10%. Cette année devrait également être une année de récession et la dette publique largement dépasser les 110% du PIB fin 2014. Plus rassurant, la fuite des dépôts dans les banques a cessé depuis fin 2013, ce qui laisse présager un assouplissement des mesures de contrôle des changes dans les mois à venir. Commentaire – L’île méditerranéenne intègre la liste des six pays de l’UE dont la dette publique dépasse désormais les 100% du PIB. Fin 2009, alors que la crise n’avait pas encore diffusé tous ses effets, seulement deux pays de l’UE dépassaient ce ratio. Pays baltes – Un projet ferroviaire de grande ampleur. Sous l’égide de l’UE, un important projet ferroviaire devrait bientôt voir le jour. Dénommé « Rail Baltica », il prévoit de relier la capitale de l’Estonie (Tallin) à Varsovie en passant par la capitale de la Lettonie (Riga). La capitale lituanienne (Vilnius), au sud du parcours, serait reliée par une section perpendiculaire. Le projet serait par la suite étendu à Berlin au sud et Helsinki au nord. Le projet est ancien (2007), et son parcours sera de 950 km. Les trains devraient rouler à 200 km/h. Il aura pour avantage de mettre l’écartement des voies aux normes européennes et de favoriser le transport des passagers et des marchandises par rail au détriment des routes, assez saturées. Le projet a été estimé à 3,6 Mds € et devrait être financé à 85% par l’UE, le solde par la BEI et la NIB. Il se heurte pour l’instant à des divergences entre pays sur le tracé (qui écarte Vilnius) et le financement. La Commission européenne fait pression sur les pays baltes pour en accélérer la réalisation. Commentaire – Outre un ancrage géographique plus étroit des pays baltes avec le cœur de l’UE, le projet devrait avoir des retombées économiques en termes d’optimisation des transports et le développement touristique. Il se heurte, pour l’instant, à la difficulté des pays baltes à dessiner un avenir régional commun, comme cela s’était illustré lors de l’abandon du projet de remplacement de la centrale nucléaire d’Ignalina en Lituanie à l’automne 2012. Serbie – Dégradation du rating par Fitch à B+. En abaissant d’un cran le rating de la Serbie, Fitch rejoint l’agence de notation Moody’s qui l’a noté B1 en juillet 2013. S&P reste un cran au-dessus à BB- (mais avait déjà en août 2012 abaissé sa notation d’un cran). Les raisons de la détérioration du risque sont connues : -2 - Edition du 24 janvier 2014 malgré certaines améliorations, le pays peine à corriger ses déséquilibres macro-économiques et notamment ses déficits jumeaux (budgétaire et courant) qui perdurent depuis de nombreuses années et ont provoqué une très forte hausse des dettes publiques et externes. Selon le gouvernement, la dette publique a atteint 61% du PIB fin 2013 (pour seulement 30% en 2007). Le déficit budgétaire inscrit dans le budget 2014 est évalué à 4,5% du PIB mais le ministère des Finances a annoncé qu’il pourrait aller jusqu’à 7%, en y intégrant les déficits des collectivités locales. Commentaire – Les réactions sur les marchés ont été modestes : le dinar ne s’est que très légèrement déprécié à 116 par euro. Serbie – Législatives de confort ? Selon un rapport récent cité par la presse, la Serbie s’acheminerait vers des élections législatives anticipées « de confort » en mars prochain. Le gouvernement, dirigé par une coalition entre le parti de droite « Serbian Progressive Party » et le PS, souhaiterait capitaliser sur les bons sondages d’opinion en sa faveur pour lancer, moins de deux ans après son accession au pouvoir, des élections lui permettant d’étendre son mandat à mars 2018. Commentaire – Cette stratégie est parfois dangereuse pour les partis au pouvoir, lorsque les déceptions de la population ne sont pas totalement reflétées dans les sondages. Dans le cas serbe, l’absence d’opposition très structurée, l’amélioration de l’économie et la baisse du chômage en 2013 pourrait effectivement permettre une réélection. Elle risque, toutefois, de provoquer une certaine lassitude de l’électorat serbe, dont le taux de participation aux élections est traditionnellement faible (il n’avait été que de 46% aux dernières élections présidentielles en 2012). Cette incertitude intervient alors que le pays débute les discussions d’adhésion à l’Union européenne, l’autorisant ainsi à percevoir les fonds de pré-accession versés par l’UE. Les responsables politiques ont annoncé avoir comme objectif l’année 2020 pour l’accession de la Serbie à l’UE. Turquie – Une mauvaise gestion de la politique monétaire. La Banque centrale n’a pas augmenté ses taux comme l’attendaient les marchés. En fait, sa politique est très difficile à comprendre, fondée sur une hausse discrétionnaire du taux overnight (uniquement certains jours, qualifiés de « jours extraordinaires »). La pression sur le change s’est donc accentuée, et les autorités monétaires ont été obligées d’intervenir directement sur les marchés. En parallèle, Erdogan poursuit sa purge massive dans la police (500 policiers licenciés) et la justice (100 juges remplacés), cherchant à liquider ce qu’il appelle « l’État dans l’État ». Commentaire : La Banque centrale est en train de perdre une crédibilité qui avait pourtant été patiemment construite depuis des années, précisément depuis la crise monétaire de 2001. Elle la perd à cause d’une politique peu lisible, mais surtout parce qu’elle donne l’impression d’être sous pression politique. C’est la question de son indépendance qui se pose aujourd’hui. Cette ambiance de défiance risque de la conduire à des interventions des plus en plus fréquentes, et donc, à une ponction dans les réserves de change. Pour l’instant, malheureusement, rien ne s’oppose donc à la montée des inquiétudes sur ce pays. Ukraine – Une mauvaise gestion de la politique monétaire. Yanoukovitch est en train de s’enfermer dans une impasse politique : s’il cède aujourd’hui, cela peut conduire le pays à des élections anticipées qu’il ne gagnera pas forcément (d’autant qu’il contrôle beaucoup moins l’oligarchie que Poutine en Russie). En revanche, s’il accentue la répression, l’Ukraine sera confrontée à de coûteuses sanctions américaines. Déjà cette semaine, des représentants de Chevron tenaient des propos très inquiétants sur les projets d’exploitation du gaz de schiste. En matière monétaire, la situation est à nouveau tendue, bien que l’argent russe (3 Mds USD déboursés et 15 Mds USD promis) ait éloigné les scénarii de risque les plus violents, que ce soit en matière de change ou de défaut souverain. La Banque centrale semble accepter une légère dépréciation (certaines hypothèses de marché portent la devise à 9 UAH contre dollar pour fin 2014). Commentaire : La situation est catastrophique à court terme et l’issue de la crise bien incertaine. Mais les conséquences à moyen terme se feront également sentir. Tout d’abord du côté des consommateurs, qui ne seront sans doute plus dans la même confiance en 2014. Or, c’est le principal moteur de la croissance, et cela peut nous amener à réviser à la baisse l’hypothèse d’une légère reprise l’année prochaine. Également, on peut craindre que certains investisseurs se méfient à présent de ce pays, possédant peu de visibilité politique d’ici les élections présidentielles de 2015. Moins d’investissements directs signifierait évidemment moins d’investissement (et c’est déjà le talon d’Achille de la croissance ukrainienne). Par ailleurs, cela pourrait aussi compliquer le financement d’un déficit courant qui sera sans doute encore de 7% du PIB l’année prochaine. Quelle que soit l’issue de cette crise politique, on peut donc également craindre son impact économique à moyen terme. -3 - Edition du 24 janvier 2014 Moyen-Orient Maroc – Réforme courageuse des subventions énergétiques. Le Maroc a annoncé avoir supprimé totalement les subventions publiques au prix du fuel et du gasoil. Une baisse importante des subventions au diesel, mais graduelles, est par ailleurs en cours. Le gouvernement ne touchera toutefois pas aux subventions alimentaires, ni au gaz de cuisson. % PIB Maroc : dette publique et budget 90 80 70 60 71,2 57,2 61,3 76,9 81,3 64,8 50 40 30 20 10 0 -10 -20 2009 Source : E.I.U. 2010 2011 2012 Solde budgétaire 2013 2014p Dette publique Commentaire – Nous avons, de notre côté, très probablement sous-estimé la forte volonté du gouvernement marocain de conserver la confiance du FMI, des marchés et des agences de notation en procédant à ces réformes courageuses… et hasardeuses. Le royaume avait jusque-là fait croître son déficit budgétaire jusqu’à -8% du PIB depuis 2012, principalement pour atténuer l’impact social de la crise économique mondiale. L’enveloppe dédiée aux subventions, qui avait atteint plus de 5 milliards d’euros en 2012, a été budgété à 3 milliards d’euros pour 2014. Cette décision pourrait avoir des effets négatifs sur une économie en convalescence et qui attend un rebond économique en Europe depuis cinq ans… Mais en attendant, les marchés salueront cette décision qui crédibilise les annonces ambitieuses d’objectifs de réduction de déficit du gouvernement marocain. Iran – La main tendue du président aux compagnies occidentales. Alors que l’accord intérimaire sur le nucléaire iranien entrait en vigueur cette semaine – les principales sanctions ne sont pas levées – le président iranien Rouhani a affirmé à Davos que la priorité de son gouvernement était une interaction constructive avec le monde. Le président iranien a profité du déplacement pour s’entretenir avec les dirigeants des principales compagnies pétrolières qu’il invite à s’intéresser aux opportunités d’affaires en Iran. L’Iran leur proposera en septembre prochain de nouveaux types d’incitations financières. Commentaire – Les États-Unis mettent toutefois en garde les entreprises privées désireuses de renouer avec l’Iran qui n’est pas « open for business ». E.A.U. – Les banques récalcitrantes à annuler des dettes. Les E.A.U. ont mis sur pied en 2012 un fonds d’indemnisation de 2,7 milliards USD qui doit servir de compensation aux banques. Ces dernières sont, en effet, invitées à effacer la dette de 6 000 citoyens émiratis qui se sont surendettés (principalement entre 2003 et 2008) en échange du remboursement de 50% de la créance par le fonds public. À ce jour, seuls 2 700 d’entre eux ont vu leur dette annulée et le responsable du fonds public menace de faire dévoiler par la Banque centrale le nom des banques récalcitrantes. Le gouvernement pourrait, selon lui, ne plus entretenir de relations avec ces dernières. Commentaire – La stabilité politique et sociale et les ressources des émiratis ont toujours été la priorité de l’Émirat. On en a eu l’illustration lors de la crise de 2009 où l’Émirat garantissait d’un côté les dépôts bancaires, alors qu’il imposait aux créanciers étrangers des annulations ou restructurations de dettes. Arabie saoudite – Le royaume aurait doublé le nombre de Saoudiens travaillant dans le secteur privé. Ils seraient aujourd’hui 1,5 million de Saoudiens employés dans le secteur privé aujourd’hui, soit le double de l’évaluation de 2010. Ils représenteraient ainsi près de 14% de la population active du secteur privé saoudien. Commentaire – Avec une démographie galopante, le système de rente saoudien sera rapidement insoutenable et le royaume pourrait connaître à nouveau des déficits budgétaires à moyen terme. Certains économistes estiment à près de 14 millions le nombre de Saoudiens inactifs et qui ne recherchent pas activement un travail dans le secteur privé, un défi économique, culturel et politique de taille. -4 - Edition du 24 janvier 2014 Afrique sub-saharienne Afrique du Sud – Premières grèves de l’année dans les mines de platine. Les trois premiers producteurs mondiaux de platine, à savoir, Lonmin, Implat et Amplats ont reçu un préavis de grève de la part du syndicat sud-africain AMCU (Association of Mineworkers and Construction Union). Ce dernier revendique pour ses adhérents une augmentation du salaire à 12 500 rands (1 200 USD), ce que les dirigeants estiment être une demande irréaliste, à laquelle ils ne peuvent répondre favorablement. La grève devrait débuter ce jeudi 23 janvier. Commentaire – L’AMCU, qui était à l’origine des grèves qui avaient dégénérées en violence en 2012, a décidé de récidiver. De plus, les conséquences pourraient encore une fois être très lourdes pour l’économie sud-africaine, puisque le syndicat représente aujourd’hui plus de 60% des employés travaillant dans les mines de platine. La production sud-africaine des trois entreprises représente, à elle seule, la moitié de la production mondiale. Le syndicat entend donc bien tirer parti de cet état de fait, afin de faire passer ses revendications salariales. Pour rappel, des grèves similaires, mais d’une ampleur moindre, avait impacté la croissance de l’Afrique du Sud en 2012 et au troisième trimestre de 2013. L’année 2014 connaîtra donc des phénomènes analogues. Le niveau de salaire et les conditions de travail dans les mines sont un sujet que le gouvernement sud-africain doit s’efforcer de prendre en main, sous peine de voir s’exacerber les tensions sociales qui sont déjà très fortes. En effet, le taux de chômage approche les 25% et une large partie de la population connaît de grosses difficultés financières (impayés sur les loyers et les prêts). En cette année d’élections générales, le risque (socio)-politique augmente et les crispations sociales qui traversent la population sud-africaine sont donc à surveiller avec une extrême vigilance. Madagascar – Hery Rajaonarimamapianina déclaré nouveau président de la République de Madagascar. Le 17 janvier, la Cour Électorale Spéciale (CES) a annoncé la victoire définitive aux élections présidentielles de Hery Rajaonarimamapianina, l’exministre des Finances sous le gouvernement de transition de Andry Rajoelina. La passation de pouvoir entre ce dernier et le nouveau président aura lieu vendredi et sera suivie samedi par la cérémonie d’investiture. Jean-Louis Robinson, le candidat malheureux et protégé de Marc Ravalomanana (l’ex-président chassé par le coup d’état de 2009 et aujourd’hui en exil), réfute les conclusions de la CES et refuse de reconnaître sa défaite. Il a d’ores et déjà lancé un appel à la communauté internationale pour un nouveau décompte des bulletins. Il a également encouragé ses partisans à créer des « comités de protection de choix du peuple », sans pour autant préciser quelles pourraient être les actions de tels regroupements. Il a toutefois précisé qu’il n’était pas question d’engager des manifestations. Commentaire – Alors qu’il avait, dans un premier temps, affirmé qu’il se plierait à la décision de la CES, on voit aujourd’hui que Jean-Louis Robinson compte bien utiliser tous les recours légaux, afin de faire invalider l’élection d’Hery Rajaonarimamapianina. Toutefois, ses chances d’y parvenir sont infimes : la majorité de la communauté internationale a déjà salué la décision de la CES. La probabilité de violences est également très faible, puisque ce dernier ne semble pas vouloir faire emprunter cette pente dangereuse à ses partisans. L’enjeu politique du moment à Madagascar s’est donc déplacé des résultats des présidentielles à ceux des législatives. En effet, les résultats provisoires donnent le MAPAR, le mouvement de soutien à Andry Rajoelina, en tête du scrutin. Or, c’est le groupe parlementaire majoritaire qui doit, selon la Constitution, proposer un Premier ministre qui sera ensuite nommé par le président de la République. Andry Rajoelina a déjà fait savoir qu’il serait prêt à endosser cette responsabilité ; mais le MAPAR, même si ses intentions sont assez prévisibles, ne s’est pas encore prononcé, et attend la proclamation des résultats définitifs. Même s’il est encore difficile de le prédire avec certitude, on peut penser qu’un scénario « à la Poutine », selon lequel Rajoelina resterait chef du gouvernement en étant nommé Premier ministre, est fort probable. Cela pourrait d’ailleurs exacerber certaines frustrations et nourrir un esprit de revanche au sein de la mouvance Ravalomanana, qui supportait le candidat Jean-Louis Robinson. Malgré cela, la mise en place d’un gouvernement, suite à la nomination du Premier ministre marquera probablement le retour à l’ordre constitutionnel, la fin de la crise politique et pourrait donc représenter une véritable embellie des perspectives économiques. Ouganda – S&P dégrade la note de long-terme du souverain de B+ à B, outlook stable. Le 17 janvier, l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la note de long-terme de l’Ouganda à B-. L’agence invoque notamment la détérioration des finances publiques, et prévoit un déficit budgétaire de 6,9% du PIB en 2014, contre 3,8% en 2013. En cause, la moindre augmentation des revenus de l’État, des dépenses publiques qui devraient croître considérablement et la suspension de la quasi-totalité de l’aide internationale depuis fin 2012, suite à des affaires de détournement de fonds touchant certains membres du gouvernement. -5 - Edition du 24 janvier 2014 % 35 Ouganda : finances publiques 30 % 0,0 -1,0 25 20 -2,0 15 -3,0 10 -4,0 5 0 -5,0 2008 2009 Source : EIU, Crédit Agricole S.A. 2010 2011 2012 2013 2014e Dette publique/PIB Solde Budgétaire/PIB (éch. dr.) Commentaire – Après avoir connu un rythme de croissance du PIB avoisinant 7% entre 2007 et 2011, l’économie ougandaise a connu une baisse de régime en 2012, principalement due à un resserrement de sa politique budgétaire et monétaire. L’objectif des autorités était alors d’enrayer le phénomène d’inflation qui touchait l’économie (27% a/a fin de période en 2011). Ainsi, la croissance s’élevait à 2,8% en 2012, son plus bas niveau depuis vingt ans, et le niveau d’inflation était de 5,2% a/a, fin de période. Ce retour à un niveau d’inflation plus raisonnable a encouragé une reprise de la croissance en 2013, estimée aujourd’hui à 5,6%. Cette dernière a notamment été portée par la consommation privée et l’investissement, tandis que les dépenses publiques n’ont quasiment pas contribué à la croissance. La dégradation annoncée par Standard and Poor’s repose principalement sur la diminution de l’aide internationale et la détérioration anticipée du solde budgétaire du fait d’investissements publics massifs dans le secteur de l’énergie qui devraient intervenir courant 2014. Sur le plan des échanges avec l’extérieur, l’Ouganda accuse un déficit courant de 12% qui devrait légèrement augmenter à court terme. Cela s’explique par un déficit commercial conséquent (importations massives à des fins d’exploration et d’exploitation des différents champs pétroliers découverts en 2008). Ces dernières ne sont qu’en partie couvertes par des entrées croissantes d’IDE. En effet, la balance courante est principalement financée par de l’endettement externe. Du reste, les perspectives de croissances sont positives (un retour à 7% dès 2015) et l’inflation a été maîtrisée. Les réserves de changes sont importantes (plus de huit mois d’importations en 2013) et la dette publique est faible (32% du PIB). Si à court terme, des pressions risquent de se faire sentir sur les déficits (budgétaires et courants), les investissements publics en infrastructures et le développement du secteur pétrolier devraient dynamiser la croissance, et générer à long terme des revenus plus substantiels pour l’État. Asie Chine – Ralentissement en perspective. Les ventes au détail ont augmenté de 13,6% a/a en décembre, comparé à une hausse de 13,7% le mois précédent ; la production industrielle de 9,7%, comparé à 10% ; l’investissement de 19,6%, comparé à 19,9%. dernier, tandis que celle des nouvelles mises en chantier s’est accélérée de 11,5% à 13,5% et celle de l’investissement dans le secteur est passée de 19,5% à 19,8%. Chine : immobilier a/a, % Chine : activité économique 80 40 a/a, % cum., a/a, % 12 60 35 8 30 40 25 4 20 20 15 5 0 janv.-09 Source : NBS 0 0 10 -20 janv.-09 janv.-10 janv.-11 janv.-12 janv.-13 janv.-14 ventes de biens de conso. (nom.) production indus. (vol.) investisst urbain (cumul, nom.) Parallèlement, la progression des ventes immobilières a ralenti de 20,8% (en novembre) à 17,3% le mois janv.-10 Source : NBS -4 janv.-11 janv.-12 janv.-13 janv.-14 investissement (CNY courant) superficies vendues (m²) nouvelles constructions (m²) prix (moy. 18 premières villes) (éch. dr.) De sorte que l’activité économique est restée relativement stable dans l’ensemble en décembre ; l’immobilier et la construction sont des vecteurs de croissan- -6 - Edition du 24 janvier 2014 ce de premier ordre (en raison de leur poids propre dans l’économie, mais aussi de leurs liens avec de nombreux autres secteurs). De sorte que le PIB a augmenté de 7,7% au quatrième trimestre (2013), presque aussi rapidement qu’au trimestre précédent (lorsqu’il avait progressé de 7,8%). De sorte que sur l’ensemble de l’année passée, la croissance s’est maintenue à son niveau de 2012, à 7,7%. taux interbancaire (shibor à sept jours) depuis un an ; d’où le ralentissement assez net de la croissance des financements totaux à l’économie depuis le milieu d’année dernière. Chine : shibor (7 jours) 12 10 Commentaire – Deux points sur ces chiffres. La dynamique de l’investissement et celle de la consommation semblent esquisser un début de convergence. Toutefois, ce mouvement doit encore se préciser et s’inscrire dans la durée avant de pouvoir évoquer (l’amorce d’)un rééquilibrage de la croissance sur la consommation ; pour l’heure, l’activité économique continue de reposer largement plus sur l’investissement. Le second, le décalage croissant entre les secteurs industriels traditionnels, en perte de vitesse (même si de façon modeste et graduelle), et l’immobilier et la construction, en pleine forme ou presque. Certes, il doit se lire dans le cadre de la politique d’urbanisation de Pékin et à lumière des mesures prises ces derniers mois pour accélérer la construction de logements sociaux et ainsi contenir/contrer la hausse des prix de l’immobilier (dont la trajectoire a d’ailleurs marqué une inflexion en décembre ; aussi en raison du ralentissement des ventes). Mais ce décalage rappelle aussi la nature déséquilibrée de la croissance chinoise et le risque inhérent de forte instabilité (de cette croissance)… Chine : financements à l'économie 100 80 cum. 12 m, a/a, % 60 20 0 -20 Source : PBC 6 4 2 0 janv.-13 avr.-13 Source : PBoC juil.-13 oct.-13 janv.-14 Cette politique que mène la PBoC est plutôt bienvenue. Mais elle va pousser la croissance à la baisse (le Crédit Agricole l’anticipe à 7,2% cette année) ; bien que ce ralentissement est inévitable à court/moyen terme, déjà inscrit dans la baisse de de l’efficacité de l’investissement (hausse du ratio ICOR au cours du passé récent), à moins de consentir à une augmentation toujours plus rapide de l’endettement, une fuite en avant assurée vers une profonde crise. Ce pourrait donc être un moindre mal ; sauf que les autorités monétaires n’ont pas une parfaite visibilité sur tout et ne sont pas à l’abri d’une erreur, une restriction trop marquée de la liquidité par exemple, qui pourrait provoquer une vague de défauts et un atterrissage brutal de l’économie. À suivre… Chine – Obligation de donner son vrai nom pour télécharger des vidéos sur Internet. 40 -40 janv.-10 8 janv.-11 janv.-12 financements totaux janv.-13 janv.-14 nouveaux crédits Surtout lorsque les agents économiques sont lourdement endettés (principalement les entreprises et les collectivités locales, les ménages l’étant au contraire assez modestement) et que la Banque centrale (PBoC) entend bien freiner l’accumulation de dette ; notamment en resserrant sa politique monétaire, en renforçant le contrôle et la supervision du shadow banking et en encadrant plus sévèrement le financement des collectivités locales et de leurs véhicules d’investissement (dont la dette est passée de 27% du PIB fin 2010 à 33% du PIB en milieu d’année dernière). D’où la hausse tendancielle du Commentaire – Officiellement, cette mesure vise à « empêcher la vulgarité, les formes basiques d'art, la violence exagérée et le sexe présents dans les vidéos sur Internet d’avoir un effet négatif sur la société ». Mais elle est en droite ligne avec l’action menée par Pékin depuis plusieurs mois pour contrôler Internet et les médias et ainsi empêcher toute critique à l’encontre des dirigeants et du Parti. Ce geste témoigne une fois de plus la rigidification en cours du pouvoir. Est-ce, comme certains observateurs l’affirment, pour mener plus aisément ensuite des réformes économiques en profondeur, avec pour ligne directrice plus de marché, donc plus d’ouverture et de libéralisation ? Cela reste à vérifier, sachant qu’en avançant de la sorte, les dirigeants chinois pourraient être assez rapidement confrontés à une contradiction difficile à dépasser sans faire marche arrière (ou tout au moins cesser d’avancer) dans une direction (durcissement du régime) ou dans l’autre (libéralisation économique)… -7 - Edition du 24 janvier 2014 Inde – Réformes en vue au sein de la Banque centrale (RBI). Le panel d’experts nommé par le gouverneur de la RBI, afin de plancher sur les moyens d’améliorer la transparence de l’institution et l’efficacité de sa politique monétaire, vient de livrer ses conclusions. En substance, le contrôle des prix comme principal objectif (il est aujourd’hui d’égale importance avec la croissance et la stabilité financière), une inflation cible à 4% (avec une marge de plus ou moins 2%), l’adoption de l’indice des prix à la consommation (plutôt que celui des prix de gros) comme indice de référence et la création d’un comité pour décider de la politique monétaire (bien que conseillé, le gouverneur est aujourd’hui seul à prendre les décisions en la matière). Commentaire – En toute vraisemblance, ces changements devraient être acceptés sans grande difficulté. Ils sont susceptibles d’être favorables à terme en renforçant la crédibilité de la Banque centrale et sa capacité à contrôler l’inflation. Mais la plupart des observateurs s’accordent à dire qu’à court terme, ils pourraient s’accompagner d’une politique monétaire plus (longtemps) restrictive et donc avoir un impact négatif sur l’activité économie (à un moment où l’économie indienne peine à repartir ; cf. Perspectives Émergents du 18 janvier 2014). Le fait est que l’indice des prix à la consommation a augmenté de 9,87% a/a en décembre dernier, comparé à une hausse de 6,16% pour celui des prix de gros. Vietnam – Outlook positif de Fitch. Dans les grandes lignes, ce geste est motivé par l’amélioration de la stabilité macroéconomique et la consolidation des comptes externes au cours du passé récent. L’agence de notation évoque toutefois la fragilité persistante du secteur bancaire. (cf. Perspectives Émergents du 29 novembre 2013). Amérique latine Commentaire – Cette proposition de négociations fait suite à plusieurs tentatives de l’Argentine de normaliser sa situation après son défaut en 2002 et de regagner la confiance des investisseurs. Ce revirement s’explique surtout par la diminution continue des réserves de change (29,8 Mds USD fin 2013) et donc la recherche de sources de financement alternatives aux seules exportations. Toutefois, en l’absence d’un soutien du FMI (qui exigerait des réformes difficilement acceptables pour le gouvernement argentin), il nous semble peu probable que les membres du Club de Paris accordent leur confiance à l’Argentine. Brésil – Légère baisse des créations d’emplois en 2013. En 2013, 730 680 emplois formels ont été créés au Brésil. C’est moins qu’en 2012 (environ 868 000 emplois créés) et c’est le chiffre le plus bas depuis 2003. La plus grande baisse dans la création d’emplois a eu lieu dans le secteur des services (409 000 en 2013, contre 501 000 en 2012) et la construction (53 000 en 2013, contre 71 000 en 2012). % Argentine – Négociations avec le Club de Paris. Le ministre de l’Économie argentin, Axel Kicillof, et Hernán Lorenzino, chargé de la restructuration de la dette, ont proposé cette semaine un accord de restructuration de la dette détenue par les membres du Club de Paris (d’un montant de 9,5 Mds USD). L’Argentine espère pouvoir rembourser une partie de la dette avec des obligations d’État et attend de ces négociations que les intérêts et pénalités (d’un montant de près de 4 Mds USD) soient supprimés. La proposition sera discutée dans les prochains jours. Brésil : taux de chômage (6 principales zones urbaines) 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 2007 2008 2009 2010 Source : IBGE, Crédit Agricole SA 2011 2012 2013 Commentaire – Le niveau du chômage reste très faible, à 4,6% en novembre 2013. Le ralentissement de la création d’emplois n’est pas étonnant après trois années consécutives de croissance médiocre. Le marché du travail brésilien reste toutefois très tendu. Équateur – Mesures de restriction des importations. Le gouvernement équatorien a annoncé la mise en place de mesures visant à limiter les importations, dans l’objectif de diminuer le déficit commercial. Ces mesures devraient être accompagnées d’un plan de substitution des importations via le soutien aux industries nationales. Le gouvernement pense diminuer le déficit commercial d’un montant d’environ 800 millions USD grâce à cette mesure. -8 - Edition du 24 janvier 2014 Cum. 1a, Mds USD Équateur : balance des biens & services 5 4 3 2 1 0 -1 Mexique – Vers une pacification dans la zone de Tierra Caliente ? Le gouvernement mexicain a finalement réagi face à l’explosion des violences dans les régions de Michoacán et Guerrero. Environ 9 000 policiers fédéraux et militaires ont été envoyés pour reprendre le contrôle des villes « occupées » par les groupes d’auto-défense et les narcotrafiquants. Le gouvernement a annoncé que sa stratégie était la non-confrontation tout en désignant 26 membres du cartel des « Chevaliers du Temple » (cf. Perspectives Émergents du 17 janvier 2014) comme cibles spécifiques. -2 2006 2008 2010 bal. commerciale (biens) 2012 bal. des services Source : Banco Central del Ecuador, CASA Commentaire – Ce n’est pas la première fois que le président équatorien met en place des restrictions à l’importation, mais l’impact positif sur le déficit est relativement limité. En effet, le déficit commercial s’est creusé ces cinq dernières années principalement en raison d’une diminution des exportations de pétrole et d’une augmentation des importations de dérivés pétroliers. Par ailleurs, le déficit commercial est plus important pour les services que pour les biens. Or, le président Rafael Correa a précisé que les restrictions viseraient principalement les produits importés qui peuvent être « nuisibles » pour les équatoriens, c’est-à-dire certains produits alimentaires, des biens qui contiennent des produits nocifs (jeux pour enfants, par exemple). Ce type de mesure a déjà été expérimenté en Argentine. L'impact immédiat sur les importations y a été réel, mais les avantages semblent largement dépassés par les inconvénients : apparitions de pénuries, et surtout perturbations de l'activité économique. Commentaire – Depuis l’arrivée au pouvoir d’Enrique Peña Nieto il y a un an, aucune politique de sécurité n’a été clairement définie. La position du gouvernement a même été ambiguë face à l’émergence de groupes d’auto-défense armés : aucune condamnation ferme, mais au contraire, il a laissé entendre que ces groupes pourraient jouer un rôle positif avant de finalement les désarmer. Il a fallu attendre que la situation devienne extrêmement confuse pour voir une réaction de la part du gouvernement, ce qui donne l’impression d’une grande improvisation en matière de sécurité et confirme la faiblesse (le désintérêt ?) de l’État mexicain dans certaines régions. La réticence de la part de l’actuel gouvernement à définir une politique claire en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants est aussi le contrecoup de l’échec de l’ancien président Felipe Calderón dans ce domaine. La « guerre » contre le narcotrafic lancée par l’ancien gouvernement a eu pour principales conséquences une très forte augmentation des niveaux de violence et du taux d’homicides. Enrique Peña Nieto ne veut surtout pas suivre la même stratégie qui a coûté à Felipe Calderón sa popularité ; mais il n'a jusqu'ici proposé aucune alternative. -9 - Edition du 24 janvier 2014 Agriculture & agro-industrie Brésil – Le taux de déforestation repart à la hausse. Le Brésil a reconnu en novembre une augmentation de 28% du rythme de la déforestation entre 2012 et 2013, celui-ci atteignant près de 0,6 M ha en 2013. Il s'agit principalement de défrichements pour l'agrandissement d'exploitations agricoles, ou aux alentours des grandes infrastructures de transport et des nouveaux barrages en construction en Amazonie. Commentaire – Le rythme de la déforestation avait beaucoup diminué, depuis son plus haut en 2004 où 2,7 M ha ont été défrichés en un an. La présente recrudescence est attribuée à l'influence du prix élevé des produits agricoles (soja particulièrement, maïs) et à un assouplissement récent de la réglementation. L'objectif du gouvernement brésilien reste de mettre fin à la déforestation. Indonésie – Condamnation pour déboisement d'une société de plantations de palmiers à huile. Kallista Alam a été condamnée début janvier à verser un total de 22 M €, suite à une plainte du ministère de l'Environnement. La société été reconnue coupable d'avoir brûlé 1 000 ha de tourbières dans la province d'Aceh, dans une zone protégée par diverses dispositions en raison de sa biodiversité (notamment en orang-outangs). La société s'est réservé la possibilité de faire appel. Commentaire – L'extension des palmeraies à huile (croissance de la production indonésienne, soit plus de la moitié de la production mondiale, de 9%/an) est un des moteurs de la déforestation. Ce récent verdict est considéré comme historique. La déforestation en Indonésie a diminué depuis 2000 et à nouveau depuis 2006. Elle se situe à peu près au même niveau que celle prévalant au Brésil (0,5 M ha/an) mais les surfaces forestières du pays sont bien plus limitées, ce qui fait que le taux atteint 0,5 % par an. - 10 - Edition du 24 janvier 2014 Scénario économique du Groupe Crédit Agricole S.A. Date de MAJ : 21/01/2014 Etats-Unis Japon Zone euro Asie Chine Hong Kong Inde Indonésie Corée Malaisie Philippines Singapour Taiw an Thaïlande Vietnam Am érique latine Argentine Brésil Mexique Europe - ém ergents République tchèque Hongrie Pologne Russie Roum anie Turquie Afrique & Moyen-Orient Algérie Egypte Kow eït Liban Maroc Qatar Arabie saoudite Afrique du Sud Em irats arabes unis Tunisie Total Pays industrialisés Pays ém ergents PIB (a/a, %) 2013 1,8 2,0 -0,4 5,9 7,7 2,9 4,2 5,8 2,8 5,4 6,7 3,0 2,4 2,9 5,3 2,3 4,0 2,4 1,4 2,0 -1,5 0,9 1,5 1,8 2,8 4,0 3,0 3,0 2,1 2,7 1,3 4,0 5,5 3,7 1,8 4,3 2,8 2,7 1,1 4,6 2014 2,7 2,0 1,0 5,9 7,2 3,5 5,0 5,2 3,6 4,8 5,7 3,8 3,0 4,0 5,7 2,4 3,0 1,8 3,1 2,6 1,6 2,2 2,8 2,8 2,9 2,4 3,5 3,6 2,0 3,1 2,6 4,1 5,5 4,5 2,9 4,5 3,0 3,3 2,0 4,7 Balance courante (en % du PIB) 2013 2014 2015 -2,2 -2,0 -2,0 0,3 0,8 1,0 1,3 2,5 2,7 1,4 0,7 0,6 2,2 1,4 1,1 2,0 2,8 3,0 -3,2 -4,5 -4,0 -4,2 -5,3 -4,4 4,7 4,8 4,8 4,4 2,1 0,6 4,1 2,8 2,1 16,0 18,0 18,0 11,0 10,0 10,0 -1,1 0,4 1,0 2,2 -0,3 -2,5 -2,3 -2,1 -2,1 -0,8 -1,0 -1,2 -3,2 -2,8 -2,8 -1,5 -1,6 -1,6 -0,4 -0,8 -1,4 -1,8 -2,4 -2,8 2,6 2,0 0,5 -1,5 -2,3 -3,1 2,6 2,0 1,5 -1,1 -1,9 -2,8 -6,9 -6,0 -6,5 6,3 4,5 3,8 3,2 1,1 1,7 -2,4 -2,4 -2,1 40,2 37,8 36,5 -9,1 -7,9 -6,4 -9,1 -8,0 -6,5 23,5 17,5 14,0 18,0 13,0 11,0 -5,5 -5,0 -5,5 13,1 10,5 8,5 -9,7 -9,0 -8,8 0,1 0,1 0,1 -0,7 -0,1 0,0 1,1 0,4 0,2 Inflation (a/a, %) 2015 2,8 1,1 1,2 5,9 6,8 3,6 5,5 5,8 3,9 4,8 7,3 3,9 3,3 4,6 6,0 2,6 1,8 2,2 3,5 2,9 2,2 2,4 3,4 2,5 3,3 3,5 4,1 3,1 3,3 4,0 4,4 4,7 5,3 4,9 3,4 4,9 4,2 3,3 2,1 4,8 2013 1,5 0,7 1,4 3,6 2,7 4,3 6,3 7,0 1,7 2,1 3,1 2,4 0,8 2,4 6,6 7,9 27,0 5,9 3,4 5,1 1,4 1,7 0,9 6,7 4,0 6,5 5,0 3,9 9,4 3,1 6,7 2,1 3,7 3,7 5,5 1,3 6,1 2,8 1,4 4,5 2014 1,6 3,1 1,1 4,4 3,5 4,5 7,3 7,3 3,0 2,5 4,0 3,2 1,5 3,0 7,2 7,7 24,0 6,3 3,5 4,9 1,3 2,2 1,3 6,0 3,0 7,0 5,1 4,1 9,2 3,5 7,5 2,5 4,4 3,5 5,7 2,5 5,5 3,2 1,7 5,0 2015 1,9 1,7 1,5 4,3 3,8 4,5 6,3 5,7 3,0 2,2 3,2 3,3 2,8 3,2 6,8 6,6 17,0 6,2 3,1 5,1 1,8 3,0 2,6 6,0 3,3 7,0 5,3 4,3 9,2 3,9 6,2 2,9 4,8 4,5 5,5 2,7 4,5 3,2 1,8 4,8 Notes: (1) Royaume-Uni : HICP ; Inde : prix de gros ; Chine, index prix de détail ; Brésil : IPCA, Afrique du Sud : CPI-X (2) Inde : fin de l'année fiscale en mars. Achevé de rédiger le 24 janvier 2014 Études Économiques Groupe – Crédit Agricole S.A. 12, place des États-Unis – 92127 Montrouge Cedex Directeur de la publication : Isabelle JOB-BAZILLE Rédacteur en chef : Jean-Louis MARTIN Réalisation et Secrétariat de rédaction : Fabienne PESTY Europe centrale et orientale, Asie centrale : Tania SOLLOGOUB - [email protected] – Olivier LE CABELLEC - [email protected] Moyen-Orient Riadh EL-HAFDHI - [email protected] Asie : Sylvain LACLIAS - [email protected] Afrique : Madine BA - [email protected] Amérique latine : Jean-Louis MARTIN - [email protected] – Céline RIPOLL - [email protected] Pétrole et gaz : Stéphane FERDRIN - [email protected] Agriculture & agro-business : Catherine MOLLIERE – [email protected] Documentation : Elisabeth SERREAU – Delphine CHARLEROI Contact : [email protected] Consultez les Études Économiques et abonnez-vous gratuitement à nos publications sur : Internet : http://etudes-economiques.credit-agricole.com iPad : application Etudes ECO disponible sur l’App store Cette publication reflète l’opinion de Crédit Agricole S.A. à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informatif. Ni l’information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole S.A. ou de l’une de ses filiales ou d’une Caisse Régionale. Crédit Agricole S.A. ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité de ces opinions comme des sources d’informations à partir desquelles elles ont été obtenues, bien que ces sources d’informations soient réputées fiables. Ni Crédit Agricole S.A., ni une de ses filiales ou une Caisse Régionale, ne sauraient donc engager sa responsabilité au titre de la divulgation ou de l’utilisation des informations contenues dans cette publication. - 11 -
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