Edition du xx xxxx 2013

Hebdomadaire – N°2014/03 – 24 janvier 2014
L'actualité des pays émergents
Éditorial – La tentation de l’insurrection
Depuis les printemps arabes, l’insurrection est devenue une pratique politique. Parfois en réaction à
l’incapacité des États à résoudre les tensions des sociétés et d’autres fois, face à la mise en danger de la
démocratie.
La difficulté du politique à exprimer les tensions d’une société est évidente en Turquie ou dans les pays
arabes (la Tunisie) agités par la cohabitation entre laïcité et religion. Dans d’autres cas (Afrique du Sud,
Inde, Brésil), l’État est impuissant à résoudre la question des inégalités, de la corruption, des
infrastructures insuffisantes…. Pourtant élu, il y perd sa légitimité. Le processus électoral également, que
les oligarchies proches du pouvoir ont souvent capté à leur avantage. Cela atteint un paroxysme en
Thaïlande, où l’opposition refuse de participer aux élections, ou au Cambodge où les députés boycottent
le parlement. La Tunisie rappelle aussi que les élections ne sont rien, sans une constitution préalable,
capable d’exprimer et de stabiliser un contrat social.
S’est aussi développée une « pathologie de la démocratie », comme la nomme Pierre Rosanvallon, à
savoir le bonapartisme. C’est le cas en Russie ou en Turquie (et hier au Venezuela), qui sont devenus des
régimes non seulement autoritaires, mais unanimistes, dans lesquels le chef de l’État dispose d’une
popularité qui lui permet de se présenter comme l’incarnation d’un peuple. L’élection reste importante,
mais elle s’apparente à un plébiscite. La presse et les partis politiques sont muselés parce qu’ils
détruisent l’unanimisme de la société, les institutions sont affaiblies (elles résistent parfois avec succès,
comme la Cour constitutionnelle colombienne à la tentative de seconde réélection d'Uribe), et les
successions sont difficiles. Les agences de notation y semblent peu sensibles, mais en tant que prêteurs
à long terme, nous n'aimons pas.
Face à cet affaiblissement des pouvoirs s’est développée une culture de l’insurrection (elle aussi source
d'inconfort pour le prêteur !). Elle rappelle le XIXe siècle français, autre époque, en Europe, de
croissance mais aussi de questionnement sur le partage des gains de cette croissance. Auguste Blanqui
nommait alors l’insurrection « un acte fondamental de souveraineté ». Aujourd’hui, les mouvements
populaires s’appuient sur l’essor des classes moyennes et sur Internet. Les tentes sur les places
d’Istanbul, de Kiev ou de Bangkok ont remplacé l’iconographie des barricades. Mais partout, c’est bien la
démocratie qui est testée.
Les faits marquants de la semaine

Albanie : Les déséquilibres externes pèsent sur la croissance du PIB.

Turquie : Une mauvaise gestion de la politique monétaire.

Maroc : Réforme courageuse des subventions énergétiques.

Chine : Ralentissement en perspective.

Argentine : Vers des négociations avec le Club de Paris ?
Études Économiques Groupe
http://etudes-economiques.credit-agricole.com
Edition du 24 janvier 2014
Europe centrale et orientale, Asie centrale
Albanie – Les déséquilibres externes pèsent sur la
croissance. L’Albanie accumule, depuis de très nombreuses années, des déficits élevés de la balance des
paiements. Ceux-ci s’élèvent à 8,9% du PIB par an en
moyenne sur la décennie 2000-2010 et à 10,7% par
an entre 2011 et 2013. Ce déséquilibre macro-économique important induit un biais négatif sur la
croissance du PIB, car les importations sont orientées
principalement vers des biens de consommation (par
ailleurs financés en devises fortes) et non pas pour
améliorer le potentiel industriel et exportateur du pays.
La croissance n’a donc cessé de se détériorer depuis
une dizaine d’années, puisqu’elle est passée de 6%
l’an entre 2004 à 2008 à 3% entre 2009 et 2011, puis
à 1,6% en 2012. En 2013, elle devrait encore chuter
légèrement à 1,4%, un chiffre médiocre pour un pays
en phase de transition économique et dont le PIB par
habitant s’élève à 8 400 € (en parité de pouvoir
d’achat). Les analystes espèrent toutefois un léger
rebond à 2,2% en 2014.
a/a, %
Albanie : PIB, industrie et constructiona/a, %
20%
8%
15%
7%
10%
6%
5%
5%
0%
4%
-5%
3%
-10%
2%
-15%
1%
-20%
T2 08
T2 09
T2 10
T2 11
T2 12
Production indus.
Construction
0%
T2 13
PIB (éch. dr.)
Source : Institut des statistiques d'Albanie,
Crédit AgricoleSA
 Commentaire – Si l’Albanie reste une exception
en Europe centrale (c’est le seul pays avec la
Pologne a n’avoir connu aucune année de récession
depuis la crise), un rebond à 2,2% en 2014 reste
modeste. De plus, il ne se réalisera que si le regain
d’activité en Europe du Sud se matérialise effectivement. Il faudra aussi que les réformes structurelles
(lutte contre l’économie grise, déseuroïsation de
l’économie, paiement par l’État de ses arriérés de
paiement) soient mises en place et que l’assainissement du secteur bancaire, perclus de créances
douteuses, s’accélère. Des défis nombreux qui
nécessiteront un véritable volontarisme politique et
s’étalera sur de nombreuses années.
Chypre – La dette publique à 109% du PIB. La
dette publique chypriote a progressé en un an de 15 à
18,4 Mds €. Elle s’établit désormais à 109% du PIB au
troisième trimestre 2013 (84% au troisième trimestre
2012). Frappée par une crise bancaire et financière
systémique sans précédent qui a vu la faillite de la
deuxième banque du pays, la saisie d’une très grande
partie des dépôts bancaires et la mise en place d’un
contrôle des capitaux, Chypre devrait connaître une
contraction de son PIB d’environ 6% en 2013, après
une précédente récession de 2,4% en 2012. Un
chiffre meilleur que les premières estimations évaluées à 10%. Cette année devrait également être une
année de récession et la dette publique largement
dépasser les 110% du PIB fin 2014. Plus rassurant, la
fuite des dépôts dans les banques a cessé depuis fin
2013, ce qui laisse présager un assouplissement des
mesures de contrôle des changes dans les mois à
venir.
 Commentaire – L’île méditerranéenne intègre la
liste des six pays de l’UE dont la dette publique
dépasse désormais les 100% du PIB. Fin 2009, alors
que la crise n’avait pas encore diffusé tous ses
effets, seulement deux pays de l’UE dépassaient ce
ratio.
Pays baltes – Un projet ferroviaire de grande
ampleur. Sous l’égide de l’UE, un important projet
ferroviaire devrait bientôt voir le jour. Dénommé « Rail
Baltica », il prévoit de relier la capitale de l’Estonie
(Tallin) à Varsovie en passant par la capitale de la
Lettonie (Riga). La capitale lituanienne (Vilnius), au
sud du parcours, serait reliée par une section
perpendiculaire. Le projet serait par la suite étendu à
Berlin au sud et Helsinki au nord. Le projet est ancien
(2007), et son parcours sera de 950 km. Les trains
devraient rouler à 200 km/h. Il aura pour avantage de
mettre l’écartement des voies aux normes européennes et de favoriser le transport des passagers et des
marchandises par rail au détriment des routes, assez
saturées. Le projet a été estimé à 3,6 Mds € et devrait
être financé à 85% par l’UE, le solde par la BEI et la
NIB. Il se heurte pour l’instant à des divergences entre
pays sur le tracé (qui écarte Vilnius) et le financement.
La Commission européenne fait pression sur les pays
baltes pour en accélérer la réalisation.
 Commentaire – Outre un ancrage géographique
plus étroit des pays baltes avec le cœur de l’UE, le
projet devrait avoir des retombées économiques en
termes d’optimisation des transports et le développement touristique. Il se heurte, pour l’instant, à la
difficulté des pays baltes à dessiner un avenir
régional commun, comme cela s’était illustré lors de
l’abandon du projet de remplacement de la centrale
nucléaire d’Ignalina en Lituanie à l’automne 2012.
Serbie – Dégradation du rating par Fitch à B+. En
abaissant d’un cran le rating de la Serbie, Fitch rejoint
l’agence de notation Moody’s qui l’a noté B1 en juillet
2013. S&P reste un cran au-dessus à BB- (mais avait
déjà en août 2012 abaissé sa notation d’un cran). Les
raisons de la détérioration du risque sont connues :
-2 -
Edition du 24 janvier 2014
malgré certaines améliorations, le pays peine à
corriger ses déséquilibres macro-économiques et notamment ses déficits jumeaux (budgétaire et courant)
qui perdurent depuis de nombreuses années et ont
provoqué une très forte hausse des dettes publiques
et externes. Selon le gouvernement, la dette publique
a atteint 61% du PIB fin 2013 (pour seulement 30%
en 2007). Le déficit budgétaire inscrit dans le budget
2014 est évalué à 4,5% du PIB mais le ministère des
Finances a annoncé qu’il pourrait aller jusqu’à 7%, en
y intégrant les déficits des collectivités locales.
 Commentaire – Les réactions sur les marchés ont
été modestes : le dinar ne s’est que très légèrement
déprécié à 116 par euro.
Serbie – Législatives de confort ? Selon un rapport
récent cité par la presse, la Serbie s’acheminerait vers
des élections législatives anticipées « de confort » en
mars prochain. Le gouvernement, dirigé par une coalition entre le parti de droite « Serbian Progressive
Party » et le PS, souhaiterait capitaliser sur les bons
sondages d’opinion en sa faveur pour lancer, moins
de deux ans après son accession au pouvoir, des
élections lui permettant d’étendre son mandat à mars
2018.
 Commentaire – Cette stratégie est parfois dangereuse pour les partis au pouvoir, lorsque les déceptions de la population ne sont pas totalement
reflétées dans les sondages. Dans le cas serbe,
l’absence d’opposition très structurée, l’amélioration
de l’économie et la baisse du chômage en 2013
pourrait effectivement permettre une réélection.
Elle risque, toutefois, de provoquer une certaine
lassitude de l’électorat serbe, dont le taux de participation aux élections est traditionnellement faible (il
n’avait été que de 46% aux dernières élections présidentielles en 2012). Cette incertitude intervient alors
que le pays débute les discussions d’adhésion à
l’Union européenne, l’autorisant ainsi à percevoir les
fonds de pré-accession versés par l’UE. Les responsables politiques ont annoncé avoir comme objectif
l’année 2020 pour l’accession de la Serbie à l’UE.
Turquie – Une mauvaise gestion de la politique
monétaire. La Banque centrale n’a pas augmenté ses
taux comme l’attendaient les marchés. En fait, sa
politique est très difficile à comprendre, fondée sur
une hausse discrétionnaire du taux overnight (uniquement certains jours, qualifiés de « jours extraordinaires »). La pression sur le change s’est donc accentuée, et les autorités monétaires ont été obligées
d’intervenir directement sur les marchés. En parallèle,
Erdogan poursuit sa purge massive dans la police
(500 policiers licenciés) et la justice (100 juges
remplacés), cherchant à liquider ce qu’il appelle
« l’État dans l’État ».
 Commentaire : La Banque centrale est en train
de perdre une crédibilité qui avait pourtant été patiemment construite depuis des années, précisément
depuis la crise monétaire de 2001. Elle la perd à
cause d’une politique peu lisible, mais surtout parce
qu’elle donne l’impression d’être sous pression
politique. C’est la question de son indépendance qui
se pose aujourd’hui. Cette ambiance de défiance
risque de la conduire à des interventions des plus en
plus fréquentes, et donc, à une ponction dans les
réserves de change. Pour l’instant, malheureusement, rien ne s’oppose donc à la montée des
inquiétudes sur ce pays.
Ukraine – Une mauvaise gestion de la politique
monétaire. Yanoukovitch est en train de s’enfermer
dans une impasse politique : s’il cède aujourd’hui,
cela peut conduire le pays à des élections anticipées
qu’il ne gagnera pas forcément (d’autant qu’il contrôle
beaucoup moins l’oligarchie que Poutine en Russie).
En revanche, s’il accentue la répression, l’Ukraine
sera confrontée à de coûteuses sanctions américaines. Déjà cette semaine, des représentants de
Chevron tenaient des propos très inquiétants sur les
projets d’exploitation du gaz de schiste.
En matière monétaire, la situation est à nouveau
tendue, bien que l’argent russe (3 Mds USD déboursés et 15 Mds USD promis) ait éloigné les scénarii de
risque les plus violents, que ce soit en matière de
change ou de défaut souverain. La Banque centrale
semble accepter une légère dépréciation (certaines
hypothèses de marché portent la devise à 9 UAH
contre dollar pour fin 2014).
 Commentaire : La situation est catastrophique à
court terme et l’issue de la crise bien incertaine. Mais
les conséquences à moyen terme se feront également sentir.
Tout d’abord du côté des consommateurs, qui ne
seront sans doute plus dans la même confiance en
2014. Or, c’est le principal moteur de la croissance,
et cela peut nous amener à réviser à la baisse
l’hypothèse d’une légère reprise l’année prochaine.
Également, on peut craindre que certains investisseurs se méfient à présent de ce pays, possédant
peu de visibilité politique d’ici les élections présidentielles de 2015. Moins d’investissements directs
signifierait évidemment moins d’investissement (et
c’est déjà le talon d’Achille de la croissance ukrainienne). Par ailleurs, cela pourrait aussi compliquer
le financement d’un déficit courant qui sera sans
doute encore de 7% du PIB l’année prochaine.
Quelle que soit l’issue de cette crise politique, on
peut donc également craindre son impact économique à moyen terme.
-3 -
Edition du 24 janvier 2014
Moyen-Orient
Maroc – Réforme courageuse des subventions
énergétiques. Le Maroc a annoncé avoir supprimé
totalement les subventions publiques au prix du fuel et
du gasoil. Une baisse importante des subventions au
diesel, mais graduelles, est par ailleurs en cours. Le
gouvernement ne touchera toutefois pas aux subventions alimentaires, ni au gaz de cuisson.
% PIB
Maroc : dette publique et budget
90
80
70
60
71,2
57,2
61,3
76,9
81,3
64,8
50
40
30
20
10
0
-10
-20
2009
Source : E.I.U.
2010
2011
2012
Solde budgétaire
2013
2014p
Dette publique
 Commentaire – Nous avons, de notre côté, très
probablement sous-estimé la forte volonté du gouvernement marocain de conserver la confiance du
FMI, des marchés et des agences de notation en
procédant à ces réformes courageuses… et hasardeuses. Le royaume avait jusque-là fait croître son
déficit budgétaire jusqu’à -8% du PIB depuis 2012,
principalement pour atténuer l’impact social de la
crise économique mondiale. L’enveloppe dédiée aux
subventions, qui avait atteint plus de 5 milliards
d’euros en 2012, a été budgété à 3 milliards d’euros
pour 2014.
Cette décision pourrait avoir des effets négatifs sur
une économie en convalescence et qui attend un
rebond économique en Europe depuis cinq ans…
Mais en attendant, les marchés salueront cette
décision qui crédibilise les annonces ambitieuses
d’objectifs de réduction de déficit du gouvernement
marocain.
Iran – La main tendue du président aux compagnies occidentales. Alors que l’accord intérimaire sur
le nucléaire iranien entrait en vigueur cette semaine –
les principales sanctions ne sont pas levées – le
président iranien Rouhani a affirmé à Davos que la
priorité de son gouvernement était une interaction
constructive avec le monde. Le président iranien a
profité du déplacement pour s’entretenir avec les
dirigeants des principales compagnies pétrolières qu’il
invite à s’intéresser aux opportunités d’affaires en
Iran. L’Iran leur proposera en septembre prochain de
nouveaux types d’incitations financières.
 Commentaire – Les États-Unis mettent toutefois
en garde les entreprises privées désireuses de
renouer avec l’Iran qui n’est pas « open for
business ».
E.A.U. – Les banques récalcitrantes à annuler des
dettes. Les E.A.U. ont mis sur pied en 2012 un fonds
d’indemnisation de 2,7 milliards USD qui doit servir de
compensation aux banques. Ces dernières sont, en
effet, invitées à effacer la dette de 6 000 citoyens
émiratis qui se sont surendettés (principalement entre
2003 et 2008) en échange du remboursement de 50%
de la créance par le fonds public. À ce jour, seuls
2 700 d’entre eux ont vu leur dette annulée et le
responsable du fonds public menace de faire dévoiler
par la Banque centrale le nom des banques récalcitrantes. Le gouvernement pourrait, selon lui, ne plus
entretenir de relations avec ces dernières.
 Commentaire – La stabilité politique et sociale et
les ressources des émiratis ont toujours été la priorité
de l’Émirat. On en a eu l’illustration lors de la crise de
2009 où l’Émirat garantissait d’un côté les dépôts
bancaires, alors qu’il imposait aux créanciers étrangers des annulations ou restructurations de dettes.
Arabie saoudite – Le royaume aurait doublé le
nombre de Saoudiens travaillant dans le secteur
privé. Ils seraient aujourd’hui 1,5 million de Saoudiens employés dans le secteur privé aujourd’hui, soit
le double de l’évaluation de 2010. Ils représenteraient
ainsi près de 14% de la population active du secteur
privé saoudien.
 Commentaire – Avec une démographie galopante, le système de rente saoudien sera rapidement
insoutenable et le royaume pourrait connaître à
nouveau des déficits budgétaires à moyen terme.
Certains économistes estiment à près de 14 millions
le nombre de Saoudiens inactifs et qui ne recherchent pas activement un travail dans le secteur privé,
un défi économique, culturel et politique de taille.
-4 -
Edition du 24 janvier 2014
Afrique sub-saharienne
Afrique du Sud – Premières grèves de l’année
dans les mines de platine. Les trois premiers producteurs mondiaux de platine, à savoir, Lonmin,
Implat et Amplats ont reçu un préavis de grève de la
part du syndicat sud-africain AMCU (Association of
Mineworkers and Construction Union). Ce dernier
revendique pour ses adhérents une augmentation du
salaire à 12 500 rands (1 200 USD), ce que les
dirigeants estiment être une demande irréaliste, à laquelle ils ne peuvent répondre favorablement. La grève devrait débuter ce jeudi 23 janvier.
 Commentaire – L’AMCU, qui était à l’origine des
grèves qui avaient dégénérées en violence en 2012,
a décidé de récidiver. De plus, les conséquences
pourraient encore une fois être très lourdes pour
l’économie sud-africaine, puisque le syndicat représente aujourd’hui plus de 60% des employés
travaillant dans les mines de platine. La production
sud-africaine des trois entreprises représente, à elle
seule, la moitié de la production mondiale. Le
syndicat entend donc bien tirer parti de cet état de
fait, afin de faire passer ses revendications
salariales.
Pour rappel, des grèves similaires, mais d’une
ampleur moindre, avait impacté la croissance de
l’Afrique du Sud en 2012 et au troisième trimestre de
2013. L’année 2014 connaîtra donc des phénomènes
analogues. Le niveau de salaire et les conditions de
travail dans les mines sont un sujet que le gouvernement sud-africain doit s’efforcer de prendre en
main, sous peine de voir s’exacerber les tensions
sociales qui sont déjà très fortes. En effet, le taux de
chômage approche les 25% et une large partie de la
population connaît de grosses difficultés financières
(impayés sur les loyers et les prêts). En cette année
d’élections générales, le risque (socio)-politique augmente et les crispations sociales qui traversent la
population sud-africaine sont donc à surveiller avec
une extrême vigilance.
Madagascar – Hery Rajaonarimamapianina déclaré nouveau président de la République de Madagascar. Le 17 janvier, la Cour Électorale Spéciale
(CES) a annoncé la victoire définitive aux élections
présidentielles de Hery Rajaonarimamapianina, l’exministre des Finances sous le gouvernement de
transition de Andry Rajoelina. La passation de pouvoir
entre ce dernier et le nouveau président aura lieu
vendredi et sera suivie samedi par la cérémonie d’investiture. Jean-Louis Robinson, le candidat malheureux et protégé de Marc Ravalomanana (l’ex-président chassé par le coup d’état de 2009 et aujourd’hui
en exil), réfute les conclusions de la CES et refuse de
reconnaître sa défaite. Il a d’ores et déjà lancé un
appel à la communauté internationale pour un nouveau décompte des bulletins. Il a également encouragé ses partisans à créer des « comités de protection
de choix du peuple », sans pour autant préciser
quelles pourraient être les actions de tels regroupements. Il a toutefois précisé qu’il n’était pas
question d’engager des manifestations.
 Commentaire – Alors qu’il avait, dans un premier
temps, affirmé qu’il se plierait à la décision de la
CES, on voit aujourd’hui que Jean-Louis Robinson
compte bien utiliser tous les recours légaux, afin de
faire invalider l’élection d’Hery Rajaonarimamapianina. Toutefois, ses chances d’y parvenir sont
infimes : la majorité de la communauté internationale
a déjà salué la décision de la CES. La probabilité de
violences est également très faible, puisque ce
dernier ne semble pas vouloir faire emprunter cette
pente dangereuse à ses partisans. L’enjeu politique
du moment à Madagascar s’est donc déplacé des
résultats des présidentielles à ceux des législatives.
En effet, les résultats provisoires donnent le MAPAR,
le mouvement de soutien à Andry Rajoelina, en tête
du scrutin. Or, c’est le groupe parlementaire majoritaire qui doit, selon la Constitution, proposer un
Premier ministre qui sera ensuite nommé par le
président de la République.
Andry Rajoelina a déjà fait savoir qu’il serait prêt à
endosser cette responsabilité ; mais le MAPAR,
même si ses intentions sont assez prévisibles, ne
s’est pas encore prononcé, et attend la proclamation
des résultats définitifs. Même s’il est encore difficile
de le prédire avec certitude, on peut penser qu’un
scénario « à la Poutine », selon lequel Rajoelina
resterait chef du gouvernement en étant nommé
Premier ministre, est fort probable. Cela pourrait
d’ailleurs exacerber certaines frustrations et nourrir
un esprit de revanche au sein de la mouvance
Ravalomanana, qui supportait le candidat Jean-Louis
Robinson. Malgré cela, la mise en place d’un
gouvernement, suite à la nomination du Premier
ministre marquera probablement le retour à l’ordre
constitutionnel, la fin de la crise politique et pourrait
donc représenter une véritable embellie des perspectives économiques.
Ouganda – S&P dégrade la note de long-terme du
souverain de B+ à B, outlook stable. Le 17 janvier,
l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la
note de long-terme de l’Ouganda à B-. L’agence
invoque notamment la détérioration des finances
publiques, et prévoit un déficit budgétaire de 6,9% du
PIB en 2014, contre 3,8% en 2013. En cause, la
moindre augmentation des revenus de l’État, des
dépenses publiques qui devraient croître considérablement et la suspension de la quasi-totalité de l’aide
internationale depuis fin 2012, suite à des affaires de
détournement de fonds touchant certains membres du
gouvernement.
-5 -
Edition du 24 janvier 2014
%
35
Ouganda : finances publiques
30
%
0,0
-1,0
25
20
-2,0
15
-3,0
10
-4,0
5
0
-5,0
2008
2009
Source : EIU,
Crédit Agricole S.A.
2010
2011
2012
2013
2014e
Dette publique/PIB
Solde Budgétaire/PIB (éch. dr.)
 Commentaire – Après avoir connu un rythme de
croissance du PIB avoisinant 7% entre 2007 et 2011,
l’économie ougandaise a connu une baisse de régime en 2012, principalement due à un resserrement
de sa politique budgétaire et monétaire. L’objectif des
autorités était alors d’enrayer le phénomène d’inflation qui touchait l’économie (27% a/a fin de période
en 2011). Ainsi, la croissance s’élevait à 2,8% en
2012, son plus bas niveau depuis vingt ans, et le
niveau d’inflation était de 5,2% a/a, fin de période. Ce
retour à un niveau d’inflation plus raisonnable a
encouragé une reprise de la croissance en 2013,
estimée aujourd’hui à 5,6%. Cette dernière a
notamment été portée par la consommation privée et
l’investissement, tandis que les dépenses publiques
n’ont quasiment pas contribué à la croissance. La
dégradation annoncée par Standard and Poor’s
repose principalement sur la diminution de l’aide
internationale et la détérioration anticipée du solde
budgétaire du fait d’investissements publics massifs
dans le secteur de l’énergie qui devraient intervenir
courant 2014.
Sur le plan des échanges avec l’extérieur, l’Ouganda
accuse un déficit courant de 12% qui devrait
légèrement augmenter à court terme. Cela s’explique
par un déficit commercial conséquent (importations
massives à des fins d’exploration et d’exploitation
des différents champs pétroliers découverts en
2008). Ces dernières ne sont qu’en partie couvertes
par des entrées croissantes d’IDE. En effet, la
balance courante est principalement financée par de
l’endettement externe. Du reste, les perspectives de
croissances sont positives (un retour à 7% dès 2015)
et l’inflation a été maîtrisée. Les réserves de changes
sont importantes (plus de huit mois d’importations en
2013) et la dette publique est faible (32% du PIB). Si
à court terme, des pressions risquent de se faire
sentir sur les déficits (budgétaires et courants), les
investissements publics en infrastructures et le développement du secteur pétrolier devraient dynamiser
la croissance, et générer à long terme des revenus
plus substantiels pour l’État.
Asie
Chine – Ralentissement en perspective. Les ventes
au détail ont augmenté de 13,6% a/a en décembre,
comparé à une hausse de 13,7% le mois précédent ;
la production industrielle de 9,7%, comparé à 10% ;
l’investissement de 19,6%, comparé à 19,9%.
dernier, tandis que celle des nouvelles mises en
chantier s’est accélérée de 11,5% à 13,5% et celle de
l’investissement dans le secteur est passée de 19,5%
à 19,8%.
Chine : immobilier
a/a, %
Chine : activité économique
80
40
a/a, %
cum.,
a/a, %
12
60
35
8
30
40
25
4
20
20
15
5
0
janv.-09
Source : NBS
0
0
10
-20
janv.-09
janv.-10
janv.-11
janv.-12
janv.-13
janv.-14
ventes de biens de conso. (nom.)
production indus. (vol.)
investisst urbain (cumul, nom.)
Parallèlement, la progression des ventes immobilières
a ralenti de 20,8% (en novembre) à 17,3% le mois
janv.-10
Source : NBS
-4
janv.-11 janv.-12 janv.-13 janv.-14
investissement (CNY courant)
superficies vendues (m²)
nouvelles constructions (m²)
prix (moy. 18 premières villes) (éch. dr.)
De sorte que l’activité économique est restée relativement stable dans l’ensemble en décembre ; l’immobilier et la construction sont des vecteurs de croissan-
-6 -
Edition du 24 janvier 2014
ce de premier ordre (en raison de leur poids propre
dans l’économie, mais aussi de leurs liens avec de
nombreux autres secteurs). De sorte que le PIB a
augmenté de 7,7% au quatrième trimestre (2013),
presque aussi rapidement qu’au trimestre précédent
(lorsqu’il avait progressé de 7,8%). De sorte que sur
l’ensemble de l’année passée, la croissance s’est
maintenue à son niveau de 2012, à 7,7%.
taux interbancaire (shibor à sept jours) depuis un an ;
d’où le ralentissement assez net de la croissance des
financements totaux à l’économie depuis le milieu
d’année dernière.
Chine : shibor (7 jours)
12
10
 Commentaire – Deux points sur ces chiffres. La
dynamique de l’investissement et celle de la consommation semblent esquisser un début de convergence.
Toutefois, ce mouvement doit encore se préciser et
s’inscrire dans la durée avant de pouvoir évoquer
(l’amorce d’)un rééquilibrage de la croissance sur la
consommation ; pour l’heure, l’activité économique
continue de reposer largement plus sur l’investissement.
Le second, le décalage croissant entre les secteurs
industriels traditionnels, en perte de vitesse (même si
de façon modeste et graduelle), et l’immobilier et la
construction, en pleine forme ou presque. Certes, il
doit se lire dans le cadre de la politique d’urbanisation
de Pékin et à lumière des mesures prises ces derniers
mois pour accélérer la construction de logements
sociaux et ainsi contenir/contrer la hausse des prix de
l’immobilier (dont la trajectoire a d’ailleurs marqué une
inflexion en décembre ; aussi en raison du
ralentissement des ventes). Mais ce décalage
rappelle aussi la nature déséquilibrée de la croissance
chinoise et le risque inhérent de forte instabilité (de
cette croissance)…
Chine : financements à l'économie
100
80
cum. 12 m,
a/a, %
60
20
0
-20
Source : PBC
6
4
2
0
janv.-13
avr.-13
Source : PBoC
juil.-13
oct.-13
janv.-14
Cette politique que mène la PBoC est plutôt
bienvenue. Mais elle va pousser la croissance à la
baisse (le Crédit Agricole l’anticipe à 7,2% cette
année) ; bien que ce ralentissement est inévitable à
court/moyen terme, déjà inscrit dans la baisse de de
l’efficacité de l’investissement (hausse du ratio ICOR
au cours du passé récent), à moins de consentir à
une augmentation toujours plus rapide de l’endettement, une fuite en avant assurée vers une profonde
crise. Ce pourrait donc être un moindre mal ; sauf que
les autorités monétaires n’ont pas une parfaite
visibilité sur tout et ne sont pas à l’abri d’une erreur,
une restriction trop marquée de la liquidité par
exemple, qui pourrait provoquer une vague de défauts
et un atterrissage brutal de l’économie. À suivre…
Chine – Obligation de donner son vrai nom pour
télécharger des vidéos sur Internet.
40
-40
janv.-10
8
janv.-11
janv.-12
financements totaux
janv.-13
janv.-14
nouveaux crédits
Surtout lorsque les agents économiques sont
lourdement endettés (principalement les entreprises
et les collectivités locales, les ménages l’étant au
contraire assez modestement) et que la Banque centrale (PBoC) entend bien freiner l’accumulation de
dette ; notamment en resserrant sa politique monétaire, en renforçant le contrôle et la supervision du
shadow banking et en encadrant plus sévèrement le
financement des collectivités locales et de leurs
véhicules d’investissement (dont la dette est passée
de 27% du PIB fin 2010 à 33% du PIB en milieu
d’année dernière). D’où la hausse tendancielle du
 Commentaire – Officiellement, cette mesure vise
à « empêcher la vulgarité, les formes basiques d'art,
la violence exagérée et le sexe présents dans les
vidéos sur Internet d’avoir un effet négatif sur la
société ». Mais elle est en droite ligne avec l’action
menée par Pékin depuis plusieurs mois pour contrôler Internet et les médias et ainsi empêcher toute
critique à l’encontre des dirigeants et du Parti.
Ce geste témoigne une fois de plus la rigidification en
cours du pouvoir. Est-ce, comme certains observateurs l’affirment, pour mener plus aisément ensuite
des réformes économiques en profondeur, avec pour
ligne directrice plus de marché, donc plus d’ouverture
et de libéralisation ? Cela reste à vérifier, sachant
qu’en avançant de la sorte, les dirigeants chinois
pourraient être assez rapidement confrontés à une
contradiction difficile à dépasser sans faire marche
arrière (ou tout au moins cesser d’avancer) dans une
direction (durcissement du régime) ou dans l’autre
(libéralisation économique)…
-7 -
Edition du 24 janvier 2014
Inde – Réformes en vue au sein de la Banque
centrale (RBI). Le panel d’experts nommé par le
gouverneur de la RBI, afin de plancher sur les
moyens d’améliorer la transparence de l’institution et
l’efficacité de sa politique monétaire, vient de livrer
ses conclusions. En substance, le contrôle des prix
comme principal objectif (il est aujourd’hui d’égale
importance avec la croissance et la stabilité financière), une inflation cible à 4% (avec une marge de
plus ou moins 2%), l’adoption de l’indice des prix à la
consommation (plutôt que celui des prix de gros)
comme indice de référence et la création d’un comité
pour décider de la politique monétaire (bien que
conseillé, le gouverneur est aujourd’hui seul à prendre
les décisions en la matière).
 Commentaire – En toute vraisemblance, ces
changements devraient être acceptés sans grande
difficulté. Ils sont susceptibles d’être favorables à
terme en renforçant la crédibilité de la Banque
centrale et sa capacité à contrôler l’inflation. Mais la
plupart des observateurs s’accordent à dire qu’à
court terme, ils pourraient s’accompagner d’une
politique monétaire plus (longtemps) restrictive et
donc avoir un impact négatif sur l’activité économie
(à un moment où l’économie indienne peine à
repartir ; cf. Perspectives Émergents du 18 janvier
2014). Le fait est que l’indice des prix à la
consommation a augmenté de 9,87% a/a en
décembre dernier, comparé à une hausse de 6,16%
pour celui des prix de gros.
Vietnam – Outlook positif de Fitch. Dans les
grandes lignes, ce geste est motivé par l’amélioration
de la stabilité macroéconomique et la consolidation
des comptes externes au cours du passé récent.
L’agence de notation évoque toutefois la fragilité
persistante du secteur bancaire. (cf. Perspectives
Émergents du 29 novembre 2013).
Amérique latine
 Commentaire – Cette proposition de négociations
fait suite à plusieurs tentatives de l’Argentine de
normaliser sa situation après son défaut en 2002 et
de regagner la confiance des investisseurs. Ce revirement s’explique surtout par la diminution continue
des réserves de change (29,8 Mds USD fin 2013) et
donc la recherche de sources de financement alternatives aux seules exportations. Toutefois, en l’absence d’un soutien du FMI (qui exigerait des
réformes difficilement acceptables pour le gouvernement argentin), il nous semble peu probable que les
membres du Club de Paris accordent leur confiance
à l’Argentine.
Brésil – Légère baisse des créations d’emplois en
2013. En 2013, 730 680 emplois formels ont été créés
au Brésil. C’est moins qu’en 2012 (environ 868 000
emplois créés) et c’est le chiffre le plus bas depuis
2003. La plus grande baisse dans la création d’emplois a eu lieu dans le secteur des services (409 000
en 2013, contre 501 000 en 2012) et la construction
(53 000 en 2013, contre 71 000 en 2012).
%
Argentine – Négociations avec le Club de Paris. Le
ministre de l’Économie argentin, Axel Kicillof, et
Hernán Lorenzino, chargé de la restructuration de la
dette, ont proposé cette semaine un accord de
restructuration de la dette détenue par les membres
du Club de Paris (d’un montant de 9,5 Mds USD).
L’Argentine espère pouvoir rembourser une partie de
la dette avec des obligations d’État et attend de ces
négociations que les intérêts et pénalités (d’un
montant de près de 4 Mds USD) soient supprimés. La
proposition sera discutée dans les prochains jours.
Brésil : taux de chômage
(6 principales zones urbaines)
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
2007
2008
2009
2010
Source : IBGE, Crédit Agricole SA
2011
2012
2013
 Commentaire – Le niveau du chômage reste très
faible, à 4,6% en novembre 2013. Le ralentissement
de la création d’emplois n’est pas étonnant après
trois années consécutives de croissance médiocre.
Le marché du travail brésilien reste toutefois très
tendu.
Équateur –
Mesures
de
restriction
des
importations. Le gouvernement équatorien a annoncé la mise en place de mesures visant à limiter les
importations, dans l’objectif de diminuer le déficit
commercial. Ces mesures devraient être accompagnées d’un plan de substitution des importations via le
soutien aux industries nationales. Le gouvernement
pense diminuer le déficit commercial d’un montant
d’environ 800 millions USD grâce à cette mesure.
-8 -
Edition du 24 janvier 2014
Cum. 1a,
Mds USD
Équateur : balance des
biens & services
5
4
3
2
1
0
-1
Mexique – Vers une pacification dans la zone de
Tierra Caliente ? Le gouvernement mexicain a
finalement réagi face à l’explosion des violences dans
les régions de Michoacán et Guerrero. Environ
9 000 policiers fédéraux et militaires ont été envoyés
pour reprendre le contrôle des villes « occupées » par
les groupes d’auto-défense et les narcotrafiquants. Le
gouvernement a annoncé que sa stratégie était la
non-confrontation tout en désignant 26 membres du
cartel des « Chevaliers du Temple » (cf. Perspectives
Émergents du 17 janvier 2014) comme cibles spécifiques.
-2
2006
2008
2010
bal. commerciale (biens)
2012
bal. des services
Source : Banco Central del Ecuador, CASA
 Commentaire – Ce n’est pas la première fois que
le président équatorien met en place des restrictions
à l’importation, mais l’impact positif sur le déficit est
relativement limité. En effet, le déficit commercial
s’est creusé ces cinq dernières années principalement en raison d’une diminution des exportations
de pétrole et d’une augmentation des importations de
dérivés pétroliers. Par ailleurs, le déficit commercial
est plus important pour les services que pour les
biens. Or, le président Rafael Correa a précisé que
les restrictions viseraient principalement les produits
importés qui peuvent être « nuisibles » pour les
équatoriens, c’est-à-dire certains produits alimentaires, des biens qui contiennent des produits nocifs
(jeux pour enfants, par exemple). Ce type de mesure
a déjà été expérimenté en Argentine. L'impact
immédiat sur les importations y a été réel, mais les
avantages semblent largement dépassés par les
inconvénients : apparitions de pénuries, et surtout
perturbations de l'activité économique.
 Commentaire – Depuis l’arrivée au pouvoir d’Enrique Peña Nieto il y a un an, aucune politique de
sécurité n’a été clairement définie. La position du
gouvernement a même été ambiguë face à l’émergence de groupes d’auto-défense armés : aucune
condamnation ferme, mais au contraire, il a laissé
entendre que ces groupes pourraient jouer un rôle
positif avant de finalement les désarmer. Il a fallu
attendre que la situation devienne extrêmement
confuse pour voir une réaction de la part du
gouvernement, ce qui donne l’impression d’une grande improvisation en matière de sécurité et confirme
la faiblesse (le désintérêt ?) de l’État mexicain dans
certaines régions.
La réticence de la part de l’actuel gouvernement à
définir une politique claire en matière de lutte contre
le trafic de stupéfiants est aussi le contrecoup de
l’échec de l’ancien président Felipe Calderón dans ce
domaine. La « guerre » contre le narcotrafic lancée
par l’ancien gouvernement a eu pour principales
conséquences une très forte augmentation des
niveaux de violence et du taux d’homicides. Enrique
Peña Nieto ne veut surtout pas suivre la même stratégie qui a coûté à Felipe Calderón sa popularité ;
mais il n'a jusqu'ici proposé aucune alternative.
-9 -
Edition du 24 janvier 2014
Agriculture & agro-industrie
Brésil – Le taux de déforestation repart à la
hausse. Le Brésil a reconnu en novembre une
augmentation de 28% du rythme de la déforestation
entre 2012 et 2013, celui-ci atteignant près de
0,6 M ha en 2013. Il s'agit principalement de
défrichements pour l'agrandissement d'exploitations
agricoles, ou aux alentours des grandes infrastructures de transport et des nouveaux barrages en
construction en Amazonie.
 Commentaire – Le rythme de la déforestation
avait beaucoup diminué, depuis son plus haut en
2004 où 2,7 M ha ont été défrichés en un an.
La présente recrudescence est attribuée à l'influence
du prix élevé des produits agricoles (soja particulièrement, maïs) et à un assouplissement récent de la
réglementation.
L'objectif du gouvernement brésilien reste de mettre
fin à la déforestation.
Indonésie – Condamnation pour déboisement
d'une société de plantations de palmiers à huile.
Kallista Alam a été condamnée début janvier à verser
un total de 22 M €, suite à une plainte du ministère de
l'Environnement. La société été reconnue coupable
d'avoir brûlé 1 000 ha de tourbières dans la province
d'Aceh, dans une zone protégée par diverses
dispositions en raison de sa biodiversité (notamment
en orang-outangs). La société s'est réservé la
possibilité de faire appel.
 Commentaire – L'extension des palmeraies à huile (croissance de la production indonésienne, soit
plus de la moitié de la production mondiale, de
9%/an) est un des moteurs de la déforestation. Ce
récent verdict est considéré comme historique.
La déforestation en Indonésie a diminué depuis 2000
et à nouveau depuis 2006. Elle se situe à peu près
au même niveau que celle prévalant au Brésil
(0,5 M ha/an) mais les surfaces forestières du pays
sont bien plus limitées, ce qui fait que le taux atteint
0,5 % par an.
- 10 -
Edition du 24 janvier 2014
Scénario économique du Groupe Crédit Agricole S.A.
Date de MAJ :
21/01/2014
Etats-Unis
Japon
Zone euro
Asie
Chine
Hong Kong
Inde
Indonésie
Corée
Malaisie
Philippines
Singapour
Taiw an
Thaïlande
Vietnam
Am érique latine
Argentine
Brésil
Mexique
Europe - ém ergents
République tchèque
Hongrie
Pologne
Russie
Roum anie
Turquie
Afrique & Moyen-Orient
Algérie
Egypte
Kow eït
Liban
Maroc
Qatar
Arabie saoudite
Afrique du Sud
Em irats arabes unis
Tunisie
Total
Pays industrialisés
Pays ém ergents
PIB (a/a, %)
2013
1,8
2,0
-0,4
5,9
7,7
2,9
4,2
5,8
2,8
5,4
6,7
3,0
2,4
2,9
5,3
2,3
4,0
2,4
1,4
2,0
-1,5
0,9
1,5
1,8
2,8
4,0
3,0
3,0
2,1
2,7
1,3
4,0
5,5
3,7
1,8
4,3
2,8
2,7
1,1
4,6
2014
2,7
2,0
1,0
5,9
7,2
3,5
5,0
5,2
3,6
4,8
5,7
3,8
3,0
4,0
5,7
2,4
3,0
1,8
3,1
2,6
1,6
2,2
2,8
2,8
2,9
2,4
3,5
3,6
2,0
3,1
2,6
4,1
5,5
4,5
2,9
4,5
3,0
3,3
2,0
4,7
Balance courante
(en % du PIB)
2013
2014
2015
-2,2
-2,0
-2,0
0,3
0,8
1,0
1,3
2,5
2,7
1,4
0,7
0,6
2,2
1,4
1,1
2,0
2,8
3,0
-3,2
-4,5
-4,0
-4,2
-5,3
-4,4
4,7
4,8
4,8
4,4
2,1
0,6
4,1
2,8
2,1
16,0
18,0
18,0
11,0
10,0
10,0
-1,1
0,4
1,0
2,2
-0,3
-2,5
-2,3
-2,1
-2,1
-0,8
-1,0
-1,2
-3,2
-2,8
-2,8
-1,5
-1,6
-1,6
-0,4
-0,8
-1,4
-1,8
-2,4
-2,8
2,6
2,0
0,5
-1,5
-2,3
-3,1
2,6
2,0
1,5
-1,1
-1,9
-2,8
-6,9
-6,0
-6,5
6,3
4,5
3,8
3,2
1,1
1,7
-2,4
-2,4
-2,1
40,2
37,8
36,5
-9,1
-7,9
-6,4
-9,1
-8,0
-6,5
23,5
17,5
14,0
18,0
13,0
11,0
-5,5
-5,0
-5,5
13,1
10,5
8,5
-9,7
-9,0
-8,8
0,1
0,1
0,1
-0,7
-0,1
0,0
1,1
0,4
0,2
Inflation (a/a, %)
2015
2,8
1,1
1,2
5,9
6,8
3,6
5,5
5,8
3,9
4,8
7,3
3,9
3,3
4,6
6,0
2,6
1,8
2,2
3,5
2,9
2,2
2,4
3,4
2,5
3,3
3,5
4,1
3,1
3,3
4,0
4,4
4,7
5,3
4,9
3,4
4,9
4,2
3,3
2,1
4,8
2013
1,5
0,7
1,4
3,6
2,7
4,3
6,3
7,0
1,7
2,1
3,1
2,4
0,8
2,4
6,6
7,9
27,0
5,9
3,4
5,1
1,4
1,7
0,9
6,7
4,0
6,5
5,0
3,9
9,4
3,1
6,7
2,1
3,7
3,7
5,5
1,3
6,1
2,8
1,4
4,5
2014
1,6
3,1
1,1
4,4
3,5
4,5
7,3
7,3
3,0
2,5
4,0
3,2
1,5
3,0
7,2
7,7
24,0
6,3
3,5
4,9
1,3
2,2
1,3
6,0
3,0
7,0
5,1
4,1
9,2
3,5
7,5
2,5
4,4
3,5
5,7
2,5
5,5
3,2
1,7
5,0
2015
1,9
1,7
1,5
4,3
3,8
4,5
6,3
5,7
3,0
2,2
3,2
3,3
2,8
3,2
6,8
6,6
17,0
6,2
3,1
5,1
1,8
3,0
2,6
6,0
3,3
7,0
5,3
4,3
9,2
3,9
6,2
2,9
4,8
4,5
5,5
2,7
4,5
3,2
1,8
4,8
Notes:
(1) Royaume-Uni : HICP ; Inde : prix de gros ; Chine, index prix de détail ; Brésil : IPCA, Afrique du Sud : CPI-X
(2) Inde : fin de l'année fiscale en mars.
Achevé de rédiger le 24 janvier 2014
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- 11 -