TRAVAUX Rénover ou agrandir votre logement : gare aux contraintes ! La plupart des travaux sont soumis à des demandes d’autorisation et au respect de normes. Si la loi Alur allège légèrement les procédures, le cahier des charges reste lourd. Mieux vaut bien le connaître avant d’entamer un chantier. ANNE MICHEL T ransformer votre chez-soi vous fait rêver, mais l’avalanche de règles et de normes peut vous faire rapidement déchanter. En effet, outre les obligations en matière d’urbanisme, de construction, de copropriété, il faudra veiller à ce que les travaux s’effectuent dans les règles de l’art. En la matière, le plan local d’urbanisme (PLU) sera votre bible. Et la porte du service de l’urbanisme de votre mairie la première à être poussée. Inutile d’élaborer des plans si votre projet n’est pas réalisable. Ensuite, contacter des organismes tels que le Conseil en architecture, urbanisme et environnement (CAUE), qui délivre des renseignements gratuitement est fortement conseillé. S’exonérer de ces formalités est dangereux. Toute négligence peut vous être reprochée, même plusieurs années après les travaux. « Lors d’une vente, vous devrez apporter au notaire tous les éléments justifiant d’une origine de propriété régulière. En cas de construction ou de transformation, les demandes d’autorisation préalables et les permis de construire seront requis », indique Olivier Pavy, directeur des affaires juridiques au conseil supérieur du notariat. À défaut de les obtenir, le notaire mettra dans l’acte publié et envoyé au cadastre, une clause spécifique indiquant les documents manquants. « Si les constructions ou transformations n’ont pas été déclarées et, pire, si elles n’ont pas été faites avec les autorisations nécessaires, une demande de régularisation pourra Le Particulier Immobilier N°308 Mai 2014 LEXIQUE AUTORISATIONS D’URBANISME (déclaration de travaux ou permis de construire) : les demandes sont à effectuer sur un formulaire Cerfa téléchargeable sur service-public.fr. Le délai de réponse, après le dépôt de votre dossier complet à la mairie, est d’un mois pour une déclaration préalable et de deux mois pour un permis de construire. Sans réponse, vous bénéficiez d’une autorisation tacite. Disposez-vous d’une autorisation de construire valable ? Sachez que toute négligence formelle peut vous être reprochée des années après les travaux. DROITS DES TIERS : l’arrêté de permis de construire est délivré sous réserve du droit des tiers, dont le délai de recours contentieux est de deux mois. Afin de purger au plus vite ce délai, il est impératif d’afficher au plus tôt votre autorisation. SURFACE PLANCHER ET D’EMPRISE AU SOL : c’est la somme des surfaces de planchers de chaque niveau clos et couvert (art. R. 112-2 du Code de l’urbanisme). En sont déduits plusieurs éléments, dont les embrasures de portes et de fenêtres et les surfaces dont la hauteur sous plafond est inférieure à 1,8 m. L’emprise au sol correspond à la projection verticale de la construction tout débord et surplombs inclus ; les étages et caves ne sont donc pas pris en compte. Cette surface est une référence pour déterminer l’autorisation d’urbanisme nécessaire et l’obligation de recours à l’architecte. SHON RT : cette surface hors œuvre nette est la somme des surfaces de plancher de chaque niveau de la construction, après déduction des surfaces de locaux sans équipements de chauffage, notamment. être réclamée au propriétaire, par l’administration fiscale, notamment ». Mieux vaut être informé. Nos conseils à partir de quatre opérations : extension, surélévation, annexion et transformation. 1 CONSTRUIRE UNE EXTENSION Jusqu’à récemment encore, la première démarche à faire était de vérifier que vous disposiez de droits à construire suffisants pour créer de nouveaux mètres carrés habitables. Le coefficient d’occupation des sols (COS) en était le garant. Bonne nouvelle : pour gagner de l’espace sans déménager, vous n’avez plus à vous soucier de cette contrainte. La loi du 24 mars 2014, dite loi Alur, a en effet réformé l’article L. 123-1-5 du Code de l’urbanisme : à compter de son entrée en vigueur, le règlement d’un PLU ne peut plus com- Michel Gaillard/Réa 44 porter de COS. Concrètement, les services de l’urbanisme n’ont plus la faculté d’opposer un PLU comportant un COS aux demandes de permis et aux déclarations préalables déposées après le 27 mars 2014. Les autres contraintes instituées par le PLU demeurent, toutefois. « Il peut y être mentionné l’obligation, dans la rue en question, de respecter un alignement des constructions ou une certaine profondeur des balcons ou extensions », note ainsi Bérengère Banquey, directrice juridique de la chambre des propriétaires. Les contraintes esthétiques, imposées par le PLU, seront également à considérer. Par ailleurs, si les règles de densité imposées par le COS n’existent plus, celles relatives à la surface constructible, elles, subsistent. Aucune formalité n’est requise si la surface de plancher et l’emprise au sol créées sont l’une et l’autre inférieures à 5 m2. Entre 5 m2 et 20 m2, une déclaration ... Mai 2014 N°308 Le Particulier Immobilier RÉNOVER OU AGRANDIR TÉMOIGNAGE EMMANUEL ROBIN DR architecte à Clamart « Le coût d’un projet d’extension est alourdi en zone de carrière » J’ai dû consolider le sol d’une maison sur la zone de carrières de gypse du HautClamart. Le permis de construire délivré pour le projet d’extension était conditionné au fait de se conformer aux indications du service des carrières. Or, ce dernier a exigé une consolidation du sol avant tous travaux. Nous avons creusé jusqu’à trouver un sol solide, avant de couler la semelle de béton. Nous y avons scellé un poteau de 23 mètres, sur lequel a été installée une structure en champignon permettant de soutenir toute la maison. Le coût de ce type de travaux peut passer de 40 000 €, s’il faut renforcer le sol à moins de 10 mètres de profondeur, à près de 150 000 € audelà. Pour autant, ces précautions sont indispensables si l’on ne veut pas risquer des écroulements de carrières comme ceux connus entre Issy-LesMoulineaux et Clamart en 1961. » 47 ... préalable sera nécessaire. Le seuil de 20 m² est porté à 40 m² en zone urbaine couverte par un plan local d’urbanisme à la condition que la surface totale de la construction (la maison et son extension) ne dépasse pas 170 m². Au-delà de ces métrés, un permis de construire est obligatoire. Et si la surface de l’extension ajoutée à celle du bâtiment existant est supérieure ou égale à 170 m2, l’intervention d’un architecte est inévitable. Par ailleurs, la création de places de stationnement ou le paiement d’une taxe assimilée, peut être imposée en fonction de la surface créée. Respecter la norme énergétique RT 2012 Vous n’échapperez pas, non plus, au respect des normes énergétiques en vigueur, auquel est soumis tout nouveau bâtiment ou toute nouvelle partie d’un bâtiment à usage d’habitation venant modifier le volume de ceux existants. L’extension devra donc respecter la norme RT 2012, imposant notamment une totale étanchéité à l’air (via une meilleure isolation, notamment). « Cette obligation augmente le coût de la construction de 15 % », lance au passage l’architecte Loïc Ruffat. Notons que si les surfaces à construire représentent moins de 30 % de la Shon RT totale (voir lexique p. 44), laquelle n’excède pas 150 m2, le projet d’extension n’est soumis qu’au respect partiel de la RT 2012. Quoi qu’il en soit, le respect de ces normes thermiques implique éventuellement le recours à un bureau d’étude dit « énergies et fluides ». Et il est possible qu’une étude « structure » soit jugée nécessaire pour valider la faisabilité du projet en fonction de la nature du sol et des fondations du bâtiment existant. 2 E. Robin 46 Le Particulier Immobilier N°308 Mai 2014 SURÉLEVER UN TOIT Vous souhaitez créer un étage supplémentaire, ou augmenter la hauteur sous plafond de vos combles. Attention, ces projets, impliquant une surélévation, sont assor tis de sérieuses contraintes. D’abord, le PLU détermine la hauteur maximale des constructions dans chaque rue ou quartier. À Nice, par exemple, en bordure de la Promenade des Anglais, la hauteur des bâtiments ne doit pas dépasser 25 mètres de l’égout au toit et l’immeuble doit s’élever sur huit niveaux au plus. À Paris, le plafond est également limité à 25 mètres dans les quartiers centraux et quelques arrondissements. « En outre, des règles plus fines Demander une autorisation d’extension avant l’achat du bien V ous êtes prêts à signer l’achat d’un bien mais cela, à la condition de pouvoir y réaliser une extension. Deux solutions vous permettent d’obtenir cette assurance. D’abord, faites une demande d’autorisation préalable ou de permis de construire auprès de la mairie concernée, en amont de l’achat. « La promesse d’achat peut être assortie de la condition suspensive suivante : que la demande d’extension ait été acceptée et/ou que les délais de recours soient purgés », explique Laila Naassila, de la mairie de Nantes. Mais les délais requis pour obtenir ces autorisations étant parfois jugés trop longs, les vendeurs refusent souvent de réaliser la transaction. Un certificat de faisabilité de l’opération Dans ce cas, demandez, préalablement à l’achat, un certificat d’urbanisme opérationnel, le CU (B). Celui-ci répondra sur la faisabilité de l’opération, dans un délai de deux mois. « À défaut de réponse dans ce doivent être respectées, qui limitent la hauteur des façades et des toitures en fonction des caractéristiques du tissu urbain, de la largeur des rues et du bâti existant », détaille-t-on à la Mairie de Paris. Par ailleurs, les travaux doivent respecter les normes en vigueur, notamment en secteur assorti d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV). « Ainsi, réaliser une isolation par l’extérieur, impliquant un débord par rapport à l’existant, doit se faire avec l’autorisation de la mairie et du gestionnaire du domaine public. À défaut, la réalisation pourra être verbalisée », précise Laïla Naassila, directrice adjointe au droit des sols et de l’action foncière à la mairie de Nantes. Déclaration préalable en deçà de 40 m2 en ville Les travaux de surélévation modifiant l’aspect extérieur du bâtiment, une déclaration préalable sera a minima obligatoire. Comme dans le cas d’une extension, dès lors que l’emprise au sol est inférieure ou égale à 20 m2 et que la surface de plancher n’excède pas 20 m2, la déclaration préalable suffira. Ce seuil est porté à 40 m² en zone urbaine couverte par un plan local d’urbanisme. Au-delà, un permis de construire est exigé. « De même, si ces travaux s’accompagnent d’un changement de destination des lieux », selon Me délai, le demandeur peut bénéficier d’un certificat d’urbanisme tacite, ajoute notre professionnelle. Attention, via ce certificat, la mairie ne se prononce pas sur le plan ou l’architecture du nouveau bâtiment. » Si, sur le principe, une extension est réalisable, vous ne savez pas sous quelle forme elle pourra l’être. Enfin, la durée de validité du CU (B) est de dix-huit mois, renouvelable une année sur une demande présentée au moins deux mois avant l’expiration du délai de validité. Gourvennec, avocat au sein du cabinet LGP. Enfin, la création de places de stationnement peut être imposée. Une étude « structure » conseillée Une étude structure est presque incontournable, afin de vérifier que le bâtiment est en mesure de supporter un étage de plus. « Surélever un bâtiment induit un ajout de masse et un déplacement du centre de gravité qui peuvent être rédhibitoires en zone de sismicité modérée ou moyenne. Dans bien des cas, pour rééquilibrer l’ensemble, il faudra envisager des renforcements ponctuels ou une diminution de charge sur les autres étages via la suppression de cloisons, par exemple », illustre le cabinet Patrick Millet, à Gap. Des obligations énergétiques La surélévation étant assimilé à une nouvelle partie d’un bâtiment à usage d’habitation, donc à une construction neuve, le respect de la norme RT 2012 ou de la RT 2012 adaptée selon les métrés sera obligatoire. Le respect obligatoire de la norme RT 2012 augmente le coût de l’extension de 15 %. L’indispensable accord de la copropriété Si cette opération se fait dans un immeuble en copropriété, l’accord de l’assemblée générale des copropriétaires est indispensable, que vous soyez ou non ... Mai 2014 N°308 Le Particulier Immobilier RÉNOVER OU AGRANDIR LAURENT BLONDEAU ET GUILLAUME LOUBET DR architectes à Paris « Le PLU limite drastiquement les interventions possibles » Nous avons conçu un projet de surélévation d’un local destiné à devenir une habitation dans une courette parisienne. Répondant aux règles du PLU et aux normes du logement décent, ce local devait bénéficier d’une vue dite principale, avec un dégagement de 3 mètres entre celle-ci et une vue secondaire. Les contraintes étaient nombreuses. Nous devions entre autres surélever le local avec un retrait d’alignement d’un mètre pour pouvoir respecter ce dégagement. Les amateurs de bonnes affaires sous les toits de Paris, notamment, doivent savoir que les codes, les règlements et surtout le PLU limitent drastiquement les interventions possibles. » Le Particulier Immobilier N°308 Mai 2014 49 ... déjà propriétaire des combles ou des greniers. « Le toit est une partie commune et le droit de le surélever appartient à la copropriété », souligne Eva Chouraqui, avocate spécialisée. La création de surface habitable nouvelle entraîne l’augmentation des tantièmes dans l’immeuble et donc une nouvelle répartition des charges. Les cas de surélévations autorisées restent rares : « Les risques de désordres lors des travaux arrêtent les copropriétaires », ajoute Eva Chouraqui. Le demandeur aura intérêt à transmettre à ces derniers, vingt et un jours avant l’assemblée générale, un dossier technique très détaillé expliquant son projet. Deux mesures récentes pour faciliter la réalisation des travaux Des mesures récentes tentent néanmoins de faciliter l’accès à la réalisation de travaux de surélévation. Tout d’abord, une ordonnance du 3 octobre 2013, relative au développement de la construction de logement, modifie le Code de l’urbanisme en y insérant un article 123-5-1 nouveau. Celui-ci précise que, dans les villes de plus de 50 000 habitants où il existe un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande de logements, ou bien dans les communes de plus de 15 000 habitants en forte croissance démographique, des dérogations au PLU, notamment, peuvent être obtenues s’il s’agit d’une construction essentiellement destinée à l’habitation. « Il peut être concevable, avec l’accord de l’autorité compétente, de surélever un logement qui dépasserait la hauteur maximale autorisée, sous réserve que le projet s’intègre harmonieusement au milieu urbain et à l’environnement », précise Bérengère Banquey. Par ailleurs, déroger aux obligations de création d’aires de stationnement applicables aux logements lorsque le projet de construction de ces derniers est situé à moins de 500 mètres d’une gare ou d’une station de transport public ou collectif, est également envisageable. Deuxième mesure, la loi Alur modifie l’article 35 de la loi du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis pour faciliter le vote d’une surélévation ou d’une construction au sein des copropriétés. « Auparavant, l’accord unanime des copropriétaires était requis. Aujourd’hui, la double majorité suffit, note Bérengère Banquey. Les travaux pourront donc avoir lieu sans l’accord du copropriétaire du dernier étage. En guise de compensation, la loi Alur, dans TÉMOIGNAGE sa version publiée au Journal officiel, prévoit de remplacer son droit de véto par un droit de préemption sur les biens créés. » 3 LAURENCE SOU architecte à Paris RÉCUPÉRER DES PARTIES COMMUNES Dans les grandes villes où le mètre carré est aussi rare que cher, il est tentant d’acheter un bout de palier pour en faire une surface privative. Consulter le service de l’urbanisme de sa mairie est, là encore, une étape incontournable. Ensuite, comme pour les travaux sur des constructions existantes, une déclaration préalable sera suffisante si l’emprise au sol ou la surface de plancher créée est supérieure à 5 m2 et inférieure ou égale à 20 m2 « La dérogation des 40 m2 en zone urbaine de PLU s’applique toujours, sous réserve que le logement fasse moins de 170 m2, et qu’aucune disposition particulière ne soit prévue dans le PLU », avance Alice Gatineau, de l’Agence départementale d’information sur le logement (Adil). Dans le cas contraire, l’obtention d’un permis de construire est obligatoire. « Ainsi, selon une jurisprudence datée du 27 juillet 2009, la transformation d’un sous-sol, impropre à l’habitation, en quatre logements équipés de cuisine, de salles de bains et d’ouvertures agrandies, doit faire l’objet d’un permis de construire », illustre notre avocat. Si la surface créée a un impact sur la façade de l’immeuble, l’autorisation de la copropriété est indispensable et des contraintes esthétiques devront être respectées. L’expérience de Laurence Sou (voir témoignage ci-contre), qui a créé entre autres une terrasse privative sur le toit d’un garage à vélos appartenant à la copropriété le confirme. « Pour faciliter l’obtention des autorisations, nous avons proposé, par exemple, la pose d’un garde-corps d’un style identique à ceux de l’immeuble. » Pas d’obligation de respect de la norme RT 2012 Dans la mesure où les travaux se font à l’intérieur d’un bâtiment existant, le respect des normes énergétiques ne sera pas imposé, « sauf si le volume, et donc l’enveloppe du bâtiment existant, est modifié par ces travaux », prévient Me Gourvennec. DR TÉMOIGNAGE Blondeau et Loubet 48 « La présence de l’architecte aide à convaincre la copropriété » Je dirige la transformation d’escaliers de services d’immeubles haussmaniens en surfaces privatives. L’opération consiste à déposer l’escalier et, ainsi, à recréer de nouveaux planchers à chaque étage pour gagner de 4 à 6 m2 par niveau. Les cours de ventilation peuvent être aussi converties en pièce à vivre. Bien souvent, la demande est faite par tous les copropriétaires et donc pour tous les étages. Dans ce cas, la création de surface est supérieure à 20 m2 et l’obtention d’un permis de construire est obligatoire. Toutes ces opérations permettent d’augmenter l’espace habitable pour un coût au mètre carré de moins de 2000 €. Enfin, les copropriétaires apprécient, pour prendre leur décision, d’avoir un dossier technique bien ficelé, présenté par l’architecte. » L’accord de la copropriété : une condition sine qua non L’annexion des parties communes devra être assortie de l’accord de l’assemblée générale. « Il faudra obtenir la majorité prévue à l’article 26 de la loi du 10 juillet 1965, c’est-à-dire la double majorité, celle de tous les copropriétaires représentant au moins les deux tiers des voix, voire l’unanimité si l’on touche à la destination de l’immeuble », indique Eva Chouraqui. Le passage d’un géomètre, préalablement à la vente, est également indispensable pour que les parties communes puissent être assimilées à un lot de copropriété. Une nouvelle redistribution des tantièmes sera également à prévoir. Enfin, que risque-t-on en cas d’annexion 2 des parties communes sans accord préalable de la copro- Une déclaration de travaux suffit si l’emprise au sol est supérieure à 5 m2 et inférieure ou égale à 20 m . ... Mai 2014 N°308 Le Particulier Immobilier RÉNOVER OU AGRANDIR TÉMOIGNAGE LOÏC RUFFAT Architecte à Nantes 51 ... priété ? « Le syndic de l’immeuble peut entamer une procédure en référé auprès du tribunal de grande instance compétent et demander la remise en état, sous astreinte, des parties modifiées ou annexées », prévient l’avocate. DR 4 « Ne pas hésiter à négocier avec la mairie » Nous avons suivi la réhabilitation d’une ancienne tannerie divisée en quatre logements à Clisson (Loire-Atlantique). Deux contraintes menaçaient notre projet : la mise en place d’un ascenseur pour rendre les étages accessibles aux handicapés et la création de parkings. D’abord, nous avons proposé de créer un appartement en rez-de-chaussée, totalement équipé pour les personnes à mobilité réduite. La négociation a été plus difficile concernant les parkings. Après avoir démontré que la situation du bien dans le cœur médiéval de la ville ne permettait pas ce type de construction, il a fallu préciser que l’achat de place de stationnement alternative, généralement proposé par la mairie, était financièrement impossible pour mon client. La mairie, désireuse que cette rénovation soit faite, a accepté de déroger à la règle. » CRÉER PLUSIEURS APPARTEMENTS DANS UN BÂTIMENT Vous souhaitez restructurer un hôtel, une maison, en plusieurs appartements destinés à la location ? Si le bâtiment est situé sur une zone de PLU classique, les travaux intérieurs sont libres et ne nécessitent pas de demande en matière d’urbanisme. Trois cas particuliers sont néanmoins à considérer. D’abord, si le bâtiment est situé dans la zone du PSMV de la ville, les travaux, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, sont soumis à l’accord de l’architecte des Bâtiments de France. Par ailleurs, la demande d’autorisation préalable est, à minima, obligatoire – « même s’il ne s’agit que d’une modification de volume intérieur », déclare Laïla Nassima de la mairie de Nantes. Ensuite, si, lors de cette restructuration, tout ou partie des locaux change de destination, une déclaration préalable devra être déposée en mairie. Il en va de même en cas de changement extérieur, tel que le percement de fenêtres. Enfin, la construction de logements collectifs (comportant plus de deux logements indépendants) doit être préalablement autorisée par un permis de construire, « conformément aux dispositions de l’article R 421-1 du Code de l’urbanisme, précisent les avocats du cabinet LGP. Ils doivent être distingués des travaux de restructuration et d’aménagement d’une habitation existante en plusieurs appartements ». Création de parking obligatoire Loïc Ruffat 50 Le Particulier Immobilier N°308 Mai 2014 La création de logements induit de nouvelles obligations pour le stationnement. « De ce point de vue, le PLU ne distingue pas les logements selon qu’ils soient, ou non, destinés à la location », précise Me Gourvennec. Pour autant, chaque commune, qu’elle soit ou non couverte par un PLU, imposera ses conditions. « Ainsi, dans le secteur pavillonnaire de Nantes, correspondant à la zone UB du PLU, et pour un logement individuel, à chaque surface de plus de 85 m2 est attribuée une place de parking. Dans le collectif, cette attribution a lieu dès 60 m2 », pointe Laila Naassila. Selon ces métrés, une maison de 800 m2, déjà construite, est censée disposer de 10 places de parkings. « Si le Des taxes et des impôts en plus ! L’ administration fiscale doit tout savoir… Ainsi, vous devez faire part des changements intervenus dans des immeubles existants (démolitions partielles ou totales, surélévations, etc.) dans les 90 jours suivant l’achèvement de ces travaux. Il en va de même pour les modifications de confort, telles que la création d’une salle de bains. « Cette déclaration doit être faite sur l’imprimé modèle IL (ou modèle H, selon la nature des travaux) et déposée au centre des finances publiques du lieu de situation du bien », indique Christophe Ducellier, avocat fiscaliste. Cette déclaration aura des incidences sur vos taxes foncières et d’habitation. « En effet, les modifica- construction, de reconstruction et d’agrandissement de bâtiments ou d’installations, nécessitant une autorisation d’urbanisme (permis de construire ou d’aménager, déclaration préalable). Son montant dépend de la surface construite ou aménagée, du taux fixé par la collectivité territoriale et de la valeur forfaitaire au mètre carré. Cette dernière, valeur actualisée chaque année en fonction de l’indice du coût de la construction, est par exemple de 807 €/m2 pour 2014 en Île-de-France. S’y appliquent des La taxe d’aménagement taux de 5 % (pour la part commuPar ailleurs, une taxe d’aména- nale) et de 1 % (pour la part régiogement est applicable à toutes les nale) ; la part départementale n’a opérations d’aménagement, de pas été instituée dans la capitale. tions effectuées augmentent la valeur locative du bien, valeur sur la base de laquelle sont calculés les impôts en question, explique notre avocat. Certes, si le logement est donné en location, le bailleur peut déduire ensuite les travaux d’amélioration de ses revenus fonciers (voire du revenu global dans la limite de 10 700 €). Mais les travaux d’agrandissement ou ceux modifiant la destination d’un bâtiment ne donneront pas lieu à ce type d’avantage », prévient Me Ducellier. propriétaire transforme sa maison en logements collectifs, l’exigence en matière de parking sera plus importante, puisqu’il faudra une place par tranche de 60 m2 au plancher. Cela porte à 14 le nombre de places exigées dans notre cas. » Comme 10 places sont implicitement acquises, il y a un défaut de 4 places. Que peut faire le particulier face à cela ? Il peut construire des places de stationnement sur son terrain. S’il n’a pas les moyens techniques de le faire, il devra soit acquérir des parkings dans une zone proche du bien (dans un périmètre de 300 mètres, le plus souvent) soit acheter une concession de longue durée non rétractable, soit régler une taxe de stationnement à la ville. Cette taxe, qui dépend des communes, avoisine, par exemple, 10 900 € à Nantes. Selon les cas, respecter la norme RT 2012 Comme pour l’annexion de parties communes, les travaux réalisés dans un bâtiment existant ne sont pas soumis à l’application de la nor me RT 2012. « Mais s’ils sont d’une importance telle qu’ils aboutissent, en réalité, à sa reconstruction totale, alors le régime des constructions nouvelles et l’obligation de respect de la norme énergétique RT 2012 sont applicables », admet Me Gourvennec. Le cas des logements collectifs Par ailleurs, la création de logements collectifs dans un bâtiment existant entraîne le respect de certaines normes énergétiques et thermiques, même si elles sont moins contraignantes que celles de la RT 2012. « En effet, avertit Loïc Ruffat, il serait illusoire de vouloir, comme pour le neuf, rendre totalement étanche à l’air un bâtiment ancien rénové. Il s’agira uniquement de se conformer à la RT existante (RT 2012 en l’occurrence) pour les seuls éléments qui seront modifiés. » Par ailleurs, le bâtiment devra être accessible aux personnes handicapées, ce qui peut impliquer la mise en place d’un ascenseur. Qui doit être conforme aux normes de sécurité et de protection contre l’incendie. « La cage d’escalier doit être équipée d’une fenêtre de toit qui s’ouvre en cas de feu. Un éclairage de sécurité doit également être installé », ajoute notre architecte. ! La création de logements induit de nouvelles obligations pour le stationnement. Mai 2014 N°308 Le Particulier Immobilier
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