POUR USAGE OFFICIEL FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL Département des finances publiques CAMEROUN EXECUTION BUDGETAIRE EN MODE BUDGET DE PROGRAMME ET REFORME DES CONTROLES ADMINISTRATIFS MISSION FINANCEE PAR LE JAPON DANS LE CADRE DU PROJET DE RENFORCEMENT DE LA GESTION BUDGETAIRE ET DES ADMINISTRATIONS DOUANIERES AU SEIN DE LA CEMAC Maximilien Queyranne, Xavier Rame, Denis Schrameck et Anne Caels Juillet 2012 Le présent rapport contient des conseils techniques fournis par les services du Fonds monétaire international (FMI) aux autorités du Cameroun (le « bénéficiaire de l’AT »), en réponse à leur demande d’assistance technique. Ce rapport (dans sa totalité, en partie ou sous une forme résumée) peut être communiqué par le FMI aux administrateurs du FMI et à leurs services, ainsi qu’aux autres organismes et entités du bénéficiaire de l’AT et, à leur demande, aux services de la Banque mondiale et aux autres fournisseurs d’assistance technique et bailleurs de fonds dont l’intérêt est légitime, sauf si le bénéficiaire de l’AT s’y oppose explicitement (voir http://www.imf.org/external/np/pp/eng/2009/040609.pdf, Operational Guidelines for the Dissemination of Technical Assistance Information à l’adresse disponible en anglais uniquement). La communication du présent rapport (dans sa totalité, en partie ou sous une forme résumée) en dehors du FMI, à des parties autres que les organismes et entités du bénéficiaire de l’AT, les services de la Banque mondiale et les autres prestataires d’assistance technique et bailleurs de fonds dont l’intérêt est légitime, requiert le consentement explicite du bénéficiaire de l’AT et du Département des finances publiques du FMI. 3 Table des matières Page Acronymes et abréviations ...........................................................................................................5 Principales conclusions de la mission ..........................................................................................7 I. Sécuriser la bascule en exécution budgétaire par programme ..................................................9 A. Situation actuelle ....................................................................................................9 B. Evaluation et perspectives ......................................................................................10 Recommandations ...........................................................................................12 II. Renforcer le cadre d’exécution du budget...............................................................................13 A. Constats des missions antérieures ..........................................................................13 B. Situation actuelle ....................................................................................................14 Une exécution budgétaire marquée par des écarts sensibles entre prévisions et réalisations ...................................................................................................14 L’existence d’une fonction support ministérielle en matière financière .........16 La nécessaire modernisation du processus d’exécution budgétaire ................17 Un système d’information vieillissant ............................................................20 Un cadre réglementaire à adapter ....................................................................21 C. Evaluations et perspectives.....................................................................................22 D. Recommandations ..................................................................................................23 III. Clarifier et préciser le dispositif d’exécution budgétaire en mode budget de programme ....24 A. Etat des lieux de la préparation budgétaire ............................................................24 Constats des missions antérieures ...................................................................24 Situation actuelle .............................................................................................24 B. Rôle et responsabilité des acteurs ...........................................................................26 Situation actuelle .............................................................................................26 Evaluation et perspectives ...............................................................................26 Recommandations ...........................................................................................29 C. L’exécution financière des programmes ................................................................29 Situation actuelle .............................................................................................29 Evaluation et perspectives ...............................................................................31 Recommandations ...........................................................................................32 IV. Adapter le contrôle interne des finances publiques pour maitriser les risques induits par les nouveaux modes de gestion ....................................................................................................32 A. Evaluation du champ du contrôle administratif .....................................................32 Constats des missions antérieures ...................................................................32 Situation actuelle .............................................................................................33 Evaluation et perspectives ...............................................................................34 Recommandations ...........................................................................................34 B. Evolutions des contrôles administratifs en mode budget de programme ...............35 Situation actuelle .............................................................................................35 Evaluation et perspectives ...............................................................................37 Recommandations ...........................................................................................41 Annexe 1 : Propositions techniques de modification du projet de décret portant règlement général de comptabilité publique .................................................................................................42 Annexe 2 : Modèle d’arrêté de délégation de signature ..............................................................46 4 5 ACRONYMES ET ABREVIATIONS ACCT AE AN ANTILOPE Agence comptable centrale du trésor Autorisations d’engagement Assemblée nationale Application de gestion de la solde des fonctionnaires ARMP Agence de régulation des marchés publics BAD BM CAA CDBF CDMT CEMAC CF CGAF CGE CMB CONSUPE Banque Africaine de Développement Banque mondiale Caisse autonome d’amortissement Conseil de discipline budgétaire et financière Cadre de dépenses à moyen terme Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale Contrôle financier Compte général de l’administration des finances Compte général de l’État Comité multi-bailleurs Contrôle supérieur de l’État CP Crédits de paiement CSFP CUT DENO DGB DGTCFM DGSN DP DSRP DSCE FCFA FMI IGF INTOSAI LFI LFR LR LRFE Comité sectoriel finances publiques Compte unique du trésor Dépenses engagées et non ordonnancées Direction générale du budget Direction générale du trésor et de la coopération financière et monétaire Délégation Générale de la Sûreté Nationale Direction de la prévision Document de stratégie de réduction de la pauvreté Document de stratégie pour la croissance et l’emploi Francs de la communauté financière d’Afrique Fonds monétaire international Inspection générale des finances Organisation internationale des Institutions supérieures de contrôle Loi de finances initiale Loi de finances rectificative Loi de règlement Loi portant régime financier de l’État MINADER Ministère de l’agriculture et du développement rural MINDEF Ministère de la Défense MINEDUB Ministère de l’éducation de base MINEPAT MINFI PGT PMFP PPBS RGCP SNH STP TCC TPG Ministère de l’économie de la planification et de l’aménagement du territoire Ministère des finances Paierie générale du trésor Plan de modernisation des finances publiques Planification-programmation-budgétisation-suivi Règlement général sur la comptabilité publique Société nationale des hydrocarbures Secrétariat technique permanent Titre de confirmation de créance Trésoriers payeurs généraux 6 PREFACE À la demande du Ministre des finances du Cameroun, une mission d’assistance technique du Fonds monétaire international (FMI) a séjourné à Yaoundé du 10 au 23 juillet 2012. La mission, dirigée par M. Maximilien Queyranne, comprenait M. Xavier Rame, Economiste, M. Denis Schrameck et Mme Anne Caels, experts du Département des finances Publiques. A son arrivée, la mission a été reçue par M. Gilbert DidierEdoa, Directeur général du budget et Cyrile Edou Alo’o, Secrétaire technique du comité de pilotage de la réforme des finances publiques et Directeur de la réforme budgétaire. Au sein du MINFI, la mission a tenu des séances de travail avec la direction générale du budget, la direction générale du trésor, de la coopération financière et monétaire. Elle a rencontré la direction générale de l’économie et de la gestion de l’investissement public du Ministère de l’économie, de la planification, et de l’aménagement du territoireainsi que le Secrétariat permanent à la réforme administrative du Ministère de la fonction publique et de la réforme administrative.Elle s’est entretenue avec MM. le directeur des ressources financières et le directeur de l’enseignement primaire du Ministère de l’éducation de base, ainsi qu’avec le contrôleur financier du ministère.La mission a tenu une séance de travail avec la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, sous la haute présidence de Mme Rosette Ayayi. De plus, elle a été reçue par M. le Président de la chambre des comptes de la Cour suprême. La mission s’est déplacée dans la région de l’Ebolowa, où elle a été reçue par M. le Gouverneur, MM. les délégués régionaux à l’enseignement de baseet à l’agriculture, ainsi que MM. le fondé de pouvoir de M. le Trésorier payeur général et le contrôleur financier régional. La mission s’est entretenue avec des représentants de l’Union européenne. Elle a organisé une séance travail avec les partenaires techniques et financiers du Comité sectoriel Finances publiques. La mission a présenté ses conclusions aux autorités au terme de son séjour. Tous les membres de la mission tiennent à exprimer leur sincère gratitude pour la coopération et la disponibilité de ses interlocuteurs, et pour l’hospitalité traditionnelle camerounaise. La mission remercie également de son appui M. Jean-Michel Dumont, conseiller résident auprès du Ministre des Finances pour la coopération française. Cette mission a été financée par le Japon dans le cadre du projet de renforcement de la gestion budgétaire et des administrations douanières au sein de la CEMAC. 7 PRINCIPALES CONCLUSIONS DE LA MISSION La stratégie de modernisation des finances publiques accorde la priorité à court terme à l’adoption de la loi de finances pour 2013 en budgets de programme et à la préparation de son exécution. Sur le fondement de l’expérience acquise lors d’une première expérimentation en 2012, la préparation du budget de programme 2013 semble bien maitrisée. La mission a relevé l’existence de nombreux facteurs qui devraient faciliter la mise en œuvre de la LRFE. Le niveau et les capacités des agents chargés de l’exécution budgétaire remarquable. De même, l’expérience acquise en matière de déconcentration de l’ordonnancement et du contrôle financier, ainsi que le travail de sensibilisation mené dans le cadre de la préparation du budget 2012 ont permis d’anticiper un certain nombre de changements majeurs. Enfin, la DRB joue pleinement son rôle d’impulsion, de conception et d’animation. En revanche, la mission constate la persistance de facteurs de risque pouvant perturber l’exécution budgétaire 2013 s’ils n’étaient maitrisés. L’adaptation du système d’information financière de l’Etat, compte tenu de sa complexité, doit être menée dans des conditions assurant son fonctionnement régulier au 1er janvier 2013.Il est recommandé de définir un plan alternatif pour assurer l’exécution budgétaire, au cas où les évolutions du système d’information ne seraient pas achevées et pleinement validées, dans les délais requis. Enfin, des textes réglementaires, visant à préciser les dispositions de la LRFE, nécessitent d’être finalisés (projets de décrets portant RGCP ou relatif au contrôle administratif) ou élaborés (circulaire de la gestion en AE-CP). La mission soutient la stratégie retenue pour l’introduction de l’exécution budgétaire en mode programme qui repose sur une évolution a minima des procédures et structures existantes afin de minimiser son impact sur le fonctionnement quotidien des services. Dans ce cadre, le projet de « Manuel de l’exécution du budget-programme », établi par la DGB, constitue une base utile permettant d’expliciter les principes, définitions et notions relatifs à la gestion financière par programme. Toutefois, la mission a formulé un ensemble de recommandations de formes et de fonds visant à clarifier les concepts employés et à préciser les processus et schémas organisationnels requis par l’exécution budgétaire des programmes. Ainsi, la mission recommande, notamment de distinguer le responsable de programme du Ministre et de fusionner sa fonction avec celle de coordonnateur de programme appelée à disparaitre. De plus, il est recommandé de retenir un schéma visant au cumul des fonctions de responsable de programme et d’ordonnateur délégué et de préciser le contenu et les modalités d’exercice des fonctions de responsable de programme, de gestionnaire de crédits et de gestionnaire de ressources. Le nouveau régime financier de l’Etat promeut une acception étendue du périmètre organique et fonctionnel du contrôle administratif.L’analyse du projet de manuel fait apparaître la 8 nécessité de procéder à une clarification des concepts et à une définition réglementaire permettant de préciser la nature des différents types de contrôle associés à la gestion budgétaire rénovée. De plus, un travail complémentaire doit être effectué afin d’aligner les concepts sur les normes et bonnes pratiques internationales. La mission réitère les constats précédemment formulés sur le projet de décret relatif aux contrôles administratifs. Le projet de décret fixant le régime particulier du contrôle administratif pourrait être recentré sur les contrôles a posteriori, en excluant les contrôles du comptable (régis par le projet de décret portant RGCP) et du contrôleur financier (renvoyé à un décret spécifique). Le décret aurait pour objet de préciser la nature et le contenu des différents types de contrôle, et pour le contrôle interne et l'audit internes, ainsi que le contrôle de gestion, d’en préciser la gouvernance et l'organisation au sein de l’Etat. Une déclinaison ministérielle de ce projet de décret permettrait une adaptation aux spécificités des structures administratives, tout en promouvant la responsabilisation des ordonnateurs et les nouvelles typologies de contrôle introduites par la LRFE. Le développement et l’adaptation du contrôle interne budgétaire, comme dispositif de maitrise des risques, au contexte de la programmation et de l’exécution en mode budget de programme, doit, au moins à court terme, être piloté par la DGB. Dans ce contexte, la fonction de contrôleur financier doit évoluer afin de donner à la DGB une assurance raisonnable quant à la maitrise globale des risques résultant des actes à incidence financière effectués par les ordonnateurs. Enfin, le développement d’une fonction d’audit interne, conforme aux normes et bonnes pratiques internationales, devrait, à terme, contribuer au renforcement de l’efficacité, de l’efficience et de l’effectivité de l’exécution budgétaire. Le rôle de l’évaluation de la performance et du contrôle de gestion pour la conception et le suivi de l’exécution des budgets de programme doit être précisé. Le pilotage, le suivi et l’évaluation de la performance des politiques publiques sont, actuellement, peu développés. Le système antérieur de gestion des finances publiques était fondé sur une logique de budget de moyens, peu propice au développement des pratiques évaluatives ou de pilotage physicofinancier des politiques publiques. Dans ce contexte, le MINFI devrait être le point de référence de la conception, de la promotion et du suivi du contrôle de gestion auprès des ordonnateurs, même si, d’un point de vue opérationnel, le contrôle de gestion pourrait être confié aux DRFM ministérielles. Dans le contexte de l’installation du comité interministériel d’examen des programmes, une réflexion doit être menée sur l’évaluation de la performance des budgets de programme, fondée sur l’appréciation de la qualité de leur pilotage et de leur performance à partir des RAP. 9 I. SECURISER LA BASCULE EN EXECUTION BUDGETAIRE PAR PROGRAMME A. Situation actuelle 1. La stratégie de modernisation des finances publiques mise en œuvre par les autorités accorde la priorité à court terme à l’adoption de la loi de finances pour 2013 en budgets de programme et à son exécution à partir du1er janvier 2013, conformément aux délais fixés dans la LRFE du 26 décembre 2007. Les autorités en ont fait leur objectif principal pour 2013 et lui ont en conséquence donné prioritésur lesautres chantiers de la réforme de la gestion financière, dont la mise en place d’une comptabilité d’exercice selon une trajectoire plus progressive. Ainsi, la transposition des directives CEMAC adoptées en décembre 2011 a été repoussée après la bascule en gestion par budgets de programme (hors RGCP en cours de refonte), afin de ne pas « faire de réformes sur la réforme ». Cette stratégie, conforme aux délais de transposition des directives accordés aux Etats membres (fin 2013), apparaît justifiée, s’agissant en particulier de la mise en place de la nouvelle nomenclature économique et fonctionnelle du budget de l’Etat. Dans ce contexte, priorité est donnée à la modification de la nomenclature portant sur la classification programmatique. 2. S’agissant de la présentation du budget en programme, une première expérimentation en 2012 et les travaux en cours pour la LFI 2013 contribuent à une préparation effective de la mise en œuvre de la LRFE.La loi de finances pour 2012 a été présentée de manière expérimentale en budget de programmes, et des projets de performance des administrations (PPA) ont été élaborés par des ministères pilotes, la loi demeurant adoptée et mise en œuvre en budget de moyen. Les travaux de préparation du projet de loi de finances(PLF) pour 2013 en budget de programme, qui ont pu s’appuyer sur des efforts importants de formation des ministères sectoriels et sur l’élaboration d’un guide méthodologique, étaient en cours lors de la mission. Ils devraient permettre sa présentation et son vote par programme conformément au calendrier prévu par la LRFE, même si des améliorations pourront être apportées progressivement à la maquette des programmes, à leur structuration interne, à la ventilation des dépenses par programme et aux objectifs et indicateurs de performance. 3. De nombreux facteurs positifs devraient faciliter la bascule en exécutionbudgétairepar programme. Un projet de manuel d’exécution budgétaire en programmes a été préparé et soumis à la Mission pour évaluation. Comme préconisé par la précédente mission du Département, le projet de RGCP a été repris et est en cours de modification, pour l’aligner sur la directive CEMAC portant RGCP. Les capacités des cadres chargés de l’exécution budgétaire sont remarquables, en administration centrale comme dans les services déconcentrés. De même, l’expérience acquise en matière de déconcentration de l’ordonnancement et du contrôle financier ont permis d’anticiper un certain nombre de changements majeurs. Enfin, la Direction de la réforme budgétaire (DRB) joue pleinement son rôle d’impulsion, de conception et d’animation. 10 4. Toutefois, les prérequis identifiés par la précédente mission du Département pour l’exécution en budget de programme ne sont toujours pas atteints. Cette mission avait conclu que « compte tenu des risques associés à cette évolution, elle ne pourrait être envisagée que si les conditions nécessaires suivantes étaient réunies d’ici la fin 2012 : (i) le respect des règles d’exécution et une meilleure remontée d’informations ; (ii) l’évolution des applications informatiques ;(iii) la définition des règles de gestion pour les responsables de programmes et la mise en place d’une organisation de la fonction financière et comptable dans les ministères; (iv) un ajustement de la nomenclature budgétaire ». 5. La mission constate que ces principaux risques ne sont pas pleinement maîtrisés à la date de la rédaction du présent rapport.Les systèmes d’information pour l’exécution budgétaire et la tenue de la comptabilité n’ont pas encore évolué pour prendre en compte la nomenclature programmatique et la gestion en autorisations d’engagement (AE). Les travaux techniques de définition des évolutions fonctionnelles sont inachevés, et leur financement n’est pas identifié. En l’état, les modalités et règles de gestion en budget de programme 6. restent encore à préciser pour partie. Le projet de manuel, qui constitue une très bonne base de travail et de réflexion, appelle une clarification des concepts, du rôle des acteurs et de la chaîne de la dépense et devra évoluer pour constituerun guidepratique pour les acteurs de la chaine de la dépense. Les textes réglementaires nécessitent d’être finalisés, s’agissant du projet de RGCP et du projet de décret relatif au contrôle administratif, ou élaborés s’agissant de la circulaire de la gestion en AE-CP. B. Evaluation et perspectives 7. A moins de six mois de la bascule en budget de programme, la priorité des autorités devrait être de sécuriser l’exécution budgétaire en privilégiant une exécution par programme dans la continuité de la gestion actuelle. Il serait périlleux de modifier les responsabilités des acteurs et les procédures actuelles d’exécutionet de contrôle de la dépense, malgré leur imperfection et leur lourdeur. Cela pourrait notammentobliger à modifier le déploiement, les profils d’utilisateurs et les processus des systèmes d’information budgétaires et comptables qui vont déjà être impactés par ailleurs.Dans ce contexte, le projet de manuel d’exécution budgétaire, dont les ambitions actuelles ne pourraient être atteintes qu’à moyen terme, serait recentré sur les modalités pour assurer une bascule dans des conditions de continuité avec la gestion actuelle. Ce manuel pourrait identifier un schéma cible, à moyen terme, afin de sensibiliser dès à présent les différents acteurs sur les réformes à mettre en œuvre dans les prochaines années. 8. La transposition des directives CEMAC et leur mise en œuvre progressive, étalée sur huit années dans le cas des budgets de programme, serait l’occasion de progresser vers une gestion plus complète par programme. L’alignement sur les directives CEMAC constitue une occasion d’inscrire la gestion en budgets de programme dans une approche progressive, tout en permettant au Cameroun de conserver son rôle moteur dans ce domaine 11 pour la sous-région. Ainsi l’encadrement des règles de virement ou l’introduction des mécanismes de fongibilité asymétrique, visant à protéger l’investissement et à prévenir tout abondement des dépenses de personnel en gestion, pourront être acclimatés dans la durée, en fonction de la montée en charge de la gestion par programme. 9. A court terme, la plus grande priorité devrait être donnée à l’adaptation des systèmes d’informationà la classification programmatique, ainsi qu’à l’exécution et au suivi en AE-CP. Si la nomenclature par programme devait ne pas être intégrée dans les systèmes budgétaires et comptables avant fin 2012, l’exécution en budget de programme se révèlerait difficile. Compte tenu des incertitudes liées à l’ampleur des évolutions fonctionnelles à réaliser et de l’absence de financement à ce stade, la DGB devrait d’ores et déjà travailler à un scénario alternatif, qui pourrait prendre les contours suivants : • exécuter le budget en moyens, la préparation du budget et sa présentation au Parlement au niveau le plus fin prévue par la LRFE le permettant ; • élaborer un modèle de fichier extracomptable pour le suivi de la consommation des dépenses d’investissement en AE et CP correspondants, et former les ministères sectoriels à leur utilisation ; • rendre compte de l’exécution budgétaire par programme en loi de règlement, sur la base d’un tableau de passage entre la nomenclature actuelle et la nomenclature programmatique, dont les modalités techniques devraient être expertisées en amont de la bascule par la DGB ; • préparer un cadre de compte rendu du dispositif de performance ; 10. L’adoption du nouveau RGCP devrait être un préalable à la bascule en budgets de programme au 1er janvier 2013. Si les travaux de transposition des autres directives, qui n’ont pas été entamés, peuvent être conduits dans le courant de l’année 2013, pour ne pas perturber la bascule en budgets de programme, il est essentiel que le décret portant RGCP soit pris avant la fin de l’année 2012. L’alignement de ce décret sur la directive CEMAC correspondante devrait être recherché, sous réserve de dispositions constitutionnelles ou législatives en vigueur y faisant obstacle. L’adoption d’un décret portant contrôle administratif et de la circulaire sur la gestion en AE et CP devrait également être réalisée avant le début du prochain exercice budgétaire. La circulaire annuelle d’exécution budgétaire devrait également évoluer pour tenir compte de l’ensemble de ces évolutions. L’appui apporté par la mission sur ces projets de texte est de nature technique et ne constitue en aucun cas un avis juridique. Les autorités devront procéder au travail de finalisation des textes et veiller à leur conformité avec le droit positif camerounais. 11. Les aspects de mise en place matérielle de la réforme, comme l’adaptation des documents-type et des formulaires supports de la gestion financièredoivent égalementêtre préparés. La mise en place d’un système de gestion informatique n’ayant pas 12 fait disparaitre le circuit papier, la DGB devrait dans un premier temps recenserles besoins d’évolution puis les mettre en œuvre avant la bascule, afin de fournir des documents adaptés à la gestion par programme (cartons, bons d’engagement et de commande, formulaires de délégation de crédit…). 12. Les agents des ministères sectoriels devraient être formés à la gestion budgétaire par programme, et en particulier aux nouvelles fonctionnalités des systèmes d’information avant la fin de l’année. Il s’agit prioritairement de les préparer à l’introduction de la nomenclature programmatique età la gestion en AE-CP. En outre, il convient de communiquer à cette occasion sur le caractère progressif de la réforme, afin d’éviter une démobilisation des gestionnaires qui n’auraient pas tiré immédiatement tous les fruits de ces nouveaux modes de gestion. Recommandations • Privilégier une bascule en budget de programme sans modifier les rôles et les procédures d’exécution de la dépense ; • Finaliser de manière urgente le cahier des charges et identifier le financement pourl’évolutiondes systèmes d’informationbudgétaires et comptables ; • Etudier un scénario alternatif permettant l’exécution en budget de moyen et un compte rendu en budget de programme, si l’adaptation du système d’information actuel ne pouvait être réalisée dans les délais impartis ; • Elaborer un tableau de suivi extracomptable des AE et des CP correspondants ; • Finaliser le projet de décret RGCP en l’alignant sur la directive CEMAC correspondante et l’adopter avant fin 2012 ; • Prendre le décret sur le contrôle administratif modifié et la circulaire sur la gestion en AE-CP avant la bascule; • Recentrer le projet de manuel d’exécution par programme en distinguant les règles applicables au 1er janvier 2013 du schéma-cible de gestion à moyen terme ; • Faire évoluer les formulaires et documents-types pour l’exécution en budgets de programme ; • Former les gestionnaires des ministères sectoriels aux évolutions des règles de gestion par programme et des systèmes d’information. 13 II. RENFORCER LE CADRE D’EXECUTION DU BUDGET A. Constats des missions antérieures 13. La mission du Département des finances publiques d’avril 2010 avait relevé « la nécessaire modernisation de la chaine de la dépense » induite tant par l’évolution du cadre législatif de la gestion financière publique que par la recherche d’une maitrise accrue des procédures régissant la dépense publique. Son analyse portait, notamment, sur les mécanismes d’exécution de la dépense, la problématique des arriérés et des restes à payer et les dispositifs de contrôle. 14. L’analyse de l’exécution des budgets 2008 et 2009 mettait en exergue des « taux d’exécution globalement satisfaisants », en dépit de « disparités significatives entre les ministères et entre les dépenses courantes et les dépenses d’investissement ». Ainsi, les crédits ouverts au titre de l’exercice 2008 avaient été ordonnancés à 82,8 %. Toutefois, plusieurs ministères, dont certains relèvent de secteurs stratégiques (transport, eau, énergie…), présentaient une consommation de leurs crédits inférieure à 70%. 15. L’analyse des procédures d’exécution des dépenses constatait l’existence de « procédures simplifiées permettant de contourner la complexité et les lenteurs de la procédure de droit commun mais qui comportent parfois d’importants risques au plan de la discipline budgétaire ». Facteur de lenteur, la procédure matérielle d’accréditation des ordonnateurs délégués par les chefs des départements ministériels et des ordonnateurs secondaires par les responsables territoriaux réduisait l’effet positif de la rapidité de la mise à disposition des crédits en début d’exercice. Le système de distribution des carnets de bons d’engagement aux ordonnateurs et des carnets de bons de commande aux services déconcentrés se traduisait également par un effet similaire. Le rapport relevait aussi que « la superposition des contrôles formels exercés sur les mêmes éléments à la fois par le contrôleur financier et le comptable public alourdit la gestion de la chaîne de la dépense sans donner une assurance suffisante quant à la régularité des opérations ». La mission soulignait également l’incidence du dispositif de régulation budgétaire sur l’engagement de certaines dépenses qui induisait une pression sur la chaîne de la dépense en fin d’exercice et constituait une cause de l’existence des dépenses engagées non ordonnancées (DENO). Dans ce contexte, l’existence de procédures dérogatoires d’exécution de la dépense visait à fluidifier l’exécution de la dépense. Toutefois, ces procédures se traduisaient par un affaiblissement des dispositifs de contrôle interne visant à sécuriser l’exécution budgétaire tant du point de vue de la maitrise de la dépense publique que fiduciaire. Ainsi, la mission relevait que la maitrise des arriérés de paiement et des restes à payer demeurait un point de vigilance, tout en soulignant la mise en place de mesures visant à la renforcer. 16. La mission du Département des finances publiques de décembre 2011 avait souligné que le Cameroun avait mis en place la déconcentration de l’ordonnancement en octroyant, de fait, cette fonction aux ministres sectoriels. Si une telle déconcentration 14 constitue un avantage dans la perspective de la mise en place de budgets de programme, la mission avait recommandé qu’elle s’accompagne de la redéfinition du rôle et la responsabilité des acteurs dans la gestion administrative et financière des programmes. Cette organisation financière des ministères sectoriels devait être articulée avec la chaîne comptable, et en particulier avec le projet d’éclatement de la pairie générale du Trésor en six paieries ministérielles spécialisées. 17. De plus, cette mission avait relevé que la LRFE et le projet de décret portant RGCP devaient être mis en conformité avec les directives de la CEMAC portant loi organique relative aux lois de finances (LOLF) et RGCP. Elle avait invité les autorités à reprendre le projet de RGCP afin qu’un groupe de travail l’actualise pour assurer sa convergence avec la directive CEMAC et qu’il soit adopté sans délai à l’issue de ces travaux. Il s’agissait en particulier de : (i) circonscrire le champ du projet de RGCP à l’Etat et à ses établissements publics administratifs; (ii) distinguer opérations budgétaires et de trésorerie; (iii) adopter des règles de nature à garantir la séparation des exercices ; (iv) encadrer les procédures dérogatoires et les régies d’avance et de les mettre en conformité avec la directive sur le RGCP ; (iv) clarifier la responsabilité du comptable public et les fonctions de certificateur dévolues à la future Cour des comptes. B. Situation actuelle Une exécution budgétaire marquée par des écarts sensibles entre prévisions et réalisations 18. L’analyse de l’exécution budgétaire relative à l’exercice 2010 fait apparaitre un écart significatif entre le niveau des dotations initiales et celui des dotations budgétaires finales des chapitres ministériels. Cet écart est de -17,49%, l’essentiel de l’ajustement résultant de la réduction des crédits dévolus à l’investissement (- 38,91 %). Ainsi neuf ministères 1 ont connu une réduction de leurs crédits d’investissement supérieure à 50 %. En revanche tant la faiblesse du taux d’engagements non ordonnancés que la bonne consommation des dotations finales sont satisfaisantes. Toutefois, il n’est pas possible de déterminer si ce résultat tient à uneamélioration des procédures d’exécution budgétaires ou s’il traduitl’importance des réductions de crédits opérées. 1 MINIMIDT, MINSEP, MINCULTURE, MINJEUN, MINDAF, CONTROLE SUPERIEUR ETAT, MINESUP, MINFI et MINRESI. 15 Tableau 1: Dépenses de fonctionnement et d’investissement des chapitres ministériels (exercice 2010) dont fonctionnement dont investissement (a) Dotations Initiales Total fonctionnement et investissement des chapitres ministériels 1,760,467,000,000.00 1,181,722,000,000.00 578,745,000,000.00 (b) Dotations Finales 1,498,344,000,000.00 1,081,723,450,000.00 416,620,550,000.00 -262,123,000,000.00 -99,998,550,000.00 -162,124,450,000.00 (c = b-a) Ecarts entre dotations finales et dotations initiales Ecarts entre dotations finales et dotations initiales (en %) (d) Engagements -17.49% -9.24% -38.91% 1,416,671,971,017.49 1,016,928,257,957.49 399,743,713,060.00 (e) Ordonnancements 1,413,327,811,187.00 1,014,506,835,950.00 398,820,975,237.00 (f = d-e) Engagements non 3,344,159,830.49 2,421,422,007.49 922,737,823.00 ordonnances Engagements non 0.24% 0.24% 0.23% ordonnancés (en %) (e/b)Taux de consommation 94.33% 93.79% 95.73% des dotations finales Source : mission à partir des données de l’article 3 de la loi 2011/021 du 14 décembre 2012 portant loi de règlement de l’exercice budgétaire 2010 Une gestion centralisée d’un montant significatif de crédits 19. A l’échelon interministériel, la gestion opérationnelle de certaines lignes de crédits demeure centralisée. Ainsi, en matière de salaire, le ministère des finances est l’ordonnateur des dépenses salariales à partir des crédits relatifs aux salaires ouverts au sein de chaque chapitre budgétaire. Le ministre des finances est également l’ordonnateur unique des dépenses d’intervention et de celles relatives aux dépenses communes. En 2012, le montant ordonnancé de ces deux derniers types de dépenses était équivalent à 15,5 % et 4,47 % du total des dépenses de l’ensemble des chapitres ministériels. Les fonds de contrepartie font également l’objet d’une gestion centralisée qui fait intervenir le MINEPAT et la Caisse Autonome d’Amortissement. La centralisation de la gestion de certains types de crédits est rationnelle et relève de choix d’organisation visant à sécuriser l’exécution de dépenses qui sont considérées, à juste titre, comme étant critiques. Enfin, le processus de recentralisation de l’exécution des marchés publics, consécutif à la création du Ministère des marchés publics, contribuera à terme à une concentration des actes de gestion afférents à une part significative de l’achat public. 20. A l’échelon ministériel, les dépenses d’investissement demeurent centralisées alors que celles de fonctionnement sont parfois très atomisées. Les ministres délèguent largement leur pouvoir d’ordonnancement en matière de dépenses de fonctionnement dans le cadre de la procédure dite d’accréditation.Cette accréditation n’est valable que pour des lignes budgétaires précises pour chacun des ordonnateurs « délégués », par nature 16 économique. Au MINEDUB, outre le Ministre et son Secrétaire d’Etat, 17 ordonnateurs « délégués » ont été désignés par le Ministre 2. Au MINADER, 26 ordonnateurs délégués sont accrédités dans IBIS. De fait, une analyse d’un échantillon restreint des dépenses de fonctionnement effectuées par ces ordonnateurs « délégués » fait apparaitre qu’elles relèvent fréquemment des dépenses courantes du service nécessaire à son fonctionnement quotidien et que les lignes budgétaires concernées sont d’un montant individuel faible. Les dépenses d’investissement sont, en revanche, ordonnancées uniquement par le Ministre. L’existence d’une fonction supportministérielle en matière financière 21. Les ordonnateurs « délégués » ont des fonctions financières limitées à l’engagement juridique et à la certification du service fait. Ils initient la dépense sur des bons d’engagement papier, qu’ils adressent ensuite à la Direction des affaires générales (DAG, pour les ministères de moins de 6000 agents) ou les DRFM (pour les plus grands ministères) pour contrôle de conformité et saisie de l’engagement comptable dans DEPMI central. L’ordonnateur préside la commission de réception, qui est également composée du comptable matière, du prestataire et éventuellement d’un agent technique (pour certains types de prestation). Il liquide au dos de la facture, qui est adressée au contrôleur financier pour saisie et visa. L’acte d’ordonnancement n’est pas matérialisé, le visa de liquidation du contrôleur financier valant ordre de payer et étant transmis directement par le contrôleur financier au comptable publique pour prise en charge et paiement. 22. Dans un contexte d’éclatement de l’ordonnancement, la DRFM assure, à l’échelon ministériel, des fonctions support en matière financière. Elle est tout d’abord ordonnateur délégué de ses propres crédits et de certaines dépenses communes (formation par exemple). Les décrets d’organisation du MINEDUB 3 et du MINADER 4 leur attribuent des fonctions support en matière d'élaboration et d'exécution du budget de leur ministère, de préparation et de programmation des marchés publics, et degestion desbiens meubles et immeubles. Pour le MINADER, son décret va plus loin en lui reconnaissant un rôle de coordination de la gestion financière du ministère, ainsi que de développement etde vulgarisation des méthodes de gestion des ressources financières. 2 : le Secrétaire général, deux directeurs de politique (suivi de l’éducation de base, enseignement primaire et maternel), 8 inspecteurs et inspecteurs généraux (dont certains sont conseillers techniques du Ministre), et 6 directeurs ou présidents chargés de fonctions transverses : le Directeur des ressources financières et du matériel (DRFM), le Directeur des ressources humaines (DRH), le Directeur de la planification et de la programmation, le Chef de la cellule juridique, et deux présidents des commissions de marchés publics. 3 Décret n° 2005/140 du 25 avril 2005. 4 Décret n° 2005/118 du 15 avril 2005. 17 23. Dans la pratique, les DRFM font fonction d’intermédiaire entre le contrôle financier et les directions techniques, pour le compte desquelles elles réalisent des actes matériels de gestion. Elles repartissent les quotas d’engagement trimestriels entre les ordonnateurs « délégués », sur instruction du Ministre, et assurent la centralisation des procédures de marché public (préparation des marchés, mise en forme après la commission de passation des marchés) pour lesquellesseul le Ministre est ordonnateur en qualité de maitre d’ouvrage. La DRFM assure des fonctions de contrôle de premier niveau des bons d’engagement et de leur saisie dans DEPMI, et de distribution des titres de confirmation de créance (TCC), édités par le contrôleur financier, aux ordonnateurs « délégués ». En revanche, les actes de gestion administrative des personnels (hors recrutement, centralisé au MINOFPRA) leur échappent puisqu’ils sont initiés par la DRH qui ne leur est pas rattachée. La nécessaire modernisation du processus d’exécution budgétaire 24. Les règles relatives à l’exécution des dépenses publiques, résultant des dispositions législatives et réglementaires, sont précisées au moyen d’une circulaire annuelle. Ainsi, les procédures de dépense applicables au titre de l’exercice 2012 sont définies par la circulaire n° 0001/MINFI du 10 janvier 2012 « portant instructions relatives à l’exécution, au suivi et au contrôle du budget de l’Etat, des établissements publics administratifs, des collectivités territoriales déconcentrées et des autres organismes subventionnés pour l’exercice 2012 ». La revue de cette circulaire permet de mettre en évidence les principales caractéristiques de la chaine de la dépense. Les mécanismes de régulation budgétaire 25. La régulation budgétaire s’appuie sur trois mécanismes complémentaires : le blocage de précaution, les quotas d’engagement des dépenses et le plan d’engagement des dépenses budgétaires. Le blocage de précaution consiste à rendre disponible, en début d’exercice, 90 % des crédits destinés à l’achat de biens et services. Un certain nombre d’exception à cette règle sont prévues. Elles concernent, notamment, les chapitres budgétaires correspondants à certains pouvoirs publics constitutionnels (Assemblée Nationale, Conseil Economique et Social et Cour Suprême), au MINEP et au MINFOF, ainsi que « les crédits destinés aux opérations de développement du budget d’investissement public ». Les quotas d’engagement (de 25%) visent à répartir les crédits budgétaires au cours de l’exercice. Ils sont notifiés trimestriellement aux ministres qui en effectuent la sousrépartition au sein de leurs services, avec l’appui de leurs directions financières (DRFM ou DAG). Le plan d’engagement budgétaire ministériel vise à assurer la cohérence globale de la gestion financière annuelle en mettant en relation les données relatives aux quotas d’engagement, à la programmation de la passation et de l’exécution des marchés et au plan de trésorerie. Le plan d’engagement budgétaire doit être élaboré, au plus tard, le 15 février. 18 La mise à disposition des crédits 26. La procédure matérielle d’accréditation des ordonnateurs délégués par les chefs des départements ministériels et des ordonnateurs secondaires par les gouverneurs demeure un facteur de ralentissement du démarrage de la gestion. Même si la circulaire dispose que la désignation des ordonnateurs délégués doit intervenir au plus tard le 20 janvier, des retards de moindre ampleur persistent. 27. De même, la gestion des carnets de bons d’engagement ou de commande qui constituent le support matériel de la mise à disposition des crédits, respectivement aux échelons centraux et déconcentrés, demeure une procédure matérielle chronophage. 28. Les virements de crédits au sein d’un chapitre sont plafonnés à 15% de la dotation initiale. Ils sont autorisés, le cas échéant, par le ministre des finances, un avis du Ministre chargé des investissements publics étant requis pour les crédits d’investissement public. Par dérogation à ce principe, les crédits relatifs aux dépenses de personnel et de fluides ne peuvent pas faire l’objet de virement au profit d’autres lignes. A contrario, les dotations des catégories de dépense « 27 – immobilisations non reparties » et « 69 – Provisions de fonctionnement », regroupant des crédits dont la destination n’a pu être déterminée lors de la préparation du budget, ne peuvent qu’abonder d’autres lignes budgétaires et ne peuvent servir de support direct à l’exécution d’opérations financières. Cette pratique semble ignorer les dispositions de l’article 17 de la LRFE qui limitent l’inscription au budget de crédits à des catégories de dépenses limitativement énumérées :charges et remboursement de la dette, réparations civiles, mise en jeu des garanties et catastrophes. Les provisions actuelles ne rentrent pas dans ces catégories. Ellestraduisent les difficultés d’élaboration du budget. L’exécution des dépenses 29. La procédure normale d’exécution des dépenses comprend 4 phases distinctes : l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement et le paiement. En droit,les trois premières phasessont mises en œuvre par l’ordonnateur, le paiement relevant de la responsabilité du comptable public.Conformément aux dispositions du décret du 16 mai 1977 portant aménagement de la législation financière de l’Etat, l’engagement est obligatoire. Au vu de la facture définitive, l’ordonnateur procède à la liquidation et transmet l’ordonnance de paiement et l’ensemble des pièces justificatives au contrôleur financier qui vise le dossier avant de la transmettre au comptable public.Il convient de relever que la procédure de règlement des dépenses non ordonnancées (DENO) concerne uniquement les prestations exécutées au cours de l’exercice budgétaire précédent qui n’ont pas été ordonnancées. Cette procédure prévoit que ces dépenses doivent être réengagées prioritairement sur les crédits de l’exercice courant. 19 30. En pratique, l’exécution concrète de la dépense fait intervenir plusieurs acteurs. La phase d’engagement juridique est initiée par l’ordonnateur délégué. Le formulaire papier est contrôlé puis saisi dans DEPMI Central par la DRFM. Le contrôleur financier après visa effectue l’engagement comptable. De même la liquidation et l’ordonnancement font intervenir tant l’ordonnateur délégué,que la DRFM et le contrôleur financier.Le paiement relève de la compétence exclusive du comptable. 31. Ainsi, le contrôleur financier, placé auprès des ministères, effectue un contrôle substantiel à trois étapes de la chaine de la dépense.Le contrôle financier a été déconcentré dans les ministères sectoriels, un contrôleur de la DGB étant placé auprès de 34 ministères. Ce réseau est coordonné par la Division du contrôle budgétaire, de l’audit et de la qualité de la dépense de la DGB. Au MINEDUB, le contrôleur financier est assisté de 2 chefs de service, et d’une dizaine d’agents. Son contrôle intervient aux stades de l’engagement juridique, de l’engagement comptable et de la liquidation. Au stade de l’engagement juridique, il mène un contrôle de régularité par rapport à la réglementation, ainsi que sur les projets de marchés publics, le contrôleur financier étant membre de droit de la commission de passation des marchés. Un nouveau contrôle est effectué au stade de l’engagement comptable, appelé « contrôle de conformité », qui outre la disponibilité des crédits, consiste à vérifier la situation fiscale détaillée du prestataire. Après visa, le contrôleur financier émet le titre de confirmation de la créance (TCC) dans IBIS. La troisième étape du contrôle, après certification du service fait et liquidation par l’ordonnateur, dite de « validation budgétaire », vise à vérifier sur pièces à nouveau l’ensemble du dossier, y compris le calcul de la liquidation. La transmission de la « dépense validée » par le contrôleur financier au payeur vaut ordonnancement. 32. L’adaptation du réseau comptable aux volumes d’actes à prendre en charge et à payer est en cours.La paierie générale du Trésor, dont la mission précédente du Département avait souligné l’engorgement, est en cours d’éclatement en paieries spécialisées, placées respectivement auprès des six ministères à plus forte volumétrie : Agriculture, Défense, Education de base et Enseignement secondaire (payeur commun aux deux ministères), Santé publique, Travaux publics et MINESEC. Un décret du Président de la République a été signé à cet effet, les travaux d’aménagement des locaux et de raccordement informatique sont en cours, ainsi que la nomination des payeurs. 33. L’exécution budgétaire est perturbée par un certain nombre de facteurs. Ainsi,l’impossibilité de recourir à des marchés pluriannuels, résultant de la stricte annualité budgétaire en l’absence de dispositif de type AE-CP, contraint à effectuer l’ensemble des actes préparatoires à l’exécution de la dépense au cours de l’année. L’addition des retards dans la mise à disposition effective des crédits et des délais inhérents aux procédures de marché se traduit par une difficulté pour consommer effectivement les crédits. La mission n’a pas été en mesure d’analyser les données relatives aux délais associés à chaque étape de la procédure de la dépense et n’est donc pas en mesure de déterminer exactement l’impact de ces perturbations. 20 34. Dans ce contexte, le recours à des procédures de dépense dérogatoires peut être perçu comme un moyen de pallier les lourdeurs de la procédure normale. Un certain nombre de dérogations à la procédure normale sont prévues telles que la procédure de paiement sans ordonnancement préalable (PSOP) qui fait l’objet d’un encadrement défini dans la circulaire annuelle d’exécution budgétaire. De même, certaines procédures, telle que la procédure d’avance de trésorerie,permettent, en principe à titre exceptionnel, de procéder à des paiements sans engagement et ordonnancement préalables. La mission n’a pas été en mesure de quantifier le volume de dépenses effectuées selon des procédures dérogatoires. Toutefois, l’importance des soldes des comptes d’imputation provisoire non soldés en fin d’exercice peut traduire la difficulté que rencontre le Trésor à régulariser certaines opérations. Dans le système actuel qui lie étroitement comptabilités générale et budgétaire, les dépenses sans ordonnancement préalable créent des distorsions difficilement traçables en comptabilité. Ainsi, les paiements réalisés avant liquidation ou sans ordonnancement préalable sont comptabilisés dans des comptes d’imputation provisoire. Ces derniers ne sont soldés qu’au moment où une imputation budgétaire est fournie au comptable, cette couverture budgétaire n’intervenant pas systématiquement, ou bien pouvant être réalisée sur un montant inférieur au paiement effectué. Un système d’information vieillissant 35. L’exécution de la dépense repose, de l’engagement au paiement, sur un système d’information morcelé. Il s’appuie sur un parc applicatif composé des logiciels : • IBIS et DEPMI qui couvrent les phases d’engagement, d’ordonnancement et de liquidation ; • CADRE et PATRIOT, qui couvrent la phase comptable ; • SYSTAC et SYGMA qui relient le Trésor et la BEAC. 36. La coexistence d’IBIS et de DEPMI ne constitue pas une solution optimale.L’application principale d’exécution du budget est IBIS, application de technologie ancienne, peu ergonomique et difficilement adaptable.L’application DEPMI offre des fonctionnalités complémentaires à IBIS qu’elle était destinée, initialement, à remplacer. Les ordonnateurs ministériels, via leurs DRFM, disposent désormais, a minima, d’un poste de travail DEPMI et ne sont plus contraints de faire saisir leurs dossiers de dépense par le contrôleur financier. DEPMI est la seule application déployée à l’échelon local. Une mission d’Afritac Centre avait relevé, en 2007, la complexité des interactions entre IBIS et DEPMI et les problèmes résultant de leur coexistence : communication manuelle, double saisie et incohérence des données d’exécution du budget. Ce diagnostic a été confirmé par une mission d’Afritac Centre de décembre 2011. 21 37. L’adaptation des procédures et des logiciels actuels de la chaîne de la dépense aux évolutions en cours représente un défi majeur. Un dossier de spécifications fonctionnelles et techniques a été élaboré pour procéder à la maintenance évolutive de l’ensemble des applications impactées par les évolutions en cours. La revue du dossier de spécifications générales 5 met en évidence la complexité d’une telle évolution dans un délai de quelques mois. Les évolutions fonctionnelles recensées concernent 6 logiciels (PREBIC, IBIS, DEPMI ORDONNATEUR, DEPMI CENTRAL et DECONCENTRE, SEBIC et CADRE). Ils incluent également les interfaces entre DEPMI, IBIS, CADRE et avec le système d’information de la Prospective, de la Planification, de la Programmation et du Suivi du MINEPAT. Pour chaque logiciel, les modifications portent sur des structures de fichiers (tables), des traitements informatiques, des grilles d’écrans et des états. Le dossier de spécifications générales retient une stratégie visant à minimiser le volume de modifications. Cependant, une telle évolution, si elle est certainement maîtrisable au niveau de chaque application, est complexe à effectuer à l’échelle du système d’information d’ensemble. Les procédures de test devront donc faire l’objet d’une grande rigueur afin de garantir la conformité et la fiabilité du système d’information à l’issue des travaux de maintenance évolutive à trois niveaux : au niveau de chaque composant d’un logiciel, au niveau du logiciel et à celui du système d’information pris dans son ensemble. Le cahier des charges consulté est incomplet et ne spécifie pas de manière suffisamment détaillé les évolutions attendues. Les procédures nécessaires à la sélection d’un prestataire n’avaient pas encore débutées lors de la mission, et le financement n’avait pas été identifié. Compte tenu de l’ampleur des travaux à réaliser, cette situation constitue un risque majeur. Un cadre réglementaire à adapter 38. La recommandation visant à réviser le projet de RGCP, formulée par la mission de décembre 2012, a été suivie. Un groupe de travail constituéau sein du MINFIaélaboré un nouveau projet de texte, qui n’a pas encore été adopté. Ce projet représente un progrès majeur dansl’alignement sur la directive portant RGCP de la CEMAC : les opérations de trésorerie sont distinguées desopérations budgétaires (chapitre III, articles 86 à 91), le mécanisme de réquisition du comptable par l’ordonnateur a été introduit (article 76), le principe du compte unique du Trésor a été consacré (article 96) et les caractéristiques des comptabilités budgétaire, générale et d’analyse des coûts ont été précisées. 39. Toutefois, des écarts demeurent avec la directive portant RGCP et les bonnes pratiques. Il reste difficile d’identifier les dispositions à caractère général applicables à l’ensemble des organismes publics, y compris les collectivités locales, de celles qui ne concernent que l’Etat. En outre, le projet de décret ne prévoit pas pour les établissements 5 « Cahier des charges du projet 2.27 de mise en conformité des logiciels existants pour le passage au budget programme en 2013 », Direction générale du budget, 17 mai 2012. 22 publics administratifs de régime financier et comptable distinct de celui de l’Etat, à la différence de la directive RGCP qui lui consacre sa dernière partie. 40. Le projet de RGCPpourrait en outre encadrer certaines pratiques qui nuisent à la fiabilité des balances générales des comptes. Ce texte devrait fixer un délai de régularisation de 60 jours pourles dépenses sans ordonnancement préalables (article 65), conformément àla directive RGCP. Par ailleurs, la période complémentaire budgétaire (article 111-3) devrait être ramenée de deux à un mois, comme prévu dans la directive RGCP, et l’imputation après la fin de l’exercice de dépenses et recettes budgétaires par voie d’autorisation parlementaire exceptionnelle (article 111-4) devrait être proscrite, comme le recommandait déjà la précédente mission du Département. Les régies d’avance n’ont pas été davantage encadrées dans le nouveau projet de RGC, en particulier s’agissant de la liste des dépenses payables par cette procédure dont, comme l’indique l’exposé des motifs,« la liste reste à arbitrer » et qui reste inchangée. 41. Enfin, des confusions persistent en matière de comptabilité. Les opérations de trésorerie et de financement n’ont pas vocation à être retracées en comptabilité budgétaire, comme le prévoit de manière erronée l’article 89, mais en comptabilité générale et dans le tableau des flux de trésorerie. C. Evaluations et perspectives 42. L’introduction des nouveaux modes de gestion induits par la pleine application de la LRFE s’effectuera dans un environnement complexe. Retirer les bénéfices associés à une gestion en mode budget de programme implique de procéder à des changements techniques, tels que l’adaptation des systèmes informatiques et l’introduction d’une nomenclature programmatique. Elle nécessite également de renforcer l’ensemble de la chaine budgétaire, de la prévision à l’exécution, afin de donner une assurance raisonnable au responsable de programme quant aux moyens qui lui sont alloués pour atteindre ses objectifs et lui fournir les données nécessaires au pilotage de son programme. Cela suppose également de développer les mécanismes de contrôle et de responsabilisation des responsables de programme afin d’assurer la soutenabilité budgétaire et la régularité de leurs actes de gestion. 43. L’inadaptation des systèmes d’information constitue le principal facteur de risque. La possibilité de prendre en compte la nomenclature programmatique n’est pas encore certaine. Il en va de même de sa capacité à mettre en œuvre une gestion en AE-CP. Aucun plan alternatif ne semble avoir été préparé. 44. L’entrée en vigueur de la LRFE au 1er janvier 2013 devrait être l’occasion de formaliser les procédures de délégation et de responsabiliser pleinement des ordonnateurs délégués. L’article 51-4 de la LRFE transfère le pouvoir d’ordonnateur principal aux chefs de départements ministériels, et prévoit qu’ils peuvent le déléguer par un acte administratif. En début d’exercice, chaque ministre devrait prendre un arrêté de délégation de signature indiquant les lignes budgétaires pour lesquelles cette délégation est 23 accordée, pour chacun des ordonnateurs délégués. Cet arrêté serait publié au journal officiel,permettant une plus grande transparence et un meilleur suivi des fonctions d’ordonnancement dans les ministères par la DGB, l’information demeurant aujourd’hui suivie au niveau des contrôleurs financiers ministériels. Un modèle d’arrêté de délégation est proposé en annexe du rapport, qui pourrait être diffusé en annexe du guide sur l’exécution en budget de programme. Sur la base de cette délégation juridique, la procédure d’accréditation pourrait être mise rapidement en œuvre (dépôt des spécimens de signature et des matricules des ordonnateurs délégués). La même procédure devrait être suivie au niveau déconcentré, le gouverneur délégant ainsi formellement sa signature. 45. la définition d’un schéma d’organisation financière type identifiant les fonctions support assurées par les DRFMpermettrait d’asseoirleur rôle dans la gestion financière. La forte dilution du pouvoir d’ordonnancement présente un risque en termes de qualité des actes de gestion, compte tenu de la faiblesse des fonctions financières au sein des services des ordonnateurs délégués. Les décrets d’organisation des ministères étudiés confient des fonctions financières transversales aux DRFM, qui ne sont pas précisées dans la circulaire du 10 janvier 2012 relative à l’exécution budgétaire. Dans la perspective de l’exécution en budget de programme, cette circulaire gagnerait à être complétée sur ce point, et à être éclairée par le manuel sur l’exécution budgétaire en mode programme, en fonction du nouveau schéma de gestion proposé (voir infra). 46. En outre, le projet de RGCP devrait s’employer à mieux encadrer les procédures de dépenses exceptionnelles, qui sont régies par une simple circulaire annuelle sur l’exécution du budget.Les procédures décrites dans cette circulaire sont peu précises et laissent ainsi un large champ d’interprétation. Il en est ainsi de la procédure dite « d’avances de trésorerie », qui permet un déblocage de fonds par un comptable sur instruction du Ministre des finances, sans engagement budgétaire préalable. De même, s’agissant des dépenses éligibles à la demande de procédure simplifiée (DPS), elles sont seulement listées sur le bordereau lui-même. Cette situation confère à la DGB la faculté d’inclure tout type de dépense dans cette procédure. L’analyse des procédures de dépenses identifie des pistes d’évolution des procédures qui devraient trouver leur écho dans le RGCP (voir supra). D. Recommandations A court terme • Prendre dès janvier 2013 un arrêté de délégation de l’ordonnancement pour chaque ministère et chaque échelon déconcentré ; • Décrire des fonctions supports types dévolues aux DRFM dans la circulaire annuelle sur l’exécution budgétaire et les préciser dans le manuel d’exécution budgétaire en mode programme ; 24 • Veiller à la stricte application des dispositions de l’article 17 de la LRFE en supprimant les provisions budgétaires qui n’ont pas le caractère d’un crédit évaluatif ; • Encadrer les procédures dérogatoires dans le cadre du projet de RGCP. III. CLARIFIER ET PRECISER LEDISPOSITIF D’EXECUTION BUDGETAIRE EN MODE BUDGET DE PROGRAMME A. Etat des lieux de la préparation budgétaire Constats des missions antérieures 47. La précédente mission du Département avait souligné l’avancée que représentaient la préparation et la présentation du PLF 2012 en budget de programmes, à titre expérimental. Elle avait constaté les progrès effectués en matière d’articulation des phases de planification, de programmation et de budgétisation, de structure budgétaire et de nomenclature. En revanche, les dispositifs de gestion de la pluriannualité demeuraient perfectibles. Des projets de performance des administrations (PPA) avaient en outre été élaborés par quelques ministères pilotes. Toutefois, l’ensemble des dépenses de personnel était présenté dans un programme unique, ce qui ne permettait pas une réelle ventilation de ces dépenses par politiques publiques. La structuration en fonctions, programmes, actions, activités et paragraphes présentait également des faiblesses et mélangeaitdes anciennes catégories du budget de moyens avec celles d’un budget de programme. 48. A court terme, la mission avait formulé une série de recommandations visant à clarifier les concepts et à améliorer l’architecture des programmes et leur structuration interne, pour notamment : (i) actualiser le manuel d’élaboration du budget de programmes en distinguant bien les concepts d’un budget de moyens de ceux d’un budget de programmes; (ii) engager une revue de la nouvelle structuration budgétaire ; (iii) élaborer un document synthétique présentant l’ensemble des fonctions, programmes et actions, pour mettre en exergue la nouvelle orientation « politique publique » du budget de l’État ; (iv) engager le travail de répartition des dépenses de personnel par programme. Situation actuelle 49. La DGB et les ministères sectoriels étant lors de la mission en phase de préconférence budgétaire, la mission n’a pu consulter un projet de loi de finances pour 2013 mais souligne la forte mobilisation des ministères rencontrés. La mission n’a donc pas été en mesure d’apprécier la pertinence de la structurationen programmes et actions et la qualité du dispositif de performance, en particulier desindicateurs, qui étaient apparuesperfectibles dans le budget 2012. Toutefois, la mobilisation de l’administration 25 apparaît réelle, comme en témoigne la publication de la circulaire présidentielle du 9 juillet 2012 relative à la préparation du budget pour 2013, deux mois avant sa date de publication habituelle. Cette circulaire indique que« l’élaboration se fera intégralement sous la forme de budgetprogramme, conformément à la loi 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’Etat ». Elle réaffirme l’objectif d’articuler les documents de planification et de programmation et le budget, comme préconisé par les missions récentes du FMI. 50. La DRB a mené au cours du premier semestre 2012 des actions d’appui méthodologique et de formation des ministères sectoriels. Le projet de guide d’élaboration des budgets de programme et les supports de formation ont été clarifiés, avec l’appui du Département des finances publiques. Un document synthétique de présentation de l’ensemble des programmes a été mis à disposition des autorités, et reste à exploiter pour le PLF 2013. 51. La révision de la structure des programmes était en cours lors de la mission, selon les axesd’amélioration identifiées par la précédente mission. Le cadre budgétaire complet, y compris le dispositif de performance (objectifs et indicateurs), est en cours de saisie par les ministères dans l’application PREBIC de préparation budgétaire, qui a été adaptée à la nouvelle nomenclature par programme.La circulaire présidentielle indique que « l’affectation des dépenses de personnel dans les programmes se fera de manière systématique, afin de dégrossir véritablement le programme-support ». Cette prescription est nouvelle et importante compte tenu que les dépenses de masse salariale représentent près du tiers du budget. Le Comité interministériel d’examen des programmes a tenu en fin de mission une réunion relative à la revue des programmes du PLF 2013 en cours d’élaboration. 52. La mission a pu examiner la présentation d’ensemble des programmes du MINEDUB pour la pré-conférence budgétaire.Les 4 programmes correspondent aux fonctions de base du ministère : enseignement préscolaire, enseignement primaire, alphabétisation, et administration générale. Chaque programme comporte entre 4 et 6 actions, ce qui est conforme à la recommandation nationale d’un maximum de 8 programmes par ministère. Le découpage et l’intitulé des actions montrent toutefois une certaine confusion entre « action » et « objectif », les actions étant dans plusieurs cas non pas des sousprogrammes, mais des objectifs. Concernant la performance, il y a un seul objectif stratégique pour le programme dans son ensembleet un seul objectif par action, et chaque action a un seul indicateur, conformément à ce qui est préconisé. La qualité d’ensemble des indicateurs apparaît bonne, puisqu’ils mesurent l’impact des résultats, et nonl’activité oules moyensmis en œuvre. Ces indicateurs donnent seulement la valeur de l’année de référence (c'est-à-dire la plus récente connue) et la valeur-cible (presque toujours 2015), mais pas la valeur attendue pour l’année budgétée. 26 B. Rôle et responsabilité des acteurs Situation actuelle 53. Le projet de « Manuel de l’exécution du budget-programme », établi par la DGB, constitue une base utile permettant d’expliciter les principes, définitions etnotions relatifs à la gestionfinancière par programme. Ce texte, remis à la mission, est une première version très complète dans sa conception, mais comportant encore des points non rédigés ou à rédaction provisoire. Il apparaît comme une somme des principes et règles devant gouverner la gestion des finances publiques et constitue ainsi un apport utile à leur meilleure connaissance au sein des administrations de l’Etat. Le champ du projet de manuel embrasse à la fois l’exécution technique et financière du programme, la comptabilisation des opérations budgétaires, les mécanismes de compte rendu, ainsi que les dispositifs de contrôle, d’évaluation et d’audit des programmes. 54. Les différents acteurs de l’exécution du budget de programme sont identifiés dans ce projet de manuel, qui détaille leurs rôles et responsabilités. Il s’agit des intervenants traditionnels de l’exécution, s’agissant des ordonnateurs (principaux, secondaires et délégués), du contrôleur financier, des comptables public et matière, de la commission de passation des marchés, ainsi que des régisseurs de recette et d’avance. Un nouvel acteur est introduit, le coordonnateur de programme, et d’autres sont redéfinis pour tenir compte du cadre de gestion par programme, les « unités administratives gestionnaires de crédit » et les « gestionnaires de ressources ». Ces deux derniers reprennent des attributions exercées respectivement par les ordonnateurs délégués et les directions financières des ministères (DAG ou DRFM). 55. La désignation descoordonnateurs de programmes n’est pas encore pleinement aboutie dans le cadre de la préparation du PLF pour 2013. Ellen’avait été faite que pour certains ministères lors de l’élaboration du budget de programmes « pro forma » de 2012. Il peut s’agir pour certains programmes d’un choix difficile, qui relève d’une décision de chaque ministre pour son administration. Evaluation et perspectives 56. Sur la base de ce manuel, les autorités devraient concevoir un guide plus pratique, centré sur la bascule en budget de programme, et distinguant ce qui relève davantage d’un schéma-cible à moyen terme. L’ambition du manuel de mettre en place des outils complets de gestion en budget de programme apparaît déconnectée du souci légitime des autorités d’assurer une bascule dans la continuité des règles et pratiques d’exécution budgétaire. La complexité du manuel, s’agissant du rôle des acteurs comme de l’évolution des procédures de dépense, pourrait en effet perturber le début de gestion 2013. En outre, les modifications décrites dans la manuel débordent del’exécution des budgets de programme, en rattachant au nouveau mode d’exécution des améliorations certes 27 souhaitables des processus de gestion, mais indépendantes de la nouvelle structuration du budgétaire et encore peu préparées. Afin de sécuriser la bascule en exécution par budget de programme, le manuel devrait donc distinguer les règles de gestion appelées à régir l’exécution 2013,de ce qui relève d’un schéma-cible plus ambitieux qui permettra à moyen terme de tirer tous les bénéfices de la nouvelle gestion budgétaire. 57. L’articulation des responsabilités des acteurs traditionnels de la dépense avec la nouvelle gestion par programme pourrait être clarifiée et précisée, s’agissant tout particulièrement du responsable de programme. Le projet de manuel affirme que le ministre est responsable du programme. Cette conception n’apparait pasadaptée en ce que le responsable de programme a une responsabilité de gestion, dont il est redevable devant son ministre. La gestion du programme ne devrait donc pas être exercée, même nominalement, par une personne appartenant à la sphère politique, mais par un administrateur. Cela aurait également pour avantage de simplifier les acteurs intervenant dans la gestion des programmes. Il conviendrait desubstituerau « coordonnateur de programme »,qui n’est mentionné ni dans la LRFE, ni dans le projet de RGCP, ni dans les directives CEMAC, et dont le « rôle de coordination et d’appui-conseil » au ministre ne permettrait pas de le responsabiliser pleinement sur sa gestion et sa performance, un« responsable de programme » proprement dit. 58. La question du cumul des fonctions de responsable et d’ordonnateur délégué devrait être tranchée dans le manuel. Si l’actuelle rédaction de l’article 51 de la LRFE 6 et de l’article 13 du projet de RGCP 7 semble privilégier un tel cumul, le projet de manuel indique pour sa part « qu’un coordonnateur de programme n’est pas forcément un ordonnateur secondaire ou délégué ». Pour la Mission, le cumul desfonctions d’ordonnateur délégué et de responsable de programme devrait être la règle. Cela permettrait de supprimerle risque de désaccord et la nécessité d’une articulation entre le concepteur et le réalisateur des mouvements de crédits, et de réduire à quatre par ministère (nombre maximum de programmes) le nombre d’ordonnateurs délégués, qui est actuellement très supérieur. Cela conduirait le responsable de programme – ordonnateur délégué à désignerdes ordonnateurs subdélégués qui bénéficieraient d’une délégation designature. Cette dernière constitue une mesure d'organisation interne du service, délégation étant donnée à un agent placé sous l'autorité hiérarchique du délégant, pour des matières ou lignes budgétaires limitativement énumérées. Il s'agit d'une mesure prise intuitu personae qui peut être remise en cause, et qui l’est obligatoirement en cas de changement des personnes concernées. En particulier, les subdélégations données par un responsable de programme devront être reprises si un nouveau 6 « L’ordonnateur a la responsabilité de la bonne exécution des programmes (…). L’ordonnateur est astreint à la production (…) d’un rapport de performance sur les programmes dont il a la charge ». 7 Les ordonnateurs du budget de l’Etat sont responsables de l’élaboration et de la mise en œuvre des programmes ainsi que des résultats attendus. 28 responsable est nommé.Cet acte juridique n’empêche pas en outre le délégant d'évoquer à tout moment une affaire soumise au délégataire. 59. Le contenu et les modalités d’exercice de la fonction de responsable de programmepourraient être précisés par le manuel d’exécution budgétaire. Son rôle pourrait s’analyser en substance comme suit : (i) élaborerlebudget de son programme en fonctionnement et en investissement, donner un avis sur la répartition des crédits entre actions et unités administratives, et assurerla rédaction du PPA ; (ii) suivre, mensuellement l’exécution du programme en crédits et en emplois ; (iii) donner un avis sur les mouvements de crédit entre plusieurs programmes ; (iv) suivre la réalisation de la performance et en rendre compte dans le cadre du rapport annuel de performance (RAP), en supervisant le contrôle de gestion et le calcul du coût des activités ; (v) veiller à la mise en place de contrôles internes dans la gestion du programme. Lorsque la fongibilité sera possible au sein du programme, ce qui est prévu par la directive CEMAC, mais n’est guère le cas suivant le régime financier actuel, elle sera gérée par le responsable de programme. 60. De même, les attributions des gestionnaires de crédit devraient être précisées dans le projet de manuel. Leur rôle serait de contribuer à engagement juridiquement les dépenses et à la certification du service fait pour le compte de l’ordonnateur qui conserverait personnellement l’attribution d’ordonner le paiement (voir sous-partie II-C). A terme, leur rôle pourrait être articulé avec celui des unités administratives, qui devraient seulement désigner les unités de gestion de crédit, et non les unités bénéficiaires de la dépense qui n’interviennent pas dans son engagement. La fonction de « responsable d’activité », appelée à répondre de sa performance opérationnelle et distincte de celle de gestionnaire de crédit devrait également disparaitre du manuel. L’utilité de l’échelon du responsable d’action devrait aussi être remise en cause, plusieurs unités administratives pouvant contribuer à une même action. Il serait à moyen terme plus cohérent que l’unité administrative soit seule comptable de sa performance et de la gestion des moyens mis en œuvre pour l’atteindre dans le cadre des budgets de programme. 61. Le rôle des DRFM en tant que fonction financière support des programmes devrait être clarifié. Le projet de manuel reconnaît que la fonction de gestion des ressources financières ou matérielles doit être professionnalisée, ce qui fait obstacle à un éclatement des fonctions financières au sein de chaque programme. Le rôle actuel des DRFM, qui interviennent dans la production d’actes matériels de gestion (par exemple la saisie des bons d’engagement dans DEPMI) et qui opèrent à cette occasion un contrôle qualité, devrait être conforté dans le cadre des budgets de programme.En effet, la mutualisation de travaux de pure exécution ne constitue pas une déresponsabilisation des décideurs, à condition d’être clairement définie dans le projet de manuel,qui préciserait le rôle de chaque partie et veillerait à préserver le pouvoir de décision de l’ordonnateur-responsable de programme, notamment quant aux mouvements de crédit, à l’engagement de la dépense, et à la certification de service fait et à terme à l’ordonnancement. A moyen terme, dans un schémacible, chaque unité administrative entrerait dans un processus de dialogue de gestion avec le 29 responsable de programme. Ce dialogue serait structuré autour d’au moins 2 réunions annuelles, au stade de l’élaboration du budget de l’année suivante, et pour le constat de l’exécution de l’année précédente, complétées au besoin à tout moment en cours de gestion si le suivi de l’exécution l’exige. 62. Le systèmede contractualisation décrit dans le projet de manuel devrait être fortement recentré, et mis en œuvre dans la cadre du schéma-cible compte tenu de sa lourdeur. Le contrat de performance entre le responsable de programme et le ministre, qui est prévu par le projet de manuel, devrait être abandonné, la relation hiérarchique entre le ministre et le responsable de programme excluant sa contractualisation. Les protocoles d’accord entre deux responsables de programme intervenant dans un même champ de compétence ne seraient envisagés qu’à moyen terme, une fois l’architecture et les objectifs des programmes clarifiés et stabilisés. De même s’agissant de l’introduction d’un contrat de services entre les responsables de programme et les gestionnaires de ressources du même ministère, créant des obligations de performance réciproques dans la gestion (délais de traitement des dossiers…). Enfin, les contrats de partenariat public-privé devraient être retirés du manuel, puisqu’à l’évidence ils sont déconnectés des processus d’exécution budgétaire en programme. Recommandations • Distinguer le responsable de programme du Ministre, et le fusionner avec la fonction de coordonnateur de programme appelée à disparaitre ; • Cumuler les fonctions de responsable de programme et d’ordonnateur délégué ; • Préciser le contenu et les modalités d’exercice des fonctions de responsable de programme, de gestionnaire de crédits et de gestionnaire de ressources ; • Recentrer le mécanisme de contractualisation sur la gestion technique et financière des programmes et en reporter l’application au schéma-cible à moyen terme. C. L’exécution financière des programmes Situation actuelle 63. Le projet de « Manuel de l’exécution du budget programme » propose une organisation de l’exécution budgétaire très proche de l’organisation actuelle et organisée autour de 3types d’acteurs : • L’ordonnateur délégué procède à l’engagement de la dépense et dispose du pouvoir d’ordonnancer le paiement. Un ordonnateur délégué peut également, en fonction de ses accréditations et de l’organisation ministérielle, exercer les fonctions de gestionnaires de crédits ; 30 • Les « gestionnaires de crédits » apprécient l’opportunité de la dépense et l’initient. Ils interviennent dans toutes les phases de l’achat, leur rôle s’achevant à la constatation du service fait et à la pré-liquidation qui en résulte ; • Les « services financiers ou gestionnaires de ressources » sont chargés d’exercer le rôle de fonction support en matière financière, correspondent aux actuelles DAG ou DRFM. A ce titre, ils sont les interlocuteurs privilégiés du MINFI au sein de leur département ministériel et assurent un ensemble de tâches matérielles concourant à l’exécution financière. Ils sont notamment chargés de finaliser la liquidation et de transférer l’ordre de paiement au comptable public, pour le compte et sous la responsabilité de l’ordonnateur. Le « contrôleur financier»demeure investi de deux missions : assurer la soutenabilité financière des actes à incidence financière, notamment via le visa de l’engagement, et contrôler la régularité de la dépense au stade de sa liquidation. 64. Le projet de manuel présente trois procédures d’exécution de la dépense : • La procédure normale avec « AE = CP » dans laquelle la consommation des CP est concomitante à celle des AE et qui est organisée autour des quatre phases classique de la dépense : engagement, liquidation, ordonnancement et paiement ; • La procédure simplifiée « diffère de la procédure normale en ce sens que les quatre étapes s’effectuent en une seule phase » ; • La procédure normale avec AE différents des CP qui ajoute à la procédure normale une étape visant à engager les AE et constater leur consommation, réservée à l’investissement. 65. Le logigramme de présentation de la procédure normale avec AE = CP retient une organisation de la chaîne de la dépense conforme aux principes usuels de séparation des fonctions. Il positionne le gestionnaire de ressources dans sa fonction de mise en œuvre des actes matériels de la dépense et d’acteur du contrôle interne en lui confiant des activités techniques de contrôle de conformité et de liquidation des dépenses. Il affirme également la responsabilité de l’ordonnateur en tant qu’autorité responsable de la validation de l’ordre de payer donné au comptable public. Il serait cependant utile de supprimer l’étape 13 qui confie au gestionnaire de ressource un contrôle postérieur au visa du contrôleur financier dont la valeur ajoutée n’est pas évidente. Ce contrôle pourrait être utilement repositionné à l’étape 11, comme dans la pratique actuelle. 66. La procédure simplifiée consiste à exécuter une dépense sans engagement préalable.Les cas d’emploi ne sont pas mentionnés. Une telle procédure, dérogatoire aux principes du droit financier et du contrôle budgétaire, doit être très strictement encadrée par voie réglementaire et limitée à des natures de dépense la justifiant telles que les dépenses de 31 salaire. Comme mentionné supra, elle a une incidence directe sur la qualité des données relatives à l’exécution budgétaire et de la comptabilité de l’Etat. Par ailleurs, le manuel mentionne une « régularisation de la dépense au terme de l’exercice ». Une telle pratique ne peut être considérée comme étant satisfaisante. Conformément à la directive CEMAC, il est recommandé de procéder à une régularisation 60 jours au plus après le paiement afin de réduire les travaux d’apurement des comptes d’imputation provisoire en fin d’exercice. Cette régularisation devrait s’inscrire dans un cadre contraignant prévoyant par exemple son suivi par le contrôleur financier et une régularisation d’office par la DGB si l’ordonnateur ne respecte pas le délai imparti. 67. Le cadre d’exercice de la modification de la répartition des crédits n’est pas encore précisé dans le projet de manuel. La LRFE prévoit que si le vote du budget s’effectue au niveau du chapitre et que le programme est l’unité de spécialisation, les crédits sont mis à disposition par article, c'est-à-dire par unité administrative. La modification de la nature des crédits ou de l’unité administrative qui en dispose requiert un arrêté de virement du ministre et ne peut excéder, au cours d’une année budgétaire 15% de la dotation initiale du programme. De fait, la LRFE ne prévoit pas de mécanisme permettant la fongibilité des crédits au sein d’un programme. Par ailleurs, comme l’avait relevé la mission de décembre 2011l, « les règles relatives aux virements prévues par la LRFE apparaissent insuffisamment contraignantes pour respecter les autorisations votées par le Parlement. La LRFE autorise tout virement de crédits entre chapitres par décret du Premier ministre ». Des virements pourront aussi être effectués entre programmes d’un même ministère, sans limitation. Toutefois, si la circulaire d’exécution budgétaire pour 2011 limitait les virements à 20% des dotations initiales, celle relative à l’exercice 2012 a réduit ce plafond à 15% des dotations initiales. Evaluation et perspectives 68. Afin de limiter les risques associés au changement des modes de gestion, il semble nécessaire de ne pas apporter demodifications majeures à l’organisation de la chaîne de la dépense à ce stade.Le projet de manuel devrait décrire la procédure normale actuellement pratiquée, en consacrant le rôle des DRFM qui devraient constituer l’essentiel des services gestionnaires de moyen.Il devrait en revanche réserver le repositionnement légitime de l’ordonnateur dans la phase d’ordonnancement au schéma-cible. 69. L’encadrement strict de la procédure simplifiée est impératif. D’un point de vue pédagogique, il serait même préférable de ne pas la mentionner dans le guide afin de ne pas donner le sentiment qu’elle constitue une procédure de droit commun permettant de contourner les lenteurs de la chaîne de la dépense. Cette omission ne ferait pas obstacle à la description de la procédure de paiement des salaires. 70. Les mécanismes permettant d’accroître les marges de manœuvre des responsables de programme doivent être pris en compte.La gestion en budget de 32 programme a pour objectif d’accroitre l’efficacité de l’action publique en assignant des objectifs précis aux responsables de programme. Corollairement à cette responsabilité, ils doivent disposer de marge de manœuvre dans la gestion des ressources qui leur sont allouées. Ces mécanismes ne sont pas encore précisés. Il convient également d’intégrer dans l’analyse le risque de réduction des marges de manœuvre pouvant résulter de la budgétisation par programme, telle qu’une spécialisation trop forte des crédits, notamment à l’échelon déconcentré où un ordonnateur délégué pourrait intervenir au titre de plusieurs programmes. Dans ce cas, sa dotation budgétaire habituelle pourrait être répartie entre plusieurs programmes, ce qui aurait pour effet de morceler davantage des lignes budgétaires qui sont déjà de faibles montants. 71. Enfin, la réforme de l’organisation, de la passation et du contrôle des marchés publics devrait être intégrée au manuel. La création d’un ministère des marchés publics, par décret présidentiel n°2011/408 du 9 décembre 2011 portant organisation eu gouvernement, a centralisé la passation des marchés publics de plus de 50 millions FCFA au profit de ce nouveau ministère en administration centrale comme au niveau déconcentré, avec l’institution de délégués régionaux et départementaux des marchés publics. Une circulaire n°001/CAB/PR du 19 juin 2012 a précisé les modalités de passation et de contrôle de l’exécution des marches et modifié les attributions des ministères sectoriels dans ce domaine. Le guide pourrait utilement se faire l’écho de ces réformes, qui vont modifier la gestion des dépenses d’investissement. Recommandations • Réserver le repositionnement de l’ordonnateur après le contrôle de la liquidation au schéma-cible de gestion en budget de programme ; • Supprimer la procédure simplifiée du guide d’exécution en budget de programme ; • Intégrer la réforme de la passation et du contrôle de l’exécution des marchés dans le manuel. IV. ADAPTER LE CONTROLE INTERNE DES FINANCES PUBLIQUES POUR MAITRISER LES RISQUES INDUITS PAR LES NOUVEAUX MODES DE GESTION A. Evaluation du champ du contrôle administratif Constats des missions antérieures 72. La mission de décembre 2011 avait préconisé une adaptation des dispositifs de contrôle interne des finances publiques afin de renforcer la maitrise des risques induits par les nouveaux modes de gestion.Elle soulignait que le système de contrôle n’était pas clairement défini dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau régime financier de l’Etat. 33 En conséquence, elle avait recommandé d’élaborer les textes particuliers relatifs aux différents types de contrôle. 73. Dans le cadre de la revue du projet de décret sur le contrôle administratif, il avait été recommandé de faire évoluer la typologie des contrôles et de veiller à la bonne articulation de ce projet de texte avec le projet de RGCP. Dans la continuité des travaux engagés dans le cadre de la mission, le Département des Finances Publiques avait effectué une revue détaillée du projet de décret fixant le régime particulier du contrôle administratif élaboré par le MINFI. Cette revue avait conclu à la nécessité d’opérer une clarification de la typologie des contrôles et des concepts utilisés. Ainsi, il était proposé d'exclure de son champ les contrôles externes, notamment le contrôle juridictionnel exercé par la Chambre des comptes. L'attention a également été appelée sur la nécessaire articulation avec le projet de décret portant RGCP qui prévoit l'adoption de textes particuliers pour chaque type de contrôle. De plus, la notion d'audit est apparue insuffisamment définie. La revue avait proposé d’exclure du champ de ce projet de décret les contrôles financier et comptable, pour le centrer sur le contrôle interne et l'audit interne,ainsi que le contrôle de gestion. De plus, elle avait suggéré de faire évoluer les contrôles afin d’anticiper l’application, dans le respect du droit positif, de certaines dispositions des directives de la CEMAC. Situation actuelle 74. Le nouveau régime financier de l’Etat promeut une acception étendue du périmètre organique et fonctionnel du contrôle administratif. Ainsi, l’article 73 de la LRFE dispose qu’ « un contrôle de régularité et de performance ainsi que des missions d'audit de la gestion des administrations publiques, des entreprises publiques, des établissements publics, ainsi que des entités privées ayant reçu une subvention, un aval ou une caution de l'Etat ou de toute autre personne morale de droit public, sont menés par les services spécialisés compétents de l'Exécutif ». Cette orientation est conforme à la directive de la CEMAC relative au RGCP. En application des dispositions de l’article 74 de la LRFE qui prévoient que « des textes réglementaires fixent les attributions, l'organisation et le fonctionnement desservices spécialisés visés à l'article 73 ci-dessus, ainsi que les modalités de ce contrôle », la DGB a élaboré un projet de décret portant sur les contrôles administratifs, et traite de la question des contrôles dans sonprojet de manuel d’exécution budgétaire des budgets programme. 75. L’analyse du manuel fait apparaitre la nécessité de procéder à une clarification des concepts et à une définition réglementaire et administrative permettant de préciser la nature des différents typesde contrôle associés à la gestion budgétaire rénovée. D’un point de vue formel,le projet de manuel retient une présentation trop dense qui se traduit par une difficulté majeure d’identification des typologies de contrôles, de leurs objectifs et de leurs caractéristiques, ainsi que des acteurs impliqués dans leur réalisation. Le choix de présenter les contrôles au fil de la description des modalités de pilotage et d’évaluation du budget de programme, ainsi que de son exécution ne favorise pas la compréhension de 34 l’architecture globale du système de contrôle. Par ailleurs, le manuel dissocie insuffisamment les fonctions de contrôles de régularité,dont la responsabilité incombe à titre principal au contrôleur financier et aucomptable, des fonctions d’audit interne, ces dernières étant par ailleurs en partie confondues avec l’audit externe. La distinction fondée sur la temporalité des contrôles (a priori, a posteriori) n’a en outre plus lieu d’être. 76. Sur le fond, un travail complémentaire doit être effectué afin d’aligner les concepts sur les normes et bonnes pratiques internationales. La dernière partie du projet de manuel dédiée au contrôle, à l’évaluation et à l’audit des programmes reprend une présentation théorique des contrôles qui présente des inexactitudes en termes conceptuels. Les catégories d’audit sont mal identifiées. Evaluation et perspectives 77. La mission réitère les constats précédemment formulés sur le projet de décret relatif aux contrôles administratifs. Le projet de décret fixant le régime particulier du contrôle administratif pourrait être recentré sur les contrôles a posteriori, en excluant les contrôles du comptable (régis par le projet de décret portant RGCP) et du contrôleur financier (renvoyé à un décret spécifique). Le décret aurait pour objet de préciser la nature et le contenu des différents types de contrôle, et pour le contrôle interne et l'audit internes ainsi que le contrôle de gestion d’en préciser la gouvernance et l'organisation au sein de l’Etat. Une déclinaison ministérielle de ce projet de décret permettrait une adaptation aux spécificités des structures administratives, tout en promouvant la responsabilisation des ordonnateurs et les nouvelles typologies de contrôle introduites par la LRFE. 78. Il est proposé de renvoyer à un manuel distinct relatif au contrôle, à l’audit et à l’évaluation définissant les outils et méthodes de ces contrôles.Les aspects relatifs aux objectifs, à l’organisation et aux modalités du contrôle interne et de l’audit devraient faire l’objet d’une description dans des référentiels de contrôle interne et d’audit interne.Les aspects méthodologiques pourraient être décrits dans des manuels et guides de formation destinés spécifiquement aux acteurs du contrôle interne et de l’audit interne. Recommandations • Modifier la portée du projet de décret fixant le régime particulier du contrôle administratif en excluant le contrôle externe et les contrôles relevant du contrôleur financier et du comptable public. 35 B. Evolutions des contrôles administratifs en mode budget de programme Situation actuelle 79. Le décret portant organisation du Ministère des finances du 8 novembre 2008 privilégie des structures d’audit et de contrôle de niveau directionnel qui se consacrent majoritairement à la vérification des services. L’inspection générale du ministère des finances, rattachée au Secrétaire général, estprincipalement chargée de fonctions de: (i) contrôle et d’évaluation des performances des services ; (ii) contrôle interne et de l’évaluation du fonctionnement des services centraux et déconcentrés ainsi que des établissements et organismes sous tutelle ;(iii) exploitation des rapports trimestriels des inspections nationales ; (iv) information du Ministre sur la qualité du fonctionnement et du rendement des services. Dans les faits, l’inspection générale exerce une mission de surveillance pour le compte du Ministre qui ne lui confère pas de rôle opérationnel en matière de contrôle interne et d’audit. 80. Ce sont les inspections nationales directionnelles qui exercent un rôle opérationnel en matière de contrôle et d’audit internes pour la Douane, les Impôts et le Trésor.Leur action est surtout orientée sur la vérification du bon fonctionnement des services et les enquêtes administratives, sur le contrôle du respect de la législation et des règlements ainsi que des procédures et instructions, sur le contrôle de gestion et les missions d’évaluation de la performance de la gestion des services. Elles sont d’ailleurs en charge de l’instruction des dossiers de mise en cause ou de décharge de la responsabilité des comptables de leur réseau. Elles peuvent plus marginalement exercer un rôle de conseil et d’accompagnement auprès des services, mais qui est légitimement secondaire au regard de la nécessaire discipline financière 81. La fonction de contrôle a posteriori est également reconnue à la direction de la normalisation et de la comptabilité-matière au travers d’une brigade nationale de contrôle des opérations de gestion matières, en lien avec la DGB et la DGTCFM, chargée du suivi de l’application des lois et règlements en matière de gestion matière. 82. La DGB dispose d’une structure spécialisée en matière de contrôles avec la division du contrôle budgétaire, de l'audit et de la qualité de la dépense. Cette structure a pour fonction decodifier et d’harmoniser les activités et procédures de contrôle financier et d’assurer l’animation du réseau des contrôleurs financiers. En outre, elle exerce le contrôle de l’exécution du budget, de la réalisation physico financière des programmes et des projets en lien avec le MINEPAT. Elle peut réaliser des missions d’audit et d’évaluation de la performanceen matière de gestion budgétaire, ainsi que des opérations d’investissement public. Elle peut mener toute enquête ou action de conseil. Dans les faits, cette division exerce essentiellement des fonctions de coordination des contrôleurs financiers, et de contrôle budgétaire a posteriori. Les missions de contrôle portant sur des structures 36 décentralisées et des opérateurssont plus ponctuelles. La fonction d’audit instituée en 2008 à la DGB n’est pas encore opérationnelle. 83. De son côté, la DGTCFM a amorcé le développement d'une fonction de contrôle et d'audit internes comptables. Ce programme, soutenu par la Banque Mondiale, a donné lieu a permis de réformerles services de contrôle et de l'audit du Trésor camerounais. Le comité national d'audit,présidé par le directeur général de la DGTCFM, a été installé sur la base d'une note du 30 septembre 2011. Il est chargé de missions traditionnelles relatives à la définition des axes de la politique d’audit et du programme d’audit et du suivi des recommandations. Il fixe en outre le cadre général du contrôle interne et s’assure de la prise en compte des recommandations dans la cartographie des risques.Cette instance a approuvé la charte d'audit et le code de déontologie des auditeurs. La DGTCFM a élaboré des notes et instructions relatives au contrôle interne, en ciblant les mesures de sécurisation des disponibilités et des valeurs dans les postes comptables, ainsi que les contrôles de régularité comptable. L’inspection nationale des services a élaboré en 2012 un cahier d'audit qui présente la méthodologie d'analyse des risques reposant sur une cartographie des risques, sur laquelle devra s’appuyer le contrôle interne. Un manuel d'audit décrivant les normes, les outils et la méthodologie de l'audit interne, ainsi que son organisation au sein de la direction a été également adopté. Les comités de qualité comptable ont vocation à se substituer progressivement aux comités de la balance dans les trésoreries générales, afin de suivre les modalités de correction des irrégularités comptables. 84. La seconde phase du plan d'action de la DGTCFM vise àcompléter la documentation du contrôle et de l'audit internes, avec la conception du référentiel de contrôle interne comptable (RCIC). Par ailleurs, le programme poursuit son appui à la professionnalisation des auditeurs de l'inspection nationale des services au niveau central et des brigades de vérification et de contrôle au niveau des trésoreries générales. 85. Les ministères n’ont pas de dispositifs de pilotage des objectifs de performance qui leur seront assignés dans le cadre des budgets de programme.Il n’existe pas de cellules de contrôle de gestion chargées de collecter et d’exploiter les données nécessaires au pilotage physico-financier des politiques publiques. Cette faiblesse résulte également de l’état de développement du système d’information de l’Etat qui ne facilite pas la mobilisation des données requises par cet exercice. 86. Les mécanismes de responsabilisation des gestionnaires de politiques publiques sont peu développés. La responsabilisation des gestionnaires de politiques publiques, aux différents échelons de l’action publique, est peu d’développée dans un contexte caractérisé par une déconcentration récente des responsabilités financières au sein des ministères et une allocation de ressources budgétaires limitées. 87. Enfin, le pilotage, le suivi et l’évaluation de la performance des politiques publiques sont, actuellement, peu développés. Le système antérieur de gestion des finances 37 publiques était fondé sur une logique de budget de moyens, peu propice au développement des pratiques évaluatives ou de pilotage physico-financier des politiques publiques. Cette situation résulte donc de la structure budgétaire antérieure, mais aussi de l’absence d’une comptabilité générale en droits constatés. Evaluation et perspectives Adapter le contrôle interne au contexte de la programmation et de l’exécution budgétaire en mode de budget de programme 88. La mise en œuvre d’une démarche de contrôle interne nécessite de documenter son périmètre d’intervention et de procéder à une analyse préalable des risques associés aux procédures. Le contrôle interne est une fonction managériale et structurée qui se traduit par la mise en place de dispositifs permanents et formalisés ayant vocation à donner à chaque responsable une assurance raisonnable sur la maîtrise des opérations et des risques associés à son périmètre d'activité, afin de lui garantir l'atteinte des objectifs qui lui sont assignés. 89. Les dispositifs de maîtrise des risques appliqués aux champs budgétaire et comptable constituent des sous-ensembles du contrôle interne qui s’appliquent au processus de programmation et d’exécution budgétaires, ainsi qu’à la tenue de la comptabilité générale. En plus des aspects liés au pilotage, le contrôle interne s’appuie sur trois leviers que sont la définition et l’organisation des tâches, des acteurs et des contrôles, la documentation des procédures et la traçabilité des opérations. 90. En phase transitoire, il est souhaitable que la DGB pilote et structure la démarche de maîtrise des risques sur le champ budgétaire au niveau interministériel. Ce n’est qu’en système cible que la démarche pourra être déployée dans les ministères sectoriels. Outre la documentation des procédures d’exécution financière, la DGB pourrait initier la conception du cadre de référence du contrôle interne budgétaire décrivant le pilotage, l’organisation et la méthodologie de cette démarche. Ces travaux de documentation pourraient être pilotés et conduits par la division du contrôle budgétaire, de l'audit et de la qualité de la dépense (DCBAQD) à la DGB. 91. Le développement du contrôle interne budgétaire serait d’abord centré sur l’analyse des risques et la documentation des procédures.En premier lieu, il conviendrait d’identifier et de décrire les risques associés aux différentes phases d’exécution de la dépense, ainsi que les mesures de documentation ou de contrôle permettant de prévenir leur survenance. En second lieu, un recensement de l’ensemble des textes, circulaires, notes et manuels régissant la fonction budgétaire et financière et des instructions de contrôle diffusés permettrait de s’assurer de leur cohérence et de leur mise à jour et de proposer, le cas échéant, toute mesure de modification et d’actualisation nécessaire. La DCBAQD pourrait valoriser ses missions de contrôle en constituant une base de données des principales anomalies détectées lors des missions de contrôle et des mesures proposées pour y remédier 38 afin de procéder à un rappel des règles et consignes auprès des ordonnateurs et de mutualiser les bonnes pratiques. 92. Une attention particulière devrait être portée par ailleurs à l’introduction de contrôles intégrés dans la chaîne d’exécution de la dépense à l’occasion de l’adaptation des systèmes d’information budgétaire et financière. 93. Au plan opérationnel, la DGB pourrait être chargée de la conception et de la diffusion des normes et outils nécessaire à la documentation de l’organisation des tâches et des contrôles en mode de budget programme. L’élaboration d’un modèle d’organigramme fonctionnel à destination des DRFM leur permettant de décrire les tâches mises en œuvre dans les phases d’exécution de la dépense et les points de contrôle associés pourrait être envisagée. Les DRFM pourraient également être incitées à faire une revue régulière des habilitations dans lesapplications d’exécution budgétaire au regard des délégations de signature et accréditations accordées aux ordonnateurs. 94. Cette démarche de documentation gagnerait à être mutualisée avec la DGTCFM dans un souci d’harmonisation de la méthodologie du contrôle interne budgétaire et comptable. En effet, la DGTCFM poursuivra les travaux de conceptualisation et de documentation du contrôle interne comptable qu'elle a engagés. Le plan d'action de la DGTCFM portera davantage sur la fiabilité de la tenue des enregistrements comptables par la maîtrise des contrôles comptables au sein de ses services. L’attention devrait être portée sur la correction des balances comptables et la sécurisation de la production des comptes de gestion, ainsi que de la loi de règlement et de ses annexes en lien avec la DGB.Son extension aux ordonnateurs dans le cadre du passage à la comptabilité d'exerciceest un objectif de plus long terme. Renforcer le contrôleur financier en matière de surveillance de la sincérité de la programmation etde la soutenabilité budgétaire 95. Dans le contexte de la gestion budgétaire en mode programme, la fonction de contrôleur financier doit évoluer afin de donner à la DGB une assurance raisonnable quant à la maitrise globale des risques résultant des actes à incidence financière effectués par les ordonnateurs. Ainsi, le rôle du contrôleur financier devrait évoluer afin de développer une fonction d'assistance et de conseil auprès des ordonnateurs au titre de la préparation et de l'exécution des budgets de programme. En complément, il doit conserver sa fonction de garant de la sincérité de la programmation budgétaire initiale et de la soutenabilité de son exécution infra-annuelle. A long terme, et comme le prévoient les directives CEMAC, le contrôleur financier pourras mettre en place un contrôle hiérarchisé des dépenses, en fonction de la qualité du contrôle interne mis en œuvre par les ordonnateurs. 39 Bâtir une fonction d’audit interne conforme aux normes et bonnes pratiques internationales 96. L’audit interne est une composante de la gestion des risques. Cette fonction devrait toutefois être distinguée du contrôle interne et être exercée par des acteurs indépendants. D’après l’Institute ofInternalAuditors, l’audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations et lui apporte des conseils pour les améliorer. 97. Cette fonction met en œuvre des activités d’audit adaptées aux objectifs de contrôle. Une première distinction s’opère entre les missions d’assurance relevant de l’audit à proprement parlé, mises en œuvre sur le fondement d’un programme d’audit décidé par l’encadrement supérieur, et des missions de conseil réalisées à la demande d’un commanditaire dans une démarche d’accompagnement. 98. Au sein des missions d’assurance, plusieurs types d’audit peuvent être diligentés, usuellement distingués entre l’audit de régularité (ou de conformité), l’audit de processus et l’audit de la performance.L’audit de processusest distinct de l’audit orienté sur le contrôle de la conformité des opérations financières et comptables réalisé à partir des opérations ou des productions comptables. Il permettra d’évaluer la nouvelle chaine d’exécution budgétaire cible telle que décrite dans le manuel et d’améliorer sa maîtrise et l’efficacité des procédures. 99. L’évolution des contrôles administratifs doit se concevoir dans un cadre plus général de rénovation du contrôle externe. Les directives de la CEMAC prévoient une évolution des attributions de la Chambre des Comptes. A terme, la Cour des comptes devra appuyer le Parlement dans l’examen de l’exécution de la loi de finances, y compris par son avis de certification des comptes de l’Etat. En conséquence, elle devrait être informée de la mise en place des dispositifs de contrôle et d’audit internes, en tant que composantes de la sécurisation des procédures budgétaires, financières et comptables. Elle devrait donc, à terme, être destinataire des rapports d'audit interne. Le rôle de l’évaluation de la performance et du contrôle de gestion doivent être précisés pour la conception et le suivi de l’exécution des budgets de programme 100. Le projet de manuel sur l’exécution du budget programme donne un rôle central au contrôle de gestion pour le pilotage stratégique des programmes. Au regard des bonnes pratiques, le contrôle de gestion doit concourir à l’atteinte de deux objectifs : l'aide au pilotage des activités et l'optimisation des coûts. C'est un dispositif qui permet de s’assurer de la mise en œuvre de la stratégie d’une organisation, d’optimiser ses moyens financiers, humains et organisationnels pour atteindre les objectifs fixés, de s’assurer de son 40 efficacité et de son efficience et d’organiser les processus de suiviet de mise en œuvre des mesures correctives nécessaires. 101. Le MINFI devrait être le point de référence de la conception, de la promotion et du suivi du contrôle de gestion. A ce titre, il devrait formaliser les objectifs, l’organisation et la méthode du contrôle de gestion dans un manuel de contrôle, audit et évaluation des programmes, afin de sensibiliser les ministères à cette démarche et d’accompagner son déploiement progressif. Il devrait également orienter et coordonner les instances de pilotage et d'animation du contrôle de gestion dans les ministères. En outre, le lancement du contrôle de gestion nécessitera la réalisation d'un diagnostic des outils d'aide à la décision et de suivi des coûts des projets prioritaires des ministères qui pourrait être diligenté par la DGB. Un réseau de contrôleurs de gestion ministériels devra être constitué et formé progressivement. 102. En termes institutionnels, les responsables de programme devraient être les relais de la DGB pour la promotion du contrôle de gestion dans les ministères. En effet, le contrôle de gestion leur est nécessaire pour définirleurs orientations stratégiques et surveiller la performance de leur gestion. Cet ancrage est conforme à l’article 61 de la directive de la CEMAC relative aux lois de finances qui précise que le responsable de programme doit s’assurer du contrôle de gestion. 103. En termes opérationnels, le contrôle de gestion pourrait être confié aux DRFM ministérielles. Ces directions participent en effet à la préparation du budget et exécutent les tâches matérielles d’exécution du budget pour le compte des ordonnateurs. Leur positionnement transversal leur octroie un bon niveau de connaissance des fonctions financières. 104. Le rôle du contrôleur de gestion devra être clarifié dans le manuel dédié au contrôle, à l’audit et à l’évaluation des programmes. Le contrôleur de gestion a essentiellement la charge de la collecte et du traitement des données relatives au suivi du coût des activités. Il n’exerce pas de fonction de pilotage, lesquelles reviennent directement au responsable de programme. 105. Dans le contexte de l’installation du comité interministériel d’examen des programmes (CIEP), une réflexion doit être menée sur l’évaluation de la performance des budgets de programme. Le décret du 17 août 2011 a instauré le CIEP sous l'autorité du Ministre des finances. Il a été installé en juillet 2012. Il a pour mission de veiller à la cohérence des programmes avec les politiques publiques et les grands instruments stratégiques de l’Etat et, d’autre part, à la conformité des programmes à la LFRE. Il s’agit en particulier de veiller au respect du périmètre des programmes ministériels, de s’assurer de la fiabilité des indicateurs de performance et de la formulation adéquate des objectifs. Il ressort de ce texte et du référentiel de validation des programmes que le CIEP est compétent en matière de revue des programmes dans le cadre de la préparation budgétaire. Il n’est en 41 revanche pas chargé de l’évaluation de la performance des programmes. Il en résulte que l’évaluation a posteriori de la performance des programmes qui permettra d’apprécier la portée effective de cette réforme n’a pas encore été définie. 106. L'évaluation de la performance des budgets de programme devrait consister à apprécier la qualité de leur pilotage et leur performance à partir des RAP.Comme l’avait souligné la mission de décembre 2011, « les compétences en matière d’évaluation des différents corps de contrôle doivent être renforcées ». Un corpus méthodologique commun et des formations spécialisées devraient être organisés à cet effet. Le bon fonctionnement d’une démarche de performance implique également une responsabilisation des gestionnaires sur l’atteinte des résultats et une transparence sur ces derniers. Conformément aux directives CEMAC, il serait utile de prévoir la possibilité pour le ministre de rendre ces documents publics. Recommandations • Scinder les parties du projet demanuel sur l’exécution budgétaire relatives au système de contrôle, audit et évaluation,afin de mieux mettre en exergue son architecture global et les objectifs qui lui sont assignés ; • Confier la conceptualisation et la documentation de la démarche de contrôle interne budgétaire à la DGB ; • Promouvoir une mutualisation des actions de documentation du contrôle interne entre la DGB et la DGTCFM ; • Sensibiliserles ordonnateurs à la maîtrise de leurs opérations et proposer des outils de documentation de l’organisation et des contrôles en mode de budget de programme ; • Développer une démarche de contrôle de gestion portée par la DGB et dont la mise en œuvre serait confiée aux responsables de programme s’appuyant sur les DRFM ; • Veiller à l’introduction de contrôles intégrés dans le système d’information de l’exécution budgétaire en mode de budget de programme permettant de couvrir les risques majeurs identifiés ; • Professionnaliser la fonction d'audit interne au sein de la DGB et de la DGTCFM par des actions de formation ciblées sur la maîtrise des risques et la méthodologie de l’audit ; • Harmoniser la définition, les objectifs et la méthodologie de l'audit interne au regard des normes internationales d'audit en concevant un référentiel d'audit et des manuels d'audit partagés à la DGB et à la DGTCFM. 42 ANNEXE 1 : PROPOSITIONS TECHNIQUES DE MODIFICATION DU PROJET DE DECRET PORTANT REGLEMENT GENERAL DE COMPTABILITE PUBLIQUE Seuls sont ici présentés les articles pour lesquels une évolutiontechnique est proposée. Cette annexe ne peut être considérée comme un avis juridique. Il revient aux autorités d’en assurer la rédaction conformément aux règles légistiques applicables et de veiller à leur bonne insertion de ces dispositions dans le droit positif camerounais. ARTICLE 2 :(2)Le titre légal résulte d’une part de la nomination et de l’accréditation d’un comptable public ou d’un ordonnateur conformément aux lois et règlements. ARTICLE 11: (3) Sont ordonnateurs délégués, les responsables désignés par les ordonnateurs principaux ou secondaires pour des matières limitativement définies. Cette délégation prend la forme d’un arrêté ou d’une décision de délégation de signaturede l’ordonnateur principal ou secondaire. Les ordonnateurs délégués et secondaires peuvent donner délégation pour signer tous actes relatifs aux affaires pour lesquelles ils ont euxmêmes reçu délégation. ARTICLE 12 : Les engagements, liquidation ainsi que les ordres de payer donnés par les ordonnateurs principaux, délégués et secondaires de l’Etat et des autres organismes publics, sont retracés dans la comptabilité budgétaire, permettant ainsi de suivre le déroulement des opérations budgétaires et d’effectuer le rapprochement avec les écritures des comptables publics. ARTICLE 14 : (1) Les comptables publics sont des agents publics régulièrement habilités à effectuer des opérations de recettes, de dépenses ou à assurerpréposés aux comptes et/ou chargés du recouvrement, de la garde et du le maniement des fonds et valeurs. ARTICLE 17 : Dans l’accomplissement de leurs missions, les comptables publics en deniers et valeurs assurent : 2) en matière de dépenses, le contrôle: de la régularité de la dépense ; de la qualité de l’ordonnateur ou de son délégué ; de l’assignation de la dépense ; de la disponibilité des crédits de paiement; de l’exacte imputation budgétaire des dépenses conformément aux principes définis par la nomenclature budgétaire et comptable selon leur nature ou leur objet ; de la validité de la créance dans les conditions précisées à l’article 18 ci-dessous. du caractère libératoire du paiement. 43 3) en matière de patrimoine, le contrôle : - de la prise en charge à l’inventaire des actifs financiers et non financiers acquis ; - de la conservation des droits, privilèges et hypothèques des immobilisations incorporelles et corporelles. ARTICLE 30 : La responsabilité des comptables publics est engagée en cas de : constatation de déficit de caisse ou de manquant en denier ou en valeur ; refus défaut de recouvrement des recettes, ;les comptables publics n’étantpas responsable des erreurs commises dans l’assiette et la liquidation des produits qu’ils sont chargés de recouvrer ; paiement irrégulier d’une dépense en raison d’un manquement aux obligations de contrôles énumérés à l’article 15 17 du présent décret ; paiement irrégulier d’une indemnisation mise à la charge de l’Etat du fait du comptable public ; insuffisance dans la protection des deniers et valeurs. ARTICLE 65 : (1) Le circuit de la dépense comprend : l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement et le paiement. (2) Toutefois, certaines catégories de dépensespréalablement définiesde façon limitative dans un décret du Président de la Républiquepeuvent, dans les conditions prévues par la réglementation, être payées sans ordonnancement et faire, par la suite, l'objet d'une régularisation après paiement dans un délai maximum de soixante jours.. ARTICLE 65 : (5) Lorsque le comptable obtempère, en dehors des cas ci-dessus à l’ordre de l’ordonnateur, il cesse d’être responsable de la dépense en cause.Cette responsabilité est transférée à l’ordonnateur concerné. ARTICLE 82 :(1) Sauf dérogation accordée par le Ministre chargé des finances.,Les régies d’avances doivent être plafonnées quant à leur montant et être limitées aux menues dépenses ayant un caractère répétitif et urgent suivantesseuls peuvent être payés par l’intermédiaire d’une régie : les menues dépenses de matériel ; la rémunération des personnels régulièrement liés à l’Etat dans la limite des plafonds autorisés ; les dépenses liées au fonctionnement des hôtels particuliers des membres du gouvernement ; les dépenses relatives à l’alimentation dans les hôpitaux, établissements pénitentiaires et scolaires, ainsi que d’autres établissements à caractère social ; les frais liés aux missions d’inspection, d’assiette, de contrôle, de contentieux et de recouvrement des recettes de l’Etat. 44 ARTICLE 89 :Les charges et produits résultant de l’exécution des opérations de trésorerie sont imputés aux comptes budgétaires. ARTICLE 101 : (1) Les opérations d’émission, de conversion, de gestion et de remboursement des emprunts, des garanties, des prêts, des avances et autres dettes de l’Etat sont réalisées conformément aux autorisations générales ou particulières prévues par la uneloi de finances. ARTICLE 111 : (3) La période couverte par la comptabilité budgétaire est la gestion couvrant l’année civile. Toutefois, les dépenses engagées et liquidées au cours d’un exercice budgétaire peuvent être payées après la fin dudit exercice jusqu’au 28 février de l’année suivanteau cours d’une période dont la durée ne peut excéder trente jours. En outre, lorsqu’une loi de finances rectificative est promulguée au cours du dernier mois de l’année civile, les opérations de recettes et de dépenses qu’elle prévoit peuvent être exécutées au cours de cette période complémentaire. (4) Les recettes encaissées et les dépenses payées qui, à titre exceptionnel, n’auraient pu être imputées au budget ou à un compte définitif à la fin de la journée complémentaire, figurent en annexe du projet de la loi de règlement de l’exercice, pour imputation au résultat de l’exercice après approbation du Parlement. ARTICLE 112 : (3) Les règles applicables à la comptabilité générale de l’Etat s’inspirent des normes comptables internationalement reconnues. Elles doivent permettre la production du compte général de l’Etat qui comprend la balance générale des comptes et les états financiers tels que le compte de résultatle tableau de la situation nette, le bilan, l’état récapitulant les actifs financiers et les passifs de l’Etatle compte de résultat, le tableau de flux des opérations de trésorerie, le tableau des opérations financières de l’Etat et l’état annexé. ARTICLE 124 : (1) A la fin de chaque année, le compte Général de l’Etat retrace la balance générale des comptes de l’Etat et les états financiers, notamment le bilan, le compte de résultat, le tableau des flux de trésorerie et l’état annexé. (2) Le Compte Général de l’Etat est produit par le Ministre chargé des finances au juge des comptes à l'appui du projet de loi de règlement qui lui est communiqué annuellement. (3) La chambre des comptes certifie que les états financiers sont réguliers, sincères et donnent une image fidèle de la situation financière de l’Etat. ARTICLE 125 : (1) La comptabilité générale de l’Etat et la comptabilité budgétaire permettent de présenter, à la fin de chaque exercice budgétaire, les documents ci-après : 1°) Sur le plan budgétaire, l’ordonnateur produit : le compte administratif auquel est annexé le compte en matières ; 45 - le rapport annuel de performance par programme; l’état de réalisation de tous les projets d’investissement ; tout autre document prévu par la loi. 2°) Sur le plan comptable, le comptable public produit le compte de gestion qui comprend : la balance des comptes ; le développement des recettes budgétaires ; le développement des dépenses budgétaires ; le développement des opérations constatées aux comptes spéciaux du Trésor et budgets annexes ; le développement des opérations des comptes de correspondants. (3) Le Compte Général de l’Etat comprend : - la balance des comptes ; - le bilan ; - les comptes de résultats ; - l’état de synthèse d’exécution budgétaire pour les recettes ; - l’état de synthèse d’exécution budgétaire pour les dépenses ; - l’état des comptes des correspondants ; - le tableau des flux de trésorerie. (4) Au vu du projet de loi de règlement, du Compte Général de l’Etat et des comptes administratifs des ordonnateurs principaux, le juge des comptes donne un avis. (5) Les règlements particuliers à l'Etat et aux autres organismes publics fixent le rôle respectif des ordonnateurs, des comptables et des autorités de contrôle ou de tutelle en matière d'arrêté des écritures, d'établissement des documents de fin d'année et d'approbation des comptes annuels. 46 ANNEXE 2 : MODELE D’ARRETE DE DELEGATION DE SIGNATURE MINISTÈRE DE ........................ Arrêté du ........................ (date) portant délégation de signature Le Ministre de ........................, Vu la loi n° 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’Etat ; Vu le décret n°……. du ………. portant règlement général de la comptabilité publique, notamment son article 11 ; article 3 ; Vu le décret n° ........................ portant nomination du Premier ministre ; Vu le décret n° ........................ relatif à la composition du Gouvernement ; Vu le décret n° ........................ portant organisation du Ministère de ……….., Décide : 1. Délégation est donnée à M. X, ……. (fonction), au nom du ministre chargé de ........................, pour procéder à l’ordonnancement des dépenses du ministère imputées sur les paragraphes…….. des articles …. Du programme ......................... 2. Délégation est donnée à Mme Y, ……. (fonction), au nom du ministre chargé de ........................, pour procéder à l’ordonnancement des dépenses du ministère imputées sur les paragraphes…….. des articles …. du programme ......................... 3. Le présent arrêté sera enregistré, publié, puis inséré au Journal Officiel en français et en anglais. Yaoundé, le Signature
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