1 Mo - Ancestramil

Amie – Voix – Igny 91430
NIVARD Léon Paul
30 ans
comptable
caporal au 346° RI
MPF le 25 novembre 1915
Montauville (Bois le Prêtre)
Mort sur le champ de bataille
Incorporé à compter du 6 octobre 1906 au 79eme régiment d'infanterie.
Caporal en octobre 1907. Envoyé en disponibilité en septembre 1908.
Certificat de bonne conduite.
Rappelé à l'activité par ordre de mobilisation générale en août 1914.
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Amie – Voix – Igny 91430
NIVARD Léon Paul
Il est né le 29 octobre 1885 à Nantes en Loire-Atlantique
Il exerçait la profession de Comptable
Cheveux châtains, yeux gris,
Fils de NIVARD Léon Emile, menuisier et de SIMON Anne Marie Thérèse,
tailleuse.
Domicilié en dernier lieu à Igny. Ses parents habitaient Igny, rue du Moulin
Il était célibataire
Il a 30 ans à sa mort..
Incorporé à compter du 6 octobre 1906 au 79eme régiment d'infanterie.
Caporal en octobre 1907.
Envoyé en disponibilité en septembre 1908.Certificat de bonne conduite.
Rappelé à l'activité par ordre de mobilisation générale en août 1914.
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Amie – Voix – Igny 91430
------------------------------------------------------------------------------------------------Sépulture probable de Léon NIVARD
MPF le 25 novembre 1915 à Bois-le-Prêtre
http://www.tourisme-meurtheetmoselle.fr/fr/fugue,art-et-patrimoine/necropole-nationale-lepetant,798001197
Merci
La Nécropole Nationale de Montauville dite « Le Pétant » est composée de deux partie.
Dans la partie haute se situe le cimetière du conflit 14-18.
Elle fut créée en 1915, combat du bois le Prêtre et aménagée entre 1920 et 1936 ;
regroupement des tombes et cimetières militaires provisoires implantés dans le secteur de
Pont-à-Mousson (rive droite et gauche de la Moselle)
Dans la partie basse se situe le cimetière du conflit 39-45.
De 1948 à 1951, rapatriement des corps de prisonniers de guerre ramenés d’Allemagne et
d’Autriche.
En 1968, regroupement des corps 39-40 exhumés de Meurthe-et-Moselle. En 1971,
inhumation de corps de prisonniers de guerre 39-45 rapatriés du camp disciplinaire de RawaRuska en Ukraine.
CIMETIERE DU PETANT
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Amie – Voix – Igny 91430
MONTAUVILLE
http://creusois.canalblog.com/albums/_ferme_de_navarrin___st_marie_a_py/index.html
Merci
NECROPOLE NATIONALE LE PETANT
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Amie – Voix – Igny 91430
LE 346° RI DANS LA GRANDE GUERRE
http://fr.wikipedia.org/wiki/346e_r%C3%A9giment_d%27infanterie
346E REGIMENT D'INFANTERIE
346e régiment d'infanterie
Période
Août 1914
Pays
France
Branche
Armée de Terre
Type
Régiment d'infanterie
Rôle
Infanterie
Inscriptions sur
l’emblème
Guerres
Décorations
BOIS-LE-PRETRE
1915
L'AISNE 1918
SOMME-PY 1918
Première Guerre
mondiale
Croix de guerre 19141918
Le 346e régiment d'infanterie est un régiment d'infanterie constitué en 1914. Il est issu
du 146e régiment d'infanterie ; à la mobilisation, chaque régiment d'active créé un régiment
de réserve dont le numéro est le sien majoré de 200.
CREATION ET DIFFERENTES DENOMINATIONS
Août 1914 : 346e régiment d'infanterie
CHEFS DE CORPS
Le 2 août 1914, le Lieutenant-colonel Roland Cadet est nommé Commandant du 346ème
régiment d'infanterie.
Grièvement blessé à la bataille de Lironville le 23 septembre 1914, il reçoit une citation à
l'ordre de l'armée :
"Le 23 septembre 1914, a conduit, avec le plus grand courage son régiment à l'attaque d'une
position importante et fortement occupée, se multipliant sous le feu pour diriger ses unités et
seconder le commandant de l'attaque; a su rallier, par son énergie, les troupes privées de
leurs chefs et en désarroi et les a reportées en avant. A été grièvement blessé".
Il sera remplacé, le 18 octobre 1914, à la tête du régiment, par le Chef de bataillon Gillot.
DRAPEAU
L'ordre du régiment n°1
"Soldats, Voici votre drapeau ! Je vous le présente en pleine guerre et je le confie à votre
honneur et à votre bravoure ! Jurons de le faire flotter en vainqueur partout où nous irons.
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Amie – Voix – Igny 91430
Jurons d'inscrire sur ses plis immaculés des victoires futures. Jurons de suivre les traces de
nos camarades qui se battent et se couvrent de gloire en Belgique, en Lorraine et en Alsace !
Jurons de le défendre jusqu'à notre dernier souffle ! Pour la Patrie, pour la France !"
Toul, le 10 août 1914.
Le Lieutenant-colonel Roland Cadet, Commandant le 346ème régiment d'infanterie.
Batailles inscrites sur le drapeau1:
BOIS-LE-PRETRE 1915
L'AISNE 1918
SOMME-PY 1918
Historique des garnisons, combats et batailles
Première Guerre mondiale
Affectations:
e
73 division d'infanterie d'août 1914 à novembre 1918
Pas d’autres informations sur le 346° RI sur wikipedia.
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Issu de http://chtimiste.com/
Merci à Didier LETOMBE, l’indispensable chtimiste
346° REGIMENT D'INFANTERIE
En 1914 ; Casernement : Toul, régiment de forteresse, 145e brigade d’infanterie,
73e division d’infanterie
Constitution en 1914 : 2 bataillons, puis 3 en juil.1916 (adjonction d’un bataillon du 353e RI)
À la 73e DI d’août 1914 à nov. 1918
2 citations à l’ordre de l’armée, fourragère verte
1914
Bataille de la Woëvre et des Hauts-de-Meuse: Troyon (12-14 sept.), Thillot, Saint Maurice
(13-15sept.), Flirey (20 sept.), Bois de Jury, Bois des Hayes, combat de Lironville-Noviant
aux Près (21-23 sept.), bois le Prêtre (oct.-déc.) : bois Monjoie, Fey, Montauville (2/12),
croix des Carmes, Fontaine du Père Hilarion (10/12)
1915
Bois le Prêtre : Le Quart-en-Réserve, attaque de la ligne VIII (mars), prise de la Croix des
Carmes (8-9 juin puis 8 juil.), secteur du Mouchoir (sept.), reprise de l’offensive : Bois le
Prêtre (7-15 déc.)
1916
Bois le Prêtre (jan.-juil.)
NIVARD Léon Paul, enfant d’IGNY,
caporal au 346° RI, MPF le 25 novembre 1915
à Montauville (Bois le Prêtre)
puis bataille de Verdun (août-sept.) : La Montagne, Le Chênois, route du fort de Vaux
(6/09), Lorraine : forêt de Parroy (sept.-mai 1917)
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Amie – Voix – Igny 91430
1917
Bataille de Verdun (juin-juil.) : Côte 304, bois d’Avocourt puis Haute Alsace (sept.-mai
1918) : Suarce, section frontière Suisse au canal Rhône-Rhin
1918
Aisne: Chézy-en-Orxois, Vinly, Dammard (mai-juin), Oeuilly, bois des Châtaigniers, ferme
Janvier (15-17 juil.), Rozay, Marcilly (22-23 juil.)
Attaque de Champagne (sept.-oct.) : ferme Médéah (3/10), Somme-Py, Leffincourt, Attigny
(11/10), Montigny (Baccarat) : 1/11
73E DIVISION D'INFANTERIE
http://fr.wikipedia.org/wiki/73e_division_d%27infanterie_%28France%29
73e Division d'Infanterie
Pays
France
Branche
Armée de Terre
Type
Division d'Infanterie
Rôle
Infanterie
Surnom
Les Loups du Bois-le-Prêtre
Guerres
Première Guerre mondiale
La 73e division d'infanterie est une division d'infanterie de l'armée de terre française qui a
participé à la Première Guerre mondiale.
Division d'Infanterie des « Loups » :
Entre le 1er octobre 1914 et le 15 août 1915,
Les offensives furent menées à Bois-le-Prêtre par la 73e division commandée par le Général
Lebocq, aidé par la brigade mixte dite "de Toul" sous les ordres du général Riberpray.
Ces unités, surnommés les "Loups du Bois-le-Prêtre", étaient assistées de trois formations
d'artillerie et d'éléments du 10e Génie.
LES CHEFS DE LA 73E DIVISION D’INFANTERIE
02/08/1914 - 29/08/1914: Général Châtelain
09/09/1914 - 22/03/1919: Général Lebocq1
LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Composition au cours de la guerre
346e Régiment d’Infanterie d’août 1914 à novembre 1918
353e Régiment d’Infanterie d’août 1914 à juin 1916 (dissolution)
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Amie – Voix – Igny 91430
356e Régiment d’Infanterie d’août 1914 à novembre 1918
367e Régiment d’Infanterie d’août 1914 à novembre 1918
368e Régiment d’Infanterie d’août 1914 à juin 1916 (dissolution)
369e Régiment d’Infanterie d’août 1914 à février 1917
45e Régiment d’Infanterie Territoriale de juillet à novembre 1918
e
1914
Mobilisée dans la 20 Région
7 août – 5 septembre
Occupation et travaux d’organisation défensive du plateau de Saizerais.
5 – 12 septembre
Combats vers Pont-à-Mousson, puis à partir du 10 septembre, transport par V.F. dans la
région de Saint-Mihiel.
12 – 19 septembre
Combats devant le fort de Troyon.
À partir du 14 septembre, occupation des Hauts-de-Meuse, entre Heudicourt et Saint-Maurice.
19 – 28 septembre
Mouvement de rocade vers Domèvre-en-Haye.
-À partir du 21 septembre, engagée dans la Bataille de Flirey, entre la forêt
de Puvenelle et Flirey: combats des 22 et 23 septembre vers Lironville et sur le plateau de
Mamey; attaques des 26 et 27 septembre vers Fey-en-Haye. 28 septembre 1914 –
1er septembre 1915
Stabilisation et occupation d’un secteur vers le Bois-le-Prêtre et le bois de Mort Mare (guerre
de mines): 21 octobre, puis le 13 décembre, attaque sur le bois de Mort Mare ; conquête du
Bois-le-Prêtre.
2 avril 1915, réduction du front, à gauche, jusque vers Fey-en-Haye.
4 juillet, attaque allemande au bois le Prêtre.
1915
1er – 18 septembre
Retrait du front et repos dans la région de Liverdun, puis dans celle de Gondreville.
18 septembre 1915 – 18 juillet 1916
Occupation d’un secteur vers Fey-en-Haye et LE BOIS LE PRETRE (guerre de mines)
Léon Paul NIVARD, enfant d’IGNY, caporal au 346° RI, MPF
le 25 novembre 1915 à Montauville (Bois le Prêtre)
1916
18 juillet – 28 août
Retrait du front vers Liverdun, et transport au camp de Saffais: instruction.
À partir du 10 août, transport par V.F. dans la région de Revigny; repos vers Laheycourt.
À partir du 16 août, transport par camions à Verdun et stationnement.
28 août – 11 septembre
Occupation d’un secteur vers le bois de Vaux Chapitre et la ferme Dicourt:
4 septembre, attaque allemande,
6 septembre, attaque française sur le bois de la Vaux Régnier.
11 – 20 septembre
Retrait du front: repos vers Vavincourt.
À partir du 14, transport par V.F. dans la région de Rambervillers et repos.
20 septembre 1916 – 27 mai 1917
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Amie – Voix – Igny 91430
Mouvement vers le front, occupation d’un secteur dans la région de la Vézouse, Emberménil,
étendu à gauche, le 28 décembre, jusqu’à Sanon.
1917
27 mai – 19 juin
Retrait du front: repos et instruction au camp de Saffais.
19 – 25 juin
Transport par V.F., de Bayon vers Nançois-le-Petit et Longeville.
25 juin – 22 juillet
Occupation d’un secteur entre la Hayette et la lisière est du bois d’Avocourt:
28 et 29 juin, attaque allemande sur la cote 304.
17 juillet attaque des positions ennemies vers la cote 304 ; organisation des positions
reconquises.
22 juillet – 8 août
Retrait du front, transport dans la région de Ligny-en-Barrois, puis dans celle de Belfort;
repos.
8 août 1917 – 13 mai 1918
Mouvement vers le front et occupation d’un secteur entre la frontière suisse et Fulleren,
étendu à gauche, à partir du 1er avril 1918, jusqu’au canal du Rhône au Rhin: 29 mars, attaque
allemande locale.
1918
13 – 31 mai
Retrait du front, et, à partir du 19 mai, transport par V.F. de Belfort dans la Somme: repos et
instruction dans la région de Picquigny.
31 mai - 3 juillet
Transport par camions à l’ouest de Château-Thierry.
Engagée dans la 3e Bataille de l’Aisne: résistance à l’offensive ennemie entre la Marne et
l’Ourcq (combats à Château-Thierry, à Bouresches, à Bonnes, au bois de Veuilly et àChézyen-Orxois), puis contreoffensive, les 7 et 8 juin (reprise de Vinly, d’Eloup et de Veuilly-laPoterie).
3 – 15 juillet
Retrait du front et repos vers La Ferté-sous-Jouarre; puis stationnement vers Viflort.
15 – 25 juillet
Engagée dans la 4e Bataille de Champagne: contre-attaque en direction de Courtémont.
À partir du 18 juillet participation à la 2e Bataille de la Marne : 22 juillet, passage de la
Marne à Sauvigny et à Courtemont; poursuite dans la Forêt de Ris.
25 juillet – 23 août
Retrait du front et transport par camions à Nettancourt, repos et instruction.
23 août – 20 septembre
Occupation d’un secteur entre la Haute-Chevauchée et l’Ouest d’Avocourt.
20 septembre – 3 octobre
Retrait du front (relève par des unités américaines), mouvement vers Vaubécourt; repos.
À partir du 24 septembre, mouvement, par Robert-Espagne, vers la région d’Auve.
3 -23 octobre
Engagée devant la crête d’Orfeuil, dans la Bataille de Somme-Py (Bataille de Champagne et
d’Argonne) et son exploitation:
4 et 8 octobre, attaques violentes,
Poursuite vers l’Aisne, atteinte le 12 à Attigny.
Organisation du front à l’est d’Attigny.
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Amie – Voix – Igny 91430
23 octobre – 11 novembre
Retrait du front et mouvement vers Ripont, Somme-Tourbe et Herpont, puis transport par V.F.
vers Baccarat.
À partir du 31 octobre, occupation d’un secteur entre la Chapelotte et la Vezouse.
RATTACHEMENTS
Affectation organique: Isolée, d’août 1914 à novembre 1918
Ire Armée
19 septembre 1914 – 18 juillet 1916
IIe Armée
21 août 1914
27 août – 18 septembre 1914
10 août – 13 septembre 1916
19 juin – 24 juillet 1917
7 août – 17 septembre 1918
IIIe Armée
17 – 20 août 1914
30 mai 1918
IVe Armée
24 septembre – 26 octobre 1918
Ve Armée
19 – 27 mai 1918
25 – 29 juillet 1918
VIe Armée
31 mai – 16 juillet 1918
30 juillet – 6 août 1918
VIIe Armée
25 juillet 1917 – 18 mai 1918
VIIIe Armée
2 janvier – 18 juin 1917
27 octobre – 11 novembre 1918
IXe Armée
17 – 24 juillet 1918
Xe Armée
28 – 29 mai 1918
D.A.L.
19 juillet – 9 août 1916
14 septembre 1916 – 1er janvier 1917
G.Q.G.
2 – 16 août 1914
Armée de Lorraine
22 – 26 août 1914
Armée U.S
18 – 23 septembre 1918
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Amie – Voix – Igny 91430
Issu de http://chtimiste.com/
Idem !
LES COMBATS DE FIN 1914-DEBUT 1915
LA REPRISE DE L’OFFENSIVE
FIN 1914-DEBUT 1915
Le front est stabilisé de la mer du Nord à Belfort et les deux adversaires, enfouis dans le sol,
recueillent leurs forces en attendant de reprendre l'offensive: Il faut essayer de trouver le
point faible de l'organisation défensive adverse pour tenter la percée qui doit permettre de
reprendre les opérations en terrain libre.
LES OFFENSIVES PRINCIPALES
L’offensive de la 10e armée en Artois
L'offensive de la 4e armée en Champagne
Le 2e corps en Argonne
LES OFFENSIVES SECONDAIRES
La 8e armée dans les Flandres
La 2e armée à La Boisselle
Les 3e et 1e armées en Argonne et sur la Meuse
L'ACTIVITE SUR LE FRONT DÉFENSIF
La 6e armée L’Aisne
La 5e armée à Reims
Vers le 10 novembre, un nouvel élément fait sentir son action dans la conduite générale de la
guerre : sur le front Czernowitz-Varsovie et en Prusse Orientale, les armées russes ont fait
reculer les armées allemandes et austro-hongroises qui leur étaient opposées.
Pour dégager son territoire envahi et appuyer son allié, l'Allemagne doit prélever sur le théâtre
d'opérations de l'ouest des forces importantes.
Notre service de renseignements pouvait établir avec certitude, fin novembre, que quatre à
cinq corps d'armée et cinq divisions de cavalerie avaient été transportés du front occidental
sur le théâtre d'opérations oriental.
Ces prélèvements importants affaiblissant notre adversaire, le moment paraissait donc
judicieusement choisi pour reprendre l'offensive ; d'autre part, à la fin de ce même mois de
novembre, nous obtenions de l'Angleterre la promesse que des forces plus nombreuses
allaient prochainement débarquer en France.
L'armée anglaise allait pouvoir étendre son front, ce qui nous permettrait de garder en réserve
de nouvelles unités, destinées à nourrir nos attaques et à exploiter le succès.
NIVARD Léon Paul, enfant d’IGNY, caporal au 346° RI
MPF le 25 novembre 1915 à Montauville (Bois le Prêtre)
Aussi, dès fin novembre, le Généralissime prescrivait-il aux armées de pousser nos lignes à
distance d'assaut des lignes ennemies sur tous les points où il était possible d'envisager des
attaques futures.
Ailleurs, au contraire, on devait accroître les défenses accessoires pour rendre les secteurs
absolument inviolables.
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Amie – Voix – Igny 91430
Une instruction du 8 décembre prévoit deux offensives principales et quatre attaques
secondaires.
LES OFFENSIVES PREVUES
Les offensives principales seront exécutées par les 10e et 4e armées.
La 10e armée fait partie du groupement provisoire du Nord, commandé par le général Foch
elle est sous les ordres du général de Maud'huy.
La 4e armée est sous le commandement du général de Langle de Cary.
Ces armées sont ainsi renforcées : la 10e par
les 45e et 58e divisions de réserve et le 1e
corps de cavalerie ; la 4e par le 1e corps
d'armée prélevé sur la 5e armée, et par la 10e
division du 5e corps d'armée provenant de la
3e armée.
De plus, le Commandant en chef garde à sa
disposition, pour une intervention éventuelle
La 26e division dans la région de Compiègne ;
la 14e division dans la région de Soissons; la
6e division de cavalerie dans la région de Compiègne ; la 8e division de cavalerie dans la
région de Bar-le-Duc; le groupe de divisions territoriales du Gouvernement militaire de Paris,
à cheval sur l'Oise, dans la région de Pont Sainte Maxénce.
Les attaques secondaires furent confiées:
--- A la 8e armée, commandée par le général d'Urbal, qui devait agir en liaison avec la gauche
de l'armée anglaise
--- A la 2e armée, aux ordres du général de Castelnau
--- Aux 3e et 1e armées qui devaient continuer Leurs opérations sous la haute direction du
général Dubail, et qui étaient respectivement commandées par le général Sarrail et le général
Dubail
--- Au détachement d'armée des Vosges, le D. A. V., sous les ordres du général Putz.
Les 5e et 6e armées, du général Franchet d'Espérey et du général Maunoury, devaient se
borner à renforcer leur système défensif, tout en se tenant prêtes à se porter en avant si le
succès des attaques principales le permettait.
LES OFFENSIVES PRINCIPALES
L’OFFENSIVE DE LA 10E ARMEE EN ARTOIS
(17 dec .- 15 janv )
Le général de Maud'huy, par ses instructions des 12 et 13 décembre, avait indiqué comme
but des attaques, la rupture du front ennemi sur les hauteurs 140 - La Folie.
Les attaques devaient être menées
--- Par le 33e corps d'armée, renforcé de la 45e division, dans la direction du bois de
Berthonval
--- Par le 21e corps d'armée sur l'axe Aix Noulette-Souchez
--- Par le 10e corps d'armée au nord-est d'Arras
Le 1e corps de cavalerie était prêt à exploiter le succès et l'armée britannique devait coopérer
à l'action, tout au moins par le corps indien qui formait son aile droite.
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Amie – Voix – Igny 91430
L'attaque proprement dite devait être lancée le 17 décembre, et comporter trois phases
successives :
Le premier jour, on devait s'emparer de la crête Carency- La Targette ; le second jour, de la
route Souchez-Arras ; le troisième jour, enfin, des hauteurs 140.
Ces indications n'avaient rien de restrictif, au cas où notre avance aurait pu être plus rapide.
Le général de Maud'huy avait installé son poste de commandement à Cambligneul.
Le 16 décembre, au 21e corps d'armée, la 58e division de réserve avait fait une attaque sur la
voie ferrée Vermelles - La Bassée, au nord de l'embranchement d'Annequin.
Cette action avait surtout pour but de détourner l'attention de l'ennemi du véritable front
d'attaque et de l'obliger à déplacer ses réserves.
Menée par les 295e et 280e régiments d'infanterie, puissamment préparée par l'artillerie de la
58e division et l'artillerie anglaise, l'attaque est déclenchée à 8 heures, précédée par deux
groupes francs des régiments d'attaque.
Au nord, le groupe franc du 295e pénètre dans le saillant ennemi et une compagnie du même
régiment prolonge son mouvement vers la gauche, mais ne peut progresser au-delà.
Au sud, la progression du groupe franc et des compagnies du 280e est encore moins accentuée
et le gain total, en fin de journée, n'est que 150 à 300 mètres de terrain. La 58e division de
réserve s'organise et se prépare à reprendre l'attaque le lendemain.
Au 10e corps d'armée, une attaque à la
tombée de la nuit avait été déclenchée
sur Rausart, pour attirer les réserves
ennemies dans cette région. Cette
attaque, qui ne devait pas être poussée à
fond, trouve les postes d'écoute ennemis
évacués, mais est accueillie par une vive
fusillade partant de tranchées fortement
garnies, tandis que de nombreux
projecteurs sont mis en action.
Le général Foch, qui commande le
groupe provisoire du nord, arrive le 17
décembre, à 8 h30, à Cambligneul, et
prend en main la conduite des
opérations. Craignant que la préparation
d'artillerie ne soit insuffisante, il
ordonne de n'entreprendre l'attaque du
33e corps sur Carency que, lorsque
l'attaque du 21e corps sur Notre Dame
de Lorette sera terminée.
Quant à l'attaque du 10e corps sur La
Targette, elle sera reportée à une date
ultérieure.
Au 21e corps, l'attaque est lancée à
13h10, après une violente préparation
d'artillerie.
Le 21e
bataillon
de
chasseurs, qui attaque dans le secteur de
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Amie – Voix – Igny 91430
Noulette (bois Boche), s'empare, à 16 heures, des tranchées de première ligne ennemies sur
presque tout son front d'attaque : à sa droite, le 20e bataillon de chasseurs, après avoir été
cloué au sol après un bond de cent mètres, parvient à prendre pied dans quelques éléments de
tranchées; quant au 17e bataillon, qui attaque sur la crête même de Notre dame de Lorette, il
ne peut progresser.
La 92e division territoriale n'a poussé en avant que quelques postes vers la fosse Calonne; et,
à la 58e division, si la gauche ne peut guère gagner qu'une centaine de mètres, le centre
progresse d'environ cinq cents mètres vers la fosse n°8
Au 10e corps d'armée, nous avons pu gagner du terrain à Saint-Laurent dont nous tenons la
mairie et l'école; vers Blangy, progrès nuls.
La nuit interrompt nos attaques; mais l'ennemi réagit fortement et essaie, par de furieuses
contre-attaques, de reprendre le terrain conquis. Prises sous nos feux d'infanterie et d'artillerie,
ces contre-attaques échouent.
Dans la journée du 18, nous devions poursuivre notre offensive.
Au 21e corps, un tir trop court de notre artillerie lourde et de nos batteries de 75, coïncidant
malheureusement avec une réaction allemande, nous fait abandonner une partie des tranchées
péniblement conquises, la veille, par les 17e et 21e bataillons de chasseurs.
Ce n'est que dans la soirée que ces tranchées peuvent être reprises par le 109e régiment
d'infanterie.
Le 33e corps, qui a lancé la 70e division sur Carency, progresse d'abord assez rapidement,
mais est bientôt arrêté par un feu violent. Le général de Maud'huy décide de reprendre cette
attaque, après préparation d'artillerie, et de faire appuyer la 70e division par les 23e et 27e
bataillons de chasseurs alpins.
Au 10e corps, nous avons organisé le terrain conquis à Saint-Laurent et résisté à toutes les
contre-attaques ennemies.
Le 19, les attaques devaient être poursuivies en direction de Carency ; mais, après une
entrevue du général Foch et du général Pétain, alors commandant du 33e corps, il fut décidé
qu'on attendrait que la préparation fût complète.
L'attaque fut reportée au 21 décembre.
Au 21e et au 10e corps, malgré la vaillance des troupes, les attaques ne peuvent progresser en
raison de l'état du terrain. En Artois, les tranchées sont à peu près constamment inondées; il
est presque impossible aux fantassins d'en sortir, malgré les gradins de franchissement. Audelà du parapet, les hommes enfoncent jusqu'aux genoux dans un vrai bourbier : il faut trois
minutes pour avancer de cent mètres ; les tirailleurs ne peuvent faire de bonds ni se coucher;
les canons de 37 s'enlisent, les culasses des fusils, envahies par la boue, ne fonctionnent plus.
Nos pertes sont rapidement très lourdes, et il nous faut renoncer à continuer cette offensive.
Ce n'est que le 27 décembre que le 33e corps peut s'élancer à nouveau. Bien préparée par
l'artillerie lourde et exécutée par les 6e, 11e et 27e bataillons de chasseurs à pied, flanqués, à
gauche, d'un bataillon du 226e régiment d'infanterie et, à droite, par les 51e,54e et 60e
bataillons de chasseurs de réserve, entre Carency et La Targette.
L'attaque réussit bien sur les premières lignes ennemies.
Mais, à l'aube du 28 décembre, une furieuse contre-attaque allemande nous enlève tous nos
gains et nous refoule à cent mètres en avant de nos tranchées de départ.
14
Amie – Voix – Igny 91430
Le mauvais temps nous arrête alors. Nous organisons le terrain au prix d'efforts inouïs et sous
une grêle de projectiles. Nos batteries parviennent à réduire au silence les batteries ennemies
et nos vieux mortiers de 15 essaient de lutter contre les puissants minenwerfer allemands.
Le 15 janvier, le Généralissime décide de limiter l'action de la 10e armée à des entreprises
partielles, et de mettre au repos, à l'arrière du front, les troupes disponibles.
L'OFFENSIVE DE LA 4E ARMEE EN CHAMPAGNE
(20 DEC. AU 9 JAN.)
La 4e armée devait attaquer en direction générale d'Attigny, couverte à droite parla 3e armée,
qui devait agir entre Argonne et Meuse.
Le général de Langle de Cary décida de faire porter son effort principal sur la ligne ennemie
entre Saint-Hilaire-le-Grand et Perthes-les-Hurlus, en direction de Somme-Py, avec les 12e et
17e corps d'armée.
Le 1e corps était provisoirement maintenu en réserve d'armée.
Le 12e corps attaquerait entre la cote 147 et Souain, le 17e dans la région de Perthes-lesHurlus, le corps colonial sur les hauteurs au nord-est de Beauséjour ; Quant au 2e corps,
fortement accroché en Argonne, il devait se contenter de maintenir l'ennemi sur son front.
Les attaques débutèrent, le 20 décembre, par une attaque du 1e corps colonial sur la croupe
Calvaire - cote 180. La préparation par l'artillerie dura une heure. Deux colonnes d'attaque, la
colonne de droite composée de deux bataillons du 7e colonial, la colonne de gauche d'un
bataillon du 22e colonial et d'un bataillon du 33e , s'élancent à 9h30 et occupent rapidement
les tranchées ennemies.
L'adversaire semble avoir été surpris; son artillerie ne riposte sérieusement qu'à partir de dix
heures.
Au 17e corps, la 33e division lance trois attaques, fortes de chacune un bataillon après une
préparation d'artillerie : l'attaque de droite (un bataillon du 20e régiment d'infanterie) se heurte
à des réseaux intacts et s'arrête au pied même de ces réseaux; il en est de même pour l’autre
bataillon du 20e qui attaque au centre.
Le bataillon du 207e d'infanterie, à gauche, parvient jusqu'au bois des Bouleaux, mais ne peut
y pénétrer.
La 34e division attaque avec quatre bataillons de la 67e brigade : deux du 83e deux du 14e
régiments d'infanterie.
Bien que les réseaux ennemis aient été en partie bouleversés par deux fourneaux de mine et
par un tir des mortiers de 15, leurs brèches ne sont pas suffisantes et les vagues d'assaut sont
clouées au sol.
Seul, un bataillon du 83e régiment d'infanterie peut enlever quelques éléments de tranchées et
s'y maintenir. Mais 700 hommes sont hors de combat.
15
Amie – Voix – Igny 91430
Le 21 décembre, le corps colonial organise le terrain conquis et repousse, à 11 heures et à
15 heures, deux violentes contre-attaques allemandes. Au 17e corps, la 33e division a réussi à
faire quelques progrès pendant la nuit.
A la 34e division, après une bonne préparation d'artillerie par le 155 et le 75, un bataillon
du 83e régiment d'infanterie et le 59e sont lancés à l'attaque, au début de l’après-midi; ils
atteignent la route de Perthes à Souain et la bordent.
Le 12e corps, qui avait mission d'attaquer sur Souain et le moulin de Souain, devait
déclencher ses attaques à 9h30, après une préparation d'artillerie d'une heure.
Malgré l'ardeur des assaillants, et en particulier du 78e régiment d'infanterie, les attaques
échouent devant les défenses accessoires, insuffisamment détruites.
Les pertes sont particulièrement lourdes : 32 officiers et 1300 hommes hors de combat.
Le lendemain, 22 décembre, on se contente, sur le front de la 4e armée, d'organiser le terrain
conquis et de repousser les contre-attaques : le 83e régiment d'infanterie dut même charger à
la baïonnette.
Le 23 décembre, l'offensive continue au 17e corps d'armée. La 33e division attaque la
position dite des « Tranchées Brunes ».
Quatre cents mètres de tranchées formidablement organisées, flanquées par des canons sous
coupoles et des caponnières cuirassées, sont rapidement conquis par un bataillon du 20e et un
bataillon du 7e régiment d'infanterie, grâce à la précision du tir de préparation des groupes de
l'artillerie divisionnaire de la 33e division. Les tranchées conquises sont jonchées de cadavres
feldgrau. Toutes les contre-attaques allemandes se brisent sous nos feux.
Après ce beau succès, la 33e division, avec deux compagnies du 11e régiment d'infanterie,
enlève, le 24 décembre, les importantes positions du bois jaune et du bois des Moutons, et
arrête toutes les contre-attaques des Allemands, malgré leur violence.
Pendant les journées suivantes des 25, 26 et 27 décembre, les corps de la 4e armée continuent
d'organiser les positions conquises, les relient par des boyaux de communication aux
tranchées de départ et préparent, tant par des réglages d'artillerie que par des avancées à la
sape, l'attaque future des positions ennemies.
Dès le 25 décembre, le général de Langle avait modifié son plan primitif et adressé ses corps
de nouveaux ordres.
Le 12e corps d'armée devait maintenir ses positions, en déplaçant vers l'Est son centre de
gravité, l'effort principal devant être fait par le 17e corps, le 1e corps et le corps colonial, entre
Perthes et Massiges, une division du 1e corps venant s'intercaler entre le 17e corps et le corps
colonial.
Le 2e corps, toujours fortement engagé en Argonne, devait continuer sa mission, avec un
renfort de deux régiments.
Le 28 décembre, le corps colonial, partant de la Main-de-Massiges, attaque les tranchées de la
Verrue, au nord-ouest de la cote 191
La préparation d'artillerie, retardée par le mauvais temps, ne peut commencer qu'à 11h30 au
lieu de 8h30, heure prévue.
Elle est d'ailleurs insuffisante. Un bataillon du 8e et un bataillon du 33e colonial sortent de
nos tranchées à 12h30. Le bataillon du 8e, pris sur son flanc gauche par le feu de mitrailleuses
intactes, éprouve de lourdes pertes et ne peut avancer : le bataillon du 33e réussit à atteindre
les tranchées ennemies et à y prendre pied; mais ayant subi, lui aussi, de grosses pertes, très
16
Amie – Voix – Igny 91430
en flèche par suite de l'échec de l'attaque du bataillon du 8e, il reçoit, à la tombée de la nuit,
l'ordre d'évacuer la position conquise.
La 4e brigade coloniale perdait dans cette affaire 1200 officiers et hommes hors de combat.
La température devient extrêmement rigoureuse; les nuits sont froides et d'épais brouillards
empêchent, dès le matin, les réglages d'artillerie.
Le 17e corps d'armée lance, le 30 décembre, sa 33e division sur les « Tranchées Blanches »,
ouvrage situé au nord-est de l'extrémité nord des « Tranchées Brunes ».
La préparation d'artillerie ne peut commencer qu'à 12h30 ; l'attaque est déclenchée à 14h45.
Le 1e bataillon du 9e régiment d'infanterie enlève les « Tranchées Blanches » d'un seul bond
et les dépasse, suivi par le 2e bataillon du même régiment, tandis que le 3e bataillon est arrêté
dans les boyaux. Les 7e et 20e régiments d'infanterie restaient au bois Jaune et au bois des
Moutons.
A la 34e division, l'attaque est déclenchée à 15 heures.
Mais au 88e régiment d'infanterie comme au 83e, on éprouve de grosses difficultés pour
déboucher des boyaux étroits, où les troupes d'assaut avaient dû être maintenues pour
échapper au violent bombardement de l'ennemi. Notre progression est nulle.
Les Allemands, à l'aube du 31 décembre, lancent une violente contre-attaque contre les «
Tranchées
Blanches
»
;
ils
sont
repoussés
avec
de
lourdes
pertes, http://www.chtimiste.com/batailles1418/1915champagne2_fichiers/ferme
beausejour.jpegmais nous soumettent à un bombardement terrible.
Le mauvais temps, la fatigue des troupes, les faibles allocations de munitions que le G. Q. G.
peut mettre à la disposition de la 4e armée, ralentissent nos efforts.
Trois sections du 127e régiment d'infanterie tentent de s'emparer du « Fortin » au nord de
Beauséjour ; elles échouent sous le feu des mitrailleuses ennemies.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, à la cote 200, à quinze cents mètres de Perthes-les-Hurlus, les
Allemands, après un très violent bombardement, renversent le barrage de sacs à terre qui les
séparait de nos tranchées et s'emparent du saillant.
17
Amie – Voix – Igny 91430
A deux reprises, le 83e régiment d'infanterie essaie de reprendre à la grenade la tranchée
perdue; mais il échoue.
C'est un bataillon frais du 14e régiment d'infanterie qui, après un tir d'écrasement, peut
réoccuper le saillant de la cote 200.
Menacés dans Perthes-les-Hurlus, les Allemands évacuent alors le village dont les ruines,
jusqu'à la lisière nord, sont occupées par le 88e régiment d'infanterie.
Dans la nuit, une violente contre-attaque du 69e régiment d'infanterie allemand sur Perthes et
la cote 200, se brise et coûte 200 tués à l'ennemi.
Le lendemain 9 janvier, après une intense préparation d'artillerie, notre 1e corps entre en
action à 9h30 : il lance six compagnies des 1e et 127e régiments d'infanterie, et un bataillon
du 1e régiment d'infanterie au nord du bois des Trois Coupures et à l'ouest de Beauséjour.
Le « Fortin » est enlevé d'un seul bond, mais nous ne pouvons en déboucher. Nous
n'atteignons, d'autre part, la lisière nord du bois des Trois Coupures que à 15 heures. Nos
troupes sont harassées. Devant elles, l'adversaire se réorganise. Nos pertes s'accentuent.
Du 20 décembre 1915 au 6 janvier 1916, le 17e corps a perdu 89 officiers et 5.256
hommes; il a cependant réussi, à hauteur de la cote 200 et de Perthes-les-Hurlus, à
reporter à plus de deux kilomètres au nord notre première ligne.
Surtout le front de la 4e armée, nous tenons maintenant l'ennemi sous la menace d'une
attaque. Néanmoins, pour ne pas épuiser les troupes, et aussi par manque de munitions,
l'activité sur ce front va se borner jusqu'à fin janvier aux épisodes habituels de la guerre de
tranchées bombardements, échanges de grenades et guerre de mines.
****************************************************************
Issu de : http://grande.guerre.pagesperso-orange.fr/novembre15.html
Merci à Audrey MARTINEZ
NOVEMBRE 1915
LORS DE LA GRANDE GUERRE
Lundi 1er novembre
Vives actions d'artillerie en Artois et en Flandre (Bois-en-Hache, Souchez, Lombaertzyde).
Au nord-est de Neuville-Saint-Vaast, nous avons reconquis une partie des éléments de
tranchées que nous avions perdus.
En Champagne, après un violent bombardement, l'ennemi a lancé des masses d'infanterie sur
un front de 8 kilomètres, de la cote 193 jusqu'au village de Tahure. Il a déployé une énergie
extrême, mais a toutefois subi un sérieux échec. Ses vagues d'assaut décimées par nos feux
n'ont réussi à atteindre que le sommet même de la butte de Tahure. Partout ailleurs il a été
refoulé en laissant de nombreux cadavres. Cette première tentative a été suivie de quatre
autres contre le village de Tahure et l'ouvrage de la Courtine.
Elles ont été brisées par nos tirs de barrage. Les Allemands ont subi de grosses pertes et nous
ont laissé 356 prisonniers valides dont trois officiers
18
Amie – Voix – Igny 91430
Mardi 2 novembre
Les combats se sont poursuivis dans la région de Tahure sans modification appréciable.
Nous avons encore capturé 100 prisonniers valides
.
Mercredi 3 novembre
Violente canonnade réciproque à l'ouest de Liévin, autour de la fosse Calonne.
Vifs combats rapprochés dans les boyaux avancés du secteur de Neuville-Saint-Vaast.
Au sud de la Somme (Chaulnes, Fouquescourt), notre artillerie concentre efficacement ses
feux sur les tranchées allemandes et atteint des rassemblements ennemis.
En Argonne, plusieurs mines allemandes ont explosé sans résultat. Nos feux d'infanterie ont
empêché l'ennemi d'occuper les entonnoirs..
19
Amie – Voix – Igny 91430
Jeudi 4 novembre
Nous avons bouleversé sur la somme, près
de Frise, d'importants travaux de mines
ennemies. Lutte d'artillerie et d'engins de
tranchées dans le secteur de Beuvraignes.
En Champagne, les Allemands, après un
bombardement d'obus suffocants, ont tenté
d'aborder nos positions du Sud de la ferme
Chausson (près de Massiges). Ils ont été
partout repoussés, hormis de quelques
éléments de tranchées avancées à la cote
199. Leurs pertes ont été lourdes.
Dans les Vosges, notre artillerie a tiré
efficacement sur les tranchées et ouvrages
ennemis de la région du Violu.
Vendredi 5 novembre
Notre artilIerie a bombardé
en Belgique les positions
ennemies de la région de
Lombaertzyde et contre-battu
efficacement des batteries
allemandes. Vifs combats à
la grenade autour de
Neuville-Saint-Vaast.
Engagements
d'artillerie
dans le secteur du bois de
Givenchy et au sud de la
somme,
près
de
Beauvraignes.
En
Champagne, lutte active
dans la région de la ferme
Chausson, entre la cote 199
et Maisons de Champagne.
Nous
avons
d'abord
complètement
chassé
l'ennemi
des
dernières
positions de notre tranchée
avancée qu'il tenait encore.
Puis en fin de journée, il a
réussi, par une nouvelle
attaque
extrêmement
acharnée, à prendre pied en
quelques points. Il a été
repoussé dans une offensive
devant la Courtine.
Samedi 6 novembre
Actions d'artillerie en Artois,
particulièrement
dans
le
secteur de Loos. Violents
combats en Champagne. Deux
attaques allemandes, appuyées
par des jets de liquide
enflammés, ont été brisées
devant la Courtine. Au cours
d'attaques ultérieures, l'ennemi
a pu pousser quelques éléments
dans notre tranchée de
première ligne à la cote 109.
Partout ailleurs il a été tenu en
échec. Une de nos mines à
détruit un blockaus allemand à
la Chapelotte (Vosges).
Dimanche 7 novembre
Vive canonnade en Artois
(régions du Bois en Hache et
du bois de Givenchy). Au nord
de l'Aisne, nos batteries ont
effectué des concentrations de
feu très efficaces sur les
organisations allemandes de
Vingre, de Nouvron et de
Commelincourt.
En
Champagne, bombardement
réciproque par obus de gros
calibres dans toute la région
entre Tahure et la cote 199.
Nous avons repoussé une
nouvelle attaque devant les
tranchées de la Courtine. Nos
fourneaux de mines, en
explosant, ont endommagé
fortement les organisations
allemandes du secteur de
Malancourt (entre Argonne et
Meuse). Combats de tranchées
dans le bois le Prêtre. Lutte
d'engins de tranchées dans les
Vosges (La Chapelotte et le
Violu
20
Amie – Voix – Igny 91430
COMMENT UNE TRANCHEE FUT DEVASTEE
ET REEDIFIEE DANS NOS LIGNES
A 40 mètres des Allemands, en Champagne. Les effets d'une torpille aérienne ennemie
Tandis que nous préparions notre attaque par des tirs d'artillerie tels que, de l'aveu des
Allemands, leurs tranchées, par endroits, se trouvaient nivelées, les engins ennemis ne
demeuraient pas inactifs. Ces trois photographies, prises en Champagne, sont assez
démonstratives des effets du tir allemand et de notre activité.
On voit ici :
1. Une tranchée munie de ses périscopes, de son grillage pare-grenades et de son
flanquement de mitrailleuses. Le veilleur est à son poste d'observation, l'œil au
créneau.
2. La même tranchée dix minutes plus tard, après l'éclatement d'une torpille.
3. La même encore après une demi-heure de travaux. Le soir, tout se trouvait en ordre et
un grillage neuf était en place
Lundi 8 novembre
Lutte d'engins de tranchée particulièrement active en Belgique (Hetsas, Boesinghe).
En Artois, entre Somme et Oise, et en Champagne, de violents combats d'artillerie ont eu lieu,
spécialement dans les secteurs de Givenchy, de Beuvraignes et de Tahure.
Une attaque à la grenade tentée par les Allemands contre nos positions à l'est de la butte de
Mesnil a été repoussée.
Une de nos mines à détruit, à la cote 235, en Argonne, une sape allemande dans laquelle
l'ennemi était en plein travail. Combats dans les Vosges, à la Chapelotte. Tir très efficace de
notre artillerie. Des taubes ont jeté huit bombes sur la région de Dunkerque. Un enfant a été
blessé.
21
Amie – Voix – Igny 91430
Mardi 9 novembre
Violents combats s'artillerie dans plusieurs régions du front, notamment en Artois (Loos et
bois de Givenchy), au nord de l'Avre (Andéchy) et en Champagne (est de Tahure et nord de
Massiges).
Nos batteries ont démoli, au nord de Saint-Mihiel, une pièce allemande contre-avions.
Lutte de bombes et de pétards à la Chapelotte (Vosges).
Mercredi 10 novembre
Fusillade continue dans la région de Loos. Combats de patrouille à nos avantages en Artois.
Actions d'artillerie sur le plateau de Nouvron, où nous avons effectué des concentrations de
feux très efficaces sur les organisations ennemies. Violent bombardement ennemi dans le
secteur de Beuvraignes et en Champagne dans la région du Trapèze. Notre artillerie riposte
énergiquement.
Dans les Vosges, au sud de Lusse, nos canons de tranchées démolissent un blockhaus et des
abris ennemis. La prise du col de Lana par les Italiens leur ouvre un large débouché sur le
Trentin. Ils ont encore enlevé une cime importante près de ce col.
Jeudi 11 novembre
En Belgique, notre artillerie a exécuté sur les
organisations allemandes de la région des
Dunes et du secteur de Boesinghe, un
bombardement
systématique.
En Artois, nos tirs de barrage ont arrêté une
attaque ennemie dans le bois de Givenchy.
En
Champagne,
après
un
violent
bombardement, l'ennemi a tenté deux assauts
contre nos positions de la butte de Tahure. Le
premier, immédiatement arrêté, n'a pu
aborder nos tranchées. Le second, après y
avoir pénétré sur un point, a été rejeté par
une contre-attaque
Combats de bombes et de grenades en
Argonne orientale (Vauquois, Malancourt).
Entre Meuse et Moselle, nos batteries ont
riposté à la canonnade ennemie et dispersé
une colonne d'infanterie en marche.
Vendredi 12 novembre
Canonnade réciproque très active dans le
secteur de Loos, la région de la fosse Calonne
et
de
Souchez.
Nos mines ont produit de bons résultats. Au
sud de la Somme (Fay), nous avons bouleversé
des galeries et fait sauter un poste allemand. A
Beuvraignes, nous avons détruit une chambre
de mines ennemie en chargement. En
Argonne, nous avons endommagé les ouvrages
allemands à la Haute-Chevauchée et à la cote
22
Amie – Voix – Igny 91430
285.
Aux Eparges, une mine a bouleversé la
tranchée allemande; nous avons occupé
l'entonnoir.
Nos lance-bombes ont infligé de gros
dommages à l'ennemi entre Meuse et Moselle.
Samedi 13 novembre
Canonnades en Belgique, dans la région de
Boesinghe; en Artois, dans le secteur de la
fosse Calonne; au nord de la Somme
(Dompierre) et en forêt d'Apremont, entre
Meuse et Moselle.
Lutte de mines en Argonne et au nord de
Flirey.
Dimanche 14 novembre
En Belgique (Boesinghe), notre artillerie
concentre ses feux sur les positions
allemandes, notamment sur le Moulin-àVapeur qui a été rasé. Les batteries ennemies
ont
été
réduites
au
silence
Canonnade sur l'Avre (Andechy, l'EchelleSaint-Aurin), au nord de l'Aisne (la Ville-auBois), et en Champagne (la butte du Mesnil).
Nos batteries opèrent efficacement près des
Eparges.
Bombardement réciproque dans le secteur de
Flirey.
Lundi 15 novembre
En Artois, au Labyrinthe, les Allemands ont
réussi à pénétrer dans une tranchée de
première ligne, mais ils ont été aussitôt
rejetés par une contre-attaque et ont dû
laisser tous leurs blessés sur place.
Canonnade à Loos et à Souchez.
Au nord de l'Aisne, sur le plateau de Nouvron,
nous pratiquons une canonnade efficace.
Lutte d'artillerie en Champagne (butte du
Mesnil) et sur les Hauts-de-Meuse (bois des
Chevaliers).
23
Amie – Voix – Igny 91430
Mardi 16 novembre
Lutte d'artillerie en Artois, sans engagement
d'infanterie. 279 cadavres ennemis ont été
retrouvés devant le Labyrinthe. Nous avons
bombardé des trains en gare de Roye.
Canonnade soutenue dans la région de
Soissons, aux alentours de Berry-au-Bac et en
Argonne.
Nos batteries ont exécuté des concentrations
efficaces entre Argonne et Meuse, au nord-est
de Bethincourt et en Woëvre, au nord de
Regniéville.
Mercredi 17 novembre
Actions d'artillerie particulièrement intenses
en Champagne, en Argonne, en Woëvre, dans
la forêt d'Apremont et en Alsace, dans la
région d'Ammertzviller
Jeudi 18 novembre
Violente canonnade en Artois, autour de Loos, Angres et Souchez.
Nos batteries ont effectué des tirs de concentration sur les bois de Fay, au sud-ouest de
Péronne.
Lutte d'artillerie en Champagne (ferme Navarin, Tahure).
Nous faisons exploser deux fourneaux de mines en Argonne, en détruisant des tranchées
allemandes sur une assez grande étendue.
Le calme règne sur le front belge. .
Vendredi 19 novembre
Canonnade dans le bois de Givenchy, en Artois.
Au sud de la Somme (Andéchy, l'Echelle-Saint-Aurin, le Cessier), notre artillerie a exécuté
sur les organisations ennemies un bombardement très efficace : un poste allemand a été
bouleversé
et
les
batteries
ennemies
ont
été
réduites
au
silence.
Nous avons aussi bombardé très énergiquement les tranchées d'Autrèches, sur la rive nord de
l'Aisne.
A l'est de l'Argonne, lutte de mines dans la région de Vauquois et du bois de Malancourt. Un
ouvrage allemand a été détruit; un camouflet a bouleversé des travaux souterrains.
Sur le front belge, canonnade intermittente.
Samedi 20 novembre
24
Amie – Voix – Igny 91430
En Alsace, sur le plateau d'Uffholz, et à l'Hartmannswillerkopf, lutte très vive de l'artillerie et
des engins de tranchées, accompagnée de jet de grenades. Huit avions ennemis ont essayé de
survoler Lunéville. Pris en chasse, cinq d'entre eux ont fait demi-tour; les autres ont lancé sur
la ville quelques bombes qui ont blessé trois personnes. Les dégâts matériels sont peu
importants.
Dimanche 21 novembre
Les tirs de concentration de notre artillerie ont obtenu des résultats d'une efficacité constatée,
notamment en Belgique, dans la région de Boesinghe, où des ouvrages allemands ont été
bouleversés et dans la Somme, près de Beuvraignes, où nous avons démoli des petits postes et
une coupole blindée de l'ennemi.
Activité habituelle des deux artilleries sur l'ensemble du front.
Combats à la grenade, en Artois, au Labyrinthe, en Argonne, à Courtes-Chausses et
Vauquois, et en Lorraine, près de Reillon.
Lundi 22 novembre
Vives actions d'artillerie en Artois, autour de Loos et d'Hulluch, ainsi qu'au nord de la
Somme et au nord de l'Aisne. Notre tir a vivement endommagé les ouvrages ennemis à
Armancourt, Dancourt, Tilloloy, ainsi que près de Soissons.
Nous avons fait exploser avec succès deux fourneaux de mines à Bolante, en Argonne.
Violente canonnade à Vauquois. Un fourneau de mines a fait explosion sur les Hauts-deMeuse, au bois des Chevaliers. Aucun dégât n'a été causé dans nos lignes.
Mardi 23 novembre
Activité marquée d'artillerie en Artois et en Champagne.
La lutte de mines, en Argonne, s'est poursuivie à notre avantage.
Canonnade en Alsace, à l'Hartmannswillerkopf et au plateau d'Uffholz.
Mercredi 24 novembre
Journée calme sur l'ensemble du front. L'action de l'artillerie est ralentie par le brouillard.
Nous réduisons au silence les batteries ennemies qui tiraient sur nos tranchées de
Roclincourt, en Artois, sur nos positions entre Aisne et Argonne et dans la région du bois Le
Prêtre.
Explosions de mines en Argonne, au nord de la Houyette et dans le bois de Malancourt.
Sur le front belge, légère canonnade allemande. L'artillerie belge disperse des groupes de
travailleurs ennemis.
jeudi 25 novembre
Matinée calme dans l'ensemble du front, sauf en Woëvre, au bois Brûlé, où l'ennemi a lancé
des obus suffocants, sans résultat. Dans l'après-midi, activité d'artillerie en Artois, où la
gare d'Arras a reçu une cinquantaine d'obus;
dans la région de Loos et de Souchez; du côté de Soissons et en Champagne
NIVARD Léon Paul, enfant d’IGNY,
caporal au 346° RI, MPF le 25 novembre 1915
à Montauville (Bois le Prêtre)
en Lorraine, dans les secteurs de Flirey et de Reillon; dans les Vosges, à la Tête-de-Faux, et à
l'Hartmannswillerkopf. Nos batteries ont partout riposté et gardé l'avantage.
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Amie – Voix – Igny 91430
Vendredi 26 novembre
Combats à la grenade, en Artois et en Lorraine, sur quelques parties du front.
Notre artillerie a exécuté des tirs efficaces sur des emplacements de mitrailleuses dans la
région de Frise (vallée de la Somme) et dans la région de Roye, sur la station de Beuvraignes
et sur Laucourt. Canonnade sur l'ensemble du front.
Samedi 27 novembre
Canonnade intermittente sur tout le front. L'activité de l'artillerie a pris un tour plus vif en
Argonne: nos batteries ont fait sauter un dépôt de munitions allemand dans la région de la
Fille-Morte.
Dans le secteur de Courtes-Chausses, combat à la grenade; nous occupons un entonnoir de
mine, après en avoir délogé l'ennemi.
Dimanche 28 novembre
Vives actions d'artillerie en Belgique (régions de Lombaertzyde et de Boesinghe, et au sud de
la Somme (secteur de Fouquescourt)
Au nord de Saint-Mihiel, nous avons démoli une batterie ennemie à la cote Sainte-Marie. A
Billy-sous-Mangiennes, nous avons dispersé un fort détachement par un feu à longue
distance. Les ennemis ont fait une triple tentative par gaz suffocants dans le secteur ForgesBethincourt, à l'ouest de Verdun. Ces trois émissions ont abouti à un échec total.
Lundi 29 novembre
Canonnade sur l'ensemble du front.
A Berry-au-Bac, une forte reconnaissance a été dispersée.
Mardi 30 novembre
Combats à la grenade en Artois, aux abords de la route de Lille, et en Lorraine, autour de
Reillon.
Au nord du Labyrinthe, nous avons, par une vive attaque, chassé l'ennemi de l'entonnoir qu'il
occupait. Il a subi des pertes sensibles. C'est un sérieux échec que les Allemands ont essuyé à
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Berry-au-Bac, devant un de nos ouvrages. Ils ont laissé des morts et des prisonniers.
Ouatre taubes ont survolé Verdun et jeté des bombes. A titre de représailles, cinq de nos
avions ont bombardé la gare de Brieulles, au sud de Stenay, coupant la voie ferrée et forçant
un train à rebrousser chemin.
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Merci à M. BOUZID
LE COMBAT DE BOIS-LE-PRETRE EN MARS 1915
Depuis le 25 mars 1915, de nombreux détachements automobiles de la Croix­ Rouge
américaine circulent entre Pont-à­ Mousson, Dieulouard, Nancy et Toul. On évacue les
blessés des ambulances et hôpitaux du front.
Des bruits se propagent sous le manteau : Joffre va tenter de percer sur Thiaucourt, pour
couper la hernie de Saint-Mihiel, où le front forme une poche gênante.
D'importants renforts sont attendus.
Notre bataillon, le 3° du 167° (73° D.I.), est au repos à Jazainville.
Réunis au café de la Liberté, nous fêtons les galons des nouveaux promus. Nous n'ignorons
pas que nous allons être de la première vague d'assaut. Le 26 mars, nous nous mettons en
route pour le front. Pendant notre marche, nous croisons des trains de combat, des autos,
motos et estafettes de liaison qui se dirigent vers le Bois; nous côtoyons 12 canons de 155
Rimailhos qui, abrités sous de grands arbres, attendent la nuit pour prendre position. Les
pièces ont été peintes de différentes couleurs pour échapper aux investigations aériennes; des
sections de mitrailleuses aux mulets chargés de pièces et de caissettes de munitions se dirigent
rapidement vers leur position. Plus loin, d'imposants 120 longs, également camouflés, sont
trainés par des bœufs. Le jour commence à décliner, les routes et chemins se peuplent de plus
en plus. Voici une reconnaissance d'officiers d'artillerie qui au grand galop recherche des
itinéraires pour amener leurs 75 et reconnaître les emplacements tir. Au loin, d'ailleurs, on
perçoit le roulement métallique des canons et caissons qui s'approchent. A ce tumulte, se mêle
le bruit plus monotone des convois de ravitaillement se traînant sur les routes.
Des hussards ou dragons isolés passent en trombe dans le village que nous traversons.
Un terrain sinistre
Nous gagnons le Quart de réserve, partie ouest du Bois-le-Prêtre, où nous serons en première
ligne. A 23 heures, la lune se dissimule derrière les nuages. Nous distinguons vaguement la
route. De temps à autre, une fusée éclairante émerge des arbres du bois, là-haut sur la colline,
et pendant quelques secondes délimite le panorama. Notre colonne marche par à-coups et à
chaque arrêt résonne un bruit, de bouthéons et de bidons heurtés, témoignant que des
dormeurs ont été surpris.
Nous traversons Maidières et Montauville et commençons la pénible ascension qui nous mène
au bois redouté. Au fur et à mesure de notre marche, le terrain devient de plus en plus sinistre;
des trous, des excavations d'obus, des arbres calcinés, estropiés, lamentables, des débris de
capotes, des équipements en loques, des fusils brisés, de la charpie sanglante témoignent d'une
lutte sans merci.
Les boyaux, hâtivement creusés, sont moins profonds. Nous croisons des blessés qui gagnent
péniblement le poste de secours, des civières contenant des corps disloqués, blêmes;
sanglants.
Nous arrivons enfin dans notre secteur où l'amas de matériaux, de poutres, rails, sacs à terre,
tôles ondulées, boucliers, chevaux de frise, pelles, pioches, bombes, caissettes de munitions,
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obus, pétards, gabions, se fait de plus en plus inextricable. Partout des arbres éventrés,
décapités, des boyaux écroulés.
Nous relevons le 346° sans incident au milieu de ce lacis de communications.
En première ligne, si l'on peut appeler une première ligne ce chaos de sacs à terre, tout est prêt
pour l'attaque. Les caisses à cartouches s'entassent à l'abri dans leurs alvéoles.
Les mitrailleuses sont en position; quelques escaliers de franchissement ont été préparés pour
pouvoir plus aisément escalader le parapet et bondir à l'assaut.
Dans un coin, des échelles de deux mètres attendent pour le même usage.
Des galeries de mines s'échelonnent de loin en loin et progressent sous terre afin de faire
sauter l'ennemi. Conformément au minutage, nos 220 débutent leur tir d'une durée de vingtquatre heures, le 29 à 8 heures,
Sur les positions adverses.
Tous les quarts d'heure, ces gros calibres font trembler le sol convulsé. Ce tir a, en outre, pour
objet de démoraliser l'adversaire par sa régularité impressionnante et sa puissance
dévastatrice.
Or, une troupe dont le moral est affaibli est une troupe à demi battue.
Le 30, vers 1 heure du matin, le tir de ces grosses pièces cesse. Mais la forêt, un instant
assoupie par un calme trompeur, est, à 2 heures, réveillée par une double et effroyable
détonation déchirant régulièrement les ténèbres : un double frou-frou rapide, haletant, de
bolides meurtriers perçant l'atmosphère, suivi d'un déplacement d'air semblable à celui d'une
courte mais violente tourmente, un profonde trépidation du sol à plusieurs lieues à la ronde,
un quadruple écho formidable, puis mourant dans le lointain ... Ce sont nos gros canons longs
de marine - calibre 164,7 - « Catherine » et « Nana » qui, de la forêt de PuveneIle, crachent
leurs salves redoutables sur les voies ferrées allemandes entre Metz et Arnaville, en vue de
paralyser l'arrivée des renforts. Entre les détonations espacées de ces pièces, le bois se
replonge dans une quiétude factice; l'ennemi se terre et n'ose tirer, de crainte de déclencher un
nouveau cataclysme Tuez-moi, je vais mourir
Pendant ces tirs, nos troupes se recueillent et se reposent avant l'effort. Nous parcourons nos
tranchées pour nous assurer de leur vigilance, connaître leur état d'âme et, éventuellement, les
encourager.
En première ligne, emballées dans leur cache-nez, l'œil vigilant, le fusil posé dans un
interstice de sac à terre, les mains glacées enfouies dans leur capote, impassibles, les
sentinelles surveillent le talus de sacs blancs adverse. Dans un abri, d'autres dorment,
insouciants, la tête reposant sur leur sac, le képi sur leur visage, la couverture étendue sur leur
corps; certains ronflent. Les munitions se trouvent à leur place et les échelles disposées le
long du parapet de la tranchée de départ. L'inspection passée, nous regagnons notre abri pour
y sommeiller quelques instants, mais, vers 3 h 30, un agent de liaison vient nous réveiller. Le
capitaine de notre compagnie réunit ses chefs de section pour leur communiquer ses dernières
instructions. Il a également peu dormi, car le téléphone l'a tenu en éveil. Nous partageons nos
impressions et aussi un frugal casse-croûte. Notre moral est bon. Cependant, le souslieutenant Gey se montre troublé.
C'est pourtant un brave.
Corpulent de taille, portant une longue barbe noire, taillée carrée, il est généralement
optimiste. Jeune marié, il vient de rentrer de permission et a été embrasser son fils nouveauné. Soudain, il se retire pour vomir; puis il nous affirme : - J'ai un pressentiment. Je n'en
reviendrai pas!
Depuis minuit, je vois la mort autour de moi
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Nous le réconfortons en lui rappelant les précédents combats effectués ensemble sans blessure
sérieuse, mais Gey, obsédé par son cauchemar, ne nous entend pas et s'enfonce vers la
première ligne rejoindre ses hommes. Au moment où nous prenons congé du capitaine, un
dernier ordre nous arrive. Le général Joffre veut que nous enlevions à tout prix le Quart en
réserve; nous devons nous sacrifier jusqu'au dernier à ce but. Quatre heures.
Tout le monde est en place, bien qu'il nous reste une heure à attendre.
Heure qui restera parmi les plus dures de ma vie, tant elle fut tragique; heure qui me sembla
durer un siècle, heure de massacre sans nom. Les hommes cassent la croûte et boivent
plusieurs quarts de suite pour se soutenir, car l'émotion serre le cœur .et la gorge. Une légère
odeur d'eau-de-vie flotte Tout à coup, une immense lueur embrase le ciel derrière nous, en
même temps que les hurlements de mille pièces font trembler la terre. Le pilonnage
commence ... La partie est engagée ... Dans la nuit noire, l'effet est effrayant; pas une pièce
ne doit chômer et le front allemand retentit d'épouvantables craquements, comme si le sol
allait s'ouvrir ... Mais la riposte n'est pas longue à venir.
L'ennemi doit sentir l'importance de cette nuit. Soudain, les rafales de gros obus tombent sur
nos parallèles et nos boyaux, avec une précision démoralisante. De hautes flammes rouges
jaillissent de tous côtés, en même temps qu'une pluie de terre crépite sur nos casques. Cela se
gâte
...
Une lueur fulgurante devant moi ... Je me retrouve plaqué sur le dos, du soufre plein le nez ...
Des gémissements s'élèvent, des cris de douleur percent le tumulte. Un blessé s'enfuit en
geignant et marche sur nos têtes, sur nos dos pour passer.
Le lieutenant A. vient d'avoir quatre hommes tué près de lui et deux blessés, dont l'un est en
train d'expirer, un bras arraché; il demande qu'on l'achève et j’entends encore sa voix :
- Tuez-moi ! Tuez-moi! puisque je vais mourir !
Je me suis mis à genoux pour pouvoir me baisser et me lever rapidement.
Maintenant, c'est la boucherie dans toute son horreur. Le sol semble soulevé par une éruption
volcanique. Terré contre moi, l'homme de liaison, un jeune, le visage exsangue, les yeux
exorbités, murmure sans arrêt : On va tous nous tuer, on va tous nous tuer !...
Une hécatombe
Tout à coup, il me semble que je suis aplati, que ma tête rentre dans mes épaules en brisant
mes vertèbres ... Une masse de terre s'écroule sur moi. A moitié asphyxié, je ne cherche pas à
comprendre ; j'ai le cerveau vide. Des hurlements affreux montent, à côté de moi et des bras
s'agitent désespérément. . Je me dégage et vois la figure du petit soldat qui me touche,
atrocement convulsée. Il m'appelle : - Au secours, mon lieutenant, emportez-moi, ne me
laissez pas là ... Je le tâte; son ventre est plein de sang ... J'en ai plein les mains, plein les
manches. J'essaie gauchement de le dégrafer pour le panser, mais ce sont de tels cris et
j'entrevois de telles blessures que j'y renonce ... Il n'en a pas pour longtemps, car le liquide
chaud coule abondamment, inondant le trou où je suis, mouillant mes deux genoux, s'infiltrant
dans mes jambières... Et toujours ces supplications entrecoupées de hoquets :
Faites-moi emmener... on pourrait me guérir, si on m'opérait tout de suite ...
Faites vite ... Je vais mourir ... L'angoisse me tenaille, me déchire les entrailles; je n'ai plus la
volonté de penser. La peur se glisse en moi. Une voix hurle à mes oreilles : Le commandant
A. vient d'être tué; le capitaine L. prend le commandement du bataillon. Faites passer...
C'est une hécatombe avant d'avoir pu remuer un doigt. Je répète l'ordre en le criant.
IL. a entendu et me déclare qu'il ne peut plus attaquer le premier, étant donné le peu
d'hommes qui lui restent. Je passerai donc en tête.
.
Devant moi, un poilu s'agite par saccades, puis ne bouge plus... Un coup de bélier me
précipite sur son corps encore chaud ... J'y reste quelques secondes, étouffé par la fumée de
l'obus qui vient de tomber meurtri par le choc ... Je me redresse lentement, gêné, un poids
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m'appuie sur les reins. Je me retourne : l'homme qui me suit est tué net, la tête presque
sectionnée du tronc. Je suis certain de mourir moi aussi. Personne ne peut échapper à ce
boyau-abattoir
...
Je revois tous les miens ... Je me représente l'angoisse de ma mère ne recevant plus de
nouvelles; des larmes gonflent mes paupières. Je ne suis plus un homme ... Je suis un pauvre
gosse qui a peur. Le sentiment de mon devoir de chef semble lui même impuissant à me faire
réagir ... Bêtement, avec mes doigts, je creuse la terre comme si je voulais m'enfoncer dedans
; des gémissements de damnés montent de tous côtés, perçant le tumulte ...
Dans un choc, ma montre a jailli de ma poche et pend au bout du lacet de cuir; j'aperçois son
cadran lumineux qui brille dans la nuit du boyau et mes yeux ne quittent plus les aiguilles.
Cinq heures !... Encore un grand quart d'heure. Comme c'est long, comme j'aspire à sortir de
ce cimetière!
Que l'attaque sera peu de chose à côté! Ici, tout le monde attend l'écartèlement.
C'est le plus grand abattoir qu'on ait jamais vu
Il me semble que si je réussis à sortir de ce trou, dans cinq minutes, je ne mourrai plus!
L’ASSAUT
Cinq heures cinq. Je me dresse comme un fauve. Je saute sur le parapet et hurle
- En avant! En avant !
Les échelles de franchissement sont escaladées dans une vigoureuse ruée et nous émergeons
de la tranchée. La fusillade crépite. Devant moi, un homme frappé au front fait un saut et
tombe mort. La tranchée allemande n'existe plus; le sol en est labouré; les sacs à terre sont
éventrés; les boyaux recomblés.
C'est un chaos de boucliers, de sacs, de fusils brisés, de débris d'obus, de cadavres et de
blessés.
Les fils de fer tressés entre nous sont pulvérisés.
Pendant que la moitié de ma section fait le coup de feu contre l'ennemi en fuite, le reste a déjà
sorti pelles et pioches et la terre est rapidement retournée sous leurs mains. Des vestiges de
l'ancienne tranchée ennemie jaillit, une tranchée française. Les sacs de terre allemands passent
de mains en mains et forment un parapet. Les cadavres allemands sont déterrés de la tranchée.
Pour nous en débarrasser, nous les plaçons en avant de notre nouveau parapet et les
recouvrons de sacs à terre
Déjà, les sapeurs cherchent les fils de mines et les fougasses, afin que nous ne sautions pas. Ils
en trouvent trois dans ma section. C'est un poids de moins pour notre angoisse.
L'organisation de la position se poursuit avec ardeur; les hommes travaillent fébrilement ;
certains ont les manches retroussées, la capote dégrafée. Ils ont posé leur équipement.
La tranchée est vite reconstituée. Cependant, poursuivant nos investigations dans un abri non
encore visité, nous découvrons cinq soldats allemands. Sur notre injonction, ils sortent de leur
refuge, les mains en l'air, proférant leur traditionnel « Kamerad! ».
Soudain, sur l'ordre d'un sous-officier, ils abaissent leurs mains, tirent de leur musette des
grenades à manche qu'ils cherchent à amorcer, mais les nôtres ont vu le geste et les abattent.
Alors que, debout au milieu de mon dispositif, je mets en route deux patrouilles pour
reconnaître la deuxième ligne; dite des blockhaus, j'aperçois devant moi une entrée de niche
creusée dans l'ex-tranchée allemande et, à l'intérieur, un officier étendu dans son abri, le crâne
brisé par un éclat de 220. Je ne prête pas attention à une deuxième forme couchée à côté de ce
cadavre
…
Alors que je leur tourne le dos, je me vois subitement précipité à terre par un de mes soldats et
entends un coup de feu; je me relève, irrité, lorsque mon sauveur m'explique qu'il avait aperçu
un bras armé d'un revolver sortant de cette niche et m'ajustant par-derrière.
Il avait déjoué cette lâcheté en tirant sur lui. Je le remercie chaleureusement.
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Le deuxième officier est grièvement blessé. La balle a traversé un œil et est ressortie par le
cerveau qui s'échappe par la plaie.
Si la patrouille de droite ne peut atteindre la ligne des blockhaus, celle de gauche a plus de
chance. Carlin, un énergique soldat, a atteint un blockhaus. L'ouvrage devant lequel il se tapit
est effondré; cependant, derrière des sacs à terre, il découvre une mitrailleuse Maxim, réduite
au silence; mais les servants n'en sont pas tous morts et ces rescapés déchargent sans succès
leurs pistolets sur lui. Il riposte et réussit à dégager la mitrailleuse.
Aidé d'un camarade de la section voisine, il parvient à la traîner vers l'arrière dans un trou
d'obus, puis il reprend son poste de combat.
Les Allemands lancent des grenades. Carlin est touché par un éclat de boîte à mitraille et son
bras se paralyse rapidement. On l'évacue sur le poste de secours.
Toute la matinée, l'ennemi 'ne cesse de nous bombarder. Les obus de tous calibres tombent
sur notre position facilement repérée, puisqu'elle fut la leur; c'est du 77, du 105 fusant et
meurtrier, du 150 et même du 210.
LA CHARGE DES TEUTONS
Nous établissons un barrage de sacs à terre pour nous isoler des Allemands qui tiennent
encore le prolongement de notre tranchée vers la Croix-des-Carmes, à droite.
A cette barricade, le combat acharné se poursuit Pendant toute la journée.
L'ennemi, qui est à vingt mètres de nous, nous lance un déluge de grenades pendant plus de
six heures. Ces grenades et l'avalanche d'explosifs de toute nature que nous subissons nous
causent des pertes très importantes.
Les Minenwerter et lance-bombes allemands nous prennent d'enfilade depuis la Croix-desCarmes. Notre nouvelle tranchée est un véritable enfer. Un obus de 210 s'écrase dans un
fracas terrible.
Le caporal Variot a les deux jambes coupées.
II clame qu'il a froid. Nous I' entourons de couvertures et capotes; rien ne peut le réchauffer :
la mort l'envahit. Puis, tout à coup, un jet de pétrole et de grenades incendiaires s'abat sur
nous. Sacs, pelles, fusils brûlent, la tranchée prend feu; cartouches et grenades stockées
explosent. Nombre de mes hommes sont brûlés. La scène est affreuse. Vers 6 heures, les
flammes s'éteignent et nous soufflons.
Une section de renfort de la 12° compagnie approche lorsqu'un cri jaillit dans la tranchée :
- Les voilà! Les Allemands, sur trois lignes, montent silencieusement à l'assaut. Ils semblent
sans armes, mais leurs ceintures et leurs musettes sont remplies de grenades. Ces grenadiers
teutons surgissent inlassablement du sol; plus on en tue, plus il en revient. La fusillade crépite;
les explosions ne cessent plus; le canon tonne des deux côtés avec rage.
Au milieu de ce fracas, une clameur de haine se fait entendre.
A notre gauche, dans le fond de la tranchée, une forme qui m'est bien chère et que je
reconnais s'agite, secouée par les derniers spasmes de la vie. Visage broyé, jambes brisées,
vêtements en feu, le sous-lieutenant Gey vient d'être abattu par une grenade incendiaire.
Les hommes l'enroulent dans des couvertures pour éteindre le feu. Ses pressentiments ne
l'avaient pas trompé ! ... A sept heures du soir, l'ennemi lance une gigantesque contre-attaque.
Des centaines d'Allemands en colonnes compactes, serrées, foncent au pas accéléré. Cette
masse opaque, qui surgit de partout, forme l'élite de l'armée allemande : la Garde prussienne.
Le feu crépite, violent, sur notre ligne qui n'est plus déjà qu'un amas de corps, de blessés, au
milieu desquels des hommes aux manches retroussées, à la capote déboutonnée font le coup
de feu. Nos 75 déchirent l'air et ouvrent des trous énormes dans cette colonne, trous aussitôt
comblés... Nous ne sommes plus qu'une poignée; nous commençons à manquer de cartouches.
Les Allemands se trouvent maintenant à dix mètres de nous. Les hommes de la compagnie
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voisine, à gauche, se replient sur moi; nous faisons front. Des hommes, débris de quelques
sections de plusieurs compagnies, se retirent en désordre.
Nous restons six. A notre tour, nous parvenons à nous replier un à un et nous gagnons nos
lignes. Nous nous retrouvons au milieu de nombreux blessés, mais, autour de nous, les
renforts tant attendus se massent. Une contre-attaque de notre part se prépare.
Du champ de bataille peuplé de morts, d'agonisants, monte un bruit étrange, un murmure
incompréhensible formé de gémissements douloureux : « Ah ! Ah ! », continus et rythmés.
Puis c'est un cri de douleur ininterrompu, strident, déchirant, formé des appels :
- A moi! A moi !... Hilfe! Muller! Hoch!
De ce champ de mort et de souffrance s'exhale aussi une odeur épouvantable faite de sang, de
poudre, de chairs roussies et de cadavres. .
Nous étions 56 ce matin, dans notre section; nous nous retrouvons à peine une douzaine ce
soir et parmi les survivants encore des blessés, quelques cuistots et plantons.
En maints endroits, les combattants restent face à face.
Un silence de mort règne en ces lieux, où l'on ne se parle plus qu'à voix basse.
RENÉ MICHEL (Historia hors série N°7 de décembre 1967)
& Merci à Guy L
Nous les remercions tous les trois
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