« La souveraineté réside dans le peuple Français, dans ce sens que tout, tout sans exception, doit être fait pour son intérêt, pour son bonheur et pour sa gloire. » Napoléon Le Bonapartiste Organe hebdomadaire Bonapartiste 21 novembre 2014 Numéro-42 Sous la direction de David Saforcada et Thierry Choffat Parution le vendredi « Editorial » Un jour il vend sa voiture, puis ensuite il vend son téléviseur, vient ensuite le moment de vendre sa vieille gourmette de baptême. « Il » c’est le joueur qui n’a pas su s’arrêter, c’est l’alcoolique qui ne sait plus où piocher pour payer sa chopine. Aujourd’hui, comme hier Dominique de Villepin avec les autoroutes, le gouvernement Valls s’apprête à vendre l’aéroport de Toulouse pour retrouver quelques liquidités sur le court terme. Il faut être honnête, l’Etat tient juste à céder 49,99% des 60% du capital, le reste restant aux collectivités territoriales et à la Chambre de commerce. Mais que pèseront ces « petits » face à l’actionnaire principal qui, sauf coup de théâtre, devrait être le groupe Lavelin aidé dans cette opération par la société publique chinoise Shandong High Group. Cette vente montre à quel point le gouvernement est aux abois, n’hésitant pas à brader l’un des aéroports de premier plan de l’hexagone, qui plus est aéroport attitré d’Airbus. Outre la perte, à ne pas négliger, de souveraineté que cette vente amène, mais aussi la suspicion non négligeable lorsque l’on connaît la guerre économique que livre la Chine, celle-ci apporte son lot de questions à proprement parlé locales. Quid du statut des employés actuels ? Le montant de la vente est-il assez élevé surtout après tous les travaux entrepris ? Quelles relations entre Airbus et les nouveaux propriétaires pour ce qui est de l’utilisation des pistes mais aussi concernant les terrains attenants ? A la vue des restrictions budgétaires de l’Etat vers les collectivités territoriales, celles-ci ne seront-elles pas tentées, elles aussi, de vendre les bijoux de famille et donc de donner une majorité à nos amis chinois ? La liste pourrait être encore longue des questions que soulève cette vente. C’est pour toutes ces raisons que le bonapartiste que je suis s’oppose à cette cession qui n’est autre qu’une énième avanie faite à notre pays et qui est de la même logique que celle de libéraliser les services avec le « TISA » qui n’est autre que le retour de l’Accord Général sur le commerce des services, celle de céder notre souveraineté aux institutions européennes et à Washington, celle de signer un traité défavorable pour nos agriculteurs avec le traité transatlantique « TAFTA », celle de vendre l’intégralité de notre patrimoine immobilier, afin de satisfaire l’unique objectif de complaire au monde de la finance et des grandes puissances étrangères. Il est temps de sortir de cette vision de « déclinologues » qui veut enfermer la France dans le carcan du renoncement, de la « petitesse ». Il est temps d’en finir avec cette politique « à la petite semaine » et de raisonner non pas sur les 6 mois ou 1 an à venir mais sur les 15, 20 ans et sur ce que nous voulons réellement pour nos enfants. N’y a-t-il plus de Colbert dans se pays ? David Saforcada *** « Le billet Corse » « Coups de chapeaux » L’actualité prend une pâleur ou une noirceur de cendres. Au Pakistan, la vie d’une femme chrétienne est menacée par une forme de folie législative. En Turquie, on revisite l’Histoire, mais ce n’est pas pour admettre enfin, sans que le reste du monde n’ait à s’en mêler, mais avec une petite pincée souhaitable d’honnêteté l’horreur complète du génocide turc contre les Arméniens il y a un siècle, c’est pour revendiquer ce qu’on peut considérer comme une vieillerie : la découverte de l’Amérique, c’est pour pousser le cartographe et navigateur Christophe Colomb au fond d’une oubliette. Par Thor, ou par Odin, comme on nous le disait dans une des belles aventures d’Astérix et d’Obélix, voilà quelques décennies, on connaît déjà quelques vikings, même des galopins, qui pourraient bien rigoler de cette joyeuse farce officielle du peu riant président turc ! Pendant ce temps-là, en France, Napoléon voit s’envoler un de ses chapeaux, non pas au terme d’une bataille valeureuse ou tragique, mais au finish assez vulgaire d’une enchère. L’illustre bicorne finira accroché dans l’entrée d’une entreprise sud-coréenne. L’épopée impériale n’est plus qu’un tableau de chasse, un trophée qu’on accroche après une addition qui tient du coup de fusil et de l’arquebuse. C’est attristant. Si l’Empereur réformateur a pu en voir bien d’autres, de son vivant et peut-être bien depuis sa mort, l’état de la France, et l’Etat en France peuvent inspirer de la préoccupation à nos contemporains. Et là, franchement, cela ne mérite ni un coup de chapeau, même irrespectueux, ni le fou rire convulsif de petits bambins vikings. L’état politique de la France est contenu dans un seul mot, qui occupe toute la scène d’un spectacle à la fois coûteux et pitoyable, dont les costumes et décors sont plus défraîchis ou mités que ceux, anciens mais encore émouvants, des fastes impériaux : cet état politique est primaire. Et déprimant. Sur l’ensemble de l’échiquier politique, des personnalités qui restent figées comme de tristes pions inquiets d’avoir à faire un mouvement, à avancer ou à reculer de quelques cases, à aller d’un côté ou de l’autre, ne voient la France qu’en fonction d’une échéance qu’on appelle primaire, et qu’on gonfle d’importance en lui offrant un pluriel exagéré, mais, dans ces batailles partisanes, dans ces nages qui se bornent à suivre un courant incertain ou illusoire, devine-ton une vision véritable de ce qu’est la France actuelle, une vision surtout qui pourrait-être offerte pour son avenir, pour l’avenir des Français ? A cette question, une réponse s’impose : elle est, hélas, négative. On parle de détricoter des financements, de remodeler des cartes territoriales mal conçues, de faire des économies chiffrées, d’un candidat primitif ou premier mais si peu artiste à un autre, de la même manière et avec des montants d’une grande proximité, mais on ne parle pas à la France, et l’on ne parle pas de la France. Waterloo, en 1815, on le sait, était en Belgique. Décidément, les historiens et les poètes mentent. Quand près de deux siècles patinent plutôt que d’évoluer sur les chapeaux de roues, on s’aperçoit, une fois le brouillard dissipé, que la morne plaine, décidément, s’est déplacée, et que, depuis quelques décennies, comme un îlot têtu mais à tête plate, elle reste hélas tout entière campée, cette morne plaine-là, et bien plantée même, dans notre paysage : finalement pas sur la route de Bruxelles en toute franchise (ou pas seulement), mais elle s’est donc installée en terre de France, s’étendant de plus en plus, gagnant chaque jour du terrain, elle n’est plus désormais qu’à quelques coups de chapeaux de… Paris : mais depuis le bicorne impérial, on ne progresse plus que sur un point : les chapeaux couvrent des partis sans chef ou des têtes vides ! Raphaël Lahlou « Que penser du coup de frein européen au tourisme social ? » C’est une décision qui a fait beaucoup de bruit : la Cour de Justice de l’UE vient d’autoriser les Etats membres à exclure du bénéfice de certaines prestations les immigrés européens sans travail, venus faire du « tourisme social ». Une décision extrêmement ambivalente. Une faille dans Schengen ? Sur le fond, on peut se dire qu’il s’agit d’une victoire du bon sens. Il était bien évident que la liberté anarchique de mouvements des personnes au sein d’une Union Européenne présentant de telles différences de niveau de protection sociale ne pouvait que logiquement provoquer des phénomènes d’abus où des personnes issues des pays les plus pauvres pouvaient partir dans les pays les plus protecteurs et réclamer les avantages sociaux de ces pays sans même vouloir s’intégrer. Il semble que ce soit le cas de la migrante roumaine qui résidait en Allemagne au sujet de laquelle la Cour de Justice européenne a décidé de permettre une différenciation de traitement de certains immigrés. Il faut qu’en ces temps de disettes budgétaires, il était particulièrement révoltant pour une majorité de la population, qui se serre la ceinture depuis près de 6 ans, de constater des cas comme ceux de cette roumaine, qui n’est pas sans rappeler l’affaire Léonarda en France. Ici, le terme de tourisme social semble parfaitement s’appliquer et la liberté anarchique de circulation des personnes au sein de l’UE est un véritable pousse-au-crime qui peut coûter cher aux pays qui ont le modèle social le plus protecteur. Du coup, toute limite mise à ces comportements abusifs, cette protection gratuite offerte à certains migrants qui ne contribuent pas à la solidarité nationale, est bienvenue. La goutte d’eau d’un mauvais tuyau On peut se dire que c’est une bonne nouvelle pour l’Etat providence, dans la mesure où le protéger d’abus manifestes et choquants peuvent miner le soutien que lui portent les citoyens. Ce n’est sans doute pas totalement faux. Cependant, la décision de la Cour de Justice de l’UE est limitée, comme le souligne le Figaro. Le diable étant dans les détails, on ne peut pas exclure que des failles se fassent jour dans ce petit pare-feu. En outre, l’UE ne remet pas en cause la concurrence déloyale des travailleurs détachés, qui ne paient pas leurs cotisations sociales dans le pays où ils travaillent, alors que l’on peut soupçonner que leur travail leur y donne des droits ! En outre, même si cela est cohérent avec le monstre législatif que représentent les traités européens, il est tout de même assez effarant qu’il faille remonter à la Cour de Justice de l’UE pour trancher si oui ou non l’Allemagne doit accorder des allocations à une roumaine installée outreRhin qui ne semble avoir fait aucun effort d’intégration. Un nouvel exemple de la folie de cette construction européenne qui se mêle de tout et n’importe quoi ! Ce devrait être à la justice allemande de trancher ce cas sur la base des lois allemandes. Quelle est la valeur ajoutée apportée par l’Europe dans cette affaire, qui relève fondamentalement du droit des démocraties nationales ? Bref, même si on peut se réjouir du fait que les Etats-nations européens puissent refuser de donner à des étrangers non intégrés des droits auxquels ils ne devraient pas pouvoir prétendre, il est tout de même effarant d’avoir à en passer par là. Et bien d’autres problèmes subsistent. Laurent Herbley *** « Philae est une réussite européenne, mais pas une réussite de l’Union européenne ! » « A ceux qui se posent la question, à quoi sert l’Europe, Rosetta a donné la réponse ». Ainsi s’est exprimé le Président de la République à la suite du succès de l’atterrissage du module spatial Philae sur la comète 67P/TchourioumovGuérassimenko. En effet, probablement bien plus que ne l’imagine M. Hollande, cette réussite technologique apporte une cinglante révélation à ceux qui bâtissent encore des espoirs sur le Léviathan technocratique et a-démocratique de Bruxelles. De prime humeur, on pourrait, à raison, rétorquer, comme Olivier Berruyer sur son blog, que dans le contexte actuel de crise profonde, les Européens seraient en droit d’attendre bien d’autres réussites que l’envoi d’un bout d’Europe à des centaines de millions de kilomètres de leur quotidien. Mais il faut pousser l’analyse plus en avant. En effet, contrairement aux poncifs lancés toute la semaine par des médias à pensée unique, sclérosés par leur européisme béat, Philae n’est pas un projet de l’Union européenne ! Philae relève de l’Agence spatiale européenne (ASE), celle-ci n’étant en rien subordonnées aux instances de l’UE. Si celle-ci contribue, toutefois, au budget de l’ASE à hauteur d’une vingtaine de pourcents, l’Agence est une organisation intergouvernementale indépendante de Bruxelles, financée pour le reste directement par ses Etats membres. Ces membres sont au nombre de 20, parmi lesquels des Etats non membres de l’UE : la Suisse et la Norvège. A contrario, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, Malte, Chypre, la Slovaquie, la Croatie, la Bulgarie, la Hongrie et la Slovénie (ces dix derniers étant membres de l’UE) ne sont pas parties intégrantes de l’ASE. Ainsi, l’ASE est un nouvelle illustration (après bien d’autres, comme Ariane ou Airbus) de l’échec de la méthode supranationale qui prévaut à la construction européenne de l’UE, mais aussi un bel exemple de ce que les Etats européens sont capables de faire entre eux par la méthode intergouvernementale. C’est aussi une nouvelle enluminure des amalgames douteux, à coups de TINA thatchériens, qui sont faits pour encenser une Union européenne qui nous mène au gouffre. Les eurosceptiques ne sont pas, dans leur immense majorité, des anti-européens (contrairement aux procès en sorcellerie intentés par quelques terroristes intellectuels et autres éditocrates de bazar). Non : ils réclament simplement une autre Europe que la technocratie a-démocratique, néolibérale et anti-nationale qui nous est imposée depuis l’Acte unique de 1986. Et Philae est une nouvelle preuve que cet autre Europe est possible : elle existe déjà. L’œil de Brutus « Koalas, diplomatie et misère de l’anti-poutinisme » Les comptes-rendus dans la presse française du G-20 qui s’est tenu en Australie ont présenté un Vladimir Poutine soi-disant isolé par la communauté internationale. C’est un cas d’école de la manipulation de l’information et de la désinformation. Qui isole qui ? Ce n’est pas la « communauté internationale » qui a cherché à isoler Vladimir Poutine, mais les Etats-Unis et les pays qui leurs sont liés comme la Grande-Bretagne, l’Australie et la France (et dans une moindre mesure l’Allemagne). Alors, oui, les relations de Vladimir Poutine avec les dirigeants de ces pays ont été tendues. Mais, les positions prises par la Russie, et par Vladimir Poutine en particulier, sont en réalité très populaires en Chine, en Inde, en Afrique du Sud et au Brésil. Le G-20 aura été l’occasion de marquer la nette divergence entre les pays que l’on appelle « émergents » et les autres. Cette divergence a été voulue par les pays de l’OTAN à ce sommet. Mais, elle constitue un véritable danger à long terme. Cette divergence construit en réalité une nouvelle coupure du monde en deux dont les conséquences dans la capacité de régler les crises futures risque d’être importante. Le danger ici est que la politique américaine, car c’est essentiellement d’elle qu’il s’agit, est en train de cristalliser une fracture entre les pays émergents, qui tentent de s’organiser autour de la Russie et de la Chine, et les pays sous influence américaine. C’est un jeu à la fois dangereux et stupide car tout le monde sait bien que les EtatsUnis, qui restent très puissants, sont néanmoins une puissance déclinante. Ce n’est pas ainsi qu’ils géreront leur déclin. Mais ils risquent d’empêcher le monde de régler toute une série de problème. Cette politique va aboutir, peut-être, a retarder l’inévitable. Elle ne saurait cependant l’empêcher. De plus, ce n’est évidemment pas notre intérêt à nous Français, ni aux Européens de manière générale. Nous avons des problèmes communs à régler, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique, que ces problèmes soient militaires ou concernent le développement de ces régions, ou encore qu’ils concernent des problèmes de santé comme l’épidémie du virus Ebola l’a récemment mis en lumière. La nécessité d’une coopération à grande échelle s’impose. Il est à cet égard frappant que le communiqué final de ce sommet du G-20 fasse mention de la nécessité « d’éradiquer le virus Ebola » mais ne précise ni ne site le moindre moyen financier alloué à cette tache. De même, la question du terrorisme est plus que jamais d’actualité. Les récentes atrocités commises par ceux qui se nomment « Etat Islamique » sont la pour nous le rappeler, tout comme elles nous rappelle le fait que ce terrorisme tue tous les jours en Syrie, en Irak, voire en Libye ou au Nigéria. Nous n’y prêtons garde que quand un « occidental », un « blanc » pour tout dire, en est victime. L’indignation du Président américain, et de notre Président, François Hollande, apparaît alors comme très hypocrite. Une hystérie anti-politique. En fait, il y a une intense coopération militaire avec la Russie au Mali et au Niger. Il pourrait en être de même au Moyen-Orient. C’est là que l’on mesure l’imbécillité de l’opposition systématique à Vladimir Poutine, et plus encore sa « démonisation » dans la presse. Henry Kissinger a expliqué à de nombreuses reprises ces derniers mois que « l’anti-Poutinisme » hystérique des Etats-Unis et de la presse américaine, ne constituait nullement une politique mais était en réalité une réponse à l’absence de politique. Il n’y a rien de plus exact. Il le dit dans une interview qu’il a donnée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel le 13 novembre. Le niveau de délire de la presse américaine a été bien analysé par Robert Parry, l’un des plus grands journalistes indépendants des Etats-Unis. Il est aujourd’hui tragique de voir que ce discours, qui est une véritable propagande de guerre, envahit les médias en France et en Grande-Bretagne. L’idée que la Russie voudrait reconstituer de toutes ses forces l’URSS défuntes est alors invoquée. Il faudrait faire « barrage » à un tel projet, et cela justifierait en réalité la violence de l’opposition à Vladimir Poutine. C’est une immense et considérable erreur. Les dirigeants russes, et Vladimir Poutine au premier chef, ont tiré un trait sur l’ancienne URSS. Le véritable enjeu pour les trente années qui viennent, c’est l’alliance entre la Chine et la Russie, et la question de savoir si les pays que l’on nomme les BRICS arriveront à constituer un front cohérent face à la politique américaine. Tout le reste n’est que (mauvaise) littérature. La question ukrainienne. De même, sur la question ukrainienne, la Russie a toujours considéré que l’adhésion de l’Ukraine à l’UE était un problème ukrainien dans lequel elle n’avait rien à dire. Par contre, et ceci peut se comprendre, elle a affirmé à de nombreuses reprises que si l’Ukraine voulait entrer dans une zone de libre-échange avec l’UE, elle ne pourrait plus bénéficier des conditions particulières de son commerce avec la Russie. Le problème est que les dirigeants ukrainiens ont voulu gagner sur les deux tableaux. La Russie leur a rappelé que cela n’était pas possible. L’intégration économique des deux pays était sur bonne voie quand ce sont produits les événements de Maïdan. L’erreur des dirigeants russes a été de croire que cette réalité économique pèserait suffisamment lourd dans le contexte politique. Mais, ce dernier est le lieu des émotions et il est sujet à des processus de radicalisation qui ne font pas appel aux réalités économiques. De plus, le système politique ukrainiens était affreusement corrompu, ce que les dirigeants russes reconnaissent eux-mêmes. En janvier 2014 à Moscou dans des discussions avec des responsables du Ministère des Affaires Etrangères de Russie ces derniers m’ont dit être effarés du niveau de corruption de leurs homologues ukrainiens. Or, le mouvement de la place Maïdan a commencé comme une protestation contre la corruption du système politique et économique ukrainien, et cette protestation était absolument légitime. Nul ne le conteste dans les sphères officielles à Moscou. Mais, en même temps, Moscou continuait de négocier avec ces mêmes dirigeants corrompus. Il y a là une contradiction mais dont on voit mal comment elle aurait pu être dépassée. Moscou a probablement pâti du fait qu’elle était engagée dans des négociations avec Yanoukovitch. Mais, ce dernier étant le Président légalement élu de l’Ukraine, pouvait-il en être autrement ? Honnêtement, je ne le crois pas. La question de l’OTAN est un autre problème. Il y avait un accord entre les Etats-Unis et la Russie que l’OTAN ne s’étendrait pas sur les anciens pays de l’Est et de la CEI sans l’accord de la Russie. Cet accord a été violé. Il en est allé de même au Kosovo ou les pays de l’OTAN ont couvert ce qu’ils dénoncent aujourd’hui en Crimée et en Ukraine. Les russes en tirent naturellement les conséquences et ils s’opposent à tout nouvel élargissement de l’OTAN. Mais la vérité est que nous payons au prix fort les inconséquences qui ont été les nôtres, en tant que pays dits « occidentaux », vis-à-vis de la Russie. L’instrumentalisation politique du droit international à laquelle se livrent les Etats-Unis avec l’assentiment de leurs vassaux est un véritable problème car l’on comprend bien qu’il ne peut y avoir de stabilité et de paix dans le monde que sur la base de règles respectées par tous. Jacques Sapir *** « Bonnes adresses de novembre. » Pendant que l’horreur du monde se confirme en Syrie, pendant que la vie politique française se limite aux tartines d’un complot digne de ceux qui, dans les « Aventures de Tintin », se trament dans un restaurant syldave ou bordure, il est temps de prendre du champ, et peut-être, par souci de préservation intellectuelle et morale, par nécessité de garder un bon équilibre physique aussi, de céder au charme évident de la poudre d’escampette… Si nous évoquons Tintin, dans cette grisaille pesante de novembre, face aux menaces naturelles des inondations, face aux horreurs moins naturelles et tout aussi tragiques ou horribles de tortionnaires et de tueurs à barbes longues, à idées courtes et à drapeaux noirs, c’est que l’enfance nous manque ce matin, et l’enthousiasme, aussi, qui s’effrite un peu plus que d’habitude… Oublions donc la politique, dépourvue de poésie, chassons les nuages barbares et les serpents qui volent et sifflent sur nos têtes. Et si nous pleurons Manitas de Plata et sa musique, prenons le chemin de quelques rues réelles ou bien qui le sont devenues, des rues dans lesquelles l’enfance rêveuse et impatiente a pu régner et s’épanouir. L’une est à Bruxelles ; elle contient un appartement à étage variable et au décor changeant, celui de Tintin, qui observe sa ville par une grande baie vitrée avant de prendre un train, de filer en Syldavie ou au Khémed, de chercher l’Amérique ou le trésor de Rackham le Rouge : c’est une belle adresse décidément que ce numéro 26, de la rue du Labrador, une adresse qui, pour le fidèle Tchang depuis son Tibet glacial, peut s’inscrire en caractères mandarins, qui ne sont pas forcément d’obscures chinoiseries. Tandis qu’un chapeau impérial gagne les terres de Corée où l’on se demande avec quelles baguettes on le croquera ou bien encore quel lapin en sortira peut-être, ne confondons pas Bruxelles avec une autre rue qui fait rêver les enfants toujours émus que nous restons ; celle-ci est à Paris, et joliment située : 7, rue du Boccador. C’était l’adresse d’un ancien libraire, d’un chroniqueur plein de songes, d’un nouvelliste et romancier devenu un scénariste épatant. C’était l’adresse d’un poète de l’enfance jamais perdue, Pierre Véry qui naquit en Charente le 17 novembre 1900, pour filer vers d’autres cieux, via la rue du Boccador, un mauvais jour d’octobre 1960. Aujourd’hui, si nous voulons mettre en route l’atroce télévision, ce n’est pas pour voir le monde tel qu’il est, c’est pour retrouver les charmes des « Disparus de Saint-Agil », avec les conspirateurs de Chiche-Capon et Martin Squelette, c’est pour imaginer l’Amérique adolescente de Pierre Véry, et de son roman, lequel est entré déjà dans la quatre-vingtième année de ses charmes et de ses secrets intacts, de ces tours et malices, de sa magie toujours prenante et inattendue. Novembre vous ennuie, vous affole ou vous attriste, vous écœure ou vous fait couler des larmes mauvaises… N’hésitez pas : Rouvrez les pages de Pierre Véry, prenez le chemin de la rue du Boccador. Ou bien, sur un air de jazz par exemple, aidez, du côté de la rue du Labrador, Tintin l’intrépide, à boucler ses valises… Novembre, triste novembre, chassons Novembre de nos pensées. Grignotons quelques pages et guettons de belles images, celles que notre temps si rude, si sauvage, si accablant n’écrit plus ou ne montre plus. Vive Tintin et vive Pierre Véry, qui montrent et prouvent, avec candeur et efficacité, que, malgré les apparences, l’enfance ne meurt pas. Jamais ! Même si elle reste toujours menacée. En notre époque, toujours plus gravement et plus sérieusement, plus férocement et sournoisement, hélas ! Les meilleures adresses de novembre restent bien, face à notre gros temps, décidément et hardiment, uniques et tendrement peuplées, celles du Labrador et du Boccador ! RL. *** Le Bonapartiste est ouvert à tous les bonapartismes, républicain comme dynastique, même si vous avez compris que sa vision (à l’heure actuelle) s’inscrit dans le prisme de la République. Certains écrits n’engagent que leurs auteurs tant dans l’analyse que dans les conclusions mais il est normal pour nous de les publier car ils permettent ainsi d’alimenter le débat comme c’est le cas avec le texte ci-dessous. « Etat général de la France. » La France va mal, et même très mal. Je me demande si on peut encore parler de "France" aujourd'hui. Divers éléments peuvent expliquer cet état déplorable dans lequel notre pays est tombé depuis maintenant quelques dizaines d'années. Une décadence qui semble voulue par les incapables qui sont à la tête de ce pays. Le régime républicain : Parlons-en de ce régime ! La merveilleuse République chère aux français... Aujourd'hui elle semble être incontestable et intouchable. Elle est devenue indissociable du pays si bien qu'on ne parle plus de "France" mais de "République Française", enfin du moins c'est le cas de l'appareil politico-médiatique. Pourtant la république ce n'est pas la France ! Il convient de le rappeler : C'est un régime illégitime né dans le sang ! La première république s'est imposée par la Guillotine et les colonnes républicaines massacrant tout sur leur passage en Vendée. Seul un certain Bonaparte a tout remis en ordre et a instauré un régime stable et efficace dans lequel est né notre idéal : le bonapartisme. La deuxième république est née avec le sang des barricades de 1848. Et encore une fois un Bonaparte arriva et remis la France dans le droit chemin avec les idéaux de l'Empire. Je ne m'attarde pas encore sur l'Empire, parlons de la troisième république. C'est sûrement la pire de toutes ! Elle aussi est née dans le sang : le sang de l'Aigle blessée et celui des Parisiens. Je parle évidemment de la défaite de Sedan et de la Commune de Paris. Je passerai à côté de la quatrième et de la cinquième qui ne sont que la prolongation de la troisième, la France n'ayant connu que ce régime depuis (sans compter les quatre ans de Vichy). Cette troisième république m'amène à parler de l'illégitimité de ce régime politique. Pourquoi illégitime ? Car jamais le peuple ne fut consulté qu’une seule fois ! L'Empire n'a rien à envier à la Gueuse car celui-ci est toujours né avec le plébiscite. Les chefs politiques républicains d'avant et d'aujourd'hui sont toujours à vanter les mérites de la démocratie. Mais quelle démocratie ? Je dirai plutôt l'oligarchie parlementaire et la dictature des technocrates ! Jamais un républicain ne dira qu'il faut consulter le peuple. " Non il est trop sale et stupide, gardons le pouvoir pour nous, et imposons leur nos idées. " Excepté le général De Gaulle, mais pouvons-nous le qualifier de républicain convaincu ? A part lui, seul les Napoléon étaient réellement proches du peuple. Ils n'avaient pas peur d'aller à son contact et de le consulter par le biais du plébiscite : la démocratie directe, la vraie démocratie. De plus c'est sous l'Empire que la France a connu ses plus grandes avancées sociales. Revenons à la troisième république. Elle rime avec trahison, défaitisme, déshonneur et j'en passe. Les républicains n'ont pas attendu la fin de l'Empire pour agir. Ils avaient déjà trahis la France en complotant au-delà de la frontière avec les Prussiens, pour instaurer de force leur régime dès la première défaite. C'est ce qu'ils ont fait. Après Sedan, Gambetta et ses amis se sont empressés de proclamer la république, et ce malgré les efforts de l'Impératrice pour sauver le régime impérial. L'héroïque Eugénie, trahie, abandonnée de tous, et sauvée de justesse par son dentiste même pas Français mais Américain ! Rappelons aussi, que cette fervente patriote française a manqué de finir comme Marie Antoinette, aux cris de " A mort l'Espagnole " de la part des parisiens. Quel dévouement... Evidemment, comme je l'ai dit précédemment, le peuple ne fut pas consulté. Et cela pu se ressentir dès les premières élections législatives, avec un Palais Bourbon rempli de monarchistes de tous bords ! Après tout ce mal, les républicains n'ont même pas su gagner le cœur du peuple. Rien d'étonnant me direz-vous. En bref, la république est le régime des traîtres et des arrivistes. Pour parler positif, seul De Gaulle consulta le peuple pour mettre en place sa constitution (d'ailleurs inspirée de celle du Second Empire), et il ne manqua pas d'appliquer le système plébiscitaire plusieurs fois durant ses mandats. Arriva ensuite Mai 68, dont les idéaux se propagèrent comme la peste dans toute la France à cause de la Gauche... De Gaulle fut ensuite chassé du pouvoir par les Français qui une fois de plus témoignaient d'une violente ingratitude envers cet homme providentiel. A partir de cette date, les Français s'étaient totalement gauchisés et allaient perdre tout leur honneur et leur vertu patriotique. La république parlementaire (plutôt oligarchique) avait pris le dessus encore une fois sur le régime de la démocratie directe (ou plébiscitaire). Place aussi à la génération dite soixante-huitarde tant critiquée par Zemmour. Aujourd'hui, presque plus aucun Français ne pensent à changer de régime tant les républicains ont usé de la manipulation et de la propagande pour s'imposer. Ils ont effacé la gloire de l'Empire afin qu'aucun ne puisse se retrouver dans cette période. Il suffit de parler d'autre chose que de la république, et l'on est qualifié directement d'anti-démocratique ou de "facho". La république s'est construite sur le mensonge et la désinformation et elle a fini par être intouchable et protégée par sa première victime : le peuple luimême. Jérémy Cuykens *** « Zaz et la police de la pensée » "A Paris, sous l'occupation, il y avait une forme de légèreté. On chantait la liberté alors qu'on ne l'était pas totalement." En tant qu'historien, je le dis haut et fort, la chanteuse Zaz n'a pas à s'excuser pour avoir dit la vérité. Le Paris de l'Occupation fût en effet un temps de créativité intense comme à chaque période de crises graves dans l'Histoire. Paris est restée durant ces tristes années le centre de la vie mondaine européenne et connut une intense activité culturelle. Les théâtres, les cinémas, les music-halls, les cabarets ne désemplissaient pas. Sacha Guitry, Jean Cocteau et même le communiste Jean-Paul Sartre, continuaient de faire jouer leurs pièces. Pendant toute cette période on produisit les plus grands chefs d'œuvres de l'histoire du cinéma français: "Les enfants du paradis" et "Les visiteurs du soir". Cette période est donc infiniment plus complexe que toutes les simplifications malhonnêtes et non constructives que le politiquement correct actuel essaie systématiquement d'imposer dans nos têtes. La "Ville Lumière", le "gai Paris", comme on disait alors, n'était pas gai pour tout le monde mais les Parisiens en se donnant un peu de joie essayaient d'oublier pendant quelques heures cette époque de tous les malheurs. Personne à l'heure actuelle ne pourrait vivre ce que nos aïeux ont subi, pour la majorité, ce fut extrêmement dur. Zaz rappelle à sa façon qu'une partie de la population parisienne vivait avant tout l'instant présent car pour eux, demain n'existait pas... Certains lieux de divertissement payés par le gouvernement devaient redonner de l'espoir et de la joie de vivre aux autres par leurs chansons. Nos grand-parents, arrière grand-parents ont chanté et dansé sur ces inoubliables chansons de Charles Trenet, Maurice Chevalier et Edith Piaf. Zaz a essayé d'expliquer avec ses propres mots ce que Paris représentait pour elle, et elle ne l'a pas dit si mal que ça. Le Paris de l'Occupation fut aussi cette part de légèreté au milieu du moment le plus dramatique de notre Histoire. Son analyse est beaucoup plus fine que les médias l'ont dit: "J'ai remarqué que toutes ces chansons sont encore très actuelles. Moi, j'ai besoin de me nourrir de la joie. Quand je chante, ça me connecte à ma joie. En France, j'ai l'impression qu'on se focalise un peu trop sur les choses négatives." Honte à cette nouvelle police de la pensée qui fait régner un véritable terrorisme intellectuel. Cette triste affaire est révélatrice de l'incroyable niveau d'ignorance des journalistes (Libération) et des historiens actuels. Quand on pense qu'un professeur d'histoire Nicolas Beaupré, s'est joint à la curée cela me donne la nausée. La chasse aux sorcières est ouverte ! Dimitri Casali « Une révolution arabe dans les affaires militaires-3 » A la fin de 2006, la position américaine en Irak est critique. La plupart des Alliés de la coalition se replient et la tentation politique est forte aux Etats-Unis de faire de même. Les Américains sont finalement sauvés par les erreurs de l’Etat islamique en Irak (EEI) qui, par son intransigeance et sa brutalité, a provoqué l’hostilité des organisations nationalistes et des tribus sunnites. Les Américains innovent en acceptant une alliance avec ces anciens ennemis regroupés dans le mouvement du Sahwa (Réveil). Ils déploient ensuite des moyens considérables (dix brigades dans la seule région de Bagdad) qui s’associent à l’armée irakienne et aux miliciens du Sahwa pour reprendre le contrôle des rues de Bagdad. Cette armée des rues est alors bien loin des Joint Vision 2010 et 2020, toutes de hautetechnologie, développés à la fin des années 1990. Il faut quand même dix mois d’effort et encore 600 morts pour chasser l’EII de Bagdad et en faire une organisation résiduelle, mais toujours présente, dans les franges nord de l’Irak arabe. Cette campagne est la dernière menée de cette manière par les forces américaines. Face à l’armée du Mahdi, qui tient encore solidement l’immense quartier chiite de Sadr-City (deux millions d’habitants dans un rectangle de 5 km sur 7) au nord de Bagdad le mode d’action utilisé est l’inverse de celui qui a été utilisé contre l’EEI. Perfectionnant les méthodes déjà utilisées en 2004 à Nadjaf contre les mêmes Mahdistes, il ne s’agit pas d’un étouffement par un quadrillage étroit mais d’un combat d’usure mené par des feux précis à distance et cherchant à influencer les décisions du leader adverse, avec qui, contrairement à l’EII, il est possible de négocier. Les Américains rejoignent ainsi la nouvelle approche israélienne. A partir de la fin mars 2008, Sadr-City est bouclé par un mur et les combattants chiites y sont traqués pendant plusieurs semaines par un puissant complexe « reconnaissancefrappes ». Le 12 mai, Moqtada al-Sadr, le leader mahdiste, déclare le quartier ouvert à l’armée irakienne et se réfugie en Iran. L’armée du Mahdi a perdu plus d’un millier de combattants, pour 22 Américains et 17 irakiens, mais, même en sommeil, elle existe toujours et continue à jouer un rôle politique important. Ces victoires tactiques et le retournement d’alliance de l’ennemi irakien sunnite, le plus difficile de tous, donnent suffisamment de marges de manœuvre politiques pour négocier un repli honorable en 2010. La victoire militaire a été acquise au bout de cinq ans, par défaut au prix de pertes (4 500 morts et 32 000 blessés graves) plusieurs fois supérieures au cumul de tout ce que l’armée professionnelle américaine a pu connaître depuis 1970. Les groupes sunnites de guérilla ou l’armée, chiite, du Mahdi, plus proche du modèle du Hezbollah ont été bien plus efficaces que les armées régulières dans la manière de réduire ou d’éviter la « « supériorité informationnelle » américain et donc aussi sa puissance de feu. Le corps expéditionnaire américain a été contraint de se transformer en force de contreguérilla où le fantassin s'est révélé le système d’arme le plus performant. Comme après la guerre du Vietnam, l’effort américain, y compris financier, a cependant été tel qu’il dissuade cependant de recommencer l’expérience de la guerre au milieu des populations arabes. La présence militaire américaine reste malgré tout très forte dans les monarchies du Golfe mais elle s’exprime de manière indirecte à leur profit, comme au Yémen, mais pas en Irak. La méthode de l’action à distance est reprise par les Israéliens à la fin de 2008 avec l’opération Plomb durci contre le Hamas à Gaza. Pendant 22 jours, le territoire ceinturé de Gaza est frappé par des milliers de raids aériens et de tirs d’artillerie, puis traversé de quelques raids blindés, tandis que le Hamas tente de frapper, également à distance, la population civile israélienne. Comme à Sadr-City, le résultat tactique est atteint, le Hamas est affaibli et cesse ses tirs de roquettes, par ailleurs de plus en plus inefficaces face au système de défense israélien. Les pertes sont limitées à dix morts israéliens contre 50 à 80 fois plus pour l’ennemi mais comme en Irak il n’y a là rien de décisif. L’ennemi est toujours présent et peut même, par sa simple survie face à une grande puissance militaire, proclamer aussi la victoire. Les Israéliens réitèrent avec l’opération Pilier de défense en 2012 avec des résultats similaires quoique de moindre échelle. En mars 2011, en Libye, une nouvelle Coalition occidentale renoue avec la guerre interétatique, non pas sur le modèle des guerres contre Saddam Hussein mais plutôt sur celui de la lutte contre l’Etat taliban, dix ans plus tôt. Les nouvelles contraintes diplomatiques mais aussi les réticences de beaucoup de nations à engager des troupes au sol imposent une action de combat à distance, presque entièrement aérienne, combinée à l’aide des groupes rebelles au colonel Kadhafi. En octobre, la victoire est acquise avec la prise de Tripoli puis de Syrte et surtout la mort de Kadhafi. Il aura donc fallu six fois plus de temps à l’OTAN, l’organisation militaire la plus puissante de tous les temps avec 80 % du budget de défense mondial, pour parvenir à un résultat similaire à celui obtenu en octobre 2001 lorsque les Taliban ont été chassés d’Afghanistan. L’ennemi s’est adapté rapidement selon les procédés habituels, à la suprématie aérienne des Alliés et les frappes n’a pas eu plus d’effet sur la volonté de Kadhafi que celle des Israéliens sur la direction du Hezbollah en 2006. La méthode est donc assez aléatoire. Les Alliés constataient ensuite que dans un « combat couplé » l’efficacité première vient d’abord de celui qui est au sol et qui mène les actions décisives. Il fallut donc attendre la formation de groupes terrestres rebelles efficaces pour exploiter l’affaiblissement de l’ennemi par les airs. Ce qui a été fait contre Kadhafi ne le sera pas contre le régime d’Assad en Syrie, témoignage des contraintes diplomatiques croissantes et surtout de l’inhibition des Américains, sans qui aucune guerre interétatique d’importance ne peut plus être lancée. De fait, les groupes islamistes ont remplacé, durablement semble-t-il les Etats arabes comme ennemis actuels ou potentiels des Etats-Unis et de leurs alliés. Ces groupes se développent même à l’intérieur des pays arabes, notamment dans les Etats détruits par les Occidentaux, ou les Etats voisins affaiblis, comme le Mali. La France est finalement la seule nation occidentale à accepter de les y affronter directement, au Nord Mali en janvier 2013. Elle y réussit en renouant avec ses méthodes d’intervention classiques. Une brigade aéroterrestre est déployée en quelques jours et le terrain repris à un ennemi qui avait encore peu d’emprise sur la population locale. La réduction de la base d’AQMI dans les montagnes des Ifoghas ou du MUJAO dans la région de Gao s’apparente ainsi plus à la prise de Falloujah, vide d’habitants, en novembre 2004, qu’au contrôle des rues de Bagdad deux ans plus tard. De la même l’acceptation du combat rapproché avec une infanterie solide et sa combinaison avec de la puissance de feu indirecte a permis de détruire l’infrastructure ennemie. Malgré les risques pris, la victoire tactique est nette et le coût humain étonnamment réduit avec un soldat français perdu pour 80 ennemis. L’ennemi détruit ou chassé du Mali est cependant modeste, inférieur en volume aux forces rebelles de la seule ville de Falloujah, et toujours présent dans la région. L’opération française s’est transformée à son tour en campagne d’usure à l’échelle du Sahel, en superposition des forces locales et interafricaines fragiles à qui revient le soin de contrôler le terrain. Dans le même temps, c’est l’Etat islamique qui revient sur le devant de la scène en se territorialisant à son tour. D’un point de vue tactique, ces para-Etats islamiques ont su profiter des réseaux de la mondialisation, notamment des trafics d’armes légère, pour équiper des armées idéologisées. Ils bénéficient maintenant de plus en plus, grâce à des sponsors étrangers puisant eux-mêmes dans l’aide russe, d’une nouvelle génération d’armements légers. C’est entre autre avec ces missiles antichars ou ces RPG-29 servis par une infanterie professionnelle que le Hezbollah a tenu tête à l’armée israélienne en 2006 ou le Hamas à l’été 2014. Associés à une organisation du terrain très poussée et en attendant de nouveaux missiles antiaériens, ils sont devenus particulièrement résistants. Leur capacité offensive anti-civile, par attentats-suicide, roquettes et missiles, est devenue en revanche inopérante face au système défensif israélien (barrière, défense anti-roquettes et antimissiles). On assiste donc sur le front israélien à une forme de neutralisation réciproque qui ne peut être rompu qu’en acceptant des pertes élevées comme le découvre Tsahal à l’été 2014 en perdant six fois plus de soldats que lors de l’opération Plomb durci six ans plus tôt. L’Etat islamique, nouvel avatar de l’EII, est la nouvelle organisation djihadiste à parvenir à se territorialiser à partir de 2013 en Syrie et en Irak. Ce groupe se distingue de ses prédécesseurs par sa maîtrise du swarming offensif, à base de troupes motivées et mobiles. L’emploi de petites unités sur pickup se coordonnant spontanément, n’est pas nouveau. Il est simplement rendu possible en Irak par l’absence, nouvelle depuis la départ des Américains, d’une capacité de destruction aérienne massive en particulier par hélicoptères d’attaque. C’est ainsi que l’EI s’est emparé de Mossoul et d’une partie des villes du Tigre alors qu’il procédait plutôt par infiltration sur l’Euphrate. Il y a acquis ressources locales et prestige international mais il est sans doute parvenu aux limites de son expansion. Il n’est pas évident que malgré ses prises matérielles (les Américains avaient pris soin de ne pas équiper l’armée irakienne d’armes d’infanterie sophistiquées), l’EI ait franchi le seuil tactique de la techno-guérilla. Face à l’EI, le nouvel engagement américain, soutenu par quelques alliés, témoigne surtout d’un embarras tactique. La campagne d’usure qui est lancée manquerait déjà singulièrement de puissance pour imposer une négociation favorable, à l’instar du siège de Sadr-City ou des campagnes contre le Hamas. Elle est totalement inadaptée à l’objectif de destruction pourtant proclamé. La RMA n’est plus ce qu’elle était. Elle ne fait plus peur à des Arabes qui ont su trouver, par essais et erreurs, des moyens de la contrer. Le plus puissant d’entre eux est une forte détermination et celle-ci est d'abord le fruit de nouvelles idéologies que l'on peut qualifier de monstrueuses mais dont on ne peut nier la force. Michel Goya « Nos Héros oubliés » Le général HUGO Quelle dissymétrie entre deux génération : autant le père Léopold, républicain et compagnon de Joseph Bonaparte, s'est distingué durant l’Épopée napoléonienne du Premier Empire, autant le fils, Victor, royaliste devenu républicain par opportunisme, a été le pourfendeur du neveu et du Second Empire. Né le 15 novembre 1773 à Nancy, Joseph Léopold Sigisbert Hugo est le fils de Joseph menuisier de son état et de Marguerite Michaud. Comme beaucoup de Français de l'Est, la vocation militaire arrive très tôt chez le jeune Léopold. Il s'engage à 15 ans dans le régiment du Beauvoisis en 1788. En 1790, il obtient son congé avant de se réengager dans le 13e régiment d'infanterie en avril 1791. Intelligent et capable, il se fait vite remarquer, de sorte que le général Alexandre de Beauharnais (époux de Joséphine) le nomme fourrier à l'état-major de l'armée du Rhin en décembre 1792, c'est-à-dire qu'il devait pourvoir au logement des soldats et s'occuper de l'intendance. Ce qui ne l'empêche pas de participer aux combats dans le Palatinat où il reçoit une balle au cou en janvier 1793. Adjudant-major dans le 8e bataillon des volontaires du Bas-Rhin en mai 1793, Léopold se fait appeler à cette époque le « sans-culotte Brutus Hugo », prénom très à la mode durant la Terreur. Affecté en Vendée où règne la guerre civile, l'adjudant-major Hugo est une nouvelle fois blessé au combat de Vihiers en juillet 1793 et s'en tient quitte pour une balle dans le pied droit. Au Coudray en septembre, il tue de sa main un chef chouan du nom de La Perdrix. A Chateaubriant, il rencontre Sophie Trébuchet, fille de bourgeois nantais, mais de sympathie royaliste (ce qui influencera beaucoup Victor Hugo dans sa jeunesse). Celle-ci tombe amoureuse du républicain Hugo et l'épouse à Paris en 1797. Elle donnera naissance à Abel (1798), Eugène (1800), Victor (1802). Après la fin des combats en Vendée en 1796, Léopold Hugo rejoint la 20e demi-brigade de ligne au camp de Grenelle et écume les places d'état-major : rapporteur au 1er conseil de guerre de la 17e division militaire à Paris ; adjoint à l'adjudant-général Mutelé dans la 4e division militaire en 1799 et adjoint à l'étatmajor de l'armée du Rhin en 1800. Durant la campagne que mène le général Moreau à la tête de l'armée du Rhin contre les Autrichiens, Léopold Hugo se distingue à Engen (3 mai) et à Moesskirch (5 mai). Il est nommé ainsi chef de bataillon sur le champ de bataille le 20 juin 1800. Durant l'armistice signé avec les Autrichiens suite à la victoire de Bonaparte à Marengo, il commande la place de Lunéville en septembre. Mais suite à la dénonciation de l'armistice par les Autrichiens, il reprend sa place à l'armée du Rhin. Il est présent à Hohenlinden le 3 décembre 1800 quand Moreau bat l'ennemi, les forçant à la paix. La période de tranquillité qui s'ouvre le rend au service administratif à Clèves puis à Besançon. Mais sa fidélité à Moreau va lui jouer des tours au moment où Bonaparte Premier consul, devient de plus en plus le maître incontesté de la France. Ayant refusé de signer une adresse contre le général Moreau, il est puni et envoyé en garnison à Bastia, puis à l'île d'Elbe et enfin à Gênes en 1805. Toutefois, il devient membre de la Légion d'honneur en juin 1804. La guerre ayant repris en Europe, à la faveur de la Troisième coalition, Napoléon entre en Allemagne avec la Grande Armée et termine en apothéose à Austerlitz. Léopold Hugo est lui, au sein de l'armée d'Italie (8e corps) du maréchal Masséna. Il se signale à la bataille de Caldiero le 18 octobre 1805, permettant de repousser les Autrichiens du Nord de l'Italie. Suite à la perfidie du royaume de Naples (officiellement neutre) ayant accueilli une armée anglo-russe, Napoléon décrète que la maison de Bourbon a cessé de régner. Il envoie son frère Joseph commander l'armée secondé par Masséna. Léopold Hugo participe à cette promenade militaire au sein de la division Partouneaux. Joseph devenu officiellement roi de Naples, il décide de passer au service de Naples puisque son avancement dans l'armée française semble compromis par ses positions pro-Moreau. C'est ainsi qu'il entre au 2e régiment d'infanterie légère napolitain en septembre 1806. Son service actif débute par la traque du chef de bande Fra Diavolo dans les Abruzzes. Après une poursuite de vingt-neuf jours, il finit par détruire les brigands et à capturer le fameux chef de bande (qui sera pendu), tout en se prenant une balle dans la jambe. Puis il est chargé de purger les Pouilles des brigands qui l'infestent. Tâche qu'il accomplie au mieux puisqu'il est récompensé en novembre 1806 par le grade de major (lieutenant-colonel). Ensuite, les postes s'enchaînent : commandant en second du Royal-Corse napolitain à Gaète puis colonel de ce régiment en 1808 et gouverneur de la province d'Avellino (à l'Est de Naples). Le roi Joseph l'apprécie tellement qu'il en fait son aidede-camp et commandeur de l'ordre des DeuxSiciles en mai 1808. Il suit son maître à Madrid quand celui-ci est nommé par son frère Napoléon roi d'Espagne. Joseph le nommé maréchal des logis du palais puis majordome du palais. Jouissant de la confiance du nouveau roi, il remplit des missions importantes, parfois confidentielles. En août 1809, il devient maréchal de camp (général de brigade) des armées du roi d'Espagne et commandeur de l'ordre royal d'Espagne, tout juste créé par Joseph. Il devient gouverneur des provinces centrales (Avila, Ségovie, Soria, etc.) puis inspecteur des troupes espagnoles. Créé comte par Joseph en janvier 1810, il est nommé gouverneur des provinces de Guadalajara, de Sigüenza et de Molina d'Aragon. Les opérations menées par le général Hugo en Espagne sont les mêmes qu'à Naples : traquer la guérilla, en particulier la bande de l'Empecinado (le têtu). Il va guerroyer pendant trois ans contre lui afin de rétablir les communications entre les divers corps français. Il le bat trente-deux fois sans jamais le détruire. Lors d'un engagement à Sanguesca (octobre 1811), il est blessé d'un coup de lance dans la main. Pour le récompenser de son courage et de son dévouement, le roi Joseph fait du général Hugo le chef d'état-major du maréchal Jourdan au gouvernement de Madrid puis en mars 1812, il le nomme commandant de la place de Madrid. Mais en 1813, la retraite d'Espagne est amorcée et Hugo est chargé de commander l'arrière-garde contre Wellington, afin de permettre l'évacuation des Français et des Afrancesados. Lors de la bataille de Vitoria, le 21 juin, il sauve le roi Joseph, qui manque d'être capturé par les Anglais. Après la retraite de l'armée impériale en France, Hugo repasse au service français puisque l'armée espagnole de José Primero n'existe plus. Mais Napoléon ne confirme pas dans leur grade les officiers promus par son frère. Il est alors obligé de reprendre le grade qu'il avait en quittant le service français : major. Après un passage au quartier général de l'armée, il est nommé le 9 janvier 1814, commandant de la petite place de Thionville. Il va y soutenir un blocus et un bombardement pendant quatre-vingt-huit jours, avec une faible garnison et peu de munitions, ne rendant la place que sur ordre de Louis XVIII, bien après l'abdication de Napoléon. En novembre de la même année, le pouvoir royal lui reconnaît son grade de maréchal de camp à titre français avec effet rétroactif, ce qui n'empêche pas d'être mis en non-activité. Chevalier de Saint-Louis (novembre 1814) puis officier de la Légion d'honneur (février 1815), il doit attendre le retour de Napoléon de l'île d'Elbe pour reprendre du service. En avril 1815, l'Empereur le renomme commandant de la place de Thionville où il avait montré bien des talents l'année précédente. Après la défaite de Napoléon en Belgique, la place de Thionville va subir de nouveau un blocus. Hugo va empêcher les alliés de démanteler la place et de se saisir du matériel entreposé. Il ne quitte Thionville que le 8 novembre 1815 sans avoir capitulé ni donné les clés de la ville aux coalisés. Les dernières années de la vie du général Léopold Hugo se déroulent sans emploi actif. Mis en demi-solde, il est replacé au cadre d'activité en décembre 1818 avant qu'une ordonnance royale le mette à la retraite en décembre 1824. En 1825, on devient lieutenant-général honoraire. Désormais retraité, il se retire à Blois, tentant de s'adonner aux travaux agricoles et littéraires sans grande réussite. Mais il laisse des Mémoires sur ses campagnes. Frappé d'une attaque d'apoplexie foudroyante, il meurt à Paris le 29 janvier 1828. Gonzague Espinosa-Dassonneville « France Bonapartiste » « Conseils de lecture » Le 13 novembre, plusieurs membres de France Bonapartiste étaient aux côtés des policiers qui ont défilé dans les rues de Paris. Il est plus que temps que nos Forces de l'Ordre retrouvent les moyens matériels, humains et "moraux" pour assurer leurs missions de sécurité et d'aide à la personne. Restrictions budgétaires et laxisme de la justice doivent cesser. N'oublions jamais que sans "autorité" il n'y a pas de liberté. * Toujours le 13 novembre. Rafik Smati a lancé son mouvement Objectif France. C’est avec un œil curieux mais aussi attentif que nous observons cette naissance car M Smati a fait part ouvertement, à plusieurs reprises, de son admiration pour les Napoléon et parce qu’il n’hésite pas à citer souvent, voir ses écrits, Napoléon 1er ou Napoléon III. Il faut, de nos jours, une certaine dose de courage pour faire référence à nos Empereurs et à leurs politiques. Nous souhaitons donc bonne chance à Objectif France et à son président. * Pour nos Amis de la Marne, il est temps de se structurer. Pour cela nous vous proposons de contacter Thomas Vauchez : [email protected] *** RAPPEL : vous avez des articles, des coups de gueule, des reportages, des infos locales ou nationales, de la "pub" à faire. N'hésitez pas à nous faire parvenir vos "papiers" et/ou photos à : [email protected]. *** France Bonapartiste vous invite le 2 décembre, jour anniversaire du Sacre et d'Austerlitz, à venir honorer la mémoire de l'Empereur Napoléon et de tous les braves de la Grande Armée, du simple soldat au maréchal. Rendez-vous entre 17h15 et 17h30 en haut des Champs Élysée. Paris.
© Copyright 2024 ExpyDoc