Le Soir, 15/11/2014, page/bladzijde 14 Le Soir Samedi 15 et dimanche 16 novembre 2014 14 LASOCIÉTÉ Vandeput : une vision militaire à 10 ans DÉFENSE Les efforts seront rudes, mais les investissements utiles seront programmés Le ministre dévoilera ses chiffres en avril : il veut tracer un horizon à dix ans. Les missions ONU seront limitées à des cas spécifiques. on cabinet est – presque – au grand complet, on va maintenant travailler à plein régime. » C’est ainsi, en français s’il vous plaît, que le nouveau ministre de la Défense et de la Fonction publique Steven Vandeput (N-VA) a présenté ce vendredi son équipe. Décontracté, abordable, l’homme est surtout un pragmatique dont le grand défi sera de réconcilier un accord de gouvernement flatteur pour l’armée, et une réalité budgétaire dont on ne peut nier qu’elle est bien plus incisive que l’accord politique. Il y a là un hiatus qui n’est pas nié, et que le travail du ministre consistera précisément à combler. « C’est un homme de chiffres, un homme centré sur l’économie », confirme un membre – apolitique – du cabinet. Apolitique ? Ils le sont presque tous dans ce cabinet, puisque la N-VA ne disposait que de très peu de « cabinetards ». La majeure partie du cabinet militaire vient de fraîche date de l’ar- M Le ministre de la Défense ne finalisera sa vision (taille de l’armée, implantations, investissements) qu’en avril 2015. © ERIC LALMAND/BELGA. mée, ou est composée de militaires hérités du précédent cabinet. Un grand avantage lorsqu’il s’agit de sabrer dans une construction complexe comme l’armée sans l’immobiliser. Première épreuve du feu : ce lundi à la Chambre, lors de son audition en séance plénière. « Je ne donnerai pas de chiffres ce lundi », nous dit Steven Vandeput, que le contact avec la presse fran- cophone ne rebute pas. Mais « mon intervention ne sera pas une copie de l’accord de gouvernement. Je veux une loi de programmation budgétaire sur dix ans, pour garantir une vision et une capacité d’investissement. » En clair, il n’y a pas de budget disponible en ce moment, mais Steven Vandeput veut baliser un futur acceptable pour une armée réduite mais qui reste efficace. C’est Copyright Rossel & Cie All rights reserved - Tous droits reserves ce qu’il dira en d’autres termes lundi devant la Chambre : « Malgré la situation budgétaire difficile, la Belgique continue à assumer pleinement son engagement comme allié de l’Otan » et reste « résolument engagée au sein de l’ONU », mais avec un bémol : « La préférence sera donnée aux seules opérations des casques bleus de l’ONU si nous pouvons soutenir une mission avec des ca- pacités spécifiques pour lesquelles l’ONU est confrontée à des carences. » Quel sera l’impact sur l’armée ? La véritable vision du ministre ne devrait être connue qu’en avril 2015, lorsqu’il publiera sa note de politique générale (c’est la seconde épreuve du feu) après avoir affiné les chiffres – il existe encore une marge de ce côté, confirme un technicien du cabinet – et en- tendu les divers points de vue militaires. Pour rappel, le syndicat libéral SLFP-Défense nous disait cette semaine « avoir été entendu par le ministre, ce qui n’est déjà pas mal » et « espérer une relation constructive, de partenariat ». Il y aura un redimensionnement global de l’armée et un resserrement des implantations, c’est acquis : « Le gouvernement devra fixer la taille et la composition de l’effectif en personnel pour stabiliser la Défense. L’implantation future des unités sera établie en conséquence », affirme la note qui sera présentée lundi. L’externalisation ou la contractualisation sera la règle « dans le respect de la concertation sociale ». En termes opérationnels, 2015 sera une année pas trop sinistrée. Si la Belgique se retire du Liban, elle restera déployée en Irak pour l’Opération Desert Falcon durant au moins les six premiers mois de l’année, elle conservera tous ses programmes de partenariat militaire en Afrique, elle restera au Mali dans le cadre de la mission EU Training, elle sera active en Afghanistan dans le cadre de Resolute Support, et, enfin, elle participera à nouveau à la mission Baltic Air Policing, mission de protection de l’espace aérien des pays baltes. ■ ALAIN LALLEMAND @AlainLallemand
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