On nE sAIt pAs vEndrE - Economie | Entreprise

spécial Agri-Agro
MAI 2014
édition spéciale
On sait produire mais
on ne sait
pas vendre
En partenariat avec
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
SOMMAIRE
Grand
angle
édito
Zero
commercial!
La polémique sur l’exportation des
fruits et légumes à l’UE a mis à nu la
fragilité de notre agriculture. A force
d’avoir trop misé sur le Vieux Contient
et de ne pas avoir suffisamment diversifié ses marchés, le secteur se voit
aujourd’hui menaçant cessation, car à
la merci d’un seul gros acheteur. Dans
ce sens, les agrumes qui font la fierté
du pays avec le célèbre label Maroc ne
représentent en fait que 2% du marché international! On se rend compte
ainsi que produire en quantité et
qualité suffisantes n’est plus l’élément
décisif mais plutôt la commercialisation. Or, pour relever ce challenge, il
y a du chemin! A commencer par les
ressources humaines. Cet hors-série
Economie&Entreprises, consacré aux
secteurs agricole et agro-industriel,
nous apprend qu’il n’existe aucune
formation dédiée à ce métier pour le
secteur. On forme des techniciens,
voire des ingénieurs pour les usines
et les plantations mais pas de commerciaux! Ce qui est pour le moins
curieux pour ne pas dire grave. Ainsi,
pour décrocher de nouveaux marchés,
généralement le fondateur de l’entreprise y va en solitaire, comptant sur
son talent naturel, forgé par l’expérience. Or, on ne peut, voire on ne doit
pas tout faire. Et le président ferait
mieux de déléguer cette fonction pour
se concentrer sur le développement
produit et R&D, seul gage de pérennité à long terme.
[email protected]
118 Grand angle
Le terroir se
vend mieux que
l’agroindustriel
132 Formation
commercial
une denrée rare
136 entreprises
Dari Couspate
la saga continue
142 ACTEURS
ce n’est pas le tout
de produire
144 Entretien
najib mikou
DG Maroc taswik
Responsable des Editon Spéciales Nabil Taoufik Réalisé par Wafaa Mellouk Conception et maquette Abderrahmane Haddad
Supplément EE Mai 2014
115
spécial Agri-Agro
16%
80%
Le secteur agricole
contribue à hauteur de
16% dans le PIB national
contre 4% pour le secteur
agroalimentaire.
10%
5
Près de 70% des
exploitations agricoles
marocaines ont une
superficie inférieure à 5
hectares.
En milieu rural le secteur
concentre 80% des
emplois et constitue une
source de revenus pour 14
millions d’habitants.
Le secteur Agro-Agri
représente 10% du
volume des exportations et
emploie environ 44% de la
population.
50%
Le secteur de la pêche assure
10% des exportations totales
et 50% des exportations
agroalimentaires du pays.
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Grandangle
Commercialisation
Le terroir s’en sort mieux
que l’agro-industriel
Touteslesmesurespourdynamiserlesecteuragricoleetagroalimentaireont
portéleursfruits.Toutefois,lacommercialisationdecesdernierslaisseencore
àdésirer.Laprisedeconscienceestbelestbienaurendez-vous,encorefaut-il
trouver le mode d’emploi adéquat.
L
118
«Le Maroc ne
représente que
2% des ventes
d’agrumes à
l’international»
’agriculture marocaine se
porte bien. Pourtant le pays a
du mal à écouler ses produits
à l’international. Prenons l’exemple
des agrumes. «Le Maroc ne représente que 2% des ventes d’agrumes
à l’international», précise Ahmed
Darrab, directeur général de l’ASPAM (Association des producteurs
d’agrumes du Maroc). Malgré «la
forte présence du produit dans plus
d’une trentaine de pays, il ne représente pas grand-chose dans l’ensemble
des ventes à l’international», souligne-t-il. La présence de plusieurs
pays qui concurrencent fortement
le Maroc à ce niveau fait que la
commercialisation des produits
nationaux se doit de bénéficier de
plus d’attention, d’organisation et
d’ordre de la part de toutes les parties prenantes.
Amine Khalil, directeur dévelop-
8.000
Le Maroc compte 8.000
coopératives agricoles
déjà autorisées, dont
5000 ont été créées
de 2007 à 2012 sous
l’impulsion de l’INDH.
pement de Dari Couspate, souligne à cet effet que «la concurrence
à l’international est très rude et
accrue et constitue donc un obstacle
au développement des produits marocains à l’export». Au-delà de la
20%
En moyenne, la part
des exportations
agro-alimentaires
dans le total des
exportations
marocaines
concurrence, «les coûts de transport et
d’énergies» sont aussi mis en avant
par Philippe Charot, Dg d’Agrofood indurtie.
Autre point, souligné par Aziz
Bouhartan, dg d’Infrigo, concerne
12,3%
A fin mars, les
importationsalimentaires
représentent 12% du
total à 12 milliards de
dirhams
0,6%
Au terme du
premier trimestre, la
performanceboursière
du secteur a bondi de
0,6% par rapport à fin
2013
Sources: Maroc Taswik - DEPF
Supplément EE Mai 2014
120
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Grandangle
Communiqué de presse
29 Avril 2014
«La valorisation
des produits
agricoles est
une réelle
priorité pour le
Maroc sur les
prochains mois»
«la vente des produits à l’état brut
et par conséquent sans réelle valeur
ajoutée pour le pays». Des handicaps majeurs au développement
des produits à l’international. Si
cette situation est valable pour les
produits agricoles tels les fruits et
légumes, ceci n’est absolument pas
le cas pour les produits du terroir
qui eux trouvent un écho favorable
à l’international.
Mieux encore, les consommateurs
à l’export sont friands de ce genre
de produit. Dans ce sens, tous les
moyens ont été mis à la disposition
des consommateurs du monde pour
pouvoir accéder à ces produits du
terroir marocain (voir interview).
D’un organisme dédié tel que Maroc Taswik, aux mécanismes mis en
place par l’ADA (Agence pour le
développement agricole), plusieurs
chantiers sont lancés en parallèle
pour mener au mieux ce chantier.
Dans ce sens, l’ADA a lancé un
programme de mise à niveau de
groupements des produits du terroir (Coopératives, Unions, GIE
et Associations), sélectionnés en
concertation avec les DRA et
ciblant de manière prioritaire les
groupements bénéficiant de projets
piliers II et/ou offrant des produits
labélisés ou des produits de terroir phares identifiés dans le cadre
d’études régionales. Ce programme
présente des solutions aux groupements de producteurs des produits
du Terroir dans l’organisation et la
gouvernance, la production amont,
la valorisation, le marketing et la
finance.
massifier les flux
«Il est également à signaler qu’un
programme de mise en place de plateformes logistiques et commerciales
dédiées aux produits du terroir est
lancé par l’ADA afin de regrouper
l’offre de ces produits et de massifier
les flux pour une meilleure valorisation et commercialisation dans le but
d’assurer une distribution optimisée»
déclare Mohammed El Guerrouj,
directeur général de l’ADA. Toujours selon ce dernier, «pour appuyer
la vente des produits du terroir, notre
agence lance des opérations promotionnelles au sein de plusieurs magasins des GMS moyennant différentes
techniques, notamment la réalisation
de campagnes d’animation et de dégustation des produits du terroir sur
les lieux de vente dans les GMS avec
distribution des flyers et de brochures
promotionnelles, la réalisation de
marchés des produits du terroir dans
des centres commerciaux et la réalisation de campagnes de communication
institutionnelle média et hors média
au sujet des produits du terroir».
Conscient de l’importance du secteur et de l’urgence de dynamiser le
volet commercial, le ministère de
l’Agriculture et de la pêche maritime a pris ces dispositions pour
développer au mieux ce volet. Dans
ce sens, Aziz Akhannouch, dans
une déclaration officielle faite à la
MAP, a fait savoir que «la valorisation des produits agricoles est une
réelle priorité pour le Maroc sur les
prochains mois espérant aller de
l’avant et très vite grâce à la multiplication des partenariats avec des
investisseurs étrangers».
Le ministre a aussi relevé que « les
investisseurs disposent d’un interlocuteur unique, une banque d’affaires
qu’est l’ADA qui accompagne les investisseurs et porteurs de projets dans
leur entreprise, depuis l’élaboration de
leur business plan à la commercialisation de leur production». Aussi, «les
investisseurs bénéficient également
d’une gamme de subventions agressives, à travers le Fonds de Développement Agricole», a-t-il dit notant
que ces subventions favorisent les
investissements dans une logique
intégrée selon toute la chaîne de
valeur d’une filière donnée, des intrants agricoles aux unités de transformation, en passant par l’irrigation et la mécanisation.
grande valeur ajoutée, fort impact social
Explosionde2.626%deslaurétasOfppt
27milliardsdecapitalisationenBourse
21 milliards d’exportations
Stagiaires du secteur
1400
1636
6%
20%
960
60
2001/02
2010/11
Stagiaires Ofppt
2012/13
2013/14
Agroalimentaire
Restedel’économie
Source: Ofppt
Supplément EE Mai 2014
Agroalimentaire
Reste de l’économie
Source: DEPF
Source: Bourse de Casablanca
Changement de Présidence – Alstom Maroc
Nomination de Mme Thi-Mai TRAN
Après de longues années chez Alstom Transport, en tant que Directeur du Développement Europe du Sud et Moyen Orient/
Afrique, Mme TRAN a pris les fonctions de Présidente d’Alstom au Maroc.
Mme TRAN succède à M. Thierry de Margerie qui a été confirmé Vice-Président Afrique d’Alstom International. Mme TRAN
continuera d’occuper sa fonction de Directeur Général Alstom Transport Maroc.
Thi-Mai TRAN a eu dès 2007 un rôle commercial éminent pour Alstom au Maroc, quand ont été lancés les projets du Tramway
de Rabat puis de Casablanca et de la Ligne Grande Vitesse Maroc, devenant l’interlocutrice privilégiée de l’Agence de l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg (AAVB) puis de la STRS, de Casa Transports et de Casa Tram ainsi que de l’ONCF, dans
le cadre du développement du secteur ferroviaire du royaume. Elle a été nommée Directeur Général d’Alstom Transport Maroc
le 1er juillet 2010.
Aujourd’hui, Thi-Mai TRAN élargit ses compétences à tous les secteurs d’activités d’Alstom au Maroc.
Sa vision: « Notre cap est de figurer parmi les pionniers : nous vivons au Maroc une ère de mutations : celle du boom urbain,
celle du mix énergétique, et celle de la politique industrielle. Nous devons vivre ces évolutions, d’abord grâce à nos innovations
techniques, mais aussi et surtout par la mise en œuvre de solutions durables et inclusives, qui génèrent des emplois et favorisent le partage du savoir–faire. Nous devons aussi nous adapter et apprendre à savoir être au Maroc, aux côtés de clients et
partenaires».
A propos d’Alstom
Alstom est un des leaders mondiaux dans les infrastructures de production et de transmission d’électricité, ainsi que dans
celles du transport ferroviaire. Le Groupe sert de référence avec ses technologies innovantes et respectueuses de l’environnement. Alstom construit les trains les plus rapides au monde et les métros automatiques offrant la plus grande capacité. Alstom
fournit des centrales intégrées clés en mains, des équipements et services associés pour l’ensemble des sources d’énergie,
dont hydro, nucléaire, gaz, charbon et éolien. Alstom propose une vaste gamme de solutions pour la transmission d’électricité,
en particulier dans le domaine des réseaux « intelligents » (smart grids). Alstom emploie 93 000 personnes dans une centaine
de pays, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 20 milliards d’euros et enregistré pour près de 24 milliards d’euros de commandes en 2012/13.
A propos d’Alstom Transport
Promoteur de la mobilité durable, Alstom Transport développe et propose la gamme de systèmes, d’équipements et de
services la plus complète du secteur ferroviaire. Alstom Transport gère l’intégralité des systèmes de transport, dont le matériel
roulant, la signalisation, les infrastructures, la maintenance et la modernisation, et propose à ses clients des solutions clé en
main. Alstom Transport a enregistré un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros pour l’exercice 2012-2013. Alstom Transport
est présent dans plus d’une soixantaine de pays et emploie environ 26 700 personnes.
Contact presse
Salima Rahmaoui,
Tel : 00212 5 22 46 50 00
E-mail : [email protected]
Site Web : www.alstom.com
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Grandangle
Filières
A la source de la richesse
Huile d’olive, lait, sucre, élevage...aucun métier ne
doit être négligé dans l’agricole. Cela d’autant plus
que c’est l’amont à une agro-indsutrie qui nourrit tout
un pays.
124
Huile d’olive
100
En grammes,
la quantité
moyenne de lait
consommée par
un marocain par
jour
La place de l’huile d’olive dans
l’agriculture marocaine est d’une
grande importance. Il n’y a qu’à
voir les différents plans mis en
place afin de développer ce segment et rendre l’huile marocaine
aussi meilleure que ses concurrentes d’autres pays. En effet,
«érigée depuis 2008, à la faveur
du lancement du plan Maroc
Vert, en priorité agricole nationale et secteur stratégique pour
le développement économique,
l’oléiculture marocaine a enregistré en l’espace d’un quinquennat
un véritable bond quantitatif»,
précise-t-on auprès du ministère
de l’Agriculture. Dans ce sens, la
superficie consacrée aux oliviers
a atteint en 2013 un million
d’hectares, alors qu’en termes
de production, la filière oléicole
a connu une nette croissance
passant de 850.000 tonnes en
2009 à 1,5 million de tonnes en
2013/14. «Le Maroc est donc en
bonne voie pour atteindre, voire
dépasser l’objectif initial de 1,2
million d’hectares d’oliveraies et
2.500.000 tonnes de production annuelle à l’horizon 2020»,
relève le ministère de tutelle.
Rappelons que le secteur oléicole national participe à hauteur de 5 % dans la formation
du PIB agricole et de 15% dans
les exportations agroalimentaires. Pour atteindre l’ensemble
de ces objectifs, le département
Akhannouch déploie un important effort financier en allouant
d’importantes enveloppes budgétaires pour l’encouragement de
la plantation d’oliviers dans les
différentes régions/terroirs du
Maroc. L’objectif étant de positionner à court et moyen terme
le Royaume comme un producteur mondial incontournable
d’huile d’olive.
Production
Laitière
La stratégie de développement
de la filière laitière, telle que
définie dans le cadre du plan
Maroc Vert, table sur une production de 5 milliards de litres
à l’horizon 2020. En 2012, la
production a avoisiné les 2,5
milliards de litres, soit la moitié
de cet objectif. Le Maroc dispose
Supplément EE Mai 2014
de 8 ans pour doubler sa production. Un challenge ambitieux.
Pour concrétiser ces objectifs, le
gouvernement et la Fédération
interprofessionnelle marocaine
du lait (Fimalait) ont signé un
contrat-programme qui s’étend
sur la période 2010-2014. Ce
contrat représente un cadre de
référence pour le développement
et la mise à niveau de la filière.
Le programme a pour principale mission
l’augmentation
massive de la production à des
coûts compétitifs. L’objectif est
de produire 3 milliards de litres
en 2014 et 5 milliards de litres
à l’horizon 2020, pour un investissement global de 12 milliards
de dirhams, soit une croissance
annuelle de 15%. En signant ce
contrat-programme, le gouver-
nement cherchait in fine à assurer l’autosuffisance nationale en
lait et contribuer à favoriser un
meilleur accès aux produits laitiers. A ce jour, la consommation
demeure très faible: à peine 100
grammes par jour et par habitant, soit 50% par rapport aux
besoins nutritionnels.
Grandangle
ovine et caprine est de 67% du
chiffre d’affaire total. Ce secteur
contribue aussi au développement économique du pays à
travers la création d’emploi avec
plus de 2,5 millions de postes. La
production laitière a connu une
croissance de 12% entre 2010
et 2013 et ce grâce aux efforts
d’amélioration génétique du
cheptel bovin par l’insémination
artificielle et les importations
des vaches de race pure.
Quant à la production avicole,
elle a connu une quasi-stagnation durant les 3 campagnes
agricoles. En effet, cette filière
avait déjà dépassé les objectifs de
production prévus dans le cadre
du contrat-programme. En
2013, la production s’est établie
autour de 560.000 tonnes, ce qui
a couvert plus de 100% des besoins de consommation. En cette
année-là, le secteur a bénéficié
de conditions climatiques favorables, une bonne production
céréalière, un couvert végétal
satisfaisant au niveau des principales zones de parcours et une
exonération des droits et taxes à
l’importation des aliments pour
bétail depuis janvier 2013. Ainsi,
l’offre alimentaire s’est chiffrée
à près de 18 milliards d’unités
fourragères, ce qui s’est traduit
d’une part par une baisse des prix
des aliments allant jusqu’à 10%
et d’autre part par la bonne tenue
des prix des animaux vifs.
Culture sucrière
La campagne agricole 20122013 s’est caractérisée par des
conditions climatiques adéquates et des disponibilités en
eau dans les grands périmètres
d’irrigation, ce qui a favorisé un
bon déroulement de la campagne
sucrière. S’ajoute à cela l’application de la deuxième tranche de
l’augmentation du prix de la bet-
terave à sucre (+35 DH/t) et du
prix la canne à sucre (+25 DH/t),
ce qui a permis une nette amélioration des rendements. Ainsi,
la production de la betterave à
sucre au titre de la campagne
2012-2013 est de 2,2 millions de
tonnes, soit 38% de plus par rapport à la campagne précédente
grâce à la fois à une augmentation de la superficie de près de
20% et à l’amélioration du rendement de 8% (60 t/ha contre
55 t/ha). Quant à la production
de la canne à sucre, elle est de
l’ordre de 559.000 tonnes contre
541.000 tonnes en 2011-2012,
soit une augmentation de près
de 3%. La superficie programmée pour la campagne 20132014 a été totalement couverte,
soit 15.560 ha contre 12.611 ha
au cours de la campagne précédente.
Par ailleurs, le département de
l’Agriculture a mis en place,
depuis le lancement de la campagne 2013-2014, une subvention pour le renouvellement des
plantations de canne à sucre avec
un rythme annuel de 5.000 ha.
Le montant de cette subvention
est estimé à 6.000 DH/ha. Une
enveloppe de 250 millions de dirhams a été réservée à cet effet .
Elevage
L’élevage se place parmi les secteurs clés de l’agriculture marocaine en générant un chiffre d’affaires de près de 35 milliards de
dirhams par an, soit plus de 44%
du chiffre d’affaires agricole. La
contribution de la viande bovine,
Supplément EE Mai 2014
125
Kantari, leader de la région
de l’oriental
Au delà de la production, le
groupe est aujourd’hui un des
principaux exportateurs de la
région de Berkane. Quelles sont vos
réalisations dans ce sens et vers
quels pays exportez-vous ?
Kamal Kantari,
Directeur Général du Groupe kantari.
Le Groupe Kantari a été témoin
et acteur de l’évolution de
l’agriculture marocaine depuis 50
ans. Que pouvez-vous nous dire sur
cette évolution?
Le secteur des agrumes au Maroc a traversé
des étapes importantes depuis la création de
l’Office de Commercialisation et d’Export
(OCE) en 1965. Cet organe étatique
assurait pour le compte des producteurs et
stations de conditionnement la logistique et
la commercialisation vers ce qu’on appelait
des marchés à contrat (Russie, Canada,
Scandinavie, Moyen Orient, Europe, etc).
Après la libéralisation du secteur par feu Sa
Majesté le Roi Hassan II en 1985, L’année
1987 a connu la création d’un groupement
national d’exportateurs AFB (Atlas Fruit
Board). Dix ans plus tard, AFB disparaissait et
en 1998 d’autres groupes exportateurs se sont
formés et assuraient leur propre logistique et
commercialisation. 2008 a été marquée par le
lancement du Plan Maroc Vert (PMV), qui
vise la mise à niveau du secteur agrumicole
à travers le Contrat Programme axé sur la
croissance, la valorisation et la compétitivité
du secteur agrumicole. Dans ce cadre, le
Groupe Kantari était parmi les premiers
signataires du projet d’agrégation. Vu la
concurrence mondiale féroce à laquelle est
confronté le produit Maroc et les contraintes
que connaissait la filière (atomisation de la
production,absenced’encadrement,manque
de recherche, retard de mise à niveau des
vergers et stations de conditionnement,
faible valorisation des produits, manque de
promotion, etc.). Aujourd’hui le Plan Maroc
Vert a le mérite d’être un projet ambitieux
qui a créé une vraie dynamique qui pourrait
permettre de repositionner le Maroc comme
un acteur majeur au niveau mondial.
Basé dans la région de Berkane, connue
pour son terroir exceptionnel et sa variété
de clémentine protégée (IGP), le Groupe
Kantari compte plus de 4500 ha d’agrumes,
15 stations de conditionnement, une capacité
de stockage frigorifique de 30.000 T et un
terminal fruitier sur le port de Nador. Groupe
Kantari représente à lui seul plus de 90% de la
région de l’oriental. Les produits du Groupe
Kantari sont exportés vers les pays de l’Union
Européenne, Scandinavie, Russie, Amérique
du Nord et moyen Orient, Afrique, etc.
Depuis 2010, le Groupe Kantari a marqué
une rupture avec un système globalisant qui
avait montré ses limites dans la valorisation
des agrumes. En instaurant un système basé
sur la « Qualité » comme objectif final, le
Groupe Kantari, s’est engagé à offrir aux
consommateursdesproduitsdegrandequalité
danslerespectdesbonnespratiquesagricoles.
Certification des vergers (GlobalGap) et des
stations de conditionnement (HACCP et
BRC), traçabilité, autocontrôle et respect de
l’environnement, sont autant de chantiers
que le Groupe a entrepris pour satisfaire
aux exigences et normes internationales.
L’année 2010, c’est aussi la distinction de
la Clémentine de Berkane qui a obtenu le
Label de qualité et d’origine IGP (Indication
Géographique Protégée). Groupe Kantari, qui
en était l’initiateur, a eu l’honneur de recevoir
le label IGP des mains de sa Majesté le Roi
Mohammed VI lors du SIAM 2010.
Les conditions européennes ne
durcissent-elles pas au fil des
années ?
demeure un marché très important avec un
fortpotentieldedéveloppement.Notregroupe
exporte plus de 20% de son volume vers ce
marché.
Comment s’annonce cette année
2014?
La saison agrumicole 2013-14 s’annonce très
difficile pour notre secteur. Cela est dû en premier lieu à une production importante de 2.2
millions de tonnes contre 1.5 millions en 201213, soit une augmentation de 47%. Les conditions climatiques défavorables (forte chaleur
de septembre à novembre, manque de pluie),
les problèmes qualitatifs (retard de coloration,
dessèchementdufruit)ouencoreledémarrage
précoce avec des volumes importants de certains exportateurs, sont autant d’éléments qui
ne sont pas de bon augure. Ajoutez à cela une
forteconcurrenced’autresorigines,Afriquedu
Sud, Égypte, Turquie qui sont très compétitifs en matière de prix avec une bonne qualité.
Tout cela a causé un encombrement des marchés, extérieurs et intérieurs, et une baisse des
prix.
Quels sont vos projets de
développement ?
Dans le cadre de sa stratégie de développement, Groupe Kantari compte renforcer ses
positions sur les marchés où il est déjà présent
et approcher de nouveaux marchés en fédérant ses producteurs autour d’un système de
valorisation et de qualité. Les difficultés que
connaît notre secteur aujourd’hui risquent de
s’aggraver dans les prochaines années si rien
n’est fait. C’est une période transitoire qui était
prévisible. Elle nécessite une mobilisation de
toute la filière pour une meilleure organisation
et la mise en place des chantiers prioritaires, à
savoir: Production et recherche, Conditionnement et logistique, Export et Promotion, Marché local et Transformation.
C’est un marché qui est dominé par la grande
distributionoùlesexportateursespagnolssont
trèsprésents.C’estaussiunmarchétrèsexigeant
en matière de qualité, régularité et normes
phytosanitaire. Vu sa proximité géographique
et la notoriété historique dont jouissent nos
agrumesauprèsdesconsommateurs,l’Europe
Publi reportage
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Grandangle
Champions nationaux
Le secteur bien
représenté
C’est une belle semence dans le classement des 500,
version2013.Lesecteurdel’agriculture-agroalimentaire
ne cesse de croître tant par le nombre que par le chiffre
d’affaires. Détails.
tissements pour renforcer ses
capacités industrielles et se loger
donc parmi les stars du classement général. Suivie de Centrale
Laitière qui occupe la deuxième
place du secteur agroalimentaire
(11ème dans les 500). Du haut
de ses 6,7 milliards de dirhams,
Centrale Laitière a relativement
atténué l’effet du ralentissement
de la croissance des marchés et
a continué à jouer son rôle de
leader à travers l’innovation, le
support commercial et l’anima-
128
En 2013, on ne
dénombre pas
moins de 99 du
secteur parmi les
500 plus grandes
entreprises
marocaines.
Elles génèrent
16% du CA
global
Avec le tabac, SMT se place premier du secteur dans les 500 en
6ème position avec 13,7 milliards de CA.
L
e secteur agroalimentaire a décidément la cote
puisqu’il regroupe à lui
seul 99 entreprises des 500 plus
grandes entreprises du pays version 2013 contre 83 seulement
en 2011. Aussi, le secteur cumule
près de 16% du chiffre d’affaires
2012 des 500 réunies, soit un
total de près de 85 milliards de
dirhams contre 74 milliards dans
l’édition précédente. Comme à
l’accoutumée c’est la Société Marocaine des Tabacs qui figure en
haut de la liste. La star du secteur
garde jalousement sa 6ème place.
Elle représente à elle seule près
de 16% du chiffre d’affaires des
99 entreprises du secteur, soit un
chiffre d’affaires 2012 de près de
13,7milliards de dirhams. Etant
l’unique débouché de la filière de
la tabaculture marocaine, l’entreprise ne lésine pas sur les inves-
Supplément EE Mai 2014
tion média. Cosumar (14ème dans
les 500) prend le relais à la 3ème
position, une autre sommité
du secteur qui a enregistré une
performance de 5,9 milliards de
dirhams de CA en 2012 malgré
des conditions peu favorables.
L’ONP lui emboîte le pas à la
4ème position, du haut des 5,1 milliards de dirhams de CA l’office
joue désormais dans la cour des
grands. La 5ème place est occupée
par Lesieur Cristal. Avec près de
4,14 milliards de CA, soit 5,27%
du CA du secteur, Lesieur Cristal
est certes considéré comme leader
du secteur agroalimentaire, n’empêche que le marché a vu nettement mieux de la part du groupe.
Copag n’est pas en reste. 36ème
dans les 500, la star marocaine à
la constante ascension occupe la
6ème position des entreprises du
secteur. Elle affiche un CA en
2012 de l’ordre de 3,1 milliards
de dirhams, suivie de Alf Sahel
(37ème), North Africa Bottling
Company (38ème) et clôt ainsi la
barre des 3 milliards de chiffres
d’affaires. Toutefois d’autres milliardaires suivront. On retrouve
ainsi, Fandy Copragri (45ème),
SBM (48ème), S.c.b.g (49ème) qui
affichent respectivement des CA
Grandangle
de l’ordre de 2,63 milliards, 2,39
milliards et 2,39 milliards de
dirhams. Suivies de Stock Pralim (63ème avec 1,6 Md), Cargill
Maroc (69ème avec 1,3 Md) Société Agro-industrielle Al Atlas
(88ème avec 1,08 Md) ou encore
Nestlé Maroc (91ème avec 1,06
Md). Un constat ressort de cette
première partie du classement: le
groupement des 15 milliardaires
du secteur est composé essentiellement de sommités. Celles
qui suivent ne le sont pas moins.
Chacune est une star dans son
propre domaine. Dans ce sens
on se retrouve donc tout naturellement avec Sonacos (97ème) qui
enregistre près de 998 millions
de dirhams, en augmentation par
rapport au CA de 2011, la compagnie des Boissons Gazeuses
du Sud (99ème) avec 943 millions.
El Alf (105ème) prend le relais
avec un CA de 853 millions de
dirhams. Pour ce qui est des
derniers du classement et non
du secteur on retrouve Forafric
(481ème) qui enregistre un CA 82
millions de dirhams. Les Moulins El Baraka de Fès (496ème),
une minoterie industrielle spécialisée principalement dans
les céréales et la semoulerie qui
affiche des performances de 72
millions de dirhams. Et enfin
Firm S.A, spécialiste des fournitures industrielles, boucle le
secteur dans les 500 à la 499ème
place. L’entreprise enregistre
tout de même un CA de plus de
71 millions de dirhams.
Un exploit en soi pour une
entreprise de cette taille.
Le premier mensuel de l’économie
Unn accès libre, à tout
mooment, aux archives
d’Econom
mie Entreprises pour
consulter nos
dossieers phares, enquêtes
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inédites
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Supplément EE Mai 2014
* Depuis 2005
130
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Grandangle
Commercial
Peu de diplômes dédiés
Devenir commercial dans le secteur de l’agroalimentaire
n’est pas une tâche facile surtout en l’absence de centres de
formation dédiés.
132
créneau et offrent ainsi une formation sur mesure. Du côté du
marché, un constat général ressort: le cadre commercial se doit
d’intégrer les valeurs de l’entreprise dans sa démarche globale.
Dans ce sens, des formations sont
accordées aux personnels cadres
de chaque entreprise. Philippe
Karim Charot, dg d’Agrofood
industrie, précise à cet effet que
«l’ASMEX (Association marocaine
des exportateurs) les accompagne
régulièrement pour la formation de
collaborateurs ou l’accompagnement
sur certains marchés». En effet, le
marché international exigeant
certaines connaissances pointues, tout est mis en œuvre pour
valoriser le produit marocain sur
le marché international. Et justement en faisant référence aux
spécificités nécessaires pour attaquer le marché international plusieurs qualités ressortent.
Valeurs indispensables
Décrocher des marchés pour les produits agroindustriels est une
tâche qui demande beaucoup d’expertise
A
ctuellement le commercial dans le secteur
agroalimentaire est un
profil sortant d’une école de commerce et qui peaufine sa formation au sein de l’entreprise. Ceci
est principalement dû au fait
que les formations commerciales
pures et dures principalement
dédiées au secteur se font rares.
Certes, certains établissements
comme l’OFPPT ou encore des
établissements privés comme
Supagro dispensent certaines de
ces formations, mais elles ne correspondent que partiellement aux
besoins du marché. Conscient
de cette réalité, «l’OFPPT est en
train de mettre en place un Centre
de Développement des Compétences
Agroalimentaires ayant pour objectif d’améliorer les compétences des
ressources humaines dans le domaine de l’Agro-industrie et des activités agricoles à forte valeur ajoutée (Transformation des produits,
valorisation, conditionnement,…)
et d’assurer des formations dans les
domaines technique et managérial».
Ce dernier verra bientôt le jour à
Boulknadel. L’OFPPT n’est pas
le seul à s’intéresser aux besoins
des professionnels. Des écoles
spécialisées se lancent aussi sur ce
Supplément EE Mai 2014
Le DG d’Agrofood identifie
certaines valeurs indispensables
telles que «la persévérance, le sérieux, la réactivité et bien sûr parler au moins 3 langues telles que le
français, l’arabe et l’anglais». Si
cela paraît une tâche facile, Charot assure qu’il a du mal à trouver
ces profils sur le marché. Il affirme
dans ce sens: «Nous avons mis
plus de 6 mois pour trouver notre
directeur export et sommes toujours
en recherche de notre directeur des
ventes nationales après plus de 4
mois!». Autre connaissance nécessaire celle concernant le marketing. Le dg d’Agrofood précise
que «le marketing est omniprésent:
de l’emballage, aux affiches, au site
internet, en passant par la mise en
avant des produits sur les linéaires.
Sans marketing, pas de vente d’autant plus avec une concurrence mondiale».
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Grandangle
Nous collons aux prévisions des professionnels
Mohammed El Guerrouj
DG-ADA
134
Pour doter
les projets
d’agropoles,
l’OFPPT a lancé
6 nouveaux
chantiers
d’Etablissements
sectoriels dans
les régions de
Meknès, Agadir
et Berkane, Beni
Mellal, Kelaa
des Sraghnas,
et Kénitra, en
ressources
qualifiées.
Comment l’OFPPT accompagne-t-il le Plan
Maroc Vert et l’industrie agroalimentaire?
Il faut d’abord savoir que l’OFPPT a été précurseur dans le domaine de l’industrie agroalimentaire puisqu’il a créé, dès 2004, un Etablissement sectoriel à Casablanca dédié à ce secteur,
avec une très forte implication des Professionnels de la FENAGRI.
Actuellement, l’OFPPT accueille 1630 stagiaires, grâce à un dispositif de formation porté
à 4 Etablissements spécialisés dans les métiers
de l’Agroalimentaire et des techniques agricoles, à savoir :
- l’Institut Spécialisé en Fabrication de Produits
Agroalimentaires de Casablanca,
- l’Institut dédié à la Formation dans la Minoterie, réalisé en partenariat avec la Fédération
Nationale de la Minoterie,
- 2 Etablissements orientés vers les techniques
agricoles et la transformation des produits agricoles à Bouknadel, mis en place en partenariat
avec la Fondation MohammedV pour la Solidarité, et le Complexe de formation de Figuig pour
la mise en valeur des produits dattiers.
Sans oublier les filières «Emballage et conditionnement»àBerkane,«ConserveMétallique»
à Agadir, et «Valorisation des dattes» à Zagora.
Pour ce qui est du Plan Maroc Vert et dans le
cadre de notre Plan de Développement à l’horizon 2017, l’OFPPT a lancé 6 nouveaux chantiers
d’Etablissements sectoriels dans les régions de
Meknès, Agadir et Berkane, Beni Mellal, Kelaa
des Sraghnas, et Kénitra, pour doter les projets
d’agropoles en ressources qualifiées.
Quelles sont les filières enseignées à
l’OFPPT?
Les filières couvrent l’industrie agroalimentaire
(procédés, fabrication, maintenance), l’exploitation logistique, la meunerie, la Valorisation
des dattes, l’exploitation logistique, l’emballage…. De nouvelles filières sont implémentées au Complexe de Bouknadel, en l’occurrence l’Horticulture et Concepteur/Décorateur
Fleuriste.
Supplément EE Mai 2014
L’OFPPT forme également des hygiénistes qualiticiens en industrie agroalimentaire (Formation Initiale et Formation qualifiante), chargés
de veiller au respect des normes et de procéder au contrôle Qualité de toute la chaîne de
fabrication depuis la matière première jusqu’au
produit fini.
L’objectif est d’améliorer les compétences
des ressources humaines dans le domaine de
l’Agro-industrie et des activités agricoles à forte
valeur ajoutée (transformation des produits,
valorisation, conditionnement, …) et d’assurer
des formations dans les domaines technique et
managérial.
Ces profils sont-ils adaptés aux besoins du
secteur de l’agro-industrie?
L’action de l’OFPPT pour ce secteur est menée
dans le cadre des préconisations du Pacte
National pour l’Emergence Industrielle ; les besoins en Ressources Humaines ont été estimés
à 24.000 profils à former entre 2009 et 2015,
dont 8.500 techniciens et 4.500 opérateurs.
De plus, nous adhérons parfaitement aux prévisions des professionnels des secteurs de
l’Agroalimentaire et de l’Agro-industrie, avec
lesquels nous travaillons en concertation pour
la formation des compétences adaptées aux
besoins de cette industrie.
En effet, l’OFPPT œuvre, en étroite concertation
avec les partenaires Institutionnels, les opérateurs économiques … sur différents volets tels
que l’ingénierie, les cursus implantés, les effectifs à former…
Pour renforcer l’adéquation Emploi/formation,
nous sommes actuellement en phase de mise
en place d’un Centre de Développement des
CompétencesAgroalimentaires,quiconstituera
un pôle de veille technologique, en charge des
actions d’ingénierie de formation des filières et
d’élaboration des contenus, en plus de la formationetduperfectionnementdesformateurs,
et ce, tenant compte de l’évolution technologique du secteur et des exigences techniques
et de qualité exprimées par les professionnels.
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
L’entreprise
136
Le nouveau site de production Dari 2 à Salé.
C
Dari Couspate
Résultat net
21 millions
de DH en 2013
CA
406 millions
Effectif
Entre 100 et
200 employés
La chenille devenue
papillon
Une saga familiale hors normes qui a su imposer
son nom partout dans le monde. Le couscous, où
qu’on aille, c’est Dari. Détails d’un parcours hors
du commun.
Supplément EE Mai 2014
’est l’histoire inédite
d’une entreprise pas
comme les autres. En
l’espace de quelques années seulement Dari Couspate a su s’imposer sur le marché tant national
qu’international comme étant une
référence dans le secteur du couscous et des pâtes alimentaires. Les
débuts relèvent de l’aventure, celle
du père fondateur Mohamed Khalil. A 52 ans, un âge où tous ses
compagnons de route décident de
prendre une retraite bien méritée
après des années de dur labeur,
ce dernier se lance dans l’entrepreneuriat. Et le choix du secteur
d’activité n’est pas fortuit. Loin de
138
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
L’entreprise
Conditionnement de couscous en paquets de 1 Kg et 500 g
là, c’est là où le père a bercé des
années auparavant.
En effet, après une carrière bien
remplie en Mauritanie au sein de
FAMO, groupe agroalimentaire
marocain spécialisé dans le domaine
des pâtes et de la biscuiterie, Khalil décide de rentrer définitivement
au Maroc, en 1995, et de fonder sa
propre entreprise de production de
couscous et de pâtes alimentaires.
Ainsi commence l’aventure. «Les débuts ont été assez difficiles», nous confie
Amine Khalil, fils du PDG mais
également directeur développement
de l’entreprise. Car, en plus d’être
performante, il faut souligner que
l’entreprise est aussi familiale. Gérée
par le père fondateur et talonné de
très près par ses trois enfants, chacun
occupant un poste stratégique pour
le développement de Dari Couspate.
Chacun selon sa formation a su
mettre son expérience au profit de
l’entreprise. La recette pour en arriver là : un pari osé certes mais surtout
un mélange de travail acharné et une
participation massive à tous types de
salons et rencontres qui puissent impacter d’une manière ou d’une autre
le développement de la structure.
Dari c’est aujourd’hui 25% du chiffre
d’affaires à l’export dans plus de 35
pays. Allant de l’Asie, l’Europe, pas-
Conditionnement du couscous en vrac dans les sacs de 25 Kg
Supplément EE Mai 2014
sant par l’Afrique, Couscous Dari
a su s’imposer à chaque escale. En
effet, plus de 90% des produits à
l’export sont exportés sous le nom
Dari, s’adaptant à chaque fois aux
spécificités de chaque pays. «Nous
avons mis en place une approche marketing adaptée pour chaque pays», précise amine Khalil. Pour comprendre
cet engouement pour le marché
international, il faut se pencher sur
les valeurs de l’entreprise. En effet, le
développement de la structure repose
sur trois piliers, «la qualité, l’export et
l’innovation». Cette même culture
doit être partagée par tout le personnel de l’entreprise, allant du simple
ouvrier aux grands chefs, les Khalil
se plient aux règles qu’eux-mêmes se
sont imposées.
innovation
Amine Khalil tient à préciser que
l’entreprise familiale a été «la première
entreprise marocaine à industrialiser le couscous d’orge». Pas seulement,
d’autres variantes telles que le couscous de maïs destiné aux personnes
intolérantes au gluten a aussi vu le
jour et connu un franc succès. Cet état
de fait a poussé l’entreprise à innover
davantage et à fournir des produits de
qualité. Une qualité qui a su conquérir
le consommateur et poussé la structure à s’agrandir. Ainsi, à partir de
2004, Dari Couspate s’est vue dans
l’obligation de faire face à la saturation de ses capacités de production et
est amenée à investir dans une nouvelle unité de production. Une initiative qui lui a permis de «tripler de
taille en 5 ans». Dans ce sens, la PME
familiale a dû s’introduire en bourse
et lever 30 millions de dirhams pour
financer la nouvelle structure estimée
à 45 millions. Dari Couspate dispose
aujourd’hui de deux usines basées
à Salé Dari 1 et Dari 2, disposant
d’une capacité globale de production
de 52.000 t/an, ce qui fait de Dari le
leader du secteur au Maroc.
L’entreprise
Flatter la demande latente pour réussir
Amine Khalil
Dari Couspate
Quel bilan pour 2013?
L’entreprisearéaliséunchiffred’affairesde406millions
dedirhams,enhaussede15,2%.Uneperformancedue
principalementàl’engouementdumarchéinternational
pour le produit Dari et la mise en marche de la nouvelle
ligne de production qui a permis de répondre aux besoins de l’entreprise de plus en plus croissants. Aussi,
l’innovation commerciale a permis d’atteindre nos objectifs. En effet, l’équipe Dari a étoffé son canal de distribution qu’il soit à proximité ou en ligne. Le produit dari
peutarriverjusqu’auxportesduconsommateurpartout
dans le monde sur un simple clic.
Vous avez révolutionné l’industrie du Couscous. Du
nouveau dans ce sens?
Oui. Dans le cadre de notre stratégie basée essentiellement sur la qualité et l’innovation, nous avons mis
enplacedernièrementlecouscousBioprincipalement
destinéaumarchédel’export.Eneffet,vul’engouement
desconsommateurspourcetypedeproduitsetlefranc
succès des produits Bio à l’étranger, Dari Couspate a
pris les devants en lançant le premier couscous Bio sur
le marché, de quoi satisfaire la demande sur ce segment. La mise en place de ce type de produit nécessite
un lourd investissement et le respect strict de règles internationalesallantdelaproductionàl’emballagefinal.
Vos projets futurs?
De l’export, toujours de l’export ainsi que la mise en
place de nouveaux produits toujours aussi innovants
et qui répondent au mieux à la demande des consommateursdumonde.Aussi,d’autresprojetsd’investissementetd’augmentationdecapacitédeproductionsont
au menu du jour pour faire face à la demande grandissante que connaît le secteur. Pour le moment, nous
nousfocalisonssurtoutsurleprochaindéménagement
de notre siège vers la nouvelle unité de production.
*
Supplément EE Mai 2014
*Abonnement à l’étranger: 400 dirhams
140
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
AGRICULTURE - AGROALIMENTAIRE
Acteurs
Avis d’experts
Ce n’est pas
le tout de produire
En matière de commercialisation, beaucoup
d’efforts sont consentis, néanmoins beaucoup
reste à faire. Les solutions diffèrent selon les
domaines des uns et des autres. Panorama.
A fond les salons
P
142
Philippe Charot
Agro-Food
our commercialiser nos produits,
il faut avouer que nous sommes
toujours aussi dynamiques en participant aux plus grands salons internationaux de l’Agroalimentaire tel que
l’AnugaenAllemagneouleGulfFoodà
Dubaï. Ces salons ou celui du Halal de
Paris ou le MIHAS à Kuala Lumpur en
Malaisie nous permettent de rencontrer de nouveaux clients et de décrocher de nouveaux contrats. D’ailleurs
notre groupe est beaucoup plus fort à
l’export que sur le marché marocain.
L’export représente plus de 80% de
notre chiffre d’affaires réparti sur plus
de 22 pays. Notre objectif 2014 est
d’assurer une meilleure présence sur
le marché local et principalement sur
lemarchétraditionnel.Toutefoisilfaut
soulignerquenoussommespénalisés
par des coûts de transport et d’énergies très importants qui ne nous permettentpastoujoursd’êtrecompétitifs
sur certains marchés internationaux.
Mais sachez qu’en règle générale, nos
tarifs sont assez compétitifs car nous
anticipons les éventuels dysfonctionnementsquipourraientimpacterdéfavorablement nos coûts. Dans ce sens,
il est indispensable d’être toujours à
l’affûtdesinnovationsetnepashésiter
à investir dans de nouveaux matériels
tels que les outils de production ou les
outils informatiques.
Insuffisance partout
L
a commercialisation
est le parent
pauvre du plan
Maroc vert. La
stratégie a certes
eu un franc succès dans le sens
Ahmed Darrab où les objectifs
Aspam
ontétélargement
atteints pour
cette année, toutefois, les producteurs ont du mal à
écouler leurs récoltes tant sur le marché international que sur le marché
local. Il faut savoir que la production
pourcetteannéeestde2,2millionsde
tonnes contre 1,5 million en 2013, soit
uneaugmentationde47%et600.000
tonnes pour le marché de l’export
contre 390.000 en 2013, en progression aussi de 60%. Dans ce sens le
marché local se retrouve avec près de
1,6 million de tonnes soit 70% de la
production à absorber. Or comment
peut-onécoulertoutecettemarchandise alors que le circuit de distribution est désorganisé. La multitude
d’intermédiairesrendlamarchandise
plus chère et du coup plus difficile à
écouler, sans parler des marchés de
gros qui ne sont pa bien équipés pour
recevoircettequantitéimportantede
marchandise.
Supplément EE Mai 2014
Transformer plus
A
mon avis,
le développement de
champions
nationauxsurle
marché marocainspermettra
Aziz Bouhartan à notre pays
de passer de
Infrico
l’exportationde
nos produits de
l’état brut à l’étranger à une exportation avec une plus-value importante, surtout avec le Plan Maroc
Vert s’il atteint ses objectifs. Aussi
je trouve qu’une orientation vers
d’autres marchés, en l’occurrence
subsahariens, reste une piste sérieuse à développer.
D’après mon expérience, je pense
que le problème réside dans le
choix des marchés qui sont très
contraignants, comme les marchés européen, américain ou
même russe et qui imposent à nos
produits de respecter des quotas
et d’être envoyés à l’état brut ou
presque. Dans ce sens il devient
nécessaire de doper le marché
local de champions nationaux
puis viser les marchés émergents
«moins contraignants» et s’inspirerdumodèleturcavecleurchaîne
de distribution BIM pour écouler
leur produits et à titre d’information le produit turc en général
n’a pas eu la même qualité qu’il
a aujourd’hui sans la stratégie de
champions nationaux et le circuit
de distribution qui favorise le produit local.
AGRICULTURE -AGROALIMENTAIRE
www.infrico.com
interview
Que pèse aujourd’hui le secteur
de l’économie solidaire ?
Nous comptons 1 million de
tonnes de figues de barbarie, 1
million d’hectares d’oliviers, 850
mille hectares d’arganiers, 60
millions de quintaux de céréales,
des millions d’hectares d’espaces
d’élevage des abeilles, dont des
bassins biologiques, 350.000
tonnes de dattes, d’amandes et de
figues, 350.000 tonnes de pommiers de montagne et 250.000
tonnes de condiments. Tous ces
chiffres sont la preuve tangible
que nous sommes aujourd’hui
devant un très grand secteur de
l’économie nationale. Un secteur à
forte valeur ajoutée avec une réelle
différenciation en termes de compétitivité et d’importance économique. Cela d’autant plus que ces
produits sont peu consommateurs
en eau. Ce qui fait que ce genre
d’économie cadre parfaitement
avec le stress hydrique que connaît
le pays dernièrement. Aussi,
leur étendue géographique et le
fait qu’ils soient à proximité du
monde rural font de ces produits
un réel levier de développement
territorial.
144
L’ambassadeur des
produits de terroir
Le défunt OCE a cédé la place à Maroc Taswik. Ce dernier
sembles’êtretrouvéunenouvellevocationquiluivacomme
ungant:commercialiserlesproduitsdeterroirissusdel’économiesolidaire.Lebackgroundétantvieuxd’undemi-siècle,
c’estlecadragepolitiquequifaisaitdéfaut.Avecl’INDH,son
travail se voit sublimer. Témoignage du DG, Najib Mikou.
Supplément EE Mai 2014
Pourquoi miser sur de la micro-agriculture au moment où
d’autres pays misent sur les
économies d’échelles que permettent des productions en
grandes quantités ?
Nous nous inscrivons plutôt
dans une tendance mondiale.
Les USA, la France ou encore
l’Angleterre, des pays développés
mais qui parient sur l’économie
solidaire et la micro finance pour
relancer la machine économique.
Et nous, pays en pays en voie
d’émergence, nous avons mis du
temps finalement à nous rendre
compte de l’importance de ce
type de cultures et d’organisation
Distributeurs exclusifs
El Arte de Conservar
AGRICULTURE -AGROALIMENTAIRE
interview
considération beaucoup plus
sécuritaire qu’économique et sociale. L’INDH a donné un sens à
la notion de l’espoir, à la notion de
visibilité pour le lendemain. Les
Marocains se sont regroupés en
coopératives.
Nous sommes aujourd’hui devant
un secteur avec une réelle
différenciation
Que représentent aujourd’hui les
coopératives ?
Depuis 2007 a été créé 1,5 fois
le nombre de coopératives créées
en 50 ans. C’est dire l’effet catalyseur de l’INDH. Entre 2007 et
2012, on a mis en place pratiquement 6.000 coopératives. Ce qui
est en soi une chose remarquable,
puisque la coopérative est une
plateforme de convergence des
forces, de synergie de moyens, de
production, d’expression de l’espoir et de l’engagement. L’INDH
a réconcilié le monde rural avec la
vocation séculaire de ce pays.
146
Entre 2007 et
2012, on a mis
en place 6.000
coopératives,
soit 1,5 fois ce
qui a été créé
depuis
l’indépendance.
de l’économie et de leurs bienfaits. Il est plus que jamais temps
de s’y mettre, d’autant plus que
cela concerne une grande frange
de la population.
Comment vous êtes-vous intéressé à l’économie solidaire ?
Ce qui a déclenché l’intérêt
chez moi pour ce secteur et son
développement ce n’est autre
que l’INDH. Une belle initiative humaine pour l’aide des plus
démunis de ce pays. D’ailleurs,
j’ai moi-même sillonné plus de
150.000 kilomètres afin de comprendre et de cerner au mieux les
besoins de cette frange de la société que représentent les pauvres
et les plus vulnérables. Ce qui fait
qu’aujourd’hui je suis à même
d’affirmer que je connais parfai-
tement mon pays, le monde rural
et ses besoins. Et je peux vous
affirmer que là où je suis allé je
me suis retrouvé face à des personnes en train d’embouteiller
l’huile d’argan cosmétique ou du
miel en y imposant des étiquettes.
Et à chaque fois que je leur posais
la question sur comment ils se
sont inscrits dans ce type d’entrepreneuriat, la réponse était systématiquement «Al Moubadara»
ou «Sidna». C’est dire tous les
bienfaits du programme lancé par
Sa Majesté. Je dirais même que le
roi n’a pas donné la charité mais
les moyens de la dignité au peuple
notamment celui du monde rural.
Le Maroc a créé de l’indépendance à 2007, 4.000 coopératives
dont une bonne partie ne marche
pas et une partie était dans une
Supplément EE Mai 2014
Pour des petites coopératives en
montagne, n’est-il pas très compliqué de vendre ses produits de
terroir ?
Effectivement, il ne suffit pas
de produire. La commercialisation est un autre chapitre tout
aussi important si ce n’est le plus
important et la finalité même de
la production de ces produits. Et
justement, le hic réside dans le
fait que ces coopératives n’ont pas
les moyens ni la possibilité d’atteindre le marché, notamment celui à l’international. Et c’est là que
Maroc Taswiq intervient. Cela
fait pratiquement deux ans que
le premier magasin de vente des
produits solidaires a vu le jour. J’ai
commencé pour ce magasin avec
20 coopératives qui appartiennent
à 3 régions et 37 références de
produits. Après 2 ans, j’en suis à
800 coopératives, qui relèvent des
16 régions du pays pour plus de
2.500 références produits.
AGRICULTURE -AGROALIMENTAIRE
Quel est le business model de
Maroc Taswiq ?
Maroc Taswiq a développé un
modèle économique appelé Modèle des trois Z. Il coûte zéro aux
coopératives, zéro à l’Etat et zéro
aux partenaires privés. Maroc
Taswiq fait de la mutualisation
des achats pour toutes les coopératives, concernant les intrants
dont ils ont besoin. Exigence
qualité, prix inférieur de 10% à
25% que ce que la coopérative
payait seule et un délai de paiement de 3 à 4 mois. Le choix
émane des coopératives. Nous
ne faisons que les informer et
les orienter sur les nouveautés
du marché international. On
fixe au préalable un prix convenu
d’avance en prenant en considération les spécificités du marché.
Fini le temps des intermédiations
négatives. Ce modèle a été inspiré
du modèle des sogochocha japonais. J’ai réfléchi universel avec
une application locale par rapport à ce que nous pouvons faire.
Dans ce sens nous avons créé une
chaine des magasins solidaires et
équitables. On est aujourd’hui à 7
magasins. A fin juin nous serons
à 10. Trois nouveaux magasins
verront le jour à Rabat, Beni
Mellal et Marrakech. Nous avons
aussi créé 4 sites e-commerce, 2
148
AGENCE POUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
interview
Maroc Taswiq fait de la
mutualisation des achats pour
toutes les coopératives
au Maroc et 2 à l’international
(Bladelkhir.ma, Authenticmaroc.
com, cosmeticmaroc.com, etc.)
Pour toucher l’international, nous
avons élaboré des partenariats
avec des partenaires étrangers,
avons opéré parfois de l’exportation en direct ou encore recruté
des commerciaux payés en % du
CA. Mieux, un appel d’offres va
être lancé pour une franchise à
l’international.
Qu’en est-il de la qualité ?
Au-delà du fait que les produits
de terroir, de par leur caractère
bio, sont quasi naturellement
de qualité, nous nous appuyons
également sur les mécanismes
de contrôle institutionnel. A ce
propos, aujourd’hui au Maroc
nous avons ce potentiel, avec
des actions de contrôle qualité
réguliers effectué avec l’Onssa et
l’Eacce.
POUR UNE AGRICULTURE
SOLIDAIRE ET DURABLE
Organisme opérationnel, l’Agence pour le développement Agricole
(ADA) contribue au développement des synergies et à la consolidation
des efforts nécessaires pour l’intégration progressive de l’agriculture
solidaire dans l’économie du marché.
L’ADA contribue et veille à la mise en place et à l’amélioration du climat
et des plates-formes requises pour l’encouragement de l‘investissement
dans le secteur agricole.
xx
l’ADA
est disposée, à travers ses ressources humaines, à vous écouter,
vous aider et vous accompagner durant les différentes étapes de
conception et de réalisation de vos projets agricoles
Supplément EE Mai 2014
Espace les Patios, Angle Avenues Annakhil et Mehdi Benbarka Bâtiment
2 et 3 - 3ème Etage - Hay Riad - Rabat
Tél : (212) 537 57 38 01 - Fax : (212) 537 57 38 04
www.ada.gov.ma
AGRICULTURE -AGROALIMENTAIRE
actU
SIAM 2014
Encore une réussite
Cette édition du salon de Meknès a tenu ses promesses. A un moment où le
secteur agricole est appelé à se moderniser, l’accent mis sur les produits du
terroirs ancre cet objectif au plus profond de notre agriculture.
150
U
n sujet de fierté non
dissimulée». C’est en
ces termes que Jawad
Chami, commissaire du SIAM
commente le succès grandissant du Salon international de
l’agriculture de Meknès. Cette
année encore, l’évènement a
tenu ses promesses. C’est ainsi
que la 9ème édition attire 53
pays participants, 1.200 exposants et aurait drainé pas moins
de 1 million de visiteurs. Mais,
paradoxalement, «ce succès nous
impose aussi de relancer constamment le défi de mieux faire pour
mieux réussir», insiste Chami.
Car «les enjeux sont désormais
trop importants pour se laisser
aller à une autosatisfaction et de
sombrer ainsi dans le piège de la
routine et de la banalisation. De
ce fait, il est impératif d’innover»,
explique-t-il. La ligne qu’il se
fixe est que chaque édition doit
être un jalon de plus sur la voie
de l’excellence et pas seulement
une réplique de l’édition la précédant. Lors de cette édition,
ont été mis en avant les produits de terroir, véritable levier
de développement pour les
territoires ruraux, mais aussi
vecteur de la culture marocaine vis-à-vis de l’international. Aussi, l’Union européenne,
premier partenaire commercial
du Royaume, a été à l’honneur.
Ainsi, l’édition a connu le lancement d’un centre de Conseil
agricole
maroco-allemand,
dont l’accord de partenariat
a été signé en 2010. Concrétisé après près de 16 sessions
Supplément EE Mai 2014
de formation au profit de 459
participants, ce projet consiste
à améliorer le savoir-faire des
agriculteurs marocains en facilitant leur accès à la technologie allemande. La France a été,
pour sa part, particulièrement à
l’honneur avec une journée qui
lui a été dédiée. Elle constitue
une occasion rare pour tous
les professionnels marocains et
français de dresser un état des
lieux de la filière semencière, de
débattre des problématiques et
des enjeux. C’est également un
moment privilégié pour préciser
les orientations futures en matière d’offre et de partenariats
entre le Maroc et la France, afin
d’appuyer la dynamique des
réformes agricoles initiée par le
Plan Maroc Vert.
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AGRICULTURE -AGROALIMENTAIRE
RSE
Lesieur et Cosumar
primées
Les deux stars du secteur agroalimentaire tiennent leur place
dignement auprès des leaders
d’autres secteurs. Dans ce sens,
Vigeo, leader international de
l’audit et du rating de la RSE, a
désigné courant avril 2014 les 8
tops performers en responsabilité sociale parmi les entreprises
cotées au Maroc et qui ne sont
autre que BMCE Bank, Cosumar, Lafarge, Lesieur Cristal,
Lydec, Managem, Maroc‐Telecom et SMI. Selon l’analyse de
Vigeo, «la performance de Lesieur
Cristal est une des plus probantes
de la place en matière de sécurité
des produits». Quant à Cosumar,
elle a été distinguée d’une part
pour sa démarche de réduction
des consommations d’eau et de
protection de la ressource hydrique, l’une des plus avancées
du Maroc, et pour la sécurité du
produit d’autre part.
Label Vie
-53,2% de résultat
en 2013
Le spécialiste de la grande distribution
Label’Vie a réalisé en 2013 un résultat
net de 54,6 millions de dirhams, en
baisse de 53,2% par rapport à 2012.
«Cette baisse s’explique essentiellement
par le recul du résultat non courant du
groupe qui est passé de 68,6 millions à
40,9 millions de DH», selon le groupe.
Le résultat brut d’exploitation a, quant
à lui, baissé de 6,5% à 301,6 millions
de dirhams à cause de «la fermeture
des magasins Métro pour conversion»,
souligne la société cotée. Toutefois, le
chiffre d’affaires s’améliore de 2,1% à
5,78 milliards de DH.
ONP
La pêche artisanale en perte
de vitesse
Les débarquements des produits de la pêche côtière et
artisanale se sont élevés à plus de 1,13 milliard de dirhams
à fin mars, soit 216 586 tonnes, accusant ainsi une baisse de
13 % en termes de poids et de 18 % en valeur par rapport
à fin mars 2013, selon l’Office national des pêches (ONP).
Quant aux pélagiques, les débarquements ont atteint plus
de 473,74 millions de dirhams à fin mars 2014 contre plus
de 523,09 millions une année auparavant, soit une baisse
de 9 % en valeur et 11 % en poids. Au niveau des ports, les
entrées portuaires méditerranéennes ont augmenté de 11 %
en termes de valeur et ont connu un recul de 22 % en termes
de poids à fin mars par rapport à une année auparavant, soit
37,55 millions de dirhams contre environ 33,77 millions.
Les
débarquements de la pêche côtière et artisanale de l’Atlantique ont régressé de 10 % en termes de poids et de 11 % en
valeur, soit plus de 436,19 millions de dirhams, contre près de
489,32 millions, une année auparavant.
CAM lance sa stratégie 2016
Le Crédit Agricole du
Maroc se dote d’un nouveau plan stratégique à
l’horizon 2016. Intitulé
CAP 2016, ce dernier
vise «la consolidation de
la performance opérationnelle de la banque, la sécurisation de ses fondamentaux et la maitrise de ses risques
ainsi que le développement de son activité commerciale
avec une croissance soutenue du nombre de ses clients»,
déclare le groupe dans un communiqué. Le CAM,
qui domicilie aujourd’hui près d’un million de
clients, prévoit en effet de doubler ce chiffre en
trois ans avec un effort particulier sur la population rurale et les petits agriculteurs. Le plan CAP
2016 prévoit également de renforcer de manière
significative le soutien à l’agriculture et au monde
rural notamment par l’accompagnement du Plan
Maroc Vert dans toutes ses composantes. Il s’agira
d’accompagner les principales filières agricoles
ainsi que le financement de l’agriculture solidaire
et la contribution au développement de nouvelles
niches. Le groupe bancaire entend aussi accompagner les stratégies nationales de développement
rural (hors agriculture) et lancer de nouveaux projets en milieu rural.
Supplément EE Mai 2014
actU
Yoplait
A la reconquête du
Maroc
Le développement
de
la marque de
produits laitiers frais Yoplait au Maroc va
être assuré par l’industriel laitier
SLCN. Celui-ci consacre un
budget de 9 millions d’euros à ce
projet de relance face au leader
incontesté Danone via sa filiale
Centrale Laitière. «La tentative
en a déjà été faite à plusieurs
reprises ces dernières années
mais cette fois sera peut-être la
bonne... la marque Yoplait va
faire son retour au Maroc au
plan national», lit-on auprès du
l’Usine nouvelle. Le groupe laitier Société laitière centrale du
nord (SLCN) devenu titulaire
de la franchise Yoplait vient
d’afficher ses ambitions pour
la marque à la petite fleur lors
d’une conférence de presse voilà
quelques jours à Casablanca. Basée à Fès et propriétaire notamment de la marque Saïss Lait,
SLCN déclare vouloir investir
au total 100 millions de dirhams
(9 millions d’euros) dans le
projet de développement de la
marque de produits laitiers frais.
Son usine s’étend sur 2 hectares
avec une capacité de traitement
de 100.000 litres de lait par jour
pour une trentaine de références,
selon Nourredine Bahir, directeur général de SLCN, cité par
le quotidien L’Economiste. De
même source, le groupe ambitionne de multiplier cette année
son chiffre d’affaires par 2,5
pour atteindre 200 millions de
dirhams (18 millions d’euros).