CONTRIBUTION DE JEAN-BERNARD MARRON FEDERATION FRANÇAISE DU BATIMENT AQUITAINE AU NIVEAU NATIONAL Au niveau national, la situation conjoncturelle apparaît particulièrement difficile à décrypter. Les chiffres de Sit@del2 affichent des scores plus qu’inquiétants si on en fait une lecture directe. Du côté du logement neuf, comme prévu, le recul des permis reste vif, à - 2,50 % en glissement annuel sur un trimestre à fin mars 2014 (les chiffres sont même plus inquiétants en Aquitaine qui accuse une baisse de 40,5 % sur la même période). En revanche, ce qui n’était pas prévu, c’est la baisse rapide des mises en chantier avec -11,4 % sur la même période, alors que le début 2014 s’est caractérisé par une météo particulièrement clémente. Du côté du non-résidentiel neuf, le retournement de tendance s’avère, là encore, brutal même si l’inflexion avait été prévue par la FFB. Ainsi, en glissement annuel sur un trimestre à fin mars 2014, hors hôtellerie et bâtiments agricoles, les surfaces de permis et de mises en chantier reculent respectivement de 10,2 % et de 5,8 %. Du côté de l’amélioration-entretien, faute de données sur le chiffre d’affaires, les soldes d’opinion laissent percevoir le choc généré par les modifications de taux de TVA mal maitrisées par le gouvernement. Après une violente dégradation au premier trimestre 2014, la situation semble toutefois un peu moins mal engagée pour le printemps. L’inquiétude quant à l’activité se renforce à la lecture de l’évolution des prix retracée par l’lCC Insee pour le logement neuf. Sur l’ensemble de 2013, l’indice affiche une baisse de 0,9 %. Bien que modeste, le chiffre s’avère exceptionnel puisque, depuis sa création en 1953, l’évolution annuelle de l’ICC n’est entrée que deux fois en territoire négatif : lors de la crise de 2009 et en 2013. Toutefois, la réalité parait plus nuancée que ce qui vient d’être évoqué. De fait, d’autres indicateurs tout aussi pertinents ressortent nettement mieux orientés. C’est notamment le cas des matériaux de construction qui affichent de nettes progressions sur le premier trimestre 2014. Par exemple, comparé au premier trimestre 2013, ciment en vrac et béton prêt à l’emploi s’inscrivent en hausse moyenne de 5,4 % et 6,1 %. C’est aussi le cas du marché du crédit, notamment en matière de logement. La production de crédits nouveaux à l’habitat neuf a progressé de 8,4 % en rythme annuel sur les trois premiers mois de 2014 rapportés aux mêmes mois de 2013. Bien évidemment, cette tendance est soutenue par des taux d’intérêts qui flirtent avec leurs plus bas historiques et dont la hausse n’est plus pronostiquée par personne. C’est encore le cas en termes de perspectives d’investissement des industriels qui, en valeur, se redressent globalement depuis le début 2014, d’autant que la part des investissements de capacité dans l’ensemble s’inscrit en hausse depuis 2013. C’est enfin le cas au regard de l’évolution de l’appareil de production. Y compris les autoentrepreneurs, la hausse des créations dans la construction s’est confirmée tout au long du premier trimestre et ressort à +2,7 % en glissement annuel sur trois mois à fin mars 2014. Au final, la situation nationale générale peut se résumer en quatre grandes tendances : - comme la FFB l’anticipait, l’activité se situe à un point bas, sans aggravation notable, les maux préexistants du secteur, prix à la baisse, perte de trésorerie, etc., se renforcent, aucun signe tangible et durable de reprise ne se profile côté secteur privé dans le Bâtiment mais l’horizon économique général semble s’améliorer. A contrario, du fait des mesures liées au rééquilibrage des comptes publics, un décrochage violent s’annonce sur l’investissement public local. S’il se confirme, il pourrait entraîner l’ensemble du secteur dans une crise nettement plus profonde. Ainsi, l’annonce de mesures particulièrement strictes en matière de réduction des transferts financiers aux collectivités territoriales à hauteur de 11 milliards à l’horizon 2017, fait craindre un « trou d’air » massif et croissant dans l’investissement public local. Il convient de rappeler que ce dernier se situe à un niveau historiquement élevé et a largement contribué, au même titre que la construction HLM, à amortir la crise dans notre secteur. Une autre préoccupation concerne les marchés qui sont liés à la transition énergétique et à leur retard au démarrage. Force est de constater que le modèle incitatif imaginé dès l’origine pour accompagner les acteurs n’a jamais été opérationnel. Dès lors, nul ne peut s’étonner que le processus vertueux de l’exemplarité de travaux de plus en plus fréquents ne se soit jamais amorcé. Les difficultés rencontrées pour la mise en place d’un cadre adapté à l’éco-prêt à taux zéro illustre ce propos. De fait, l’éco-conditionnalité pour ce produit est censé entrer en vigueur au 1er juillet prochain et nous ne connaissons toujours pas les règles du jeu !! On se moque réellement des acteurs en se cantonnant dans des discours d’autant plus généreux qu’ils sont sans lien avec la réalité. AU NIVEAU DE LA REGION AQUITAINE Au niveau régional, l’enquête menée à la toute fin de 2013 par la FFB Aquitaine a montré le caractère toujours très préoccupant de la crise que traverse le secteur, mais avec une relative accalmie par rapport à juin 2013. Le léger mieux enregistré en fin d’année doit cependant être nuancé en fonction du corps d’état, de la taille et surtout, du département. Ainsi, le département des Pyrénées Atlantiques paraît tout particulièrement s’enfoncer dans un marasme qui pourrait s’expliquer par l’exacerbation de la concurrence étrangère particulièrement sensible dans ce département. Si un grand nombre d’entreprises (42,8 %) a fait état d’une nouvelle dégradation, cette dernière semble moins marquée qu’en juin 2013 et une proportion non négligeable (18,8 %) d’entreprises a constaté une progression de leur activité en 2013. Le Second-Œuvre a été le moteur de cette légère amélioration générale, le Gros-Œuvre ayant de nouveau connu une année difficile en 2013. La situation paraît s’être améliorée en Dordogne, Landes et Lot-et-Garonne, mais de nouveau s’être détériorée dans les Pyrénées Atlantiques. Dans la foulée de la tendance à la stabilisation enregistrée à fin 2013, les carnets de commandes se sont maintenus en moyenne à 4,2 mois, niveau identique à celui de juin 2013. La situation est cependant contrastée entre le Gros-Œuvre en hausse marquée (5,1 mois) et le Second-Œuvre en baisse (3,8 mois). C’est dans ce contexte difficile que se profile le « compte personnel pénibilité ». Pour notre secteur vient de commencer un compte à rebours extrêmement inquiétant. La loi du 20 janvier 2014 a fait des fiches individuelles de prévention de la pénibilité, instaurées par la précédente réforme des retraites de 2010, la base d’un dispositif ouvrant notamment droit à une cessation anticipée d’activité et qui entrera en vigueur dès janvier 2015. Il s’agit d’une mesure d’une extrême complexité, au point qu’une vingtaine de dispositions nécessitent des précisions par décret, actuellement en cours d’élaboration. Dans le Bâtiment, secteur à forte intensité de main d’œuvre, le nouveau dispositif constitue un incroyable casse-tête. Cette nouvelle mesure arrive au plus mauvais moment pour les entreprises de Bâtiment qui sont confrontées comme jamais à une offre de services à moindre coût de la part d’entreprises étrangères non respectueuses des règles sociales minimales. Les entreprises françaises, aussi vertueuses soient-elles, pourraient être tentées de recourir à ces prestataires pour échapper à cette nouvelle contrainte.
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