• Septembre 2014 • Actes • Colloque du 17 juin 2014 • du colloque de l’ORF PROGRAMME • Ouverture de la matinée par Dominique Figeat, président de l’ORF • Intervention de Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation et de la fonction publique • Débat avec l’assemblée Table ronde 1 • Quelle relance à court terme ? ............... Télécharger les rapports 5 Introduction • Christophe Canu, directeur de l’ingéniérie foncière et immobilière, AFTRP Intervenants • Stéphane Dambrine, président de l’AORIF • Thierry Lajoie, président-directeur général de l’AFTRP • Gilles Leblanc, directeur régional et interdépartemental de l’équipement et de l’aménagement • Hervé Manet, président du pôle promotion d’Icade • Rémi Roché, président du SNAL Île-de-France • Corinne Valls, maire de Romainville, vice-présidente du conseil général de Seine-Saint-Denis • Intervention d’Emmanuelle Cosse, vice-présidente de la région Île-de-France ............ Observatoire régional du foncier en Île-de-France Association regroupant État, région, élus et professionnels IAU île-de-France : 15, rue Falguière, 75740 Paris Cedex 15 [email protected] Tél. : 01 77 49 79 56 DRIEA : 21-23, rue Miollis, 75732 Paris Cedex 15 marie-antoinette.basciani-funestre@ developpement-durable.gouv.fr Tél. : 01 40 61 86 07 Maquette : Sylvie Castano, IAU îdF site web : www.orf.asso.fr 10 Table ronde 2 • Quelle stratégie pour demain ?...... 12 Introduction • Catherine Barbé, directrice des partenariats stratégiques, SGP Intervenants • Jean-François Bel, maire de Montesson • Gilles Bouvelot, directeur général de l’établissement public foncier d’Île-de-France • Catherine Pèrenet, directrice interrégionale Île-de-France de la Caisse des Dépots et Consignations • Philippe Yvin, président du directoire de la société du Grand Paris Clôture Sylvia Pinel, ministre du logement et de l’égalité des territoires .................. 16 Animation par Rémi Cambau, Cadre de Ville • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • •1• façon équilibrée en seconde couronne d'Île- Ouverture Dominique Figeat, président de l’ORF l'État qui sont très en attente de clarifications de-France. À l’issue de ce colloque, l'ORF a et de décisions, notamment sur la mise en décidé d'engager des travaux sur ce qui œuvre de la décentralisation dans cette ré- nous paraissait être les deux enjeux de la pé- gion. riode. C'était fin 2012, début 2013. Depuis, L'Observatoire Régional Foncier d'Île-de- ce qui s'est passé n'a fait que le confirmer. France a été fondé par l’Etat et la Région. Il Comment relancer l'urbanisme opérationnel matinée rassemble l'ensemble des partenaires pu- en utilisant toutes les lois et tous les moyens compte des travaux conduits, menés par dif- blics et privés de l'urbanisme, de l'aménage- possibles dans cette région ? Ensuite, com- férents groupes de travail, mais qui sont liés ment et de l'immobilier en Île-de-France, ment bien organiser les stratégies foncières aux débats. C'est le principe de l'ORF. Les avec deux missions principales. La première dans le cadre du nouveau Grand Paris ? débats seront libres, les échanges seront mission, qui consiste à observer les marchés d'aujourd'hui. Nous rendrons nombreux. Tout cela de manière à débou- fonciers d'Île-de-France, tenter d'en faire C'est principalement à ce titre, Madame la cher néanmoins sur des propositions aussi l'analyse et l'interprétation. La seconde mis- Ministre, que je me suis permis de vous sol- opérationnelles que possible. sion est d’analyser, réfléchir et contribuer aux liciter car, bien entendu, les évolutions me- propositions de politiques publiques concer- nées depuis deux ans en matière de Une fois de plus, Madame la Ministre, merci nant les politiques foncières. décentralisation dans cette région, impactent de votre présence. Je vous passe aussitôt la fortement les décisions qui peuvent être parole. Nous avions tenu fin 2012 un colloque qui prises et en même temps, les politiques qui avait été conclu à l'époque par la Ministre du peuvent être conduites. Et vous avez face à Logement, Cécile Duflot. Ce colloque portait vous, dans la salle, un ensemble d'élus, de principalement sur le recyclage urbain et la professionnels, de représentants de services manière de développer l'urbanisation d'une de collectivités territoriales ou de services de Intervention de Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation et de la fonction publique • renforcement et impulsion de pôles de développement avec les CDT ; de la métropole - dont le cœur de métier est le logement – sera déterminante. • architecture institutionnelle avec la création de la métropole et des EPCI de Mesdames et Messieurs, depuis de très 200 000 habitants en Grande Couronne. nombreuses années, le constat est unanime - élus nationaux et locaux, chercheurs et Depuis la loi de modernisation de l'action universitaires, acteurs institutionnels et ac- publique et d'affirmation des métropoles du teurs de l’immobilier - partagent tous la 27 janvier 2014, nous disposons de tous les même inquiétude sur la situation du loge- outils nécessaires pour conforter le rayonne- ment dans la Région Capitale. Cette situa- ment de la Région Île-de-France et pour re- tion nuit à la qualité de vie des franciliens. Madame la vice-présidente du Conseil Ré- lever les défis qui sont les siens. C'est une Elle entrave également la capacité de l'Île- gional, Emmanuelle Cosse, très belle promesse pour l'avenir et une ma- de-France à se développer de manière équi- Monsieur le Président de l’Observatoire Ré- gnifique opportunité – votre présence nom- librée, à garantir la cohésion territoriale et à gional du Foncier en Île-de-France, Domi- breuse ce matin, en est je crois, le meilleur assurer la solidarité. nique Figeat, témoignage. Nous devons donc maintenant Mesdames et Messieurs, nous donner tous les moyens nécessaires Pour bâtir un nouveau modèle institutionnel pour réussir les chantiers qui ont été enga- en Île-de-France, nous sommes partis de ce gés. constat. Il s'agissait de répondre à une ur- autour du thème du foncier à l’heure du Ces moyens, c'est évidemment une poli- outils existants ; en répondant rapidement Monsieur le Préfet, Jean Daubigny, Permettez-moi pour commencer de remer- gence, en confortant et en améliorant les cier l’ORF pour l’organisation de ce colloque •2• Cela sera le thème de nos débats toute la Grand Paris. Ce Grand Paris, il va enfin être tique foncière efficace et adaptée. Je parlais aussi au problème de la zone dense. Il concrétisé sous toutes ses formes : des défis de l'Île-de-France ; le premier d'en- s’agissait également de construire pour le • projets structurants communs à l'ensem- tre eux – vous le savez – c'est le logement. futur, en garantissant une meilleure coordi- ble de la Région avec le réseau de trans- L'action foncière qui sera menée au cours nation de l'ensemble des échelons et une port dont les travaux vont commencer de ces prochaines années, en lien avec les meilleure cohérence des politiques pu- dès le mois de septembre ; projets de développement et la préfiguration bliques. • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • entre métropole et territoires - que le texte Ces échelons – si l’on veut arrêter d’avoir jets, sont aussi nécessaires pour garantir le des réflexions parallèles voire concurrentes développement et le rayonnement du Grand de loi devait être précisé. Ainsi, nous allons - ne doivent pas être opposés. Au contraire, Paris. Ainsi, la MGP pourra conduire des assurer l’efficacité dans la gestion des ser- il faut mieux les articuler. Dans le respect - opérations d’intérêt métropolitain. vices publics sans rien enlever aux solidarités créées par la métropole du Grand Paris. bien entendu - du principe de subsidiarité. En refusant également que s’additionnent Cette compétence était indispensable. Car dans les territoires de la zone dense, les Mesdames et Messieurs, la Région Capitale opérations urbaines sont très souvent com- - pour assurer son rayonnement ainsi que la plexes et nécessitent de fait, un traitement cohésion sociale - doit pouvoir disposer, à les outils existants. Ainsi, nous avons fait du particulier, voire de lourdes requalifications. côté de la Métropole, de pôles d'équilibre PLU intercommunal, la norme et nous avons Une ville seule ou même une intercommu- puissants. C'est la raison pour laquelle des pris des dispositions pour rendre plus effi- nalité seule, n'a donc généralement pas la pôles majeurs tels que Saclay, Roissy ou cace, l’action des établissements publics capacité de les concevoir ou de les porter. Marne-la-Vallée ont été volontairement lais- les pré-carrés. Nous avons souhaité, je l'ai dit, rationaliser sés en dehors de la MGP. C'est aussi la rai- fonciers. Monsieur Bouvelot, directeur général de l’établissement public foncier d’Île-de- Demain donc, grâce à la Métropole du son pour laquelle, les EPCI de Grande France, vous en parlera probablement Grand Paris, de grandes opérations immo- Couronne vont être renforcés. Pour doter mieux que moi, au cours des différentes ta- bilières pourront être menées. Je l'ai vu lors ces grands pôles, d'un système de gouver- bles rondes. de mes différentes visites en Île-de-France, nance à la hauteur des ambitions nationales comme à Cachan par exemple, où le dépla- qu'ils représentent et donner à tous les ter- En parallèle, nous avons donné à l'Île-de- cement du marché permettra de requalifier ritoires de la région, les moyens de porter France, avec la loi MAPTAM, tous les outils un quartier. des projets ambitieux. nécessaires pour qu'elle trouve son équilibre. Car c’est dans la zone dense, que s'exerce Pour que dès le 1er janvier 2016, la métro- Enfin, pour assurer une cohérence d’ensem- pole soit pleinement opérationnelle, nous ble et pour commencer dès à présent à tra- devons dès à présent travailler à sa mise en vailler sur la question du logement, une le plus fortement la tension sur le logement, œuvre effective. Pour ce faire, nous venons action à l'échelle de la région s'impose. la métropole a été créée sur ce périmètre, de créer une mission de préfiguration qui A donc été introduit par la loi MAPTAM, un en évitant l’effet « tâche d’huile ». Ainsi, nous s'appuie sur les services de la préfecture et document de planification régional en ma- avons mis en place un établissement public sur la fine connaissance du terrain des élus tière d'habitat : le schéma régional de l'ha- de coopération intercommunale possédant et de leurs services. bitat et de l'hébergement. Dès 2015, ce schéma sera élaboré par le conseil régional la totalité des compétences de la chaîne du logement : de la programmation à la produc- Cette mission de préfiguration, l'article 12 de en lien avec l'Etat, la Métropole du Grand tion, en passant par l’accompagnement des la loi le précise, devra également s'appuyer Paris, les départements franciliens, les éta- personnes mal logées. Et pour une plus sur un conseil des partenaires ainsi que sur blissements publics compétents et le comité grande intégration des compétences en- toute structure utile à la mise en place de la régional de l'habitat. core, l’Etat et le Département pourront dé- MGP. L’ORF est évidemment l’une d’entre Il fixera des objectifs globaux et, dans le res- léguer à cette Métropole, leurs propres elles, même si la loi ne le détaille pas. C'est pect des compétences dévolues à la Métro- compétences en matière de logement. - je crois - un très bon signe que vous ayez pole du Grand Paris, leur déclinaison déjà commencé à travailler. Je vous encou- territoriale. Pour mettre fin à l'éclatement des stratégies, rage donc vivement à nous faire parvenir la Métropole du Grand Paris élaborera, à votre approfondie, Dans cette nouvelle mission, le Conseil Ré- partir de 2016, son propre plan métropolitain comme vous le proposez dans votre rap- gional pourra utilement s'appuyer sur les tra- de l’hébergement et du logement. Les of- port. vaux menés par l'ORF. chés aux conseils de territoire, qui seront les Concernant la métropole du Grand Paris, le Mesdames et Messieurs, solidarités et com- instances de proximité de la future métro- cadre a été clairement fixé. Reste néan- pétitivité sont intimement liées. Il n’y aura pole. moins encore un point à préciser, sur le sta- pas de compétitivité du Grand Paris sans un tut des territoires. Vous avez je pense, suivi renforcement des solidarités. Parce que des Mesdames et Messieurs, la construction de les récents débats et leur issue : à la suite territoires qui décrochent, des inégalités qui logements en Île-de-France dépend de la d'une résolution de Paris Métropole, le gou- se creusent, ce sont autant de freins au dy- capacité à porter de grands projets straté- vernement a décidé - afin de gagner du namisme de la Région Capitale. Il n’y aura giques d'aménagement. Et ces grands pro- temps dans la répartition des compétences pas non plus de solidarité sans compétiti- contribution écrite fices publics HLM seront quant à eux ratta- • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • •3• vité. Car pour être solidaire, il faut pouvoir re- remarqué, la loi Maptam a rectifié les statuts compétitivité de notre territoire, il semble distribuer des richesses. Il faut donc pouvoir des établissements publics fonciers avec le qu'on ne puisse pas traiter séparément ces en créer. souci d’assurer la continuité de leurs activi- deux phases. tés opérationnelles. Attractivité et politiques de l’habitat sont Ensuite, les maires conserveront le permis également fortement liées. Car aujourd’hui, de construire jusqu'à la mise en œuvre de la le rayonnement international des grandes métropole. Si vous prenez la République agglomérations ne résulte pas uniquement Française, les tenants de la République sont de leur efficacité économique. Il dépend au nombre de deux : l'État et le maire. Entre La rénovation urbaine ne relève pas d’un schéma régional, il s’agit d’un dispositif na- également de leur capacité à attirer des po- les deux, ce sont des délégations de com- pulations, en proposant des « services adé- pétences et d'évolution. La nature des com- tional. Mais les moyens ont longtemps été quats ». En rendant ainsi la ville plus pétences n'est donc pas la même. éparpillés sur tout le territoire français car, lorsque la politique de rénovation urbaine a « désirable ». L’activité économique de la nos engagements de métropole ne pourra pas se résumer à la Parallèlement, création de zones dédiées. Car le cœur du construction doivent être forts. une propriété dégradée, ou moi j'ai des lo- développement, pour les quartiers les plus Certains réclament une carotte financière gements sociaux ». Nous ne réussissons en difficulté aujourd’hui, passera aussi par le pour les maires bâtisseurs mais je ne peux pas vraiment à faire rentrer dans la tête de développement d’une économie résiden- pas le faire en raison des communes rurales. nos interlocuteurs – et j'en faisais partie en tielle, basée sur les services à la personne. Il faut donc que nous réfléchissions à com- tant qu'élue locale – que dès qu'une poli- ment pousser les opérations qui sont prêtes. tique de ce type est décidée c'est qu'elle revêt un caractère d'urgence. été inventée, tout le monde s'est dit « Moi j'ai La clé de notre réussite donc, pour ce Mais nous allons d’ores et déjà alléger cer- Grand Paris, sera de prendre en compte ces taines contraintes d'urbanisme. Les places Avec François Hollande, nous avons décidé, interdépendances. Et car vous êtes des ac- de parking obligatoires seront diminuées si me permettez l’expression, de mettre le teurs indispensables de cette réussite, je pour les territoires bien desservis en trans- paquet sur la rénovation urbaine. L'idée est vous invite dès à présent à débattre de la ports en commun. Nous avons bien en- de concentrer les moyens sur certains quar- stratégie foncière à mettre en œuvre pour y tendu les opérateurs rappelant que sept tiers pour aller plus vite, notamment dans parvenir. années étaient nécessaires entre le constat votre département, la Seine-Saint-Denis. de friche ou le constat de carence, de la pro- Nous savons où se trouvent les zones qui Je vous remercie. Michel Dulimon, directeur de la promotion du Groupe Arcade La réforme que vous engagez est colossale priété et de l'indivision et le premier coup de en ont besoin car les maires et les conseil- pioche, nous réfléchissions donc à simplifier lers généraux nous ont fourni des éléments les démarches administratives pour la re- de diagnostic. Nous publions aujourd'hui la conversion des friches. Sur ces questions, carte et dans un mois et demi les opérations l'ORF et l’Épfif ont un rôle crucial à jouer en seront déterminées. Il faudra ensuite y aller ! amont. mais, dans l’attente qu’elle soit mise en œuvre, nous sommes dans un contexte de Mais vous avez quand même raison sur un Nous sommes aujourd’hui à votre écoute et point : on commence tout de suite la réno- gouvernance mouvant et je nourris une in- nous attendons que vous nous signaliez vation urbaine mais peut-être que nous ne quiétude certaine quant aux difficultés ren- tous les changements institutionnels et tous l'incluons pas suffisamment dans le schéma contrées pour sortir des opérations. les changements opérationnels qui pour- régional. Je retiens votre remarque. Je vais raient contribuer à la relance de l’aménage- recevoir des dizaines de courriers, de ment. plaintes. S’il faut savoir faire passer l'intérêt Marylise Lebranchu, Ministre de la Décentralisation et de la Fonction Publique Faire en sorte qu’il n'y ait pas de stop and général avant l'intérêt municipal, nous res- Corinne Valls maire de Romainville et vice-présidente du conseil général de Seine-Saint-Denis go de l’aménagement et de la construction •4• Marylise Lebranchu, Ministre de la Décentralisation et de la Fonction Publique pendant cette évolution institutionnelle est En ce qui concerne le logement, qui consti- une préoccupation que je partage avec le tuera le cœur de métier de la Métropole, j’ai Préfet Daubigny, à la manœuvre sur le le sentiment que la rénovation urbaine et le Grand Paris. Tout d’abord, nous sommes logement social n’ont pas été abordés de très attentifs aux grands chantiers d'aména- façon coordonnés. Mais si l'on veut pro- gement. Comme vous l’avez certainement mouvoir une vraie solidarité et donc une • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • tons à votre écoute et nous examinerons vos demandes tout en évitant une nouvelle dispersion des moyens. Table ronde 1 : Quelle relance à court terme ? Introduction Christophe Canu, directeur de l’ingénierie foncière et immobilière, AFTRP ; président du groupe de travail « La relance de l’urbanisme opérationnel : quelles pistes d’innovation ? » et de modes de faire innovants, en ZAC et la souplesse, libérer du foncier, mobiliser et hors ZAC, un projet urbain partenarial (PUP), motiver les élus bâtisseurs, associer les pro- des ZAC d’accompagnement, des partena- priétaires fonciers et les promoteurs, simpli- riats dans la durée entre aménageur et pro- fier et adapter les normes sont autant moteur, etc. Ces différents cas et le travail d’éléments réclamés par les acteurs publics déjà réalisé pour le PUCA par Thierry Vilmin et privés pour faciliter les opérations et aug- de Logiville et Marie Llorente du CSTB, sur menter leur rythme de sortie. les filières de l’aménagement, ont permis d’établir une grille d’analyse dont l’intérêt est Rémi Cambau d’abord pédagogique. En effet, elle permet On parle souvent de maires malthusiens mais, malgré des difficultés, à Romainville la production de logement se maintient. Quelle voie avez-vous trouvée pour maintenir ce niveau de production ? d’étudier le meilleur mode opératoire en fonction des enjeux urbanistiques et environnementaux, de la spécificité du programme La feuille de route qui nous a été proposée, et des équipements publics, de la com- était bien d’étudier les différents montages plexité du foncier, de la taille et la durée de opérationnels et de faire émerger des pro- l’opération, du marché immobilier local. positions pour une relance de l’urbanisme Au vu de ces critères et de leur mise en opérationnel. œuvre, le groupe a pu faire émerger des Le constat est simple, en 1990, 120 ZAC propositions structurées selon trois axes : ont été créées, contre environ 20 en 2012. • les bonnes pratiques : clarification des Parallèlement la production de logements a procédures en ZAC et hors ZAC, défini- poursuivi sa diminution, pour tomber à en- tion de secteurs d’aménagement futur in- Corinne Valls, maire de Romainville, vice-présidente du conseil général de Seine-Saint-Denis viron 35 000 en 2013, et des prévisions pour constructibles dans les PLU, associations Romainville est une commune qui compte 2014 sont peu réjouissantes. La production des aménageurs dans la gestion transi- 50 % de logements sociaux. L'objectif est hors ZAC ne permet donc pas aujourd’hui toire des équipements réalisés ; donc de trouver les moyens de développer la • des clarifications juridiques : précisions de mixité sociale. Nous nous sommes engagés ZAC. l’article 22 loi sur le Grand Paris, sécuri- dans un vrai programme de construction de lo- Je vous confirme qu’une augmentation sation du régime des ZAC sans maîtrise gements. Initialement, il était lié aux projets de de compenser la baisse de la production en massive et automatique du nombre de ZAC foncière ; rénovation urbaine puisque nous avons des ne pourrait pas résoudre seule les dysfonc- • des modifications législatives et réglemen- cités en centre-ville comportant 1 100 loge- tionnements structurels que rencontre notre taires : évolution du PUP vers un contrat ments et dont il fallait reconstituer l'offre. À partir secteur économique. Nous connaissons d’aménagement, sécurisation des permis de là, comme beaucoup d'élus, nous avons tous ces dysfonctionnements : fonciers pu- de construire en aval des procédures, flé- été confrontés aux questions foncières et ce blics lentement libérés, PLU trop restrictifs, chages des aides sur les opérations de même si nous avons encore des emprises fon- finances nationales et locales exsangues, long terme, évolution de l’assiette foncière cières disponibles. Les acquisitions restent SDRIF plus restrictif et explosion des prix de objet de la décote loi Duflot. quelquefois problématiques. sortie due, notamment, à l’empilement des normes de construction, l’augmentation du Mais ces propositions n’ont pas pour ambi- Alors, il est vrai que la volonté ne suffit pas prix des matières premières, l’allongement tion de résoudre seules la crise de la pro- pour construire. Mais des outils sont à notre des délais des procédures, l’augmentation duction de logements. En tant qu’acteur de disposition et permettent de dépasser cer- des recours. l’aménagement je constate la succession tains problèmes auxquels on peut se heurter. Par exemple notre convention avec Nos échanges ont pu témoigner de la formi- des études de faisabilité et pré-opération- dable envie des acteurs publics et privés de nelles portées par les collectivités territo- l'établissement public foncier d’Île-de- répondre aux besoins de la population. A riales, du dossier de création de ZAC, de la France (Épfif) qui nous permet de maîtriser l’inverse une grande frustration est exprimée consultation d’aménageur, de la reprise du foncier au fur et à mesure des opportu- face aux chiffres actuels de la production et d’études par l’aménageur désigné, des nités. Deuxième outil, ce que nous appelons les perspectives. études d’impact, du choix des promoteurs notre « charte promoteurs ». Cette charte a et bailleurs, du dossier de DUP, du dossier été élaborée dans un contexte où, de par Pour formuler des propositions de nature à de réalisation et, enfin, de la commercialisa- notre situation en première couronne, nous relancer l’aménagement nous avons donc tion des programmes, c’est-à-dire notre avions presque le choix entre les promoteurs auditionné des opérateurs qui ont en com- mode opérationnel actuel, ne permet pas de candidats à notre porte. Ces derniers ont mun d’avoir mis en œuvre des procédures sortir des prix de vente attractifs. Ajouter de donc allègrement signé cette charte qui, non • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • •5• seulement permet d'uniformiser les maté- construire, les mises en commercialisation. riaux, les conditions de construction et la Dire qu'il n'y a pas de terrains en Île-de- qualité des bâtiments, mais assure aussi un France, c’est se tromper de débat. Les ter- Pour ce qui concerne les organismes HLM, plafonnement des prix. Ce plafonnement est rains existent. Mais alors comment accélérer je suis tout à fait d'accord pour que nous valable pour les prix de sortie des loge- la production ? Il faut bien unir nos forces soyons mis en concurrence de façon à ce ments, pour répondre à la demande locale, pour contribuer à faciliter l'émergence que nous soyons des acteurs pleins et en- mais il vaut aussi pour les charges foncières. d'opérations nouvelles et cela passe par une tiers dans les processus d'aménagement. amélioration de la visibilité. Les chartes, en Sur ce point, nous considérons que les prix Rémi Cambau portant un coup d’arrêt à la surenchère des des charges foncières n'étaient pas le bon Les « chartes promoteurs » ont souvent été identifiées comme favorables à la sortie d'opérations à des prix accessibles. Est-ce que ce type de charte contribue à la production de foncier à des prix eux aussi accessibles ? charges foncières et en fixant des prix de critère de mise en concurrence, bien au sortie cohérents avec le marché contribuent contraire. L'implantation territoriale des bail- à améliorer cette visibilité. leurs dans les collectivités, la qualité de ges- Hervé Manet, président du pôle promotion d’Icade tion, la cohérence patrimoniale sont de loin Corinne Valls, maire de Romainville, vice-présidente du conseil général de Seine-Saint-Denis les meilleurs critères pour nous mettre en Pour ma part, j’ai le sentiment que la charte Les chartes contribuent-elles aussi à la modération des prix d’acquisition des terrains ? nous a permis de passer dans une autre phase de relations avec l'ensemble des promoteurs. Nous sommes engagés dans une L'acte de construire est un acte fort que démarche partenariale avec pour objectif nous faisons à la seule et unique condition commun de produire des logements. d'avoir des clients. Des clients, aujourd'hui, qui sont de plus en plus rares. Donc la diffi- Rémi Cambau culté rencontrée est de savoir comment re- La surenchère des charges foncières est souvent incriminée comme un élément grevant l’équilibre économique des opérations de construction et contribuant au niveau élevé des prix de sortie. donner confiance à notre clientèle. Cette confiance passe par la production de droits à construire compatibles avec le marché, par une bonne conception d'ouvrage, une charte avec un engagement bilatéral entre la municipalité et celui qui est amené à construire. Parallèlement, le client doit être rassuré sur la pérennité et sur la stabilité de son investissement. Une charte, c'est comme un pacte : nous nous engageons bilatéralement à réussir concurrence les uns avec les autres. Rémi Cambau Corinne Valls, maire de Romainville, vice-présidente du conseil général de Seine-Saint-Denis En amont nous sommes toujours confrontés au coût élevé d'acquisition des terrains. J’interpelle le préfet de région au sujet d’une ZAC de Romainville à l’arrêt depuis a minima quatre ans. Il s'agissait d'acquérir les talus de l'autoroute A3 de part et d'autre et de la couverture. En 2007, l'État nous disait que ces talus coûtaient 300 000 €. À l’époque, Thierry Lajoie, président directeur général de l’AFTRP ce prix nous paraissait déjà élevé car nous Je propose que tous les opérateurs publics déficitaire qui avait imposé de relever les commencions sur les vestiges d’une ZAC une opération. Pour cela, il faut vérifier que s'engagent – et quand je dis « opérateurs densités. Nous avons tenté de négocier le ce que nous avons décidé de voir se réaliser publics», j'y inclus les collectivités – à cesser prix d’acquisition pour, finalement, aboutir se concrétise effectivement. Si ce n'est pas les consultations de promoteurs qui condui- voici deux ans à 600 000 €... Les discussions se sont poursuivies jusqu’à l’arrivée de le cas, il faut alors réfléchir à la flexibilité de sent aux enchères foncières. La charge fon- chacun des acteurs en présence pour y par- cière peut être la résultante d’un projet la loi Duflot sur les terrains de l'État. À ce venir. Je suis très favorable aux chartes, elles convenu dans le cadre d’un mécanisme moment, nous avions un promoteur qui avait matérialisent le fait que nous formons une contractuel. Je rappelle que l'appel d’offres commencé à commercialiser son projet et chaîne et que chacun doit contribuer à la est obligatoire pour dépenser de l'argent. En était en capacité de commencer la réussite des opérations. Aujourd’hui nous avons besoin de construire •6• Stéphane Dambrine, président de l’AORIF revanche, pour créer de la recette, il ne l'est construction. Nous avons tenté de saisir pas. C'est une invention de certains acteurs l’opportunité qui se présentait alors et qui publics que ça arrange. Nous ne sommes nous aurait permis d’équilibrer le bilan de et nous sommes dans une zone tendue. Il pas obligés d'organiser des consultations de l’opération. Les terrains qui nous intéres- faut redresser tous les indicateurs qui sont promoteurs, ni de concourir nous-même à saient étaient bien dans l’arrêté publié par le les nôtres : les dépôts de permis de l'enchérissement perpétuel du foncier. préfet. L’estimation des terrains avec la dé- • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • pas. Mais personnellement, je suis de ceux cote est tombée voici quinze jours : 1,7 million d'euros... L’acquisition des terrains est Rémi Cambau qui pensent qu'il ne serait pas injuste qu'une aujourd’hui complètement bloquée. Il faut La relance de l’aménagement n’est pourtant pas qu’une affaire d’accès au foncier dans des conditions de prix permettant la réalisation des opérations, n’est-ce-pas ? forme de péréquation entre, par exemple, la mesurer que cette opération devait permettre à des familles actuellement logées dans le parc social d’en sortir. Ce type de mésaventure porte atteinte à toute notre politique de l'habitat et de mixité sociale. La ZAC est aujourd’hui plantée un peu plus part communale des droits de mutation à titre onéreux puisse s'exercer pour financer des équipements publics dans les projets d'aménagement. Je suis également de ceux qui pensent que les fonds d'épargne de la Caisse des Dépôts continuent d'être suffisamment dotés pour que des prêts, par longtemps. En attendant, on ne répond pas population. Nous ne remplirons pas non Thierry Lajoie, président directeur général de l’AFTRP plus les obligations de production de loge- Premièrement, dans un contexte de réorien- équipements publics. En la matière, des so- ments du CDT. Tout cela parce que les éva- tation des politiques publiques par le gou- lutions peuvent être trouvées sans nouveaux luations de France Domaine ne servent pas vernement, je pense que des efforts et des crédits budgétaires. aux besoins de logement exprimés par la exemple à taux intéressants, puissent être consentis aux collectivités pour financer ces à un objectif de construction mais visent à simplifications sur les normes sont néces- faire rentrer un maximum d’argent. saires. Je voudrais citer deux exemples. Tout Troisièmement je pense que nous devons d’abord, j'appelle à ce qu'il soit mis fin à la agir sur le temps. Sans démagogie : pour sor- Thierry Lajoie, président directeur général de l’AFTRP schizophrénie invraisemblable de l'État qui tir une opération d’aménagement à Pékin il formule une injonction paradoxale et perma- faut deux ans, à Moscou quatre ans, à Lon- nente pour ses propres services, comme dres six ans, mais à Paris comptez douze Madame la Maire de Romainville illustre par pour ses opérateurs, en disant d'un côté : ans ! Nous avons un vrai problème ! Alors, il ses propos les problèmes posés par le rap- « Valorisez votre foncier dans un souci de y a un certain nombre de choses qui peuvent port de l'ORF. Pour reprendre l’expression bonne gestion des finances publiques » et être améliorées, à droit constant, en faisant de Madame la ministre, à ce niveau de pro- de l'autre côté : « Mobilisez le foncier pour évoluer les façons de travailler des acteurs. blèmes, nous ne sommes plus avec un ou qu'il soit utile à la construction de loge- Sur les estrades on parle de coproduction ur- des cailloux dans la chaussure, mais avec ments ». Cela crée le plus grand des dés- baine, d'urbanisme négocié, d'urbanisme de une pierre ! Le foncier n’est pas rare, il existe ordres et ralentit bien des projets. Cela ne projet : de quoi s'agit-il ? Pourquoi ne le fai- en zone dense et au-delà de la zone dense, peut plus durer. La décote du foncier public sons-nous pas davantage ? Il faut nous met- dans toute l'Île-de-France. Sa rareté étant a été présentée comme une solution, mais tre autour d'une table à l'amont des projets, en quelque sorte « organisée » et c'est cette il est trop tôt pour en juger les résultats. tous ensemble avec le marché, pour définir rareté qui provoque sa cherté. Le foncier L'AFTRP propose de s’inspirer de sa pra- collectivement les contours des opérations : pèse en moyenne pour 30 % du bilan d’une tique qui consiste à déterminer un prix plan- peser sur le plan masse, la densité du projet, opération d'aménagement en Île-de-France, cher du foncier et à introduire dans le contrat pour choisir les urbanistes, veiller à la com- voire 40 % en zone dense et sans doute entre l'acquéreur et le cédant une formule mercialité du projet, en même temps qu'à sa 50 % dans Paris. L’exemple de Romainville d'intéressement et d'initiative. Il s’agit d’une qualité ou sa durabilité. Cela garantirait qu’in m’inspire trois réflexions. clause de retour à meilleure fortune : à la fin fine les charges foncières sortent à des prix Premièrement, il faut massifier l'offre fon- de l'opération, celui qui a cédé le terrain à qui soient la résultante d'un accord, mais cière, considérer qu'un endroit n'est pas bas prix, et qui garantit donc la faisabilité aussi sans risque, et donc offrant une meil- éternel, immuable, mais qu'il peut changer, d'une opération, s'en retrouve récompensé leure visibilité pour les opérateurs. Cette bouger. en fonction de la plus-value que l'opération construction collective est tout à fait possible Deuxièmement, il faut densifier car sinon les aura pu dégager. aujourd'hui, mais nous le faisons insuffisamment. bilans d'opérations d'aménagement ne peuvent pas y survivre. Alors bien sûr, la densi- Deuxièmement, au sujet des aides aux fication doit être confortable, mais il faut maires bâtisseurs : on ne peut pas au- densifier. jourd'hui demander aux pouvoirs publics Troisièmement, il faut transgresser. Les es- d'organiser une aide aux maires bâtisseurs paces ne manquent pas, notamment autour sur crédits budgétaires car l’état des fi- des gares du Grand-Paris Express. nances publiques ne le permet sans doute • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • •7• Rémi Roché, président du SNAL Îlede-France tions urbaines les principaux propriétaires les opérations de promotion ne sortent pas fonciers sont les organismes HLM et à ce pour des raisons de marché ou des ques- Christophe Canu avançait deux chiffres : titre ce sont des acteurs à associer très en tions de recours. La VEFA est devenue ex- 120 nouvelles ZAC par an au cours des an- amont des opérations. cessive nées 1990 contre une vingtaine actuelle- Enfin, parmi les formes d'aménagement que l’opération de la Gare d’Auteuil à Paris : le ment. Il faut bien percevoir que ces ZAC nous pourrions expérimenter, il y a un texte promoteur engagé dans l’opération ne lance sont complexes et longues à mettre en qui n'a jamais été utilisé et qui concerne la pas la construction car des recours ont été Île-de-France. Prenons place et suscitent des procédures qui pa- capacité des organismes HLM à créer des déposés et mettront plusieurs années à être raissent parfois redondantes : une ZAC né- sociétés d'aménagement. Cela permettrait purgés. Heureusement, nous sommes dans cessite en moyenne entre cinq à six aux bailleurs d'apporter leur savoir-faire mais le cadre d’un partenariat avec ce promoteur enquêtes publiques tandis que la révision du aussi leurs moyens financiers. N’oublions et non de VEFA. Paris Habitat a donc pu lan- PLU en nécessite elle aussi une ! Le mon- pas que nous avons des capacités de por- cer la partie logement social, considérant tage appelle lui aussi son lot d’études : tage, notamment grâce aux dispositifs mis que, les recours possibles ont peu de études environnementales, d'impact, etc. en place par la Caisse des Dépôts et avec consistance. Si cette opération avait été Ces procédures expliquent en partie le l'Épfif avec qui nous expérimentons, par montée en VEFA, ces logements sociaux ne temps extrêmement long nécessaire pour exemple, des montages dissociant foncier sortiraient pas de terre. faire émerger une opération d’aménage- et bâti. Seconde difficulté à l’horizon : suite aux ment. Il ne s’agit pas d’un problème financier. Si ces enquêtes et études pouvaient Rémi Cambau élections municipales, certains projets sont être mutualisées, cela permettrait de gagner Les organismes HLM sont donc en mesure d’intervenir dès aujourd’hui pour relancer la construction ? aujourd’hui remis en cause. C'est un sujet un temps précieux. Voilà une mesure concrète ! Rémi Cambau qui nous préoccupe beaucoup parce que nous avons une responsabilité collective de produire du logement social. Le Président de l'Union sociale pour l’habitat et l'ensem- Stéphane Dambrine, président de l’AORIF ble des associations régionales ont écrit à la Je souhaite rappeler que le monde HLM se dispositif opérationnel de suivi des dossiers préoccupe du court terme et s’est d’ores et qui sont bloqués. Nous attendons de l'État déjà mobilisé puisque nous avons signé un peu de pédagogie afin que les projets qui Stéphane Dambrine, président de l’AORIF avec l'État, la Région Île-de-France et, bien sont engagés et sur lesquels les ordres de sûr, Action Logement, un engagement fort service sont prêts ne soient pas remis en Je partage complètement la vision de en matière de relance de la construction de cause. Eu égard aux besoins considérables Quel rôle les organismes HLM pourraient-ils jouer dans cette coproduction urbaine ? Ministre Sylvia Pinel pour mettre en place un Thierry Lajoie : il faut s’engager dans un logements sociaux. Alors que la Métropole que nous connaissons en Île-de-France, aménagement partenarial et je pense que est annoncée pour 2016, cet engagement nous appelons à une continuité républicaine les organismes HLM ont leur place pleine et porte sur 2013, 2014, et 2015. En 2013, dans la gestion de la construction dans entière dans ce processus. Aujourd’hui, une nous avons produit plus de 30 000 loge- notre région. part considérable des logements sociaux ments, dont 24 000 logements bâtis. Les or- produits le sont par le privé et vendus en ganismes HLM contribuent donc à plus de Rémi Cambau VEFA aux bailleurs. Initialement, la VEFA était 30 % de l’objectif 70 000 logements essentiellement utilisée pour des petites construits chaque année en Île-de-France. Parmi les difficultés rencontrées aujourd'hui, vous ne citez pas la valorisation foncière et les niveaux de prix ? opérations mixtes, en recyclage, en densifi- •8• en cation de centre-ville. Dans les opérations Néanmoins, deux obstacles se profilent à d'aménagement, la VEFA se justifie relative- l’horizon. Premièrement, nos estimations ment peu. Pourtant certains immeubles laissent prévoir une baisse de la production composés uniquement de logements so- de 8 à 10 000 logements. Cela résulte en ciaux sont réalisés en VEFA ! Je pense que partie des programmes développés par le nous avons dépassé une limite et qu’il faut privé et rachetés en VEFA par les bailleurs. Stéphane Dambrine, président de l’AORIF Dans le cadre de l’accord État, région Île-de- revenir à une maîtrise d’ouvrage des orga- Aujourd’hui, un certain nombre de projets de France et Action logement, il faut signaler les nismes HLM. Par ailleurs, dans les opéra- logements sociaux sont bloqués parce que efforts importants effectués par le 1 % pen- • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • Rémi Cambau dant pour ces trois années en région Île-de- Nous sommes actuellement en discussion France. Aujourd’hui nous disposons d’une avec la Préfecture de région car beaucoup grande visibilité et les problèmes de finance- de territoires franciliens sont en zone B2, ment ne constituent pas l’obstacle le plus sous prétexte d'un certain éloignement à important. En effet, nous avons la chance de Paris. Or le SDRIF 2030 est maintenant ap- connaître actuellement des conditions finan- prouvé et il promeut un développement po- cières extrêmement favorables, notamment lycentrique de la région. Avec Madame L’accession sociale constituerait donc un segment porteur pour la relance de la construction ? Hervé Manet, président du pôle promotion d’ICADE au niveau des taux d'intérêts. Nous avons Cosse nous avions plaidé pour que des des capacités d'emprunt sur des durées pôles de centralité identifiés au SDRIF béné- L'accession sociale représente pour nous la très longues. Bien entendu, le niveau des ficient d’un classement plus intéressant. primo-accession, particulièrement celle des charges foncières est un sujet de préoccu- Nous aimerions que ce zonage, qui touche personnes qui sortent du parc social . Et au- pation important. Mais au vu du contexte de aussi le social et qui a un impact direct sur jourd’hui, les facilitateurs du parcours rési- pression que nous connaissons depuis plu- le développement des territoires, soit mis en dentiel vers l'accession sociale sont les sieurs années, je pense qu’il s’agit d’un élé- cohérence avec le projet spatial porté par le zones ANRU et leurs abords grâce au taux ment que nous avons su surmonter. schéma directeur. Lors du dernier colloque de TVA réduit à 10 %. Rémi Cambau Les organismes HLM semblent jouir d’un bon accès aux financements, qu’en est-il du côté des aménageurs privés ? du SNAL, les maires de Seine-et-Marne Nous regrettons d’ailleurs la réduction de sont intervenus en disant que les bailleurs 500 à 300 mètres du rayon autour des sociaux refusaient d’intervenir chez eux, en zones ANRU dans lequel les opérations raison de leur zonage. Nous le voyons régu- étaient éligibles à la TVA réduite. Pourtant ce lièrement dans les opérations. dispositif permet de sortir des opérations compatibles avec les marchés locaux et qui Il est donc impératif de tenir compte de ces concourent à la réalisation du parcours rési- pôles de centralité. Ces propositions de- dentiel des citoyens. Rémi Roché, président du SNAL d'Île-de-France vraient être arrêtées au cours de l’été et il Ce qui nous choque essentiellement c'est que nous avons proposé. D'autre part, alors que l'accession sociale soit en panne. À que l’on parle de choc foncier, il faudrait que faudrait qu'elles aillent dans le sens de ce Stéphane Dambrine, président de l’AORIF l’échelle nationale, il est produit environ la mise en œuvre de ce nouveau zonage soit Auparavant réservé à quelques initiés, la ma- 120 000 logements par an sous l'étiquette immédiate et non retardée au 1er janvier jorité des organismes HLM a aujourd’hui in- sociale et l'intermédiaire, dont on parle 2015. Dès que nous disposerons d’un zo- vesti le segment de l’accession sociale, soit beaucoup, représente autour de 30 000 ning qui corresponde bien à la réalité de la directement, soit au travers de filiales. Cela unités, soit un total de 150 000. Il y a quand région, il faut absolument passer à la phase est particulièrement vrai dans les zones même plus qu'un viaduc à franchir pour par- opérationnelle ! ANRU où nous avons été parmi les premiers, je crois, à nous battre sur le fait qu’il venir aux 500 000 ! Par ailleurs le livret A est mal utilisé. Alors s’agissait d’une véritable diversification de Nous pensons que l'accession sociale est que le taux du livret A va passer à 1 %, il y a l’offre. Il faut rappeler l’existence du Prêt so- complètement en panne du fait du calibrage certainement des pistes pour favoriser l'ac- cial location-accession (PSLA) qui sécurise actuel du Prêt à Taux Zéro (PTZ). Il ne faut cession sociale avec un Prêt à Taux Zéro le parcours résidentiel ascendant des loca- pas oublier qu’il y a quelques années le PTZ mieux positionné. Car même si les taux ne taires en leur garantissant que les risques fi- représentait 230 000 logements chaque sont actuellement pas très élevés dans l'ac- nanciers pourront être pris en charge et, année à l’échelle nationale. Cette année, cession, il pourrait y avoir des prêts complé- qu’en cas d’accidents de la vie (plus souvent nous en sommes à 37 000 utilisés sur à mentaires entre le PTZ et les prêts liés à des séparations qu'à des problèmes peine 6 mois. Les crédits sont là mais sont conventionnels qui tournent autour 3,5 %. d'emploi), ils pourront retourner dans le parc mal utilisés. Cela pourrait être un vecteur de la relance locatif social. Avec le PTZ les aides sont proportionnelles de l'accession sociale. Alors je suis évidemment d'accord pour af- au zoning : A, B, C (avec déclinaisons A bis, firmer qu'il faut développer l'accession so- B1, B2), sachant qu’il n'y a pas de zone C ciale à la propriété. Aujourd’hui elle est en Île-de-France. Les aides les plus impor- encore plus contraignante que le locatif en tantes concernent les zones A, A bis et B1. termes de niveau de charges foncières • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • •9• puisque, contrairement au locatif, il n'y a pas peut le faire sur son propre foncier, mais il de dispositif d'aides budgétaires permettant peut aussi inciter les collectivités à le faire. Par contre, je relativiserais l'affaire du pas- pas construire, l’État est-il en mesure d’in- sage du rayon de 500 à 300 mètres car la tervenir ? Est-il capable de lui dire : « Alors, Intervention d’Emmanuelle Cosse, vice-présidente de la région Ile-deFrance plupart des opérations se réalisent mainte- vous avez une difficulté, comment pouvons- La question des actions à entreprendre à nant directement dans les quartiers, sur les nous vous aider ? Quelle est cette difficulté ? court terme revêt une importance primordiale. terrains que nous avons libérés par des opé- Pourquoi cette réticence ? ». Évidemment si Je crois qu'il faut faire preuve de franchise : rations d'aménagement. Mais je partage la elle n'est qu'électorale, j'imagine que les so- on parle d’une Métropole opérationnelle en vison d’Hervé Manet, dans une optique de lutions seront complexes à trouver. Mais 2016, mais ce sera peut-être plus tard, il faut de réaliser des opérations dans des condi- Ces deux acteurs posent la question de la tions un peu plus confortables. régulation : quand un territoire ou une collectivité ne peut pas ou, cela arrive, ne veut relance de la construction, cela paraît relati- j'ose espérer que le malthusianisme n'est avoir le courage de le dire ! Nous travaillons vement facile de dynamiser ce segment. En pas électoral. Les collectivités ont parfois de dès maintenant à la mission de préfiguration effet, il s’agit du marché de la primo-acces- vrais problèmes et l'État peut jouer son rôle de la Métropole mais, étant donné les impli- sion. Contrairement aux autres acquéreurs bénévole et accompagnateur. Des disposi- cations de cette création en termes politiques, qui doivent revendre leur bien pour se porter tifs existent d’ores et déjà, si les collectivités de territoires, de construction juridique, de acquéreur d’un nouveau logement, et ce souhaitent les solliciter. Le dispositif de la compétences ou encore de transfert de fonc- dans un marché de plus en plus grippé, ici métropole du Grand Paris est d'ailleurs né, tionnaires, cela va nécessiter beaucoup de le problème ne se pose pas. quoi qu'on en dise, de cette situation-là, de temps ! ce désir de mise en mouvement. En tant que vice-présidente de la région Île- Rémi Cambau La mobilisation du foncier de l’État et l’intervention des EPF représentent deux moyens de mobiliser du foncier, mais que peut-on encore envisager pour augmenter l’offre de foncier ? de-France en charge du logement, du foncier Enfin, les opérateurs doivent continuer à se et de la rénovation urbaine, ma préoccupation moderniser et, surtout, à agir ensemble. concerne ce que nous pouvons faire dès L'exemple de la fusion des EPF est un maintenant. Et, à bien des égards, nous exemple de modernisation qui doit servir à sommes aujourd'hui face à un mur. la mise en mouvement. Le pacte des amé- Cela fait déjà quelques années que les ac- nageurs publics constitue un autre exemple teurs car, autour du réseau du Grand Paris Ex- constat : celui de la crise du logement, de press, qui représente une dépense de l'or- la crise de la construction. D’où cette néces- franciliens partagent un même dre de 30 milliards € par l'État, il faut mettre sité à agir plus vite et mieux, de se mobiliser Thierry Lajoie, président directeur général de l’AFTRP en œuvre les moyens permettant aux terri- collectivement, acteurs du foncier, de l'amé- toires de donner leur contrepartie à cet in- nagement et du logement. La situation ac- Alors, d'abord, je crois qu'il faut partir d'une vestissement termes tuelle appelle de nouveaux dispositifs, qu’il idée simple. Il ne peut pas y avoir de massi- d’opportunités foncières et de construction s’agisse des expérimentations de l'EPF Île- fication sans mobilisation générale. La res- de logements. Et je ne parle pas des 11 mil- de-France pour dissocier le foncier du bâti, ponsabilité ne revient pas d'abord ou lions de m2 de bureaux envisagés dans les ou de la cession du foncier public, ou encore exclusivement à un acteur ou à un autre. contrats de développement territorial, alors de l'engagement financier d’un certain nom- C'est une affaire de mobilisation générale. qu’avec 50 millions de m2, nous sommes bre de collectivités. L’État doit en prendre sa part. J'ai parlé tout déjà le premier territoire européen en termes à l'heure de l'aide aux maires bâtisseurs qui de bureaux et que 4 millions de m2 sont ac- Nous ne manquons pas d'outils, ni d'ac- permet d'aider à la sortie des opérations. tuellement vacants ! teurs engagés, ni de volonté politique pour colossal en J'ai parlé de la stratégie patrimoniale, fon- le faire. Pourtant, cela ne suffit pas. cière et immobilière de l'État qui doit permettre de faciliter, de mon point de vue, la • 10 • Aujourd'hui, un nouveau problème se fait faisabilité des opérations. Au-delà, je pense jour : les élections municipales ont remis en qu'il n'est pas inutile que l'État continue de cause bien des projets. Sans ouvrir le débat s'interroger sur le bon moyen de construire pour savoir à qui devrait revenir la délivrance davantage et mobiliser plus de foncier. Il des permis de construire, nous pourrions • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • imaginer une instance plus partagée qu’une un immeuble de bureaux, à côté de la Gare être capables d’agir dès maintenant, sans instance municipale. Imaginez que, d’un Saint-Lazare. Nous rêvions depuis long- attendre la mise en œuvre de la Métropole. côté, l’État signe des CDT qui donnent la temps de la fusion des EPF régionaux et elle Nous disposons des outils et des opérateurs déclinaison municipale des constructions de va enfin arriver ! Pour l'ensemble des per- capables de maîtriser du foncier, il reste en- logements et qu’il indique aux communes le sonnes qui travaillent avec un EPF, cela re- core de l’argent dans les caisses des collec- nombre de logements à anticiper dans leur présente la possibilité d'avoir un travail qui tivités locales, allons-y ! PLH et que, d’un autre côté, des opérations ira plus loin et plus vite. financées, de logements sociaux notamment, sont bloquées faute de permis de Ensuite, la région Île-de-France se lance construire délivré par les maires ! Dans notre avec l'État dans l’élaboration du schéma ré- pays, il y a eu une volonté de décentraliser gional du habitat et de l'hébergement un grand nombre de compétences. Je (SRHH). Nous souhaitons avancer rapide- pense que c'est un atout, notamment pour ment dans la définition de ce schéma afin la vie citoyenne, mais il est certain que nous d’établir les besoins de logements et, sur- avons aujourd’hui besoin de savoir qui fait tout, leur typologie : logements familiaux, lo- valoir l'intérêt général. gements pour les jeunes, logement pour personnes âgées, etc. Le SRHH nous offre Autre contradiction, la schizophrénie quant également l’occasion de transmettre aux à la cession et l’évaluation des fonciers pu- élus des messages qu’ils ont du mal à en- blics alors même que nous avons au- tendre : comment se répartit l'offre d'héber- jourd’hui une loi qui traduit un engagement gement très social en Île-de-France ? Quels présidentiel sur la vente des terrains de sont les territoires qui réalisent le plus d’ef- l’État. Un grand nombre de programmes forts pour loger les publics les plus en diffi- sont à l’arrêt du fait d’évaluations incompa- culté ? Où sont les manques ? Nous tibles avec l’équilibre économique des opé- pourrons aussi parler de l’habitat indigne et rations. Il faut tirer la sonnette d’alarme insalubre qui pose des questions de recy- auprès de l’État afin que des solutions soient clage foncier importantes. Nous avons pré- trouvées à ces blocages : nous ne pouvons senté ces cartes il y a quelques mois en pas continuer à être très exigeants envers comité régional de l'habitat, et nous avons les territoires et faire du sabotage sur une pu constater quel était leur impact. mesure qui est essentielle. Autrement comment les élus peuvent-ils conserver leur cré- Enfin, je souhaiterais conclure sur l’implica- dibilité auprès de leur population ? À tion de la population. Nous assistons à des l’échelle régionale, s’il est attendu que Ré- débats récurrents sur la question de la len- seau Ferré de France éponge la dette ferro- teur de l’aménagement en Île-de-France viaire en vendant ses terrains au prix fort, alors que tout semble se passer si rapide- nous n'arriverons jamais à construire dans ment à Pékin. Je souhaiterais rappeler que beaucoup de zones que le SDRIF a identi- la démocratie est quelque chose d'essentiel. fiées pour densifier la région Île-de-France. Je le dis à raison parce qu'il ne faut pas se bercer d’illusion et penser que nous pour- Néanmoins, puisqu'il faut agir dans l'ur- rons nous passer de la population pour gence, il me semble que des choses inté- aménager, l’inflation des recours l’illustre ressantes sont déjà en cours. Elles peuvent bien. Prenez en exemple les programmes de être utiles pour agir sur le court terme tout rénovation urbaine : ceux qui ont le mieux comme à long terme. Partout où les établis- fonctionné sont ceux où six mois avaient été sements publics fonciers sont intervenus, consacrés à la discussion avec les habitants nous avons constaté une réussite impor- de ces quartiers. N’oublions pas la popula- tante. L'Épfif a même fait la démonstration tion au côté de la mobilisation générale des qu’il est possible de sortir du logement dans acteurs. Ensemble, j'espère que nous allons • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • 11 • Table ronde 2 : Quelle stratégie pour demain ? Introduction Catherine Barbé, directrice des partenariats stratégiques, Société du Grand Paris, présidente du groupe de travail « Le foncier du Grand Paris : comment le mobiliser ? » identifié plusieurs conditions à la mobilisation • La question de la connaissance : il est ur- et accélérée. Les cessions aux villes ou gent de répondre à la question : où y a-t- aux aménageurs devraient être fixées à il du foncier mutable et à quelles une valeur compatible avec les coûts conditions économiques ? car le manque d’aménagement, dès lors que le pro- de documentation et d’observations ré- gramme de construction prévoit une ma- trospectives laisse place à la confusion jorité de logements. Dans ce but la décote des discours. devrait pouvoir s’appliquer aux terrains • La mobilisation foncière est d’abord un publics d’assiette de l’ensemble de l’opé- sujet qui relève de la compétence des col- ration d’aménagement. Des clauses de lectivités territoriales : des communes au- retour à meilleure fortune pourraient, le Ces quatre dernières années, la région Île- jourd’hui et demain aussi de la métropole cas échéant, être introduites dans les de-France a connu quatre bouleversements et de ses territoires. Comme il s’agit de conditions de cession. considérables de son cadre institutionnel : densifier et de modifier l’aménagement de • La capacité financière de portage foncier • la décision de construire un nouveau ré- quartiers existants, l’avis des habitants et de conduite d’études d’aménagement seau de transports en commun, le nou- doit être entendu et le rôle des élus com- des principaux aménageurs métropoli- veau Grand Paris express ; tains devrait être renforcée par des prêts munaux est indispensable. • la mise en place d’une programmation ur- • Les élus sont préoccupés par l’évolution à très long terme de la Caisse des dépôts baine à l’échelle des contrats de dévelop- des prix immobiliers et fonciers et souhai- afin de pouvoir anticiper au mieux les pement territorial (CDT) ; tent les contrôler : prix de vente des loge- aménagements pouvant être réalisés au- ments mais aussi prix d’achat par les villes tour de certaines gares du Grand Paris où • la création d’une gouvernance nouvelle à l’échelle de la métropole, la Métropole du pour les aménagements publics et les peuvent être mis en œuvre des projets ur- Grand Paris ; équipements. Il faut trouver des dispositifs bains importants. • l’approbation d’un nouveau document de planification stratégique, le SDRIF. Ces décisions prises à l’initiative de l’État et • La réalisation dans les délais impartis des répondant à cet objectif. • Les outils de l’action foncière sont pour nouveaux transports souterrains néces- l’essentiel suffisants et bien appropriés, site la mise en place d’un dispositif légis- de la Région Île-de-France partagent un ob- mais les compétences au sein des collec- latif permettant d’accélérer la prise de jectif constamment affirmé : construire da- tivités et les ressources d’ingénierie ga- possession des tréfonds. La SGP devrait vantage de logements au cœur de la gneraient à être renforcées et mutualisées faire des propositions à l’État, conjointe- métropole. La question de la mobilisation ment avec RFF et la RATP, pour qu’un à l’échelle des territoires. foncière est le préalable indispensable pour • Le temps est un facteur dont l’importance dispositif législatif puisse être adopté avant la fin de l’année 2014. atteindre cet objectif. Tous les acteurs pu- est mal prise en compte dans la mobilisa- blics et privés l’ont désormais compris. En- tion foncière : durée des études, des pro- core faut-il que les conditions nécessaires à cédures, marchés, tématiquement aidées par les EPF à coor- évolution des • Les collectivités locales devraient être sys- une augmentation de l’offre foncière soient calendriers de réalisations des infrastruc- donner et développer leurs actions réunies. tures de transport, des acquisitions fon- foncières aux abords des gares, particu- cières, des travaux d’aménagement et de lièrement pour les gares dont la zone d’in- Le groupe de travail a examiné les condi- construction, des mandats politiques. fluence intersecte le territoire de plusieurs tions de la mobilisation du foncier à quatre • La question du financement et du portage communes, en s’appuyant sur le travail de échelles territoriales différentes, de la plus à long terme est primordiale. Elle est pour- diagnostic foncier préparé par les mono- opérationnelle à la plus stratégique : l’échelle tant insuffisamment outillée et les investis- graphies de l’observatoire des quartiers de la gare et son quartier, l’échelle des CDT, seurs privés ne sont pas suffisamment l’échelle de la future métropole du Grand incités à se mobiliser. France. de gares. • Tous les CDT devraient comporter un volet foncier, afin d’appuyer les projets ur- Paris et, enfin, l’échelle de la région Île-de- • 12 • • La mobilisation par l’État du foncier public aux abords des gares doit être poursuive du foncier du Grand Paris : Pour toutes ces raisons, le groupe de travail bains sur des diagnostics fonciers docu- a formulé huit recommandations, délibéré- mentés et économiquement argumentés Au cours de cette année d’auditions et de ment très concrètes, afin d’optimiser la mo- et conduire à la réalisation d’un plan stra- réflexions, le groupe de travail de l’ORF a bilisation du foncier du Grand Paris. tégique foncier. • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • Des structures de portage foncier, inspirées de l’exemple de Foncière Commune, rage développement économique et urbain geons cette volonté avec l’ensemble des de la région. pouvoirs publics, l'État et les élus locaux. devraient être mises en place dans les ter- Ces objectifs, et singulièrement celui Pour y parvenir, nous rassemblons les infor- ritoires offrant des terrains mutables im- concernant l’aménagement, se déclinent en mations des principaux opérateurs publics, portants, en explorant avec les foncières fonction des types de gares. Parmi les de façon à ce que le dialogue s'instaure privées les conditions de leur participation soixante-neuf gares, les plus grandes sont avec les élus locaux. L’objectif de cette ré- à de telles structures. Une démultiplication les portes d'entrée de l'Île-de-France. Je flexion est de fournir les éléments permet- des financements, aujourd’hui trop exclu- pense en particulier aux aéroports. La liaison tant que, demain, soient saisies toutes les sivement publics, est indispensable pour entre la capitale et ses deux aéroports ap- opportunités d'aménagement et de transfor- pouvoir mobiliser efficacement à long portera un supplément conséquent d'attrac- mation des tissus urbains aux abords des terme le foncier mutable à l’échelle de ces tivité à la région capitale. soixante-neuf gares. grands territoires. Les gares de centralité, quant à elles, sont • La pratique des chartes de prix maitrisés des gares de proximité immédiate. Insérées Rémi Cambau devrait être étendue à l’ensemble du ter- dans un tissu urbain très dense, elles offrent ritoire de la métropole et s’appliquer éga- peut-être des opportunités foncières un peu La SGP aurait-donc plus un rôle de guide que d’opérateur ? lement aux cessions aux bailleurs sociaux. plus faibles. Mais ce sont des gares très im- • La question de la mobilisation du potentiel portantes car c'est là que sont assurées les foncier de la métropole doit être traitée interconnexions avec les métros, les RER, dès l’engagement du diagnostic métropo- les Transiliens. Elles permettent donc de dé- litain par la mission de préfiguration. Le multiplier bien au-delà des gares nouvelles groupe de travail considère indispensable l'effet de construction du Grand Paris ex- opérationnel, mais je ne pense pas que cela que l’ORF soit associé aux travaux de la press. soit la vocation de la SGP. Les établisse- Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris La loi nous autorise à faire de l’urbanisme mission de préfiguration. Il propose de li- Enfin, il y a des gares de nouvelles centrali- ments publics d'aménagement travaillent vrer dans les six prochains mois une tés. Je pense aux grands quartiers en deve- déjà sur nombre de gares. Il existe aussi des contribution approfondissant les ques- nir. La gare peut y jouer un rôle de sociétés d'économie mixte locales parfaite- tions soulevées dans ce chapitre du rap- déclenchement – comme au plateau de Sa- ment en mesure d’intervenir. Les élus, qu'ils port. tory – d'accompagnement ou d'accélération soient communaux ou des agglomérations, d'opérations sont tout à fait libres de choisir les outils qui Rémi Cambau Quelles sont les stratégies foncières à mettre en œuvre aux différentes échelles d'intervention et de développement de la région capitale ? Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris urbaines – comme aux Ardoines ou à Asnières-Gennevilliers. leur conviennent le mieux. Mais, effectivement, nous serons à la disposition des élus Pour nous, la mission essentielle de notre qui le souhaitent pour leur servir d’interlocu- Société est d'assurer la réalisation de la ligne teur et d'ensemblier de façon à ce que ces de métro, dans les temps et dans l'enve- opérations puissent voir le jour. loppe financière qui est fixée par le projet. Mais nous souhaitons évidemment saisir Rémi Cambau cette occasion pour enclencher des opéra- Le Grand Paris express va se traduire par la création de nouvelles gares, mais quels sont les enjeux fonciers autour des quartiers de gares existantes ? tions d'aménagement permettant la réalisation d’un nombre significatif de logements. Il existe aujourd’hui un consensus politique, économique et stratégique très fort autour La Société du Grand Paris reçoit, jour après du Grand Paris express car il répond à plu- jour, de nombreux constructeurs et promo- sieurs enjeux cruciaux. Le premier objectif teurs qui sont désireux de se lancer dans est évidemment de faciliter les déplace- des opérations tout à fait utiles mais aussi ments domicile-travail pour améliorer la vie faciles à réaliser. Mais il serait insuffisant de quotidienne des Franciliens. Le deuxième se limiter à ces projets. C'est pour cela qu’a est de désenclaver les quartiers mal desser- été lancé l'observatoire des quartiers de Je suis intimement persuadé qu'il est crucial vis car, dans les grandes métropoles mo- gare pour, gare après gare, identifier ce qu’il de travailler sur les futures gares, mais je Gilles Leblanc, Directeur Régional et Interdépartemental de l’Équipement et de l’Aménagement dernes, la mobilité est un facteur essentiel est possible de réaliser dans le rayon de 800 trouve un peu irritant qu’on ne s’investisse de cohésion sociale. Enfin, le projet encou- mètres autour des stations. Nous parta- pas autant sur les gares existantes. Je • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • 13 • pense qu'il est important de faire autour des lités de grande couronne. On veut nous im- ritoriales et qu’elles contribuent elles aussi à gares du réseau actuel le même travail que poser des intercommunalités de plus de cet effort de mobilisation. celui réalisé par l’observatoire des gares du 200 000 habitants alors que la commu- Grand Paris. Ensuite, aux abords des nom- nauté de communes à laquelle appartient Rémi Cambau breuses gares franciliennes existantes où les Montesson, la Boucle de la Seine, regrou- Comment l’Épfif vat-il pouvoir contribuer à cette massification de l’offre foncière ? possibilités foncières et de création de loge- pant actuellement sept communes repré- ments sont importantes, il faudrait conclure sentant 180 000 habitants. L’imposition de des accords entre les opérateurs de trans- communautés plus larges va diminuer le ports, les opérateurs d'aménagement et les poids de chaque commune et donc réduire collectivités. Nous savons que le potentiel la pertinence de l'intercommunalité. Les re- existe, des initiatives sont déjà en cours, et groupements suivant des logiques démo- pas uniquement à Paris. Mais pour que ce graphiques minent les cohérences potentiel soit identifié par tous et que la mo- géographiques. Pourtant aujourd’hui nous Il existe du foncier en Île-de-France, mais bilisation prenne de l’ampleur, il paraît indis- sommes en train de nous constituer en c'est du foncier plus compliqué qu’il y a pensable de développer des dispositifs communauté d'agglomération et l’associa- quelques années. Le terrain à bâtir d'au- tion fonctionne. La confiance s'est installée jourd'hui et de demain est un terrain déjà entre les différentes communes, nous bâti et souvent occupé. De plus, il faut d'observation, mais aussi les monographies. Rémi Cambau Quelle action une commune comme Montesson peut-elle entreprendre dans un tissu urbain bien desservi ? Jean-François Bel, maire de Montesson sommes en train de finaliser notre SCOT et s'adapter à une nouvelle donne territoriale : nous avançons sur l'action foncière. le SDRIF, la Métropole, le Grand Paris express et le plan de mobilisation des trans- Rémi Cambau ports constituent de grandes initiatives Certains de ces potentiels fonciers sont publics, que peut-on attendre de leur mobilisation ? publiques qui définissent les contours de Mon discours s’appuie sur mon expérience car, à Montesson, nous enchaînons les ZAC les unes après les autres tout en ayant la volonté de préserver notre agriculture locale en l'avenir régional jusqu'en 2030. Pour répondre à ces stratégies urbaines et de développement de long terme, nous Gilles Leblanc, directeur régional et interdépartemental de l’équipement et de l’aménagement avons la possibilité de mettre en place des stratégies foncières de long terme. La création d’un choc foncier passe par l’innova- protégeant 400 hectares de non bâti. Pour Grâce aux dispositions qui ont été prises le y parvenir nous sommes engagés dans la rythme annuel de la production de loge- certains terrains publics, on peut également densification du tissu urbain existant afin de ments sur le foncier public libéré a évolué : envisager de jouer sur la fiscalité. Mais au- tion, comme l’accélération de la libération de contribuer, à l’échelle de notre territoire, à la nous sommes passés de l’ordre de 3 000 delà de ce type de mesures pouvant contri- production régionale de logements. logements en 2009, à 7 000 en 2012 et buer à un déblocage à un moment donné, il Cependant, avec la suppression de l'établis- nous devrions atteindre 10 000 logements faut que d’autres dispositifs prennent le re- sement public foncier des Yvelines, j’ai peur en 2014. Et je ne compte que les terrains de lais pour engager une politique de l’offre pé- de ne plus avoir les moyens de réaliser nos l'État et les terrains des opérateurs du sec- renne. Par exemple, une fois que le objectifs. Si un EPF unique est mis en place, teur des transports. Ils sont aujourd'hui les gisement des terrains publics aura été il sera plus éloigné de nos populations et, seuls directement et explicitement mobilisés consommé, il faudra des terrains privés pla- par conséquent, moins opérationnel. Je dans le cadre du dispositif de décote. cés sous maîtrise publique, pour les recycler. pense que l'échelle du département est • 14 • Gilles Bouvelot, directeur général de l’établissement public foncier d’Îlede-France C’est pour cette raison qu’il faut innover en l'échelle pertinente pour la maîtrise publique Parallèlement, d'autres établissements pu- termes d’actions foncières à long terme. du foncier. Par ailleurs, il faut donner aux blics contribuent par leurs cessions à la réa- EPF les moyens de réaliser leurs missions. lisation d’opérations. Il s’agit des opérateurs Comment faire ? Comme nous l'avons déjà Certains blocages découlent de manques publics du secteur de la santé, comme l’AP- fait une fois à Plaine Commune, notre idée de personnel ou de la lourdeur des procé- HP, ou des établissements de l'enseigne- consiste à créer des véhicules de portage dures. ment supérieur et de la recherche. Et de réserves foncières de long terme, en Le débat institutionnel concerne aujourd’hui n’oublions pas qu’il y a aussi beaucoup de complément de l'action immédiate autour la finalisation de la carte des intercommuna- foncier public aux mains des collectivités ter- des gares réalisées de façon coordonnée • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • Rémi Cambau avec la Société du Grand Paris. En tant qu’acteur de référence qui porte une vision de long terme, notre souhait est de pouvoir reproduire le montage de la Foncière Commune partout où il y a des territoires en mouvement. J'espère que nous le ferons sur Comment sera mis en place l’EPF unique ? Gilles Bouvelot, directeur général de l’établissement public foncier d’Îlede-France long terme. Je constate que, trop souvent, les établissements qui interviennent en matière d'aménagement ont une vision un peu trop réduite de leurs projets. Ils veulent absolument les réaliser en cinq ou sept ans. Mais, hélas, ce n'est pas réaliste. J'invite vraiment tout le monde à avoir une analyse certains sites de grandes copropriétés où nous sommes commandités en association Tout d’abord, je voudrais rassurer les in- fine des capacités réelles d’écoulement des avec l'AFTRP. Et pourquoi pas avec d'autres quiets, les conventions en cours seront res- opérations. Nous pouvons, par exemple, ac- partenaires ? Tout le monde est le bienvenu pectées jusqu'à leur terme et prolongées. compagner un projet sur 15 ans, avec au capital de ces filiales, notamment la De la même façon, tous les collaborateurs 14 ans de différé s'il le faut. Je pense que ce Caisse des Dépôts mais aussi les bailleurs seront conservés. sont des démarches qui peuvent permettre D’autre part, les simulations financières que de monter de vrais projets avec des frais fi- nous avons faites révèlent que le grand EPF nanciers très faibles. sociaux et les constructeurs. Mais les innovations ne suffisent pas, il faut disposera d'une puissance de feu qui sera que les différents acteurs de la chaîne de évidemment supérieure, à pression fiscale D’autre part, pour ce qui est des recettes, il l’aménagement : les propriétaires de terrain, constante et à effectifs constants. Il fera faut non seulement considérer les terrains, l'opérateur foncier, l'aménageur, le promoteur, donc plus que les quatre EPF actuels réunis. mais aussi l’aménagement et l’équipement de ces terrains, l’ensemble pouvant être fi- le bailleur social, l'acquéreur, travaillent ensemble, simultanément et non de façon sé- Quant à son organisation, à sa proximité, je nancé par les prêts sur le fonds d'épargne. quentielle comme on l’observe trop souvent pense qu'il ne faut pas confondre réactivité Si nous regardons la manière dont nous aujourd’hui. C'est l'idée du pacte de l’aména- et proximité physique. Il y a des propositions pouvons accélérer la recette, sortir les opé- gement d'ailleurs : tirer tous ensemble ! dans le rapport que j’ai remis à Madame la rations et permettre aux opérateurs de les ministre qui concernent la gouvernance et réaliser, il y a un certain nombre de disposi- Autre élément, aujourd'hui nous organisons qui permettent de tenir compte de l'expres- tifs qui ont été mis en place. Par exemple des consultations de promoteurs à prix de sion des territoires. Des scenarii peuvent nous avons négocié avec l'AORIF la possi- charge foncière fixés. Les enchères portent aussi être envisagés pour maintenir le fonds bilité d'intervenir sur les fonciers jusqu'à sur la qualité sociale, environnementale, ar- départemental qui avait été voté au démar- 60 ans. Cela leur permet d'acheter des ter- chitecturale des projets, cela permet de sti- rage de l'EPF des Yvelines. Il est possible rains et de les mettre en valeur sur une muler la capacité d'innovation et de qu'il soit conservé par le département, en durée beaucoup plus longue. Mais il existe créativité des professionnels. Et lorsque l’on complémentarité avec l'action de l'EPF. aussi d’autres montages qui sont souvent parvient à des charges foncières maîtrisées, C'est l'idée du plan stratégique foncier. assez mal connus et qui ne sont pas utilisés par les collectivités. Je les invite évidemment en contrepartie, les prix de vente sont maîtrisés. Enfin, l'intelligence foncière doit être encouragée. Les éléments méthodologiques, portés par l'ORF et les opérateurs fonciers, Rémi Cambau Comment la Caisse des Dépôts peut-elle apporter son concours à la mobilisation foncière ? dans leurs nouvelles organisations institutionnelles : les territoires doivent se doter de plans stratégiques fonciers. amont dans ces projets : nous pouvons peut-être apporter des conseils en la matière. Nous réfléchissons actuellement avec les sociétés HLM sur les dispositifs de démembrement foncier. Pour l'instant, ce n'est commencent à voir le jour. Il faut les mettre davantage à la disposition des collectivités à nous en parler, à nous associer plus en Catherine Pèrenet, directrice interrégionale Île-de-France de la Caisse des Dépôts et Consignations encore qu'une réflexion, mais nous espérons pouvoir aboutir sur quelque chose de concret en la matière. L'ADN de la Caisse des Dépôts est celui du long terme. En ce qui nous concerne, le Le prêt à long terme d'intérêt général de la court terme c'est un prêt à 15 ans tandis Caisse des Dépôts est parfaitement adapté que les prêts à long terme courent sur au temps long nécessaire à la réalisation de 60 ans. L'idée est donc d'accompagner le grandes stratégies. Si les mesures de court plus possible les dispositifs permettant de terme sont à prendre rapidement, il faut mobiliser les fonciers par des prêts à très aussi enclencher tout de suite ce qui sera la • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • 15 • ville dans 10 ans, 20 ans, 30 ans. Nous le faisons déjà avec la Société du Grand Paris avec laquelle nous avons le plaisir de travailler étroitement. Il est important d'associer le plus en amont possible le financeur que nous sommes car l'expérience que nous pouvons tirer des uns et des autres permet Clôture de Sylvia Pinel, Ministre du Logement et de l'Égalité des Territoires concentre à la fois le plus de richesses et le plus de disparités territoriales. La ministre de l’égalité des territoires que je suis ne peut y être insensible, tant l’attractivité d’une région doit aller de pair avec sa cohésion sociale et spatiale. Les phénomènes constitutifs de la crise du de mieux préparer l’avenir. De ce point de vue, l'expérience que nous avons avec Monsieur le président, logement à laquelle nous sommes au- Plaine Commune et l'Épfif, est très impor- Monsieur le préfet de région, jourd’hui confrontés sont connus de tous et tante. Cette expérience-là, servira de levier Mesdames et Messieurs les élus, ils ne datent pas d’hier. pour demain. Mesdames, Messieurs, Je souhaite rappeler que la vocation du Je veux vous remercier chaleureusement ans - envolée sans commune mesure en Île- fonds d'épargne n'est pas de financer les pour votre invitation qui me donne ainsi l’oc- de-France comparée aux autres régions particuliers : c’est pourquoi nous ne pou- casion de m’adresser à vous ce matin. françaises – a peu à peu interdit l’accès à la L’envolée des prix de l’immobilier depuis 10 propriété aux jeunes ménages, aux familles vons pas financer directement l’accession modestes et aux classes moyennes. sociale. En revanche, nous accompagnons Mon propos sera relativement bref car je ne d'ores et déjà les prêts dont parlait Sté- voudrais pas abuser de votre patience et de phane Dambrine, c'est-à-dire le PSLA (Prêt votre attention après une matinée qui, j’en Social Location-Accession). C'est un moyen suis sûre, a déjà été très dense en informa- ou à s’expatrier de plus en plus loin du coeur d'accompagner les opérateurs qui eux, en- tions et très riche en débats comme j’ai pu de l’agglomération avec les conséquences le constater pour avoir assisté à la fin de connues d’un tel éloignement : allongement votre table ronde. des temps de transports, vulnérabilité éner- suite, accompagnent les particuliers. Sauf à bénéficier d’un patrimoine personnel gétique, difficulté d’accès aux équipements Je tiens néanmoins à vous livrer, en et aux services publics, consommation d’es- quelques mots, la perception qui est la paces naturels qui nuisent à l’environnement mienne des enjeux propres au logement en et à la biodiversité… Île-de-France et à vous dire comment, nous entendons y répondre. Le nombre insuffisant de constructions de logements neufs, pour répondre en particu- Votre présence très nombreuse illustre en lier à l’essor démographique de la région ca- tous cas l’importance que vous accordez à pitale et à la tendance à la décohabitation ce sujet et démontre bien l’attente qu’il sus- des ménages, n’a fait qu’accentuer cette cite auprès de tous ceux qui concourent, de tendance, entraînant hausse des tarifs des près ou de loin, à la politique du logement loyers dans le parc privé et raréfaction de la au sein de la région capitale. rotation des locataires dans le parc social. Jamais, sans doute depuis l’après-guerre, Les raisons à l’origine de cette crise sont l’attente de nos concitoyens en la matière multiples. Elles ont été largement analysées n’aura été aussi forte ; jamais l’exigence et documentées, de la hausse des coûts de d’une action claire, volontaire et concertée construction qui ont augmenté de 57% de- de tous les acteurs publics pour y répondre puis 2007, notamment sous l’effet de n’aura été aussi impérieuse. normes de plus en plus exigeantes, aux résistances parfois – il faut bien le dire – de • 16 • Toutes les enquêtes le démontrent : après certains maires et de certains habitants en l’emploi, le logement est la préoccupation passant par la question du foncier que vous première des Français. C’est particulière- avez largement abordée ce matin. Je n’y re- ment vrai en Île-de-France, région qui viendrai pas car vous les connaissez parfai- • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • tement. Bref, c’est tout le système de par- rable pour mener à bien leurs projets. Ces situation sur le front du logement nous inter- cours résidentiel qui s’est grippé progressi- préoccupations je les partage. disent d’attendre que la métropole soit opérationnelle pour avancer. vement et que nous avons la lourde tâche de relancer. Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est la rela J’irai même plus loin : il existe un risque que Face à cette situation, l’action que j’entends construction et résorber la crise du loge- cette phase de préfiguration de la métropole mener tient en 3 convictions : ment. conduise à un certain attentisme et à un gel cherche d’efficacité pour relancer des projets. • tous nos efforts, toute notre énergie doivent porter sur la relance de la construc- C’est dans cet esprit que j’ai demandé aux tion sous toutes ses formes ; sans relance services de mon ministère de travailler à la D’autant que l’enjeu dépasse largement les de la construction il n’y aura pas de ré- préparation des futurs décrets d’application frontières strictes de la future métropole et ponse durable à la crise du logement en de la loi Alur. D’abord en donnant la priorité concerne bien l’ensemble de l’Île-de-France, Île-de-France ; aux décrets qui favoriseront la relance de la en particulier des territoires aussi straté- • l’Etat doit garantir un cadre clair et lisible construction et l’amélioration du pouvoir giques que Saclay, Cergy-Pontoise, Roissy, à tous les acteurs de cette politique et sin- d’achat des Français. Ensuite en associant Marne-la-Vallée, Sénart ou bien encore Evry- gulièrement aux aménageurs publics ou tous les acteurs concernés à leur écriture Corbeil. privés ; avec un souci d’efficacité, d’équilibre et de • l’ampleur des difficultés que nous rencon- simplicité. Au moment où vont démarrer les travaux des nouvelles lignes de métro automatiques trons et l’urgence qui s’attache à y répon- dans le cadre du Nouveau Grand Paris, dre doivent susciter une mobilisation Sur tous les aspects relevant de mon péri- générale de l’ensemble des acteurs mètre, je souhaite agir avec souplesse et nous devons en outre nous préoccuper dès concernés dans laquelle chacun doit as- pragmatisme pour relancer la construction à présent de l’aménagement autour des fu- et l’accès au logement pour nos conci- tures gares. Celles-ci sont en effet une for- toyens. midable opportunité de construire, sur la sumer toutes ses responsabilités. base de projets partagés, de nouveaux La relance de la construction d’abord. Depuis ma prise de fonction il y a 3 mois, j’ai Cette relance de la construction, nécessite quartiers mêlant logements, équipements et beaucoup écouté que ce soit les élus, les en Île-de-France plus que partout ailleurs la activités, avec une ambition qui soit à la hau- professionnels de l’immobilier, les promo- plus grande attention de tous les acteurs teur des 30 milliards d’euros d’investisse- teurs, les constructeurs ou les associations. publics et privés, au premier rang desquels ment consentis par l’Etat dans cette figurent bien évidemment l’Etat et les collec- infrastructure, tout en veillant bien sûr à leur tivités territoriales. bonne insertion urbaine et à leur exemplarité Tous m’ont dit combien la complexité des environnementale. normes et des procédures rendait le fait de construire de plus en plus difficile. Ma collègue Marylise Lebranchu a évoqué devant vous ce matin les transformations Dans ce contexte, j’en appelle, vous l’aurez J’ai donc fait de la simplification un des axes institutionnelles en cours qui verront bientôt compris, à la responsabilité de tous les ac- majeurs du travail que je mènerai. la naissance de la métropole du Grand teurs publics et privés. Paris. Rassemblées dans ce nouvel ensemAinsi, je présenterai en Conseil des ministres ble, Paris et les communes de la petite cou- Cela concerne bien sûr l’Etat au premier le 25 juin prochain une série de mesures ronne seront mieux armées demain pour chef avec le dispositif de cession de terrains pour favoriser la relance de la construction répondre aux défis qui sont les leur en ma- publics à moindre coût qui constitue un ef- et en particulier cinquante premières me- tière d’habitat, de logement, d’attractivité fort considérable et qui doit nous demander sures de simplification, issues du groupe de économique ou de solidarité territoriale. un meilleur suivi et une meilleure coordina- sures qui auront un impact direct et concret C’est un progrès indéniable, à la hauteur des les sites et concrétiser les projets. pour favoriser la construction. enjeux et de la nécessité pour Paris de faire tion entre tous les acteurs pour débloquer travail constitué il y a quelques mois ; me- Je connais, à ce propos, les préoccupations face à la concurrence internationale entre les Je salue d’ailleurs les opérateurs de trans- grandes villes du monde dont l’attractivité et le ports, RFF, SGP et RATP, pour l’action qu’ils des professionnels et leur attente forte de rayonnement dépassent le territoire national. mènent au service de l’aménagement et du disposer d’un cadre légal simple, clair et du- Mais l’ampleur des besoins, l’urgence de la logement. • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • 17 • De la même manière, il convient de mieux rendre plus efficaces. Je serai amenée à tous les projets susceptibles d’émerger à impliquer les différents ministères. Je sais prendre des décisions à ce sujet dans les court terme. que ceux-ci sont souvent soumis à des toutes prochaines semaines. Enfin, les opérateurs privés ont également formes d’injonctions paradoxales entre la Au-delà du rôle de l’Etat, j’en appelle aussi plémentaires et celle de faire oeuvre utile en à la responsabilité des collectivités locales. ne financent parfois les projets de construc- répondant à une préoccupation forte de nos Je sais qu’il n’est pas toujours facile de tion que quand 50%, voire 100 % des lots concitoyens. Mais il en va de la cohérence convaincre nos concitoyens de la nécessité sont commercialisés. Mais aussi les promo- de l’intervention de l’Etat et de la crédibilité de construire plus. Mais le rôle d’un élu c’est teurs à qui je demande de faire avec nous le de nos engagements. aussi de faire preuve de pédagogie et de ré- choix de l’investissement dans l’avenir et de pondre à l’intérêt général, et étant moi- ne pas céder à la tentation de l’attentisme. Je souhaite par ailleurs que le dispositif même élue locale, je le sais bien. Je ne veux pas conclure mon propos sans puisse être élargi pour libérer d’autres terrains publics en faveur de l’effort de N’hésitons pas à le rappeler à ceux de nos remercier chaleureusement l’ORF et son construction de logements. concitoyens qui ont parfois la tentation du président Dominique Figeat pour ses tra- repli sur soi : c’est d’abord à leurs propres vaux qui éclairent utilement l’action des pou- L’Etat doit également adapter et moderniser enfants ou à leurs proches qu’ils ferment voirs publics. Je serai extrêmement attentive un certain nombre de ses outils d’aménage- ainsi la porte, les empêchant d’accéder à un aux recommandations que vous formulez. ment. logement à un prix abordable, d’acquérir leur autonomie et de faire leurs premiers pas Gilles Bouvelot, directeur général de l’éta- dans la vie d’adulte. Celles-ci doivent nous permettre de réussir à relever les défis qui sont les nôtres et que je viens d’évoquer. blissement public foncier d’Île-de-France, m’a remis hier son rapport sur la fusion en S’agissant des collectivités, nous ne partons un opérateur unique des 4 établissements pas de rien. Les 9 Contrats de développe- Je veux également saluer l’action du Préfet publics fonciers qui existent aujourd’hui en ment territorial déjà signés et la dizaine d’au- de Région Jean Daubigny et de ses services tres qui sont sur le point d’être approuvés qui ont et auront un rôle majeur à jouer dans ou sont en cours d’élaboration dessinent les la conduite de l’action de l’Etat et dans l’ac- Des consultations des collectivités seront contours d’une ambition collective qu’il nous compagnement des projets des collectivités. menées, elles sont nécessaires. A terme, la appartient désormais de mettre en oeuvre. Le gouvernement a d’ailleurs donné mandat Île-de-France. au Préfet de Région pour agir en ce sens en naissance de ce nouvel établissement nous permettra de disposer d’un outil plus simple Ces CDT ont eu le grand mérite de réunir mobilisant tous les leviers et les outils dont et plus puissant pour accompagner les col- autour d’une même table tous les parte- l’État dispose aujourd'hui en Île-de-France. lectivités dans leurs projets. naires publics concernés par l’aménagement des futures gares du Grand Paris. Par ailleurs, j’ai également demandé à tous C’est la première pierre du Grand Paris du Sans doute cette approche mérite-t-elle les préfets, par courrier du 23 mai, d’inter- logement et de l’aménagement que j’appelle d’être à la fois poursuivie, élargie, améliorée venir sur quatre axes majeurs : de mes voeux et qui doit conduire l’Etat à et précisée. • la sollicitation des collectivités en matière tion, (dans le contexte de contrainte budgé- Je ferai, là aussi, des propositions dans les • la production de nouveaux logements et la taire que nous connaissons tous et) pour prochaines semaines pour relancer et ren- rénovation énergétique des logements répondre au défi spécifique que représente forcer cette démarche partenariale dans la- l’aménagement autour des futures gares du quelle je souhaite que la Région joue, aux • la diffusion et l'accompagnement à la mise Nouveau Grand Paris. côtés de l’Etat, de la future métropole et des en oeuvre, par les services de l’État, des autres collectivités, un rôle privilégié. mesures de simplification, prises par or- d’aménagement foncier, redéfinir ses priorités et ses moyens d’ac- existants, donnances, pour accélérer la production Pour ce faire, j’ai demandé à ce que s’en- • 18 • un rôle important à jouer. Les banques qui nécessité de dégager des ressources sup- de logements, gage dans des délais très rapides une ré- J’attends le même esprit de responsabilité flexion sur le rôle et les périmètres d’action et le même volontarisme des grands amé- des 7 établissements publics d’aménage- nageurs et opérateurs fonciers publics qui de l’Etat au niveau local pour accompa- ment qui existent en Île-de-France pour les doivent susciter, soutenir et accompagner gner les maîtres d'ouvrage, publics et pri- • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • la coordination des services et opérateurs vés dans leurs projets d'aménagement et de construction. J’entends en particulier que les opérateurs de l’Etat compétents en matière d’aménagement foncier et de construction s’investissent totalement pour mener à bien les opérations qui leur sont confiées et pour créer les conditions de nouvelles opérations. Je sais pouvoir compter sur vous et je vous engage donc à poursuivre sans relâche les efforts que vous accomplissez déjà, au quotidien, sur le territoire de la Région Capitale. Soyons collectivement à la hauteur de leurs exigences et de l’urgence qu’impose la situation. Nous le devons à notre pays et aux Français qui attendent de nous des réponses concrètes et adaptées aux besoins de logements. • Le foncier à l’heure du Grand Paris : quelles urgences ? • Actes du colloque de l’ORF • • 19 •
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