ACTED RRM - rapport préliminaire - aérodrome de

EVALUATION MULTISECTORIELLE - AERODROME
23 au 24 Octobre 2014
RAPPORT PRELIMINAIRE
Prefecture de la Ouaka - Commune de Bambari
Aérodrome de Bambari
Population : environ 800 ménages déplacés venant de l’axe Ndassima, de Bambari ou de l’axe Grimari Méthodologie utilisée : L’équipe, constituée d’enquêteurs et de responsables techniques a utilisé la
méthodologie standard RRM. La collecte de données qualitative et quantitative a été obtenue à travers des observations directes, des enquêtes individuelles (112), des groupes de discussion et des rencontres
avec les personnes clés (chefs de villages, chefs de quartiers, représentants des déplacés, responsable du centre de santé, directeur d’école, etc.)
Résumé de la crise: En Juin 2014, une série d’affrontements entre communautés et entre bandes armées à Bambari ont provoqué le
déplacement de nombreuses populations à l’intérieur de la ville, mais également à l’extérieur: de très nombreux ménages se sont alors
déplacés dans les villages proches de Bambari, et notamment dans les villages autour de l’aérodrome.
Au mois de Septembre 2014 et au début du mois d’octobre, ce sont les villages situés le long de l’axe Ndassima, au nord de Bambari, dans
la commune de Danga Gboudou, qui ont été touchés par ces affrontements. Ceux-ci (les derniers en date ayant eu lieu à Makoussika
durant la deuxième semaine d’octobre) ont provoqué des départs échelonnés de population, soit en brousse, soit dans les villages autour
de l’aérodrome de Bambari. Les premiers déplacés de l’axe Ndassima sont arrivés il y a 2 mois, les derniers sont encore en train d’arriver.
Certains déplacés venant de l’axe Grimari sont également venus grossir les rangs.
Il est difficile d’estimer précisément le nombre de ménages déplacés, du fait de la difficulté d’accès logistique à accéder à une partie de
ces villages. Un premier décompte, non vérifié, effectué par les autorités des villages d’accueil elles-mêmes avait recensé plus de 900
ménages, mais il est probable que l’exercice ait été mal compris, et partiellement mal exécuté. Suite à cette évaluation, ACTED évalue à
environ 800 ménages le nombre de ménages déplacés dans les 20 villages d’accueil qui entourent l’aéroport, situées sur les axes qui
partent à l’est, au nord et au sud de l’aérodrome de Bambari. Cette estimation devra bien sûr être affinée si une intervention était
menée.
Accès: L’accès logistique est délicat pour certains des villages concernés: seules des pistes, presque impassables en voiture en saison des
pluies, y mènent. Ces villages ne sont cependant pas trop éloignés (3-5km) des axes principaux et de la ville de Bambari.
Zone d’accueil des déplacés
Zone d’origine des déplacés
Recommandations prioritaires :
Effectuer une distribution de NFI pour les populations déplacées des villages enquêtées.
Effectuer une distribution de bâches pour les populations déplacées des villages enquêtées.
Organiser des distributions de savons et des sessions de promotion à l’hygiène dans les villages d’accueil.
Réparer les forages endommagés identifiés dans les villages d’accueil.
Communiquer sur la possibilité d’accéder aux soins de santé gratuitement.
Organiser une nouvelle distribution de vivres pour les communautés déplacées.
Situation sécuritaire générale : Très tendue dans les environs de Bambari. Les
axes Ndassima et Grimari sont encore la cible d’attaques et de représailles, et les
mouvements de populations toujours en cours
Indicateurs NFI et Abris
NFI
Thè
me
Indicateurs
Score NFI
Score
4.5
Commentaires et recommandations
NFI: Le score NFI observé, de 4.5, est extrêmement inquiétant, a fortiori pour des déplacés pourtant installés depuis plusieurs semaines pour la majorité d’entre
eux. .Les populations ayant quitté leur domicile précipitamment sont évidemment arrivées les mains vides dans les villages d’accueil. La situation en termes de
couverture (4.9), moustiquaire (4.9) et bidon (4.6) est particulièrement critique. La forte proportion de déplacés comparativement à la population d’accueil est
partiellement la cause de ce score élevé, les communautés d’accueil ne pouvant fournir en nombre des NFI à tous les déplacés.
Lieu de vie des déplacés
Abri
Proportion
des
ménages dont l’abri ne
répond
pas
aux
standards locaux
5%
Recommandation :
•
Distribution du kit NFI complet pour l’ensemble des déplacés, suivi de séances de sensibilisation sur l’hygiène, pourra améliorer leur condition de vie
1.7
Abris: La grande majorité des déplacés ont été accueillis dans ces villages en famille d’accueil : certains dans les villages même, d’autres dans les champs. Faute de
place ou de connaissances, certains ménages se sont installés dans une école (une vingtaine de ménages), d’autres dans une église. Certains déplacés ont
commencé à construire des abris, avec la paille disponible aux alentour.
Locataires
2,7%
En maison privée de
prêt
39,6%
Si une mission dans les zones d’origine des déplacés est nécessaire pour quantifier exactement le nombre de maisons détruites, les témoignages concordent pour
dire que certains villages ont été massivement affectués. Le village de Makossika notamment, sur l’axe Ndassima, a vu une majorité de ses maisons être
incendiées. Il est difficile d’avoir des données chiffrées à l’heure actuelle. Le chiffre de 173 maisons brûlées sur l’ensemble de l’axe a été avancé par des
représentants des déplacés, sans qu’il ait été possible de le vérifier.
Site Collectif
6,3%
Nombre
de mètre
carrés par personne
habitant un même abri
Famille d'accueil
Recommandation :
• Distribution du bâches pour les déplacés dans un premier temps, et accompagnement au retour (aide à la reconstruction) pour ceux dont la maison a été
brûlée dans le village d’origine.
49.5 %
Accès à l'Eau
Hygiène et assainissement
Prévalenc
e
Diarrhée
Indicateurs Eau, Hygiène et Assainissement
Thèm
Indicateurs
e
Taux de diarrhée chez les enfants de moins
de 5 ans au cours des 2 dernières semaines
Commentaires et recommandations
26%
Proportion de ménages ayant accès à des
latrines hygiéniques
Proportion de ménages ayant accès à des
latrines
36%
Pourcentage des ménages qui disent utiliser
du savon ou de la cendre pour le lavage des
mains
2%
Pourcentage de ménage qui citent au moins
3 moments clés pour le lavage des mains.
4%
Proportion de ménages qui utilise une
source d'eau à boire améliorée
7%
37%
Eau : Aucun des villages visités ne dispose de forage fonctionnel. Deux forages ont été identifiés, à Mandayeba et Poumeyo, deux des
villages accueillant le plus grand nombre de déplacés, mais aucun d’eux n’était fonctionnel au moment de l’évaluation. Un diagnostic est en
cours pour identifier les éléments défectueux de ces deux forages. Seul le centre de santé, le CRPR, dispose d’une source aménagée, ce qui
explique que seule 7% de la population déplacée utilise une source d’eau à boire « améliorée ». Le reste d’entre eux utilise des puits privés,
des sources non aménagées ou pour certain, directement la rivière Ouaka. La plupart des sources observées tarissent en saison sèche,
augmentant alors la distance nécessaire pour s’approvisionner en eau. A noter que le taux de diarrhée observée, relativement bon,
tempère, partiellement seulement, les inquiétudes liées aux sources d’eau potable.
Recommandation:
•
Réhabiliter les forages non fonctionnels de Mandayeba et Poumeyo
Hygiène/assainissement: En termes d’assainissement, le taux de 36% de la population accédant à des latrines hygiéniques peut être
considéré comme relativement bon. Cependant, pour les 42 ménages déplacés venus de vivent dans l’enceinte de l’école Aviation, aucune
latrine n’est disponible. A l’hôpital CRPR, il y a un seul bloc de 2 latrines qui sont utilisées par le personnel soignant, les malades, ainsi qu’en
l’occurrence, les nombreux déplacés qui s’y rendent désormais.
Le taux d’utilisation du savon, seulement 2%, ainsi que les connaissances sur les principes d’hygiène, sont eux très bas, et incitent à la fois à
mettre en œuvre une distribution de savon pour les déplacés, et à organiser pour eux des séances de sensibilisation à l’hygiène.
Recommandations:
•
Organiser une distribution de savons pour les ménages déplacés de l’aérodrome
•
Organiser des séances de sensibilisation à l’hygiène pour les déplacés et les populations résidentes.
•
Installer deux latrines d’urgence sur le site de l’école aviation
Indicateurs Sécurité alimentaire
Consommation Alimentaire
Thè
me
Indicateurs
Score
Faible
Score de Consommation alimentaire des
Limite
ménages
Acceptable
Adultes
Variation moyenne du nombre de repas
Enfants
pris par les ménages avant et après le choc
1 repas
Proportion de ménages par nombre de
repas par jour pour les adultes
2 repas et plus
1 repas
Proportion de ménages par nombre de
repas par jour pour les enfants
2 repas et plus
Propre production
Principales sources de nourriture des Achat au marché
ménages par groupes d’aliments
Emprunt
Autres
Travail agricole
Travail journalier
Principale source de revenu
Petit commerce
non agricole
Autres
Commentaires et recommandations
42,7
% Avec seulement 10.8% de la population enquêtée obtenant un score de consommation alimentaire acceptable, c’est peu
46,5
dire que la situation en termes de sécurité alimentaire des ménages est inquiétante. Ici également, la faible capacité
10,8 d’absorption des villages d’accueil, confrontés à un nombre conséquent de déplacés, est un facteur aggravant. 100% des
-1,6 ménages interrogés déclarent ne disposer d’aucune réserve alimentaire. Les biens alimentaires sont peu chers (2 à 3 fois
-1,5 moins cher que l’année dernière à la même époque pour l’arachide, le maïs ou le manioc), mais les capacités d’achat sont
93% presque nulles. Le petit et gros bétail ne sont que très marginalement présents, ce qui impacte négativement le score de
7% consommation alimentaire.
92%
8% Le score alimentaire peut paraitre surprenant, car une partie des déplacés a déjà reçu un soutien du PAM/Caritas, qui a
3% organisé la distribution d’une demi ration mensuelle aux familles déplacés au milieu du mois d’octobre. Cependant, le flou
33% entourant alors le nombre de déplacés au moment de la distribution, le fait qu’une partie des déplacés actuels n’étaient pas
36% présents lors de la distribution, et surtout, le fait que les distributions de riz et de céréales n’impactent que marginalement
28% le SCA quand les bénéficiaires consomment déjà du manioc tous les jours, tempèrent les effets de cette distribution. Au vu
22% des autres informations prélevées (des réserves alimentaires inexistantes et un indice des stratégies de survie extrêmement
élevé), une nouvelle distribution, touchant spécifiquement l’ensemble des déplacés, est recommandée.
50%
Recommandation :
12%
•
Mettre en œuvre une distribution de vivres (déjà effectuée par Caritas/PAM le 16 Octobre 2014) pour les
populations déplacées.
13%
Indicateurs Population et Protection
Thè
me
Indicateurs
Score
Déplacés
Démographie
Nombre de ménage par
catégorie de population
Nombre de cas de
violences sexuelles
rapportés
Exactions constatées ou
signalés
Proportion de cas de
violences
sexuelles
survenues
dans
un
contexte lié à l’eau et à
l’assainissement
Retourné
Résidents
1
Commentaires et recommandations
4000
Comme souvent lors des récents affrontements observés dans la région, les conflits qui ont agité l’axe Ndassima sont la conclusion d’un
cycle d’exactions et de représailles. A la fin du mois de septembre, un camion appartenant à un commerçant a été incendié sur l’axe Ndassima. C’est
0
notamment suite à cet évènement, s’inscrivant lui-même à la suite d’autres attaques de ce types, que plusieurs les villages appartenant à la
6300
commune de Danga Gboudou ont été le théâtre des violents combats entre les milices Sélékas et Anti-Balakas. Les villages de Makoussika ou
Azoumbeti ont notamment été touchés. Plus généralement, c’est tout l’axe Bambari-Ndassima, entre pk 14 et pk 40 (DJoubissi, Makoussika, Goffo,
Ymawa, Nguepeto, Soukoulo, Mabissi, Bamadi, Azoumbeti, Gbado, Bamado, etc.) qui a été vidé. Cela faisait déjà plusieurs mois que, suite aux
tensions, les déplacements dans la zone était très limités pour les populations locales.
Enlèvement,
pillages, tueries.
Pas de cas
rapporté
Les déplacés se sont réfugiés dans les villages autour de l’aérodrome de Bambari: Damegra, Ngoukela, Ngoudongo, Gbongo, Poumeyo, Graneye et
Ndara 1 au Nord, Bindi, CRPR, Yongoro, Takpé, Bazanga, Makangue à l’est, Ngalingou, samarie, kakao, Ndokoto, Mandayeba et Ndara 2 au sud.
L’organisation Caritas a effectué un travail de recensement de ces déplacés, via les représentant, des communautés, mais il n’a pas encore été
possible de vérifier ce nombre. Dans ces zones d’accueil, les milices armées semblent très peu présentes. Seules les forces internationales effectuent
de temps en temps des passages sur ces axes secondaires.
A noter qu’un cas de violence sexuelle au sein d’un village d’accueil des déplacés a été rapporté à l’équipe d’évaluation. La victime n’a pas été référée
au centre de santé.
Indicateurs Education
Ecole (Espaces
d'Apprentissage)
Enfants
affectés
Thème
Indicateurs
Proportion d’enfants de 6-11 ans
de la communauté d’accueil
non scolarisés
Proportion d’enfants de 6-11 ans
de la communauté déplacée non
scolarisée
Proportion d’écoles
fonctionnelles dans la zone (sur
3 écoles recensées)
Score
Commentaires et recommandations
100%
3 écoles se trouvent dans la zone de l’enquête. Elles étaient fonctionnelles, jusqu’aux évènements qui ont agité toute la région de Bambari depuis
juin 2013. Elles sont aujourd’hui temporairement fermées.
L’Ecole de l’Aviation dispose de 5 enseignants et 223 inscrits pour le compte de l’année 2013. L’Ecole est occupée par les différents
déplacés venant de l’axe Ndassima
L’Ecole CRPR dispose de 2 Enseignants et 328 élèves inscrits pour l’année 2013. Elle n’est pas occupée par les déplacés, mais n’est pas
fonctionnelle à l’heure actuelle.
L’Ecole Tazoude de Ngoukala disposait de 4 enseignants et 73 élevés inscrits pour le compte de l’année 2012. Cette école n’est pas
construite en dur, seul un toit en paille, partiellement détruit, abritait les élèves.
L’école de Makangue n’a pu être visitée, faute d’accès possible au village
100 %
0%
Recommandation
•
Une fois que la sécurité dans la zone est revenue, favoriser la construction d’un bâtiment de 3 ou 6 salles de classe au Groupement du
village Ngoukala et Ndougondo, où 4 enseignants sont déjà disponibles.
Indicateurs Santé / Nutrition
Score
Tau d’utilisation des
services curatifs
0.83
Commentaires et recommandations
Le Centre Régional Polyvalent de Recherche (CRPR) situé à 7 km sur l’axe Bambari – Grimari assure la consultation et le traitement pour la zone
concernée par cette évaluation. Le centre est soutenu par l’ONG Save The Children, les soins sont gratuits dans ce centre de santé (ce qu’ignore
encore une partie de la population déplacée) qui couvre 19 villages pour une population totale de 5314 personnes (nombre probablement plus élevé
en réalité). Ce centre dispose d’une unité nutritionnelle thérapeutique ambulatoire, ayant traité 15 cas de malnutrition aigue sévère lors du dernier
mois, cas repérés par les relais communautaires lors de dépistage nutritionnel.. Dans ce centre, le paludisme (31% des cas) et les IRA (18%)
constituent les principales causes d’admission, une observation qui renforce la nécessité d’une distribution de moustiquaires et de
couvertures/nattes. Si la couverture vaccinale semble assez bonne, le manque de données précises sur la population totale desservie entache la
fiabilité de ces conclusions. Le manque de structure de santé fonctionnelle dans les alentours amène ce centre à couvrir une population supérieur à
sa zone de couverture théorique. Le centre de santé n’a pas connu de rupture de médicaments contre le paludisme, les infections respiratoires ou la
diarrhée. Par contre, les médicaments anti-rétroviraux ne sont pas disponibles dans ce centre.
Cas de MAS observés
sur les 3 derniers
mois
Cas
de
MAM
observés sur les 3
derniers mois
Diarrhées
Proportion d'enfants
Paludisme
malade durant les 15
derniers jours
Toux
26%
Diarrhées
48%
•
Paludisme
59%
52%
•
Couverture
médicale
Malnutrition
Indicateurs
Morbidité
Thème
Proportion d'enfants
malade durant les 15
jours ayant été pris
en charge
29
246
Toux
52% A noter que l’équipe mobile de MSF Hollande offre des soins gratuits aux personnes déplacées au niveau de l’école aviation, proche de l’aérodrome.
Malheureusement, cela reste encore trop éloigné de certains villages accueillants de nombreux déplacés.
45% Recommandations :
Elargir l’activité des équipes mobiles des soins dans les autres villages qui sont loin de l’école aviation et qui accueillent des personnes
déplacées
Informer les déplacés sur la gratuité de la consultation et des soins au niveau du centre de santé CRPR