MAT-CRPE-Analyser les erreurs des élèves

Mathématiques
CRPE - Didactique
ANALYSER
I.
LES ERREURS DES ELEVES
Repérage des erreurs
Les erreurs peuvent être repérées dans diverses situations : devoirs écrits,
brouillons, observations de l’élève travaillant individuellement ou en groupe,
entretien avec l’élève, …
Une question se pose : « Cette erreur est-elle vraiment une erreur ? ». Il convient
alors de faire une analyse préalable de la tâche proposée, des consignes données.
L’énoncé proposé avait-il une seule interprétation ? Pouvait-on comprendre
autrement ce qui était demandé ?
II. Hypothèses sur les procédures utilisées par les élèves
L’analyse et l’interprétation des erreurs et de leur origine dépendent des
différentes conceptions de l’apprentissage des mathématiques.
1. Conception transmissive
La conception transmissive repose sur le fait que l’apprentissage est basé sur
l’écoute, l’observation, l’imitation, la reproduction du modèle enseigné.
L’analyse de l’erreur est faite en terme de manque ou d’anomalie. On se limite
parfois à faire le constat que l’élève n’a pas acquis la notion ou les règles
mathématiques. Dans cette conception, il faut encourager l’élève à travailler,
recommencer les explications, proposer de nouveaux exercices
d’entraînement.
2. Conception béhavioriste
La conception béhavioriste repose sur l’idée que, pour faire passer l’élève,
d’un état de connaissance à un autre, il faut ménager des étapes
intermédiaires graduées, en découpant les compétences globales en
compétences élémentaires et en distinguant différents niveaux pour ces
compétences.
Dans cette perspective, on distingue différents types d’erreurs :
•
maîtrise des connaissances, en distinguant les connaissances déclaratives
(les savoirs : définitions, règles, théorèmes, …) et les connaissances
procédurales (les savoir-faire : techniques, algorithmes, …) ;
•
disponibilité des connaissances : capacité à les mobiliser à bon escient, à
les réinvestir ;
•
capacités logiques, raisonnement : gestion des données d’un problème,
articulation de sous-problèmes, …
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A partir de là, une intervention différenciée est possible : renforcement,
retour sur des étapes antérieures, décomposition en étapes supplémentaires
« plus simples », …
3. Conception socio-constructive
Dans la perspective socio-constructive, l’erreur est l’expression d’une forme
de connaissance.
Quelle(s) procédure(s) l’élève a-t-il mise(s) en place ? Quelles sont les
origines de cette (ces) procédure(s) ?
•
Limitations de l’élève
- Limitations du sujet à un moment donné de son développement
intellectuel.
Exemple :
Jusqu’à 6-7 ans, la notion de quantité numérique n’est pas distinguée
de celle de la place occupée et l’élève affirmera qu’il y a plus objets
en A qu’en B :
Að*
*
*
*
*
*
*
B ð² ² ² ² ² ² ² ² ² ²
- Limitations des capacités dans le traitement de l’information :
surcharge cognitive.
On évoque ainsi l’idée de « charge mentale de travail » qui peut
devenir excessive du fait de :
– la gestion simultanée de plusieurs activités ;
– le manque de procédures automatisées ;
– le maintien du sujet sur des algorithmes coûteux (division par
soustractions successives, par exemple) ;
– le manque de « faits » disponibles dans la mémoire à long
terme (résultats numériques, schémas de problèmes, …).
- Caractéristiques personnelles de l’individu :
– la représentation que l’élève a des mathématiques ou de
l’école ;
– la lenteur dans le travail ;
– des capacités non spécifiquement mathématiques : lecture,
expression écrite ou orale, …
–…
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•
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Conceptions de l’élève par rapport à un savoir déterminé
- Conceptions d’origine épistémologique 1
Il s’agit des conceptions-obstacles qu’on peut retrouver dans
l’histoire du concept, et dont le rejet a contribué à l’élaboration de
ce concept par les mathématiciens.
Par exemple, la conception des nombres comme expression d’une
mesure a constitué un obstacle à l’élaboration du concept de nombre
négatif pendant plus de 15 siècles.
- Conceptions d’origine didactique
Certaines conceptions sont
d’enseignement mis en place :
à
rapporter
aux
dispositifs
– soit dans le découpage opéré dans le savoir pour le présenter
aux élèves ;
– soit dans le cadre du choix des situations d’enseignement.
Exemple :
Les élèves arrivant au CM1 sont familiarisés avec les nombres
naturels et ont acquis des règles qu’ils ont tendance à prolonger à
tous les nombres. La règle « tout nombre possède un successeur,
entre deux nombres consécutifs, on ne peut en intercaler aucun »
peut expliquer une erreur comme « entre 2,5 et 2,7, il n’y a que
2,6 ».
•
Attentes réciproque maître-élève : contrat didactique
- Erreurs qui sont produites à partir de règles du contrat élaborées
par l’élève et qui vont fonctionner comme des obstacles à une
représentation correcte de la tâche demandée.
Exemple : recherche d’une seule solution (lorsqu’on n’en demande pas
explicitement plusieurs).
- Erreurs qui sont produites à la suite de la non appropriation des
règles spécifiques à une activité donnée.
L’élève ne sait pas exactement ce que le maître attend de lui dans
des domaines comme :
– la demande d’une explication ;
– la rédaction de la solution d’un problème ;
– le degré de précision dans les constructions géométriques.
1
Evoque ce qui est en rapport avec le développement et le fonctionnement des connaissances scientifiques.
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III. Typologie des erreurs
Famille d’erreurs
Erreurs liées à la notion
Causes possibles d’erreurs
- Connaissance insuffisante du contenu
- Techniques mal acquises
- Connaissances erronées ou limitées
Erreurs liées au mauvais traitement des
données
- Opérations mentales
- Mauvaise
cognitive)
mémorisation
- Erreurs de calculs
- Manque d’automatismes
(surcharge
- Stratégies détournées ou mal adaptées
Erreurs liées au comportement
- Anxiété face à un problème
- Temps mal géré
Erreurs liées à la compréhension de la
tâche
- Situation mal comprise
- Mauvaise interprétation de l’énoncé ou
mauvaise représentation de la situation
- L’élève répond à une autre chose qu’à la
question. Il donne une réponse en
fonction de ce qu’il croit que le
professeur attend de lui
- Contrat didactique
IV. La remédiation
1. Qu’est-ce que la remédiation ?
Le terme de remédiation évoque l’idée d’une nouvelle médiation que
l’enseignant cherche à établir entre l’élève et le savoir après un premier
apprentissage mal réussi.
Il faut distinguer deux types de connaissances :
•
Celles qui sont en train d’être construites dans le cadre d’un premier
enseignement et pour lesquelles l’erreur et la prise de conscience peuvent
constituer un moment de l’apprentissage (voulu parfois par l’enseignant,
dans le cadre d’une situation-problème).
•
Celles, enseignées antérieurement, pour lesquelles l’apprentissage n’a pas
été complètement réussi. C’est dans ce cadre qu’on peut parler de
remédiation.
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La décision de remédier aux erreurs des élèves et les formes de cette
remédiation dépendent de la réponse aux trois questions suivantes :
- Y avait-il effectivement erreur par rapport à la tâche proposée, aux
consignes données et aux interprétations auxquelles elles pouvaient
donner lieu ?
- Quelle est l'importance de l'erreur par rapport à la compréhension
des concepts en cause et par rapport aux conséquences sur la suite
des apprentissages ?
- Quelle proportion d'élèves est concernée par ces erreurs ? Quel
temps est-il possible de consacrer à cette remédiation ?
Dans tous les cas, parmi toutes les erreurs commises par les élèves, il faut
choisir celles pour lesquelles on souhaite mettre en place des activités de
remédiation, puisque de toute façon on ne peut pas remédier à toutes les
erreurs de tous les élèves. Il faut donc choisir les élèves pour lesquels de
telles activités sont mises en place.
2. Erreurs liées aux caractéristiques de l’apprenant
•
Limitation du sujet à un moment de son développement
Des activités dites de « remédiation cognitive » peuvent être envisagées.
Divers courants proposent de telles activités : ateliers de raisonnement
logique (ARL), programme d'enrichissement instrumental (PEI), ...
•
Limitation de la charge de travail
Il est possible d'alléger la charge de travail en aidant les élèves à se
construire des automatismes (techniques opératoires, reconnaissance de
figures géométriques, lecture ...) ou à mieux organiser leur travail
(comme, par exemple, noter des éléments importants).
M Aider l'élève à se construire un automatisme concernant certains
concepts ne l'aide pas pour autant à donner du sens à ces concepts.
L'automatisme permet à l'élève « d'économiser de la place » en
mémoire de travail en lui évitant justement un retour au sens.
Pour faciliter la mise en place de ces automatismes, on pense bien sûr aux
exercices progressifs et répétitifs (type exercices de factorisation, de
développement, de calculs, de constructions de figures ...). Mais l'excès de
ce genre d'activités présente un certain nombre d'inconvénients.
- L'élève va avoir des difficultés pour transférer ces automatismes
puisqu'ils ont été acquis dans un contexte bien déterminé dans lequel
l'élève a repéré un certain nombre d'indices.
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- S'il retrouve ces indices dans un problème ou un exercice, il fera
fonctionner l'automatisme correspondant sans aucun contrôle, dans
un domaine où il ne sera peut-être pas pertinent.
- Ces exercices répétitifs peuvent induire chez l’élève une règle du
contrat selon laquelle résoudre un problème, c'est trouver une
recette ou un algorithme directement utilisable.
•
Erreurs liées à des difficultés que l’élève pour se construire une
représentation du problème
•
Erreurs liées à la représentation qu’un élève a des mathématiques
Il s'agit d'aider l'élève à prendre conscience qu'en maths il peut faire
quelque chose. Pour cela on peut bien sûr valoriser les travaux qu'il
réalise correctement, mais on peut aussi proposer de temps en temps en
classe des problèmes ouverts.
3. Erreurs liées aux conceptions de l’élève par rapport à un concept donné
Dans ce cas, il faut aider l'élève à prendre conscience de l'insuffisance de
ces conceptions2 et à les faire évoluer.
•
Mise en place de conflits sociocognitifs
Il s'agit dans ce cas de créer des interactions entre les élèves. Le débat
peut porter par exemple sur le résultat d'un problème où chacun peut
expliciter les raisons pour lesquelles il pense que son résultat est juste.
Cela permet ainsi aux élèves d'expliciter leurs propres conceptions et de
les confronter à d'autres.
•
Mise en place de situations-problèmes
4. Erreurs liées aux règles du contrat didactique
•
Règles qui sont source d’erreurs
Il s'agit d'abord de les repérer et ensuite d'aider les élèves à rompre
avec elles.
Il faut trouver des activités pour lesquelles ces règles produisent des
résultats faux : utilisation de problèmes ouverts, de problèmes sans
questions, de problèmes pour lesquels il manque des données ...
2
Parce qu’elles conduisent soit à un résultat reconnu comme faux par l’élève, soit à une méthode trop
lourde.
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•
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Règles non appropriées par l’élève
Il s'agit là au contraire d'aider les élèves à s'approprier ces règles.
L'évaluation formatrice est une technique qui peut faciliter cette
appropriation.
L’évaluation est dite « formatrice » lorsqu’elle permet à l’élève de
prendre conscience de ses difficultés et de ses besoins, de ses
stratégies d’apprentissage, …
L’évaluation formatrice est donc un dispositif d’évaluation en même temps
que d’apprentissage. Les élèves autocontrôlent leurs procédures,
maîtrisent des outils d’anticipation et de planification de l’action.
Il faut tout d'abord clarifier les critères de réussite d'une tâche.
Ensuite, à l'aide de tâches qui comportent un certain nombre d'erreurs
les élèves doivent, préciser ce qui va et ce qui ne va pas. Ce travail peut
se faire en groupe, mais doit se terminer par une mise en commun.
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