Télécharger le rapport - Fondation Sylvia Bongo Ondimba

E VA L U AT I O N D E S S E R V I C E S
D E S A N T É M AT E R N E L L E N É O N ATA L E
E T I N FA N T I L E A U G A B O N
SEPTEMBRE 2014
1
SOMMAIRE
Introduction ...................................................................................................................................................................................................... 3
Les chiffres de la santé maternelle et infantile au Gabon ............................................................................ 5
Organisation du système de santé ........................................................................................................................................ 7
État des lieux des maternités ....................................................................................................................................................... 9
Infrastructures ............................................................................................................................................................................................. 9
Equipements ............................................................................................................................................................................................. 13
Offre de soins........................................................................................................................................................................................... 17
Ressources humaines de santé ...................................................................................................................................................... 21
Conclusion ..................................................................................................................................................................................................... 26
Recommandations ................................................................................................................................................................................. 29
Sources et glossaire ........................................................................................................................................................................... 30
INTRODUCTION
A
ujourd’hui encore, trop de Gabonaises ne
bénéficient pas des compétences d’une
sage-femme, d’une salle d’accouchement,
des médicaments nécessaires pour éviter des
complications lors de l’accouchement. Nombre d’entre
elles, pendant leur grossesse, ne consultent pas de
médecin, ne vont pas à l’hôpital.
Elle a concerné 84 structures sanitaires du secteur
public civil, militaires, para étatique et privé à but
non lucratif. Plus de 200 prestataires de santé
impliqués dans les maternités et les services de
SMI ont été rencontrés au cours d’entretiens dans
l’ensemble des provinces du Gabon. Plus de 1000
femmes ayant consulté ces services, avant ou après
leur accouchement, ont également fait part de leur
perception de ces derniers. Les entretiens avec les
informateurs clés ont concerné 11 services, directions et
institutions du niveau central et 10 directions régionales.
Pourtant, la santé maternelle et infantile constitue un
des jalons essentiels pour construire l’avenir de notre
pays. Pour cette raison, les équipes de la Fondation
Sylvia Bongo Ondimba pour la Famille ont souhaité
mener une évaluation des structures existantes.
Le temps du terrain, en parallèle, celui des visites,
du constat, lors de notre tournée « Gabon Profond »,
avec le soutien du groupe SOCOTEC, qui nous a
également soumis un rapport de vérifications techniques
et nous a consigné leurs avis relatifs à trois centres
médicaux : Ntoum, Mitzic et Minvoul.
Cette évaluation, dont le rapport présente ici une
synthèse, a été menée en deux temps.
Le temps des entretiens, celui du recueil de données,
de l’étude statistique et de l’analyse, en partenariat
avec l’AMREF (Association pour la médecine et la
recherche en Afrique), ONG africaine de santé publique
ayant pour objet de renforcer les systèmes de santé
publique et communautaire. Notre évaluation conjointe
FSBO-AMREF 2014 s’est déroulée à tous les niveaux du
système de santé.
Ce travail d’enquête nous permet de retranscrire
ce que nous avons observé, ceux que nous avons
écouté et de retransmettre aujourd’hui des vécus,
des silences, des espoirs, des attentes. Etayée par
des données synthétisées et des images de nos
visites, cette évaluation constitue notre plaidoyer.
La compilation de l’ensemble de ces données,
a pour objet de fournir une photographie de l’état
des services de santé maternelle, néo natale et
infantile dans toutes les provinces du Gabon.
3
4
LES CHIFFRES DE LA SANTÉ
M AT E R N E L L E E T I N FA N T I L E
AU GABON
INDICATEUR OMD 5
ETAT INITIAL EN 1990
OBJECTIF 2015
SITUATION
519 décès pour
100 000 NV
129 décès
pour 100 000 NV
316 décès pour
100 000 NV (EDSG 2012)
Réduire la mortalité des enfants de
moins de 5 ans
93 pour 1000 NV
31 pour 1000 NV
Au moins 30 % des femmes et des
adolescents utilisent une méthode
moderne de contraception (PF)
14 % en 1996
Analyse de situation des
services SR
30 %
63 %
90 %
78 % (EDSG 2012)
90 %
90 % (EDSG 2012)
Réduire la mortalité maternelle1
90 % des femmes enceintes effectuent
au moins 4 visites prénatales
Atteindre un taux d’accouchement
assisté par du personnel qualifié d’au
moins 90 %
1
56 pour 1000 NV (Rapport
UN Inter-agency Group - Child
Mortality - Septembre 2014)
31 % des femmes de
15-49 ans en union
(EDSG 2012)
80 % des complications de
l’accouchement aussi bien chez la
mère sont prises en charge selon les
protocoles nationaux
-
80 %
15 % (PNDS 2010)
80 % des complications de
l’accouchement chez le nouveauné sont prises en charge selon les
protocoles nationaux
-
80 %
(Rapport National de
supervision 2014)
76 %
Cet objectif a deux cibles qui sont de i) réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle et de ii) rendre l’accès à la médecine
procréative universelle d’ici à 2015.
5
O R G A N I S AT I O N D U S Y S T È M E
DE SANTÉ
Libreville compte de
nombreuses maternités :
CHU de Libreville,
CHU d’Agondjè,
Hôpital Egypto- Gabonais,
Hôpital Sino- Gabonais,
Centre de santé de
Nzeng Ayong, Centre de
Santé d’Okala.
Libreville
Centre Hospitalier Régional,
Centre de Santé Maternelle et Infantile
Centre Médical
■ Niveau central ou stratégique, comprend l’ensemble
des directions centrales y compris les programmes de
santé, les instituts
Le pays compte environ 959 structures de soins depuis
les cases de santé jusqu’aux hôpitaux nationaux,
tous secteurs de santé confondus. Il existe près de
700 structures de premier contact (dispensaires,
infirmeries, cabinets de soins) et 5 hôpitaux nationaux1.
Le nombre de lits est estimé à environ 4000, soit un
ratio de 25 lits pour 10 000 habitants2.
■ Niveau intermédiaire ou d’appui technique,
composé de directions régionales de santé,
centres hospitaliers régionaux, coordination provinciale
SMI, Service provinciale du Génie sanitaire,
bases épidémiologiques
Tous les CHU, CHR et les centres médicaux disposent
de maternités mais seuls certains centres de santé en
sont pourvues.
2
3
■ Niveau périphérique ou opérationnel :
composé de centres médicaux, centres de santé,
de santé maternelle et infantile, dispensaires et de
cases de santé
Carte sanitaire 2008, Ministère de la Santé
Estimation nationale.
7
É TAT D E S L I E U X D E S M AT E R N I T É S
I NFRASTRUCTURES
Libreville
Maternités aux normes ou s’en
approchant
Maternités qui ne sont pas aux normes
Source : Rapport Général de Supervision Nationale SMI (Ministère de la santé, février 2014)
D’après le Rapport Général de Supervision Nationale
SMI (Ministère de la santé, février 2014) :
Exceptés les Centres Hospitaliers Régionaux récemment
construits, la majorité des structures du premier
niveau du secteur public méritent une réhabilitation :
■ 70 % des maternités gabonaises ne sont pas aux
normes en termes d’infrastructures ;
■ de nombreux dispensaires sont fermés et/ou ne
répondent à aucune norme ;
■ Seuls 14 % des centres médicaux sont dotés
d’infrastructures en adéquation avec les
normes nationales.
■ les centres médicaux sont majoritairement dans un
état de décrépitude ;
■ les formations sanitaires du premier niveau présentent
des insuffisances en équipements. Il se pose de
surcroît des problèmes de maintenance.
Par ailleurs, la capitale est bien mieux dotée en
infrastructures que les autres régions. En effet plus de
23 % des structures sont basées à Libreville comprenant
plus de 35 % des hôpitaux du pays.
9
Pour illustration
CENTRE MÉDICAL DE MINVOUL
Bâtiment vétuste,
inapproprié et difficilement
accessible. L’audit conduit
conclut que le centre
ne devrait pas être en
exploitation. Une nouvelle
maternité a été réhabilitée à
proximité du centre en 2013.
Son ouverture est cependant
repoussée en raison d’un
contentieux entre l’entreprise
et le maitre d’ouvrage.
CENTRE MÉDICAL DE MITZIC
La maternité est dans un état
de délabrement complet :
salle d’accouchement exiguë,
très mal éclairée, sans accès
à l’eau et sans aucun respect
de normes d’hygiène et de
sécurité. L’audit conduit
indique qu’il présente des
risques graves et imminents
d’affaissement d’éléments
de structure (plafonds
charpentes, cloison) et qu’il
ne devrait pas être exploité.
L’ancienne maternité,
réhabilitée en 2012, n’est
toujours pas ouverte en
raison de malfaçons qui ont
bloqué les finalisations des
travaux et font l’objet d’un
contentieux entre l’entreprise,
le maitre d’ouvrage et la
Direction Générale des
Marchés Publics.
10
CENTRE MÉDICAL DE NTOUM
Le centre ne répond à aucune norme
d’hygiène et de sécurité. Il présente des
risques graves d’affaissement d’éléments
de structure et ne correspond en rien aux
besoins de l’importante population qu’il
couvre. Le rapport conclut sur un avis
défavorable à son exploitation.
Pourtant, une structure nouvelle existe :
terminée à près de 90 %, une structure
moderne et adaptée à la population a été
construite à proximité. Les travaux sont
bloqués depuis fin 2012 et aucune date de
réception du bâtiment n’est fixée.
Les données détaillées sont consultables
en annexes, dans les rapports techniques
« Gabon Profond » et SOCOTEC
11
E QUIPEMENTS
Disponibilités du matériel & équipement de santé dans les maternités
100
80
60
40
20
0
Matériels et équipements
de la salle
d'accouchement
Matériel de
transfusion
sanguine
Ocytociques
et antibiotiques
Anticonvulsifiants
Sulfate de
magnéisum
injectable
Arthéméther
Source : Evaluation des besoins en soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONU) dans les structures sanitaires, Ministere de la
santé, UNFPA, Mai 2010
Les structures sanitaires qui offrent les services
Obstétricaux et Néonataux d’Urgence, ne disposent
pas toutes du matériel nécessaire conformes aux
normes OMS. L’analyse des équipements a révélé un
déficit notoire de matériel.
Les difficultés d’approvisionnement, les problèmes
de maintenance, la mauvaise gestion du budget
qui leur est alloué, ou la polarisation de ce budget
sur les structures sanitaires urbaines en sont les
causes principales.
Les hôpitaux répondent en majorité aux normes
fixées par l’OMS. Cependant les centres médicaux,
pour la plupart en milieu rural, manquent de matériel.
Toutefois, une autre cause peut être soulignée :
il existe une sur-dotation de certains établissements,
pourtant peu fréquentés car situés dans des zones très
peu peuplées. Cela pénalise la dotation en matériel de
structures délaissées mais néanmoins très fréquentées.
13
Pour illustration
La maternité du centre médical de Ngouni, visitée dans
le cadre de la Tournée « Gabon Profond » illustre cette
situation : le centre médical, suréquipé, offre un plateau
technique comparable à celui d’un hôpital régional,
avec des équipements de dernière génération. Le centre
ne couvre cependant qu’environ 7800 habitants, et est
situé à moins de 20 minutes du Centre Hospitalier
Régional de Franceville.
M AT E R N I T É D U C E N T R E M É D I C A L D E N G O U N I
14
Les maternités de Lekonie et Akieni, située également
dans la Province du Haut-Ogooué sont, elles,
dénuées du minimum d’équipements. Certains matériels
(couveuses notamment) ont été fournies à ces
structures il y a plus de 4 ans. Sans formation,
elles sont pourtant restées totalement inutilisées depuis
lors. Ces maternités sont pourtant situées dans des
localités isolées nécessitant des services de proximité.
M AT E R N I T É D E L E K O N I E
15
O FFRE
DE SOINS
Offre de soins par structures (%)
Hôpitaux
Centres médicaux
SMI
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Offre de soins
pré natals
Offre de soins lors de
l’accouchement
Offre de soins
post-natals
Offre des soins
néo-natals
L’offre de soins lors de l’accouchement est faible dans les SMI parce que celles-ci n’ont pas vocation de
réaliser des accouchements.
Source graphique: rapport FSBO - AMREF
CADRE DE RÉFÉRENCE
Afin de réduire la mortalité maternelle et infantile,
un paquet d’intervention efficace contre les décès des
mères, des bébés et des enfants de moins de 5 ans
a fait ses preuves, lorsqu’elles sont bien menées et
à temps.
Il s’agit de :
■ la Planification Familiale ;
■ la prévention de la Transmission du VIH de la mère à
l’enfant (PTME) ;
■ des consultations prénatales (CPN recentrée) ;
■ des accouchements sécurisés, des consultations post
natales et des interventions pour la santé de l’enfant.
P L A N I F I C AT I O N FA M I L I A L E
Les résultats de l’offre de service en planification
familiale par région sanitaire montrent que la majeure
partie des structures du pays offre ce service. Seule la
région Centre EST présente une offre limitée avec 60 %
des infrastructures mobilisées. L’offre de planification
familiale est disponible dans l’ensemble des SMI visités
alors que seuls 87 % des hôpitaux et 79 % des centres
médicaux offrent ce service.
17
AU COURS DE LA GROSSESSE
L’analyse révèle qu’aucune région du Gabon n’offre
dans la totalité de ses structures l’ensemble des
interventions essentielles au cours de la grossesse.
100 % des hôpitaux prennent en charge les services
essentiels offerts au cours de la grossesse alors que
SOINS AU COURS DE LA GROSSESSE
ce taux est moins important pour les centres médicaux.
En revanche, les ruptures prématurées des membranes,
les prises en charge des grossesses non désirées
et la prise en charge des avortements sont presque
exclusivement offertes par les services des hôpitaux.
HOPITAUX
CENTRES MEDICAUX
SMI
Soins prénatals
16 (100 %)
57 (91.0 %)
6 (100 %)
Supplémentation fer
15 (93.0 %)
53 (85.0 %)
6 (100 %)
15 (93 %)
55 (88.0 %)
5 (83.0 %)
Prévention Palu
15 (93.0 %)
54 (87.0 %)
6 (100 %)
Prévention VIH (Nouveau Né)
16 (100 %)
45 (73.0 %)
4 (66.0 %)
Prévention PTME
16 (100 %)
45 (73.0 %)
6 (100 %)
Prévention HTA
15 (93.0 %)
49 (79.0 %)
4 (66.0 %)
PEC ruptures membranes
15 (93.0 %)
31 (50.0 %)
2 (33.0 %)
PEC grossesse non désirées
10 (62.0 %)
28 (45.0 %)
3 (50.0 %)
Vaccination antitétanique
Source : Evaluation Amref 2014
A U C O U R S D E L’ A C C O U C H E M E N T
En termes d’assistance à l’accouchement par un
prestataire formé, l’OMS préconise l’assistance
d’au moins un prestataire formé : les médecins et
sages-femmes composent la majorité des effectifs de
ces prestataires. La distinction des offres de services
Libreville, l’Ogooué Maritime
et le Haut Ogooué obtiennent
des résultats satisfaisants.
Plus de neuf femmes sur dix
qui accouchent sont assistées
par un personnel qualifié.
d’accouchements met en avant la grande disparité entre les
différents types de structure, en corrélation avec le manque
de sages-femmes, de médecins et de spécialistes dans ces
structures. Trois catégories émergent :
Les résultats des provinces du
Centre et du Sud du Gabon
sont encore perfectibles,
bien qu’ils ne soient pas
alarmants.
18
L’Ogooué Ivindo décroche,
le pourcentage (50,9 %)
d’accouchements assistés par
un personnel médical formé y
est plus faible.
Pourcentage dont l’accouchement a été assisté par un prestataire formé
Inférieur à 80 %
Compris entre 80 % et 90 %
Supérieur à 90 %
Source : EDSG 2012
P O S T N ATA L
Le paquet d’interventions offert en post accouchement est disponible dans tous les types de structure
avec un dépistage initiale du VIH faible dans les centres médicaux (49 %) et SMI (45 %).
NOUVEAU-NÉ
Il a été constaté une grande disparité entre la
disponibilité du service au niveau des hôpitaux et celle
au niveau des SMI et centres médicaux, même si les
soins du nouveau-né sont disponibles dans la majorité
des structures de toutes les régions, à l’exception de
l’Est avec un taux de 50 % environ.
structures offrent un service de réanimation néonatale
à l’Ouest, au Nord et au Sud-est, mais ce service reste
faible au niveau des autres régions.
Parallèlement, il a été observé un manque considérable
de matériels pour la protection thermique :
les méthodes kangourou n’existaient que dans le quart
des hôpitaux et centres médicaux.
Les infections néo-natales sont elles, prises en charge
dans la majorité des structures. Ainsi, 50 % des
J E U N E E N FA N T
L’analyse des résultats par région sanitaire montre que
seules les structures de la région de l’Est n’offrent pas
ces services de prise en charge du jeune enfant.
19
R ESSOURCES
HUMAINES DE SANTÉ
Ratio de médecins pour 10 000 habitants
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Nord
Norme OMS
Moyenne Gabonaise
Libreville
Source graphique: rapport FSBO AMREF
Ecart entre le personnel d’accouchement qualifié effectif et recommandé pour 10 000 habitants
25
20
15
10
5
0
Situation effective au Gabon
Norme OMS
Un personnel formé pour moins de
1000 femmes en âge de reproduire
Un personnel formé pour plus de 1000 femmes
en âge de reproduire
Absence de personnel formé
Non renseigné
Source : FSBO d’après les statistique de la COSP(MS) 2014
21
Les ressources humaines pour la santé sont estimées
à environ 12 000 personnes pour l’ensemble du pays,
dont 9500 pour le secteur public. En termes de taux,
il y a dans le secteur public 4 médecins, 50 infirmiers et
4 sages-femmes pour 10 000 habitants4.
et CHR que pour les CM. En conséquence de cela,
la moitié des provinces sanitaires du pays n’atteint
pas cette norme d’un médecin pour 10 000 habitants.
Pourtant, il y a suffisamment de médecins au Gabon
pour répondre aux normes conseillées par l’OMS.
Les normes de l’OMS établissent 1 médecin pour
10 000 habitants. La région nord, ( ratio de 0.60 pour
10 000 habitants ) fait encore partie de ces régions
qui, à défaut de ce type de personnel, devrait être
prioritaire dans l’affectation des infirmiers accoucheurs
ou le renforcement de capacité en SONU. Les régions
de l’Ogooué Maritime et de Libreville présentent
les meilleurs ratios avec respectivement 9.97 et
7.01 médecin pour 10 000 habitants.
Si l’on prend en compte l’ensemble du système de
santé, ces chiffres passent à environ 6 médecins et
4 sages-femmes pour 10 000 habitants.
56 % de ce personnel travaille en milieu hospitalier,
43 % au niveau des centres médicaux et 1 % au niveau
SMI. Si toutes les structures enquêtées disposent
de médecins généralistes, en ce qui concerne les
gynécologues, ils sont au nombre de 34 dans les
hôpitaux contre 5 dans les centres médicaux et aucun
dans les SMI. Une insuffisance de pédiatres a été
aussi notée dans les centres médicaux tout comme les
chirurgiens, dont 27 sur 32 travaillent en hôpital.
La forte concentration des médecins dans ces deux
dernières provinces sanitaires explique les déséquilibres
au sein du pays, notamment en référence à la norme
OMS. Aussi, ce ratio est bien plus élevé pour les CHU
Normes exigées par l’Organisation Mondiale
de la Santé, en rapport avec la population :
■ 1 médecin pour 10 000 habitants
■ 1 sage-femme pour 300 femmes en âge
de reproduction
4 Source : Plan national de développement sanitaire 2011_2015
22
FOCUS : LES SAGES-FEMMES
Ratio de Sages-Femmes pour 300 FAR
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Nord
Norme OMS
Moyenne Gabonaise
Libreville
Source : amref 2014
■ 65 % des sages-femmes sont plus particulièrement
concentrées à Libreville pour 39 % de la population.
■ Les régions du Nord, de l’Est, du Centre Sud et
Maritime, présentent le plus grand déficit, ces régions
mêmes où il a été noté l’insuffisance plus globale de
personnel médical.
■ 63 % des sages-femmes du pays officient dans
des hôpitaux alors que plus de 70 % des infirmiers
accoucheurs officient au niveau des centres médicaux.
■ L’existence d’institutions de formation (Faculté de
Médecine, Institut National de Formation d’Action
Sanitaire et Sociale, Ecole Nationale d’Administration
et Ecole de Préparation aux Carrières Administratives)
devrait contribuer à accroître les ressources humaines
dans le secteur de la santé ainsi que leur niveau de
connaissances et de formation.
■ Libreville présente un ratio de 0,61 sages-femmes
pour 300 femmes en âge de reproduction, en deçà
des normes de l’OMS (1SF/300FAR).
24
Pour Illustration
La maternité du Centre Médical d’Ovan, dans la
Province de l’Ogoué Ivindo, ne compte aucun médecin
et aucune sage-femme. L’infirmière en charge de la
maternité, ne peut compter sur l’aide que de deux
matrones qui ne possèdent pas le niveau de formation
adéquat pour assurer les accouchements sans risques.
Le personnel théoriquement affecté à cette structure n’a
pu s’installer dans le village d’Ovan, faute de logement.
Pourtant, deux bâtiments d’habitation modernes ont été
construits. Les travaux, achevés à 80 % sont également
bloqués depuis 2 ans.
A ce jour, une analyse approfondie des
connaissances et des attitudes des sages-femmes
en face des signes d’urgence durant la grossesse a
révélé des résultats très insatisfaisants : ainsi, 1 %
seulement des sages-femmes ont cité les 8 signes
d’urgence de la grossesse et 1 % seulement des
sages-femmes ont cité les 4 signes sur les signes
de danger de la grossesse.
25
CONCLUSION
Il convient en conclusion de cette enquête de mettre
en avant certains points positifs dans le fonctionnement
du dispositif :
■ l’existence d’un régime d’assurance maladie
obligatoire qui constitue une grande opportunité
d’accès aux services offerts aux mères et
aux enfants ;
2
Les insuffisances
réglementaires nécessitent
un renforcement à très
court terme
Il s’agit notamment de : l’insuffisance d’organisation
de la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant ;
l’absence d’un plan stratégique national de la Santé de
la Reproduction ; la faible coordination des activités de
lutte contre la mortalité maternelle et infantile ; l’absence
d’un plan d’action budgétisé SMNI au niveau des
régions sanitaires; la non maitrise des lignes budgétaires
par les responsables des structures sanitaires.
■ l’existence d’une Direction en charge des services de
santé maternel et infantile ;
■ l’existence de points focaux à tous les niveaux du
système de santé;
■ la définition d’un cadre de participation communautaire
aux activités de santé.
Plus particulièrement, la motivation des personnels
de santé est à souligner, notamment au sein de
structures et provinces sanitaires rencontrant le plus
de difficultés, illustrant que l’engagement du personnel
peut être indépendant du cadre d’exercice et mériterait
d’être encouragé.
Cependant, au vu de l’analyse du cadre
réglementaire, de l’état des lieux des infrastructures,
équipements et ressources humaines, et de l’offre
des services de manière globale, de nombreux
dysfonctionnements apparaissent.
1
Le secteur hospitalier a été
surdimensionné aux dépens
des soins de santé de base
L’offre du premier niveau de recours aux soins est
peu développée. Il n’y a pas de mesures adéquates
incitant la population à respecter le recours aux soins en
fonction du niveau hiérarchique de la pyramide sanitaire.
3
De faibles
indicateurs
de performance
4
De faibles proportions de
structures qui offrent les
services essentiels
Les taux de mortalité maternelle et néonatale collectés
dans les structures sont largement en deçà des taux
nationaux et témoignent d’une insuffisance du système
de collecte de données et d’une faible notification des
décès survenant au niveau de la communauté.
Les actes essentiels de planification familiale restent
insuffisants, se résumant à la contraception orale et aux
méthodes locales
Aucune région n’offre dans la totalité de ses structures
l’ensemble des interventions essentielles au cours de
la grossesse.
Le secteur hospitalier a été surdimensionné aux dépens
des soins de santé de base avec une orientation
préférentielle des investissements au détriment des
structures de base. Le volet préventif et promotionnel
demeure ainsi insuffisamment soutenu.
Plus de 30 % des accouchements ne sont pas encore
assistés par du personnel qualifié et la césarienne est
très peu offerte par les structures des régions visitées à
l’exception de la région Maritime où elle est disponible
au niveau de 50 % des structures.
Il existe un clivage entre les secteurs public et privé
et peu d’initiatives locales des niveaux sanitaires
régionaux ou départementaux permettent de susciter
un partenariat.
Les soins du nouveau né de faible poids de
naissance restent très insatisfaisants au niveau des
structures visitées.
26
5
La participation
communautaire
est très faible
7
Le financement
des services de santé
ne répond pas aux enjeux
6
Il n’y a ni organisation, ni programme d’action à assise
communautaire. Or, la participation communautaire
aux actions locales de santé constitue un complément
nécessaire aux actions à mener par les centres
de santé, notamment en matière de prévention,
mais également en terme d’augmentation de
la demande.
Le déficit
de personnels
L’absence d’une réelle politique formelle de
développement des ressources humaines est à l’origine
du déficit en personnels dans les domaines prioritaires
parmi lesquels la chirurgie, la gynécologie obstétrique,
la pédiatrie, l’anesthésie-réanimation. Par ailleurs,
si rien n’est fait pour rendre la profession plus attractive,
le Gabon court le risque d’un déficit grandissant
en sages femmes avec pour conséquences la non
sécurisation des accouchements. L’inexistence d’un plan
de développement des ressources humaines fait que
la formation de base et la formation en cours d’emploi
des personnels de santé sont souvent inadaptées par
rapport aux besoins.
La proportion du budget de l’Etat consacré à la santé
avoisine en moyenne les 6 % du budget national.
Le taux d’exécution, estimé par la Banque Mondiale aux
alentours de 3 %, est manifestement loin des 15 % de la
part du budget national que les Etats doivent consacrer
à la santé, conformément aux objectifs fixés par l’OMS.
Dépenses effectives en santé publique / PIB (%)
6
4
3,3
3,7
2,9
3,8
3,7
3,4
3,2
3
3,3
2,7
3,5
3,4
3,5
2
0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
27
2007
2008
2009
2010
2011
2012
R E C O M M A N D AT I O N S
Agir sur les 30%
de décès maternels du1er retard
Information/Education/
Communication (IEC)
Agir sur les 30%
de décès maternels
du 2ème retard
Agir sur les 40% de décès maternels
du 3ème retard
Normalisation ;
Equipement ;
Développement des compétences (approche par
compétence) formation/recherche ;
Instauration d’ un système efficace de
Références/contre références ;
Assoir une politique de maintenance des équipements ;
Développement d’un SAMU de la maternité sans risque ;
Audit des décès maternels ;
Développement d’actions communautaires.
. Accès aux structures
(axe routier, couverture)
. Accès financier: assurance maladie,
mobilisation des fonds
. Accès culturel, IEC/mobilisation sociale
Source : FSBO, Gabon Profon, Juin 2014
Pour lutter efficacement contre la mortalité maternelle,
concept des trois retards développé par Déborah MAINE
basé sur les trois retards est éloquent :
■ Retard dans la prise de décision d’aller
accoucher dans une structure de santé:
barrières socio-culturelles ;
■ Retard d’accès aux soins lié à l’accessibilité physique,
financière, et culturelle ;
■ Retard dans la prise en charge de la femme dans la
structure sanitaire.
Le constat général sur le terrain est que 40 %
des décès lors de l’accouchement sont dus aux
3 retards.
■ 1/3 de mères meurent avant l’accouchement
(1er et 2ème retard)
■ 40 % meurent pendant l’accouchement
(3ème retard)
29
SOURCES ET GLOSSAIRE
■ FSBO- AMREF, Evaluation des services de santé maternelle, néonatale et infantile au Gabon, Septembre 2014
■ Rapport « Gabon Profond », Juin 2014
■ Audit SOCOTEC, Août 2014
S O U R C E S C O M P L É M E N TA I R E S
Appui à la réforme de santé au Gabon, rapport préliminaire 2012
Enquête sur la Sécurisation des produits SR 2013, MS, UNFPA, 2013
Enquête démographique et de santé, 2012
Enquête CAP sur les Pratiques familiales essentielles de l’enfant,
Avril 2013
Normes des services de santé de la reproduction
Evaluation des besoins en soins obstétricaux et néonataux d’urgence
(SONU) dans les structures sanitaires, Ministere de la sante,
des affaires sociale, de la solidarite et de la famille, Fonds des Nations
Unies pour la Population (UNFPA), Mai 2010
Normes du secteur de la santé, 2011
Plan stratégique nationale 2014 – 2017 de sécurisation des produits
de santé de la reproduction du Gabon
Revue de la feuille de route pour la Réduction de la Morbidité
et la Mortalité Maternelles, Néonatales, Infanto-juvéniles et des
Adolescents au GABON, Ministère de la Santé, OMS, UNFPA,
septembre 2013
Plan stratégique national de lutte contre le VIH / SIDA et les IST
Plan stratégique santé
Rapport final de l’enquête sur l’évaluation des besoins en matière des
soins obstétricaux et néonataux d’urgence (SONU) au Gabon
Plan National de Développement sanitaire 2011-2015, Ministere de
la sante, des affaires sociale, de la solidarite et de la Famille,
septembre 2010
Rapport sur l’analyse des goulots d’étranglements et des disparités
dans la mise en oeuvre des interventions de la PTME au Gabon
Rapport national sur la réponse au VIH, Ministère de la santé, DGPS,
Mars 2012
Revue de la feuille de route pour la réduction de la morbidité et la
mortalité maternelles, néonatales, infanto-juvéniles et des adolescents
au Gabon
Rapport Général de la Supervision nationale SMI, Ministère de la
santé, DSMI, février 2014
Stratégie nationale de lutte contre les fistules obstétricales au Gabon
30
Crédits photos : Fondation Sylvia Bongo Ondimba