(Message de Kader ARIF - ANZAC day 2014 Version corrigée)

Message de M. Kader Arif, Secrétaire d'Etat aux Anciens combattants et à la mémoire à
l'occasion du 96e anniversaire de l'Anzac Day
(Villers-Bretonneux, vendredi 25 avril 2014)
Mesdames, Messieurs,
Le 25 avril 1918, à 5h30 du matin, Villers-Bretonneux est libérée. Depuis 1938, cette
cérémonie permet aux Australiens de renouer avec la douloureuse mémoire de cette guerre.
L’année dernière, je découvrais aussi la force de cette mémoire, et la fierté avec laquelle tout
un peuple la transmet de génération en génération. Ce fut pour moi un moment marquant,
émouvant. Je sais que chaque fois, cette cérémonie renforce les profonds liens d’amitié entre
nos deux pays. C’est pourquoi je regrette de ne pouvoir être à vos côtés ce matin.
Mes pensées vont à tous ces soldats venus d'Australie il y a 100 ans combattre sur notre
sol au nom d’un idéal commun que l’on nomme Liberté.
Ceux arrivés en 1916 qui furent jetés le 19 juillet dans la Bataille de Fromelles… Fromelles
dont le cimetière accueille aujourd’hui 410 de nos frères d’armes Australiens.
Ceux qui, en juillet et août de cette même année, ont reconquis la ville de Pozières, au prix de
23 000 morts et blessés.
Ceux enfin qui furent engagés ici, à Villers-Bretonneux, et repoussèrent le 24 avril 1918
l’offensive ennemie.
Au total, près de 420 000 Australiens furent engagés dans la Grande Guerre. Plus de 60 000
n'y survécurent pas et 166 000 rentrèrent blessés. Parmi eux, Albert Jacka, le premier soldat
australien à avoir reçu la croix de Victoria pendant la campagne de Gallipoli, qui rejoignit
ensuite le front de l’ouest et participa à la bataille de Pozières. Parmi eux aussi, Thomas
Richmond Baker, engagé volontaire à 18 ans, qui fut plongé dans la Bataille de la Somme en
1916. Parmi eux enfin, le soldat inconnu, tombé ici à Villers-Bretonneux et ré-inhumé le 11
novembre 1993 à l’Australian War Memorial de Canberra.
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En scellant leur destin à celui de la France, les Australiens ont fait de la Première Guerre
mondiale le socle d’une mémoire partagée entre nos nations. Je suis très admiratif de la
manière dont les Australiens vivent et font vivre leur mémoire. Nous devons, nous
Français, nous en nourrir.
Cette mémoire, j’ai pu en mesurer toute l’étendue lors de ma visite en Australie en
novembre dernier. Cette mémoire, je l’ai découverte en rendant hommage, entouré d’élèves,
aux combattants australiens devant le War Memorial à Canberra. Cette mémoire, je l’ai
découverte en entendant les élèves de l’école franco-australienne de Télopea Park me
présenter leur projet pour le Centenaire. Cette mémoire, je l’ai aussi découverte en visitant
l’Anzac War Memorial de Sydney. Et toute cette mémoire, je l’ai gardée.
Les Australiens ont écrit il y a 100 ans une page de l'histoire de France et de l'histoire du
monde. Aujourd’hui, dans le silence de la Somme encore endormie, les champs de
bataille, que vous surplombez depuis cette colline du souvenir, nous la relisent. Ils nous
disent le courage et la fierté que ces valeureux combattants ont jetés dans cette guerre. Ils
nous rappellent l'esprit de camaraderie et de solidarité qui a animé nos soldats. Ils nous
racontent enfin que cette page n'est que la première du grand livre d'histoire de l'amitié
franco-australienne.
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