3e4 Otto DIX (2 oeuvres)

Niveau collège 3ème
Objet d'étude 1: Les joueurs de Skat d'Otto DIX (1920)
Thématique Art-Etat et pouvoir
Otto DIX
1891 : Otto Dix naît en Allemagne. De 1909 à 1914 il
suit les cours de l'École des arts décoratifs de Dresde.
En 1914 Otto Dix s’engage dans l’armée allemande.
Depuis le front, il dessine la guerre sur ses carnets et
la qualifie de « retour à l’animalité ». Après la guerre
il consacre une série d'oeuvres à la 1ère guerre
mondiale témoignant de la sauvagerie du conflit. Il ne
ménage pas les anciens combattants et cherche à se
sortir ces images d'horreur de la tête: « Je voulais me
débarrasser de tout ça ! ». Les nazis ne s'y trompent
pas les oeuvres d'Otto DIX sont qualifiées d'"art
dégénéré". Dix est destitué de son poste de
professeur à l'Académie de Dresde dès 1933.
Plusieurs de ses oeuvres sont confisquées et détruites.
En 1944 il retrouve le champ de bataille et est fait
prisonnier par les Français. Il meurt en 1969.
I. Contexte historique
Le tableau Des joueurs de cartes fait partie d'une série de toiles peintes en 1920 qui mettent en
scène des personnages affreusement mutilés. À cette date le peintre est de retour à Dresde. C'est un
jeune homme de 29 ans profondément marqué par la guerre qu'il a vécue comme volontaire
dans une compagnie de mitrailleurs "Il fallait que je vive cela, je le voulais... je suis au fond un
réaliste, vous savez, il faut que je vois tout de mes propres yeux pour constater que c'est bien
comme ça, je dois me rendre compte par moi-même de tous les abîmes de l'existence".
Depuis la fin de l'année de 1918, l'Allemagne est le théâtre d'affrontements violents: tentatives
révolutionnaires de type bolchévik, tentatives de coups d'Etat d'extrême-droite. Otto DIX est proche
du mouvement dada, utilise le procédé du collage, systématisé par les dadaistes pour rendre compte
du climat politique 1 an après la signature du Traité de Versailles.
II. Description et explication
(huile et collage sur toile mesurant 110×87 cm elle est conservée à la galerie Nationale de Berlin).
La scène se déroule en Allemagne car on aperçoit des journaux allemands à l'arrière-plan. On voit
trois "gueules cassées" qui jouent aux cartes. Les joueurs de cartes portent la "Croix de fer" : c'est
une décoration qui distinguait les combattants qui avaient eu un comportement héroïque lors du
combat. Dans ce tableau Otto DIX concentre son attention sur les dégâts faits aux corps. Le recours
à la technique du collage renforce l'idée d'un assemblage de corps: aux corps disloqués s'ajoutent
des corps étrangers.
Le fond du tableau est sombre. Les personnages sont mis en évidence par des couleurs plus vives
telles que le blanc, le bleu et la couleur de leur peau.
Vous pouvez trouver une description et une analyse très intéressante de l'historienne Sophie
Delaporte sur le site d'un peintre contemporain Mik-art.
http://www.peintremik-art.com/2009/07/05/dix-otto-invalides-de-guerre-jouant-aux-cartes1920-analyse-d-oeuvre/
III. Interprétation et pistes de réflexionIII. Description et explicationI
- À la volonté de témoigner s'ajoute un défi esthétique: peindre la laideur et montrer les terrifiantes
suites de la guerre. Avec ce tableau les corps mutilés quittent le champ de bataille pour être révélés
à la population civile, un espace jusqu'alors épargné par l'horreur de la guerre.
- Vous pouvez aussi utiliser d'autres tableaux d'Otto DIX comme PRAGERSTRASS (La rue de
Prague voir fiche jointe et travail en arts plastiques) ou des textes vus avec votre professeur de
Français comme Les lettres de "poilus", le roman de Marc Dugain La chambre des officiers
(1996) duquel a été tiré un film cinq ans plus tard. Ces oeuvres nous renvoient à la même question:
comment supporter son regard et celui des autres quand on est une gueule cassée ?
- La bibliothèque de Médecine de Paris a consacré une exposition virtuelle sur les « gueules
cassées » : « La blessure au visage a fait d’eux des êtres hors normes qui suscitent chez l’autre des
sentiments ambivalents : pitié, dégoût, sympathie, reconnaissance, peur".
- À la même époque se développe un style artistique nouveau "le réalisme socialiste" qui s'impose
dans les années 30 en URSS (dossier p.52 et 53).
Objet d'étude 2
Pragerstrasse d'OTTO DIX
I. Contexte historique
La toile est de juillet 1920 donc même contexte que la précédente, l'Allemagne est le théâtre d'affrontements
violents. Otto Dix proche du mouvement Dada utilise le procédé du collage, systématisé par les dadaistes,
pour rendre compte du climat politique un an après la signature du Traité de Versailles.
II. Description et explication
- Le charriot roule sur une brochure dont le titre est "les juifs dehors", allusion à l'attitude ouvertement
antisémite de la droite qui lors des élections de juin 1920 accuse la gauche de développer des idée "judéobolchéviques" responsables de la vague révolutionnaire qui secoue le pays.
Aux pieds de la petite fille, sur un tract déchiré, on peut lire à la deuxième ligne "...iktur von rechts"
(dictature de la droite).
- Dans les 2 vitrines, les objets sont peints sur un fond de collages de journaux et de publicités qui évoquent
un débat qui agite alors l'opinion: l'accès aux moyens contraceptifs (interdit depuis 1915 à cause des pertes
militaires) et l'autorisation de l'avortement. Les 2 vitrines regroupent des accessoires de mode et de beauté
(perruques-corsets...) et des prothèses de membres!
Cet étalage n'est que la vitrine du monde dont la rue offre le spectacle: mélange de passants"normaux",
soucieux d'élégance, et de pauvres hères à jamais handicapés. C'est sur cette société duale qu'Otto Dix porte
son regard en focalisant l'attention sur ceux, handicapés, mutilés, dont on voudrait bien oublier l'existence.
L'angle de vue suggère deux niveaux d'humanité: celui du trottoir avec ses mégots, ses détritus, ses bouts de
journaux, ses animaux, ses enfants à l'apparence débile, et les mutilés. Du niveau supérieur, celui des gens
"normaux", on ne voit que le bas: une main gantée, la partie inférieure du corps de la femme.
Mais la dualité de ce monde n'est encore qu'une illusion. En fait chacun ignore l'autre. La petite fille est toute
à ses graffitis, le bourgeois mutilé passe fièrement sans prêter attention au mendiant dont le regard est à la
fois fixe et vide.
Cette vision amère d'une humanité disloquée, Dix la renforce:
- par des contradictions dans la compositions et le mouvement : au centre, le mendiant immobile et la
progression du bourgeois mutilé; sur les bords, des fragments de personnages qui vont entrer dans le tableau
(main artificielle avec canne, museau du chien) ou qui, de part et d'autre, sortent du cadre (bras et main
gantée, jambe de femme, queue et dos d'un chat);
- par l'acidité des couleurs;
- par un traitement de la lumière qui conduit le regard en différents points du tableau : prothèse de la
vitrine, manchette et main gantée, visage et genoux du mendiant, main droite, pomettes et regard du
bourgeois mutilé, fesses de la passante, museau du chien qui semble aboyer le slogan "Les Juifs dehors".
L'absurdité de ce monde est résumée par un mot griffoné sur le mur entre les deux vitrines "Dumm"
(idiot, stupide). Un monde hantée par la mort, une faux est rageusement mais discrètement tracée en
travers du tableau.
III. Interprétation et pistes de réflexionII
Dix montre une société oublieuse de toute compassion, de tout respect pour la personne humaine. L'horreur
après avoir été la compagne des seuls combattants est devenue le spectacle banal et quotidien de la rue. Dix
met ainsi à nu ce que les historiens considéreront plus tard comme une des racines du nazisme: le
traumatisme de la Première Guerre mondiale, l'acceptation de l'horreur, la déshumanisation de l'Autre à
cause de ses handicaps ou de sa race.
te leur vie bien que la guerre soit finie eeet ce n'est pas une simple récompense qui leurèsguerre, les "gueules cassées" et beaucoup d'autres addnPragedddddddddddrstciens
combattants ont pris une place importante dans la vie politique.
Certains des anciens combattantseeee auront une grande influence dans leurs pays