8 CENTRE PRESSE DIMANCHE 22 MARS 2015 Pour vous - Poésie et Oc « Loin des foules » (II) Poèmes de Eugène Viala Eugène Viala est un romantique, idéalisant la nature, tout en faisant sienne l’adage de Victor Hugo : « Tout ce qui est dans la nature est dans l’art ». Pour lui, les arbres sont des cathédrales, la Nature son Panthéon. « Peuple, fais-toi des dieux créés à ton image/Orne-les de laideur et de difformité/Adore en eux ton vice et ta vénalité/Ton panthéon sera le mutuel hommage. » C’est à partir de cette démarche intellectuelle que se crée chez l’artiste une véritable méditation avec l’homme et son humanité. « Tôt, la haine a versé son poison dans mon verre.../Où mes vingt ans aimaient à tenter l’avenir/Je porte au cœur le deuil de mon illusion... » peut-on lire dans sa pièce Le rire absent. Et par la magie du Verbe, le poète nous interpelle par cette intelligence du cœur, celle de la générosité, de la simplicité et du partage. À Rodez, Eugène Viala devient photographe et publie quelques photos. En 1912, avec Maurice Fenaille, il crée un atelier à Neuilly. Il meurt l’année suivante à Salles-Curan des suites d’un accident de la circulation qu’il a eu à Paris en descendant d’un tramway. De très belles poésies qu’il faut coûte que coûte découvrir ou redécouvrir... E.G. (1) Personnage de fiction dans la tragédie d’Hamlet de William Shakespeare. Amoureuse d’Hamlet et repoussée par lui, elle devint folle et se noie dans une rivière. Ce personnage a inspiré nombre de peintres et de poètes. Citons parmi les plus célèbres le peintre Delacroix et Arthur Rimbaud. LES DEUX PANTHÉONS Je sais deux panthéons, l’un fait d’ombre et de pierre Où les dieux morts sont mis pompeusement en bière Et murés à jamais dans des sépulcres blancs Qu’un garde costumé montre aux benoîts vivants. Il est petit, repeint, fait par l’homme et pour l’homme Fabriqué lentement, pierre à pierre édifié Pour faire un piédestal à l’orgueil sanctifié L’Olympe en raccourci, correct et polychrome. Peuple, fais-toi des dieux créés à ton image Orne-les de laideur et de difformité Adore en eux ton vice et ta vénalité Ton panthéon sera le mutuel hommage. Mais pour ceux que poursuit ta jalousie ignoble Pour ceux qui souffrent tout pour avoir pris aux dieux Un lambeau de génie, il est un lieu plus noble Un autre panthéon, c’est la voûte des cieux. L’OISEAU NOYÉ Un lac, au déprimé de la lande fanée Dormait sans une ride en face d’un ciel blanc ; Glace de plomb limpide où la nue étonnée Se mirait en passant, immense goéland. Vers les bords où l’automne en auréole brune Avait flétri les joncs autour du flot terni Un cadavre d’oiseau, comme un croissant de lune Flottait, d’une aile blanche embrassant l’infini. Un jour, de loin venu par ces landes fatales Comme il planait, de l’aile effleurant les joncs d’or Sous ces eaux il crut voir ses collines natales Et vers elles tomba dans une étrange mort. L’eau l’a pris et le garde avec sa plume blanche Sa voix morte à jamais dans l’air silencieux Son petit rêve blond d’amour au sein des branches Et son bleu souvenir, son souvenir des cieux. « Soi ieu », a la manièra de Du Bartàs... Dins son darrièr CD (« Tant que vira »...) lo grop « Du Bartàs » a creat una cançon satirica amb lo repic « Soi ieu », tèxt de Laurent Cavalié sus una idèa d’Omar Khayyam, escrivan persan del sègle XII. E de se trufar d’un « pesolh revengut, flor de poder en boca », d’un « ricàs de la borsa plena », d’un « religiós de negre vestit », d’un « scientific cofat de sa vertat ». En contrafasent la cançon de Du Bartàs los escolans adults del cors d’occitan de Rodés an escrich çò que seguís que parla d’un filh de païsan, d’un païsan, d’un òme politic, d’una femna d’uèi... 1. Vaquí vengut lo tipe filh d’un païsan d’antan./ Se ten regde e parla ponchut. Aquel es un Monsur !/ « Soi ieu »/ Dins la limonada sa fortuna es facha./Cada an, al mes d’agost davala al país dins son ostalàs d’estiu./ « Soi ieu » ! 2. Vaquí vengut lo tipe, pagés de la bòria granda/Quilhat sus sa maquina, lo ventre en avant, parla de sas ectaras./ « Soi ieu »/ Remira l’estabú, la de las subvencions./De vacas debanadas, vaquí son capital, fonccionari europenc !/« Soi ieu » ! 3. Vaquí vengut lo tipe que fa de politica/De promessas ne fa pro, de tengudas n’i a pas tròp. Soritz e toca de mans./« Soi ieu »/La plaça deu èsser bona, de fach la vòl gardar…/ Que de compromissions, per en plaça demorar ! Poder, argent, vietase !/« Soi ieu » 4. Vaquí venguda aici la femna del jorn d’uèi./Se pren pas per un òme, mas o fa tot parièr : fuma, beu e trabalha./« Soi ieu »/ Sovent pòrta las calças e pensa a son mestièr/Tota despipalhada, lo monilh al solelh, pas pus de davantal !/« Soi ieu » ! LES RIVIÈRES Dans les beaux soirs d’été, quand j’entends les rivières Sous les saules traîner leurs larmes de vermeil Quand j’erre, demandant aux branches familières Un peu de rêve aimé qui berce leur sommeil ; Je regarde s’enfuir sous les arbres splendides Les eaux, les chères eaux emportant le passé Et sous le flot glissant comme un argent limpide En l’élément sinistre, incolore et glacé ; Il me semble, là-bas, voir le corps d’Ophélie (1) Ses longs cheveux flottant dans des reflets épars Et son bras convulsé de tragique folie Tendre du fond des eaux de pâles nénuphars Doucement, je m’approche alors de la rivière Et dans l’ardent silence, entre l’ombre et le jour Ému, ravi, tremblant, j’entre dans le mystère Et je deviens l’amant de la morte d’amour. Et tandis que la nuit pompeusement déplie Son monstrueux vélum sur le monde pervers J’arrache une fleur pâle à ses abîmes verts Et je colle ma bouche aux lèvres d’Ophélie. Diga-me, te dirai « Hamlet «. Eau forte d’Eugène Viala. (Collection Association Les amis d’Eugène Viala et du Lévezou). L’ARBRE MORT Il est un arbre mort, là-haut près des nuages Chêne gaulois péri, roi déchu d’autres temps Tordant ses bras noueux dans les soirs éclatants Cadavre aérien d’une légion d’âges. À le voir se dresser sur l’espace béant Titan désespéré conjurant l’étendue Presqu’humain dans sa forme étrange et morfondue On le croit voir pleurer quelque rêve géant. Sont-ce les rossignols dans ta prime verdure Les amoureux d’antan dans ton vaste manoir Les nids, les nids anciens, peuple de ta ramure Dont tu pleures la mort, pauvre squelette noir Non, c’est le gui sacré divine investiture Que le druide absent ne vient plus recevoir. LE RIRE ABSENT Ma lèvre n’a pas bu le vin gai des célestes En mon triste voyage, aux fourches des chemins D’énigmes, sillonnant les cloaques humains Je n’ai pas rencontré l’Archange aux divers gestes M’indiquant de son doigt la route à parcourir ; Tôt, la haine a versé son poison dans mon verre Mon humble verre au vin doré par la chimère Où mes vingt ans aimaient à tenter l’avenir Combien m’a meurtri l’âme et déçu la pensée La bêtise, cruelle et dure obsession… Je porte au cœur le deuil de mon illusion Et le rêve suffit à mon âme blessée. Etranger, je ne sais d’où venu, ni pourquoi J’ai heurté de ma chair d’étrangères ambiances. Pourtant, dans mon passage au répit des souffrances J’ai su l’amour mon culte et j’ai su l’art mon roi Et j’ai créé : c’était tout mon rêve, ô nature ! Aux floraisons puisant leurs sèves à venir Dans l’ocre où dormira mon vague souvenir Si quelque Hamlet un jour, foulant l’herbe future Vient promener son spleen parmi l’ombre où l’on dort Hélas, le rire absent de l’âme et de la lyre L’énigmatique, l’inconnu, le divin rire Il le verra flotter sur le masque du mort. L’ORAGE Le vieux vient de percevoir d’inquiétants nuages Là-bas, sur le grand parc chaperonné de vert Il a pris par la main la vieille, et les deux sages Ont gagné leur marquise aux abois du pivert ; Les vieux, dans le velours se sont assis, placides Et leurs yeux ont erré, tranquilles et sereins À travers leur vitrail parmi les cieux livides S’amoncelant toujours au fond des boulingrins ; Et l’orage est venu, outrageant toutes choses Abîmant les rosiers dans le gazon fleuri Hachant la chair des lys aux divines chloroses : Et l’orage est passé, sur le jardin meurtri Les vieux viennent d’ouvrir leur vitrail favori Et les deux rentiers boivent l’âme des roses. La Prima occitana : saique benlèu ! Contunha la Prima occitana sul Valon de Concas-Marcilhac. De mancar pas ! - A veire l’exposicion « De la natura de quauquas bèstias », bestiairi fantastic del sègle XIII escrich en occitan, adaptat a la lenga modèrna e revirat al francés per Ives Roqueta, illustrat per un artista contemporanèu : del 20 de març al dissabte 4 d’abrial a la comuna de Claravals - Divendres 3 d’abrial, a 20:30, a la sala de las fèstas de Claravals : concèrt « Saique benlèu » del cantaire roergàs Arnaud Cance ; en primièra partida : escolans de Joan Auzèl e collegians de Kervallon. - Vespradas d’òc amb Paul Bony, Los Faisselièrs, e la corala dels residents : dijòus 26 de març EHPAD St Josep a Marcilhac - Divendres 27 de març, a 20 : 30, encontre dobèrt a totes, en francés e en occita, a la mediatèca de Nuças : lecturas, poèmas, contes, istòrias, sul tèma de las bèstias... De diplòmas per l'occitan - Lo DCL es la sigla de diplòma de competéncia en lenga, e se tracta d’un examen oficial de l’estat francés que servís per certificar las competéncias de la persona examinada en occitan, e en un dotzenat de lengas. L’espròva simula una situacion de la vida vidanta ont lo participant deu jogar un ròtle. Après escotar d’àudios, veire de vidèos e parlar al telefòn, l’examinat resolverà una situacion e ne farà un rapòrt. Lo resultat de l’espròva decidirà quin es lo nivèl de competéncia, dins lo quadre europèu de referéncia, dels nivèls A1 fins a C1. Son dobèrtas las inscripcions per passar l’examen del DCL en occitan al’acadèmia de Montpelhièr o de Tolosa. - Lo CFPO de Miègjorn-Pirenèus, en collaboracion amb l’ALAE de la Calandreta de Còsta Pavada, met en plaça una formacion BAFA en occitan (Brevet d’Aptitud a las Foncions d’Animator) que s’adreça al monde que vòlon trabalhar dins lo domeni de l’animacion. Aquela formacion se debana en tres partidas : formacion generala ; estagi practic ; aprigondiment amb un tèma causit ligat a la lenga e a las culturas occitanas. S’inscriure : CFPO Miègjorn-Pirenèus, 11, carrièra Malcosinat, 31000 Tolosa. Tel : 05.61.23.99.51 Forra-borra Territòri en debat. Dissabte 4 abrial, de 09:00 a 17:30, a la sa- la Antoine Osète de Tolosa, 6 carrièra del luòctenent Pelissièr (mètro J Jaurés) debat sus la reforma territoriala de las regions, amb nombrosas personalitats e expèrts. Informacions : www.ostaldoccitania.ne Lo debat es organizat per Convergéncia Occitana, que recampa d’associacions occitanas, en partenariat amb País Nòstre, l’Universitat de Tolosa 2 Jean Jaurès, lo Collectiu Sèm e la comuna de Tolosa. E l’occitan ? Es lo moment de questionar los candidats a las eleccions del conselh departemental : quina plaça per l’occitan ? Lengas a La Sala. L’edicion tretzena de l s fèstas de las lengas organizada per Mescladís e 2KZ es programada pel dissabte 4 de julhet, sus la plaça Decazes (e a l’espaci J. Rey a Vivièrs se jamai ploviá). Interès particular ongan per la lenga e la cultura curda, e tanben per las nocions d’identitat, republica e integracion. Al país. Salon de l’agricultura, fotbòl, las salvetats : aquí lo programa de « viure al país del 22 de mars (F, 11:30)
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