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Prix Media du Dispositif Médical
RETRANSCRIPTION DE
CHRONIQUE/REPORTAGE RADIO
Nom/Prénom journaliste/étudiant : Brigitte-Fanny Cohen
Nom du média diffuseur : FRANCE INFO
Titre : UNE PREMIERE MEDICALE FRANCAISE DANS LE TRAITEMENT DE L’ASTHME SEVERE :
LA THERMOPLASTIE BRONCHIQUE.
Retranscription :
Lancement Agnès Soubiran : Nous parlons ce matin dans Info Santé d’une première
médicale française qui vient d’avoir lieu à l’hôpital Bichat à Paris : une nouvelle technique
pour traiter l’asthme.
Bonjour Brigitte-Fanny Cohen.
Brigitte-Fanny Cohen : Bonjour Agnès.
AS : Quel est ce nouveau traitement ?
BFC : Il s’agit de la thermoplastie bronchique, un procédé inventé au Canada et d’ailleurs
utilisé au Canada et aux Etats-Unis depuis quelques années déjà. La première patiente
française vient d’être traitée par l’équipe du Professeur Michel Aubier. Bonjour, Professeur
Aubier
Pr Aubier : Bonjour.
BFC : Vous êtes le chef du service de pneumologie de l’hôpital Bichat à Paris. La
thermoplastie bronchique suscite déjà beaucoup d’espoirs en Amérique du Nord mais il ne
faut pas non plus donner de faux espoirs – Il y a en France plus de 3 millions d’asthmatiques
dont un tiers d’enfants. Cette technique n’est certainement pas destinée à tous les patients ?
Pr Aubier : Non elle n’est pas destinée à tous les patients, d’abord pas aux enfants,
uniquement chez l’adulte et uniquement chez les patients très sévères, qui ont un asthme
non-contrôlé.
BFC : C’est-à-dire qui font beaucoup de crises ?
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Pr Aubier : Ce sont des asthmes qui font beaucoup de crises, qui sont gênés quasiment en
permanence.
BFC : Quel est l’objectif de cette technique, la thermoplastie bronchique ?
Pr Aubier : L’objectif est de brûler le muscle lisse qui est un muscle qui entoure les bronches,
qui est très augmenté de volume chez les patients asthmatiques sévères –enfin, chez
certains d’entre eux uniquement. Et donc l’objectif, c’est de brûler ce muscle par
radiofréquences pour diminuer sa masse ce qui permet d’ouvrir les bronches.
BFC : C’est un muscle qui enserre un petit peu les bronches comme une pieuvre pourrait le
faire ?
Pr Aubier : C’est un peu ça, c’est un muscle qui est très très hypertrophite, très augmenté et
donc qui serre les bronches et qui les ferment.
AS : Alors comment, techniquement, Pr Aubier se passe la thermoplastie bronchique ? Vous
dites on brûle le muscle ?
Pr Aubier : On brûle le muscle par une technique endoscopique, c’est-à-dire qu’on passe un
tube dans les bronches par le nez, et dans ce tube, on met une petite sonde qui est reliée à
un générateur de radiofréquences. La sonde chauffe pendant quelques secondes le muscle
et donc le détruit.
BFC : Faut-il pour cette intervention une anesthésie locale ou générale ?
Pr Aubier : L’intervention peut se faire sous anesthésie locale avec une sédation un peu
profonde mais on n’a pas besoin d’anesthésie générale.
AS : Et en une séance tout est réglé ou il faut faire plusieurs séances régulièrement ?
Pr Aubier : Non, il faut faire 3 séances parce que chaque séance est assez longue. Il faut aller
brûler chaque partie du poumon, il y a 5 lobes dans le poumon et en fait, on s’intéresse à 4
lobes donc il faut 3 séances. Une séance pour le lobe inférieur droit, une pour le lobe
inférieur gauche et une autre pour les deux lobes supérieurs. Chaque séance dure à peu près
40 minutes, séparée de 3 semaines à 1 mois d’intervalle.
BFC : Vous dites « brûler le poumon ». Est-ce que c’est risqué pour le patient ? Est-ce qu’il
peut y avoir des conséquences ?
Pr Aubier : Non, on ne brûle pas le poumon. Les cardiologues font déjà ça depuis longtemps
pour les troubles du rythme. Ce n’est pas vraiment brûler, c’est juste chauffer par
radiofréquences donc on ne « brûle » pas ; ce n’est pas du feu qu’on met dans les bronches !
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BFC : Pr Aubier, vous allez traiter 20 patients à l’hôpital Bichat par cette technique. L’hôpital
Nord de Marseille va en faire de même et puis vous allez ensuite publier vos résultats. Mais
on l’a dit, aux Etats-Unis et au Canada, la technique est connue, des résultats sont déjà
publiés. Que disent les études nord-américaines ? Est-ce que cette thermoplastie
bronchique est efficace ?
Pr Aubier : Elle est efficace, on a maintenant un recul de 5-6 ans et l’efficacité se maintient…
BFC : Mais que montrent les études ? Quel est le pourcentage de patients qui est amélioré,
peut-être même guéri ?
Pr Aubier : Le pourcentage amélioré est très important. Pratiquement tous les patients en
bénéficient, c’est-à-dire qu’ils ont moins d’exacerbations, ils ont une meilleure qualité de vie,
plus des degrés plus ou moins importants. Le résultat se maintient maintenant. On ne guérit
pas pour le moment des patients de l’asthme mais ce sont des patients très sévères.
BFC : Cette technique est un espoir pour les asthmatiques sévères qui, apparemment, font
moins de crises et vivent mieux. Mais est-ce qu’on peut imaginer que la thermoplastie soit
proposée demain à des patients finalement dont l’asthme est moins sévère mais qui ont
quand même une maladie contraignante, une maladie chronique ?
Pr Aubier : Pour les malades sévères, on les améliore mais on ne les guérit pas complètement
de leur asthme. Par contre, on peut espérer qu’à terme, c’est un espoir, que dans plusieurs
années, on pourra traiter des patients moins sévères et que ceux-là, on pourra pratiquement
les guérir.
AS : Une dernière question sur le coût de cette technique, est-ce qu’elle revient plus cher
que les traitements habituels de l’asthme ?
Pr Aubier : C’est une technique qui est chère, parce que chaque sonde que l’on utilise, et ce
sont des usages uniques, coûte 4 000 euros, c’est-à-dire 12 000 euros par patient plus ce qui
va autour. En gros, c’est 15 000/20 000 euros donc c’est cher. Mais c’est une fois.
Actuellement, dans les asthmes sévères, on utilise des traitements qui sont très chers, qui
sont de l’ordre de 15 000/20 000 euros par an de traitement, pendant plusieurs années.
Donc finalement, rapport coût/bénéfice, on doit être bénéficiaire.
AS : Merci Pr Michel Aubier pour toutes ces précisions. Je signale que vous publiez cette
semaine un livre aux éditions Odile Jacob, « L’asthme, savoir le reconnaître pour bien vivre
avec ». Merci Brigitte Fanny Cohen. Je rappelle que vous pouvez retrouver cette chronique
sur le site Franceinfo.fr et la poadcaster.