ACADEMIE DE PARIS Année 2014 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). MEMOIRE Pour l’obtention du DES D’Anesthésie-Réanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois Par NICOLAS ADAM Présenté et soutenu le 7 avril 2014 TITRE DU MEMOIRE Evaluation pronostique du devenir neurologique après arrêt cardiaque ressuscité par IRM en tenseur de diffusion. Etude prospective multicentrique. Travail effectué sous la direction du docteur Lionel Velly et validé par le professeur Louis Puybasset 1 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES .................................................................................................................................. 2 ABRÉVIATIONS ............................................................................................................................................... 3 RÉSUMÉ ............................................................................................................................................................. 4 INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 5 MATÉRIELS ET MÉTHODES ......................................................................................................................... 7 POPULATION ...................................................................................................................................................................... 8 IMAGERIE PAR RESONNANCE MAGNETIQUE ............................................................................................................ 8 ELECTRO-ENCEPHALOGRAMME ............................................................................................................................... 13 RECUEIL DES DONNEES ............................................................................................................................................... 14 DEFINITION DU DEVENIR NEUROLOGIQUE ............................................................................................................ 15 CRITERES DE JUGEMENT PRINCIPAL ....................................................................................................................... 15 ANALYSE STATISTIQUE ............................................................................................................................................... 15 RÉSULTATS .................................................................................................................................................... 16 DISCUSSION .................................................................................................................................................... 24 CONCLUSION .................................................................................................................................................. 28 ANNEXES ......................................................................................................................................................... 29 TABLEAUX SUPPLEMENTAIRES ................................................................................................................................ 29 FIGURES SUPPLEMENTAIRES ..................................................................................................................................... 32 RÉFÉRENCES .................................................................................................................................................. 34 2 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Abréviations ACR: Arrêt cardio-respiratoire RCP: Réanimation cardio-pulmonaire IRM: Imagerie par résonance magnétique ADC: Apparent diffusion coefficient DTI: Diffusion tensor imaging FA: Fractionnal anisotropy L1: Diffusivité axiale Lt: Diffusivité radiale MD: Mean diffusivity FLAIR: Fuid attenuated inversion recovery NSE: Neuron specific enolase PS100β: Protéine S100 béta PES: Potentiels évoqués somesthésiques EEG: Electro-encéphalogramme TBSS: Tract based spatial statistics GCS: Glasgow coma scale GOSE: Glasgow outcome scale extended CRS: Coma recovery scale MRS: Modified rankin scale CPC: Cerebral performance category DRS: Disability rating scale ROC: Receving operative curve 3 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Résumé Introduction : Le pronostique de l’évolution neurologique à long terme après arrêt cardiorespiratoire ressuscité (ACR) est un enjeu majeur. L’imagerie par résonance magnétique en tenseur de diffusion (DTI) permettrait le diagnostic précoce de l’atteinte de la substance blanche. Objectif : Evaluation du DTI pour prédire l’évolution neurologique à long terme après ACR ressuscité. Matériels et Méthodes : Etude observationnelle prospective multicentrique menée chez des adultes, victimes d’ACR, et non conscients 7 jours après l’admission. Une IRM cérébrale était réalisée comprenant une séquence de DTI permettant la mesure de l’anisotropie fractionnelle (FA) globale dans la substance blanche. La performance de cette valeur pour prédire l’évolution défavorable basée sur le score de Cerebral Performance Category (CPC) à un an était comparée à celle du coefficient de diffusion apparente (ADC) de la substance grise, de l’électro-encéphalogramme (EEG), de la protéine S100β et de l’examen neurologique. Résultats : De juillet 2009 à septembre 2013, 119 patients ont pu être inclus dans l’étude ainsi que 116 volontaires sains. Parmi ces patients, 88 (74%) ont eu une évolution neurologique défavorable (CPC 3-5) à un an et 31 (26%) ont eu une évolution favorable (CPC 1-2). Les aires sous la courbe ROC pour prédire l’évolution neurologique défavorable à un an étaient respectivement de 0,94 (IC95% : 0,88-0,98) pour la FA globale de la substance blanche, de 0,65 (IC95% : 0,56-0,74) pour l’ADC de la substance grise, de 0,80 (IC95% : 0,70-0,87) pour l’EEG, de 0,51 (IC 95% : 0,41-0,61) pour l’examen neurologique et de 0,52 (IC95% : 0,37-0,66) pour la protéine S100β. L’aire sous la courbe ROC de la FA était significativement supérieure à toutes les autres. Une valeur de FA inférieure à 86,3% des contrôles prédisait une évolution défavorable avec une sensibilité de 77% (IC 95%: 67%86%) et une spécificité de 100% (IC95%: 89%-100%). Conclusion : La mesure de la FA globale de la substance blanche est supérieure aux outils pronostiques habituellement utilisés pour prédire l’évolution neurologique 1 an après arrêt cardiaque ressuscité. 4 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Introduction L’arrêt cardio-respiratoire (ACR) ou mort subite est une pathologie très fréquente au pronostic très sombre : En Europe, on rapporte une incidence de 35 cas pour 100000 habitants1. En France, ce sont plus de 50 000 décès par an qui surviennent suite à un ACR2. Malgré les récentes campagnes pour sensibiliser la population à la réanimation cardiopulmonaire de base, plus des deux tiers des patients admis en réanimation après ACR ressuscité décèderont, principalement de syndrome de défaillance multi-viscérale post ACR ou des conséquences de l’anoxie cérébrale3. De plus, le faible taux de survie observé après succès de la réanimation initiale est grevé d’une importante morbidité neurologique à long terme4. En effet, l’éventail des lésions s’étend de la récupération ad integrum jusqu’à l’état végétatif ou pauci-relationnel. La prédiction du devenir neurologique après ACR est donc un enjeu majeur, en particulier pour différencier les patients qui évolueront favorablement de ceux qui évolueront défavorablement. Des recommandations américaines de 2006 font état des différents outils pronostiques disponibles pour prédire l’évolution neurologique après ACR5. Cependant ces recommandations ont été établies sur des études antérieures à l’avènement de l’hypothermie thérapeutique. Depuis 2002, le recours à l’hypothermie protectrice est recommandé pour les ACR en fibrillation ventriculaire ressuscités6. Certains auteurs suggèrent même son emploi pour les patients victimes d’ACR en asystolie7. L’hypothermie protectrice influence la physiopathologie des lésions cérébrales post-anoxiques en agissant notamment sur le débit sanguin cérébral et la réponse inflammatoire locale8. De plus, l’hypothermie modifie la pharmacocinétique des traitements sédatifs employés à la phase initiale de la réanimation, ce qui rend délicate l’interprétation de l’examen clinique ou des examens électrophysiologiques à visée pronostique9. Récemment, plusieurs auteurs ont donc évalué chez des patients victimes d’ACR et traités par hypothermie, les différents paramètres prédictifs retenus dans les recommandations de 2006. Les seules données de l’examen clinique et notamment l’étude du réflexe cornéen ainsi que le score de Glasgow moteur ne sont pas satisfaisants10. Les biomarqueurs, en particulier la Neuron-Specific Enolase (NSE) plasmatique, permettent une prédiction fiable mais peu sensible. Surtout, les valeurs seuils permettant de prédire le mauvais pronostique sont encore trop variables d’une étude à l’autre11,12. La protéine S100β (PS100), un biomarqueur de l’intégrité gliale, a également été évaluée. Certains auteurs rapportent une spécificité et une sensibilité atteignant les 100% dans la prédiction du devenir neurologique lorsque sa valeur 5 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). plasmatique est supérieure à 0,05ng/ml, 24 heures après ACR13. Ces résultats n’ont cependant pas été confirmés dans d’autres études. L’électro-encéphalogramme (EEG) pourrait fournir un de bonnes capacités pronostiques, au prix toutefois d’une méthodologie assez lourde14. Les potentiels évoqués somesthésiques (PES) ont longtemps été considérés comme le « gold standard » afin de prédire l’évolution neurologique après un ACR ressuscité chez des patients non traités par hypothermie15. Chez les patients traités par hypothermie, les données récentes ne semblent pas le confirmer16. L’anoxie cérébrale secondaire à l’ACR présente une distribution anatomique particulière et un degré d’atteinte très hétérogène entre substance grise et blanche. Une atteinte corticale diffuse peut entrainer un état végétatif ou pauci-relationnel alors même que le tronc cérébral est indemne. Les techniques d’imagerie cérébrale récentes pourraient permettre de s’affranchir de ces particularités. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale et en particulier les séquences de diffusion et la mesure du coefficient de diffusion apparente (ADC) permettent une bonne prédiction de l’évolution défavorable après ACR17. Le tenseur de diffusion (DTI) permet en plus de mesurer l’anisotropie fractionnelle (FA ; étude de l’orientation préférentielle des molécules d’eau) de la substance blanche, fournissant de précieux renseignements sur l’architecture et l’intégrité des faisceaux la composant18. En matière de diagnostic, l’utilisation du DTI est prometteuse dans la prédiction du devenir neurologique des patients victimes de lésions anoxiques. Ces séquences ont déjà fait leurs preuves dans le cadre d’intoxication au monoxyde carbone19 ou après anoxie cérébrale dans un contexte néonatal20. Récemment, une étude pilote menée chez des adultes victimes d’ACR ressuscité a montré que la FA pouvait prédire avec précision l’évolution neurologique à long terme. Néanmoins ces résultats nécessitent d’être confirmés sur un plus large collectif de malade d’une part et de façon multicentrique d’autre part. Notre objectif était donc d’évaluer la mesure de la FA globale issue du tenseur de diffusion comme marqueur pronostique neurologique après ACR ressuscité. 6 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Matériels et Méthodes Protocole d’étude Etude observationnelle, prospective, multicentrique et internationale menée sur des patients de réanimation. Les différents services impliqués furent : • En France, le service de réanimation médicale du professeur Jean Chastre (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris), le service de réanimation médicale du professeur Thomas Similowski (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris), le service de réanimation chirurgicale polyvalente du professeur Jean Jacques Rouby (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris), le service de neuro-réanimation chirurgicale du professeur Louis Puybasset (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris), le service de réanimation neurologique du docteur Francis Bolgert (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris), Le service de neuro-réanimation du Dr Russel Chabane (CHU G.Montpied, Clermont-Ferrand), le service de réanimation chirurgicale du docteur Olivier Verdonk (CHU Pellegrin, Bordeaux), le service de réanimation chirurgicale du professeur Benoît Veber (CHU Charles Nicolle, Rouen). • En Belgique, dans le centre d’étude du coma et des troubles de la conscience du professeur Steven Laureys (CHU Sart-Tilman, Liège). • En Italie, dans le service de neuro-réanimation du professeur Giuseppe Citterio (Ospedale San Gerardo, Monza). Le protocole fût soumis et accepté localement par les différents comités d’éthique. Le consentement des participants à l’étude était recueilli auprès de la personne de confiance ou a posteriori auprès du patient si son état le permettait. De même, les volontaires sains servants de groupe contrôle ont apporté leur consentement écrit à l’étude. Le protocole de l’étude fût enregistré sur www.clinicaltrials.gov (NCT00577954). 7 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Population Patients âgés de 18 à 85 ans, victimes d’un arrêt cardiaque quelle qu’en soit la cause, extra hospitalier ou non. Les patients étaient éligibles si ils étaient survivants à une semaine de l’arrêt cardiaque et non conscients en l’absence de tout traitement sédatif. L’absence de conscience était définie par l’absence de réponse aux ordres simples (serrer la main, tirer la langue, hocher la tête). Les critères d’exclusions étaient : antécédent de pathologie neurologique (accident vasculaire cérébral, tumeur intracrânienne, maladie neurodégénérative), contre-indication à l’IRM (instabilité hémodynamique, hypertension intracrânienne, défaillance respiratoire, dispositifs métalliques internes, obésité morbide) ou état jugé moribond. Après élimination de critères d’exclusion et recueil du consentement auprès des proches, une IRM cérébrale multimodale était pratiquée dans le premier mois après l’arrêt cardiaque. Imagerie par résonnance magnétique Tous les examens d’imagerie par résonance magnétique furent pratiqués entre le 7ème et le 31ème jour post arrêt cardiaque. Les paramètres vitaux étaient enregistrés en continu et un médecin réanimateur supervisait chaque transport et examen pendant toute la durée de celuici. Le délai de réalisation de l’IRM dépendait de plusieurs paramètres : stabilité hémodynamique et respiratoire, délai depuis l’arrêt des sédations, accessibilité de la salle d’examen mais également du délai de prise en charge dans un des centres spécialisé après l’arrêt cardiaque (patients adressés secondairement). Tous les patients recevaient une ventilation mécanique par sonde d’intubation orotrachéale ou par canule de trachéotomie. Le protocole autorisait une sédation, voire une curarisation, si les premières images acquises étaient parasitées par des mouvements involontaires (myoclonies, accès spastiques). Les images natives étaient acquises avec des champs magnétiques de 1,5 ou 3 Tesla, sur des appareils provenant de trois constructeurs différents : • General Electric Healthcare® (Vélizy, France) pour tous les centres de Paris et le centre de Clermont Ferrand. • Siemens Medical Solution® (Bruxelles, Belgique) pour les centres de Rouen et Liège. • Phillips Healthcare® (Eindhoven, Pays-Bas) pour les centres de Bordeaux et Monza. 8 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Pour chaque sujet (patients et volontaires sains), les séquences suivantes ont été acquises : • Séquences morphologiques : T1, T2, T2 Fluid Attenuated Inversion Recovery (FLAIR), 3D-T1 • Séquences fonctionnelles : DTI, Spectroscopie par résonance magnétique (SRM) des noyaux gris centraux et du pont. Les différents paramètres d’acquisition étaient enregistrés au moment de la réalisation de l’examen : Temps d’écho (TE), temps de répétition (TR), champ magnétique (MF), gradient (B), nombre de directions, taille de la matrice, épaisseur de coupe. Pour assurer la reproductibilité de l’examen, chaque centre a acquis des images provenant d’au moins 10 volontaires sains constituant le groupe contrôle de chaque centre et de chaque appareil. Etant donné la longue durée d’inclusion dans l’étude, les protocoles utilisés pour l’acquisition ont pu être modifiés dans certains centres. Dans ce cas, de nouveaux volontaires sains étaient recrutés et une IRM étaient réalisée avec les mêmes paramètres afin de constituer un groupe contrôle pour chaque modalité d’acquisition. Un premier contrôle qualité était réalisé pendant l’examen à la recherche d’artefact ou de mouvements visibles sur les séquences morphologiques. Nous avons fixé comme limite un mouvement moyen de 3 millimètres dans chacun des 3 plans de l’espace. L’IRM de diffusion utilise les propriétés diffusives des molécules d’eau dans l’organisme. Dans un milieu sans obstacle les molécules d’eau diffusent librement selon des mouvements Brownien (ou aléatoires), comme c’est le cas dans le liquide céphalo-rachidien (LCR). La diffusion des molécules d’eau est alors dite, isotrope, c’est à dire qu’elle se répartit dans toutes les directions de l’espace sans vecteur préférentiel. Dans les tissus, le mouvement des molécules d’eau est contraint par des obstacles physiologiques (membranes cellulaires, axones, macromolécules) ou pathologiques (abcès, tumeur, œdème). Les molécules d’eau prennent alors une direction préférentielle, c’est l’anisotropie. En appliquant un champ magnétique puissant dans au moins 6 directions différentes, on peut caractériser la direction préférentielle des molécules d’eau selon les trois dimensions de l’espace dans un voxel donné, c’est le principe du DTI21. Une fois acquises les images obtenues en séquence DTI étaient traitées par le logiciel FSL (Université d’Oxford, UK) disponible sur internet (www.fmrib.ox.ac.uk/fsl/). Ce traitement des images permettait de reconstituer le volume cérébral et de le calquer sur un modèle ou masque (espace MNI 152) via un système de translation. Cela a pour effet de rendre homogènes les cerveaux de tous les sujets à traiter et de permettre une analyse voxel à voxel. 9 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Le logiciel permet de calculer les paramètres de diffusion des molécules d’eau dans les 3 dimensions de l’espace et génère une cartographie de la diffusivité radiale (Lt), axiale (L1), de l’anisotropie fractionnelle (FA) et du coefficient apparent de diffusion (ADC). La diffusivité axiale correspond à l’amplitude de la diffusion des molécules d’eau dans le sens des fibres axonales. La diffusivité radiale correspond à l’amplitude de la diffusion perpendiculairement à l’axe des axones. La FA représente le ratio de la L1 par rapport à la Lt. Une valeur de FA de zéro correspond donc à une diffusion isotrope, c’est à dire répartie uniformément dans toutes les directions de l’espace (LCR). A l’inverse, une valeur de 1 correspond à une orientation unique. Les différentes cartes ainsi obtenues permettaient d’obtenir la tractographie des principales fibres de la substance blanche grâce à l’approche Tract Based Spatial Statistics (TBSS)22. Nous avons sélectionné 20 régions d’intérêt de la substance blanche (Figure 1) en les localisant avec l’atlas de Mori et al, disponible sur internet (http://www.loni.ucla.edu/ICBM/Downloads/Downloads_DTI-81.shtml). Dans ces 20 régions nous avons mesuré les valeurs de FA, ADC, L1, Lt pour chaque patient. Puis un processus de normalisation était appliqué : les valeurs obtenues étaient rapportées aux valeurs des contrôles ayant les mêmes paramètres d’acquisition (constructeur, nombre de directions, TE, TR). Cela permettait de s’affranchir des variations inhérentes aux différents constructeurs, aux différents temps d’écho utilisés et au nombre de directions. Les valeurs de FA, ADC, L1, Lt sont exprimées en pourcentage des valeurs contrôles. Le même processus était pratiqué pour générer les valeurs d’ADC de la substance grise des noyaux sous corticaux (noyaux caudés, thalami et putamen). Les 20 régions d’intérêts de la substance blanche retenues étaient les suivantes : 1) Au niveau du tronc cérébral: • Pédoncules cérébraux droit et gauche (PC), • Pédoncules cérébelleux médians (PCM), • Les parties antérieures (aBS) et postérieures (pBS) de la moelle allongée. 2) Au niveau du corps calleux: • Genu du corps calleux (gCC) • Corps du corps calleux (cCC) • Splénium du corps calleux (sCC) 10 3) Au niveau de la capsule interne: • Bras antérieur de la capsule interne droit et gauche (BACI) • Bras postérieur de la capsule interne droit et gauche (BPCI) [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). 4) Au niveau sous cortical: • Le stratum sagittal droit et gauche (SS) • La capsule externe droite et gauche (CE) • La corona radiata droite et gauche (CR) • Le faisceau longitudinal supérieur droit et gauche (FLS) 11 Figure 1 : Représentation des 20 régions d’intérêts de la substance blanche (selon Mori et al,) 12 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Electro-encéphalogramme Un EEG était réalisé au lit du malade par l’équipe de neurophysiologie, après l’arrêt de l’hypothermie et des sédations, durant les 72 premières heures après l’ACR. Les résultats de [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). l’examen ont été exprimé selon la classification de Synek 23 de la façon suivante: Tableau 1 : Classification des différents aspects EEG selon Synek 23. 13 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Puis, l’expression de ces anomalies était faite selon les différentes classes telles que décrites par Synek : • Optimal : I • Bénin : IIa, IIIa, IIIb • Incertain : IIb, IIIc, IIId, IVbi • Malin : IVai, IVaii, IVbii, IVc • Fatal : IVd, V Recueil des données Les données étaient recueillies et complétées dans le formulaire de compte rendu en ligne (www.cleanweb.aphp.fr) par les investigateurs de chaque centre tout au long des différentes phases de l’étude. • Au moment de l’admission : date et lieu de l’arrêt cardiaque, date de naissance et sexe du patient. Antécédents complets. Cause de l’arrêt cardiaque, premier rythme cardiaque enregistré, durée de no-flow, durée de low-flow, durée totale jusqu’au retour à une activité circulatoire spontanée. Première pression artérielle et saturation pulsée en oxygène après retour à une activité circulatoire. Examen neurologique avec quantification du score de Glasgow (GCS), réflexe pupillaire, cornéen, oculo-cardiaque. Sur le plan biologique : troponinémie, glycémie et lactatémie. • Dosage de la PS100β à la 24ème heure si disponible dans le centre. • Durant les 72 premières heures, réalisation d’un EEG et expression des résultats selon la classification de Synek. • A l’inclusion : Examen neurologique comprenant le GCS total et moteur ainsi que les réflexes du tronc cérébral. • Pendant le séjour en réanimation les cliniciens avaient la possibilité de réaliser des examens à visée pronostique (NSE, PS100, PES) s’ils le souhaitaient mais devaient faire apparaître les résultats sur le compte rendu en ligne. • Au moment de la réalisation de l’IRM : date et paramètres de l’IRM, examen neurologique au moment de l’IRM et enregistrement des paramètres vitaux. • A la sortie de réanimation : Date, Score de Glasgow, Glasgow Outcome Scale Extended (GOSE), et Cerebral Performance Category (CPC). • A 6 mois de l’arrêt cardiaque : Date, GOSE et CPC • A 12 mois de l’arrêt cardiaque : Date, GOSE et CPC 14 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Définition du devenir neurologique L’évolution neurologique après ACR était dichotomisé en devenir favorable (FO) et défavorable (UO). Nous avons pour cela utilisé le score de Glasgow-Pittsburgh Cerebral Performance Category (CPC) qui stratifie le devenir neurologique selon 5 paliers après ACR comme suit24: • CPC-5 : décès • CPC-4 : Etat végétatif persistant • CPC-3 : Conscient avec de lourdes séquelles neurologiques • CPC-2 : Conscient avec des séquelles neurologiques modérées • CPC-1 : Conscient et orienté avec des fonctions cognitives normales Le devenir favorable était défini par un score CPC de 1 ou 2 tandis que le devenir défavorable était défini par un score CPC de 3 à 5 comme cela est établi dans la littérature2528 . L’évaluation neurologique était réalisée à la sortie de réanimation et à 1 an de l’ACR au moyen d’un entretien téléphonique ou d’une visite médicale. Critères de jugement principal Notre hypothèse était que la valeur moyenne de FA de la substance blanche mesurée entre le 7ème et le 31ème jour après ACR ressuscité chez des patients inconscients à J7, prédisait mieux l’évolution neurologique défavorable à un an que l’examen clinique (score de Glasgow) à J7, le dosage de la PS100β à 24h, l’EEG dans les 72 premières heures ou la mesure de l’ADC de la substance grise. Analyse statistique Les analyses statistiques ont été réalisées par le logiciel Stat View version 5.0 (SAS Institute Inc., Cary, NC). Les résultats sont exprimés en moyennes ± écarts types ou médianes et interquartiles. Les données démographiques et cliniques ont été étudiées selon un test t de Student, pour comparer 2 moyennes, ou χ², pour 2 proportions, selon la variable étudiée. Les courbes Receving operative curve (ROC) ont été effectuées au moyen du logiciel Medcalc version 10.0.2 (MedCalc Software, Acacialaan 22, B-8400 Ostende, Belgium). Le seuil de significativité retenu était de 0,05. 15 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Résultats De Juillet 2009 à Septembre 2013, 510 patients victimes d’un arrêt cardiaque ont été admis dans les centres investigateurs (figure 2). Sur les 136 patients inclus, 119 IRM répondaient aux critères de contrôle qualité (tableau 5 en annexe) et ont été exploités dans l’analyse finale. Sur cette période de temps, 116 patients contrôles on été inclus. 510 patients victimes d’ACR 218 décèdent avant J7 178 de choc réfractaire 40 de mort encéphalique 292 survivent 7 jours 156 non inclus 130 réveils avant J7 16 contre-indications à l’IRM 2 mineurs 1 femme enceinte 7 IRM non faites pour raisons logistiques 136 patients inclus 17 IRM non interprétables 31 patients CPC 1-2 88 patients CPC 3-5 Figure 2: Diagramme des flux. Sur les 510 patients victimes d’un ACR ressuscité admis dans les centres investigateurs, 218 sont décédés avant J7. 292 patients ont été évalués à 7 jours de leur arrêt cardiaque : 130 patients se sont éveillés avant le septième jour, 16 avaient une contreindication à l’IRM, 2 étaient mineurs, une patiente était enceinte et 7 patients ne pouvaient pas avoir d’IRM pour des raisons logistiques. Parmi les 136 patients inclus, 17 ont été exclus car leur IRM n’était pas interprétable: soit pour cause de mouvements soit pour cause d’artefact. Au total, 119 patients ont été inclus dans l’analyse finale parmi lesquels 31 ont évolué favorablement et 88 ont évolué défavorablement. Parmi ces 119 victimes d’ACR, 88 patients (74%) ont eu une évolution défavorable (groupe UO) avec à un an, 74 (84%) patients décédés (CPC-5), 10 (11%) dans un état végétatif persistant (CPC-4) et 4 CPC-3 (5%). Trente et un patients (26%) ont présenté une évolution neurologique favorable (Groupe FO) avec 15 patients CPC-2 et 16 CPC-1. Dans le groupe UO, la durée médiane de survie était de 20 jours (interquartiles 13-37 jours), 65 patients sont décédés en réanimation, 4 à l’hôpital peu après leur sortie de réanimation et 5 sont décédés en soins de longue durée. Parmi ces décès, 36 (48,6%) étaient directement lié à une décision de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques actives, 13 (17,6%) des suites d’une défaillance neurologique, 15 (20,3%) d’un choc septique et 10 (13,5%) d’une défaillance cardio-vasculaire (tableau 3bis en annexe). 16 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Données démographiques Les caractéristiques générales des deux groupes, à la prise en charge et à l’arrivée en réanimation, sont présentées dans les tableaux 2 et 3. Il existait une différence statistiquement significative entre les deux groupes pour les variables suivantes : • Un âge moyen plus jeune dans le groupe FO. • Le lieu de l’ACR : Une proportion plus élevée d’ACR extrahospitalier dans le groupe FO et d’ACR intra-hospitalier dans le groupe UO. • L’origine cardiaque de l’ACR plus importante dans le groupe FO. • Le rythme cardiaque initial constaté par les premiers secours était plus souvent un rythme susceptible de bénéficier d’un choc électrique externe dans le groupe FO. A l’inverse, le groupe UO présentait un taux plus important d’asystolie ou de dissociation électromécanique. • La durée de retour à une circulation spontanée. Le temps de low-flow et le temps cumulé low et no-flow étaient significativement plus élevés dans le groupe FO. • Les réflexes du tronc cérébral à l’admission en réanimation : Les réflexes cornéen et oculocardiaque étaient davantage retrouvés dans le groupe FO. Les données concernant l’évaluation neurologique des patients à l’inclusion et au moment de l’IRM sont disponibles en annexe (tableau 6). Le score de Glasgow médian était au moment de l’inclusion de 6 et ne différait pas entre les groupes (p=0,063). Le délai médian de réalisation de l’IRM après l’ACR était de 13 jours [8-18] ; respectivement de 12 jours [10-17] dans le groupe FO et de 13 jours [8-18] dans le groupe UO. 17 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Caractéristiques démographiques Age — années Sexe masculin — no. (%) Antécédents — no. (%) Coronaropathie Hypertension artérielle Diabète Tabagisme actif Intoxication alcoolique Données de l’arrêt cardiaque Lieu de l’arrêt cardiaque — no. (%) Extrahospitalier Intra-hospitalier Cause de l’arrêt cardiaque — no. (%) Cardiaque Obstruction vasculaire Arrêt hypoxique Intoxication médicamenteuse Noyade Autre Premier rythme cardiaque — no. (%) Rythme choquable Fibrillation ventriculaire Tachycardie ventriculaire Asystolie Dissociation électromécanique Inconnu Délais de prise en charge — min No-Flow Médiane Interquartiles Low-Flow Médiane Interquartiles Retour d’une activité circulatoire Médiane Interquartiles Tableau 2 : Caractéristiques des patients au Tous (N=119) CPC 1-2 (N=31) CPC 3-5 (N=88) 49±17 81 (69) 39±16 21 (68) 52±16** 60(69) 28 (24) 36 (30) 11 (9) 48(41) 28 (24) 9 (30) 5 (17) 0 (0) 14 (47) 7 (23) 19 (22) 31 (35) 11 (12) 34 (39) 21 (24) 78 (66) 41 (34) 27 (87) 4 (13) 51 (58)** 37(42)** 61 (51) 25 (21) 12 (10) 2 (2) 3 (3) 16 (13) 22 (71) 5(16) 2 (7) 0 (0) 0 (0) 2 (7) 39 (44)** 20 (23) 10 (11) 2 (2) 3 (3) 14 (16) 51 (43) 47 (40) 4 (3) 48 (41) 16 (13) 4 (3) 25 (81) 24 (78) 1 (3) 4 (13) 1 (3) 1 (3) 26 (30)** 23 (26)** 3 (3,5) 44 (50)** 15 (17) 3 (3,5) 2 0-6 1 0-7 2 0-5 20 10-35 20 10-43 20** 10-30 28 30 26** 15-40 15-46 16-35 moment de l’arrêt cardiaque. Résultats exprimés en moyenne ± écart type, médiane [interquartile 25-75] ou n (%). *p<0,05. 18 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Tous (N=119) CPC 1-2 (N=31) CPC 3-5 (N=88) Données cliniques à l'admission Score de Glasgow Médiane 3 3 3 Interquartiles 3-4 3-4 3-4 Présence réflexe cornéen — no. (%) 96 (82) 30 (97) 66 (77)** Présence réflexe pupillaire — no. (%) 93 (80) 24 (77) 69 (80) Présence réflexe pupillaire — no. (%) 92 (79) 31(100) 57 (71)** Température centrale — °C 35.5±4.4 35.7±1.9 35.4±1.9 Insuffisance circulatoire— no. (%)¶ 62(53) 15 (50) 47 (59) Hypoxémie sévère — no. (%)† 25 (22) 5 (17) 20 (24) SaO2 — % 93±10 95±9 93±11 Pression artérielle moyenne — mmHg 86±24 87±21 85±25 Données biologiques à l'admission pH artériel 7.24±0.20 7.22±0.21 7.25±0.20 Lactate artériel— mmol/litre 6.4±5.5 7±6.5 6.1±5.2 Troponinémie—µg/litre 14.0±29.7 13.4±21.1 14.1±31.9 Glycémie— mmol/litre 12.2±10.3 10.8±5.2 12.8±11.6 Tableau 3 : Caractéristiques des patients au moment de la prise en charge en réanimation. Résultats exprimés en moyenne ± écart type, médiane [interquartile 25-75] ou n (%). †L’hypoxémie sévère est définie par une saturation artérielle en oxygène inférieure à 90% pendant plus de 30 minutes. ¶L’insuffisance circulatoire est définie par une pression artérielle moyenne < 65mmHg pendant plus de 30 minutes ou la présence d’un traitement vasopresseur ou d’une assistance circulatoire externe. **p<0,05. Prédiction du devenir neurologique La FA globale moyenne de la substance blanche était significativement plus élevée dans le groupe FO que dans le groupe UO (95,1 ± 4,6 vs 78,5 ± 12,4 %; p<0,0001 ; figure 3). L’ADC moyenne des noyaux gris sous corticaux était de 106,5 ± 5,3 dans le groupe FO et de 110,1 ± 12,0 dans le groupe UO (p=0,054). Aucune différence significative n’était retrouvée pour le dosage plasmatique de la PS100β. Les valeurs moyennes étaient respectivement de 2,0 ± 2,3 dans le groupe FO et de 2,7 ± 7,4 dans le groupe UO (p=0,37). Parmi les 119 malades inclus, 98 ont bénéficié dans les trois premiers jours de leur prise en charge d’un EEG exploitable. Six patients se situaient dans la classe I de Synek, 16 dans la classe II, 46 dans la classe III, 25 dans la classe IV et 5 dans la classe V (tableau 4). 19 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Tous (N=98) Données EEG— no. (%) Réactivité 29 (30) Ondes triphasiques périodiques 27 (28) Crises infracliniques 22 (22) Burst suppression 17 (17) Classification de Synek— no. (%) I-Optimal 6 (6) II-Bénin 16 (16) III-Incertain 46 (46) IV-Malin 25 (25) V-Fatal 5 (5) Tableau 4 : Caractéristiques EEG des patients. Résultats CPC 1-2 (N=22) CPC 3-5 (N=76) 13 (60) 6 (27) 4 (18) 1 (5) 16 (21)** 21 (28) 18 (24) 16 (21) 6 (27) 0 (0)** 5 (22) 11(14) 10 (45) 36 (47) 1 (5) 24(32)** 0 (0) 5 (7) exprimés en n (%). Classification EEG selon Synek et al, 23.**p<0,05. Les aires sous la courbe ROC de la FA de la substance blanche et de l’ADC de la substance grise pour prédire l’évolution défavorable étaient respectivement de 0,94 (intervalle de confiance à 95% : 0,88-0,98) et de 0,651 (Intervalle de confiance à 95% : 0,56-0,74). La comparaison des courbes ROC (figure 4a) montrait une différence statistiquement significative (p<0,0001). Concernant les autres variables testées, les aires sous la courbe du score de Glasgow à J7, de la PS100β à J1 et du score de Synek à J3 étaient respectivement de 0,51 (intervalle de confiance à 95% : 0,41-0,61), 0,52 (intervalle de confiance à 95% : 0,370,66) et de 0,79 (intervalle de confiance à 95% : 0,70-0,87). L’aire sous la courbe de la FA de la substance blanche était statistiquement supérieure aux aires sous la courbe pour toutes les autres variables testées (figure 4b). Une valeur de FA < 86,3% des contrôles prédisait une évolution défavorable avec une sensibilité de 77,3% (IC 95% : 67%-86%) et une spécificité de 100% (IC95% : 89%-100%). La diminution de la FA était proportionnelle et globale dans les 20 régions d’intérêts étudiées et la différence dans la valeur de FA était significative entre les groupes FO et UO dans chaque région (figure 5). L’analyse régionale permettait de mesurer la variation de FA dans les 2 groupes par rapport aux contrôles et ainsi de fournir une cartographie de la baisse de FA (figure 5bis en annexe). 20 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). 1,2 1,1 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 FA contrôles FA_CPC_1-2 FA_CPC_3-5 Figure 3 : Représentation graphique (Box-plot) des valeurs moyennes de FA gloable de la substance blanche et de leurs écarts-types respectifs, chez les contrôles, les patients ayant évolué favorablement (CPC 1-2) et les patients ayant évolué défavorablement (CPC 3-5). La valeur moyenne de FA globale des contrôles et des patients ayant évolué favorablement (CPC 1-2) est significativement supérieure à celle des patients ayant évolué défavorablement (CPC 3-5) (p<0,0001). Il n’y a pas de différence entre les valeurs moyennes de FA globale des contrôles et des patients ayant évolué favorablement (CPC 1-2). 21 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). 100 80 80 60 60 Sensitivity Sensitivity 100 40 20 40 20 GCS at inclusion PS100β Classification Synek FA_substance blanche ADC_substance_grise 0 0 0 20 40 60 100-Specificity 80 100 0 20 40 60 100-Specificity 80 100 Figure 4a (à gauche) : Comparaison des courbes ROC de la FA globale de la substance blanche et de l’ADC de la substance grise pour prédire l’évolution neurologique défavorable (CPC 3-5). Figure 4b (à droite) : Comparaison des courbes ROC pour les autres variables étudiées pour prédire l’évolution neurologique défavorable (CPC 3-5). L’aire sous la courbe de la FA de la substance blanche est significativement supérieure aux aires de toutes les autres variables testées. L’aire sous la courbe de la classification Synek est significativement supérieure à celle de l’ADC de la substance grise (p=0,02), à celle du GCS à l’inclusion (p=0,005) et à celle de la PS100 (p=0,03). Il n’y a pas de différence significative entre l’aire sous la courbe de l’ADC de la substance grise et les aires respectives du GCS et de la PS100 (p>0,05). Il n’y a pas non plus de différence entre les aires sous la courbe du GCS et de la PS100 (p>0,05). 22 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). 110% 105% 100% 95% 90% 85% 80% 75% 70% CPC 1-‐2 CPC 3-‐5 65% 60% 55% Figure 5 : Variations régionales des valeurs moyennes de FA dans les 20 régions d’intérêts de la substance blanche pour les 2 groupes. Les résultats sont exprimés en pourcentage des valeurs des contrôles. Les barres verticales représentent les écarts-types respectifs dans chaque région d’intérêt. La FA moyenne des patients au devenir favorable (CPC 1-2) est significativement supérieure à celle des patients au devenir défavorable (CPC 3-5) dans chacune des 20 régions d’intérêt (p<0,0001). 23 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Discussion Les lésions anoxo-ischémiques sont les principales complications après ACR ressuscité et sont responsables d’une morbidité élevée29. Le pronostique de la récupération ou de l’absence de récupération neurologique après arrêt cardiaque est un enjeu essentiel de santé publique. En effet, à l’échelle individuelle, l’outil pronostique idéal qui garantirait l’absence d’évolution favorable, permettrait d’éviter la souffrance du patient et de respecter d’éventuelles directives anticipées. De même, l’apport d’une réponse claire, précoce et sans ambiguïté aux proches pourrait diminuer leur souffrance et éviter le maintien d’espoirs infondés30. A l’échelle collective, il faut rappeler que le handicap génère un coût important pour la société, supporté par tous et schématiquement croissant avec le degré de dépendance. Il est dès lors licite de s’interroger sur le bien fondé d’une réanimation lourde et prolongée alors même que l’évolution péjorative est prévisible, principes qui sont le fondement de la loi Leonetti31. Parallèlement à cela, l’augmentation constante de la population, l’allongement de l’espérance de vie et l’amélioration des techniques médicales conduisent à élargir les indications de transplantations d’organes alors même que les greffons se font proportionnellement de plus en plus rares. C’est dans ce cadre que les sociétés savantes de réanimation françaises s’interrogent sur la possibilité de prélever les organes des donneurs à cœur arrêté (ou classe III de la classification de Maastricht) après limitation thérapeutique32. Dans ce contexte, il y a une nécessité absolue d’avoir des outils pronostiques validés qui soient 100% spécifiques pour prédire un mauvais devenir neurologique. L’outil pronostique de récupération neurologique après ACR qu’il soit clinique, biologique, électro-physiologique ou radiologique doit avoir une spécificité parfaite. En effet il serait éthiquement inacceptable de prendre des décisions de limitations thérapeutiques chez des patients pour qui un espoir de récupération neurologique est permis. En ce sens nos résultats sont intéressants puisque l’on obtient pour une valeur de FA globale de la substance blanche inférieure à 0,863 une spécificité de 100% pour une sensibilité de 77,3%, avec des intervalles de confiance relativement étroits. Rappelons que cette valeur n’est pas un score calculé mais une variable physiologique mesurée directement par l’IRM. Nous retrouvons pour la FA globale de la substance blanche une aire sous la courbe ROC de 0,94 pour prédire l’évolution neurologique défavorable. Ces résultats sont 24 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). similaires à ceux de Luyt et al,33 où l’aire sous la courbe ROC de la FA globale était de 0,92. Néanmoins nos résultats sont discordants pour la mesure de l’ADC de la substance grise. Dans l’étude de Luyt et al, l’aire sous la courbe ROC obtenue en mesurant l’ADC de 9 régions d’intérêts dans la substance grise était de 0,86, bien supérieure à l’aire de 0,651 que nous retrouvons avec seulement 3 zones d’intérêt. Cet écart peut s’expliquer par le faible pouvoir discriminant du logiciel FSL pour distinguer la substance blanche de la substance grise, en particulier dans les régions juxta-corticales. Ainsi les résultats de notre étude précédente pourraient être le fait d’une erreur d’approximation du logiciel. Néanmoins, en dépit d’effectifs certes faibles, d’autres auteurs suggèrent également que la mesure de l’ADC pourrait être un excellent outil pronostique après arrêt cardiaque avec une spécificité atteignant 100%34,35. Il semble toutefois que les zones de la substance grise soient inégalement touchées par les lésions anoxo-ischémiques, en particulier le cortex et les noyaux gris centraux. Ces résultats confirment l’étude pilote de Luyt et al, 33 et permettent d’en améliorer certains écueils. La méthodologie tout d’abord : En s’affranchissant de l’utilisation d’un algorithme via le logiciel SVM (Support vector machine), l’utilisation du DTI comme outil pronostique est accessible partout. Deuxièmement, notre étude permet la généralisation des résultats sur une plus grande cohorte et qui plus est multicentrique. Enfin une des limitations reprochées à l’étude de Luyt et al, était le faible nombre de patients avec un devenir favorable (i.e. 8 patients). Dans notre travail, ce nombre est multiplié par 4, améliorant drastiquement la puissance de l’outil DTI. La littérature reste néanmoins pauvre sur ce sujet. En effet les études traitant du sujet sont peu nombreuses. Une récente méta-analyse met en lumière les différents problèmes que rencontrent les études utilisant l’imagerie cérébrale dans la prédiction du devenir après arrêt cardiaque36. Celle-ci, qui malheureusement ne tient pas compte de l’étude princeps de Luyt et al, ne retrouve que 5 études de niveau P2 de la classification ILCOR (International liaison comitee on resuscitation) et aucune de niveau P1. Les principales lacunes dont souffriraient les études sur l’IRM cérébrale dans l’arrêt cardiaque sont : la taille des effectifs insuffisante, la variabilité intra et inter-études, la variabilité du temps de réalisation de l’IRM après arrêt cardiaque, le manque de comparaison aux autres méthodes de pronostication, le manque d’utilisation de techniques modernes d’IRM comme la diffusion ou l’ADC et enfin des limitations thérapeutiques trop précoces. Dans notre étude, nous avons inclus 119 patients dont plus de 20% ont évolué favorablement après ACR. Le délai de réalisation de l’IRM était homogène à la fois entre les 25 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). groupes et entre les centres. Enfin la médiane de survie était de 20 jours (interquartiles 13-37) ce qui permettait un recul suffisant pour une évaluation multimodale par les cliniciens avant une éventuelle décision de limitation de soins. Nous avons également pu comparer le DTI aux autres techniques pronostiques. L’EEG est la technique pronostique pour laquelle nous disposions du plus de données. L’extension des utilisations et des indications de cet outil en réanimation subit en effet une augmentation exponentielle ces dernières années37. Dans notre étude, 83% des patients bénéficiaient d’une étude électro-encéphalographique exploitable. L’aire sous la courbe ROC de la classification Synek fournissait de bons résultats mais néanmoins nettement inférieurs à ceux obtenues par l’imagerie en DTI. Ces données sont concordantes avec la distribution anatomique des lésions d’anoxoischémie rencontrées après arrêt cardiaque. Il a en effet longtemps été considéré que le cortex cérébral était préférentiellement touché. Les études animales venaient contredire cet adage en montrant que l’atteinte ischémique de la substance blanche était plus diffuse et plus précoce que l’atteinte de la substance grise après ligature de l’artère cérébrale moyenne chez le rat38. Ces études expérimentales sont vérifiées en pathologie que ce soit après intoxication au monoxyde de carbone39 ou après ACR40. L’intoxication au monoxyde de carbone est un modèle classique de lésions anoxo-ischémiques où l’atteinte de la substance blanche est caractéristique et corrélée aux dysfonctions cognitives séquellaires retrouvées chez les survivants41. L’analyse en DTI de la substance blanche des patients victimes d’intoxication aiguë au monoxyde de carbone montre une diminution précoce de la FA chez les patients présentant des séquelles neurologiques19,42,43. Dans notre travail, nous trouvons des résultats similaires montrant la destruction de l’architecture des fibres de la substance blanche. Nos résultats sont également concordants sur le fait que l’étude de l’atteinte de la substance blanche en DTI est supérieure à la mesure de l’ADC dans la substance grise pour prédire l’évolution neurologique après anoxie cérébrale. Certaines limites de notre étude méritent toutefois d’être abordées. Premièrement l’existence d’un biais de sélection dans l’inclusion des patients victimes d’ACR. En effet moins d’un quart des patients admis dans les centres investigateurs pour cette pathologie étaient inclus dans l’analyse finale. Ceci est dû au délai minimum pour la réalisation de l’IRM cérébrale que nous nous sommes fixé. Le choix de 7 jours minimum avant l’imagerie se basait sur les constatations suivantes :1) Le transport médicalisé d’un patient présentant souvent plusieurs défaillances d’organes aiguës est loin d’être anodin, il faut donc le réserver aux patients qui en tireront un réel bénéfice, c’est à dire ceux pour qui il existe un doute quant à 26 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). l’évolution neurologique. Un délai de 7 jours paraissait donc raisonnable pour permettre une évaluation neurologique satisfaisante à distance de tout traitement pouvant influer sur celle-ci. En l’espèce, nombre de patients se sont réveillés après la levée de l’hypothermie et de la sédation et avant 7 jours. De facto le rapport bénéfice/risque du transport de ces patients en IRM est en défaveur de l’examen. 2) Les données issues de l’étude de Luyt et al, suggéraient qu’une IRM trop précoce pouvait sous estimer les lésions de la substance blanche. Nous remarquons d’ailleurs que la sensibilité du DTI pour prédire l’évolution défavorable est meilleure dans le sous groupe de patient dont l’IRM est réalisée dans la troisième semaine après arrêt cardiaque (données non publiées). Par ailleurs, 17 IRM n’étaient pas interprétables. Dans la majorité des cas, des mouvements étaient constatés. Nous avions fixé la limite de déplacement acceptable dans les trois directions de l’espace à 3mm. Au delà, ces déplacements auraient pu considérablement contrarier la superposition des images sur le masque et ainsi induire des erreurs de mesures de la FA. Dans certains cas, les images acquises présentaient des artefacts. Les investigateurs en charge de l’analyse des IRM étaient les seuls juges du caractère limitant de ces artefacts. A notre sens, ces critères constituent les limites raisonnables de l’applicabilité de la technique et sont les garants de sa reproductibilité. De plus, la possibilité de réaliser d’autres tests à visée pronostique pouvait induire un biais de vérification. Cependant les cliniciens en charge du patient n’avaient pas accès aux résultats de l’IRM par DTI ce qui les rendait aveugles aux mesures de FA chez leurs patients. Ainsi l’emploi d’autres outils pronostiques même réalisés après l’IRM n’entrainait pas ce type de biais. 27 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Conclusion La mesure de la FA globale de la substance blanche par IRM en séquence DTI est supérieure à la mesure de l’ADC de la substance grise, à la classification électroencéphalographique de Synek, au score de Glasgow et à la valeur de la protéine S100β pour prédire l’évolution neurologique des patients comateux une semaine après ACR ressuscité. L’utilisation de cet outil pronostique doit s’étendre afin que ces données soient vérifiées auprès de centres considérés comme « naïfs ». Professeur Louis Puybasset Docteur Lionel Velly 28 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Annexes Tableaux supplémentaires All (N=119) CPC 1-2 (N=31) CPC 3-5 (N=88) Durée de séjour en réanimation—jours Médiane 22 20 22** Interquartiles 13-33 7-31 14-34 Durée de séjour à l'hôpital—jours Médiane 22 29 22 Interquartiles 15-48 18-43 14-51 Devenir neurologique—no (%) CPC-5 74 (62) 74 (84) CPC-4 10 (9) 10 (11) CPC-3 4 (3) 4 (5) CPC-2 15 (13) 15 (48) CPC-1 16 (13) 16 (52) Cause du décès—no (%) Limitation de soins ou arrêt thérapeutique 36 (30) 36 (49) Origine neurologique 13 (11) 13 (17) Origine infectieuse 15 (13) 15 (20) Origine cardio-vasculaire 10 (8) 10 (14) Délai de survie si décès—jours Médiane 20 20 Interquartiles 13-37 13-37 Tableau 3bis : Devenir des patients après l’arrêt cardiaque. Le devenir neurologique est évalué à 1 an. CPC : Cerebral Performance Category. Résultats exprimés en médiane [interquartile 2575] ou n (%). **p<0,05. 29 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Tous (N=119) CPC 1-2 (N=31) CPC 3-5 (N=88) Contrôle qualité IRM Nombre d'artefacts détectés 0,004±0,005 0,005±0,006 0,003±0,005 Mouvement moyen—mm 1,47±0,77 1,88±0,99 1,32±0,61 Mouvement maximum—mm 1,99±1,23 2,40±1,58 1,84±1,06 Ratio de Couverture du cerveau après normalisation 0,967±0,029 0,974±0,017 0,964±0,032 Tableau 5 : Caractéristiques qualitatives des IRM. Résultats exprimés en moyenne ± écart type. p>0,05 pour toutes les variables étudiées. 30 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). All (N=119) CPC 1-2 (N=31) CPC 3-5 (N=88) Médiane Interquartiles Examen neurologique GCS à l'inclusion Médiane Interquartiles GCS au moment de l'IRM 13 8-18 12 10-17 13 8-18 6 4-7 6 4-8 6 4-7 Médiane Interquartiles GCS moteur au moment de l'IRM 6 4-8 11 6-15 6** 4-7 Délai entre ACR et IRM—jours Médiane 3 6 2 Interquartiles 2-4 4-6 1-3 Présence du réflexe cornéen— no. (%) 84 (71) 31 (100) 53 (60)** Présence du réflexe pupillaire — no.(%) 93 (78) 31 (100) 62 (70)** Tableau 6 : Evaluation clinique à l’inclusion et au moment de l’IRM. ACR : Arrêt cardio-respiratoire, GCS : Glasgow Coma Scale. Résultats exprimés en médiane [interquartile 25-75] ou n (%). **p<0,05. 31 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Figures supplémentaires CARDIAC&ARREST&&&DTI& T2"FLAIR" Frac*onal"Anisotropy"(FA)" T2"FLAIR" Frac*onal"Anisotropy"(FA)" CPC"2" 0.5" Highanisotropy" CPC"5" 0" Low"anisotropy" Figure 1bis: Exemple de coupes en séquence IRM FLAIR centrées sur les noyaux gris centraux correspondant à un patient ayant évolué favorablement (CPC-2) à gauche et un ayant évolué défavorablement (CPC-5) à droite. L’hypersignal FLAIR des noyaux gris sous corticaux ne permet pas de prédire leur évolution différentielle. En bas, cartographies respectives de FA obtenues chez chaque patient. L’échelle d’anisotropie s’étend des couleurs les plus froides (anisotropie faible) aux couleurs les plus chaudes (anisotropie élevée). 32 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Regional)white)FA)decrease) CPC)152) CPC)355) 0%))))))))))))))))))))))55%))))))))))))))))))))))510%))))))))))))))))))))))515%))))))))))))))))))))))520%))))))))))))))))))))))525%))))))))))))))))))))))530%))))) Figure 5bis : Valeurs de FA dans les différentes régions d’intérêts de la substance blanche en fonction de l’évolution neurologique (CPC 1-2 vs CPC 3-5). Les résultats sont exprimés en pourcentage de diminution par rapport aux valeurs contrôles. On observe chez les patients ayant une mauvaise évolution neurologique une diminution drastique de la FA en particulier au niveau du corps calleux et le bras antérieur de la capsule interne. La partie antérieure de la moelle allongée semble plus préservée. 33 [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (by-‐nc-‐sa). Références 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. Atwood C, Eisenberg MS, Herlitz J, Rea TD. Incidence of EMS-‐treated out-‐of-‐ hospital cardiac arrest in Europe. 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