M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle Diagnostic d’une adénopathie superficielle Objectifs : 1- Enumérer les territoires ganglionnaires. 2- Citer les territoires où la présence d’un ganglion est sûrement pathologique. 3- Reconnaître cliniquement une adénopathie superficielle. 4- Rapporter à une cause locale la présence d’une adénopathie dans un territoire donnée (cervical, occipital, pré-auriculaire, axillaire, inguinal). 5- Enumérer les examens de pratique courante permettant de rapporter à une cause générale les adénopathies généralisées, en fonction de l’âge. 6- Expliquer l’intérêt diagnostique de la ponction ganglionnaire. 7- Citer les indications de la biopsie ganglionnaire. 8- Différencier par l’examen clinique une adénopathie d’une tuméfaction non ganglionnaire dans la région axillaire, cervicale et la région inguinale. 9- Déterminer l’origine vaccinale d’une adénopathie axillaire par l’anamnèse et l’examen clinique chez un nourrisson. 10- Enumérer, en présence d’adénopathies généralisées associées à un syndrome mononucléosique, les affections les plus courantes et préciser les arguments de certitude pour chacune d’entre elles. 11- Suspecter, sur des critères anamnestiques. et cliniques, une affection maligne en présence d’adénopathies généralisées. - 1 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle Diagnostic d’une adénopathie superficielle I) LES TERRITOIRES GANGLIONNAIRES ET LEURS PARTICULARITE : Région cervicale : Antérieure : On distingue les ganglions sous mentonniers, sous maxillaires, prétragiens, et parotidiens (au niveau de la région pré auriculaire). Moyenne : Il existe les ganglions Jugulo carotidien, et sus claviculaires. Postérieure : On distingue les ganglions de la région spinale et occipitale. Région axillaire. Région épithrochléenne. Creux poplité. Région inguinale. Région Rétro crurale. Les ganglions forcément pathologiques sont les ganglions épitrochléen, poplité, préauriculaire (parotidien), et sus claviculaires. Les ganglions non forcément pathologiques sont les ganglions cervicaux, axillaires, et inguinaux. Les adénopathies rarement malignes sont les adénopathies occipitales, épitrochléenes et inguinales. Par contre les adénopathies toujours malignes sont des adénopathies sous-clavières gauches (ganglion du troisier). - 2 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle II) ADENOPATHIE PHYSIOLOGIQUE ET PATHOLOGIQUE : Physiologiquement : Les ganglions ne sont pas palpables à la naissance, ils vont augmenter progressivement de taille, de manière constante jusqu’à la puberté, puis régresser progressivement. Les ganglions cervicaux, axillaires et inguinaux sont plus facilement palpables chez l’enfant que chez l’adulte, et sont d’autant plus aisément perçus que l’enfant est maigre. Certaines adénopathies sont visibles chez les sujets longilignes au niveau des chaînes cervicales postérieures. Pathologiquement : L’adénopathie est dite pathologique si son plus grand diamètre est supérieur à 1cm. Deux exceptions existent à cette règle : Les ganglions épitrochléens qui sont pathologiques à partir de 5mm de diamètre. Les ganglions inguinaux sont anormaux lorsque leur diamètre est supérieur à 15mm. De plus, les adénopathies asymétriques sont généralement pathologiques. Une adénopathie est maligne : Si le volume est très élevé (> 5cm). Lorsqu’il y a une augmentation rapide du volume. Lorsqu’elles sont compressives. Lorsque la forme normale du ganglion est perdue. Lorsqu’elles sont de consistances dures Pierreuse. Lorsqu’elles sont adhérentes aux plans profonds et superficiels. Lorsqu’il n’existe pas de péri adénite. Lorsqu’elles sont indolores. - 3 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle III- ENQUETE CLINIQUE : A- Interrogatoire : Un interrogatoire poussé doit être réalisé. B- Examen clinique : 1) Examen local : Il recherchera les caractéristiques cliniques des adénopathies c’est-à-dire leur topographie, le nombre, le diamètre, la consistance, la sensibilité, la mobilité par rapport aux 2 plans et l’état de la peau en regard. 2) L’examen locorégional et général : Ils seront systématiquement pratiqués. L’examen général recherchera : Une porte d’entrée infectieuse : bucco-dentaire, pharyngée, (pyodermite)… Une éruption cutanée, un purpura. Une hépatosplénomégalie dont on précisera les caractères. Une pâleur cutanéomuqueuse. Hémorragies extériorisées : Epistaxis, gingivorragies… - 4 - ORL, cutanée M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle C) Etapes de raisonnement et stratégie d’exploration : Il existe schématiquement deux situations : 1) Adénopathies banales : Il s’agit d’un ganglion unique ou polyadénopathies bilatérales et symétriques, de siège cervical haut, élastiques, indolores, et de diamètre inférieur à 1cm. Il convient de rassurer le patient et sa famille et de proposer une nouvelle consultation en cas de modification des caractéristiques des adénopathies et/ou apparition d’autres symptômes. 2) Les autres cas : Une stratégie d’explorations complémentaires doit être définie. **On pratiquera en première intention : NFS VS CRP. Sérologie (selon la clinique : HIV, CMV, EBV, toxoplasmose…). IDR à la tuberculine. Radiographie du thorax et échographie abdominale (à la recherche d’une adénopathie profonde). **En second intention on pratiquera une ponction biopsie ganglionnaire avec adénogramme et culture du liquide recueilli : cela se fera en cas de ganglion inquiétant d’emblée, d’un ganglion persistant au-delà de 3-4 semaines sans étiologie prouvée, et lorsque les examens précédents ne sont pas contributifs. L’analyse du liquide recueilli peut montrer la présence de pus, des cellules anormales ou une adénite inflammatoire. **En troisième intention, on optera pour La biopsie ganglionnaire : (Toujours après une ponction ganglionnaire) : en cas de ganglion très inquiétant, de ganglion persistant plus de 4 semaines, de ponction ganglionnaire négative, et de présence des cellules malignes à la ponction biopsie ganglionnaire. Un ganglion doit généralement être prélevé en totalité (biopsie, exérèse). On choisit le plus pathologique sur les données radio cliniques. Différents prélèvements seront faits de manière stérile pour analyse bactériologique, cytohistologique, immunomarquage, biologie moléculaire, et cytogénétique. - 5 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle NB : ces biopsies ganglionnaires et ponction biopsie ganglionnaire sont contre-indiquées en cas de présence d’une masse pulsatile ou soufflante. IV) DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL : A) Quelque soit la localisation : Abcès chaud, kyste sébacé, lipome, pseudo-tumeur à corps étranger, ganglions normaux chez les enfants maigres. B) Au niveau cervical : Kystes épidermoïdes (Faciles à reconnaitre quand ils s’accompagnent d’une fistule congénitale du cou), lymphangiome kystique, hypertrophie thyroïdienne, et kyste du tractus thyréoglosse (formation lisse, médiane, arrondie, élastique, visible lors de la mise du cou en hyper-extension et mobile avec les mouvements de la déglutition et de la protrusion de la langue). C) Au niveau inguinal : Une hernie inguinale (tuméfaction impulsive de la toux), une hernie de l’ovaire, un testicule ectopique et un kyste du cordon. V- LES ETIOLOGIES : Certains indices cliniques peuvent nous orienter vers certaines étiologies : Les adénopathies de petites tailles de moins de 2 cm de diamètre, de consistance élastique sans périadénite témoigne en général d’une infection virale. Un ganglion unilatéral, de grand volume, douloureux avec périadénite dénote en général une infection bactérienne. Les ganglions avec volume modéré, mobile, de consistance caoutchouteuse, sans douleur plaident en faveur du lymphome. Les adénopathies volumineuses, cervicales accompagnées d’angine existe dans les diphtéries, les mononucléoses infectieuses, et les infections à streptocoque B. Les ganglions dus à des métastases sont de consistance dure pierreuse. - 6 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle - 7 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle Démarche diagnostique devant une adénopathie – principales étiologies Interrogatoire Examen physique complet Adénopathies banales Adénopathies pathologiques Pas d’exploration Rassurer la famille et le patient Rhinopharyngite virale Infections Orl Examens complémentaires BCGite NFS- VS- CRP- IDR- Rx thorax- Echo abdominale ± Sérologie spécifique ± Ponction biopsie ganglionnaire ± Biopsie ganglionnaire bactériennes Adénopathies localisées Adénopathies localisées V B P Malin MG Autres TBC++ MMI CMV Rubéole Rougeole Varicelle HIV+++ Toxoplasmose Leishmaniose - 8 - Leucémie aiguë Lymphome non hodgkinin L. hodgkinien Mét. Ganglionnaire Histiocytose langerhansienne LLC Waldenstrom AJI (Still) Lupus Sarcoïdose DPM Maladie de surcharge Kawasaki Maladie de Rosai Dorfman Maladie de Castchman M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle CHRONIQUES NON INFLAMMATOIRES AIGUES INFLAMMATOIRES En cas d’adénopathies localisées Cervicale - Adénite bactérienne à pyogène voire adénophlegmon. (Inf. cutanée, infection dentaire, infection ORL). - Adénopathie tuberculeuse ou à mycobactéries atynépies. - Histoplasmose. - Syphilis Iaire * IIaire. - Sinusite chronique, foyer dentaire chronique -Tumeur de la Tète (Carvum, ORL, Œsophagien thyroïdienne). Occipitale -Teigne du scalp. Sus claviculaire -Griffe du chat (Bartonella) Axillaire - Griffe du chat Inguinales -Maladie de Nicolas Favre (Chlamydia) -Herpes génital -Chancre mou - Infections bactérienne des Membres inférieurs -Erythème fessier - Tumeur digestives / Rein, prostate testicule / Lymphome Tumeur bronchique, lymphome. - Tumeur sein. - Dermatose des membres sup. - Syphilis primaire. - Tumeur OGE/Marge anche. (Testicule exceptionnel) - Lymphome. Remarque : ADP sus claviculaire Gauche : Troiser : K Remarque : Premier chose à faire devant des ADP axillaire. Examen des seins (palpation+++) Remarque : ADP généralement bénigne -Impétigo du scalp / Remarque : ADP généralement Bénigne - 9 - Epitrochléenne - Griffe du chat -Tullarémie / Remarque : ADP généralement bénigne M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle NBs : 1/ Il existe un certain nombre de pathologie avec granulome tuberculoïde (sans nécrose caséeuse) : Sarcoïdose. Mycobactéries atypique, brucellose, syphilis tertiaire, lèpre, toxoplasmose, leishmaniose, histoplasmose, blastomycose. Maladie de Crohn. Maladie de Horton Maladie de Takayashu. Pneumoconiose (Bérylliose), pneumopathie d’hypersensibilité (poumon de Fermier, maladie des éleveurs d’oiseau). La Bartonellose (maladie de Nicolas Favre et maladie du griffe du chat) sont des granulomes avec cellules épithéloïdes mais sans cellules géantes et présence des micro abcès diffus. Il ne s’agit donc pas de granulome tuberculoïde. 2/Les adénites à pyogènes (staphylocoque et streptocoque) : Ce sont des adénopathies le plus souvent cervicales, bilatérales, volumineuses, douloureuses, avec périadénite pouvant engendrer un adénophlegmon. 3/ Les adénites tuberculeuses : Il s’agit en général d’une adénopathie cervicale avec fistulisation possible. Elle est typiquement isolée mais parfois associée à d’autres localisations en particulier pulmonaire ou vertébrale. L’IDR à la tuberculine est souvent positive. Le diagnostic doit être confirmé par la ponction voire la biopsie ganglionnaire, qui montrera un BK positif à l’examen clinique et à la culture ainsi que des cellules géantes épithéloïde avec nécrose caséeuse. 4/ La maladie des griffes du chat : Elle est liée à l’inoculation de Bartonella Henselae par la griffure ou la morsure du chat mais également du chien. L’adénopathie apparaît 1 à 2 semaines après l’inoculation. - 10 - M 41 : Diagnostic d’une adénopathie superficielle Il s’agit d’une adénopathie bilatérale, volumineuse, peu inflammatoire, sensible, généralement axillaire (mais pouvant être susclaviculaire ou épitrochléenne). Cette adénopathie évolue bien spontanément mais peut fistuliser. L’IDR spécifique est positive. La ponction ganglionnaire va montrer un granulome avec cellule épithéloïde mais sans cellule géante et présence de micro abcès avec polynucléaire neutrophile altérée. 5/ La toxoplasmose : Elle est souvent asymptomatique (80% des cas). Les adénopathies sont diffuses, cervicales (chaîne moyenne et postérieure). Eventuellement axillaire, inguinale, médiastinale, voire une splénomégalie. Elles sont de volume modéré, mobiles, non empâtées, légèrement douloureuses, ne suppurent jamais, et disparaissent lentement. La sérologie spécifique est positive. 6/ Les lymphomes malins non hodgkiniens : Dans ce cas les adénopathies augmentent rapidement de volume avec des signes de compression. On a également souvent des épanchements séreux. L’adénogramme note une population blastique. Les biopsies ganglionnaires ou myélogrammes montre un envahissement par les blastes. Le pronostic est moyen. 7/ L’histiocytose X Langheransienne : Elle montre des adénopathies généralisées, de volume modéré, avec hépato splénomégalie, une éruption cutanée et une fièvre prolongée. La biopsie ganglionnaire fait le diagnostic positif (par immunohistochimie). - 11 -
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