Financement Bpifrance justifie le bien-fondé de son action en fonds propres // P. 32 Cas d’école DomusVi résout par un LBO le conflit entre ses actionnaires // P. 33 Stratégie Elior a placé son IPO sous le signe du désendettement // P. 33 LESECHOS.FR // JEUDI 11 DÉCEMBRE 2014 TENDANCE // A l’heure où le président de la Commission européenne œuvre à « l’union des marchés de capitaux », la France accompagne la désintermédiation bancaire en réformant les fonds de prêts à l’économie. Legouvernement continue d’orienterl’épargne vers les PME-ETI Emmanuelle Duten [email protected] L e 15 juillet 2014, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a annoncé le lancement d’une « union des marchés de capitaux » afin d’améliorer le financement de l’économie sur le continent, notamment des PME. Derrière cette initiative se dessine la volonté de stabiliser les marchés financiers et de définirunéquilibremonétairedans la zone euro, pour éviter les secousses que le continent a connues à la suite de la crise de 2007-2008. Pour les entreprises, cela devrait se traduire par un accès à une palette d’instruments de finance- ment plus diversifiée. « L’Union européenne doit accroître la diversité de son secteur financier, en développantlesfinancementsparactions,les instruments de crédit subordonné, les marchés obligataires, la titrisation et les intermédiaires financiers spécialisés non bancaires. Il ne s’agit pas de copier le système américain, qui a bien des défauts, mais plutôt de parvenir à un meilleur équilibre entre banques et “non-banques” en adéquation avec les réalités financières, économiques et politiques du Vieux Continent », estime Nicolas Véron, économiste au centre de réflexion européen Bruegel à Bruxelles et chercheur invité au Peterson Institute for International Economics à Washington, dans Lesplacements privés poursuiventleur ascension Par souhait ou par contrainte, les PME et ETI françaises se détournent de plus en plus du système bancaire pour se financer. Un groupe de travail œuvre pour l’harmonisation des pratiques et des documentations en Europe. Aroun Benhaddou [email protected] Depuis la crise et l’application progressive de la nouvelle réglementationbancaireBâleIII,lemouvement de désintermédiation s’effectue à marcheforcée.Laplacedesfinancements dits « alternatifs » ne cesse de croître au sein des PME et des ETI françaises. En témoigne le succès enregistré par l’« Euro PP » (« Euro Private Placement »), un instrument de financement se déclinant aussi bien en prêt qu’en obligation, pour des maturités d’au moins 5 ans. Créé en France au printemps 2012, il a permis à des sociétés dont lechiffred’affairesestcomprisentre 100millionset1,5milliardd’eurosde lever près de 7 milliards d’euros d’encours fin 2013, d’après Bercy. Un marché grandissant Cetteannée,levolumetotalpourrait au minimum doubler et suivre une croissance annuelle de près de 15 milliards d’euros. Un marché grandissant qui pourrait trouver sa place en dehors des frontières de l’Hexagone. En août, déjà, la société de droit espagnol Newrest Group HoldingSA,structuredetêteduspécialiste toulousain de la restauration hors foyer, avait procédé à une émission obligataire de 40 millions d’euros sous format « Euro PP » – une première pour une entité espagnole. Le développement de cet outil de financement made in France doit néanmoins soutenir une certaine concurrence, au sein même de l’Europe. Le « Mittelstand »allemandaadoptéuncontrat « Parvenir à un meilleur équilibre entre banques et “non-banques”. » une tribune à paraître le 15 décembre dans « Capital Finance » (Groupe Les Echos). D’ici à 2018, les besoins de financement des entreprises implantées dans la zone euro et au RoyaumeUni devraient tutoyer les 3.500 milliards d’euros, d’après un chiffrage effectué par l’agence de notation Standard & Poor’s. A elle seule, la France capture 1.500 milliards de cette enveloppe, dont 800 milliards pour les entreprises de taille inter- de crédit nommé « Schuldschein », aux caractéristiques assez proches del’« EuroPP ».Etlemodèlesemble correctement s’exporter puisque près d’un tiers des émissions en « Schuldschein » proviennent de sociétés non allemandes… voire françaises. Pourquoi ne pas alors miser sur un outil similaire à tous les pays européens ? L’idée commence à faire son chemin. Dans un récent sondage réunissant plus de 200 directeurs financiers d’ETI européennes, le cabinet d’avocats d’affaires Allen & Overy a constaté que 56 % d’entre eux estiment préférable le développement d’un marché paneuropéen du placement privé. Prise au sérieux, la problématique fait actuellement l’objet de travaux coordonnés par l’International Capital Market Association. La France n’est pas en reste puisqu’elle figure comme la première à avoir apporté sa pierre à l’édifice de l’harmonisation des pratiques. En avril 2014, une charte relative aux « Euro PP » avait été lancée par Arnaud Montebourg et Michel Sapin, dans le but de fournir un cadre standard au développement de la pratique. n médiaire (ETI). En mars dernier, un rapport préparé par la Fédération bancaire française établissait que 36 % de l’endettement des entreprises tricolores provient de l’appel au marché, contre 30 % en 2009. Face à ce mouvement inéluctable de désintermédiation, le gouvernement s’est mobilisé pour le fléchage de l’épargne longue vers le financement des entreprises. Il a posé une première pierre à l’édifice fin 2013, en réformant le Code des assurances et en mettant sur pied les fonds Novo 2. Aujourd’hui, il travaille d’arrache-pied à la réforme des fonds de prêts à l’économie (FPE), qui coiffent à la fois les dispositifs Novo1etNovo2,Novi(pourlefinancementdesPMEetETIinnovantes), certains fonds communs de titrisation(FCT)etfondsd’investissement professionnels spécialisés. « Le 17 novembre, le décret portant réforme des fonds de prêts à l’économie est passé devant le Conseil d’Etat. Le texte devrait être publié dans les prochains jours », estime Florence Moulin, avocate associée du cabinet Jones Day et coauteur de l’ouvrage « Les Fonds de capital-investissement, principes juridiques et fiscaux », dont la 3e édition est parue le 9 décembre. « Il contient plusieurs nouveautés. Primo, la possibilité pour les mutuelles et les institutions de prévoyance d’investir dans les FPE dans des conditions attractives, alors que seules les compagnies d’assurances pouvaient le faire jusqu’à présent. Secundo, l’éligibilité des actions reçues par conversion, échangeouremboursementd’obligations, aux FPE. Tertio, la possibilité pour les FPE d’investir dans des holdings financiers purs, de type LBO. » Avec le troisième pan de cette réforme, c’est donc toute l’industrie du capital-transmission (lire page suivante)quisevoit« adoubée »par les pouvoirs publics. n 32 // CAPITAL FINANCE Jeudi 11 décembre 2014 Les Echos FINANCEMENT // La banque publique est unanimement reconnue lorsqu’elle soutient financièrement les fonds d’investissement. Mais son soutien en direct aux PME et aux ETI est parfois décrié. Bpifrance justifie le bien-fondé de son action en fondspropres Xavier Demarle [email protected] A Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d’investissement. Photo Bpifrance ssumer un rôle essentiel dans le financement en fonds propres des PME et des ETI. Telle est l’une des principales raisons d’être qui animent bpifrance depuis sa constitution officielle,àl’été2013.Pours’adresser à son public, la banque publique agit selon deux courroies de transmission complémentaires. L’un de ces canaux est indirect. Pour bpifrance, il consiste à intervenir en « fonds de fonds », comme le faisait en son temps CDC Entreprises, l’une de ses trois entités fondatrices. Ce terme désigne ses apports de capitaux à d’autres fonds d’investissement partenaires, le plus souvent privés. A charge pour ces derniers de prendre eux-mêmes des participations dans des sociétés. Ce mode d’intervention de la banque publique fait l’unanimité dans la communauté financière. Pas seulement en raison des montants qu’elle investit historiquement, même si elle a livré 405 millions d’euros d’engagements aux fonds partenaires, en 2013. Son action est surtout louée parce que sa présence incite d’autres souscripteurs (comme des assureurs, des banques ou des familles fortunées) à apporter des financements dans les fonds. « Pour DG, DAF, Responsables M&A, Acteurs du Corporate Finance… Vous êtes intéressés par l’actualité du M&A, Private Equity, Restructuring et Financement ? Profitez de l’offre spéciale 25 ans de Capital Finance S 1 MOTUI IT 1 euro que nous avons investi dans les fonds de capital-investissement partenaires, 4 euros ont été historiquement engagés en complément par d’autres souscripteurs », a ainsi insisté Pascal Lagarde, directeur de la stratégie, des études et du développement, lors du forum Capital Invest 2014, organisé en novembre. A une nuance près que cet « effet de levier » est plus modeste dans les fonds de capital-risque, dont la rentabilité par nature plus aléatoire attire moins les institutionnels. Eviction des capitaux privés ? Mais bpifrance investit aussi en directdanslesentreprises,enminoritaire. Là se trouve son second moyen d’intervention en fonds propres. La banque publique a mis en place un certain nombre de véhicules qu’elle gère elle-même. Ces derniers s’adressent à un public large de sociétés. Bpifrance cible ainsi les start-up, auprès desquelles il intervient, notamment via les fonds Large Venture (500 millions d’euros) et Ambition Numérique. Il s’adresse également aux ETI, avec un véhicule dédié de 2 milliards d’euros. Tout cela en disposant de plusieurs structures d’investissement chargées d’investir dans des secteurs spécifiques, à l’instar du ferroviaire, du nucléaire ou des écotechnologies. Mais l’action en direct de l’institution est souvent décriée, dans la communauté des fonds d’investissement – même si les gérants se gardent bien de s’en plaindre publiquement, étant donné que bon nombre sont financés par elle. Bpifrance est parfois pointé du doigt pour évincer les capitaux privés. Pour parer à ces accusations, la banque publique a signé avec l’Afic (Association française des investisseurs pour la croissance) une charte de bonne conduite, qui complète sa doctrine d’investissement en délimitant les contours de ses interventions en fonds propres. Elle y indique chercher systématiquement des coinvestisseurs, dans les dossiers. Elle s’engage également à « n’effectuer aucune surenchère sur les propositions des acteurs privés ». n Lesfondsde« privateequity »ontplacé 3,6milliardsd’eurosaupremiersemestre Le capital-investissement reste marqué par la faiblesse des montants unitaires investis par opération. Le LBO a capturé 60 % de l’enveloppe totale. Emmanuelle Duten [email protected] A fin juin, les fonds d’investissement français ont investi 3,6 milliards d’euros, d’après les données publiées par l’Association française des investisseurs pour la croissance (Afic). Le niveau reste en deçà des statistiques observées avant la crise financière – à lui seul, le premier semestre 2007 avait vu pas moins de 6,4 milliards d’euros être dirigés vers les start-up, PME et ETI. Pour autant, les montants placés à fin juin 2014 enregistrent une croissance de près de 40 % par rapport à la même période de 2013. Les entreprises qui font appel au capital-investissement sont également toujours plus nombreuses. Elles ont été 895 à accueillir un fonds à leur capital au premier semestre 2014, alors même que la moyenne ressort à 855 sur la période 2009-2013. Au-delà des évolutions erratiques que le « private equity » français a pu connaître pendant la crise, il reste marqué au fer rouge par la faiblesse des fonds propres injectés par opération. « Au premier semestre, 96 % des entreprises soutenues ont reçu un ticket inférieur à 15 millions d’euros », souligne Michel Chabanel, élu à la tête de l’Afic cet été. Le capital-transmission n’est donc qu’un pan très relatif du capital-investissement pris dans son ensemble. Le LBO (« leverage buy-out ») n’a ainsi concerné que 15 % du volume semestriel, mais 60 % de l’enveloppe en valeur (2,2 milliards d’euros). D’après le baromètre exclusif réalisé par Capital Finance (Groupe Les Echos), 134 opérations à effet de levier ont été conduites à fin novembre en France. Un millésime marqué par le retour des transactions de taille significative. Capital Finance a ainsi recensé 10 LBO de plus de 600 millions d’euros, dont 4 conclus pour une valeur unitaire supérieure au milliard (Vinci Park, Ceva Santé Animale, Médipôle Sud Santé-Médi Partenaires, Sebia). En 2013, seul Allflex avait réussi ce tour de force. n IPO :uneréformepourl’attractivité delaplacedeParis GNRS EANGAGEMENT SA La réforme des introductions en Bourse initiée par l’AMF ne conduira pas à une remise en cause de l’offre obligatoire aux particuliers. Aroun Benhaddou [email protected] • Tous les deals de votre secteur • Les stratégies d’investissement et de financement des entreprises • Les grandes tendances décryptées par notre rédaction et les experts de la profession Bénéficiez de l’offre d’essai sur capitalfinance.lesechos.fr/essai 01.49.53.22.16 Attendued’iciàlafindupremiertrimestre 2015, la réforme des introductions en Bourse (IPO) ne sera pas une révolution, mais bien une évolution. « Il est aujourd’hui admis que la place de Paris n’a pas su attirer autant d’investisseurs que d’autres places boursières », constate Maïr Fereres, associé de BM & A et enseignant chercheur à l’université de Paris 9. Publié le 1er décembre par l’AMF après réception des travaux menés par un groupe de travail pluridisciplinaire, le nouveau cadre réglementaire a donc cherché à se rapprocher des pratiques internationales. Parmi les principales modifications apportées, celle visant à limiter le nombre d’IPO mal accueillies en offrant davantagedesouplessepourlafixationde la fourchette indicative de prix, qui sera désormais de plus ou moins 15 % autour d’un cours pivot (contre 10 % actuellement). Par ailleurs, le groupedetravailadécidédeneplus demander les critères d’appréciation de la fourchette de prix, une pratique française jugée obsolète. Les particuliers au centre du dispositif S’il est un point sur lequel la réforme surprend, c’est sur le main- tien du caractère systématique et obligatoire de l’offre aux particuliers. « Dans tous les autres pays du monde, les particuliers n’ont pas la certitude de pouvoir participer aux IPO », explique Maïr Fereres. La place des investisseurs individuels a donc été conservée, en dépit d’une complexité bien française qui renchérit le coût d’accès au marché. Reste que la possibilité de rédiger le prospectus de l’IPO en anglais, nouveau point introduit par la réforme, pourrait attirer davantage d’investisseurs étrangers. n CAPITAL FINANCE // 33 Les Echos Jeudi 11 décembre 2014 MAISONS DE RETRAITE RESTAURATION COLLECTIVE DomusVi résout parun LBO leconflitentre ses actionnaires Elior a placésonIPOsous le signedudésendettement Le numéro trois français des maisons de retraite est passé sous le contrôle du fonds PAI Partners, pour une valorisation de l’ordre de 650 millions d’euros. Soit près de 11 fois l’excédent brut d’exploitation qu’il a dégagé en 2013. Xavier Demarle [email protected] Dans un marché français des maisons de retraite marqué par le rapp r o c h e m e n t e n t r e Ko r i a n e t Medica, DomusVi a également profité de 2014 pour remodeler sa structure actionnariale. Après avoir envisagé une introduction en Bourse l’an passé, le numéro trois national du secteur, à la tête de près de 200 établissements dans le pays, est finalement passé sous le contrôle du fonds d’investissement PAI Partners et a accueilli à son capital un autre financier, ICG, ainsi que CNP Assurances. Tout cela à l’occasion d’un LBO (acquisition avec recours à l’endettement) finalisé pour une valorisation de l’ordre de 650 millions d’euros – à rapprocher des 60 millions d’Ebitda dégagés par l’opérateur, en 2013. investis au cours des prochaines années », avait indiqué à Capital Finance son président du directoire, Jean-François Vitoux, au printemps dernier. A noter que le français a également initié son implantation en Chine, en s’alliant avec un partenaire local, Hanfor (qui aurait lui-même fait partie des prétendants à son rachat). Mais le LBO que l’opérateur a DomusVi entend se consacrer à un essor dans d’autres pays européens. entamé lui a aussi permis de tourner la page des relations compliquées entretenues jusqu’alors par ses deux principaux actionnaires, qui se partageaient le capital à parts égales. D’un côté se trouvait un holding contrôlé par le fondateur, Yves Journel. De l’autre figurait une structure détenue par l’entrepreneur Jean-François Gobertier, qui a apporté à DomusVi son propre groupe de maisons de retraite, Dolcéa, en 2011. Or, ce dernier avait expliqué dans une interview à l’hebdomadaire « Challenges », mi2012,quecerapprochementluilaissait « quelques regrets ». Il s’était même lancé dans un projet parallèle de création d’une offre pour personnes âgées dans les centres-villes. L’entrée de PAI Partners et de ses co-investisseurs dans DomusVi a ainsi offert à Jean-François Gobertier une porte de sortie capitalistique. Quant à Yves Journel, il demeure toujours présent en tant qu’actionnaire minoritaire. n Le groupe, qui avait été sorti de la cote par les fonds Charterhouse et Chequers Capital, en 2006, a fait un come-back remarqué en juin, en levant 785 millions d’euros. Aroun Benhaddou [email protected] C’est l’une des dernières introductions en B ourse réussies de l’année, sur le compartiment A d’Euronext. Le groupe de restauration collective et de concession Elior – qui avait été sorti de la cote par les fonds Charterhouse et Chequers Capital, en 2006 – a fait un come-back remarqué. A l’occasion de son entrée sur la cote, qui a eu lieu en juin, il a levé pas moins de 785 millions d’euros. Une enve- loppe qui lui a permis de réduire significativement son niveau d’endettement. Son ratio dette nette sur EBE (excédent brut d’exploitation) est ainsi passé de 4,9 à 3,33, en procédant au remboursement de plus de 600 millions d’euros de dette senior, contractée huit ans plus tôt, ainsi qu’à celui des 131 millions d’euros d’obligations« highyield »,émises en 2013. Cap sur les acquisitions Le succès de cette (ré-)introduction en Bourse lui a aussi offert l’opportunité de renouveler une partie de son capital en enregistrant la sortie partielle de ses deux partenaires financiers. Charterhouse et Chequers Capital ont donc vu leurs participations respectives réduites à 36,7 % et à 4,6 %, sachant qu’au total 169 mil- Projets de croissance externe Si l’exploitant d’Ehpad a choisi de faire l’objet d’une telle opération, c’est pour se donner les moyens de ses ambitions de développement et réagir ainsi aux projets expansionnistes de ses concurrents. DomusVi entend se consacrer à un essor dans d’autres pays européens. « Pour continuer à alimenter notre croissance externe, plusieurs centaines de millions d’euros pourraient être lions d’euros d’actions ont été cédés par les actionnaires historiques. L’intro duction en B ourse d’Elior n’aurait cependant pas connu ce succès si elle n’avait eu comme seules ambitions le désendettement et l’enrichissement des actionnaires historiques. Pour séduire les investisseurs, la société a aussi mis en avant un historique de croissance robuste. Entre 2009 et2013,elleafaitcroîtresonchiffre d’affaires en moyenne de 10 % par an, tout en maintenant une marge d’Ebitdasupérieureouégaleà8 %. Uneperformanceessentiellement réalisée par sa politique de croissance externe active, qui se traduit par près d’une quinzaine d’acquisitions depuis 2006. Pour garder le cap, Elior a prévu d’y consacrer un budget de 450 millions d’euros, pour la période 2015-2017. Il ambitionne de doubler de taille aux EtatsUnis, où il a réalisé une importante acquisition, celle de TrustHouse Services (450 millions de dollars de revenus), en 2013. Il déborde aussi de projets au Royaume-Uni, où il a tout récemment puisé dans sa nouvelle enveloppe pour absorber Lexington, un acteur du marché de la restauration en entreprise qui intervient auprès de clients comme la London Business School, la Royal Bank of Canada ou bien encore Rothschild. Après cinq mois de cotation, le coursd’Eliorn’asubiqu’unelégère baisse. Il ressortait à 12,6 euros le 28 novembre – contre 14,75 euros lors de l’IPO. Le groupe affiche néanmoins des résultats satisfaisants avec, au 30 septembre 2014, une croissance de 6,5 % de ses revenus annuels pour une marge d’Ebitda de 8,4 %. n COVOITURAGE HYGIÈNE PROFESSIONNELLE BlaBlaCarlève 100 millionsdedollars pouraccélérerà l’international LaBourse,unvecteur d’accélérationpour Orapi Le site Internet a signé l’opération de capital-risque la plus importante pour une start-up française depuis 2012. Le chef de file du tour de table, Index Ventures, est connu pour avoir financé Criteo ou encore Facebook. Cet été, BlaBlaCar a assurément frappéungrandcoup.Afinde« surfer » sur l’engouement pour les nouvelles mobilités, le site Web de covoiturage a finalisé ce qui se présente comme la plus importante opération de capital-risque pour une start-up française, depuis le tour de table de 100 millions d’euros bouclé par Deezer, il y a deux ans. Il a ainsi levé pas moins de 100 millions de dollars (75 millions d’euros). Une levée bien plus importante que prévu Pour cette augmentation de capital, le site Internet de covoiturage s’est trouvé un allié de taille, le fonds Index Ventures, qui a fourni la plus grosse partie de l’enveloppe. Ce dernier est connu pour avoir investi dans le français Criteo, ou encore dans un certain Facebook. BlaBlaCar a également reçu le soutien de plusieurs des investisseurs qui ont accompagné ses débuts. C’est le cas d’Isai Gestion, un fonds financé par des entrepreneurs(dontPierreKosciusko-Morizet et Geoffroy Roux de Bézieux), qui est entré à son capital mi-2010, à l’occasion du premier tour de table de 1,25 million d’euros. Devenu actionnaire en décem- « Notre toute première idée était plutôt de récolter 20 millions d’euros », relate Nicolas Brusson, le directeur général et cofondateur de BlaBlaCar. Photo DR bre 2011 lors d’une deuxième levée qui avait permis au parisien de recueillir 7,5 millions d’euros, Accel Partners a aussi apporté sa contribution. Tout comme un autre fonds dédié aux entrepreneurs, Lead Edge Capital, arrivé discrètement en 2013. BlaBlaCar n’avait pas vraiment imaginé que ce tour de financement atteigne une telle ampleur. « Lorsque nous envisagions la possibilité de renforcer une nouvelle fois nos fonds propres, notre toute première idée était plutôt de récolter 20 millions d’euros », relate Nicolas Brusson,ledirecteurgénéralcofondateur, après la finalisation de cette levée record. Mais les ambitions ont été progressivement révisées à la hausse. « Nous avons été sollicités par une multitude de fonds de capital-risque américains, poursuit-il. Si nous avons choisi Index Ventures, c’est parce que nous savions que cet investisseur était mieux positionné pour comprendre les spécificités de l’écosystème des start-up sur le Vieux Continent, de par son ADN européen. » Pour financer les 35 acquisitions qu’il a conclues depuis quinze ans, le prestataire lyonnais a mobilisé tous les instruments de financement disponibles. 10 millions de membres Avec cette augmentation de capital, BlaBlaCar a trouvé les moyens d’accélérer son essor à l’étranger. Alors qu’il était déjà présent en Espagne, au Royaume-Uni, en Italie, au Benelux, au Portugal et en Pologne, il s’est implanté outreRhin l’an dernier. Le rachat d’une société en Ukraine lui a également permis de s’attaquer à la Russie, en mars dernier. A ce jour, BlaBlaCar – qui ne dévoile pas l’ampleur de son chiffre d’affaires – revendique être à la tête d’une communauté composée de plus de 10 millions de covoitureurs. — X. D. Vincent Charbonnier Sans la Bourse et de nombreuses augmentations de capital, Orapi n’aurait pas pu croître à grande vitesse et devenir le numéro un de l’hygiène professionnelle en France. L’entrée en Bourse, en mars 2000, a marqué une inflexion majeure de la stratégie de la société lyonnaise, qui avait jusqu’alors financé ses acquisitions par autofinancement ou par emprunt. En un peu plus de quinze ans, Orapi a conclu 35 acquisitions. De toutes tailles. Dans deux métiers : les produits consommables pour l’entretien et la maintenance des machines, d’une part, l’hygiène professionnelle, d’autre part. Deux émissions obligataires Entre 1999 et 2014, son chiffre d’affaires est passé de 9,5 millions à environ 223 millions d’euros en 2014. « Nous prévoyons de franchir la barre des 300 millions en 2015 », précise son président, Guy Chifflot. Cette croissance à bride abattue, Orapi l’a financée par des emprunts classiques et par 8 augmentations de capital successives d’un montant total d’une trentaine de millions. « Nous avons utilisé tous les moyens de financement à notre disposition : emprunts, Bourse, cession d’actions pour certaines opérations », poursuit-il. Deux émissions obligataires ont été également réalisées en 2008 et 2009, respectivement à hauteur de 4 et 5 millions d’euros. Tout au long de son parcours, Orapi a pu compter sur le soutien de ses partenaires financiers. Celui de CM-CIC Capital Finance, qui est présent depuis dix ans et qui a « glissé » cette année du holding de tête, MG3F, au capital de la société, cotée sur Eurolist-compartiment C, dont il contrôle 20 % du capital. Mais aussi celui d’Azulis Capital, resté huit ans aux côtés de la famille Chifflot – sa sortie a coïncidé avec l’arrivée de bpifrance, de Carvest (Crédit Agricole) et de Etoile ID (Crédit du Nord), cette année. Sous l’égide de ses nouveaux actionnaires, Orapi poursuit sa stratégie de croissance externe. Dans quelques semaines, il devrait finaliser l’acquisition de Pro Hygiène Service auprès de Transgourmet France. Guy Chifflot reste à l’affût de bonnes opportunités « bon marché », surtout à l’étranger. En particulier en Allemagne, « jusqu’alors difficile à pénétrer »pourleprestatairelyonnais, dont le chiffre d’affaires à l’export s’élève à 45 millions d’euros à l’international. Orapi devra aussi boucler la construction d’une nouvelle « usine ultraperformante » en remplacement de celle de Vénissieux (Rhône), enclavée. Des discussions sont en cours pour maintenir cette activité, si possible dans l’agglomération lyonnaise. Mais tant que les négociations avec les politiques n’ont pas abouti, le financement de cet investissement de 15 millions n’est pas arrêté. n
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