PAGE 8 Décryptage LE FONDS DE PÉRÉQUATION Votre nouvelle rubrique « Décryptage » aborde ce mois-ci les mécanismes du fonds de péréquation. L’augmentation annuelle de cette contribution des communes et des intercommunalités à une incidence directe sur l’équilibre de nos finances locales. Qu’est-ce que la péréquation ? C’est un mécanisme de redistribution qui vise à réduire les écarts de richesse, et donc les inégalités, entre les différentes collectivités territoriales. La révision constitutionnelle du 28 mars 2003 l’érige en objectif de valeur constitutionnelle, puisque désormais « la loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l’égalité entre les collectivités territoriales » (article 72-2). On distingue deux mécanismes de péréquation : • la « péréquation horizontale » s’effectue entre les collectivités territoriales et consiste à attribuer aux collectivités défavorisées une partie des ressources des collectivités dites les plus « riches » ; • la « péréquation verticale » est assurée par les dotations financières de l’État aux collectivités. La Dotation globale de fonctionnement (DGF) en est le principal instrument. Dans un contexte de réduction des dotations financières de l’État versées aux collectivités, la péréquation horizontale s’est développée. Aussi, depuis 2012, on assiste à une montée en charge des mécanismes horizontaux de péréquation au niveau communal, avec notamment la mise en place du nouveau Fonds national de péré- « …Ce nouveau mode de calcul pénalise le budget communal et génère une très forte augmentation des prélèvements, disproportionnés au regard du budget communal. » quation des ressources intercommunales et communales (FPIC). Celui-ci s’ajoute au Fonds de solidarité de la région Île-de-France (FSRIF) déjà existant depuis 1991. Sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, le mode de calcul du prélèvement pour le FPIC a changé : il prend désormais en compte le revenu moyen par habitant. Un lourd impact pour la commune Saint-Cloud étant une ville où le revenu moyen par habitant est nettement supérieur à la moyenne nationale, ce nouveau mode de calcul pénalise le budget communal et génère une très forte augmentation des prélèvements, disproportionnés au regard du budget communal. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2012, les prélèvements s’élevaient à 658 479 €. En 2014, ils s’élèvent à 1 716 441 €, soit une augmentation de 160,66 %. Pour autant, dans la même période, le taux de fiscalité locale est resté identique. Il a donc fallu financer cette augmentation par des mesures d’économie et de saine gestion. Sur un budget de fonctionnement de 43 463 000 €, cela représente une perte de 4 % du budget. Si l’on ramenait ce montant au regard de l’impôt, cela représenterait 18,07 % d’augmentation de la taxe d’habitation (1 point TH = 95 000 €). Dans les faits, cette somme ponctionnée sur le budget de la commune ne sert pas à la mise en place de politiques publiques. Concernant la Communauté d’agglomération Cœur de Seine qui regroupe les communes de Saint-Cloud, Garches et Vaucresson, les prélèvements évoluent à peu près dans la même proportion. En 2013, ils étaient de 2 029 796 € et s’élèveront, en 2014, à 2 546 179 €. Parallèlement, la DGF est en baisse constante. En 2008, la Ville recevait 2 000 000 1 500 000 1 000 000 500 000 0 2012 2014 L’augmentation des péréquations pour la commune de Saint-Cloud. 5 306 647 €, tandis qu’en 2014, le montant versé est de 4 635 394 €, soit une baisse de 12,65 %. Conséquences et perspectives Si le principe de la péréquation est en soit louable, pour des communes comme Saint-Cloud, il met gravement en péril l’équilibre budgétaire. Ces dernières années, grâce à une politique rigoureuse, la commune a pu absorber ces péréquations. Elle n’a à ce titre pas augmenté les impôts locaux pendant trois ans et possède les taux parmi les plus bas des 36 communes du département (11,05 % pour la taxe d’habitation et 10,61 % pour la taxe foncière). Des efforts ont été faits afin de maîtriser les dépenses de fonctionnement de la commune ainsi que sa masse salariale (seulement 46 % du budget). Les dépenses d’investissement, nécessaires si l’on veut disposer d’équipements publics de qualité (crèches, écoles, accueils de loisirs, équipements culturels et sportifs), ont été proportionnées à la capacité d’endettement et d’autofinancement de la commune. En 2015, ces péréquations vont malheureusement continuer d’augmenter. Si l’ampleur de l’augmentation n’est pas encore connue à ce jour, nous savons que la conséquence sera néfaste pour le budget de la ville. Dans ces conditions, la majorité municipale dénoncera les responsables et s’adaptera. n
© Copyright 2025 ExpyDoc